l'Alouette n°4

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Alouette QUEL ETUDIANT ES-TU ? Jeune poulain égaré, master au foie guerrier ou éternel L1 en tour du monde des UFRs, nous sommes chacun étudiants avant tout. Entre journalisme de fond et psychologie de pointe, l’Alouette vous aide à déterminer à quelle catégorie d’étudiant mirailleux vous appartenez. A vos crayons. 1. Fraîchement arrivé tu as : a. Fait ta journée d’intégration, appelé ton guide étudiant « Maman » pendant 2 mois avant qu’il te dise que lire l’intégralité de la bibliographie n’était pas une nécessité absolue b. confondu plusieurs fois les salles de TD, mais tu as su garder l’air digne. c. Découvert le foyer. Depuis, tu y es toujours, même l’été. 2. En cours... a. Au deuxième rang, bien au milieu, tu as un carnet de note, un pc et un dictaphone. Sait-on jamais. b. Trublion des temps modernes, tu profites des moments creux pour travailler ton grec ancien à coups de « ππ2su » gravés sur les tables du fond. c. Tout n’est pas à noter : efficace, tu réduis immédiatement le cours à 1 page recto, c’est toujours ça de gagné. Tu compléteras grâce à la Dropbox de la promo. 3. Pendant la pause... a. Tu discutes avec ton voisin du sujet du cours, préparant tes prochaines questions pertinentes à poser devant l’amphi. b. Tu cours rejoindre ton pote à l’autre bout de la fac pour vous retrouver pile sur le chemin de LA personne dont tu connais l’emploi du temps par coeur, mais pas le prénom. c. Café, clope, après 2 heures de cours tu écoutes ton corps. Tu y retourneras quand tu seras prêt. 4. Les révisions : a. A J-30 tu abordes ce partiel sereinement, profitant de tes bases impeccables pour lire les auteurs à la source. b. Au début, tu voulais faire des fiches. Puis t’as voulu en savoir plus sur le mobilier napoléonien mais te voilà pris de passion pour les fauteuils Louis XVI. Tu finis par relire ton cours la veille, en panique, priant le saint Guronzan. c. Tu as récupéré tous les cours sur la Dropbox et révisé ta philo sur Ciel Mon Mirail. Au pire, les rattrapages sont là pour ça.

5. Les partiels... a. Incompréhensible : tu t’attendais à ce qu’on en attende plus des grands penseurs de demain. b. Incompréhensible : comme d’habitude tu ne sais pas si tu as tout bon, ou tout faux. c. Incompréhensible. 6. En L1, ce qui t’as poussé à continuer ton cursus... a. Ton amour du savoir, pardi ! b. Tu te sens bien dans ton cursus, et dans la fac aussi. T’as même rejoint une asso étudiante ! c. Tes potes, les fesses du chargé de TD, la facilité... Quelle importance ? 7. La fac c’est très bien, mais il faut savoir s’aérer... a. Mens sana in corpore sano, tous les jours, entre 18h30 et 19h tu marches au Jardin des Plantes. Le week-end c’est Bibliothèque Nationale du Patrimoine et Musée Saint-Raymond. T’en es sûr, le buste d’Auguste te fait des clins d’œil. b. Tous les week-end, tu sors prendre juste un verre pour pouvoir réviser le lendemain. Comme tous les week-end, tu te mens à toi-même et fera la fermeture. c. Tu ouvres régulièrement la fenêtre du foyer : l’air frais c’est important.

Résultats :

Majorité de a. : L’Emmanuel Kant de ta discipline, l’étude c’est ta passion, tu es à la fac et tu sais pourquoi. Bourreau de travail, réussir dans ton domaine est ta priorité absolue, tu mets donc tout en œuvre pour être le meilleur. Majorité de b. : Tu ne sais pas tellement comment tu es arrivé là mais tu as finalement beaucoup accroché à ta discipline, voire la fac en général. Tu aimes être étudiant et tu en profites pour te découvrir et ne pas trop te prendre au sérieux. Tu vois ta jeunesse estudiantine comme une chance, profites-en ! Majorité de c. : Ce qui te plaît à la fac c’est surtout l’ambiance, la sociabilisation. Au final, tu aimes tes études mais tes copains encore plus ; ton cursus est peut-être un prétexte à l’expérimentation. Indécis, tu préfères prendre ton temps, on t’en veut pas pour ça !

Imprimé avec le soutien financier du FSDIE de l’Université Toulouse Jean Jaurès


Alouette

EDITO

Sommaire Journal

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Retour sur Nuit Debout 2 Earth Overshoot Day 4 Quand la peur s’installe 7 Science : The Active Dead 8 Eco : le revenu universel 9 Statut de responsable associatif étudiant 10 Sport 11

Les Plumes

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Les Bulles

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Divertissements

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Magazine

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Lonely, I feel so lonely 24 Tatie Jeanne 26 Lou Darau 27 Cadences 28 Portrait : Hélène Débax 29 Portrait : Cristina Noacco 30 Job d’été 32 Critiques : «Maintenant tu le sait» 32 La couleur de la victoire 33 Demain les chiens 34 Le chat du rabin 35

Cela ne vous aura pas échappé, c’est la rentrée dans notre toute grande, toute neuve, toute blanche Université Toulouse II Jean-Jaurès. Bienvenue aux nouveaux arrivants, en espérant que vous ayez tous passé de bonnes vacances parce que maintenant c’est FI-NI ! Alors que débute l’investiture du nouveau président, les mouvements sociaux reprennent et l’UFR de psycho connaît des jours mouvementés, soutenu par d’autres UFRs ... Cela promet d’être une affaire à suivre de très près. A L’Alouette cependant, pas de repos pour les guerriers : notre été, on l’a passé en espadrilles à vous cuisiner notre n°4, un peu particulier pour nous car voilà un an que l’oiseau a vu le jour ; on n’est pas peu fiers. On espère voir passer encore de nombreux anniversaires, grâce à vous ! Toujours en espadrilles, il s’en est passé des choses depuis avril ! Moment émotion, nous avons été élues au Conseil d’Administration d’Animafac, le réseau national des associations étudiantes, aux côtés de 24 autres associations étudiantes toutes plus chouettes les unes que les autres. Aussi, la fédération des médias étudiants de l’UT2J, Time To Lose, arrive pour botter des fesses. On vous en parle p.37... En bref, cette année, ça va être le feu dans la rédac’ (en espérant ne pas atteindre les 451°F).

Directrice de publication : Lamiae Ennour

Nouvelle année, nouveau bureau : alors que mes compagnes de galère, celles sans qui l’Alouette ne serait pas, sont parties pour de nouvelles aventures parisiennes, Lamiae, Gaëlle, Camille et Anaïs reprennent la barre. Ca promet de ne pas être triste ! On souhaite plein de belles choses à tous nos autres «anciens», en les remerciant pour la belle année que nous avons passée. On ne le répètera jamais assez : l’Alouette, c’est vous. On a besoin de vos retours, de vos idées, de vos questions... Rien compris à l’économie ? Une crise existentielle ? L’Alouette est là ! De beaux poèmes que personne ne lit, des dessins qui restent seuls dans leur coin ? L’Alouette ! Un sujet de mémoire qui ferait un bon papier ? Une réflexion personnelle intéressante ? L’Al... bref. Pour venir grossir les rangs de notre volatile, ou juste pour des infos, un petit mail et c’est parti !

Secrétaires de rédaction : Gaëlle Audouy, Camille Burguière, Anaïs Clara, Lamiae Ennour

Une belle année à tous, épanouissante et pleine de lectures,

Agenda Time To Lose

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Contacts : Mel : lalouette.journal@gmail.com Facebook : lalouettedumirail Site Internet : http://lalouettejournal.wix.com/alouette

Rédactrice en chef : Clémence Higounenc

Graphisme : Anne-Eléonor Pluot Maquette : Clémence Higounenc Imprimeur : Copy Diffusion Service, Toulouse

Clémence Higounenc, au nom de la rédaction

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Journal

Retour sur Nuit Debout Au mois de juin, soirée dans un bar tout ce qu’il y’a de plus habituel. Entre amis, on discute de Nuit Debout, certains y vont, d’autres pas mais on est tous plus ou moins d’accord. Finalement, quelqu’un demande « Mais en fait, les gars, c’est quoi Nuit-Debout ? ». Silence... Les voix se lèvent « Quoi ? Tu rigoles là ? Tu vis dans quel monde ? ». Après réflexion on se dit tous que non, il a bien fait d’oser poser cette question et qu’en bons «nuit deboutistes» ça doit justement nous intéresser. D’où vient ce mouvement ? À qui s’adresse -t’il ? Qui vient s’asseoir sur les places ?

Un rapide historique permet de mieux comprendre l’origine du mouvement :

• 17 février : La loi est révélée. Selon la ministre du travail Myriam El Khomri la loi a pour objectif d’améliorer la compétitivité des entreprises, de développer et préserver l’emploi, de réduire la précarité du travail et d’améliorer les droits des salariés. • 18 février : Les premières pétitions émergent. Les militants et les syndicalistes lui reprochent son caractère trop libéral et un retour sur les acquis sociaux. • 31 mars : Manifestation à l’initiative de plusieurs syndicats, première « Nuit Debout » d’occupation des places dans les grandes métropoles (République à Paris, Capitole à Toulouse...) • 10 mai : le gouvernement recourt au 49.3. Considéré comme une mesure d’exception, il est destiné à « réguler les rapports entre le parlement et le gouvernement ». Il peut-être utilisé lorsque les débats s’enlisent ou comme une mesure d’urgence pour l’adoption d’une loi. • 15 septembre : Soirée de rentrée sur la place du Capitole. Au programme, assemblée populaire sur le thème : «Quel avenir pour Nuit-Debout ?» Reprise des commissions et ateliers. Après la manifestation du 31 mars en réponse à l’appel de plusieurs syndicats, des centaines de manifestants occupent la place de la République à Paris, naît alors le mouvement Nuit Debout, lequel peut être considéré comme une sorte de relais des grands mouvements de ces dernières années, notamment Occupy Wall Street et Les Indignés. La Nuit toulousaine, réputée «moins festive qu’à Paris mais très sérieuse» a émergé après l’occupation du Théâtre Garonne le 31 mars par des intermittents, des étudiants, des membres de Droit au Logement et des bénévoles du journal Fakir. Sur toutes les places, on se réapproprie alors l’espace public et le temps.

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Journal Les rencontres de Nuit Debout sont non-marchandes et ouvertes, tout le monde peut y prendre la parole hors de la logique des partis politiques. Même si le mouvement a une ligne plutôt de « gauche » il ne se revendique d’aucun parti et les opinions divergent parfois. Le mouvement « n’appartient à personne », pas de président, pas de leader, toutes les paroles se valent. Tout le monde peut prendre le micro, directement ou par le biais d’un crieur qui parle pour les plus timides. La parole est donnée à ceux qui ne la prennent habituellement pas, on ne s’interrompt pas. Un petit « dictionnaire » de signes à été mis en place pour acquiescer, contester. Les militants ont également mis en place un système d’information libre et participatif : site internet, Radio Debout, TV Debout, autant d’outils qui font le lien entre les militants et les places des différentes villes.

prendre le pouvoir ?

Elie, 24 ans étudiant en anthropologie : « J’y suis allé pour pouvoir y trouver plus de démocratie, d’égalité, de liberté, de tolérance, de social, d’écologie. ».

Nuit Debout : En quoi avons-nous cru ?

La loi travail constitue une étincelle, un prétexte d’engagement. L’idée qui ressort souvent est celle de se battre contre “la loi travail et son monde”. C’est avant tout pour proposer une alternative au monde de la loi travail que le mouvement a commencé. Dans l’esprit des gens est né un besoin profond de changement. D’un point de vue étudiant et plus généralement pour toute notre génération, Nuit Debout est représentative de ce en quoi nous ne croyons plus. Nous sommes de plus en plus nombreux sur les bancs de la fac à être diplômés, mais on nous répète que cela ne servira à rien et que ce qui nous attend n’est que galère et chômage. Les médias, les politiques nous répètent sans cesse que l’on traverse une crise économique sans précédent. Or, une crise implique un bouleversement suivi d’un retour à la normale mais il n’y aura peut être pas de retour à la normale, le monde capitaliste s’effondre et nous n’y croyons plus. Nous ne croyons pas non plus aux solutions qui sont proposées. Par les initiatives de chacun, ou celles nées des mouvements sociaux, il y a eu la volonté de créer du collectif, de trouver nous-même les solutions aux problèmes de notre société. Volonté qui transparaît dans la diversité des commissions. Ces groupes de paroles ouverts centrés sur un sujet particulier prouvent bien que le système est à changer en profondeur : féminisme, écologie, éducation, droit au logement, études, autant de sujets débattus dans le cadre de Nuit Debout. La contestation fait ainsi place aux initiatives, aux propositions d’alternatives. Mais peut-on réellement changer notre société sans

J’ai demandé à deux étudiants de filières différentes ce qu’ils étaient venus chercher et ce en quoi ils avaient cru en se rendant sur les places. Louis, 21 ans étudiant en sociologie et réorienté en droit depuis cette année : « Mes espoirs étaient volontairement démesurés. Je souhaitais que Nuit Debout aboutisse sur une constituante. Que les personnes soient suffisamment nombreuses pour légitimement écrire une nouvelle constitution. Le plus intéressant, c’est qu’alors il naissait des contradictions avec mon engagement. Et si ces personnes instauraient finalement une constitution de droite? C’est ainsi que j’ai compris que selon moi, Nuit Debout se devait d’être profondément démocrate avant d’être de gauche. »

Pour moi la réponse d’Élie n’est pas anodine il est venu pour y trouver plusieurs choses, cette multiplicité est bien représentative du besoin de quelque-chose de nouveau dans tous les domaines.

Un avenir pour Nuit Debout ?

Dans l’idéal Nuit Debout aurait pu devenir un mouvement rassemblant des individus aux opinions diverses, tous animés par la volonté que leurs aspirations soient prises en compte dans l’établissement des lois. Ce qui a manqué, c’est probablement la force du nombre, ainsi qu’une certaine diversité, peu présente dans un mouvement qu’on a qualifié de «blanc et bobo». Malheureusement, l’adoption de la loi travail avec le recours au 49.3 et le fait que la vie ait repris son cours normal sans que les choses ne changent aussi profondément et rapidement qu’on l’avait souhaité laisse sur ce mouvement empli d’espoir une note négative. Néanmoins, dans l’esprit des participants est né un engagement qui ne les quittera jamais. On s’est rendus compte que ce besoin de changement était partagé. Cet engagement se développera peut-être un jour pour se structurer davantage.

S. Mairine

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Journal

Earth Overshoot Day Article écrit à 4 mains en collaboration avec le REFEDD (Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable). Merci à vous ! Le 8 aout dernier, ça y est, c’est arrivé : indicateur alarmant de la folie consommatrice des habitants de notre chère planète, le Eatrh Overshoot Day a été atteint. Cette date nous met chaque année, et de plus en plus tôt, face aux conséquences désastreuses que notre mode de vie implique. En plein J-O de Rio, pendant de probables vacances sous le signe du farniente ou un job d’été interminable, il se peut que l’information soit quelque peu passée entre vos filets malgré les nombreux articles parus à ce sujet. Retour sur cette date pleine de flou et d’incompréhension pour sûrement beaucoup d’entre vous.

Qu’est-ce que le « Earth Overshoot Day » ?

Appelé « jour du dépassement » en français, cette désignation barbare compare l’offre de la nature à la demande de la consommation mondiale, le tout sur une année. Pour être plus claire, imaginez un tableau avec deux colonnes : la première correspond à la bio-capacité de notre terre (végétaux, poissons, animaux, etc...), la seconde qui est celle de la consommation, aussi appelée empreinte écologique (bois, cultures, rejets de gaz carbonique des transports et industries, etc... ). Ces deux colonnes, il ne reste plus qu’à les comparer !

Déterminer la date.

Là c’est l’instant un peu mathématique, mais ne partez pas effrayés, rien n’est compliqué ! On recherche le coefficient de l’utilisation des ressources naturelles durant une année, c’est l’empreinte écologique divisée par la bio-capacité. Puis, on multiplie le coefficient obtenu par 365 (donc le nombre de jour dans une année) et ce résultat est le jour du dépassement.

Autre explication :

empreinte écologique ÷ bio-capacité = coefficient de l’utilisation des ressources coefficient x 365 = jour du dépassement

A savoir que le résultat de 1 comme coefficient des ressources utilisées correspond à une consommation égale à la production naturelle. Or, ce résultat n’est plus apparu depuis 1970 où le jour de dépassement était pour la première fois le 23 Décembre. Et depuis, comme on s’en doute, il n’a cessé de s’avancer dans l’année.

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Principales sources du problème :

Comme l’explique le WWF[1], les émissions de carbone sont la principale cause de ce dépassement puisqu’elles représentent 60% de notre empreinte écologique globale. Or, on sait que la consommation massive d’énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) met en danger notre climat et impactera nos modes de vie à l’échelle globale. Pour comprendre comment nous en sommes arrivés-là, il faut opérer un petit retour aux racines du développement de l’être humain. Celui-ci s’est basé, siècle après siècle, sur sa capacité à maîtriser l’énergie, au point de nous en rendre totalement dépendants. Le pétrole est ainsi devenu l’énergie la plus prisée en raison de son faible coût de revient et de la facilité de son transport. Or, les réserves de pétrole sont détenues par quelques pays seulement, ce qui explique l’importance de cette énergie au sein de la géopolitique mondiale. Près de la moitié du pétrole mondial est concentrée au Moyen-Orient, lieu d’implantation de nombreux conflits. De plus, des études montrent que consommation d’énergie et PIB sont corrélés, l’énergie est donc indispensable à l’économie.[2] Or, notre consommation reposant sur les énergies fossiles qui sont limitées, des risques pèsent sur les capacités d’approvisionnement en énergie, ce qui aura forcément un impact négatif sur l’activité économique. On peut en réalité déjà observer ce processus dans les pays faiblement dotés en ressources énergétiques. De plus, n’oublions pas une des sources les plus importantes de production de gaz à effet de serre (GES) au monde : la consommation de viande et de poisson. Peu connue car allant à l’encontre des intérêts économiques, ce facteur n’en est pas moins destructeur. En effet, les émissions en GES dans l’industrie animale représentent 14,5% des rejets mondiaux sur une seule année ainsi que 50% des rejets de méthane et d’azote (gaz majeurs dans le processus d’augmentation de l’effet de serre). Mais ce n’est pas tout, car ces animaux, il faut les nourrir, et pour cela, nous utilisons 70% des terres cultivables dans le monde, dont les cultures sont principalement composées de maïs, blé et soja OGM (jamais d’herbe donc, ou dans d’infimes proportions) et qui sont des cultures extrêmement gourmandes en eau. Et c’est pour ces même cultures qu’on estime entre 70 et 80% les causes de déforestations en forêt Amazonienne. L’eau non plus n’est pas un secteur épargné. En plus des quantités astronomiques utilisées pour l’irrigation des cultures, la pollution à cause des épandages de fumier et lisier déversent énormément de nitrate et de phosphore dans les

eaux aussi touchées par les pesticides répandues sur les cultures. Un des cas les plus connu est peut-être celui des algues vertes sur les côtes bretonnes occasionnées par les déjections des porcs en élevages intensifs. Pour illustrer le tout, prenons l’exemple de la viande de boeuf : pour 1Kg final de viande, 15 5000L d’eau sont nécessaires (céréales et fourrage compris) ainsi qu’une quantité comprise entre 7 et 12Kg de céréales. Ne sont pas répertoriées ici les doses d’antibiotiques et d’autres hormones de croissance douteuses, ainsi que les coûts en carburant utilisé au sein des cultures, ou encore ceux assurant le transport. De quoi faire réfléchir face à l’entrecôte du dimanche au fond de vos assiettes.

Source : www.grain.org

La responsabilité de l’industrie agro-alimentaire sur l’ensemble des rejets de GES.

Conséquences :

Notre mode de vie repose donc principalement sur des énergies non durables et limitées dans le temps, dont l’extraction est de plus en plus coûteuse, de moins en moins rentable et à l’origine du dérèglement climatique, lequel touchera plus fortement les pays en voie de développement. Néanmoins, tout le monde sera concerné. On peut déjà observer un réchauffement global (+0,85°C entre 1880 et 2012) ainsi que la montée du niveau des eaux (+19 cm entre 1901et 2010) mais aussi une forte augmentation de l’acidification des océans. Les secteurs impactés sont divers, et surtout interconnectés. Les ressources de la planète ne sont pas inépuisables, ce qui doit nous faire prendre conscience que nous nous devons de les préserver. Les effets se font déjà sentir, comme en témoigne le cas de l’eau. Selon le site web Qu’est-ce qu’on fait, « 21 des 37 aquifères les plus importants du monde (soit 35% de notre consommation d’eau potable) sont passés en-dessous du seuil de durabilité, ce qui signifient qu’ils perdent plus d’eau qu’ils n’en accumulent ».

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Journal

De possibles solutions :

Face à ces difficultés, peu s’en faut de déprimer. Or, plutôt qu’être défaitiste, mieux vaut prendre le problème à bras le corps et agir pour faire bouger les lignes. Pour protéger la ressource en eau, les moyens d’actions sont simples. Tout d’abord, adopter les bons gestes anti-gaspillage, comme repérer et réparer les fuites d’eau, ne pas laisser l’eau couler pendant que l’on se lave les dents, ou encore bien remplir son lave-linge. Et puis il y a ensuite l’étape au-dessus, qui consiste à réduire sa consommation d’énergie. Pour cela, on peut par exemple installer une chasse d’eau à deux vitesses, un pommeau de douche économique ou encore un régulateur de débit. Même son de cloche concernant les sacs plastiques. Selon le site web Qu’est-ce qu’on fait, 17 milliards de sacs plastiques sont distribués en France chaque année. Les sacs à usage unique vendus en caisse sont généralement en polyéthylène, c’est-à-dire produits à partir du pétrole. 20% d’entre eux seulement sont recyclés, la solution la plus courante pour les éliminer étant l’incinération ou l’enfouissement. Or, l’incinération du plastique produit du gaz carbonique et de la vapeur d’eau, deux gaz à effet de serre (GES) qui contribuent à augmenter le réchauffement de la planète. Pour réduire la consommation de ces sacs en plastique, il suffit pourtant de se munir de sacs en toile (également appelés tote bags).

Pour aller plus loin :

À chaque problème, son moyen d’action. C’est en tout cas ce qu’essaie de trouver (de manière bien réussie) le site internet Qu’est-ce qu’on fait, disponible également sous la version application mobile. C’est d’ailleurs, comme vous avez pu le constater, de leur site que viennent les conseils livrés dans le paragraphe précédent. C’est également le message que porte le mouvement d’individus We Are Ready Now (WARN!), lequel a pour ambition “de connecter chaque jeune qui souhaite que ça change aux alternatives qui lui correspondent”. Car les solutions existent, mais il manque parfois un petit quelque chose qui permet de traduire les mots en actions. Pour les étudiant.e.s, si vous souhaitez trouver d’autres étudiant.e.s avec des attentes similaires aux vôtres, vous pouvez également vous rapprocher du Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable (REFEDD), un réseau fort d’une centaine d’associations qui mènent des projets pour rendre les campus plus responsables.

E. Audran & A. Renaudin (présidente du REFEDD) [1] http://www.wwf.fr/?9560/overshootday2016 [2] http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/04/19/gael-giraud-du-cnrs-le-vrai-role-de-lenergie-vaobligerles-economistes-a-changer-de-dogme/

En derniers mots :

Sur le long terme, les conséquences sont, comme nous avons pu le voir, une hausse massive des pénuries d’eau, d’érosion des sols, de déforestation allant jusqu’à la disparition d’espèces. Mais il ne faut pas oublier que ces dates ont leur limite. En effet, les raisonnements ne sont pas effectués à partir de la quantité des produits consommés mais à partir des hectares utilisés lors de leur production. Mais ne nous reposons pas sur nos lauriers pour autant, car la date avançant toujours plus d’année en année ne peut que nous mettre face à notre surconsommation toujours plus importante à laquelle des mesures, même minimes, ne peuvent que faire inverser cette balance inquiétante pour l’avenir.

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https://refedd.org


Journal

Quand la peur s’installe - Tu as entendu ce qu’il s’est passé à Nice ? - Oui... ça fait peur... je me dis qu’on n’est plus en sécurité... Une tragédie de plus dans le pays. Une nouvelle raison d’avoir peur. C’est ce qui me sautai à l’esprit, cette peur qui s’installait sans qu’on le demande. Il existe des personnes sur Terre qui sont prêtes à sacrifier un nombre insensé de vies au nom de la religion. Non ce n’est pas ça, au nom de quoi honnêtement ? Le 14 juillet à Nice il n’y avait, selon certains, pas assez de policiers ; un gouvernement censé combattre l’entité dénommée « Daesh » ne semblerait pas faire le nécessaire. On se demande finalement comment faire face à ce type d’événement. Depuis quelques mois, de nombreux faits divers sont mis en lien direct avec ce groupuscule flouté, à croire que nous sommes contrôlés et effrayés seulement par ça. Pendant ce temps, comme nous l’avons vu, la loi El Khomri a fait son entrée en scène par la force. Non non, pas la force du peuple qui se bat, je parle de la force autoritaire dont use le gouvernement français actuel. Tout paraît s’être recentré sur les attentats, le monde ne connaît que cela. Charlie ok, le Bataclan ok, Nice ok. Les hommes politiques peuvent-ils oser se révolter contre cela ? Je me le demande parce qu’eux n’ont aucun scrupule à bombarder les pays comme la Syrie ou la Libye. On se souvient aussi de l’Irak ou encore de l’Afghanistan où la puissance américaine avait sévi. Des pays où un nombre encore plus insensé de civils perdent la vie chaque jour. Et puis apparemment le tueur de Nice n’aurait aucun lien avec Daesh, il était connu comme dépressif et violent. Bref, je ne viens pas ici pour établir le bilan des attentats perpétrés en Europe et le procès des meurtriers, beaucoup d’articles sur le Web et ailleurs le font bien et je ne serai pas en position de le mener rigoureusement. Non, j’espère seulement attiser la réflexion. Comme on le sait, ce n’est pas la peur qui fera avancer les choses, il faut savoir la surmonter et regarder plus loin. Je parle en connaissance de cause, je suis peu fière de la peur que j’ai éprouvée un jour dans le train. Je me suis installée, j’ai allumé mon ordinateur et bran-

ché mes écouteurs. Pratiquement trois heures de train, je suis bien obligée de m’occuper. Je vois une personne arriver et s’asseoir au même niveau que moi de l’autre côté des banquettes. C’était un jeune homme au regard noir. Il ne tenait pas trop en place, je le voyais regarder derrière lui comme s’il guettait quelque chose. Vous allez me demander pourquoi je portais autant d’attention à son égard. Je vais vous le dire : Il avait ce physique que les médias m’ont appris à redouter : barbu, d’apparence maghrébine. La surabondance de peur créée par les informations a transplanté en moi la crainte. Je ne voulais pas mais j’étais quelque part forcée à vivre ces trois heures de train dans l’inquiétude. La paranoïa avait écrit son récit pour moi. Je sentais mon ventre se nouer, je me suis dit que quelque chose arriverait. Son comportement était étrange, il s’est absenté de sa place pendant le trajet entier pour ne revenir qu’au terminus où il a rejoint, quelques sièges plus loin, un ami. Dans ma tête, ils regardaient un peu trop souvent leurs sacs, comme si... Comme si rien du tout. En fin de compte, rien ne s’est passé, mais j’ai eu peur jusqu’à la fin et j’en ai honte. Certains me diront que mon histoire est anecdotique mais elle reflète néanmoins une dure réalité. On peut se persuader que l’on ne suit pas les effets de masse, mais en pratique cela peut s’avérer faux. Il faut comprendre là que si nous sommes victimes dudit « terrorisme », la Terre continue de tourner malgré tout et il ne faut pas s’arrêter de vivre. Certes, ce phénomène est, disons-le, nouveau en France mais il faut se rappeler que c’est le quotidien d’autres personnes. Par ailleurs, sur les réseaux sociaux nous partageons des articles pour informer les autres de choses qui nous paraissent importantes. D’accord, il le faut et je suis la première à le faire, mais n’oublions pas de partager des choses positives bon sang. Vivez, riez, sortez mais n’oubliez pas de laisser une place à la réflexion car, malheureusement, sans elle, notre monde ne changera pas. Ceci est loin d’être un récit moraliste, c’est une ébauche de pensée.

E. Landi

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Journal

The Active Dead Vous aussi vous auriez frissonné devant Thriller en 1986. Vous aussi vous auriez sacrément ri devant les maquillages à deux francs des premières soirées déguisées d’Halloween. Vous aussi parfois, en boîte quand vous croisez quelqu’un sur la piste qui n’a pas vraiment le rythme dans les veines, vous vous dites qu’on aurait pu le confondre avec un balai dans la démarche, ou avec un mort-vivants des films de George A. Romero. Mais c’est aujourd’hui chose faite, les zombies sont parmi nous ! Cette année, les scientifiques du Laboratoire National de Sandia et de l’Université du Nouveau-Mexique ont découvert une nouvelle faculté biologique en recouvrant des cellules de mammifères d’une solution de silice afin de former une sorte de blindage perméable autour de la membrane des cellules vivantes. L’objectif était alors de confronter les cellules à des températures et des pressions extrêmes auxquelles une cellule vivante ne peut normalement pas résister. Les scientifiques ont ainsi chauffé la cellule à près de 400°C, ce qui a entraîné l’évaporation de la matière organique. Néanmoins, avant de mourir, la structure vivante a laissé, dans la silice, une réplique tridimensionnelle parfaite des structures minéralisées et des fonctionnalités complexes qu’elle était capable d’assurer. La précision de cette copie est telle que la spirale de l’ADN cellulaire elle-même a été conservée. Le plus surprenant reste que, même morte, cette cellule est alors restée capable d’effectuer certaines de ses anciennes fonctions. Mais contrairement au mythe universel du zombie, ici il faut imaginer un zombie débordant de dopant ! Notre zombie ne se trimballe pas comme un pré-ado qui se déplace de son lit au canapé en mimant la limace de mer, la cellule s’est en effet avérée plus efficace que de son vivant ! «Nos cellules zombies jettent un pont entre la chimie et la biologie en créant des cellules qui, non seulement ressemblent comme deux gouttes d’eau à elles-mêmes mais sont aussi capables de travailler sans relâche» informe le Docteur Bryan Kaehr dans un communiqué. La cellule morte serait dans certains cas, supérieure à son ancêtre biologique grâce aux propriétés de la silice qui lui permettent de résister à des températures et des pressions qu’elle n’aurait jamais pu endurer de son vivant, précisent les chercheurs dans leur étude publiée par la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Cette découverte offre de nombreux projets dans les domaines de la décontamination ou dans l’environnemental. Mais pour l’instant, vous pouvez toujours tenter de sortir par temps brumeux à partir de minuit, malheureusement il est peu probable que vous puissiez vous la jouer Buffy.

A. Clara

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Eco : Le revenu universel ou salaire à vie Avez vous déjà entendu parler de salaire à vie, ou de revenu universel ? Une utopie, un idéal tout au plus que l’on se surprend à envisager parfois, mais l’argent ne tombe pas du ciel, on nous l’a appris très tôt, on n’a rien sans rien, et pour gagner sa vie il faut travailler. Et si nous vous disions que de plus en plus d’économistes prônent le principe de revenu universel ? Certains pays envisagent même de l’appliquer, notamment la Finlande qui en prévoit une mise en place à l’horizon 2017.

Qu’est ce que le revenu universel ?

Le revenu universel repose sur un principe simple : une somme mensuelle serait allouée à tous, afin d’assurer un niveau de vie minimum, puis à cette somme pourraient s’ajouter d’autres revenus, salaires, rentes, etc. Ainsi, le travail salarié deviendrait un choix et non plus une nécessité.Néanmoins, le revenu universel ou salaire à vie revêt différentes terminologies et définitions. Et pour cause, si le concept est relativement défini, chacun y apporte ses propres modalités, et les avis divergent sur plusieurs points : • Les conditions d’attribution : si on parle d’un salaire universel, à partir de quel âge devrait-il être mis en place ? Devrions nous donner une somme moindre aux jeunes ? • La somme à attribuer : devrait-elle être équivalente à un SMIC ? S’aligner sur le seuil de pauvreté ? Sur le montant du RSA ? • Le financement : bien évidemment, ce projet demande d’importants financements. Certains voudraient financer le projet par la suppression d’avantages sociaux tels que les allocations, les retraites, ou les revenus liés au chômage. D’autres souhaiteraient le financer par l’impôt, en augmentant l’impôt sur le revenu, ou encore en créant un impôt sur les transactions financières (qui correspondent aux ventes et achats d’actions en bourse) Le projet a bien évidemment ses détracteurs, selon lesquels un tel revenu encouragerait l’inactivité, altérant la compétitivité des pays l’appliquant face à la concurrence mondiale. En outre, il accorderait des aides à des personnes qui

n’en ont pas nécessairement besoin, réduisant la possibilité d’aider les plus nécessiteux. Mais il s’agit là d’un débat bien plus profond qui est celui de la distinction entre égalité et égalitarisme : faut-il donner à tous de manière égale ou donner à chacun à hauteur de ses besoins ?

Pourquoi un revenu universel ?

Depuis plus d’un siècle, le capitalisme comme pensée économique dominante nous a fait associer revenu et salaire, tout en réduisant le travail à une activité productrice de valeur ajoutée. Or aujourd’hui force est de constater que dans les pays développés le chômage est en hausse considérable et que tout le monde ne peut plus tirer des revenus suffisants du travail. À ce problème les élus opposent des politiques de plein emploi, de relance de la croissance... Mais si l’objectif n’était pas le plein emploi mais le choix de l’emploi ? En effet, nombreux sont les économistes qui pensent que le plein emploi et la croissance forte sont des symboles d’une autre époque que les pays développés ont dépassé et auxquels ils s’accrochent désespérément. Si le travail devenait un choix, ceux qui ne travailleraient pas ne seraient pas «inactif» ni «assistés» , il pourraient simplement se consacrer à des activités, certes non salariées, mais utiles et valorisées comme le bénévolat, l’associatif, ou encore les activités domestiques. En somme, le revenu universel, malgré des modalités qui restent à définir et de fortes contradictions reste un projet intéressant, qui mérite réflexion et ne semble plus si utopique.

L. Ennour

Pour toi l’économie c’est avant tout des vieux cours poussiéreux de lycée ? Des histoires de banquiers barbares et de crises incompréhensibles ? Cette chronique est justement faite pour toi ! Tu as une question, un sujet d’actualité auquel tu n’as rien compris, ou un thème sur lequel tu voudrais plus d’informations ? Envoie nous un mail à lalouette.journal@gmail.com, on essaiera de répondre à ta question dans le prochain numéro !

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Journal

Le statut de responsable associatif étudiant Coordination d’une équipe, mise en place d’un projet, gestion d’une trésorerie parfois lourde... les étudiants fortement impliqués dans une association ont des besoins spécifiques : de part la charge horaire hebdomadaire pouvant être très importante, des responsabilités associatives cumulées à un emploi du temps contraignant posent le problème de la sécurité et de la sérénité de l’étudiant dans son cursus, sinon de leur effet pénalisant. Malgré le véritable investissement dans la vie citoyenne et universitaire que revendiquent ces responsables associatifs, l’université peine à les considérer. Tous parlent d’un fort besoin de reconnaissance de leur engagement et de leurs compétences. Cependant, l’engagement est encore parfois vu comme concurrentiel aux études ; la thèse de Claire Thoury, doctorante à Paris 3 et en contrat CIFRE avec Animafac, prouve le contraire en démontrant qu’il n’est en rien un frein à la réussite universitaire.

connaissance de l’aspect professionnalisant d’une association ; • un accompagnement personnalisé avec l’accès, tout au long de l’année, à des formations sur la gestion d’une association en lien avec Animafac ; • la reconnaissance de l’engagement par l’établissement, notamment par la signature d’une attestation de validation de compétences en plus du diplôme.

Porté par Animafac, le réseau national des associations étudiantes, le projet de statut de responsable associatif étudiant représente une belle avancée dans la prise en compte de l’engagement des jeunes.

Qu’est-ce que c’est ?

Créé sur le même principe que le statut d’étudiant sportif de haut niveau (2006) et cousin du statut d’étudiant auto entrepreneur, ce nouveau venu permet une reconnaissance et une valorisation de l’engagement des étudiants ayant des responsabilités importantes dans leur association, qu’elle oeuvre au sein de l’université ou non. Le statut pourrait être utilisé de différentes façons :

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• l’accès au contrôle terminal intégré (CTI) et la dispense d’assiduité, ce qui apporterait une plus grande flexibilité dans la gestion de l’emploi du temps ; • la possibilité de valider des crédits ECTS ; • l’accès à une UE pro Valorisation de l’engagement associatif, déjà en place dans plusieurs universités ; • la dispense de certains stages obligatoires en utilisant l’expérience associative, lorsque cela est cohérent pédagogiquement. Ce serait une vraie re-

Pour les étudiants sélectionnés (une commission examine au cas par cas les dossiers de candidature), ces mesures faciliteraient donc la conciliation de l’engagement avec les études et répondraient au besoin de reconnaissance des responsables associatifs en leur permettant d’être mieux identifiés par les enseignants et l’administration, surtout pour les étudiants engagés en dehors de l’université, qui souffrent d’un manque de crédibilité. L’actu du statut :

Le statut d’étudiant responsable associatif a été une première fois expérimenté en 2014-2015 à l’université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, intégrant 7 étudiants dans ce premier essai. Celui-ci fut une réussite puisqu’il est reconduit et pérennisé depuis, avec 15 étudiants en 2015-2016. L’université est, de longue date, connue pour encourager l’esprit d’initiative de ses étudiants. En 2015 c’est l’université Blaise Pascal Clermont-Ferrand qui signe avec Animafac, avec 10 étudiants sur 12 sélectionnés. Le statut est là encore reconduit pour 2016-2017. Octobre 2015, la généralisation du statut d’étudiant responsable associatif est inscrite parmi les 35 mesures du Plan national de la vie étudiante annoncé par Najat Vallaud-Belkacem. On devrait donc le voir rapidement se développer dans nos universités y compris, espérons-le, l’université Toulouse II Jean Jaurès, connue pour sa quantité d’associations étudiantes.

C. Higounenc

Pour plus d’infos, direction www.animafac.net


Journal Sport

C’est la rentrée Ils sont parfaits les étés comme ça, tous les quatre ans à nous offrir un riche programme sportif. L’organisation de l’Euro de foot à la maison, une première depuis 1984, a mis un peu de folie dans nos quotidiens. Une équipe de France avec des mecs sympas, du potentiel, une victoire 2-0 contre les champions du monde allemands en demi-finale, on ne voit pas ça si souvent. Une atmosphère de victoire inéluctable et nous voilà en train de rêver d’un titre espéré depuis seize ans. Espoir cruellement abattu en plein vol un soir de juillet face au Portugal. Mais pas le temps de ressentir le manque de compétition, le sport ne nous a pas lâché pendant les vacances... épuisant ! L’horizon des JO nous promettait une première quinzaine d’août merveilleuse. Malgré les polémiques sur le dopage depuis la découverte de deux ou trois Russes aux urines pas claires, la grande fête du sport a bien eu lieu aux pieds du Corcovado. Un été éprouvant pour l’organisme, depuis le canapé, de tout cœur avec nos champions, la pression partagée, les pizzas avalées à toute vitesse entre deux marseillaises... Il est temps de reposer le fervent supporter. L’été aura peut être créé des vocations. Pour cela, l’université propose cette année 32 sports, dont la nouveauté : la musculation. N’hésitez pas à vous inscrire pour imiter nos champions. Ou pour les indéfectibles supporters, les stades vous attendent pour supporter les clubs de la ville rose.

Rugby

Football

Pour le Toulouse Football Club, la folle fin de saison dernière a attiré la lumière sur les pensionnaires du Stadium. Le salut sera venu de l’arrivée du coach savoyard Pascal Dupraz et d’une dynamique de 6 victoires, 2 nuls sur les 10 derniers matchs. A 10 points du premier non relégable à son arrivée après une série de 8 matchs sans la moindre victoire, les Toulousains ont profité de cette « Duprazmania » pour se maintenir dans l’élite du foot français. Cette saison, il faudra surfer sur cette dynamique. Orphelin de son meilleur joueur, Wissam Ben Yedder, crédité l’an passé de 17 buts en Ligue 1 et transféré à Séville, la tâche sera ardue. Le mercato estival aura été mouvementé, par le départ de l’emblématique Étienne Didot, après 248 matchs pour les violets, et celui de Marcel Tisserand de retour à Monaco. En réponse, Ola Toivonen, le géant suédois passé par Rennes, Odsonne Edouard, le jeune attaquant prêté par le PSG, Jessy Pi, milieu de terrain prêté par l’AS Monaco, mais aussi l’international suédois Jimmy Durmaz et Christopher Jullien viennent compléter l’effectif. Avec des départs importants, mais un recrutement malin et ambitieux, le président Sadran vise «entre la 8e et la 12e place», mais les supporters se verraient bien un peu plus haut au printemps prochain.

Du côté du rugby, le Stade Toulousain aborde cette saison avec une ambition : soulever un trophée majeur. Le club est en pleine transition et doit se réinventer après les départs de joueurs cadres tels que Clerc, Harinordoquy et Picamoles. Le rajeunissement de l’équipe doit mener les joueurs d’Hugo Mola à retrouver les sommets du TOP 14 et à se rappeler aux épopées européennes, caractéristiques de l’histoire du club français et européen le plus titré. Pour Thierry Dusautoir, l’emblématique capitaine rouge et noir, cette saison sera sans doute la dernière. Une motivation de plus pour l’équipe qui attend un titre depuis 2012.

Handball

Pour le handball toulousain, c’est l’année du renouveau : ln logo beaucoup plus sobre, plus élégant, toujours constitué des ailes d’oiseau au sein d’un cercle qui mêle un bleu clair et un bleu plus soutenu et fait apparaître à son sommet la croix occitane. Pour son maillot, le Fenix a fait le choix de revenir au bleu et blanc, couleurs qu’il arborait à l’époque où il évoluait sous le nom de Sporting Toulouse 31, ce qui donne aux tuniques un petit air vintage. Malgré la perte de l’international français Valentin Porte, transféré à Montpellier, le Fenix ambitionne de figurer en championnat, lui qui a terminé 9e sur 14 lors du dernier exercice. A moins que l’objectif principal soit de remporter la coupe de la ligue, après deux échecs en demi puis en finale de l’épreuve.

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A. Czaja


Plumes

Amour - Emmà Landi

Les Plumes, c’est la partie création du journal. Si tu aimes écrire, photographier ou que sais-je encore, envoie le fruit de ton travail et/ou de ton imagination à lalouette.journal@gmail.com avec comme intitulé «Les Plumes». Les publications peuvent se faire sous pseudonyme et tu es libre de proposer ce que tu veux, à condition que tu en sois l’auteur à 100%. Alors n’hésite plus si tu as quelquechose susceptible de faire apparaître des étoiles ou des larmes dans les yeux des lecteurs, envoie-le nous ! - Sarah

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Plumes Hublot Pars, il est l’heure, nous nous reverrons

Assis à bord de cet avion, que pouvais-tu

Tu me feras signe d’en haut, je serai là

Que pouvais-je pour toi mon enfant, ma

Cours, ne tente pas de manquer l’avion

vertu

Pars, il est temps, je te ferai signe d’en bas

Alors que je t’imagine reposé, rayonnant, ému

Ainsi, tu entres dans le gîte aérien

La réalité formée d’une bombe t’a abattu.

Te voici à bord, assis, prêt à partir Ceinture bouclée, lèvres en sourire

Assis dans un avion, les as-tu vus ?

Je te devine, heureux de ce destin

As-tu compris ces instants de vaine issue ? Qu’as-tu dit ? Fait ? Pensé ? As-tu…

Je suis là, tu me vois, quelques secondes

Ô je ne devine pas, je ne devine plus.

Source de vision que permet ce hublot Ne pleurons pas, le voyage est un cadeau

Mais quel bonheur te donner désormais !

Tu vivras loin mais dans ce même monde

Mon enfant, assis dans l’avion damné ! Quels pleurs pourraient à moi te ramener !

Je t’imagine, mon enfant devenu grand

Quel amour vaudrait le pouvoir de te sau-

Contempler la défaite de la gravité

ver !

Quand le convoi du ciel devient cyan Conquiers tes rêves trop longtemps rêvés

Mon enfant, victime de rien, victime de fous Mort de quoi, sinon mort d’un bonheur dis-

Je te devine, assis, un livre en main

sout ?

Tu observes les trajets des hôtesses

Toi mon enfant comme beaucoup

Tu souris à ta jolie voisine, délicatesse

Assis dans un avion, tu avais la vie, tu avais

Et tu quittes ton pays au jour de demain

tout.

Et les heures meurent, la fatigue t’y soumet

Le ciel est devenu notre ultime hublot

Dors mon enfant, pense à cette aventure

Mon enfant, tu me feras signe d’en haut.

Couché prêt à rejoindre les étoiles au sommet

Laurie Fourniaudou.

Demain un nouvel air étreindra ta dorure

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Plumes

A l’ombre du parc

Le jeune homme courait depuis longtemps, petite silhouette mouvante au milieu des lampadaires. Il fuyait frénétiquement au travers du couloir des rues, mettant le plus de distance possible entre lui et son foyer devenu trop brûlant. Son tourment était renforcé par la vibration nocturne de l’air, le sentiment d’inconnu qui nous traverse en des lieux familiers, lorsqu’ils revêtent leurs habits d’ombres. Puis il s’arrêta, essoufflé par sa course folle. Il avait avalé suffisamment de mètres, son corps en était repus. Soudain, encore transi, il regarda autour de lui. Il était en terrain connu, c’était le vieux parc... Quand il était plus jeune, il venait y jouer, ses parents l’observant

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au loin. L’endroit était circulaire, les chemins de gravier le disputaient aux pelouses artificielles, et quelques arbres drus se dressaient à la périphérie du cercle. Le garçon se trouvait sur l’un des bords en face des jeux publics. Les balançoires rouillées étaient immobiles, tout comme le tourniquet. L’endroit avait été abandonné depuis longtemps et le gamin commença à réaliser le risque qu’il courait. Peut-être que des gens mauvais se l’étaient approprié. Il regarda autour de lui et chercha la porte ; elle était grande ouverte, les battants en métal ouvragé manquaient, ils avaient dû être arrachés. Le silence régnait sur le domaine à l’abandon.


Plumes Etrangement, il se sentait bien, un tranquille sentiment d’invincibilité venait de le saisir. Il s’assit sur un banc, et laissa la sérénité prendre racine. La lumière venait des lointains éclairages de la ville, il se trouvait au milieu d’un îlot noir, laissé pour mort, une trouée dans le halo blême de la cité rayonnante. Pourtant, aucune étoile ne se montrait. L’ancien terrain de jeu de son enfance le fit sourire, il se rappela ses amis, ce vieux monde qui s’était

délité. Soudain, les vagues brutales de la nostalgie s’abattirent sur la grève de son apaisement. Il se laissa envelopper dans cette onde de pensées à la patine parfaite, espérant pouvoir revivre cette existence envolée. Il se laissa aller contre le dossier du banc et tourna la tête vers le ciel. Pur de toute lumière humaine, il se laissait voir nu, et dévoilait son plus beau joyau.

Une magnifique sphère flottait au milieu du néant sombre. Elle était brillante et surtout, colorée. Le bleu le disputait au blanc et le noir à de petites tâches d’un jaune iridescent. Tout ce spectre semblait s’adonner à une danse aussi lente que mystérieuse. La stupeur laissant peu à peu place à la fascination dans l’esprit du jeune homme. Il ne pouvait plus détacher ses yeux de cette perle si proche qu’il pensait presque pouvoir la toucher. Encore une fois, sa mémoire revint à la charge et lui rapporta d’autres souvenirs anciens. En classe, l’institutrice avait un jour parlé de ce monde étrange, un lieu maudit que l’on devait oublier. Tous l’avaient abandonné et seuls les plus fous avaient voulu y rester. Elle n’avait pas même voulu évoquer le nom de cet astre et avait mis en garde toute la classe : il ne fallait pas le regarder. De toute façon, le dôme protecteur nous en préservait. Enfant, il n’avait jamais aimé l’école et, cette nuit, il comprenait pourquoi. Tout ce qu’il voulait, c’était aller la voir de plus près, cette planète, car c’était là le seul mot qu’avait em-

ployé la maîtresse. Il se leva et monta sur une petite éminence proche. Il se sentait soudain minuscule, pour la première fois il regarda le ciel avec un sentiment d’infini. Le vertige le maintint immobile quelques minutes.

Le son des sirènes le sortit de sa transe. Sa fuite avait été découverte. Il réfléchit un instant puis reprit sa course folle, chassant chaque seconde de liberté. Il ressortit par la porte érodée du parc et, alors qu’il s’éloignait avec une ardeur renouvelée, il marcha sur une plaque métallique négligemment posée au sol. Il s’arrêta net et se pencha pour lire les caractères délavés : Luna Park.

Sacha Lopez Illustrations : Emilie Audran

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Plumes J moins trop peu ! Ça y est, les feuilles s’assombrissent, tout comme le ciel, à l’unisson pour donner le top du compte-à-rebours pré-rentrée. Pour la première fois, je serais de l’autre côté. Je suis encore plus stressée qu’à ma propre entrée à l’école, il y a des années. On m’a envoyée à la campagne. J’ai un petit deux-pièces de fonction donnant sur la place de l’église, à deux pas de la mairie, de l’école, de l’hôtel-café-tabac-presse et de la boulangerie-boucherie-épicerie-papeterie. Ce matin, j’ai eu droit à un vrai comité d’accueil : le maire, l’adjointe, la directrice de l’école et les deux commerçants, endimanchés comme à un 14 juillet. J’ai bien vu à leurs têtes qu’ils auraient préféré quelqu’un d’autre : moins inexpérimenté, plus... ou plutôt moins... bref, pas moi ! Mais ils font tous contre mauvaise fortune bon cœur ; ils connaissent les règles du jeu et savent qu’ils ont déjà eu de la chance de maintenir deux classes. Alors ils sourient et m’observent à la dérobée pendant le petit discours qu’ils m’infligent, histoire que je comprenne bien l’honneur qui m’est fait. Demain, les élèves seront là. Aujourd’hui, je prépare ma classe, j’essaye de prendre mes marques pour ne pas montrer aux petits fauves mon anxiété. La directrice a vérifié les premiers cours que j’avais préparés, écrits sur de vieux cahiers avec les quatre opérations au dos. Elle semble un peu rassurée, et me confie les clés de l’armoire à fournitures avec un sourire attendri.

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La salle sent le renfermé. Les fenêtres à présent grandes ouvertes laissent entrer le vent chaud qui chasse les dernières odeurs d’été. Je passe un coup de balai, de plumeau sur les tables délaissées, sors les instruments pour la géométrie des grands : l’équerre, la règle, le compas et le rapporteur reprennent leurs places, aux crochets près du tableau noir, éclairci par les traces des derniers cours donnés il y a, pour eux, comme une année. Je prépare les craies blanches et colorées, et les mets dans la rigole près du tampon pour effacer. Les fournitures des élèves, pré-commandées auprès de Monsieur Marcel, sont alignées sur le bureau du fond : 23 cahiers petits formats grands carreaux, 90 pages ; 23 cahiers petits formats « spécial Travaux Pratiques », 90 pages ; 23 cahiers de correspondance, et puis aussi les 23 livres d’apprentissage de la lecture. Les parents gèrent le reste. 23 élèves donc, à qui apprendre les règles arithmétiques, orthographiques, grammaticales... et puis les dates, les continents, les villes et rivières, les plantes, les animaux, le vivre-ensemble, la solidarité, le sport aussi, collectif, compétitif, des chansons, des jeux et puis... je sens que mon cœur s’emballe, l’angoisse me serre, j’ai mal à l’estomac, j’ai mal au ventre, je me sens excitée et lasse à la fois, une brume m’envahit... je me sens éreintée, une crampe me prend dans le bas-ventre... oh non... saleté de régularité lunaire ! Manquait plus que ça... Foutue rentrée ! Et si je séchais ?

Yeza.


Plumes Sels acides • Manteau laineux de Janvier, engourdit mon sang, ensevelit l’encens de mes pores échauffés • Ma peau de nœuds pestiférés, alourdie je descends, la folie me consume, mord mes sifflets • Buste contre buste, sa chaleur de démon, la douceur de ses reins, le fumet de ses yeux • Juste assez robuste, ma pâleur anime mes plaies, les heures d’airain enfument les dieux • Le tambour de ma tête, raisonne et vrombit et je craquelle, je fissure et m’éparpille • Inutile Epictète, claironnes et vomis, je ne crains qu’elle, sois en sûre, peur de ses pupilles • Les horloges rugissent, le temps des loutrophores me noie sans effort, me paralyse en bris de glace. • De ma loge mugissent, les taons des corps morts, mais les noix doryphores, cristallisent et me lassent. 14.01.2016

A. Clara

Le Souvenir du parfum des roses Une odeur fluette et légère transperçant les airs. Un parfum retrouvé au goût trop prononcé du passé. Une fragrance qui laissait des traces trop visibles d’oubli, d’abandon, de lâcheté mais surtout d’impuissance. Mélancolie morbide qui ne sait prévenir de sa venue. Mélancolie haïe qui ne sait que jouer de son poison sur les cœurs et sur les âmes. Les transpercer violemment d’une épée noircie à l’encre de son malheur qu’elle semblait aimer faire partager avec une trop grande passion. Je voulais écrire mes passions et les dangers du monde. Prévenir sur les souffrances qui procuraient les joies trop vites effacées et les malheurs bien trop profondément ancrés. Mais je n’ai pu que pleurer et regarder en silence le spectre pétrifié de ma vie écoulée. Un frisson. Autour de moi, l’essence même de ma déchéance m’enveloppait avec une grâce immorale. Une déchéance à l’odeur étouffante de la rose. Au parfum suave de la violette. Une fragrance qui était tienne. Un parfum d’oubli. Un sentiment d’amertume. Le fait bien réel d’un échec. Une dernière image de toi qui s’évapore face au soleil couchant. Et moi.

Emilie Audran

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Plumes Temps Temps, depuis tant de temps tu tentes De trier la tempête des tirs perdus Temps, toi, Majesté d’une traîne vêtue Teintée de satin, toi seul tu hantes Tout un tas de printemps travestis en été Tic-Tac martèle la montre ô tristesse Éternité de batailles pour attirer ta détresse Temps, trompe ta fierté, transcende la mortalité La Terre t’aime, aime la Terre en retour Au tréfonds de tes entrailles ternies, tamisées Trouve la trame de ton intérêt Enterre-toi dans un tombeau transi d’amour Temps, tu as fait ton temps. Intraitable vanité, je traîne ma perte Depuis trop longtemps des tombes inertes Résultat de sa Majesté à la substance déserte. Ainsi De temps en temps Je tue le temps Mais de tous temps Le Temps nous tue. Laurie Fourniaudou

Femme de Vérone Tu m’irrigues sur ce lit à baldaquin Où ton poitrail arrose ma désirable faim Et tu attardes ton souffle sur mes seins. Que ne sont-ce ces yeux amoureux Que n’est-ce ce regard langoureux Sinon les tiens, ô beau feu. La commissure de tes lèvres jalonne Mes fibres et frissons pour une couronne Qui à ton cœur se brode et s’empoisonne. Que l’on me pardonne Je suis femme de Vérone. Lairie Fourniaudou

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Parfaite Piégée par les dangers de ma route Je me consume Aux brises de l’écume Et mon âme s’épuise de doutes Ô mon cher Bonheur, où pars-tu ? En te cherchant, tu n’es plus Là où ma santé gravite et défaille Ceinturée aux branches du travail. Livres et lettres Lutter de tout mon être Pour une reconnaissance des plus abstraites Ou une réussite des plus parfaites. Laurie Fourniaudou


Plumes

Vapeur de rouille • La bâtisse vieille et creuse porte des murs rouges et sales, au-dessus des villas du boucher la mer grise dévale sur le squelette de la gare. • Une fillette hisse ses bras de fumeuse devant une fenêtre, elle bouge et râle, elle porte du Lilas et des azalées, jetant tout autour d’elle, ses chansons fluettes et ses amarres. • Devant les rails d’eau et de grêle, l’homme aux fils blancs touche le carreau tendre, se souvient, les champs de chlorophylle et les bouquets de sable doré. • Las des routes ternes et acides d’airelle, il entonne les prières de sarment, au loin le perdreau peut l’entendre, chante le vinyle des années agréables et passionnées. • La respiration sèche, la nuque brisée, les veines en cendre, je bois la pluie discrète, pâle étang de tes pupilles. • La fusion crée une brèche, l’eunuque assassiné par les peines des méandres, le murmure du buis et de l’alouette appellent les taons, me rendent mes guenilles. • Le cadavre végétal du sycomore danse et hurle, forgé d’épines et dévoré, ses grandes mains de charbon accueillent la chaleur de l’automne. • La plaine mauve et bleue embrasse la rondeur des rayons buissonniers du matin, ton soupir sucré glisse sur mon cou, le lait de ta peau frémit. • Un havre écarte les morts, ta transe ma belle, ta gorge et ta poitrine haletées, demandent encore du houblon, recueillent la candeur que j’entonne. • Ma reine tu oses et jamais ne te lasses de ma vigueur, au salon amidonnier des pantins, j’aspire ton cou de mélisse, tes ongles de houx entaillent mes os, je blêmis.

A. CLARA

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Plumes

Le Portrait Ce matin, j’ai mieux regardé ce drôle de portrait. Il était là, un peu trop écrasé à mon goût, avec son éclairage zénital et brutal. Le cadre, ovale, ne laissait que peu de place au décor derrière ce visage. Il était vu de face, avec un regard qui semblait vous fixer. C’était un regard de femme, scrutateur, intrigué et fatigué. Elle avait des cheveux longs qui semblaient dégouliner sur son front et ses tempes. Séparés de part et d’autre de ses épaules, ils ne semblaient pas réellement coiffés, juste pendants et luisants d’humidité. Ces cheveux encadraient un visage somme toute commun : ni vraiment attirant, ni vraiment repoussant. Seul son regard m’empêchait d’en détourner les yeux. Ils étaient bleus, tâches claires cernées et entourées de quelques marques que le temps avait commencées à laisser. Les pommettes et le nez étaient rehaussées d’une teinte irrégulière rosée. Et puis venait la bouche et ses commissures, légèrement relevées et marquées par la répétition des rires et sourires qu’elles laissaient deviner. Le visage semblait hésiter à sourire, mais l’intention y était. Alors que je m’approchais pour mieux voir l’image, je ne pus me résoudre à déjà appeler ces marques rides. Sûrement parce que ce visage m’était sympathique et que l’on m’a toujours dit qu’il valait mieux taire la présence de rides sur une femme, surtout entre deux âges comme elle l’était. La surface du portrait portait quelques défauts, des zones comme floutées par des tâches d’humidité, anciennes gouttes d’eau séchées. Je ne sais combien de temps je suis restée ainsi, figée, à me demander ce que cachait chaque marque du temps décelée. Soudain, on m’a appelé. Je tournais la tête. Mon œil perçut un mouvement subreptice du côté du portrait. Je ne bougeais plus un cil... Et puis si, car il fallait que je regarde à nouveau, cette fois plus de côté. Le portrait avait bougé, changé. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu d’instantané de mon visage. J’éteignis la lampe de la salle de bain. Je souris. J’aime ces rides : elles sont les traces de ma vie. J’aime ces espaces encore vierges : ils sont les promesses des futurs coups de pinceau que feront mes expériences et émotions. Je repars.

Yéza

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Plumes

Les Bulles Chaque mois, L’Alouette vous propose une bulle d’air créative. Je vous propose une contrainte à partir de laquelle vous imaginerez un texte ou une image :

Aragon a écrit : “La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces.” Et si vous décriviez une journée de ce voyageur au long manteau ?

Si vous souhaitez être publié-e, il faudra respecter quelques critères : maximum 440 mots pour un texte et 11x7cm pour une image. Votre participation est à envoyer impérativement avant le 5 novembre à l’adresse du journal : lalouette.journal@gmail.com et en précisant «Gaëlle- Les Bulles» dans le sujet du courriel, votre vrai nom et prénom (obligatoire) ainsi que le nom à publier (si différent). Attention : une seule participation par type (texte et image) chaque mois ! Parmi les propositions reçues dans les temps, seront publiés deux coups de cœur de la rédaction (un dessin et un texte), les autres publications seront tirées au sort.

Et paf ! Une pomme sur la table Trône telle une promesse. Ventre gargouillant, je tends Ma main vers le fruit charnu. Ma bouche déjà salive, Mes lèvres se rapprochent. Mes dents s’écartent un peu et Plongent dans le fruit. Et paf ! Le plomb vieilli de ma dent, Vieux de dix ans se détache. On est dimanche matin. Compote jusqu’à demain ! Yéza.

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Divertissement

Horoscope Lettres, Philosophie et musique + IFMI Fac : Vous ne serez jamais prévenus lorsqu’un cours sera annulé ou reporté. Jamais. Amour : Il se trouve que la personne que vous aimez est en fait amoureuse de la personne qui vous aime. Déso. Langues, Littératures et Civilisations Étrangères + IPEAT Fac : Vous aurez la chance de faire un selfie avec Joson de la bibliothèque. Tout le monde vous jalouse. Amour : Oui, ce tatouage de couple est une TRES mauvaise idée. Sciences, Espaces, Sociétés Fac : Vos profs vous feront participer en cours uniquement les jours où vous aurez la gueule de bois. Amour : Et si l’amour de votre vie était en fait sous vos yeux depuis le début ? Non, j’déconne ! Il est très probablement dans un autre pays ... Histoire, Arts et Archéologie Fac : Vous apprendrez qu’à partir du moment où vous êtes inscrits à l’UT2J, votre seul ancêtre est Jean Jaurès. Amour : Votre moitié vous attendra pour regarder le dernier épisode de sa série préférée. N’est-ce pas la plus belle preuve d’amour ? Psychologie Fac : Vous trouverez une place de parking libre sur le campus en moins d’une heure et serez donc le sujet de la prochaine Une de L’Alouette. Amour : Cette personne que vous fréquentez depuis deux mois a prévu de vous demander en mariage au milieu du campus sur ‘’Bella’’ de Maître Gims. Moi je vous donne l’info, vous en faîtes ce que vous voulez ... ISTHIA Fac : A chaque fois que vous chercherez une nouvelle salle, vous aurez l’impression de passer une épreuve de Fort Boyard. Amour : Vous enverrez par mégarde un sexto à l’un de vos parents. J’espère pour vous qu’ils sont ouverts d’esprit ...

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Divertissement Tiramisu pomme spéculoos revisité « Comment ça on avait prévu un repas demain soir ? Quoi j’amène le dessert !? Mais non j’avais pas oublié ! » Bon ok en vrai t’avais oublié. Et par contre tu n’as pas oublié que ton dernier TD du lendemain se termine à 18h et que ca va être un peu délicat de préparer quoique ce soit au dernier moment... Voilà la recette qu’il te faut : un tiramisu ! Pour 6 personnes - Préparation 35 minutes Ingrédients : 4 pommes, 250g de mascarpone, un peu de beurre, 1 cuillère à café de cannelle, 4 œufs, 30g de sucre, 1 sachet de sucre vanillé, 2 cuillères à soupe de caramel beurre salé liquide (ou à défaut du miel), 24 spéculoos, une pincée de sel. Pour commencer, mettre les spéculoos dans un sac congélation, ou un sac plastique, puis les broyer. Mettre de côté. Cuire les pommes, préalablement coupées en dés, dans une casserole avec un peu de beurre. Ajouter la cannelle puis le caramel beurre salé. Remuer. Une fois les pommes colorées, les retirer du feu. Séparer les blancs et les jaunes d’œufs. Fouetter les jaunes et les sucres jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Y ajouter le mascarpone. Mettre une pincée de sel dans les blancs et les monter en neige. Si vous avez un fouet c’est plus simple, mais c’est tout à fait faisable à la fourchette (6 minutes top chrono !). Les incorporer à la préparation. Mettre les biscuits brisés au fond d’un plat mais en garder un peu pour décorer le dessus du dessert. Disposer ensuite les pommes, avant de recouvrir le tout de la crème au mascarpone. Ajouter le reste de spéculoos. Mettre au frigo jusqu’au lendemain soir. De quoi épater vos amis ! Vous pouvez aussi dresser les desserts dans des ramequins individuels. Bon appétit ! C. Burguière

• Culture Alouette • 1| Je suis un zèbre – Tiana

Diagnostiquée schizophrène par erreur, pleine d’angoisses et de questions. Pourquoi est-elle différente des autres ? Après plein d’examens, la vérité éclate : syndrome d’Asperger. Progressivement, Tiana se réconcilie avec sa différence. « Tout le monde veut être différent, mais étrangement, ceux qui le sont rêvent de devenir normaux. »

2|Autobiographie d’une courgette – Gilles Paris

Icare (surnommé Courgette) est un garçon de 9 ans. Son père est parti et sa mère, depuis, maudit le ciel. Pour l’aider, Courgette trouve un revolver et tire sur le ciel pour le tuer. Malheureusement, le coup part et Courgette devient orphelin. Il est alors envoyé dans un centre d’accueil, avec d’autres enfants aux passés regrettables. « Des fois, les grandes personnes, faudrait les secouer pour faire tomber l’enfant qui est dedans »

3|Questions idiotes et pertinentes sur le genre humain – Antonio Fischetti

Vulgarisation scientifique sur des thèmes psychologiques et sociologiques, avec une approche humoristique ! « Pourquoi la gauche porte malheur ? Pourquoi y a-t-il sept péchés capitaux ? Les cons ont-ils une tête de cons ? Les dépressifs sont-ils allergiques au soleil ? »

4|Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens - Joule, Beauvois

Comment inciter quelqu’un à faire quelque chose que l’on voudrait le voir faire ? Ce livre introduit expériences et mises en situation à l’appui – diverses techniques de manipulation. « Est engagé s’oppose à s’engager. »

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Lonely, I fell so lonely... Il est 20h, je rentre chez moi Il fait sombre dans le couloir Je ferme la porte et m’affale sur le lit Mettant fin à cette journée bien remplie. Allongée là, je me sens seule et mélancolique Abasourdie par ce silence tyrannique ça manque de bruit, ça manque de vie Tout irait mieux avec un peu de compagnie Tiens, ce n’est pas une mauvaise idée Adopter pour ne pas se sentir abandonnée Ainsi, ce ne serait pas le vide qui m’accueillerait Mais une fanfare de ronrons endiablés

Adopter un chaton serait la clé Pour une vie plus colorée Je lance les recherches avec excitation Et fixe les critères de l’adoption Je veux un chaton calme et câlin Mais qui peut parfois être taquin ! Regardez celui-là et son pelage roux Et celui-ci a l’air tout doux ! Ne nous précipitons pas et restons calme Oh regardez celui-là ! Je tombe sous le charme Oui mais avant de faire une adoption … Il faut se poser les bonnes questions

L’adoption est un engagement Pendant des années durant Il faut le chérir, l’aimer, le couvrir de jouets Ce n’est pas facile pour un budget limité Pour l’instant, j’ai le temps pour l’accueillir Est-ce que ce sera le cas à l’avenir ? Stage, programme d’échange international Je ne parle même pas des vacances estivales Il faut avoir un bon réseau d’amis Pour pouvoir partir sans souci Et laisser son compagnon à la maison Sans qu’il imagine un abandon

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Magazine Avec ce petit monstre, il me faudra être patiente Pour canaliser son énergie débordante Pour jouer avec mais aussi l’éduquer Pour accepter d’être, en pleine nuit, réveillée Partout dans mon appart, des poils il y aura Partout sur mon bras, des griffures il y aura Quand je lui interdirais cela, il s’y ruera Et s’il n’est pas content, il miaulera Poils, griffures, miaulements Il est difficile d’éduquer correctement On est vite surpassé par les faits Et il est dur de ne pas s’emporter

Bien sûr, il faut penser au budget Adopter suppose d’être équipé Griffoir, litière, gamelles, jouets Collier, peigne … pour commencer Sac de transport, arbre à chat Sans compter les dépenses par mois Ne pas oublier le vétérinaire ! Des frais desquels on ne peut pas s’extraire Vaccins, puce électronique, stérilisation Rappels, imprévus, complications Toutes ces dépenses à considérer Peuvent, pour un étudiant, être compliquées

Petit mot de Layton, le petit monstre de la rédactrice Compagnon ou source de distraction, nous ne demandons que de l’attention. Si malgré tout vous n’êtes pas découragés, sentez-vous prêts à vous lancer ! Si vous souhaitez plus d’informations Ou vous préparer pour une future adoption Voici un livre qui vous plaira : « Mode d’emploi de mon chat » *

A. Chastier & E. Landi * Mode d’emploi de mon chat. David Brunner & Sam Stall. Editions Marabout. (2006). ISBN : 9-782501-045506

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Tatie Jeanne Dans ma rue, je reçois souvent des remarques sur mon physique, sur la manière dont je suis habillée. Ce sont toujours des hommes, un ou plusieurs : ils me sifflent ou me font des remarques en criant lorsque je leur passe devant ou quand j’attends mon bus. Je me sens à chaque fois très humiliée, d’autant plus qu’ils attirent les regards des passants autour de nous. Pourtant je n’ai pas l’impression d’être habillée vulgairement et je les ignore systématiquement. Mais ils recommencent à chaque fois. Que dois-je faire ? M’habiller différemment ? Leur répondre ?

Tu es victime de harcèlement de rue, comme 100% des filles (chiffre non officiel). Mais attention, le fait que ce soit extrêmement courant ne veut pas dire que c’est banal ou normal, au contraire. Il ne te viendrait pas à l’idée de gueuler comme un putois ou de siffler dans la rue parce que la personne que tu croises te plaît ou juste pour faire une remarque gratuite sur son physique… C’est normal, ça s’appelle le respect ! Donc la première chose qu’il faut impérativement savoir dans ce genre de situation est que le problème ne vient en aucun cas de toi, ni de ton physique, ni de tes vêtements, ni de ton maquillage, ni de ta façon de te comporter. Le problème vient TOUJOURS du ou des harceleurs. Ceci étant dit, ça t’arrive, tout le temps. Alors comment réagir ? Malheureusement, je ne peux pas t’apporter de solution pour que le harcèlement de rue s’arrête. J’aimerais beaucoup, crois-moi, mais ce n’est pas possible. Je ne peux pas non plus te conseiller d’éviter ces personnes-là, puisqu’il te faudrait éviter les rues de manière générale, et ça risque de te poser problème au bout d’un moment. Le harcèlement de rue est là, bien ancré. Le but maintenant pour nous est d’essayer de te sortir de ce moment d’humiliation le plus rapidement possible. Tu peux bien sûr ignorer la personne et continuer à tracer ta route, c’est assez efficace. Mais parfois, la personne te suit, ou bien elle attend le même bus que toi. Si tu te retrouves ‘’coincée’’ avec un harceleur sans pouvoir partir et que celui-ci ne te lâche pas la grappe, plusieurs solutions s’offrent à toi. Tu peux effectivement continuer d’ignorer la personne, même si c’est de plus en plus difficile. Ou bien lui répondre, en lui demandant de te laisser tranquille. Tu peux même tenter de lui faire comprendre que ce qu’il fait n’est absolument pas correct (mais ne te fais pas trop d’illusion, ça fonctionne très rarement). N’hé-

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site pas à adapter ta réaction à la personne en face de toi. Si elle t’effraie, si tu as l’impression qu’elle pourrait devenir agressive, essaie de prendre à partie les personnes qui t’entourent. En général, comme les harceleurs font rarement preuve de discrétion, les gens autour de toi ont déjà remarqué la situation. De temps en temps, certaines personnes prennent spontanément ta défense, et deviennent ainsi immédiatement le héros et l’héroïne de ta journée. Mais souvent, les gens se contentent d’assister passivement à la scène. Il suffit parfois d’un regard de détresse un peu insistant pour qu’ils passent à l’action. Et si ça ne suffit pas, demande carrément. Mais une fois de plus, toutes ces possibilités ne sont pas vraiment des solutions. Le fait est que le harcèlement de rue à l’heure actuelle, il est impossible de l’empêcher ou de l’éviter. Tout ce que je peux faire pour t’aider c’est te donner des petits trucs pour mettre fin à la gêne et à l’humiliation. Par contre, faire évoluer les mentalités est tout à fait possible ! Partage tes expériences de harcèlements de rue avec tes proches. Beaucoup de personnes ne réalisent pas à quel point cela est récurent et humiliant. Le fait d’en parler régulièrement, et d’en parler comme un véritable problème du quotidien et non pas comme une banale anecdote de la vie de tous les jours permet de sensibiliser beaucoup de monde. Et si tu as véritablement envie de t’engager, n’hésite pas à contacter des associations qui s’occupent de sensibilisation et qui cherche des solutions à ce problème. Dans tous les cas, n’oublie pas que, même si sur le moment ça n’en a pas l’air, tu n’es pas seule face au harcèlement. Et qui sait ? Peut-être qu’avec du temps et du courage, le harceleur deviendra une espèce en voie d’extinction… Tout ira bien

Tatie Jeanne

Envoie tes questions sur la fac, la vie, l’amour, ton hamster à lalouette.journal@gmail.com (c’est anonyme), et Tatie Jeanne tentera d’y répondre le mieux possible !


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Lou Darau

De retour après la trêve estivale, ma motivation est à peu près à la hauteur de ma patience dans les couloirs du tout neuf, tout propre, tout moche, Gai Savoir quand je cherche un bureau. Autant dire nulle. Je vais rendre cette chronique avec un retard pharamineux, et ce n’est que la trompe qui cache l’éléphant. Jamais aucune rentrée n’a été aussi chaotique. Et pourtant, je les ai trainées mes bottes à travers le Mirail (merde JJ). Mais cette année mes bottes semblent usées. On devrait appeler ça « Le blues du Master » avec des airs de guitare folk et d’harmonica, peut-être même avec des vers du Spleen de Paris qui défilent en bas de l’écran. Mais y a que des marteaux piqueurs, de la poussière, et des murs blancs, des murs blancs, et encore des murs blancs. (et ce préau, mon dieu ce préau !? sérieusement !?). Bref, je sais pas si vous vous souvenez - ou si vous me lisiez avant, dans ce cas honte à vous - mais vous m’aviez quittée dans une situation délicate. Je vous annonce que tout s’est finalement déroulé comme prévu pour les gens à qui je tiens, et que tout est parti dans tous les sens pour moi. J’ai dit adieu au food truck et à la servitude au prince charmant. Je suis là, comme avant, avec en plus un MASTER qui ne demande qu’à refermer ses crocs sur ma vie sociale. Je suis tellement désespérée que je pense sincèrement à distribuer des tracts à la gloire de Jésus au niveau du métro… Tout a commencé à se dégrader cet été, quand, alors que certains chopaient coups de soleils, bons plans et autres MST, j’étais affairée à remplir mon compte en banque. Quelques semaines à récurer les toilettes et à servir les repas d’une colonie de vacances, en Lozère - département tristement célèbre pour être le moins peuplé de France -, m’ont appris les dures lois de la hiérarchie. Voici donc diverses leçons retenues de ce mois de juillet: 1) travailler pour des cons finit par vous rendre con, 2) y a pas plus beau geyser d’hormones qu’un gamin de 14 ans, 3) cacher les lits de ses collègues détends. Ensuite, j’ai filé chez mes parents, et je me suis assise, trente-cinq heures par semaine, derrière une caisse enregistreuse. Lobotomisation du cerveau garantie. C’était comme vous vous l’imaginez: long, chiant, trop peu payé, à vous enlever toute foi en l’humanité. Voici donc diverses leçons retenues de ce mois d’aout: 1) personne n’a envie de passer son existence entière à sourire à des gens qui font la gueule pour un salaire de misère 2) un bon de réduction de 10 centimes peut soudainement devenir le bien le plus précieux de quelqu’un, on sous estime vraiment ces trucs là - c’est peut-être des billets pour Poudlard. 3) bâillonnez vos enfants dans les supermarchés, par pitié. A vous tous qui avez subi un été studieux, la rentrée c’est un peu les vacances non ? Bon, je me disais ça avant que mon système immunitaire se mette à devenir une vraie passoire, que mes globules blancs décident de prendre des vacances sans moi et que je me rende compte que les trois-quarts de ma promotion avait pris son envol. Finies donc les rigolades avec les copains, finis les petits sourires entendus avec les visages connus, c’est triste. Et c’est blanc, blanc, blanc. Vous vous êtes déjà retrouvés dans un endroit qui est aussi visuellement qu’émotionnellement change ? Faut être sujet à la mélancolie, mais franchement, c’est pas super rigolo. Ma compagne de joie s’est bel et bien envolée vers la capitale, Mieux qu’un dimanche (…) lui, traine ses pieds chez les Balkany et découvre la vie de bureau parisienne. Et moi j’continue de trainer mes pieds par là. Vous qui trainez vos pieds du côté de l’Alouette, enfilez vos plus jolies chaussures pour le faire, et faites éclore de jolis moments dans notre université afin que tous ces murs blancs ne le soient plus tout à fait. Bonne rentrée les cocos, nouveaux ou anciens vous allez voir, les études, c’est pas si terrible, et c’est même parfois très chouette, comme la vie.

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CADENCE]S

Le musée des Abattoirs, dans le cadre de l’exposition « Cadence]s » nous convie à une parenthèse sensorielle, rythmée par une multitude de cadences. Cette exposition, singulière, résulte d’une intelligence collective, s’appuyant sur un partenariat entre les étudiants du Master 2 professionnel « métiers de l’art » (régie des œuvres et documentation) et de deux institutions muséales, le musée Henry-Martin de Cahors et celui des Abattoirs de Toulouse. Plus qu’un simple exercice de clôture de cycle universitaire, il s’agissait d’un considérable défi que de concevoir une exposition dans son intégralité. L’exposition nous propose une traversée dans le temps, mêlant des œuvres anciennes, tirées de la donation Daniel Cordier et contemporaines issues des collections du Frac Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Choix de sénographie, l’agencement temporel propose aux visiteurs de sillonner les diverses collections à travers les époques. Cette option nous permet d’observer les résonnances qui s’opèrent entre les œuvres malgré leurs différentes origines, datations et supports. La trame rythmique est quant à elle composée de pleins et d’espaces vides qui laissent respirer l’attente. Quand le rythme représente la conception abstraite du temps. Le motif cherche à l’illustrer, permettant ainsi de schématiser l’existence humaine. La cadence est, à l’image d’une musique, faite de différentes ruptures, dans le rythme comme dans le temps.

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L’être humain, « animal rythmique », a au fil des époques, structuré, du point de vue temporel son existence afin d’améliorer « le vivre ensemble ». Effet induit de cette structuration, l’émergence d’un environnement contraint (restreint) du fait qu’il entrave les libertés fondamentales de l’être humain. En contre point, et en guise d’antidote ? - l’art permettrait d’ouvrir de nouveaux spectres et de contourner ces rythmes frénétiques. Il créerait des parenthèses permettant de se questionner sur son existence. C’est cette démarche qu’adopte l’artiste Cevdet Erek, qui en mesurant le temps à l’aide d’une horloge et l’espace avec un système métrique, nous convie à nous interroger sur la façon dont nous appréhendons le monde. Toujours dans la même inspiration, l’ensemble de bandes de Julije Knifer peuvent nous paraître monotones (monocorde), alors que tout leur dynamisme se trouve dans la dissymétrie qui ponctue le rythme. Au delà de l’apparente simplicité réduite à une expression géométrique, son travail déconcerte le visiteur. Le cadencement du temps, en ce qu’il permet le phasage des activités humaines à l’intérieur d’une société, n’en constitue-t-il pas moins un carcan, un plus petit dénominateur commun de la gestion temporelle ? Cette exposition tente d’apporter son écot multi expressions à ce questionnement, et c’est réussi !

L. Henquel


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Portrait : Hélène Débax Il fait chaud aujourd’hui. Je jette encore un œil à mes emails : Rendez-vous au labo. Il est à peine neuf heures, et traverser la fac me semble digne d’un épisode de Koh Lanta dans la vallée de la mort. L’entrée est envahie par les groupes d’intégration. Ils sont mignons les petits nouveaux, on les repère vite. Ils se demandent ce qu’ils font là entre trois camions, deux tractopelles et des chemins plus que flous pour atteindre leurs salles. Mon défi à moi, il est un peu plus loin, vers un lieu qui importe peu d’étudiants, le laboratoire FRAMESPA. Il est bientôt dix heures, j’entre dans le bureau de Hélène DEBAX, directrice de ce laboratoire européen FRAMESPA, déjà très occupée avec l’un des professeurs chercheurs de la faculté. Mon chapeau de paille retiré, l’entretien à propos de cet espace méconnu de la plupart des étudiants peut débuter. Laboratoire FRAMESPA. C’est un nom curieux, qu’est-ce qu’il signifie et quel est son rôle ? Il faut d’abord savoir qu’il existe des laboratoires uniquement universitaires qui sont des équipes d’accueil, appelées EA, puis des laboratoires mixtes qui lient université et CNRS, nommés des UMR, ce que nous sommes. Il y a dix UMR au Mirail et treize EA. La différence est liée à la tutelle hiérarchique et aux sources de financement et de recherches. Les EA ne dépendent que de l’université, les UMR puisent leurs directives et leurs ressources au sein de l’université mais aussi auprès du CNRS. Le FRAMESPA signifie France, Amérique Espagne qui sont nos aires d’études. Vous trouvez le temps de faire de la recherche, même avec vos journées ministérielles ? Oui ça m’arrive, il faut faire quelques sacrifices bien sûr, je n’enseigne plus autant, l’université me donne une décharge de cours donc je fais la moitié des heures mais voilà, je suis presque tout le temps prise par les tâches administratives, il faut gérer les dépenses, les dossiers, les demandes mais aussi la vie sociale et humaine ; c’est un point important.

Quelles sont vos thématiques précises de recherche ? Nous avons quatre grands axes qui nous rassemblent tous. L’axe un est la logique d’Empire, le deuxième axe concerne seulement les médiévistes, c’est Terrae, on s’intéresse à la seigneurie, l’usage de la terre, etc. La thématique trois réunie des historiens économistes et des historiens de l’Art qui ont décidé de s’intéresser à la production et les liens avec le marché de l’Art. La dernière thématique se nomme Corpus qui brasse toutes les périodes et travaille sur les questions liées au genre et à la médecine. Comment devient-on directrice d’un UMR ? C’est un choix ? Pas vraiment. C’est un moment de notre carrière, c’est un choix oui car personne ne nous pousse à le faire, mais au départ je dois bien avouer que j’y suis allé à reculons. En fait au moment du départ de l’ancien directeur, qui était Jean-Marc Olivier, on se demande qui veut reprendre la place, personne ne veut, personne n’est motivé, alors on nous pousse un peu, « T’es sûre que tu ne veux pas y aller ? Non je ne veux pas ! Tu es sure ? oui je n’irais pas ! sure sure ? Bon d’accord » [rires]. Mais je ne regrette rien au final. Je remercie la directrice pour m’avoir accordé un peu de son temps, une doctorante toque déjà à sa porte pour renouveler son contrat. Je transpire encore, un peu pour la chaleur, un peu pour cette montagne de choses gérée par mon interlocutrice. Une fois franchie les portes de cette grande maison sur-vitaminée de savoirs, je me dis qu’on peut profiter de se plaindre de nos emplois du temps presque vacanciers. Si vous trouvez d’ailleurs que le temps vide mange vos heures, levez la tête, regardez les affiches, souriez aux grands chercheurs à lunettes qui filent vers leurs colloques, suivez-les, soyez curieux, et essayez de vous construire, une fois, pour voir, un emploi du temps de ministre.

A. Clara

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Portrait : Cristina Noacco, professeure et passionée. Lundi, 18H00. À la fin d’une chaude journée, dans une salle préfabriquée encore bourdonnante de l’agitation récente de ses occupants, je me retrouve en tête à tête avec ma professeure de Littérature et d’Histoire Médiévale. Souriante, et d’une voix empreinte de sonorité italienne, Mme.Noacco me confie le récit de ses débuts dans le monde de l’enseignement ainsi que sa vocation à faire découvrir l’univers à la fois passionnant et méconnu de l’époque Médiévale. Détail d’un entretien inspirant.

Comment vous est venue cette vocation d’enseigner ? Enseigner est un rêve d’enfant… Je crois surtout en la communication que l’enseignement permet. Il s’agit d’un défi. Certes j’enseigne la Littérature Médiévale mais ça aurait très bien pu être une autre matière. L’enseignement est un fil à travers lequel on peut se mettre en relation avec les étudiants, à partir de là, on a un message à donner. C’est cela que j’ai choisi. Plus qu’enseigner je transmets. Vous avez passé toutes vos études en Italie ? J’étais étudiante en Lettres à l’université de Trieste en Italie. J’ai fait mon master sur l’Histoire et la Littérature Médiévale. C’est d’ailleurs à votre âge, lorsque j’étais en deuxième année, que j’ai décidé d’être étudiante pendant toute ma vie.

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Si l’enseignement est d’avantage important pour vous que la matière enseignée, qu’est-ce qui vous a fait pencher pour le Moyen Age ? Ce qui m’a fait choisir le Moyen Age, c’est un auteur. Chrétien de Troyes. C’est un peu philosophique à vrai dire, car cet auteur a répondu à une question que je me posais à l’époque. C’est-à-dire, quelle place donner à notre propre aventure personnelle – on pourrait appeler cela la «carrière» - par rapport à une autre grande inclination humaine, l’amour ? (rire) À l’époque j’avais un compagnon qui ne m’avait pas suivi dans mon rêve d’étudier pendant toute ma vie. Pour rester avec lui, il aurait fallu que je réduise mon besoin de connaître, d’apprendre. J’étais donc en crise existentielle et c’est à cette question-là (comment concilier l’inspiration professionnelle et l’amour) que Chrétien de Troyes m’a répondu. Dans le pre-

mier roman qu’il a écrit, Erec et Enide, l’auteur répond à cette question d’une manière très moderne ! Pouvez-vous me raconter brièvement ce qu’il s’y passe ? Le protagoniste, Erec commet la faute d’abandonner les armes par amour pour Enide, sa jeune épouse. Or, au XIIe siècle, c’est à travers les armes et le combat que les hommes prouvaient leur valeur. C’est sa femme, Enide, qui lui permet de se remettre en question et lui fait prendre conscience qu’il n’a pas à laisser de côté ce qui donne du sens à sa vie uniquement par amour. Erec décide donc de reprendre les armes et de partir à l’aventure avec celle qu’il aime, ce qui était alors chose peu courante. Je vois, vous êtes l’Erec des temps modernes et vous avez, vous aussi, pris la décision de poursuivre, non pas un combat chevaleresque, mais la quête de l’apprentissage… C’est cela. J’étais avide d’apprendre toujours davantage. Et une fois cette décision prise ça a été, pour moi aussi, le début de toute mon aventure. Je serais curieuse de savoir quelles ont été vos appréhensions, en tant qu’enseignante, mais aussi en tant qu’étrangère ? C’est la langue. J’avais peur de mal prononcer...de mal m’exprimer. Je le dis encore en début de semestre, lorsque je rencontre ma nouvelle classe, que si on ne comprend pas ce que je dis il ne faut pas hésiter à me faire répéter. Mais même cela, je pense que les étudiants n’osent pas le faire…


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Cliché de Daniel Avril de mars 2016. Mme.Noacco et un étudiant montrant une fresque à la classe.

Comment faites-vous pour dépasser ce problème ? Je me dis que le contenu va primer sur la forme et puis je compte sur l’indulgence des élèves. Je suis d’ailleurs contente de trouver mon public très disponible. C’est aussi en m’amusant de moi-même, en faisant des cours divertissants, en faisant participer les étudiants, que le contenu passe mieux. Je regrette justement que l’on ait si peu de cours à l’université. Réduire à quelques semaines l’enseignement ne laisse que trop peu de place à l’assimilation de l’apprentissage. Si les cours avaient lieu sur l’année et non sur trois mois de semestre, on aurait le temps de se connaître mieux et de réaliser de très belles choses, comme la mise en scène d’une farce par exemple. On a l’impression d’être gavé de notions et de n’avoir pas assez de temps pour les digérer pour pouvoir s’exprimer en ayant assimilé, compris au vrai sens du terme, ce que l’on a écouté. L’univers médiéval est une époque de grands changements et a joué une étape majeure dans l’émergence de la civilisation que nous connaissons. Cependant il demeure une zone d’ombre . Pensez-vous que le Moyen Age reste encore de nos jours une période méconnue de notre Histoire ? N’avez- vous pas l’impression d’être porteuse d’une mission qui consisterait à briser les stéréotypes qui entourent cette époque ? En effet, en Histoire et en Littérature nous avons ce défi de combattre les clichés. On pense toujours que la période médiévale est liée à l’obscurantisme, à l’ignorance. On pense que c’est une période qui n’a fait qu’être dépassée par la Renaissance. Ce que l’on a oublié c’est que s’il n’y

avait pas eu le Moyen Age, la Renaissance n’aurait pas existé. On vit vous l’avez dit, une mission, celle de valoriser une période qui est prise entre deux autres âges : L’Antiquité et la Renaissance. Et si vous deviez donner une phrase qui définirait le Moyen Age, qu’est-ce que ce serait ? Étudier le Moyen Age, signifie pour moi faire l’archéologie de notre civilisation occidentale pour trouver les fondements d’une grande partie des notions que nous utilisons actuellement. Et je dirais, pour revenir aux stéréotypes, que j’ai moimême été victime de cette image que l’on donne du Moyen Age. Ce n’est que mon expérience personnelle qui m’a fait comprendre que les auteurs du Moyen Age pouvaient répondre à nos questionnements. Ce sont des positions qui sont universelles, voilà comment les œuvres médiévales peuvent nous parler encore aujourd’hui. Merci de prendre sur votre temps pour cet entretien. Vous avez un planning très chargé, comment faites-vous pour allier vos projets avec vos obligations d’enseignante ? Simple ! Je ne dors pas ! (éclats de rires) Je plaisante. Mais effectivement, pendant ce deuxième semestre j’ai fait énormément de choses. Mais jamais je ne me suis sentie aussi vivante ! Tout ce travail m’a donné une satisfaction qui est finalement la gratification la plus belle. C’est vrai que c’est intense mais on est tout de suite récompensé et je me dis toujours que le travail paye.

C. Eckersley

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Job d’été “Pour envoyer quatre groupes et vendre trois cartes postales dans la journée, j’veux bien faire ce boulot moi aussi ...” Ah ! Avoir un travail d’été ! Quel plaisir ! Quelle que soit la nature dudit job, on finit par être confronté aux touristes. Et là, s’ouvre à nous une palette de sentiments : celui d’être une parfaite plante verte comme la malheureuse potiche dans le télé-shopping matinal quand les clients regardent partout sauf là où on se tient ou celui d’être une machine bloquée sur le mode “répété” quand les clients posent toujours les mêmes questions alors que les réponses sont écrites partout. C’est aussi l’occasion de se rendre compte que la politesse de

base n’est pas forcément innée, “Bonjour - s’il vous plaît – merci – au revoir” sont quand même les essentiels que tout parent qui se respecte inculque à ses enfants. Mais le touriste est à part, il est en vacances et il y a envoyé très loin sa civilité. La politesse est un vaste exemple parmi tant d’autres qui illustre le revers de la médaille d’un job d’été. Nota bene : surtout, ne pas oublier qu’un simple sourire ou même un timide salut sont toujours bienvenus et que ça fait du bien, tout simplement. Parce qu’une fois de retour sur les bancs de l’université, quand ce travail d’été nous paraîtra lointain, on préférera retenir le plus agréable de cette aventure.

M. Bello

« Maintenant, tu le sais » Aujourd’hui, une petite chaîne YouTube de derrière les fagots : « Maintenant tu le sais ». Il y a un peu plus d’un an, Jonathan ramène sa fraise sur la toile et lance Les Express’ions. Le but : nous expliquer l’origine des expressions françaises, en une minute.

De fil en aiguille, le concept évolue. Il aborde non seulement les expressions mais aussi Les mots du futur (selfie, emoji, dab …), tout en tenant un rythme d’une vidéo par semaine.

En avril 2016 il change de cap et réorganise sa chaîne : 3 nouveaux concepts voient le jour.

- MTLS qui reprend les expressions et les mots du futur mais pas que ! D’autres curiosités sont à voir, comme : Peut-on adopter un individu majeur ? Dans quelles conditions ? - MTLS Story. Les plus gros biceps du monde, la double vie d’une athlète, le meilleur dresseur sur Pokémon Go. Des gens apparemment ordinaires qui franchissent le Rubicon, direction l’insolite ! - 3 minutes pour parler de… l’amitié, par exemple. Saviez-vous qu’il existe des sites de locations d’amis ? Non ? Et si je vous dis que c’est un concept japonais ? « Maintenant tu le sais » est une chaîne qui tire son épingle du jeu avec ses 130 000 abonnés. Pour la suite, on croise les doigts !

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A. Chastier


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«La couleur de la victoire» : l’exploit de Jessie Owens « Au moment où le coup de feu éclate, plus rien ne peut m’arrêter. Ni la couleur, ni l’argent, ni la peur, ni même la haine. Il n’y a plus de noir ni de blanc, on est rapide ou lent. Pendant ces dix secondes on est totalement libre. ».

Face à la haine grandissante des hommes, la détermination de Jesse Owens ne faiblit pas, il doit prouver au monde que la différence réside uniquement dans son talent. En effet, dans un entre-deuxguerres gangrené par le racisme, la discrimination et la haine, l’athlète interprété par Stephan James ne manque pas de courage dans ce qui semble être un combat autant sportif que politique face à l’Allemagne nazie. Après avoir retracé la vie de Jesse Owens, depuis son parcours à l’université de l’Ohio jusqu’à ses débuts dans l’histoire du sport, le réalisateur Stephen Hopkins nous plonge au cœur des Jeux Olympiques de Berlin de 1936. Il s’agit pour Jesse de remporter la victoire face aux Allemands afin de prouver le mensonge des thèses nazies et montrer l’égalité de chacun. En ce sens, le film est un exemple de tolérance en plus d’inculquer les valeurs du sport à travers l’entraînement, le mental et les performances exceptionnelles de cet athlète hors du commun. Les médailles d’or remportées par l’Américain se révèlent alors comme étant un symbole de victoire, non seulement dans sa discipline olympique qui est la course mais aussi sur le racisme et la haine. Aidé par son entraîneur et ami Larry Snyder, interprété par Jason Sudeikis, Owens suit un apprentissage très rigoureux, non pas pour devenir un grand athlète mais pour se préparer à devenir champion. D’autre part, le film nous rend un aperçu plus historique du contexte politique entre ÉtatsUnis et Allemagne. On comprend donc le désarroi des Américains face au nazisme grandissant en Allemagne, poussant ainsi la commission à un éventuel

boycott de l’événement en signe de manifestation. Néanmoins, le film dévoile une certaine ironie : on retrouve mis en parallèle la ségrégation présente chez les Américains et leur dénonciation du nazisme en Allemagne. Sur le plan technique, ces mêmes jeux Olympiques ont été reproduits sur le même Stade Olympique à Berlin, à l’endroit où Jesse Owen a connu son instant de gloire. Cependant, afin de se préparer à jouer le rôle de la légende de la course, Stephan James a dû adopter la démarche très particulière que prenait Jesse Owens lors des courses. Pour ce qui est des détails biographiques rapportés dans le film, ce sont les filles de Jesse qui ont collaboré avec les producteurs du film. Sur ce point, le film dose parfaitement la vie du champion et ses exploits en relation avec le contexte historique pour donner plus de poids à son histoire et ses performances. On retient également du film un côté épique qui se marie parfaitement avec les exploits athlétiques impressionnants qui ont été réalisés devant des milliers de personnes et qui ont ridiculisé Hitler devant le monde entier. Néanmoins, il est évident que ce côté romancé du film le fait perdre en précision sur le plan historique ; notamment le fait qu’Hitler aurait refusé de serrer la main du vainqueur, ce qui est contredit dans les mémoires de Jessie Owens. Ce manque de vérité est utilisé afin de renforcer l’aspect principal du film qui doit déboucher en grande partie sur un exemple de tolérance pour les spectateurs.

N. Colombi

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«Demain les chiens» Clifford D. Simak Les chiens... modestes créatures, mais dont la relation avec l’homme est riche, complexe et finalement unique. On les voit comme des êtres banals, fidèles compagnons, que l’on tient toujours pour acquis. Et si... et s’ils changeaient, si les circonstances les amenaient à évoluer, à devenir PLUS, AUTRES? Et s’ils nous remplaçaient en temps ‘’qu’espèce dominante’’? Et si nous disparaissions? Voilà quelques questions que s’est posé Clifford D. Simak. Auteur classique de la SF américaine, il règne sur les années dorées du genre à partir des années 50, cumulant les prix littéraires et faisant jeu égal avec d’autres poids lourds comme Asimov (cycle de Fondation, Les Robots) ou Ray Bradbury (Farenheit 451, Les Chroniques Martiennes). Fils d’immigrés tchèques ouvriers agricoles, il modela une grande partie de ses romans sur des hommes souvent terre à terre et perdus dans l’immensité de l’univers, et des robots anthropomorphes. En 1952, il rassemble divers textes publiés entre 1944 et 1951 et publie ce qui demeurera son ouvrage le plus connu: Demain les Chiens. Et c’est là que reprennent nos interrogations.

Présenté sous la forme d’une compilation de légendes étudiées par un colloque de spécialistes canins du folklore, il comporte huit textes. Chacun est situé à une époque et dans un contexte différent même si un certain nombre d’éléments sont communs à tous les récits. A noter que chaque ‘’conte’’ est précédé d’une notice qui tente d’en dresser l’analyse et illustre les divergences de points de vue entre les experts (nommés Tige, Bounce et Rover). Je ne vais pas en dévoiler plus pour vous laisser la surprise mais sachez qu’il est question d’ENORMEMENT de choses... En l’espace de 300 pages, on suit la chute progressive de l’humanité et ses dernières convulsions sociales, politiques, économiques et idéologiques. On assiste, de loin, à la conquête spatiale, à la fin des cités, à la montée en puissance de nouvelles formes de vie (dont les chiens, évidemment) et à la naissance de nouvelles sociétés... le tout emballé dans une splendide mise en abîme philologique. C’est vertigineux, et je tiens à vous préserver les détails tant ce vertige est splendide et nous offre des perspectives folles et inattendues, encore aujourd’hui soixante ans après. Le spécisme, le concept de divin, la société humaine et sa chute inévitable, les évolutions biologiques mais pas que, le temps, l’espace, l’hypothèse de mondes parallèles... on a la sensation que l’auteur décide de s’aventurer très loin dans des directions que l’on explore toujours aujourd’hui. On ressort du livre chamboulé, dans le bon sens du terme. Son humanisme et son incroyable optimisme font de Simak un auteur auquel on s’attache immédiatement, malgré le léger côté suranné de son livre (ce qui est normal pour l’époque). Si la forme peut paraître quelque peu dépassée comparée aux tonitruantes créations contemporaines en matière de SF, elle a l’élégance de laisser une grande place à notre imagination, ce qui compense largement ce ‘’défaut’’. Quant au fond, il est incroyablement moderne et toujours d’une pertinence et d’une acuité saisissantes. J’espère vous avoir donné envie d’entreprendre cet étrange voyage aux côtés de nos amis les chiens, de vous faire découvrir ces étonnants lendemains...

S. Lopez

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Demain les Chiens Clifford D. Simak, 1952 J’ai Lu (nouvelle traduction en 2013, vivement recommandée)


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Les chats domineront le monde

C’est un chat qui n’a pas de nom. Il vit paisiblement avec son maître, ainsi que sa fille Zlabya, à qui il voue un amour inconditionnel. Et comme son maître est rabbin, c’est comme cela qu’on le surnomme : le chat du rabbin. Ce rabbin, donc, possède aussi un perroquet particulièrement bruyant. Si bruyant que le chat finit par le manger pour s’en débarrasser, recevant par cet acte même le don de parole. Mais, malheureusement, il ne raconte que des mensonges... Le chat du rabbin est une série de bandes dessinées de Joann Sfar parue pour la première fois en 2002 et qui comporte pour le moment six tomes dont les titres, évocateurs de voyages et de découvertes, valent le détour : La Bar-Mitsva, Le Malka des lions, L’Exode, Le Paradis terrestre, Jérusalem d’Afrique, et Tu n’auras pas d’autres dieux que moi. Cette BD a également fait l’objet d’une adaptation en film d’animation en 2011 (que je n’ai pas vu, nous nous en tiendrons à la BD). Si le style particulier des dessins peut en décourager quelques-uns, il ne faut pas s’y arrêter. Le génie de la BD est ailleurs. Il se trouve dans ce chat, narrateur de l’histoire, qui s’adresse à nous, lecteur, et nous fait contempler le monde à travers ses yeux, comprendre sa façon d’interpréter l’univers qui l’entoure. Ce chat dont on suit les multiples péripéties, et qui dit la vérité quand elle dérange afin d’ébranler nos certitudes. A travers lui, c’est l’auteur qui nous parle et nous interroge, avec des sujets comme la religion, l’amour, le racisme, la mort, la différence... Et il le fait en usant d’une finesse rare et un angle original malgré la récurrence de ces thèmes dans la littérature, sans jamais dénigrer ni juger. Il questionne. Le chat du rabbin est une ode à la tolérance. Cette BD nous montre que même les petits animaux sont capables de grandes leçons. Tout en douceur, Joann Sfar nous guide vers une remise en question de nos propres valeurs. C’est à croire que les chats réussissent, parfois, à faire preuve d’une sensibilité très humaine. Chose ne pouvant faire que du bien, et qui, je pense, est une perle à chérir à notre époque actuelle.

G. Audouy

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Agenda

Agenda • Du 19.09 au 14.10, exposition du Collectif Auto Média étudiant (CAMé) «Sous les briques roses, la rage» au Centre de Ressource Olympe de Gouges. • Du 13 au 22 octobre : Semaine de l’étudiant Programme sur le site : http://semaine-etudiant.univ-toulouse. fr/programme/toulouse Tout est gratuit ! • Le Printemps de Septembre, Le Festival 23.09 - 23.10.2016 Du mercredi au dimanche, de 12h à 20h (hors horaires spécifiques). Nocturnes les samedis jusqu’à 00h dans certains lieux (cf. programme) • 14 et 15 octobre, 4e édition de l’eco-festival Art’é Fac sur le campus du Mirail Entrée sur place : Prix libre + 10 cent. d’adhésion • Dimanche 16 octobre, 14 h - 17 h 30, tous public, gratuit, rdv à 14 h à la Fondation espace écureuil. Dans le cadre de la semaine de l’étudiant, la Fondation espace écureuil, Lieu Commun et le BBB centre d’art vous propose un parcours à la rencontre des différents domaines artistiques grâce aux associations et collectifs étudiants de Toulouse. Théâtre, musique, danse…une après-midi riche en découverte ! • 23 octobre, marathon international Toulouse métropole, du ont Pierre De Coubertin jusqu’au Capitole • Du 4 au 6 novembre, salon chocolat et gourmandises au parc des expositions. • Du 7 novembre 2016 au 2 janvier 2017, espace Saint-Cyprien / Une saison photo à Toulouse L’atelier de photographie et l’atelier arts plastiques de l’Espace Saint-Cyprien s’associent pour présenter un projet d’exposition autour d’une thématique commune : «Album de familles» • Du 18 au 20 novembre, festival BD à Colomiers : 5 lieux d’exposition et 1 jeu à découvrir. Tarifs : 3€, gratuit pour les moins de 18 ans, les étudiants et les porteurs de la carte Pastel-Tisséo. • 2 décembre 2016, espace Saint-Cyprien / Théâtre d’impro - Compagnie Le Fauteuil _ Dans le cadre du festival Impulsez ! Tarifs 9/6,50/4,50/3 euros

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Associatif

Time To Lose Qu’est-ce que c’est quoi Time To Lose ? Trois potes, de trois asso différentes, autour de trois bières, ont accouché d’une idée : fédérer les médias étudiants de la fac dans une nouvelle structure, la fédération des médias étudiants du Mirail. Comme la « FMEM » c’était plutôt moche, Rémi (RMM) a brainstormé pendant des minutes entières pour finir par trouver LE nom parfait : c’est ainsi que Time To Lose est née. Pourquoi créer cette fédé ? Time To Lose c’est surtout pour se regrouper, au fond d’un train ou dans un vieux grenier, monter des projets ensembles ou tout simplement partager une pinte et pérenniser nos relations ; telles sont ses prérogatives.

Concrètement, on va faire quoi ?

Pour nous, ça permet de communiquer plus facilement, de s’échanger infos, réseaux et amis (et plus si affinités). Pour vous, en plus de retrouver le nec plus ultra de nos asso, on va vous concocter tout au long de l’année des petits événements pas piqués des hannetons ! D’autre part, par association de malfaiteurs, la fédé développera l’aspect événementiel, et là mes cocos, ça va envoyer une montagne, que dis-je, une péninsule ! du son, des concours, du love.

Comment y entrer ?

• en tant qu’asso, 3 conditions : 1. être une association ; 2. être un média a l’université Toulouse Jean Jaurès ; 3. respecter les valeurs de la fédération.

• en tant qu’étudiant : Si tu souhaites créer un média sur le campus, n’hésite pas à nous envoyer un mail, on essayera de t’aider autant que faire ce peut. Si tu souhaites t’engager dans une asso – genre un média, je dis ça comme ça – on pourra t’orienter vers celle qui te correspond le mieux. Aussi, on a toujours besoin de bras pour organiser des projets, des événements : on sera ravis de t’accueillir !

Pour nous contacter, c’est par ici :

Radio Mon Mirail est une jeune radio associative créée et animée par des étudiants de l’université Toulouse Jean Jaurès. Grâce à de nombreuses émissions souvent improbables, atypiques mais toujours drôles et surprenantes, nous espérons faire vivre, avec vous, le campus du Mirail.

fede.timetolose@gmail.com

Actualité, poésie, culture... depuis maintenant un an, sur le campus du Mirail, l’Alouette prend sa revanche et le contrepied de l’expression «miroir aux alouettes» : pour éclairer ses lecteurs elle brandit sa plume ! Créée par des étudiants et pour des étudiants, l’Alouette, c’est vous qui l’écrivez.

Repère de cinéphiles et autres amoureux de pratiques multimédias, L’Ecran est un groupe d’étudiants réunis pour promouvoir un regard critique et singulier sur les arts audiovisuels grâce à un fanzine mensuel. Un seul objectif : parler, informer et débattre de notre passion commune et tenter de la transmettre à la communauté étudiante!

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Et si vous avez envie de voir la fac autrement, contactez EIMA (Erasmus International Mirail Association) !


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