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Sais-tu ce que tu écoutes?
HRONIQUE L’ESPOIR AU CUBE
SAIS-TU CE QUE TU ÉCOUTES?
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L’inventeur de la maxime «Sexe, drogue et rock’n’roll» se nomme Ian Dury, chanteur anglais. C’est le titre d’une chanson sortie sur 45 tours en 1977. À l’origine, en 1884, la maxime était «Wine, women and song». (Du vin, des femmes et de la musique). Vus de cet angle, les besoins des hommes me semblent assez primaires. Même si avec le temps la maxime a changé, cela en dit long sur l’esprit des poètes et des chanteurs qui l’ont prôné à travers le temps. N’avons-nous pas évolué? Pourquoi ce besoin d’exprimer toute cette violence visant à mettre la sexualité sur le même pied que l’alcool ou la drogue? Indissociable? J’en doute. Parlons «Sexe». À l’époque où le phénomène du rock’n’roll a été associé au sexe, la jeunesse au Québec était en pleine révolution tranquille. Les jeunes souhaitaient sortir de la jupe des curés et libérer leur corps loin de la culpabilité de «l’Église». Mais en 2022, comment comprenons-nous la sexualité? Il y a un phénomène au Québec qui me perturbe particulièrement, c’est celui des jeunes qui écoutent constamment de la musique anglophone sans en comprendre le sens. Ils attrapent un mot ici et là comme «Sex», «Drug», «Rock’n’roll», «Liberty» et ils se brodent une identité autour de ces quelques mots. Suis-je dans l’erreur de penser ainsi? Avouez que ça mérite au moins de se questionner. Je n’ai plus l’âge de suivre ces tendances musicales qui influencent les jeunes, mais je me questionne sur le message que mes enfants et mes petits-enfants captent de ces paroles trop souvent noyées dans une mélodie percutante et accrocheuse qui demeure pour moi un bruit insupportable qui impacte directement le développement de la nouvelle génération. J’ai aimé le «rock’n’roll» dans les années 1970, celui qui se danse avec une partenaire, mes pieds s’agitent encore lorsque j’entends Blue suede shoes. J’aime encore le soft rock alternatif comme Genesis et Supertramp, mais je n’ai aucun intérêt pour le hard rock, celui plus souvent associé à la drogue et à la violence. Je suis conscient que je suis en train d’étaler haut et fort mes préjugés sur la place publique, mais j’exprime un questionnement, j’essaie de faire le tri de tous ces courants rock, qu’ils soient psychédéliques, heavy metal, glamour, punk, grunge, underground et combien d’autres encore. Quel est leur message? Qui visent-ils? Est-ce que tous les jeunes et les moins jeunes qui suivent ces courants rock s’adonnent à la drogue et à la débauche? Je n’en crois rien, mais beaucoup de jeunes vulnérables, en manque d’amour, d’estime personnelle marchent sur une corde raide lorsqu’ils se nourrissent de certains de ces courants rock. Je crois sincèrement qu’il y a un fort pourcentage de gens qui aiment cet amalgame de sexe, drogue et rock’n’roll et qui en jouissent sainement, mais, ce qui fait les manchettes, c’est toujours la démesure qui y est associée. Celle qui trop souvent aboutit en problématique extrême de violence, de dépression ou de suicide. Mon intention n’est pas de faire la morale à qui que ce soit, mais bien de questionner, d’inviter à la réflexion. Si nous écoutons de la musique avec des paroles que nous n’arrivons pas à comprendre, pour nous couper du monde, à mon avis, il est grand temps d’élargir nos connaissances linguistiques. Si nous croyons encore que la drogue, sous toutes ses formes, peut nous amener à un niveau supérieur sexuellement en écoutant ce genre de musique, l’heure est venue de se questionner sur nos priorités. Je crois que c’est toujours possible de modifier nos comportements et d’élargir nos connaissances pour profiter pleinement de la vie. Cette maxime me fait peur. J’ai peur de l’inconnu qui frappe l’imaginaire, de l’incompréhensible, de la puissance du message véhiculé, mais, j’ai confiance en mon jugement et en celui des personnes qui profitent sainement de tout ce qui se rattache au phénomène. Après tout, ce ne sont peut-être que des mots… Simplement,
Illustration : Vig no