L'Alouette n°6 - Mars 2017

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Alouette

Rétrospective Après une année 2016 pourrie, entre la mort d’une bonne partie de nos artistes préférés, l’élection de Donald Trump et autres malheurs en tout genre, la rédac’ de l’Alouette se devait de partager avec vous des petits bonheurs qui ont émerveillé notre quotidien en 2016. Notre bonne nouvelle 2016 : la pêche en eaux profondes a été interdite par l’Union européenne ! Un grand pas pour la préservation des espèces, l’arrêt de la surconsommation animale, le respect de l’environnement et une preuve que l’humain ne prend pas que de mauvaises décisions. Notre bonne nouvelle apprise en décalé (mieux vaut tard que jamais !) : En 2016, même si c’est apparemment plus vieux, l’Alouette a appris que des personnes teignaient les défenses des éléphants en rose grâce à l’encre utilisée pour les billets de banque, pour rendre l’ivoire invendable ! Des éléphants sauvés, du rose, et tout ça à moindre coût. Parfait ! Une série : The town where only I am missing, série d’animation japonaise sortie en hiver 2016, alors que l’année finissait plus ou moins bien. Ce petit chef-d’œuvre nous a étrangement marqué : le caractère dramatique et surnaturel de l’histoire, un personnage peu sociable qui réapprend à vivre et à se sacrifier pour ses amis dans le passé. Tout simplement magnifique. Un film : Les Huit Salopards de Quentin Tarantino, le long-métrage préféré de l’Alouette en 2016. Un pur film de Tarantino par certains aspects, mais qui s’aventure sur des terrains nouveaux, politiques, radicaux et grinçants. Grotesque, parfois presque dérangeant, son western en huis clos est aussi épique que bien troussé, généreux et très économe de moyens. Un véritable discours sur l’état de l’Union, qui est déplorable... Un festival : du 30 juin au 3 juillet 2016 les Natural Games, festival millavois gratuit, nous a offert une programmation variée, passant de la Fine Équipe au groupe Caribbean Dandee feat JoeyStarr & Nathy. L’après-midi, plein de compétitions de sport outdoor ont été proposées, l’occasion pour nous de découvrir l’escalade, le kayak ou encore la slackline, le tout sous le soleil du Sud et au bord de la rivière du Tarn. Le festival qu’il nous fallait pour décompresser après les partiels ! Une exposition : Le Château d’Eau, pôle photographique de Toulouse, expose ses clichés dans un cadre insolite. Fin 2016, une affiche placardée dans la ville attire le regard : on y découvre une jeune femme extatique, cigarette calcinée à la main, gorge déployée et vêtements de satin qui attisent la lumière de l’objectif. Bienvenue dans l’univers de Tod Papageorge, dont certaines œuvres (de 1975 à 1990) ont été exposées l’an dernier au Château d’Eau. Ses photos de plage se languissent d’une autre époque, ses clichés de fête décadente frôlent l’insouciance. L’auteur Stephen Chbosky écrivait qu’on a toujours l’air plus heureux sur les vieilles photos -Papageorge renforce l’illusion avec ses sourires épanouis capturés en nuances de gris.

Imprimé avec le soutien financier du FSDIE de l’Université Toulouse Jean Jaurès


Alouette

EDITO

Sommaire

Journal

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Boostez-vous ! Alep, le joyau syrien embrasé La fusion des universités Le vote blanc Eco : le Bitcoin «J’exige le droit de vivre» Les petits partis

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Les Plumes

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Magazine 24

Portrait : Sabotage Mamie Manou Guide de survie dans un 9m2 Brève de papier et de nature NaNoWriMo : le bilan La peinture Sexe et patisserie Disney : des héroines féministes ? Succession Pour un coeur d’enfant Lovesick Lanterne cosmique

Divertissements

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WEAC : Sylvain Lapoix

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Agenda 37 Contacts : Mel : lalouette.journal@gmail.com Facebook : lalouettedumirail Site Internet : http://lalouettejournal.wix.com/alouette Permanences au bureau 128 de la MIE tous les lundi et mardi de 11h à 17h Rédactrice en chef : Clémence Higounenc Directrice de publication : Lamiae Ennour Secrétaires de rédaction : Gaëlle Audouy, Camille Burguière, Anaïs Clara, Lamiae Ennour Maquette : Clémence Higounenc Photo de Une : Bastian Dexet-Baert Imprimeur : Copy Diffusion Service, Toulouse

« La démocratie n’est pas un rendez-vous », titre DataGueule pour son nouveau projet documentaire. A l’Alouette, on ne peut qu’approuver. C’est pourquoi, à l’approche des présidentielles, nous avons souhaité mettre l’accent sur les multiples formes d’engagements politiques et idéologiques portés par nos rédacteurs, que cela se passe dans les urnes (ou pas), l’associatif, la culture ou l’assiette. Par là, et c’est une des raisons d’être du journal, nous voulons participer au débat. A notre échelle, celle d’une petite rédaction amateurs d’étudiants du Mirail, mais tout de même : plus que d’ordinaire, nous espérons que ce numéro, ainsi que le suivant, permettra des réactions et des discussions. Cependant, nous avons besoin de vous pour que le débat au sein de la rédaction reste aussi vif qu’il l’a été pendant ces six premiers numéros : commentez, critiquez, venez participer à l’écriture de ce média qui vous appartient. En coulisses, comme tout journal étudiant, nombre de nos plus vaillants rédacteurs prévoient de nous quitter dès leur diplôme en poche. On compte sur vous pour que l’Alouette maintienne le cap, « parce que c’est notre projet », comme dirait l’autre, mais ici c’en est un beau. Quelques infos à propos de ce numéro, en espérant que vous viendrez nombreux pour gonfler les chiffres : - 13 étudiants - 11 rédactrices, 2 rédacteurs - 22 articles - 9 poèmes - 1 gros chat - 1h45 de plaisanteries graveleuses sur l’article « Sexe et pâtisserie » - 7h06 de discussions politiques - 2h de concert - 16 bières. Clémence Higounenc

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Journal

Étudiants : Boostez-vous ! Mardi soir. 18h. L’Alouette brave le froid toulousain et se met en route pour l’IAE où se déroule régulièrement un event de l’association Boost. Boost, qu’es aquò ? Il s’agit d’une association d’une dizaine d’étudiants fondée en 2016 par Thomas, afin d’aider ceux qui souhaitent monter un projet et/ou devenir entrepreneur. L’objectif est de réunir les étudiants, qu’ils soient toulousains ou étrangers (coucou Erasmus), pour qu’ils partagent leurs projets, leur expérience et qu’ils s’enrichissent mutuellement. Les events (conférences, ateliers, réunions…) permettent ainsi de nombreuses rencontres. Vous êtes tentés par l’entrepreneuriat ? Séduits par un projet artistique, écologique…? L’Alouette a écrit cet article spécialement pour vous et Boost ne manquera pas de vous aider ! Se lancer dans un projet, d’accord, mais pourquoi ? Les avantages sont multiples selon Steven, co-fondateur d’Efoodstudent et intervenant lors de l’event auquel l’Alouette a participé. Si vous avez la sensation d’être spectateur de votre vie étudiante, de subir un rythme qui vous a été imposé, sachez que mener à bien un projet peut considérablement vous faire gagner en indépendance. Vous avancez à votre propre cadence et vous avez même, lorsque vous êtes auto-entrepreneurs, la pleine maîtrise de votre planning. (Nous en profitons pour vous rappeler que notre pic de productivité se situe à 4h du matin.) Steven note surtout que monter son projet permet de s’enrichir, et on ne parle pas uniquement de l’aspect pécunier de la chose. Prendre une initiative, c’est faire de nombreuses rencontres, issues de différents secteurs, mais aussi savoir travailler sur plusieurs domaines : il vous faudra vous occuper de la communication, ce qui vous met en joie, mais aussi de la comptabilité. Voilà pourquoi la curiosité est primordiale quand on veut mener à bien un projet. À ce sujet, Steven nous conseille d’écouter en cours, “au moins d’une oreille” (sait-on jamais). Avant de vous lancer, voici quelques éléments à prendre en considération, comme vos motivations : il vous faudra toujours vous demander si vous agissez pour les bonnes raisons. Il vous faut également réfléchir à une éventuelle association avec quelqu’un. Est-ce avantageux dans le cadre de votre projet ? Si vous avez l’intention de travailler en équipe, interrogez-vous sur la part de travail que vous souhaitez déléguer (à des professionnels ou à des proches). Vous le savez certainement, avoir une idée de business n’a rien à voir avec le fait de monter ledit business. Si les bonnes idées sont essentielles, il vous faudra aussi vous montrer pragmatiques. Nous vous conseillons de bien vous renseigner sur le fonctionnement des études de faisabilité car, oui, il vous faudra étudier le marché, sa demande, son offre… Soyez donc efficaces, posez-vous les bonnes questions : quelles sont les attentes de la part de la clientèle ? Quels concurrents pour y répondre ? Quels partenaires (fiables de préférence !) pour vous aider ? Pensez à l’échelle nationale avant de vous lancer à l’international, allez-y pas à pas et testez votre projet sur un petit marché pour commencer. Si vous créez un site web, n’attendez pas forcément qu’il soit parfait avant de le lancer, les retours de la clientèle l’amélioreront. Pensez également à en proposer une version mobile et vérifiez que les noms de domaines sont disponibles pour le nom de votre projet. Car il vous faudra un nom, percutant et évocateur. Autre astuce de notre intervenant : savoir présenter son projet, son entreprise, en trente secondes.

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Journal

Lors de l’event, l’Alouette a rencontré Margot, membre de l’association, avec qui on a évoqué les différentes façons de financer son projet. Contrairement aux idées reçues, il ne faut pas nécessairement de fonds propres pour initier un projet, un boursier peut tout à fait se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Pour le financement, il existe plusieurs alternatives : les subventions attribuées par les collectivités territoriales, la Chambre de Commerce et de l’Industrie, la Banque publique d’Investissement, … Le Crowdfunding peut être une option à envisager, mais vous pouvez aussi tenter de dénicher un investisseur fortuné, communément appelé Business Angel (attention toutefois de ne pas céder votre pouvoir décisionnel). Vos proches peuvent également devenir des personnes ressources, pensez-y ! Cassandro, autre membre de l’association Boost, vous conseille de bien vous renseigner sur le plan juridique. Steven a gentiment donné quelques conseils aux étudiants lors de son intervention, pour ceux qui, comme lui, voudraient se lancer dans l’aventure : 1- ton diplôme, tu valideras : avoir une solution de repli, c’est primordial. 2- ta personnalité, tu garderas: comme dirait Oscar Wilde (un ami à nous), soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris. 3- perdre trop de temps, tu éviteras : la question du timing est très importante, il ne faut pas trop tarder à lancer le projet. 4- tes proches, tu contacteras : selon Steven, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à notre entourage, quand bien même certains pourraient se montrer réticents. En tant qu’entrepreneur, il a eu droit au fameux “tu devrais attendre d’avoir une situation pour te lancer”... Il a déclaré à ses parents qu’il était “trop jeune pour [s’]embêter à travailler dans une entreprise”. Désormais il peut compter sur leur soutien !

Mais, à l’Alouette, on ajouterait bien un petit 5 : 5- Vivre tes rêves, tu oseras. Après tout, on n’a qu’une seule vie, non ?

Camille Burguière & Justine Lacombe

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Alep, le joyau syrien embrasé Tout commence à partir des mouvements du Printemps arabe, en 2011. En un peu moins de six ans, toute une région du monde s’embrase. Pourtant, aujourd’hui, les citoyens occidentaux ne perçoivent à travers les médias qu’une infime partie de la détresse du peuple syrien. Il serait complexe de résumer le conflit en Syrie : les quarante pages de ce numéro ne suffiraient pas à décrire dans le détail ses différents enjeux. Néanmoins, une rapide description du contexte s’avère nécessaire. Le conflit syrien est à la fois une guerre civile, une guerre froide et une guerre sainte. En effet, il trouve ses racines dans les dissensions entre opposants au chef de l’Etat et groupes pro-régimes, dits «loyalistes». Puis, cette lutte est rapidement instrumentalisée : par des pays occidentaux qui soutiennent les opposants au régime, et par la Russie et la Chine qui offrent leur soutien armé aux soldats de Bachar El Assad. Le conflit s’envenime, sur fond de querelle entre chiites et sunnites, deux courants de l’Islam dont les branches les plus extrémistes et violentes s’opposent depuis des siècles dans la région. Si nous avons bien conscience qu’il serait vain de tenter de s’imaginer la terreur que l’on peut ressentir dans ces situations, nous souhaitons, à travers cet article, réduire cette distance que l’on met presque inconsciemment entre notre société et les heurts qui font rage en Syrie. En effet, il est capital de prendre en compte et de reconnaître l’horreur que représente l’offensive à Alep, principal théâtre de ces affrontements.

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Ce que l’on souhaite ici rappeler, c’est que la guerre qui met la Syrie à feu et à sang depuis maintenant plusieurs années n’est pas seulement militaire, ce sont avant tout des civils qui en souffrent et qui voient leur quotidien ravagé. Il n’y a pas si longtemps, Alep était une ville que l’on

qualifierait de «normale», voire plus, on l’appelait «le joyau de la Syrie», une ville d’une grande richesse culturelle. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette ville abritait un patrimoine historique et artistique rare. La Grande Mosquée des Omeyyades, la vieille ville d’Alep, façonnée par le passage de l’Empire romain, byzantin, puis ottoman, mais aussi la citadelle d’Alep, forteresse médiévale datant du XIIe siècle, connue pour être l’un des monuments les plus renommés du pays. La ville était également économiquement prospère ; elle était le fer de lance commercial et touristique du pays. Il est important de réaliser que les syriens menaient une vie semblable à la nôtre, à l’exception qu’ils ont, pour certains, eu l’audace de se soulever contre un régime dictatorial. Et soudain, la terreur, l’inquiétude, les bombardements s’immiscent dans leur quotidien. Presque du jour au lendemain, on ne reconnaît plus rien, tout s’effondre autour de soi, les forces armées sont là, partout, et les rues que l’on connaissait si bien deviennent celles d’une ville fantôme. Une métamorphose particulièrement frappante lorsqu’on lit les témoignages des habitants d’Alep, notamment ceux des enfants, très vite confrontés à une réalité insupportable. Ces mêmes habitants se demandent dans leurs témoignages pourquoi personne ne réagit, malgré la relative médiatisation de leur situation. À notre échelle, bien que nous ayons peu de pouvoir sur la situation, il est capital de se rappeler ce qu’Alep et la Syrie représentaient avant le début du conflit qui déchire aujourd’hui le Moyen-Orient, et de faire preuve de compassion, notamment envers les migrants qui fuient ces régions dévastées par la guerre. Lamiae Ennour


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Récap’ : La fusion des universités Depuis la perte en avril 2016 de l’Idex (Initiatives d’excellence), le projet de fusion des universités de Toulouse est mené à marche forcée. En effet, le calendrier prévoit que la future Université de Toulouse soit effective dès 2019, et ce malgré les nombreuses actions contre la fusion engagées par les étudiants. Pour y voir plus clair, L’Alouette revient sur les points essentiels du projet.

La fusion : quésako ?

L’Université de Toulouse regrouperait la Comue (l’Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées), Toulouse 2 et Toulouse 3, qui fusionneraient au sens propre, plus l’INPT et l’INSA. Ce grand établissement déciderait de la stratégie de formation, de recherche et de la politique de l’ensemble du site et recevrait de l’État une subvention commune, à se partager. Un deuxième cercle engloberait Toulouse 1, qui a refusé de faire partie du premier cercle, ainsi que l’Enac, l’Isae et l’École nationale vétérinaire. Les membres de ce second cercle garderaient une plus grande indépendance, notamment financière.

Pourquoi fusionner ?

La fusion permettrait aux universités d’être plus concurrentielles au niveau international, par exemple sur les grands classements comme celui de Shanghai. Promesse est faite de favoriser les programmes de mobilité des étudiants à l’étranger et d’envisager des passerelles entre formations et universités. Cependant, la fusion est surtout motivée par la reconquête de l’Idex, plan d’investissement avenir. Nerf de la guerre, le programme représente une enveloppe de l’État de 25 millions d’euros par an, prévu sur une durée de 9 ans. Elle finance aujourd’hui 22 programmes de recherche. Les prémices de la fusion sont à retrouver dès 2017 avec la loi LRU, qui souhaite autonomiser les universités. Elle leur abandonne la gestion de leurs ressources humaines, remplaçant ce qui auparavant était géré par l’État par une enveloppe annuelle dont le montant reste le même, initiant des difficultés financières qui vont conduire les universités à se tourner vers les financements privés. E n 2013, la fameuse loi Fioraso laissait le choix aux universités : l’association, la fédération ou la fusion (le regroupement administratif de tous les établissements). Toulouse choisit la fédération, qui implique une mise en commun de certaines instances, un CA et un simple droit de regard sur l’homogénéité de la politique du site. Dans les faits, l’Idex est supprimé à toutes les universités qui n’ont pas fusionnées.

Ce que les syndicats étudiants craignent :

Sur le plan juridique, les membres de ce premier cercle n’auraient plus le statut d’université mais de grands établissements. Ceux-ci ne sont pas soumis au code de l’éducation, qui régule notamment les frais d’inscriptions. Ce statut est celui choisi par l’université Paris Dauphine en 2004, ce qui lui permet une sélection sur dossier dès la L1. Ainsi, bien que l’administration assure que cela n’aura pas lieu, il est légitime de craindre une hausse des frais d’inscription, dont l’université seule fixerait le montant, une généralisation de la sélection sur dossier et une très faible présence d’élus étudiants au Conseil d’Administration (qui passeraient de 22 à 3 seulement, tandis que le nombre de personnalités extérieures augmenterait). A craindre aussi une modification des filières, voire la fermeture de certaines formations peu compétitives, la complexification de certaines démarches administratives ou encore la révision de droits étudiants comme l’AJAC. Au niveau national, l’université de Strasbourg a été la première à fusionner en 2009, suivie en 2012 d’Aix-Marseille Université et de l’université de Lorraine. Aujourd’hui ce sont, en plus de Toulouse, les universités Sorbonne-Nouvelle, Paris-Descartes et Paris-Diderot qui sont concernées par le projet de fusion. Clémence Higounenc

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Journal

Le vote blanc : un choix engagé ou irresponsable ? Voter blanc : ça compte pour du beurre ? « Voter blanc c’est inutile ! » . Bon nombre des électeurs ayant déjà voté blanc ou ayant exprimé leur souhait de le faire à l’avenir ont certainement déjà entendu cette phrase, qui paraît pourtant bien absurde à leurs yeux.

voter, notamment ceux qui ne se reconnaissaient pas dans ces propositions politiques.

Cette vision quasi-collective autour de l’inutilité du vote blanc s’explique essentiellement par le fait que le choix de l’enveloppe vide n’est pas encore reconnu en France. Bien que comptabilisé, le bulletin blanc n’a cependant aucun impact sur la puissance politique et souffre de son absence de pouvoir. S’il permettait par exemple d’annuler une élection, comme c’est le cas au Pérou lorsque 2/3 des électeurs votent blanc, son affirmation en tant que « vote utile » serait renforcée et le vote blanc ne serait plus perçu comme un engagement stérile, voir comme un éventuel danger pour la société, laissant le champ libre à un candidat perçu comme néfaste (ça marquerait presque la fin des « Il/Elle va passer au second tour, tu ne peux pas laisser faire ça ! »). Ainsi, beaucoup ne voteraient peut-être plus à défaut pour une proposition ou un candidat, comme ça a pu être le cas lors de l’élection de 2002 avec un second tour qui opposait J. Chirac et J.-M. Lepen. Par conséquent, refaire une élection semblerait plus concevable, avec une offre politique peut-être plus proche des volontés du peuple et davantage de personnes qui se déplaceraient pour

Même si de nombreux électeurs sont sceptiques quant au vote blanc et préfèrent voter pour le « moins pire » des candidats ou des propositions, choisir de glisser une enveloppe vide dans l’urne permet d’affirmer une position qui sous-entend, le plus souvent, qu’aucun des candidats ne correspond aux attentes et que les propositions actuelles ne sont pas en respect avec les convictions personnelles. Il ne s’agit pas du même type de rejet que l’abstentionnisme puisque, dans le cas du vote blanc, le citoyen participe au scrutin, ne se mettant pas en marge du choix politique tel qu’il est conçu aujourd’hui.

Voter blanc : un vote de conviction ?

Le vote reste, qu’importe le choix effectué, un acte difficile. Avant de voter, chaque citoyen vit une période d’intense réflexion, l’acte de voter impliquant une prise de risques accompagnée d’une certaine peur de l’échec. Il est clair que lorsque le candidat choisi est élu, le votant tire une certaine valorisation. Au contraire, un ressenti très négatif peut envahir la personne qui s’était engagée en faveur d’un autre candidat qui n’a pas obtenu la majorité. C’est comme un pari : soit on gagne soit on perd. Et dans le cas du vote blanc, l’électeur sait pertinemment que cela ne débouchera pas sur une réussite ou sur un changement quelconque, c’est en cela qu’il s’agit d’un acte engagé : le votant sait qu’en choisissant l’enveloppe vide il reste fidèle à ses valeurs et ses convictions, sans jamais avoir une chance d’atteindre la réussite. En votant blanc, l’électeur affirme sa position tout en contribuant à la citoyenneté française, il semble donc nécessaire de le prendre en compte pour enfin pouvoir parler de réelle démocratie.

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Camille Burguière


Journal

Le Bitcoin : la monnaie du futur ? Avec le développement du commerce électronique nous parlons aujourd’hui des monnaies virtuelles comme d’une révolution économique, de signes précurseurs d’une finance qui ne sera désormais plus la même. Et parmi les monnaies virtuelles les plus développées et surtout qui suscitent le plus d’intérêt on retrouve : le Bitcoin.

Qu’est ce que le Bitcoin ?

Le Bitcoin est une monnaie créée en 2009 en Asie par un informaticien dont l’identité et l’origine restent jusqu’à aujourd’hui secrètes. C’est finalement une monnaie comme une autre, son prix est fixé sur un marché et fluctue tous les jours. Mais elle possède quelques spécificités qui en font un cas particulièrement intéressant. Tout d’abord, c’est une monnaie virtuelle et donc internationale, son prix n’est pas fixé par un organisme financier, à la différence des monnaies nationales dont les taux de change sont fixés par des banques centrales. Sa valeur varie fortement : au cours des cinq dernières années, elle est passée de 3 à 450€. Elle est déterminée simplement par l’offre et la demande de Bitcoins. En outre, puisque cette monnaie n’obéit à aucune institution financière, elle est autogérée et régulée par ses utilisateurs. Des millions d’utilisateurs, à partir de leurs ordinateurs, vont chiffrer et vérifier toutes les transactions, et ce travail qu’ils effectuent est rémunéré en Bitcoins. Ces utilisateurs qui font fonctionner le système sont appelés des «mineurs de bitcoins». Chaque utilisateur, qu’il soit mineur de bitcoins ou simple usager, possède un portefeuille virtuel et peut acheter des biens et des services sur Internet, mais aussi en vendre.

Pourquoi passer au Bitcoin ?

L’avantage principal du Bitcoin est de pouvoir opérer des transactions sur Internet rapidement, que ce soit pour acheter des produits, ou participer à des campagnes de financement participatif (ou «cagnottes») sans communiquer ses coordonnées bancaires. Ce système permet aussi à certains de s’extraire du système bancaire plus classique, et ce pour différentes raisons. Pour certains il s’agit simplement d’un désaccord avec le système financier en place, pour d’autres, il s’agit de raisons moins avouables mais qui représentent en réalité une part conséquente des échanges en Bitcoins : dans la me-

sure où elles ne dépendent pas des banques centrales, les transactions sont intraçables. Ce système est donc parfois utilisé pour des opérations de blanchiment d’argent ou d’évasion fiscale. En effet, pour l’instant, il n’existe pas ou peu de législations autour du Bitcoin ; en France, la fiscalité qui lui est appliquée reste encore floue. Enfin, du fait des fortes fluctuations de son prix, certains en profitent pour spéculer sur le cours du Bitcoin, pariant ainsi sur ses évolutions à la hausse ou à la baisse. Cela dit, en tant qu’utilisateur, vous ne vous exposez à ces évolutions que si vous le souhaitez, vous pouvez également sécuriser vos Bitcoins, et ainsi faire en sorte qu’ils ne perdent pas de leur valeur, ce qui est plus difficile avec d’autres monnaies plus conventionnelles.

Comment commencer à utiliser le Bitcoin ?

Si vous souhaitez vous lancer dans l’utilisation du Bitcoin, voici quelques conseils : tout d’abord, si vous n’êtes pas très à l’aise avec l’informatique, il vaut mieux commencer par de petites sommes. Il vous faudra dans un premier temps vous équiper d’un «portefeuille virtuel», téléchargeable gratuitement, vous pourrez ainsi vous procurer des Bitcoins: soit en échangeant vos euros en Bitcoins sur une plateforme agréée, soit en recevant des paiements en échange d’un bien ou d’un service. Enfin, si vous êtes très doués en informatique, vous pouvez devenir mineur de Bitcoins Maintenant que vous savez tout ou presque sur cette innovation, vous pouvez vous essayer aux transactions virtuelles. N’oubliez pas de transférer quelques Bitcoins à l’Alouette quand vous serez millionnaires grâce à nos précieux conseils ! Lamiae Ennour

Pour toi l’économie c’est avant tout des vieux cours poussiéreux de lycée ? Des histoires de banquiers barbares et de crises incompréhensibles ? Cette chronique est justement faite pour toi ! Tu as une question, un sujet d’actualité auquel tu n’as rien compris, ou un thème sur lequel tu voudrais plus d’informations ? Envoie nous un mail à lalouette.journal@gmail.com, on essaiera de répondre à ta question dans le prochain numéro !

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Journal

« J’exige le droit de vivre. » De nombreuses études scientifiques confirment que que les animaux sont capables de pensées complexes et sont doués de sensibilité émotionnelle. Cette information en tête, partageons quelques faits autour du monde. Dans les élevages intensifs, les poules sont stockées dans des batteries où leur espace moyen s’apparente à une feuille A4. Elles ne peuvent pas déplier leurs ailes et marchent sur leurs camarades de cellule décédées. Soyons plus concrets. Fermez votre journal et posez-le sur une table. Déposez délicatement Blanchette, votre poule domestique, dessus. Constatez. Adaptées à l’homme, cet espace équivaut à environ 3 feuilles A4. Je vous invite donc à répéter l’opération : déposez 3 feuilles au sol et placez-vous dessus. Maintenant, restez-y l’entièreté de votre vie. J’oubliais. On va également vous arracher les dents et les ongles pour que vous ne tentiez pas de manger vos camarades dans un moment de folie (sans anesthésie bien sûr). Dans certaines îles, les chiens errants sont affublés d’un crochet dans leurs babines et utilisés comme appâts vivants pour requins. Ces derniers, une fois pêchés, voient leurs nageoires et ailerons arrachés puis sont rejetés à la mer. Ils coulent alors et agonisent plusieurs jours durant. Les plus chanceux servent de repas à leurs congénères. Les autres se vident progressivement de leur sang et attendent venir la mort, impuissants. 18 chiens, 26 chats, 36 lapins, 330 écureuils. Voilà ce qu’il est nécessaire d’abattre (entre autres) pour obtenir un magnifique manteau de fourrure. Ces « êtres sensibles » (je le rappelle) sont chassés, séquestrés et abattus sauvagement en garantissant une souffrance maximale de l’animal. Certains sont dépecés vivants. Les corps sont ensuite hachés pour nourrir les futurs arrivants. Si vous pensez que nos animaux domestiques sont épargnés, je me désole de vous contredire. lui.

27 mars 2015. Un lycéen tue un chaton devant témoins en jouant au foot avec

11 décembre 2014. Elle mutile son chien au rasoir pour avoir des antidouleurs pour sa consommation personnelle. 28 octobre 2014. Ivre, il coupe les oreilles de son chien au ciseau. Une fois interpellé, il reconnaît les faits et indique avoir simplement voulu lui donner une leçon pour « qu’il écoute mieux ».

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Journal

Les faits dénoncés ici ne sont qu’un ridicule pourcentage de l’ensemble des violences. Ce panorama peut paraître macabre, mais les faits sont réels et il est bon d’en avoir conscience. Notre société aime croire à la supériorité de l’homme sur l’animal et se donne le droit de les exploiter et de les tuer. Consommateurs que nous sommes, ne nous dédouanons pas de notre responsabilité en accusant ceux qui tuent. Ils tuent pour nous, pour notre confort, nos envies et nos repas. L’abattage d’animaux pour notre consommation n’est qu’une partie des violences animales existantes. Cependant, elle reste l’une des principales préoccupations. Le rythme imposé par notre surconsommation ne permet pas l’usage de méthodes plus respectueuses. Evidemment, un arrêt pur et simple de notre consommation n’est pas réalisable pour tous, mais il existe tout de même des alternatives. Essayer des équivalents végétaux aux saveurs très proches, n’acheter que chez des producteurs respectueux de l’animal ou simplement réduire notre consommation. Certains vous diront que tuer respectueusement reste tuer, mais pour d’autres, c’est un début. Vous le voyez, il est important que dans cette cause, vous vous créiez votre propre opinion. Qu’est-ce que vous acceptez ? Qu’est-ce que vous n’acceptez pas ? Vous êtes libres de votre assiette et de vos idées, mais prenez conscience que cette liberté de vie n’est pas donnée à tous. En ce qui concerne les autres violences : commerce de fourrure, d’ivoire, de cuir, de nageoires, cirque, chasse « sportive », balade à dos d’éléphants et autres joyeusetés, je vous avoue que mon avis sera tranché. Selon moi, ces tortures sont injustifiables et inacceptables aussi bien qu’elles ne sont pas nécessaires. Il vous revient de créer votre vision des choses. La consommation de viande représente l’abattage de 1900 animaux par seconde dans le monde. Le temps de lire cet article, environ 684 000 animaux ont été abattus. Imaginez si on ajoute ceux abattus pour autre chose que la viande, ceux maltraités, ceux dépecés, ceux abandonnés …

Audrey Chastier Illustrations : Emma Landi

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Journal En cette période électorale, on entend finalement toujours parler des mêmes partis politiques. L’Alouette a choisi de vous faire découvrir deux petits partis moins connus :

Le Parti Monarchiste En France, le monarchisme ne date pas d’hier. Cependant, le parti monarchiste français, l’Alliance Royale (AR) entend pouvoir réconcilier monarchie et modernité. Fondée en 2001, l’Alliance Royale est actuellement dirigée par Robert de Prévoisin, candidat aux élections présidentielles de 2017. Voici certains de ses arguments, tirés de son communiqué : «la seule alternative à l’échec républicain est de ré-enraciner notre pays dans la continuité de son histoire profonde. Ce n’est pas l’illusoire alternance républicaine qui nous permettra de nous relever ; il nous faut un roi, arbitre à l’écoute de tous les Français et en même temps garant de l’unité nationale, car il ne doit son pouvoir à aucun parti». Concernant ce roi, les monarchistes ne s’accordent pas tout à fait sur une seule et même personne. Selon le courant monarchiste auquel on appartient, on préfèrera Jean d’Orléans, Louis de Bourbon, ou encore le prochain roi / la prochaine reine élu(e) par les français. L’Alliance Royale prône cette dernière possibilité.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les jeunes forment une part importante des royalistes français. Sur leur site internet, on trouve même des publicités invitant les jeunes à un «camp d’été jeunes royalistes». Malgré cela, en 2007, seuls 14% des français s’estimaient plutôt favorables à voter en faveur d’un candidat royaliste. Le chemin reste ainsi périlleux pour arriver à convaincre le reste des électeurs, très attachés à la République. Il apparaît donc que même à l’approche des prochaines élections, nous ne sommes pas encore prêts à «sortir du sortilège républicain».

Roxane Roumeaux

Le Parti Pirate

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Le Parti Pirate est une organisation politique internationale fondée en 2006, en Suède. D’un point de vue idéologique, il est difficile de classer la formation. Elle échappe au traditionnel clivage Droite/Gauche. Le centre de son projet est la défense des droits individuels et de la vie privée sur le Net en particulier et la promotion d’un société ‘’ouverte’’ où la propriété intellectuelle serait réformés et le partage de fichiers absolument libre. Depuis ce point de départ scandinave, le Parti a essaimé dans le monde entier, donnant naissance à pas moins de 28 membres locaux dans de nombreux pays (France, Allemagne, Kazakhstan, Russie, Maroc...), toutes se reconnaissant dans les principes de base du parti originel et formant une organisation mondiale, le Parti Pirate International. Les dernières années ont permis à ses diverses formations de se démarquer médiatiquement et de s’inviter dans le débat public en formant une véritable alternative aux partis plus traditionnels. Les débats récents sur les traités de libre-échange et la surveillance massive sur le Web ont apporté du grain à moudre au Parti. Élus présents au Bundestag (Parlement allemand) en 2009 et 2013, percée aux cours des

élections Islandaises en 2016 avec un sixième des sièges de l’Althing (Parlement islandais)... La section française du parti a été fondée très tôt, en 2006, sur des forums en ligne. Soucieux de devenir une véritable force politique, il décide de s’inscrire au Journal Officiel en 2009. Il s’est déjà ‘’frotté’’ à l’extrême-droite (Christine Boutin et Jean-Frédéric Poisson) au cours d’élections partielles. Il s’est également présenté aux régionales de 2014 et tente de prendre place dans le débat public, notamment après la démission de Jérôme Cahuzac. Les suffrages ont rarement excédé 2% des voix. Le parti est actuellement en train de penser son projet de candidature pour les présidentielles et les législatives de 2017. Il s’agit d’un OVNI dans le paysage politique français, comprenant un grand nombre de jeunes cadres et conçu comme un réel porte-voix en dehors des groupes politiques institutionnels. Sacha Lopez


Plumes

La Gardienne Perdue au milieu de l’océan végétal Je sens la caresse sur mon corps mortel Du vent qui me prodigue son souffle immortel Mes chevilles sont doucement effleurées par l’astragale Les morios s’envolent et tourbillonnent autour de moi Ils virevoltent et se posent sur ma peau en émoi Dans l’air vibrant s’étirent les notes ténues de la Pandore Cette musique pleine d’espoir guide le monde qui s’endort Mes sens s’éveillent avec le soleil qui se lève Mes rêves de vermeil s’attachent à la lune qui se lève De l’aurore au crépuscule je reste immobile Je guette et je veille cette humanité indocile Je garde dans mon cœur la clef de son destin Depuis la nuit des temps jusqu’à son ultime lendemain Et les civilisations défilent, aveugles à ma présence Absorbées qu’elles sont par leur sombre et irrémédiable décadence Mais je suis attentive, et au moindre signe de leur destruction J’insuffle de la lumière pour que les consciences s’éveillent Et qu’elles transforment leurs lourdes peines en pures merveilles Je suis la Gardienne, dernière reine salvatrice d’un monde en perdition. Manon Bello Les Plumes, c’est la partie création du journal. Si tu aimes écrire, photographier ou que sais-je encore, envoie le fruit de ton travail et/ou de ton imagination à lalouette.journal@gmail.com avec comme intitulé «Les Plumes». Les publications peuvent se faire sous pseudonyme et tu es libre de proposer ce que tu veux, à condition que tu en sois l’auteur à 100%. Alors n’hésite plus si tu as quelquechose susceptible de faire apparaître des étoiles ou des larmes dans les yeux des lecteurs, envoie-le nous ! - Sarah

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Plumes

Éphémérides Je regarde au travers d’une vitre bien trop grande, la neige qui redessine face à moi le paysage endormi, les voilages transparents ajoutant une touche mystique à ce tableau déjà assez irréel. La cheminée enflamme de ses rousses lumières le plancher de bois sombre, tapissé par endroit de ces anciens ouvrages perdus aux travers des âges. Les couvertures en cuir ouvragé et les pages jaunies à l’humidité, embaument de leur acre parfum la pièce où je me dévoile à tes bras. Ils m’embrassent avec une délicate ardeur qui leur est caractéristique. Et je m’enlise en ton corps me perdant dans les délices de ton être. Et tes baisers éphémères volent sur ma nuque quand moi, la joue appuyée contre ton sein je me laisse absorber par les mots qui défilent sous mes yeux. Et par moment tu leur donnes vie, lisant au-dessus de mon épaule dénudée des vers exquis d’un passé oublié. Alors je m’enivre de tes paroles, m’hypnotisant du son voluptueux de ta voix auquel s’ajoutent les crépitements irréguliers du feu dévorant avec gourmandise le bois qui lui a été donné. Au dehors la neige danse au gré du vent, et ses flocons cotonneux trébuchent parfois contre la branche d’un chêne nu, leur route se voyant retardée de quelques instants. Le vent fait siffler la cheminée, et toi tu murmures à mon oreille des paroles que ma conscience n’ose entendre. Charmes lentement entonnés. Tes mains soulignant avec curiosité l’étoffe de mes hanches alors que tes lèvres s’aventurent outrageusement le long de mon épaule à présent timide captive de tes désirs, me font soudainement lâcher cette bible poétique qui glisse alors de mes doigts. Sa chute rendue sourde par tes mots susurrés. Et tes intentions à présent dévoilées. Et mes propres mains perdues sur le velours pourpre de la méridienne, supplient les tiennes, toujours occupées à leur découverte silencieuse. La courbe d’un sein audacieusement tracée. Une cuisse élégamment dessinée. Et mes lèvres qui n’en peuvent plus de retrouver les tiennes. Ton parfum épicé devenant ma nouvelle réalité jusqu’à cet ultime soupir qui résonne encore dans la pièce. A moins que ce ne fût la chaude illusion de mon esprit chamboulé. Une scène de guerre serait-elle aussi belle sous la neige qu’une colline dégagée ? Emilie Audran

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Plumes

Histoires en dix mots On rit de mes chutes, mon nez rouge devient bleu.

Couleur rouge baiser – mon cœur dans un verre à pied.

Elle portait une robe de miel sans savoir dire non.

Nous nous séparons puis le marchand de sable nous réunit.

Non je ne pleure pas, c’est juste la rosée.

Les pieuvres aiment ce qui brille, tu es en danger.

On s’aimera sous un saule qui ne pleure pas.

Je ne peux plus dormir – tes rêves me gardent éveillée.

Tes yeux sont restés mer et je frissonne au bord.

Dans un film noir et blanc je rirai toujours jaune.

Justine Lacombe

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Plumes

Achromatopsie Ce matin, mon drap est noir. Pourtant, hier il était violet, de la couleur des prunes mures. Je me frotte les yeux, mais non, c’est sûr : j’ai perdu dans mon sommeil le violet. Cela va de plus en plus vite. Il y a quelques mois, l’arc-enciel faisait partie de ma vie, et je n’y prenais pas garde. Le premier à disparaître a été le jaune, celui du mimosa et des canaris. Des cocus aussi, à ce qu’on dit. C’est arrivé un jeudi, alors que je regardais un parterre de pissenlits. Les fleurs étaient jaunes, puis jaunâtres, puis grises. Je devais être fatigué. Une poussière dans l’œil, peut-être ? Je n’ai pas pris le temps de vérifier : la ville m’attendait. La ville. C’est facile de ne pas y faire attention à la disparition des couleurs. En tout cas ici où les toits, les murs, les trottoirs... tout est revêtu de gris. Sauf le T-shirt de mon boulanger. Il est rouge, et promeut un groupe de musique dépassé. Il en a 7 m’a-t-il avoué. Tous identiques. Un par jour de la semaine. Mais aujourd’hui, il a changé. Son T-shirt est gris foncé. Après, cela a été le bleu de ma carte, du ciel et de la mer. Puis le orange de mon petit-déjeuner, du pull de la voisine et de mes chaussettes écossaises. Après, ça a été le vert. Et ce fut dur : plus de pelouses, feuilles tendres et petits pois. Heureusement, j’habitais en ville. Ensuite l’indigo du foulard de ma concierge, et des vieux cahiers de la grandmère, stockés au grenier. Puis le marron des châtaignes, des troncs d’arbre et des crottes de chien. Et enfin le violet, ce matin. Mon monde n’est plus qu’en noir - gris - blanc. Me voilà éjecté du monde coloré. Heureusement, les nuances sont encore là. Le gris... et si, lui aussi, disparaissait ? Mon monde serait alors en noir et blanc, manichéen. J’aime, j’aime pas. Là, pas là. Ailleurs, ici. Toi, Lui. Non. Je ne veux pas d’un monde comme celui-là. Je veux à jamais garder le gris de l’humanité.

Yéza

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Plumes

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Toulouse Des jours que j’y pense. Des jours que tu me hantes. Jours et nuits. Sans relâche. Je ne sais même pas par quoi commencer. Je suis là sans en avoir vraiment le choix. Tu me portes et je te supporte. Toulouse, je te déteste autant que tu le fais. Toulouse, je te haie comme tu me hais. Toulouse je rêve de te tuer toutes mes nuits, de te fuir et ne plus te revoir. Toulouse, noire ville Rose. Ville de mes cauchemars et de mes angoisses. Toulouse ville sale qui suffoque dans ses propres horreurs. Ville que j’ai essayé d’aimer, de longs mois durant. Ville qui me répugne à force de trop chercher l’impossible. Tu m’étouffes et m’enfermes. Me tortures quand je lutte. Et tes cris féroces me parviennent, de jour comme de nuit. Moments que toi seule sais si bien gâcher dans ma vie. Des hommes auparavant t’ont bénie, aujourd’hui de mes mots je te trahis. Tu n’obtiendras pas de moi de belles paroles qui resteront dans les mémoires, ni de beaux portraits qui captureraient ton apparente beauté. Non. Car tu m’as rendue triste et sombre. Perdue et malheureuse. Faible et incertaine. Et aussi séductrice que tu puisses être, tes subterfuges ne m’atteindront pas tant que tu ne me libéreras pas. Et alors j’envisagerai peut-être un beau jour de revenir sur mon jugement et de reconsidérer qui tu es, Toulouse, ville de mes plus grands malheurs. Emilie Audran

L’Espoir Elle s’éveille avec la nuit Sur sa peau l’éclat de la lune luit Son âme s’élève Pour guider les rêves Son esprit s’évade Pour inspirer les sérénades Son ombre s’allonge Pour protéger les songes

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L’obscurité est son monde Où sa lumière inonde Ceux qui sont perdus Et ceux qui n’aiment plus Ceux qui sont esseulés Et ceux qui ne savent plus se relever Pour que renaisse dans leurs cœurs Le plus pur des bonheurs

A travers tous les âges Elle parcourt le paysage En quête de destins brisés Pour réparer ces hommes épuisés Ses sens s’épanouissent Pour qu’enfin la paix grandisse Dans cet univers égaré Où elle en est la clef

Manon Bello


Plumes

Once upon a time Il était une fois, oui, j’ai rêvé de toi C’était un once upon a time, enfin, je crois Tu étais là, assis, tu m’attendais Un once upon a time, à l’orée de la forêt L’herbe était verte, l’eau était pure et bleue Les fleurs, les parfums, le vent et les vœux Le souhait, au plus profond de mes rêves d’enfant Un once upon a time, enfin, il était temps Le soleil se levait, les oiseaux chantaient Once upon a time, l’amour, la beauté, les regrets Mais surtout, l’aube qui depuis toujours se lève Sur la douleur de ceux qui croient encore aux rêves Oh, once upon a time, oui, j’ai rêvé de toi Des couleurs éclatantes, du chant de ce bois Il nous appelait, douceur, à toujours nous aimer Sur des notes claires d’une tendre éternité Once upon a time, mélodie des doux réveils Les débuts, les contes des mille et un sommeils Once upon a time, chante l’aube encore Avec espoir, tendrement, sur mon lit de mort Elly J. Croëc

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Papillon Des pétales de fleurs Dans le vent, dans le vent Dans le sable et le temps Qui deviennent poussières Ô pétales de verre Aux reflets de miroir Ô pétales de soie A la douceur d’un rêve Quelles fleurs est-ce donc ? Des fleurs couleur espoir Je te donne un bouquet Parce que quand je te vois Je ne suis plus la même Et je crois que je t’aime Des pétales de fleurs Dans le vent, dans le vent Tu les as refusées Et moi je suis en pleurs Mais le vent, mais le vent Les a portées au loin Vers un homme charmeur Aux grands éclats de rire Qui quand il me sourit Me fait battre le cœur Il les attrape au vol Mes pétales et mes pleurs Et il me dit qu’il m’aime Sans la moindre pudeur L’amour n’a pas de maître Car c’est un papillon Fou et imprévisible Qui butine les fleurs Fou et imprévisible Qui fait souvent souffrir Mais pour ceux qui acceptent Qui offre le bonheur Gaëlle Audouy

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Plumes

Le badge et le gardien Une grande entreprise souhaite limiter, Par soucis de confidentialité, Les accès à l’établissement, Pour assurer sécurité aux clients. Un PDG signe de son cachet Une règle qu’il ne veut nier. Il faut à présent une preuve Pour espérer entrer sans épreuves. Un jour le PDG se présente à l’entrée, Cherchant son morceau de papier. Ne le trouvant pas, le gardien l’arrête Et lui défend d’entrer dans l’enceinte. Le gardien exécutant son travail rigoureusement N’y récolta qu’un honteux licenciement. En effet, le PDG, en mauvais professionnel Jugea cet acte comme un excès de zèle. Les personnes influentes instaurent des lois, Et clament de tous un respect de bonne foi. Cependant, ces gens possèdent de hauts statuts Et s’accordent des droits qu’ils ont aux autres défendus. Les contrarier serait de l’irrespect Et par conséquent sévèrement jugé.

Audrey Chastier

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L’entre-deux : automne L’automne est un cri de ralliement : ça pépie de tous côtés ! Chacun, gonflé de réserves patiemment accumulées, se prépare à l’envol pour la lointaine chaleur et de nouvelles couleurs. Certains se souviennent de leurs traversées passées. Pour d’autres, c’est la nouveauté. Les deux s’impatientent et frémissent : peur de l’inconnu ou crainte du connu. Car les anciens le savent : ils sont rares à être passés entre les griffes, les serres, les balles et les filets. Mais ils repartent encore, parce qu’il le faut, sans choix : nécessité fait loi. L’automne est le prélude au cocooning : ça butine de tous côtés ! La nuit grignote le jour, patiemment. Le gris gâte le bleu, opiniâtrement. Le froid gagne sur le chaud, de plus en plus souvent. Alors on se concocte un abri, on se crée un cocon doux, tendre et chaud où se pelotonner les jours sombres. Et on sort, on se mélange, on profite des jours clairs, comme s’ils étaient les derniers avant longtemps, pour ne pas en perdre une miette, faire des réserves et un amour à emporter quand on ne sortira plus de son nid douillet.

Yeza

Ce numéro clos la rubrique des Bulles. Elles n’ont pas su provoquer en vous le flot de créativité espéré, et après 6 numéros, elles disparaissent. Pour ceux qui souhaiteraient tout de même se frotter à l’écriture fictionnelle sous contrainte, n’hésitez pas à découvrir l’atelier d’écriture proposé par Julien Roumette les mercredis de 16h10 à 18h au foyer de Lettres (bâtiment Gai savoir). Et pour les autres, n’oubliez pas que la rubrique des Plumes accueillera vos textes avec plaisir !

En attendant de vous lire, ici ou ailleurs, je vous souhaite une belle année pleine de créativité ! Céline

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Sabotage : Rock ‘n’ Roll Samedi 4 février, l’Alouette se retrouve propulsée en plein milieu du Connexion pour interviewer les toulousains de Sabotage, juste avant leur concert ouvert par Octarine. Avec Félix Jordan à la guitare et aux chœurs, Benjamin Brembilla à la batterie, Dominique Remaury à la basse, Maxime Dayre à la guitare et Loup au chant, le groupe sort fin 2016 leur 3e E.P, Conspiracy. Les garçons sont détendus et plaisantent sur le « petit côté chagasse » du chanteur.

l’Alouette : Alors dites-nous, Sabotage, qu’est-ce que c’est ? [Un silence religieux s’installe] Loup : Putain mais c’est vous qui avez monté le groupe les gars ! Félix : Non, c’est moi ! [Rires] Sabotage c’est un groupe toulousain qui fait du Rock’n Roll, inspiré des seventies parce que c’est la musique que l’on aime. On ne se fixe pas forcément de barrière, parfois on vire vers la pop, parfois vers du heavy métal aussi, ça dépend des envies, ça dépend de ce que l’on écoute à un moment donné... Loup : On a eu notre période ballades, il n’y a pas si longtemps. C’est même plus qu’un groupe de musique, c’est un projet de vie. Félix : C’est un groupe d’amis, c’est une belle aventure qu’on vit tous ensemble. Loup : C’est peut-être archaïque aussi comme conception mais c’est un groupe, ce n’est pas un projet, comme des musiciens qui ont leur projet, qui ont besoin d’évoluer artistiquement, besoin d’avoir différents projets dans différents styles. On se considère comme un groupe à l’ancienne même dans notre musique, ce que l’on aime, notre style, notre formation. Maxime : C’est hyper important qu’on puisse faire de la musique ensemble et qu’on puisse aller boire des coups après les répètes. Loup : On avait dit que ça ne tournerait pas autour de l’alcool...

L’un ne va pas sans l’autre, ça repose vraiment là-dessus. Loup : On a couché avec les mêmes meufs... on partage tout ! l’Alouette : On ne le mettra peut-être pas ça hein ! Du coup vous venez d’où ? Quels ont été vos parcours d’étudiants, de musiciens avant de former ce groupe ? Félix : Alors moi j’avais un groupe de Funk avec Max, à la fac, en musicologie. En fait on est super éduqués, on fait les sauvages mais on a fait du Jazz. Maxime : On lit toutes les clefs hein ! Enfin surtout moi ! [Entrent Benjamin et Dom] Félix : Mais c’est magnifique, on est au complet ! Donc voilà on avait un groupe de Funk avec Max, mais j’avais envie de refaire du Rock, parce que c’est la musique qui me parle le plus. On a commencé à monter un groupe avec Ben, puis Maxime est venu. Ensuite Antoine est venu, qui faisait du clavier avec nous. On a du changer de bassiste en cours de route puis on a rencontré Loup, le chanteur, il va vous raconter la rencontre... Loup : Oui c’est ça en fait, le groupe existait déjà bien avant que j’arrive. J’ai adoré leur musique, c’est ce que j’avais toujours rêvé de faire. Je viens du Québec donc c’est plus ma culture musicale, ce qu’on écoute là-bas dans les clubs le vendredi soir.

Maxime : Aller boire des coups, faire la fête !

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Magazine Félix : Voilà, je chantais avant dans le groupe et on a trouvé en lui la voix qu’on voulait depuis le départ. Ensuite, on a préféré resserrer la formule sur juste de la guitare, on s’est séparé du clavier. On a aussi changé de bassiste et on a rencontré Dom, que l’on connaissait depuis quelques temps. On a joué avec lui, ça sonnait super bien, ça n’avait jamais aussi bien sonné d’ailleurs. Maxime : Enfin un bassiste qui bosse ! l’Alouette : D’ailleurs, le fait qu’il n’y ai plus de clavier vous a donné un son beaucoup plus lourd, beaucoup plus brut, c’est définitif ? Loup : Oui. Félix : Non. [Rires] En fait on avait le clavier au départ parce qu’on trouvait que ça grossissait le son et on aimait jouer avec plein de textures différentes. En fait la plupart des groupes qu’on écoute sont quandmême beaucoup plus centrés sur les guitares. Mais on est fan des Beatles aussi, d’Aerosmith, etc… Du coup, on exclut pas du tout sur des grosses scènes plus tard ou en studio avoir du clavier aussi, ce sont des textures qui nous plaisent. D’ailleurs, Antoine, le mec avec qui on jouait est un chic mec et un très bon clavier. Mais en ce moment on se concentre sur quelque chose de plus rock, plus centré sur les guitares pour faire ce que l’on a envie. l’Alouette : Est-ce que vous vous attendiez au succès de Sabotage ? Félix : On en veut plus ! En fait c’est très relatif, on a beaucoup de chance que de nombreuses personnes viennent nous voir et comprennent la sincérité qu’on y met. On fait vraiment ça avec le cœur et si ça plaît c’est très bien.

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Loup : Tu connais les Blues Brothers ? Ils disaient « Nous sommes en mission pour le Seigneur » [Rires] et moi je considère qu’on a une mission divine en fait ! On est super contents qu’il y ai du monde à Toulouse, que l’on puisse diffuser sur scène cette musique, c’est pas facile. Ca reste à Toulouse, donc on a une faim insatiable de diffuser ça partout sur la Terre. C’est vraiment un combat de faire ce genre de musique dans une société où tout est marchand, où la musique doit être du divertissement, de l’industrie. C’est une pratique sociale ostentatoire, alors que nous ce que l’on veut c’est remettre sur le devant de la scène une musique, un art, une technique. Félix : C’est aussi une certaine vision du Rock’n Roll. On a une chance inespérée de faire de la musique et d’arriver à avoir un équilibre là-dedans, alors que pour tout un tas de personne ce n’est pas le cas. La musique qu’il y avait dans les années 70 c’était de la Feel Good Music au-début, on allait voir des concerts, on savait qu’on allait voir des gens cool, se démonter la gueule et que ce serait sympa. On aimait ce côté beaucoup plus sincère, on n’est pas maniérés. Loup : On espère que les gens qui viennent nous écouter viennent aussi passer notre soirée, c’est pour cela que l’on met aussi l’accent sur le show visuel. l’Alouette : C’est devenu quelque chose d’assez énorme d’ailleurs, notamment depuis que Loup est arrivé : vous l’avez dit vous mixez plein de sons différents, comment vous faites pour conserver votre son ? Comment arrivez-vous à créer cette identité Sabotage ?


Magazine Maxime : Ce qui est intéressant c’est que beaucoup d’influences viennent de Loup et Félix. Dom, Ben et moi on est un peu plus en retrait, on écoute aussi mille styles différents, surtout les piliers du rock, par exemple Ben écoute plus de rock stoner et en ce moment moi j’écoute aussi plein de choses différentes en dehors du rock. Ça fait aussi quatre ans que l’on se connait, quatre ans que l’on travaille ensemble et qu’on a pu créer ce son, donc c’est un long processus. Félix : Le truc intéressant aussi, qui revient souvent, c’est le mot Revival qui apparaît comme un reproche même si nous on ne le prend pas du tout comme ça. On n’est pas bloqués sur Sabbath ou Led Zeppelin. A leur époque tous ces mecs là écoutaient beaucoup de choses différentes, moi j’aime beaucoup Elton John, Maxime aime Kendrick Lamar, mine de rien tout ça créé une influence, ça créé une façon de réfléchir les mélodies différemment. Loup : Pour affiner là-dessus si tu veux, dans notre processus de création on a une certaine maturité dans le processus d’écoute musicale, surtout lui qui a une érudition de fou ! [Il désigne Félix] Donc quand il va amener une idée de compo, moi ou n’importe lequel d’entre nous, on amènera le contre-pied total de ce qu’il nous proposait, c’est un jeu entre nous, un jeu dans la composition. l’Alouette : Aujourd’hui quels sont vos projets ? Faire un disque ? Un vinyle ? Félix : Ce qui nous motive c’est faire exactement comme ce soir, un bon concert de rock’n roll, pour présenter des morceaux qui nous tiennent à cœur, devant le plus de gens possible et à l’avenir dans le plus d’endroits possible. On sait que beaucoup de personnes peuvent se reconnaître dans cette sincérité, dans cette musique, dans le côté mélodique. On est là pour que ça nous plaise, pas pour réfléchir autant, on ne devrait pas intellectualiser la musique à outrance, ça devrait vous plaire ou pas vous plaire. Si ça vous plait tant mieux, sinon tant pis. Mais on aimerait faire ça partout ailleurs, on aimerait trouver un tourneur, un label aussi pour un jour, s’il y a sortie d’un album, le faire bien, parce qu’en faisant un autoproduit c’est difficile de faire les choses bien.

Loup : C’est vrai qu’on commence à s’épuiser un peu, car sortir un EP, puis un autre EP, puis un EP, c’est bien mais il serait temps que l’on accède à un vrai accompagnement professionnel car on se rend compte qu’on ne peut pas être au four et au moulin en même temps. Félix : Parce qu’il faut qu’on bosse. Loup : C’est ça, quand on fait douze heures de musique ensemble par semaine, qu’on a aussi du travail chacun de notre côté, ce qui double le travail, et rajouter le boulot en production, en communication, etc… c’est beaucoup, ça prend du temps et on ne peut plus. Par exemple, pour le concert de ce soir on voulait créer quelque chose de nouveau visuellement, donc il fallait travailler cette nouvelle création, mais derrière il faut assurer toutes les autres obligations. Félix : Et puis le nouvel EP est tout neuf ! Conspiracy, il est tout frais ! l’Alouette : Concernant les groupes toulousains, lesquels vous nous conseillez ? Félix : Les Pink Elephants, qui ne jouent pas assez à notre goût, ce sont des amis et ils font d’excellents sons. I Me Mine, qui font de la pop sixties revisitée. MuffDiver, rock très stoner. Et Datcha Mandala, groupe bordelais. On en garde pour les prochaines interviews. On finit sur une bonne réponse de notre reporter, bonne élève : l’origine du nom du groupe ? « Sabotage », album de Black Sabbath de 1975. Après la jolie découverte que fut Octarine, Sabotage débarque sur scène avec tapis, encens et du bon, du gros, du vrai Rock ’n’ Roll. On est convaincues, « Devil’s got a new disguise », et c’est Sabotage.

Clémence Higounenc, Anaïs Clara et Roxane Roumeaux

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Mamie Manou Ah, quel plaisir de retrouver mon fauteuil pour vous écrire, cher.e.s étudiant.e.s ! Je vous souhaite le meilleur pour cette nouvelle année, en espérant qu’elle comble tous vos désirs ! En prenant le bus il y a quelques jours, je lisais le journal distribué le matin et une jeune fille était assise à côté de moi. On a échangé quelques mots et avant de partir, elle m’a dit ceci : pourquoi estil difficile, encore aujourd’hui, d’être accepté.e pour que ce que l’on est ? Cette question m’a taraudé et j’ai décidé de partager mes réflexions là-dessus avec vous, qui pouvez être touché.e.s par cette situation.

La tolérance … Un sujet très vaste me direz-vous … Mais aussi très intéressant, car cela fait partie de notre quotidien, que nous y prêtions attention ou non. Je me rappelle une voisine, commère comme pas deux, qui ne supportait pas que les gens puissent penser différemment d’elle. Il suffisait que quelqu’un ait le malheur d’avoir un avis différent du sien ou d’avoir un mode de vie autre que celui qu’elle avait et voilà qu’elle partait dans une diatribe sans fin par laquelle elle espérait convaincre l’autre qu’il était dans le faux ... Qu’est-ce qu’on a pu avoir comme discutions animées si vous saviez … Et des personnes comme cette voisine, il en existe des tas, même aujourd’hui ! C’est important d’être tolérant au quotidien et il ne suffit pas de le clamer pour l’être mais de le démontrer par des petits gestes, des actions, qui valent bien mieux que de grandes déclarations creuses. Après tout, ce n’est pas très compliqué d’accepter les gens comme ils sont, c’est même plutôt bénéfique pour tout le monde. Bien sûr, aimer tout et tout le monde est quasiment impossible, mais cela n’empêche pas que l’on peut accepter et au pire tenter d’apprécier les autres à leur juste valeur et si cela est incompatible pour diverses raisons, autant simplement s’éloigner de ce qu’on ne supporte pas. Pourtant, les choses sont plus douces quand on est accepté pour ce que l’on est, quelque soit sa couleur de peau, sa religion ou non, la personne que l’on aime, ce que l’on pense, ce que l’on aime, ce que l’on écoute comme musique, ce que l’on mange ou non, son style vestimentaire … Bref, vous l’aurez bien compris et je pourrais continuer de dresser une liste longue comme le bras, la tolérance s’applique à tous les sujets et les domaines, c’est « cool », non ? En plus, dans une université comme la vôtre qui brasse autant de personnes, cela donne beaucoup d’occasions de croiser une quantité incroyable de différences ! Mine de rien, être tolérant apporte du baume au cœur à tout le monde, c’est réconfortant voyez-vous. Sans être Mère Teresa, on peut accomplir, chacun à notre niveau des actes de tolérance simples, comme écouter quelqu’un qui expose son avis sans le contredire à tout bout de champs parce qu’on n’est pas d’accord. Si on tombe sur des choses qui nous paraissent aberrantes, on peut donner son point de vue sans être vindicatif, tout simplement en restant calme. Mais il ne faut pas oublier que personne n’a le droit de moquer quelqu’un au motif un peu trop léger qu’il ou elle n’est pas « pareil.le ». Quand on y pense, la tolérance est quelque part une forme de respect.

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Guide de survie d’un quotidien dans un 9m2² On a tous cette personne dans notre entourage qui vit momentanément dans 9m² et qui nous narre ses aventures épiques chaque semaine. Aventures écoutées probablement que d’une oreille distraite face à la futilité apparente des vagues propos à peine entendus. Donc me voilà aujourd’hui pour rétablir la vérité. Oui, vivre dans un 9m² est périlleux ! Oui, vivre dans un 9m² peut vous faire vivre de bien drôles de choses ! Alors voici un guide de survie qui pourra en aider plus d’un d’entre vous. Pour vivre dans un 9m², il faut avant tout savoir que commence contre votre propre gré une immense colocation entre centaines d’inconnus. Vous ne me croyez pas ? Attendez quelques temps et dites-moi si vous ne connaissez pas la sonnerie de vos voisins de gauche-droite-dessus, si vous ne savez pas à quelle heure untel a son réveil et si vous ne commencez pas à haïr celui ou celle trois étages au dessus ou au dessous (ça marche tout aussi bien) pour vous imposer sa conversation téléphonique sans même s’en rendre compte. Au bout d’un certain temps, des réflexes peuvent se développer comme vouloir dire un « À tes souhaits ! » qui s’entendrait à la perfection au travers de la cloison de papier à un membre malade de votre chère communauté. A éviter cependant pour garder l’apparence d’une santé mentale encore intacte. La meilleure solution pour éviter tout ça ? À part garder ses écouteurs toute la journée sur les oreilles, je n’ai pas encore trouvé... Possesseur de LA solution ultime, je fais appel à toi ! Aussi, sachez que vous allez pouvoir développer des techniques particulières de gain de temps considérable lors de votre séjour en faible espace de survivance. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il va maintenant être possible d’attraper ce paquet de gâteau au bout de votre bureau, depuis votre lit, juste en tendant le bras. Rien d’assez extraordinaire pour le moment ? Attendez un peu ! Voici l’astuce qui va vous sauver en période de révisions stressées et de dernière minute. Faire cuire ses pâtes en révisant ? Trop mainstream on est d’accord. Par contre, ce que va vous permettre votre 9m², c’est de prendre votre douche pendant la préparation de vos pâtes ! Cuisson al dente garantie (à condition de ne pas entamer la discographie complète des Beatles sous la douche, sinon là

je ne peux rien pour vous ! ) Conseil vital : ne pas oublier de sortir de temps en temps de chez vous ! Ça peut vous sembler bête, mais à rester trop longtemps dans un endroit si petit le monde pourrait vous sembler beaucoup plus grand le jour où vous sortirez. Et ça serait bête de se sentir perdu dans la cour d’entrée de sa résidence... Cette technique permettra aussi de ne pas faire de rêves étranges dans lesquels vous pourriez vous retrouver à découvrir des pièces secrètes ouvrant sur des espaces complètement inconnus (et surtout inexistants... Pourtant j’ai cherché ! ). La déception le matin est vraiment horrible. Et un réveil comme ça ne peut qu’annoncer une mauvaise journée... Enfin, le cas qui risque de poser problème à plusieurs d’entre vous : l’organisation qui, oui, dans un 9m², doit être impeccable ! Chaque petite chose a son coin, et pour ça il ne faudra pas hésiter à faire des sacrifices. Plus de place pour ranger ce paquet de riz tout fraîchement acheté ? Tant pis, il faut finir avec un regret immense cette boîte de gâteaux qui prend toute la place. L’étape au dessus s’adresse aux collectionneurs d’objets quelconques dont vous ne voulez pas vous séparer. Là, ça va pas être facile, mais c’est quand même possible ! En témoigne ma bibliothèque confectionnée en boîtes de chaussures empilées et des plus de 230 livres qui la composent. J’aurai aussi pu vous parler des pannes de connexion Internet, des coupures d’eau intempestives, de dégâts des eaux (je vous jure que c’était pas très très beau ) ou encore des alarmes incendie entre minuit et 3h20 du matin, souvent en plein hiver (c’est probablement plus rigolo de voir les gens sortir enroulés dans le froid dans leur couette !). Mais si le 9m² est fait pour mettre nos nerfs à rude épreuve, dites-vous qu’après plusieurs années vous serez aussi débrouillards et imaginatifs que Dali et MacGyver réunis ! Guide de survie lu et approuvé par moimême, experte officielle du sujet, en immersion complète depuis trois ans pour la rédaction de cet article. Emilie Audran

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Brève de papier et de nature Le dimanche 27 novembre 2016 a eu lieu la rencontre avec de nombreux professionnels du livre, du théâtre, d’une culture variée à l’Espace Job dans le quartier des Sept Deniers, à Toulouse (Rencontres du papier et du livre, « Récits de vie », venu-e-s d’ailleurs). Il est 10h. Je m’approche de ce lieu, jusque-là inconnu à mes yeux. Divers stands terminent d’être installés et par terre, des jeunes customisent des pancartes au moyen de pochoirs pour orienter le public. Le soleil brille avec vivacité alors que sonne bientôt la dernière heure de l’automne. Après avoir patienté, je rentre dans la petite salle où sont installés les éditeurs. On y retrouve les Éditions Anacharsis, Anaïs Barrachina, CMDE, Az’art éditions, Le Refuge, mais ce sont les Éditions Plume de carotte, découvertes en début d’année scolaire, qui retiennent mon attention. Créées en 2001 par Frédéric Lisak, ces éditions proposent des livres superbes autour de la nature, des enjeux environnementaux, à la fois didactiques et séduisants par leurs visuels bien étudiés. Il existe les collections telles que Land Art, Et si on vivait autrement, ou encore Au secours mes petits-enfants débarquent, une collection imaginée comme guide de survie adressé aux grands-parents, proposant une multitude

d’activités d’intérieur et d’extérieur. L’équipe de cette maison d’édition ne fait pas qu’aborder ces sujets essentiels, elle y contribue grandement : « Depuis maintenant six ans, notre engagement environnemental se traduit notamment par le fait que tous nos ouvrages sont imprimés à moins de 800 km de chez nous et de notre distributeur, sur des papiers certifiés, et avec des encres à base d’huile végétale » (cf l’entretien avec Frédéric Lisak dans Dialogues Librairies). C’est ici l’enjeu global de la société que Frédérick Lisak met en scène avec un amour inconditionnel de la nature et invoque des petits trésors de la vie comme un bout de bois rongé par un castor, ou le crâne d’un ragondin... Le milieu du livre, comme les autres domaines de notre monde, doit prendre en compte la situation sociale et économique dans laquelle nous vivons. Si l’envoi au pilon des surplus de production est une habitude chez beaucoup d’éditeurs, il faudrait parvenir à se centrer sur une production restreinte, où le mot « gaspillage » ne serait qu’étranger à la ligne éditoriale de chacune des maisons d’édition. Je vous laisse à la réflexion... Emma Landi

L’université Toulouse 2 Jean Jaurès vous propose une formation d’édition au Département Documentation, Archives, Médiathèque, et Édition (DDAME) intitulée Licence professionnelle Édition : techniques rédactionnelles et développements numériques. Vous choisissez soit le parcours imprimé, soit numérique. Dans le premier cas, l’accent est mis sur les cours de correction et de maquette, mais dans les deux cas, le premier semestre propose un tronc commun conséquent composé de recherche iconographique, d’histoire du livre / de la photo / de l’art, des cours de chaîne du livre, de conception et pratique éditoriale et j’en passe. Au second semestre le parcours numérique s’autonomise avec des cours d’informatique. D’autres formations liées au monde du livre à l’université Toulouse Jean Jaurès : La licence professionnelle de librairie (DDAME)

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NaNoWriMo ou le mois de l’écriture : le bilan C’est du 1er au 30 novembre que se déroule, chaque année, le National Novel Writing Month –NaNoWriMo pour les intimes. Ceux qui ont quelques notions en anglais l’auront compris : l’objectif grandiose de cet événement consiste à écrire un roman en un mois. Les participants ont donc trente jours pour écrire un texte de 50 000 mots. À l’Alouette, le phénomène a suscité beaucoup de questions, et nous avons donc décidé de nous pencher sur l’événement. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec Nathan L. qui, du haut de ses dix-neuf ans et de sa plume talentueuse, a déjà participé au challenge.

Utopie ou rêve à portée de plume ?

À première vue, écrire un roman aussi long en l’espace d’un mois semble impossible (petit clin d’œil à nos rédactions en troisième, quand on se creusait la tête pour pondre les cent mots exigés, toi-même tu sais). Cependant le NaNoWriMo nous donne quelques atouts pour parvenir à notre objectif, à commencer par une deadline. C’est toujours plus stimulant de se fixer des limites. Là où on avait l’habitude de tout remettre au lendemain, le NaNoWriMo apporte une contrainte : le challenge prend fin le 30 novembre à 23h59. Cerise sur le gâteau, le phénomène crée une synergie entre les participants. Grâce aux réseaux sociaux et au site officiel nanowrimo.org (qui se propose de vous créer un profil, de compter vos mots, de vous mettre en relation avec les autres plumes…), nous pouvons rendre compte de notre avancée et nous motiver en mesurant celle des autres. Il ne s’agit pas là de compétition, les participants sont invités à s’encourager les uns les autres et à partager leur passion. Nathan confirme : « ce que j’adore avec le NaNoWriMo, c’est que tout le monde, au même moment, se décide à écrire. Il y a donc une réelle énergie, presque palpable, qui est extrêmement stimulante, donne envie d’écrire et d’aller au bout de son projet. » Si vous participez, par conséquent, n’hésitez pas à tisser des liens avec les auteurs en devenir, d’autant plus que certains événements sont

organisés dans le cadre du challenge. Nathan s’est ainsi rendu à un brunch spécial NaNoWriMo organisé par une amie. Son verdict ? « Le brunch était délicieux : ça, c’est stimulant ! »

Personnaliser ses objectifs

Un des conseils les plus importants que Nathan souhaite donner, c’est d’adapter votre projet d’écriture à vos contraintes et vos envies. Si l’objectif proposé par le NaNoWriMo vous semble inaccessible, alors libre à vous de suivre vos propres règles ! « Cette année, j’avais un plan d’attaque plus modeste que l’année précédente. Je savais que je n’atteindrais pas les 50 000 mots (par manque de temps), alors j’ai essayé d’être à la hauteur de mes capacités. Je me suis fixé l’objectif de 15 000 mots ; ce qui fait 500 mots par jour, plutôt que 1667. C’était plus raisonnable et cela me mettait aussi moins la pression ! » Certes, écrire un roman en un mois serait un achèvement immense. Mais, au-delà de la satisfaction d’avoir fini son texte ou non, le NaNoWriMo est une formidable expérience. C’est que ce que retient Nathan du challenge : « À chaque fois, je me replonge avec passion dans mon histoire, retrouve mes personnages, bourdonne d’idées et d’envies et le simple fait d’écrire à propos de ça aujourd’hui me redonne envie d’écrire. » À vos projets, prêts, partez ! Nathan nous a livré, lors de son interview écrite, un précieux conseil pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’écriture : « Il faut se donner le temps d’écrire. Pennac écrivait que le temps d’écrire (comme celui de lire, et d’aimer) est du temps volé. Il n’y a pas, dans nos vies, de temps consacré à l’écriture. Il faut le voler à son quotidien et, le plus souvent, tous les soirs si possible, écrire. Même si ce n’est que 10 mots, c’est déjà ça de pris ! » Alors à vos plumes et claviers ! Justine Lacombe

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La peinture La peinture comme expression du soi, la peinture reflet d’une réalité, la peinture nuancier des humeurs, la peinture mère des couleurs. Mais peut-elle faire plus ? La revue Neuropsychology nous révèle cette année que la peinture a un pouvoir plus fort encore, analysé et décryptée par Alex Forsythe de l’Université de Liverpool : il s’avère qu’elle peut déceler les maladies neurodégénératives bien plus tôt. Un échantillon de 2092 tableaux de sept peintres différents a été traité par les chercheurs de Liverpool. Ils ont utilisé l’analyse dite « fractale », technique d’imagerie numérique qui a permis d’évaluer les séries géométriques complexes imperceptibles à l’œil nu grâce à des algorithmes mathématiques.

Dans les cas de De Kooning et de Brooks, l’étude a mis en lumière une forte baisse de la complexité de leurs œuvres dès l’âge de 40 ans, soit bien avant que la maladie d’Alzheimer ne leur soit diagnostiquée. De Kooning a été officiellement diagnostiqué en 1989, à l’âge de 85 ans, et Brooks à 79 ans. Pour Dali et Morrisseau, atteints de la maladie de Parkinson, la recherche a conclu à un déclin à l’approche de leurs 60 ans. En parallèle, les chercheurs ont aussi analysé les œuvres de peintres chez qui aucune maladie n’avait été détectée comme Claude Monet, Marc Chagall ou Picasso qui révèlent une tendance complètement inverse c’est-à-dire la complexification croissante de leur peinture.

Même si on ne peut pas encore affirmer que ces analyses peuvent remplacer les diagnostics médicaux, on peut tout à fait remarquer que cette découverte a permis de montrer que les premiers changements dans les coups de pinceau se manifestent des années avant l’apparition des premiers symptômes des maladies. Avec cette première étude sur le sujet, les scientifiques espèrent ouvrir la voie à d’autres recherches sur l’intérêt de l’analyse fractale dans la détection précoce de maladies neurodégénératives. Comme l’indique Alex Forsythe, concernant les différents diagnostics encore à explorer : «J’espère que cette étude va déclencher une réflexion sur ce qui se passe dans le cerveau bien en amont». La peinture comme outil scientifique, la peinture comme algorithme d’analyse, elle n’a pas encore révélée tous ses secrets.

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Anaïs Clara


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Sexe et pâtisserie On ne cessera de le répéter : le consentement est la base de tout rapport jouasse. Cependant, cette notion semble être, encore aujourd’hui, un peu confuse. Il apparaît assez répandu qu’en ces termes, la fellation ne soit pas épargnée.

Étude de cas ou le forçat des profondeurs

Une anecdote de prime abord anodine revient souvent lors des discussions autour du sexe. Certain.e.s auront connu l’expérience de ce partenaire peu délicat qui, au détour d’une gâterie, cherche, sans consultation préalable, à profiter de la situation pour explorer les tréfonds de vos amygdales. Le mode opératoire se réduit à une main venant se loger à l’arrière du crâne – existant aussi en version les deux mains placées de chaque côté de la tête – et gérant ainsi le degré de pénétration durant l’acte. S’ensuit la plupart du temps sensation de renvoi et sentiment d’inconfort. Cette pratique, répondant communément au nom de « gorge profonde », semble être au sexe oral ce que le Seigneur des Anneaux est à sa version longue, c’est-à-dire une version plus approfondie. Elle n’en reste pas moins une manière différente de pratiquer la fellation, au reste tout à fait acceptable. En revanche, lorsque le receveur en vient à gérer le mouvement de la tête du donneur, le rapport de ces deux rôles s’inversent, le donneur devenant receveur, le receveur devenant donneur. Afin de préciser le propos, à la manière de la vidéo Tea consent de Blue Seat Studios – et surtout quoi de mieux que de proposer une métaphore culinaire lorsque l’on parle de gâterie – imaginez ce superbe éclair au chocolat. Vous le saisissez du bout des doigts, les papilles salivantes et le mettez dans votre bouche. A présent, imaginez ce même éclair. Cependant, cette fois-ci, un tiers vous l’enfourne dans la bouche de manière à ce que vous le gobiez entièrement. Bien que l’action de manger l’éclair reste la même, la manière de procéder reste significativement différente, l’une étant considérablement plus intrusive.

Fiction et réalité

Ce genre de comportement fait davantage l’objet de témoignages provenant de femmes dont l’envie de gamahucher un membre érectile durant

l’acte était présente. Elle ne l’était plus une fois celui-ci ayant décidé de venir taper dans leur luette, sans y avoir été invité. Aussi, qu’est-ce qui pousse certains partenaires – des hommes puisqu’il s’agit de vous munir d’un pénis pour qu’il y ait fellation – à agir ainsi ? Il semblerait qu’il existe deux facteurs. Le premier vient de la difficulté à éprouver du plaisir durant cet acte ; un membre turgescent n’étant pas nécessairement réceptifs à toutes les stimulations. En prenant le contrôle, la fellation se transforme en support masturbatoire où le plaisir de l’autre rentre peu en ligne de compte. Le second, serait une exposition excessive à la pornographie. Lorsque dans les vidéos, les femmes se trouvent réduites au simple objet de plaisir masculin, l’exposition à ce contenu fausse l’idée que l’on se fait d’un rapport sexuel. Par extension, la fiction pornographique vient influencer les comportements intimes et corrompre l’idée que l’on se fait d’une fellation.

De l’éducation des garçons

Il ne s’agit bien évidemment pas de décrier la pratique, mais le procédé. Il existe de nombreux signaux durant un acte que chacun des deux partenaires doivent capter. Par certains gestes et certaines attitudes on peut deviner ce que notre partenaire désire. Dans le cas d’une éventuelle confusion, il est important d’interroger le potentiel intrusif d’une envie, aussi subite soit-elle. C’est pourquoi, dans ce cas précis, il ne faut pas considérer qu’avoir la permission d’entrer dans l’église vous autorise nécessairement à aller jusqu’à l’autel. Parce qu’en plus du consentement, le respect de l’autre et des ses envies sont aussi la base de tout rapport jouasse. Bastian Dexet-Baert

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Disney : nos héroïnes ont-elles enfin embrassé le féminisme ? Disney semble avoir compris que ses personnages, qu’ils soient féminins ou masculins, agissent trop souvent selon des clichés sociaux tenaces, parfois même venus d’un autre âge. La Reine des Neiges (2013), que l’on ne présente plus, bat tous les records en termes d’entrées et de bénéfice, avec plus d’un milliard de dollars de recette. Beaucoup expliquent ce succès du fait de l’image « moderne » et de la forte personnalité de son personnage principal. Elsa incarnerait ainsi le nouvel idéal des petites filles d’aujourd’hui. Mais beaucoup d’autres films Disney ont surfé sur cette vague de libération féminine. Véritable libération féminine ? Décryptage. Le premier du genre est sans conteste Mulan, sorti en 1998. Mulan est une fille tout à fait normale a priori, si ce n’est un peu maladroite et peu ponctuelle. Mais ce n’est pas cette normalité qui l’empêche de faire preuve de bravoure en sauvant son père d’une mort certaine, et plus tard finalement la Chine toute entière. Plus encore, c’est toute une société patriarcale que Mulan défie ici : elle était auparavant destinée à être mariée et sauver l’honneur de la famille. C’est ce même honneur que Mulan bafoue dans un premier temps, et qu’elle finit par regagner au centuple à son retour. En termes de libération féminine, on lui donne un magnifique 10/10. Grand oublié du monde de Disney : Lilo & Stitch (2002). Ce film a eu un pauvre succès comparé aux autres, et pourtant il casse également beaucoup de clichés. Premièrement, les clichés sur Hawaï et ses airs de carte postale sont balayés, au profit d’un panorama moins idéal : une situation économique en berne. La grande sœur de Lilo lutte pour trouver et garder un travail, fait preuve d’une grande indépendance, pour une héroïne Disney lambda tout du moins. Notons également que Lilo & Stitch affiche enfin des silhouettes et des proportions plus « humaines », plus ressemblantes à la population. Ce sera donc un beau 8/10. Concernant la Princesse et la Grenouille (2009), c’est le grand mauvais élève de cet article. S’il est présent ici c’est parce qu’il illustre parfaitement les efforts de Disney de moderniser ses personnages féminins... en vain. Tiana travaille dur, certes, est indépendante, certes. Seulement, le prince Naveen est un sac rempli de stéréotypes (séducteur, macho, etc.), et le seul moyen pour Tiana d’avoir le restaurant dont elle a toujours rêvé est finalement d’épouser Naveen, qui peut le lui offrir. Inutile d’évoquer son amie Charlotte, véritable caricature ambulante. On lui donne un généreux 4/10. Mulan reste ainsi le meilleur exemple d’émancipation féminine chez les films Disney. Malheureusement, les autres tentatives sont beaucoup moins réussies. Même la Reine des Neiges garde une image des plus lisses, tout comme sa sœur Anna, la mièvrerie en prime. L’espoir demeure plus présent pour Vaïana, la dernière née de Disney, qui présente une physionomie plus réaliste. Son succès sera-t-il aussi grand ? Disney a toutes les clés pour réussir à présenter de meilleurs personnages féminins, moins décoratifs et plus émancipateurs. Pour cela, le studio Ghibli pourrait leur enseigner deux trois choses …

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Roxane Roumeaux


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Succession Haaaa, le space opera. Des vaisseaux spatiaux, des personnages à la tonne, des mondes exotiques, de grosses intrigues et des lasers (pew pew pew...) bref, la quintessence de la SF grandiloquente, rutilante... Mais du coup, c’est aussi un sous-genre ultra balisé, avec un cahier des charges très codifié et rarement original. Mais, de temps à autre, on voit apparaître une jolie surprise, une anomalie. Et Succession fait partie de ces délicieuses étrangetés et quand on connaît son auteur, ce n’est pas surprenant. Scott Westerfeld est donc un auteur de Science Fiction américain, né en 1963 et qui nous a livré pas mal d’ouvrages différents. On lui doit notamment la saga Uglies (série jeunesse dystopique centrée sur le rapport beauté/laideur) et L’IA et son double (polar futuriste avec supplément intelligence artificielle). Une voix originale, qui s’empare de thèmes plutôt classiques avec un ton décalé, humoristique et souvent surprenant. Sauf que là, ça ne rigole pas... Succession est donc un diptyque composé des Légions Immortelles et du Secret de l’Empire. Dans un futur lointain, l’humanité a essaimé sur 80 mondes, constituant un empire dirigé par un souverain immortel et messianique, à l’aura presque surnaturelle. Régime dictatorial, donc, où toute volonté de changement est plongée dans la même stase que ses citoyens. Dans ce paysage tout à fait idyllique et merveilleux, se cache un élément perturbateur plutôt costaud, la Secte Rix. Des femmes cyborgs qui veulent implanter d’énormes IA au travers de l’Empire pour en prendre progressivement le contrôle, remettant en cause les fondements du règne de l’empereur et de sa famille. Dans ce contexte pour le moins tendu, une prise d’otage spectaculaire va plonger divers personnages dans la tourmente. On a donc Laurent Zaï, un commandant de l’Empire chargé de résoudre la crise, Nara Oxham, une sénatrice rebelle au sein du gouvernement impérial et enfin Herd, une Rix qui va remettre sa vision du monde en question. Je ne vais pas en dévoiler plus, histoire de vous préserver de tous les retournements de situation... Alors autant le dire tout de suite, certes les thématiques ne sont pas novatrices, certes on perçoit de grosses influences pour peu qu’on soit tatillon (Warhammer 40000, Star Wars) mais nom de Dieu que c’est énorme! Le traitement ac-

cordé à l’immortalité, la propagande, les nanotechnologies et l’IA est diablement intelligent et s’aventure sur des terrains inattendus, plus profonds qu’il n’y paraît. Les personnages sont attachants, complexes et ont ce petit quelque chose qui les distingue de la masse de leurs homologues littéraires lambda. La forme n’est pas en reste. L’introduction du premier tome est complètement folle, nous montrant un assaut livré sur plusieurs échelles (micro et macro avec le rôle de la nanotechnologie) bourré d’action qui trouve quand même le temps de nous livrer les clés d’un background riche, fouillé et scientifiquement crédible (oui oui). Westerfeld a un ton qui n’appartient qu’à lui et qu’il décline en de nombreuses nuances, ici très sombres. Pour la faire courte, il s’agit d’une œuvre de SF ultra accrocheuse, terriblement bien ficelée, d’une efficacité redoutable. Certes, deux tomes, ça paraît court pour un space opera mais ça renforce clairement la densité du tout, qui est vraiment plein comme un œuf. La générosité de la série est incroyable, d’ailleurs c’était le but initial, Westerfeld cherchant à écrire le roman qu’il voulait lire à 14 ans...et il a réussi, le bougre. Malheureusement, Succession reste injustement inconnu. Par conséquent, si vous voulez briller en société en citant un chef d’oeuvre mystérieux et profiter efficacement de vos longues soirées d’hiver, lisez Succession, vous ne le regretterez pas...

Sacha Lopez

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Pour un cœur d’enfant Si vous avez aimé Miyazaki, rigolé des facéties de Calcifer ou encore eu envie de faire un énorme câlin à Totoro, cette bande dessinée est faite pour vous ! Si vous n’avez pas aimé Miyazaki ou que vous ne le connaissez pas (mais qu’est-ce que vous attendez pour aller regarder ses films ?), cette bande dessinée sera peut-être pour vous aussi, alors ne tournez pas la page tout de suite. Je vais vous parler de Kami, écrite et dessinée par Juliette Fournier et Jean-Gaël Deschard aux éditions Jungle, et du tome 1 en particulier, seul sorti pour l’instant, qui se nomme « Omégama ». Ce qui fait la force de cette bande dessinée en premier lieu, c’est qu’il s’agit, d’abord et avant tout, d’une bande dessinée pour la jeunesse. Est-ce important ? Oui, parce que si vous vouliez du viol, du meurtre et du sang à la Game of Thrones, vous risquez d’être déçus. Non, parce qu’être un enfant ne signifie pas être niais ou immature, et la bonne littérature jeunesse étant une littérature à plusieurs degrés de lecture, les adultes peuvent sans peine y trouver leur compte, sans être eux non plus niais ou immature. Dans Kami, l’histoire est mystérieuse, l’univers enchanteur, et en ce qui concerne le final, le happy end est loin d’être au rendez-vous. Il suffit simplement de se laisser porter. La deuxième force de cette bande dessinée est l’héroïne, Nura, qui, accompagnée de la divinité dont elle est la prêtresse, Belsem, part au duché de Luchénia afin de venir en aide au chambellan du duc. C’est une jeune fille débrouillarde et mature, qui saura affronter les épreuves qui l’attendent et commettra parfois des erreurs. Un peu stéréotypée, elle garde néanmoins une certaine profondeur qui la rend aussi forte qu’attachante. La relation entre elle et sa divinité est touchante, et c’est par ses yeux que l’on suit le déroulement de l’intrigue et ses tentatives pour résoudre les étranges secrets qui semblent entourer le duc de Luchénia. Une héroïne courageuse à laquelle on prend plaisir à s’identifier. Enfin, ce que l’on retient de cette bande dessinée, ce sont ses messages. Elle nous interroge sur nos peurs de grandir, de vieillir, de mourir. Elle nous montre que c’est en réalité quelque chose de naturel qu’il faudrait accepter plutôt que craindre. Des leçons de vie, qui s’appliquent aussi bien aux grands qu’aux petits. Alors voilà, Kami, c’est une jolie bande dessinée au monde féerique et aux dessins colorés, pour les jeunes avides d’aventure ou les adultes qui ont gardé un morceau de leur cœur d’enfant. La lire, c’est comme boire un bon chocolat chaud en hiver devant un feu de cheminée : chaud, doux, et sucré. En un mot, à savourer.

Gaëlle Audouy

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Lovesick Dans la famille Netflix je de mande… une série tendre, drôle, avec des épisodes courts et des personnages réalistes : Lovesick. Cette pépite née en 2014 compte pour le moment deux saisons –on croise les orteils pour en avoir d’autres à se mettre sous la dent. Dylan, grand romantique qui n’en à sa première déception amoupas est de découvrir qu’il a la chlamyvient reuse, par conséquent, prévenir doit, qu’il et dia C’est l’occasion conquêtes. anciennes ses dans des flashentraîner nous de lui pour découvre ses on où ues rocambolesq back y suit égaOn avortées. d’amour histoires de coureur Luke, de aventures les lement amien fidèle aussi , enthousiaste jupons tié que désinvolte en amour. Quant à la troisième mousquetaire, Evie, elle ne sait

comment avouer ses sentiments pour Dylan. Pourquoi l’Alouette vous recom mande-t-elle Lovesick ? Pour son humour, tout d’abord, un humour décapant, absurde et très british. Pour sa douceur, aussi, ses moments de tendresse qui ne tombent jamais dans la niaiserie. Surtout, l’Alouette vous conseille de regarder cette merveille pour son côté résolument feel good. Vous vous identifierez aux personnages hauts en couleurs, loin du glamour hollywoodien, et les courts épisodes (ils durent une vingtaine de minutes) suffiront à illuminer votre journée. Alors à vos sachets de pop corn ! Justine Lacombe

Lanterne cosmique Par tous les pépins de la pomme de Newton, je vous présente la Lanterne cosmique : petite chaîne apparue sur YouTube il y a environ 1 an. Cette lanterne saura vous guider de sa lumière à travers les méandres et les idées reçues de l’astronomie et du cosmos. Ainsi, Martial part d’une question toute simple et en creuse les idées de manière très scientifique, non sans une touche d’humour bien dosée. Y a-t-il du son dans l’espace ? Peut-on construire une échelle jusqu’à la Lune ? Combien pèse un nuage ? Quel est le sens de la vie ? Les vidéos traitent généralement d’astronomie mais la chaîne tend à se diversifier et ne pas s’enfermer dans un thème précis. Actuellement, il présente une quinzaine de vidéos qui oscillent entre 5 et 15 minutes. Même s’il s’agit d’un petit nouveau sur YouTube, ses vidéos sont prometteuses et ne vont qu’en s’améliorant au niveau de la présentation comme de la technique. Audrey Chastier

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Cocktail exotique Bientôt les vacances ! Pour un petit avant-goût, quoi de mieux qu’une soirée entre amis autour d’un verre pour se détendre ? Ca tombe bien ! Pour ce numéro, l’Alouette vous propose une recette de cocktail aux saveurs asiatiques, pour ceux qui voudraient changer du schéma bières/chips habituel. Pour 4 personnes - Préparation : 5 minutes Ingrédients : 25cl de liqueur de litchi (soho), 50cl de jus de fruit de la passion, 5 cl de jus de citron vert, liqueur de triple sec. Mettre dans un saladier la liqueur de litchi et le jus de fruit de la passion. Presser le citron vert et ajouter le jus à la préparation. Terminer le cocktail en y ajoutant un filet de triple sec. Pour adapter le cocktail en soft, il suffit de remplacer les liqueurs par du jus de litchi et du sirop d’orange. Idéal accompagné de crackers chinois ou de petits wraps au saumon/guacamole. A consommer avec modération parce que, n’oubliez pas, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

Camille Burguière

Qui a fait quoi ? Pour chaque oeuvre, deux choix : retrouvez le bon artiste !

Femme à sa toilette, 1875 Berthe Morisot ou Édouard Manet ?

Equilibre, 1932 Sophie Taeuber-Arp ou Piet Mondrian ?

Le Bain, 1908 Suzanne Valadon ou Henri de Toulouse-Lautrec ?

#5WomenArtists sur Twitter et Instragram Félicitations ! Vous pouvez maintenant nommer 5 artistes femmes et répondre au challenge lancé en mars 2016 par le National Museum of Women in the Arts pour contrebalancer la surreprésentation des artistes hommes dans les musées. Sakountala, 1905 Camille Claudel ou Auguste Rodin ?

Réponses : Berthe Morisot ; Sophie Taeuber-Arp ; Suzanne Valadon ; Laure Albin-Guillot ; Camille Claudel

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Le Narcisse, 1934 Laure Albin- Guillot ou Robert Mapplethorpe ?


Divertissement

Horoscope Lettres, Philosophie et musique + IFMI Fac : Vous vous improvisez chef d’orchestre pour jouer un remix du générique de « Games of Thrones », sans succès auprès de vos professeurs. Amour : Vous interprétez tout comme des signes provenant d’un admirateur secret . Langues, Littératures et Civilisations Étrangères + IPEAT Fac : Pour la Saint-Patrick, vous apprenez le mot farfadet dans plus de soixante langues. Mettez ces connaissances à profit en organisant des cours de soutien au foyer. Amour : Vous ne perdez pas espoir, l’amour de votre vie pourrait bien se cacher parmi les arrivants Erasmus du second semestre… Sciences, Espaces, Sociétés Fac : Vous avez passé le meilleur week-end du monde… dommage que votre compte en banque soit maintenant aussi pauvre que la végétation en Sibérie (ça fait un bel objet d’étude). Amour : A la BU pour la première fois du semestre, si la merveilleuse créature assise face à vous pouvait arrêter de vous déconcentrer, cela serait bénéfique pour la réussite de vos partiels. Histoire, Arts et Archéologie Fac : En additionnant les 4 chiffres composant l’année 2017, vous obtenez 10, comme la note que vous visez aux partiels. Coïncidence ? Je ne crois pas. Amour : C’était une bonne idée cette soirée déguisée sur le thème de l’Antiquité, mais sans la toge impossible de le reconnaître… Psychologie Fac : Vos longues heures à la cafét et vos dix cafés vous donnent de la tachycardie. Amour : Vous hésitez à revoir l’être qui hante de vos nuits sous prétexte que son nom est Freud.

ISTHIA Fac : Avec les travaux, vous avez fait 100 fois le tour de la fac mais impossible de trouver cette nouvelle salle de cours… Amour : Quelle joie quand on vous a invité pour le déjeuner… et quelle déception quand c’est au restaurant universitaire.

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Agenda

WEAC de Montpellier : Rencontre avec Sylvain Lapoix, coauteur de #DataGueule Les 28 et 29 janvier, l’Alouette participait au Week End au Campus (WEAC), rendez-vous annuel des associations étudiantes organisé par Animafac. Le WEAC, c’est un week-end dans quatre villes différentes où se retrouvent les associations pour se connaître, échanger, dialoguer et participer à des ateliers et formations. Y sont abordés des thèmes aussi variés que le numérique, les médias, le développement durable ou encore la solidarité internationale, dans une ambiance qui vous donne envie de changer le monde. Nouveauté cette année : les conférences-débats, avec comme invités à Montpellier Sylvain Lapoix (co-auteur de #DataGueule et spécialiste des données) et Paul et Laëtitia de Youdeo (blogueur.euse.s et découvreur.euse.s de talents sur Youtube), pour parler de la communication à l’ère du numérique. Radio MonMirail en a profité pour interviewer Sylvain Lapoix juste avant son intervention. Nous vous avons choisi un extrait de cet entretient inspirant, dont l’intégralité est à retrouver sur radiomonmirail.com Radio Mon Mirail : Pensez-vous que le futur du data journalisme, et peut-être du journalisme en général, sera sur Youtube ? Ou en tout cas sur un espace qui permet la discussion avec ceux qui auparavant n’étaient que les lecteurs, téléspectateurs, c’est-à dire les consommateurs d’informations ?

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Sylvain Lapoix : Pour moi, Youtube, du moins les plateformes de vidéos en général, ça ne sera pas le futur, c’est le présent de la citoyenneté active. Regarder la télé, c’est se soumettre à des institutions de vieux, blancs, catholiques, hétérosexuels, hommes évidemment, parisiens, bourgeois. Donc, les femmes, les classes populaires, les populations racialisées, « d’origines ethniques diverses », les pauvres, les gens qui habitent hors de Paris, etc., toutes ces catégories là en sont exclues. Alors que c’est ce qu’on appelle, de manière peut-être abusive aussi, le peuple, les gens ; c’est au moins les deux tiers si ce n’est les trois quarts des gens. Ces personnes qui aujourd’hui tiennent les grands médias ne représentent qu’euxmêmes. […] Ils entretiennent une image de la France qui n’est pas l’image de l’électorat, qui n’est pas l’image des citoyens. Aujourd’hui, tu vas sur Youtube, tu trouves des petits rebeus qui racontent des trucs vachement sympas et qui en ont plein le crâne alors qu’ils n’ont même pas finit leurs études et qui ont juste une webcam. Et ces mecs là tu les verra jamais à la téloche. Et tu sais où tu les retrouves ? Tu les retrouves dans les assos. C’est ça, c’est ce monde là qui vibre dans cet endroit qui est un monde d’accès gratuit, qui n’a pas ces codes, qui n’a pas de barrière haute à l’entrée en termes financiers, de formations, de diplômes, y’a pas de laissez passer nécessaire. Donc en soi, Youtube, comme les sites de pétitions en ligne, ou les réseaux sociaux, c’est un lieu qui est fondamentalement démocratique. Et c’est pour ça qu’on en dit du mal ! Parce que ça fait chier les mâles, blancs, hétérosexuels, cis, cathos, tradis, de merde, qui n’aiment pas les jeux vidéos, qui n’aiment pas certaines musiques, qui n’aiment pas Internet, qui ne s’intéressent pas à ce qui est en train de se passer dans les quartiers et qui, quand ils te demandent où tu habites, te disent « Tu habites Rive gauche ou Rive droite ? » […] Je pense que dans la sphère de la société civile il y a un potentiel formidable et que Youtube lui permet d’exister en propre et de manière authentique.


Associatif

Agenda • 29 mars, 18h30 - 22h30 au Crij (17 rue de Metz) : Rencontre inter-associative d’Animafac. Une soirée pendant laquelle tu vas pouvoir rencontrer plein d’associations étudiantes de Toulouse, faire connaître la tienne et participer à des ateliers super cool ! Pense à t’inscrire (page Facebook d’Animafac Toulouse) • Jusqu’au 28 avril, au CROG, exposition présentant les sujets de recherche des étudiants de Master 1 et 2 en Histoire de l’art moderne et contemporain avec 44 affiches. • 29 mars, 11h-18h, Université UT1, gratuit : dernière journée du festival Les Airs Solidaires. Passage à l’échelle globale avec des initiatives visant à améliorer ton monde et à le rendre plus respectueux de l’environnement. • 30 mars, Palms Trax, Laolu, KHALK // Connexion Live, 20h - 1h30, 5€. • 31 mars, 19h30-23h, le Quai des Savoirs accueille La Nuit de la Géographie - Gratuit • Du 1er au 7 avril, semaine du développement durable, dans tous les campus • 19 et 21 avril, basilique de Saint-Sernin, 20h30, gratuit pour les étudiants (réserver ses places) : concert de l’orchestre symphonique des étudiants et du choeur des étudiants de musicologie, requiem de Mozart. • 20 avril, Entraîne-toi à Pitcher ton idée - spécial StartupWeekend : Boost - L’entrepreneuriat en Action, en collaboration avec Pitch Me Up, vous invite à vous entraîner au pitch ! Lancez-vous et venez pitcher votre idée pour vous préparer au Startup Weekend du 28 avril. Inscritpion gratuite mais obligatoire. Plus d’infos sur la page Facebook de Boost ! • Du 9 au 13 mai, festival Replik’Arts II sur le campus du Mirail. Prix libre • 1er avril, un évènement parisien mais qui nous tient à coeur : le Festival de l’Engagement, place de la République. Le Festival de l’Engagement, Jeunesse S’engage, le Bercail et The high kick crew invitent à une manifestation revendicative qui se veut être une cérémonie nationale de promotion de l’engagement. C’est un incubateur d’initiatives. Et il y aura du très bon (gros) son. • Mercredi 29 mars et mardi 4 avril, 18h-19h30, bureau 128 de la MIE : Réunions d’information de l’Alouette. Questions, curiosité, envie de faire partie de la rédaction ou juste de s’informer ? On ouvre nos réunions de rédaction à tous et c’est THE moment pour venir nous rencontrer ! Peut-être même qu’on fera des petits gâteaux...

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Vous disiez ?

1. François Bayrou

2. Marine Le Pen

a. « Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière, mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur. » b. « Je demande aux Français de ne pas aller dans les zones à risque parce que c'est dangereux » c. « Si je ne suis pas présidente, je deviendrai Dalida ! »

3. Eva Joly

4. Nicolas Sarkozy

d. « Je connais bien Dominique Strauss-Khan ; je l’ai mis en examen. »

e. « Je suis plus nombreux que jamais. » f. « J’ai été longtemps un jeune conformiste, et sans doute formiste était-il de trop. » 5. François Hollande

6. Jean-Luc Mélenchon Réponses : 1-f ; 2-c ; 3-d ; 4-a ; 5-b ; 6-e


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