4 minute read

Steve Hill: Envers et contre tous

STEVE HILL

ENVERS ET CONTRE TOUS

Advertisement

La Quête avait rendez-vous avec Steve Hill au Café Zénob de Trois-Rivières. Musicien professionnel depuis l’âge de 18ans, l’auteur-compositeur-interprète cumule les honneurs d’un parcours impressionnant. Il ne doit à rien à personne et assume tous les risques liés à sa carrière. Il a fait le choix de croire en lui.

Difficile de passer à côté de Steve Hill lorsqu’il est question d’un guitariste flamboyant au Québec. Durant ses 30 années de carrière, il a performé partout dans le monde et sur toutes les scènes du Québec. Affichant une feuille de route impressionnante, il a, entre autres, gagné le prix Juno pour l’album blues de l’année, en 2015. Il a aussi remporté huit Maple Blues Awards, notamment comme guitariste de l’année, deux années de suite. Plus jeune, le guitariste était attiré par le dessin, plus particulièrement les bandes dessinées. Cette passion s’est transformée, à l’âge adulte, en loisir de collectionneur sérieux. Steve explique qu’il peut en lire des heures par jour. «C’est devenu un gros focus dans ma vie, les comics.» Par l’entremise de ses amis, il est exposé à Pink Floyd, Jimi Hendrix, ou bien Yes. Il est encore très jeune, et très loin de se douter de ce que cette passion allait lui apporter. «Je ne savais pas qu’un gars de Trois-RivièresOuest pouvait devenir musicien.»

PRO À 18 ANS

Lorsqu’il fait ses premiers pas à la guitare, il comprend que sa vie vient de tourner pour de bon. «Ça a pris un an de guitare et je savais que c’est ça que j’allais faire dans la vie.» Il travaille ardemment sur l’instrument et ses efforts payent. À 18 ans, il a déjà le statut de professionnel dans le Bob Harrisson Blues Band, un gros nom de la scène blues à l’époque. Peu de temps après, M. Hill décide de voler de ses propres ailes. Nous sommes en 1997 et le jeune trifluvien sort son premier album éponyme. Il entame alors son long parcours professionnel.

Un conseil qu’il voudrait donner au jeune Steve Hill? «Faistoi confiance et entoure-toi des bonnes personnes.» Il explique que le monde de la musique au Québec représente son lot de défis. Il y a toutes sortes de gens qui gravitent dans le milieu. Certaines personnes ont à cœur les artistes, alors que pour d’autres c’est l’argent. Il a appris de ses erreurs. Depuis plusieurs années maintenant, il a le plein contrôle sur sa carrière. «C’est moi qui produis et qui gère mes affaires. Je décide avec qui je travaille.» Il souligne qu’il n’a jamais été capable de bien fonctionner dans une compagnie de disques. Au Québec, dit-il, l’industrie de la musique tourne beaucoup autour des subventions «Ça a pris un an de et il a plutôt décidé de faire cavaguitare et je savais que lier seul et de choisir la liberté que c’est ça que j’allais faire cela lui procure. «Je paye mes aldans la vie.» bums de ma poche, je n’ai jamais de subventions».

FIDÈLE À LUI-MÊME

Le guitariste a aussi vécu des moments pénibles, qui se sont étalés sur 8 ans. Une période durant laquelle il a dû se contenter de mo-

Steve Hill a partagé la scène avec plusieurs grands noms de l’industrie musicale. Il aurait aimé avoir la chance de le faire une fois de plus avec Jerry Garcia, le guitariste de Grateful Dead. (Photo promotionnelle utilisée à la demande de Steve Hill. stevehillmusic.com)

destes cachets, faute de mieux. «Il faut que tu aimes ça en maudit. Ça ne sera pas tout le temps facile». Le tournant hard rock qu’il prend avec l’album Devil at My Heels refroidit un peu ses fans et les salles de spectacles ne se remplissent plus. Il reconnaît aujourd’hui qu’il s’agissait peut-être d’une erreur. Mais avoir son groupe hard rock était un projet qu’il voulait essayer depuis longtemps, et il s’était entouré des bons musiciens pour le faire. C’est sa formule «one man band» qui le fait redémarrer en trombe. Sa série d’albums Solo Recordings est un franc succès. Elle reçoit beaucoup d’attention du public et de l’industrie. Son autonomie professionnelle durement acquise lui permet d’écrire des chansons qui lui ressemblent, à son goût. «Je ne suis pas capable de sortir de quoi que je n’aime pas.» Il ne connaît aucun autre métier que celui de musicien. Il se passionne toujours pour l’écriture de sa musique et carbure à la présence sur scène. «J’aime ça le feeling de jouer devant du monde.» Composer des chansons et donner des spectacles sont deux réalités bien différentes, mais pour lui «ce sont les deux plus beaux highs» qu’il a dans la vie. Avec son nouvel album, Dear Illusion, prêt à sortir dès cet automne, il croit avoir en main quelque chose de spécial. «Je suis vraiment confiant que c’est mon meilleur album à vie.» Affichant une grande lucidité, une intégrité peu commune et une solide confiance en ses moyens, le guitariste est également très généreux

«Il faut que tu aimes ça en maudit. Ça ne sera pas tout le temps facile» de son temps. Envers et contre tous, il a mené sa carrière comme il l’entendait: il s’est rendu là où il est en restant fidèle à ce qu’il aime de la musique. Et de ça, Steve Hill en est très fier.

PHILIPPE FORTIN

This article is from: