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Chemsex ?
LE CHEMSEX, C’EST QUOI?
Peu connu du grand public, le chemsex ou Party and play est une pratique mélangeant consommation et relations sexuelles chez les hommes gais, bisexuels ou homme ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH). Celle-ci gagne en popularité depuis les dernières années au Québec. Camille Thibault, sexologue et intervenante auprès de gbHARSAH au MIELS Québec (Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte au VIH-sida à Québec), démystifie pour nous cette pratique.
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«Toutes les définitions du chemsex ont de petites différences, mais celle de David Stewart, un chercheur et activiste qui est le pionnier du chemsex, est celle qui est la plus appropriée. Le chemsex, c’est la consommation de substances très spécifiques dans un contexte très spécifique auprès d’une population spécifique. La consommation spécifique est celle de méthamphétamine comme le crystal meth et le GHB. Le contexte correspond spécifiquement aux relations sexuelles et la population est celle des gbHARSAH», explique Camille Thibault. Bien que ce genre d’expérience de consommation ait pu exister avant, le terme chemsex reste assez récent puisqu’il a vu le jour en 2001. Le terme est directement associé à la culture gaie et non à la population générale même si le mélange méthamphétamine et relation sexuelle peut se faire dans un contexte hétérosexuel ou autre. «Il y a tellement de choses qui sont arrivées et qui ont influencé le plaisir du sexe gai dans les dernières années. Par exemple, les attitudes sociétales par rapport au sexe gai qui lui va être associé au dégoût de la sexualité entre les hommes ou encore l’épidémie du sida. Tout ça a aussi influencé les applications de rencontres, donc comment les gens entrent en contact et comment ils vivent l’amour», raconte la sexologue pour démystifier pourquoi cette pratique gagne-t-elle en popularité.
LES RISQUES DU PLAISIR
Par la pratique du chemsex, ces hommes sont à haut risque de contracter des ITSS, le VIH ou le sida si la protection n’est pas respectée lors de la pénétration anale, par exemple, ou lors du partage de matériel de consommation de drogue. En plus des risques liés à la santé sexuelle, l’usage de méthamphétamines a un impact important sur les participants. Lors du chemsex, les participants peuvent avoir des relations sexuelles pendant plusieurs heures voir quelques jours sans s’arrêter sous l’effet de la drogue. Les besoins importants et primaux comme manger ou s’hydrater peuvent aussi être facilement oubliés dans le feu de l’action. «Le crystal meth est une drogue qui est addictive vraiment rapidement. Elle va venir chercher un high qui est différent de toutes les autres drogues et c’est un stimulant. Dans le cadre du chemsex, elle va permettre d’avoir énormément de partenaires sexuels d’un coup et elle va extrêmement augmenter la performance comme elle va libérer une forte dose de dopamine», décrit Camille Thibault.
S’ÉDUQUER POUR S’AIDER
Peu d’études ont été faites à ce jour sur le chemsex à Québec, mais cela commence à se faire de plus en plus à Montréal. Des intervenants essaient d’en comprendre le pourquoi et le comment afin de pouvoir soutenir et aider les personnes qui pratiquent le chemsex. Éventuellement, avec l’éducation sur la prise de drogue sécuritaire et sur la santé sexuelle, Camille Thibault espère que la communauté pratiquant le chemsex soit à l’aise d’aller vers les ressources dont elles ont besoin si nécessaire. «Le chemsex est encore stigmatisé et tabou dans la population générale comme dans la population gbHARSAH. Avec le MIELS, je souhaite amorcer un discours auprès de ma clientèle en lien avec la consommation de drogue et les pratiques sexuelles sécuritaires. Nous voulons aller rejoindre cette clientèle qui consomme pour qu’ils se sentent à l’aise d’en parler et pour qu’ils ne soient pas seuls là-dedans», conclut la sexologue.
CATHERINE D’AMOURS
: Catherine d'Amours Crédit photo
Camille Thibault, sexologue et intervenante auprès des hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH) au MIELS.