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Prélude

Vous, les musiciens Et vous, les poètes Souvenez-vous bien De mot, de la lettre : À quoi vous sert de composer À quoi vous sert aussi d’écrire Si la postérité N’a aucun souvenir ?

Ne craignez rien de rien On a la radio Qui connaît l’à-propos Et ce qui se vend bien La radio sans loi Pour les styles et la voix Le volume et le son L’argent sans opinion

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En respectant son code Avec des mots à’mode Sur mélodie facile Qui se retient, docile Et du tout premier coup Agadou, tiguidou Là on passe à l’histoire Je vous prie de me croire

Ah ! je l’oubliais Et je m’en voudrais Il faut aussi le son De leur diapason.

Les décideurs du son Ont un pouvoir sans nom Ce sont des dictateurs De fieffés fossoyeurs

Leur sélective oreille Qui n’a pas son pareil Entend sans écouter Choisit sans discerner. Ces gourous culturels Nous mettent à la poubelle Des chansons, des musiques Et leur diagnostic Est mortel, sans réplique Les créateurs en souffrent Leur poubelle est un gouffre Tant pis pour les artistes Que cet esclavagisme

Bornés, incultes, ignares ? Les voici à la barre De tout leur auditoire Se sont donné un droit De vie aussi de mort Sur la culture et l’art

Un droit qui fait la loi À l’envers, à l’endroit Sur tout ce qui se joue Sur tout ce qui se chante

Ce qui fait foi surtout C’est les dollars qui entrent.

Mais moi, oui ! moi, je crois Que l’auditeur est roi. Et qu’il ait donc le choix D’écouter librement Ce qui son cœur surprend Ce que son âme entend Ce que sa tête apprend

Faudrait qu’on nous propose Au lieu qu’on nous impose

ARMAND LABBÉ

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