Alouette - n°3

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n째3 - avril 2016


Alouette

AGORA Ce mois-ci encore, nos petites feuilles de remarques sont assez vides dans nos foyers ! Alors surtout n’hésitez pas si vous voulez réagir sur notre page Facebook, sur notre site ou par mail à un article qui vous a plu, énervé, déçu, alarmé, … On sera ravis de vous répondre ! Nous remercions donc Manon pour ses jolis compliments, Tatie Jeanne et Lou Daraux l’adorent aussi. Nous avons eu aussi la joie de découvrir au foyer d’Histoire/Histoire de l’art une longue critique sympathique et constructive, entre autres chagrinée de ne pas pouvoir en savoir plus sur les auteurs des articles. Dans l’attente de plus amples présentations de nos rédacteurs sur notre site internet (http://lalouettejournal.wix.com/alouette), voici leurs petits noms, leurs petites études, et l’œuvre d’art qui les fait vibrer : Gaëlle Audouy - Licence Lettres Modernes - Les âmes croisées, Pierre Bottero Sarah Begue - Licence Lettres Modernes - Fragments d’un discours amoureux, Roland Barthes Camille Burguière - Licence Histoire & Géographie/Aménagement - Gran Torino, Clint Eastwood Bastien Camviel – Master Histoire – La Peste, Albert Camus Anais Clara - Licence Histoire de l’Art & anthropologie - La nuit des temps, Barjavel Nicolas Colombi - Licence Histoire - L’Odysée, Homère Alexis Czaja - Licence Histoire - Imagine, John Lennon Raphaëlle Dogo - Licence Arts Plastiques - Les paysages de Van Gogh Laura Doudoux - Licence Lettres Modernes - L’amour fou, André Breton Lisa Dubreuil - Licence Histoire - Des vies en mieux, Anna Gavalda Claire Eckersley - Licence Lettres Modernes - L’Homme qui rit, Victor Hugo Lamiae Ennour - Licence Economie/Sociologie – L’Assommoir, Emile Zola Jean-Gabriel Fernandez Licence Histoire - Les noces de Cana, Paul Véronèse Louise Graf – Licence Lettres Modernes & Histoire de l’art - La maison de Bernarda Alba, F. Garcia-Lorca Clémence Higounenc – Licence Histoire de l’art - Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire Sacha Lopez - Non étudiant - Le Nom de la Rose, Umberto Eco Emma Papavero - Licence Lettres Modernes - Le déjeuner sur l’herbe, Manet Anne-Eléonor Pluot - Master Archéologie - Fondation, Isaac Asimov Kaira Willems - Licence Histoire - A song of Ice and Fire, George R.R. Martin

Imprimé avec le soutien financier du FSDIE du l’Université Toulouse Jean Jaurès


Alouette

EDITO

Sommaire

Journal

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Qui sont nos nouveaux représentant ? 2 Les ONGs 4 Regards sur les bâtiments Olympe de Gouges 6 I want to break free 7 Le harcèlement dans les transports 8 Alerte à la bombe 8 La nouvelle loi culture 9 Élections, Catalogne : l’Espagne dans le flou 10 Rubrique éco : Le taxi est mort, vive le taxi 12 Sport 13

Les Plumes

Les Bulles

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Divertissements

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Magazine

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WEAC & associations Portrait : Mehdi Boubaker A la rencontre d’un étudiant L’Imagina’livre Toilettes de la fac : zone d’expression libre Tatie Jeanne Lou Darau Running Militant de points de vue : l’animalisme Easy Rider ou La liberté à l’état sauvage Critiques

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Agenda

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Le militantisme étudiant

Contacts : Mel : lalouette.journal@gmail.com Facebook : lalouettedumirail Site Internet : http://lalouettejournal.wix.com/alouette Rédactrice en chef : Clémence Higounenc Directrice de publication : Louise Graf Secrétaires de rédaction : Sarah Begué, Laura Doudoux, Louise Graf Graphisme : Anne-Eléonor Pluot Imprimeur : Copy Diffusion Service, Toulouse

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« Il faudrait un journal à la fac » « The Mariner n’existe plus ? » « Non ...» « On fait le notre ? » Six mois plus tard, après avoir usé encore et toujours de l’adage « c’est en faisant qu’on apprend », L’Alouette est disponible pour tous les étudiants du campus, et nous sommes fiers de penser qu’elle est née de la richesse culturelle, intellectuelle et humaine de cette université, sans être subordonnée à quiconque. Car nous voulions un média, un espace où tous les étudiants pourraient se retrouver, un point de rencontre dans cette quasi petite ville qu’on ne fait souvent que traverser, comme si les études devaient être séparées de la vie. Nous voulons des espaces pour réagir, réfléchir, débattre, écrire et que la fac ne soit pas qu’un lieu d’apprentissage passif. Nous souhaitons, en tant qu’étudiants, nous réapproprier l’information au sein de notre environnement. Que notre légitimité de penser ne soit pas enfermée sous le terme de « jeunes », employé par ceux qui ne le sont plus. Nous avons le droit à la parole, et le devoir de la prendre. Nous sommes légitimes, pouvons être porteurs de proposition, de projets, de vie et n’avons pas à attendre le nombre de diplômes pour y réfléchir. L’Alouette souhaite, à sa petite échelle, participer à cela. L’Alouette se veut donc être le journal libre et apolitique de tous les étudiants de la fac. Et pourtant, une rumeur dit que nous sommes politisés. C’est faux. En aucun cas la ligne éditoriale de l’Alouette ne suit la moindre orientation politique. Cependant, « tout est politique », et nous ne pouvons l’ignorer : la consommation est politique, la culture est politique, l’université est politique, ta grand-mère est politique, ce journal est politique. Nous en parlons car elle fait partie de la vie, et nous refusons de l’ignorer. Bien sur, nous ne sommes pas neutres. Mais aucun média ne l’est, et même ne devrait l’être. Il s’agit de tenter de nous ouvrir au monde et de permettre le débat pour que chacun puisse, s’il le veut, y prendre part. Nous devons nous réapproprier la politique, la considérer dans son sens large car nous sommes chacun responsables de la société que nous construisons ensemble. En tant qu’étudiants rédacteurs de l’Alouette, notre but est de rendre accessibles une multitude de sujets et de points de vue sur ce qui nous entoure afin de dialoguer avec d’autres étudiants ; cette parole étudiante a un sens, cette parole fait sens, et il est légitime que nous la prenions. Nous vous invitons à nous lire, à nous rejoindre, à réagir avec nous. L’Alouette, c’est vous qui devez la faire vivre.

Clémence Higounenc, au nom de la rédaction.

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Journal

Qui sont nos nouveaux représentants ? Les 22 et 23 mars dernier avaient lieu les élections pour renouveler les membres des conseils centraux de l’université, le CA (Conseil d’administration) , le CFVU (la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire) et le CR (la Commission Recherche) – la réunion de ces deux derniers forment le conseil académique. Il s’agit des instances décisionnelles et consultatives pour les questions regardant la gestion de la Fac. Le vote pour le CR, commission chargée des questions touchant au domaine de la recherche, ne concernait que les doctorants. Les élections n’ont mobilisé en moyenne que 8 % des étudiants : désintérêt, manque de temps, flemme, bureau de vote caché, sentiment que de toute façon ça ne sert à rien... Il y a de nombreux facteurs potentiels auxquels on peut ajouter sans doute celui du manque d’information, car si une campagne annonçait bien des élections elle ne précisait pas leur objet...

Le CA (36 membres dont 6 étudiants) : Le CA vote les budgets, valide les accords et conventions... et cette année il sera chargé d’élire le nouveau président de l’université. Pour les élections du CA, quatre listes de candidats étaient en lice : BOUGE TA FAC avec l’AGEMP, APIEM (Association pour les initiatives étudiantes du Mirail), l’UNEF (syndicat étudiant national) et enfin l’UET (l’Union des Etudiants de Toulouse). C’est l’UNEF qui est arrivé en tête avec 918 voies recueillies, suivi par l’association APIEM avec 523 voies, l’UET totalise 426 voies tandis que Bouge ta fac avec l’AGEMP n’obtient que 220 voies. Le nombre de sièges est attribué selon un quotient électoral (347 voies), on attribue ainsi un premier nombre de places pour distribuer ensuite les sièges restants aux plus forts, c’est à dire aux listes auxquelles il reste le plus grand nombre de voies une fois que celles correspondant au gain d’un siège ont été retirées. L’UNEF totalise ainsi 3 sièges, la moitié de ceux attribués aux étudiants au CA tandis que les trois autres listes obtiennent 1 siège chacune.

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Le CFVU (40 membres dont 16 étudiants) : Il contribue notamment à fixer les programmes des formations, les modalités des examens et est consultée pour tout ce qui concerne la vie étudiante sur le campus. Les votants étudiants pour le CFVU étaient divisés en deux collèges, Sciences et techniques (ST) et Sciences Humaines et Sociales (SHS). Les listes en concurrence n’étaient pas exactement les mêmes ; Le collège SHS avait le choix entre 4 listes, APIEM, L’UNEF, l’UET, et Solidaires étudiant-e-s (pas de liste Bouge ta Fac pour le CFVU) ; le collège ST de son côté n’avait le choix qu’entre deux listes, l’UNEF et l’UET. Dans chacun des deux collèges l’UNEF arrive en tête ; il obtient 95 voies en ST contre 50 pour l’UET. En SHS il comptabilise 844 voies, il est de nouveau suivi par APIEM qui obtient 495 voies, vient ensuite l’UET (349 voies) et enfin Solidaires (221 voies). Au total l’UNEF obtient 7 sièges, APIEM en compte 4, l’UET totalise 3 sièges et Solidaires en occupera 2.


Journal Rencontre avec les têtes de liste de l’UNEF, Angela Lopez et d’APIEM, Hugues Raynaud : Un syndicat et une association L’UNEF est un syndicat et non pas une association, il considère ainsi que l’action dans les conseils n’est pas la seule qui doit être menée et que des actions parallèles sont aussi nécessaires (comme faire signer des pétitions, etc.). Tout en menant des actions spécifiques au campus de l’UT2J, l’UNEF a vocation a avoir une cohérence nationale, il défend des valeurs identiques dans différents campus, il est actuellement engagé dans la lutte contre la loi travail, dont il demande le retrait total. APIEM est une association locale fondée en 2013. Son fondateur, nous explique Hugues, son actuel président, « est parti d’un postula simple, il estimait que la vision des syndicats dans les conseils était une vision et qu’il y en avait d’autres » ; APIEM se définit donc comme une liste indépendante et locale, une approche dont le champs d’action est limité avec des compétences liées à l’université du Mirail.

nir un statut spécifique, Angela rappelle que le Mirail est une des dernières facs où ce statut n’existe pas. La seconde priorité concerne les modalités d’évaluation, il ne s’agit pas d’uniformiser les examens mais d’avoir des règles communes, sur le contrôle continu notamment, afin de donner la même chance à tous les étudiants de progresser ; en effet d’une filière à l’autre le contrôle continu peut signifier 4 devoirs à rendre ou simplement un examen la dernière semaine du semestre… La bataille budgétaire enfin est le troisième pan des priorités de l’UNEF qui adopte à ce sujet une démarche offensive contre la « casse du service public » à l’oeuvre au sein de l’université ; en votant la plupart du temps contre les budget proposés l’UNEF espère recevoir de meilleures propositions et voir la somme allouée à notre université augmenter.

Politique, apolitique, politisé ? APIEM se revendique apolitique, chaque membre peut avoir ses idées mais cela ne doit pas se sentir dans les décisions ; Hugues reconnaît cependant qu’en siégeant dans les différents conseils l’association est obligée de prendre des décisions politiques, mais elle n’est pas politisée. Angela de l’UNEF va dans le même sens mais en distinguant politique de partisan, « l’UNEF n’est pas le relais d’un parti » explique-telle. Elle ajoute cependant ne pas comprendre qu’on puisse se définir comme apolitique puisque toutes les décisions à prendre sont politiques : « favoriser la filière socio plutôt que lettres, c’est une question politique ».

Travailler ensemble ? Interrogés sur leur méthodes de fonctionnement entre représentants issus de différentes listes Hugues et Angela me font à peu près la même réponse : sur les sujets qui les rassemblent ils travailleront ensemble mais sur d’autres points des divergences peuvent apparaître. Angela explique que le travail se fait « sur la base de positions communes » et que si les différents groupes ne sont pas d’accord « on ne se forcera pas au nom d’une unité des représentants étudiants », de la même façon Hugues remarque que « si les étudiants veulent faire bloc, ils peuvent avoir du poids, mais ça dépend des sujets, et de la présence... » Sans que cela soit clairement dit par aucun des deux partis on comprend que l’UNEF aura plus de facilité à travailler avec l’UET ou Solidaires qu’avec APIEM, même s’ils devraient se retrouver sur certains points comme la question des étudiants salariés.

Les priorités Les priorités d’APIEM concernent d’abord la vie sur le campus avec la question des rythmes universitaires : améliorer les conditions de la pause méridienne en désengorgeant les files d’attentes (par des sorties de cours décalées entre les filières par exemple), casser les blocs de 4h de cours afin de permettre entre autres aux étudiants qui travaillent de mieux répartir leurs cours. APIEM souhaite également améliorer l’accueil des étudiants à la fac en ouvrant les dispositif d’accueils en début d’année à tous les nouveaux arrivants, Erasmus y compris, et pas seulement aux premières années. Sur le plan social la question des jobs étudiants pose un double défi : les améliorer quantitativement (augmentation du nombre de postes dans les BU en faisant participer l’université au Plan National Pour la Vie Etudiante qui permettrait de recevoir des subventions) et améliorer qualitativement la condition des étudiants salariés de l’université. Sur ce second point APIEM rejoint l’UNEF : tous deux dénoncent l’absence de contrat de travail des étudiants, les fiches de paies manquantes et le retards dans les salaires. La priorité de l’UNEF concerne les étudiants salariés et cherche à leur obte-

A propos de l’élection du nouveau président Début mai le CA devra voter pour le nouveau président de l’Université, quels critères vont déterminer le choix des représentants étudiants ? APIEM favorisera un président avec lequel « on partage au maximum une vision commune de l’université », une personne qui soit un partenaire « avec lequel on peut aussi être en désaccord » mais avec qui on peut discuter de tous les problèmes et qui soit attentif à la vie étudiante. Pour faire ce choix l’UNEF va s’intéresser au projet derrière la personne, Angela ajoute que les représentants resteront « lucides sur le fait que de toute façon on adoptera la même démarche quel que soit le président », il faut simplement arriver à voir avec « quel futur président ce sera la plus facile d’obtenir les choses » selon le « devoir d’efficacité » qu’ils se donnent.

L. Graf

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Journal

ONG : Organisation Navrante et Gabegie ?

« Bonjour demoiselle hey il fait beau aujourd’hui c’est le moment pour partager un petit brin de causette! Non ? Booon tant pis la prochaine fois j’espère ! ». Ce matin comme tous les matins je passe devant ce garçon d’Action contre la Faim ou cette jeune fille d’Amnesty International, et cela fait bien un an que je ne discute plus. Vous aussi, vous les croisez peut être, coiffés d’un bonnet arc-en-ciel, d’un gilet fluo et parés de leur plus beau sourire. Ils sont sympas, ils expliquent bien, ils connaissent parfaitement leur leçon, on s’y intéresse même les premières fois, puis on dodeline de la tête pour finir par décliner leur proposition de prendre notre RIB. C’est alors qu’ils deviennent moins aimables, plus pressants... je leur ai fait perdre 30 minutes … 30 minutes pendant lesquelles ils auraient pu aller séduire la petite mamie qui sort de chez Desigual avec deux sacs. Arrivé chez moi je culpabilise, je me remémore, comme me l’a dit la bénévole, que nous sommes dans un pays « riche ». Il est vrai qu’une dizaine d’euros par mois ce n’est pas grand chose... Elle a fait de très bonnes comparaisons « tu as réellement besoin de sortir 2 fois par mois ? 10 euros c’est une sortie, voilà, tu vois ce n’est rien, c’est pris sur tes passes temps ». Oui je culpabilise, ils gagnent alors une manche. Chaque week-end je rends visite à une grand mère qui habite seule, elle ne gagne pas beaucoup de retraite, elle doit faire son potager pour être « large » comme elle dit. Elle a perdu son mari, elle n’a pas de famille, et la semaine dernière, elle a oublié de donner à Action contre la Faim : « Ils m’envoient toujours un courrier au début de l’année, cette fois-ci je devais être distraite, j’ai oublié

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de renouveler mon engagement, ils m’ont renvoyé ce courrier ». Je prend la feuille posée sur la table, le ton est agressif, presque menaçant et bien entendu culpabilisant : « Vous n’avez pas donné suite à notre premier courrier.. », « Sachez que durant cette période d’attente, xxx enfants auraient pu être sauvés... », « … seulement avec xxx euros vous auriez pu... ». La mamie est assise et semble très touchée par cette lettre. Je me rend alors compte... Les classes moyennes ne sont en réalité qu’un moyen de pression, les classes les plus humbles et les plus faibles, les retraités qui ne s’en sortent pas, les étudiants à ras qui se permettent tout de même de vivre, etc, nous ne sommes que les acteurs principaux d’une campagne de quête au pécule. Culpabilisation « … sans votre aide, des enfants mourrons... », pression morale et socio-économiques « … les écarts sociaux entre notre pays et le leur est tout à fait différent, il est nécessaire d’aider leur émergence... », déballages de belles vérités en pleine rue « ...Mais votre nouveau pull... il est en option ! Votre soirée pizza, elle peut bien n’avoir lieu qu’une fois de temps en temps ! », sont les poids de fonte des filets lancés par les grandes ONG. Je me suis alors penchée plus précisément sur l’activité et les flux de ces organisations. Je relève certains passages des chartes et bilans disponibles sur les sites de ces dernières (pour peu de temps bien évidement) ; Ils s’avèrent indigestes, articulés comme des codes civils, usant et abusant des syntaxes à rallonge.


Journal Plus de la moitié des fonds (qui représentent pour cette organisation, cette année là, environs 40 000 euros) sont donc réservés au « travail quotidien ». De plus, le « passif » dont parle le bilan, est un fonds de réserve qui représente de même la moitié des dons obtenus. Cette réserve, pour donner une idée, atteint les 40 millions d’euros chez Action contre la Faim. Mais que font-ils donc à l’aide de ces réserves me demanderez-vous ? C’est très simple, la direction élargit son salaire à 10 000 € par mois, parfois plus pour les organisations les plus étendues ; ils répartissent l’argent d’abord en travaux pour de nouveaux bureaux, pour payer leur agents administratifs les plus hauts placés (qui ne se déplacent bien évidemment jamais sur le terrain) cinq ou six fois le SMIC. Des lettres en interne, témoignent de même des failles et des faiblesses des moyens utilisés sur place, dans les pays à aider. Les bénévoles ou agents de terrains sont payés une misère, ils n’ont aucunes aides concrète et rapide de la part de l’organisation, même lorsqu’ils envoient de nombreuses alertes quant à l’absence totale de personnel ou de matériel.

Je dois tout de même dire, que toutes les ONG ne présentent pas ce caractère horripilant très bien dissimulé, toutes les ONG ne sont pas devenues des machines à fric bien huilées qui envoient, du haut de leur tour d’ivoire, des bombes culpabilisantes sur les population précaires. Les dons sont nécessaires, néanmoins, aujourd’hui, même les corps nés par et pour l’humain, ont enflé à en devenir de simples ogres avides d’oseille. Le but premier d’une ONG n’est pas de fructifier et de produire du chiffre d’affaire, c’est une organisation à but non-lucratif. Son but est de donner tout ce qu’elle reçoit de la générosité encore présente sur Terre, donner plus encore, donner du bénévolat, donner pour ceux qui n’ont rien, donner pour une cause juste, s’engager et tendre les bras. Il est nécessaire de s’informer, de lire entre les lignes, de se poser les bonnes questions ! Ne jamais perdre de vue, qu’une organisation dédiée à une cause, c’est une horloge et des écrous, c’est une énergie et des membres, c’est un règlement et un but à atteindre. Il faut aussi impérativement connaître toute les composantes de l’organisation à laquelle on s’allie.

A. Clara

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Journal

Projet et réalité : regards sur le bâtiment Olympe de Gouges. Voilà maintenant plus d’un an que le bâtiment Olympe de Gouges à été inauguré, le moment semble bien venu pour un petit bilan ! On nous annonçait des bâtiments “au design contemporain”avec de nouveaux espaces “flexibles et modulaires” des “nouveaux lieux de vie” permettant à l’université d’apporter d’“excellentes conditions de travail” car “chaque lieu a été pensé pour favoriser la qualité de la formation et de la recherche et le bien être de tous” (les salles de cours par exemple sont ainsi larges et peu profondes afin de rapprocher l’enseignant des étudiants). Le bâtiment tient-il ses promesses ? L’Alouette est allée à la rencontre des étudiants, professeurs et responsables administratifs avec une question simple… Que pensez-vous des nouveaux locaux ? Vu par les étudiants : Clémence : «Ce nouveau bâtiment ressemble à un hôpital. Il est froid et manque cruellement de couleurs ce qui est bien dommage car c’est un bâtiment d’art… De plus, est-ce qu’il sera toujours aussi moderne dans 4 ou 5 ans ? Je le trouve assez...salissant! » Thomas : «Ce qui est drôle c’est ce contraste avec le reste de la fac. Je trouve que tout y est aseptisé et que ce n’est pas en cohérence avec l’image de la fac. Je veux dire par là que ces nouveaux locaux font très scientifique. » Bertille : «Impersonnel ! Je trouve cela vraiment impersonnel. Pour un bâtiment d’arts plastiques il manque de couleur. On ne peut pas décorer à notre goût comme autrefois car les locaux sont loués. Par contre les toilettes sont une révolution ! » Elle rit. «Il faut dire qu’on a toujours du papier et qu’ils sont bien entretenus ». Aurore : «Le confort est une vraie amélioration par rapport à avant. L’agencement est idéal car il laisse entrer la lumière mais on trouve que c’est trop petit. Surtout les foyers ! A 13h00 on n’a même plus de place pour manger. L’autre point positif est que nos salles sont équipées d’un bon matériel. Même si certains professeurs - peut-être un peu vieux jeu - ont eu du mal au début avec tous les nouveaux boutons... » Vu par les enseignants : J.P. Gillot : «A mon avis, la fac a dépensé beaucoup pour pas grand-chose. Les couloirs et les salles sont inadaptés pour le nombre d’élèves. » Myriam : «Il y a un vrai problème avec le nombre de poubelles. Le peu qu’il y en a sont submergées. » Elle se retourne en direction d’une minuscule poubelle débordée par les ordures. «Vous voyez. Il n’y a même pas de tri. Les salles ne sont pas assez bien nettoyées et nous manquons de craie ! » Vu par les responsables administratifs : Catherine : «Les travaux étaient nécessaires. Mon confort a nettement évolué. Nous avons tous désormais un bureau individuel. Ce que nous avions demandé. Le chauffage est vraiment le point fort même s’il se bloque à certains moments… Bémol pour les distributeurs qui sont quant à eux souvent en pannes. »

L. Graf & C. Eckersley (propos recueillis par Claire Eckersley) Les citations sont issues du dossier de presse émis pas l’université en avril 2013.

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Journal

I want to break free Envie de partir, un moment, un instant, un an, de respirer une année pendant ces études que vous aimez, mais auxquelles vous ne voulez pas vous limiter... Pourtant cela fait peur, car dans le système français, les études se font vite, tout droit, pas le temps de se chercher, pas le temps de se trouver ; sauf pour les marginaux ou les baroudeurs de l’extrême. Une année d’hésitation, de tâtonnement, est vue comme une année perdue. Et pourtant, vous en avez envie, de cette année de voyage, de service civique, d’investissement total dans votre projet, de vous occuper de votre famille ou de vous même... Étudiants, libérez-vous ! L’année de césure, c’est possible.

-> L’année de césure est une « expérience personnelle et volontaire, permettant à un étudiant de suspendre temporairement ses études ». Ainsi, depuis juillet 2015, vous n’êtes plus considéré comme un décrocheur, prenant votre césure « à la sauvage » : grâce à la publication d’une circulaire ministérielle*, elle est désormais reconnue et réglementée. Fini les mauvaises stat’ de l’université, les démarches administratives kafkaiennes pour se réinscrire, les problématiques budgétaires... * A présent, vous gardez votre statut d’étudiant pendant l’année de césure ! * • Vous êtes donc toujours en lien avec votre université en tant qu’étudiant, grâce à un conventionnement entre l’université et vous. Aussi, vous conservez tous vos droits : réductions, sécurité sociale, accès aux bibliothèques universitaires... • La circulaire garanti aussi le droit au retour : votre place est assurée dans l’année supérieure à votre retour, même en M2 sélectif. • Autre bonne nouvelle : le droit à la césure est de un an ou un semestre par cycle de formation ! En clair, un an en licence, un autre en master ainsi qu’en doctorat.

• La césure peut se prendre n’importe quand, sauf à la fin du M2 (à cause des problèmes de dérives concernant les stages). Tout est possible, même avant la L1 ; attention tout de même à bien s’inscrire sur APB préalablement, en ayant à l’esprit que la structure reste prioritaire aux néo-bacheliers, que vous ne serez donc plus après une année de césure. • Elle reconnaît de plus l’existence de la césureengagement, par exemple pour du service civique ou du bénévolat. • Un nouveau statut est maintenant créé, pour ce qui était auparavant comptabilisé comme du décrochage. • Le droit à la bourse est lui aussi maintenu, sous réserve d’acceptation par l’université : en effet, un droit à la bourse étant normalement censé aider à financer un année d’étude, vous ne pourrez en utiliser un qu’en prouvant que votre césure est en lien avec vos études. A retenir : –­ Toujours motiver sa demande par une lettre, expliquant le pourquoi et le comment votre projet. Prenez contact avec l’administration : secrétariat de votre UFR, responsable du diplôme, responsable du département, vice-président.e de la Commission de la Formation et de la Vie universitaire (CFVU). Identifiez le meilleur interlocuteur pour lui envoyer votre lettre. – N’oubliez jamais de vous inscrire pour l’année suivante préalablement à la demande de césure. – La césure est un droit mais l’université n’est pas tenue de l’accepter (alors que de nombreuses écoles l’incluent de facto dans le cursus, la rendant obligatoire). De plus, cette demande ministérielle étant un poids administratif supplémentaire, les démarches peuvent devenir compliquées, pour vous comme pour la fac, en tout cas le temps que cela se mette bien en place. En cas de problème, n’hésitez pas à nous contacter ou à contacter Animafac. Vous trouverez plus d’information ainsi que la circulaire en question sur le site Internet www.animafac.net

C. Higounenc * Une circulaire ministérielle n’est pas l’équivalent d’une loi. En tant que demande et non obligation venant du ministère, l’application de la césure relève toujours de la politique interne de l’université.

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Journal Le harcèlement dans les transports, un problème qu’on peut négliger ? En ce début d’année mouvementé, entre la réforme de l’orthographe et les différentes manifestations contre l’état d’urgence et la loi du travail, il y a quelque chose qui est passé presque inaperçu, mais qui n’est pourtant pas anodin. Le Sénat a en effet décidé de supprimer l’amendement 14 sur le harcèlement dans les transports de la loi relative à la sûreté dans les transports. Il prévoyait des mesures telles que des formations contre ce type harcèlement et une sensibilisation sur les violences faites aux femmes. Soudain, le 28 janvier dernier, l’article était supprimé. La colère se fait donc sentir parmi les associations. Les pages Facebook comme « Paye Ta Schnek » ou « Projet Crocodile » y voient un recul flagrant dans la lutte contre le harcèlement. Un harcèlement qui, lui, est loin de reculer : Chaque année, on estime que 84 000 femmes subissent des viols ou tentatives de viols (enquête « Cadre de vie et sécurité » 2010-2015 – INSEE-ONDRP ; Ces chiffres sont des moyennes obtenues à partir des résultats des enquêtes de 2010 à 2015). Ces résultats alarmants ne sont pourtant apparemment pas la priorité du gouvernement. Même si il faut garder en mémoire que la loi est censée protéger les femmes battues, les victimes de viols et victimes de harcèlement, la pilule est dure à avaler. Mais à l’issu d’une lutte importante des associations françaises contre le Sénat, grâce à diverses pétitions, celui-ci revient sur sa décision et réintègre le fameux article 14. Même si pour l’instant c’est le soulagement qui domine, il reste une question : pourquoi l’avoir supprimé en premier lieu? Si sa réintégration est une victoire, il ne faut pas oublier qu’il fut dans un premier temps supprimé car jugé « inutile ». C’est là qu’il faut lutter, élever la voix car NON, le harcèlement, n’est pas un mythe. Et que cet article, non, il n’est pas inutile. L. Dubreuil

Fausse alerte

Note de la rédac’ : Voilà maintenant plus d’un mois que cet article a été programmé en réunion de rédaction, suite à un épisode vécu par un de nos rédacteurs. Mais voilà, à deux semaines de la sortie, ce sujet refait surface sous son jour le plus tragique, et non plus cette fois sous l’aspect de mises en scènes alarmantes mais sans conclusions mortelles… Attention ! Breaking news explosive, laissez-moi vous raconter. Un lundi soir à 20h, des hommes en uniformes bleus et des camionnettes, bloquaient toute la rue Ozenne, du métro Carmes au jardin des plantes. Prise de court dans mon petit confort occidental, j’échange des bribes de mots avec mon environnement immédiat. « Comment ? Un colis suspect ? » Vous voulez dire un colis suspect dans ce petit quartier bobo toulousain où les dédales des rues vous accueillent chaleureusement ? Après avoir analysé le mot « colis suspect » avec tout ce qu’il peut comporter d’abstraction angoissante et vertigineuse, je me résous à attendre que les démineurs s’occupent de « faire sauter » ce danger à une rue de chez moi. Eh oui braves gens, il ne faut pas céder à la psychose mais, il est intéressant de noter que de plus en plus d’alertes à la bombe sont recensées et que les lycées sont les plus touchés. Alors, est-ce l’intensité de l’acte aussi inhumain soit-il qui pousse l’individu à agir ? Le mystère est complet. Certes, « you only live once », mais si « l’homme cessait d’être un loup pour l’homme » , on pourrait songer à se remettre un ptit Prix Nobel de la paix entre deux verres dans un café et vous en conviendrez, c’est quand même plus classe qu’une garde à vue.

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E. Bras


Journal

Nouvelle loi culture : un programme chargé, la liberté avant tout Face au bouleversement médiatique qu’a provoqué l’annonce du projet de loi El Khomri, un autre projet, pourtant intéressant, semble avoir été complètement oublié : la loi « Liberté Création Architecture et Patrimoine » (LCAP). Ce texte actuellement en discussion n’en demeure pas pour autant moins important puisqu’il s’annonce comme le grand projet de loi culturelle du mandat de François Hollande. Cette réforme agit sur de nombreux domaines (trop nombreux?), mais son action principale, ou en tout cas centrale, serait de consacrer pour la première fois la liberté de création dans une loi et non plus simplement comme un principe ou une vérité générale. Le mot « liberté » est dans son nom et c’est sur ce concept que s’ouvre le projet de loi, le premier article indique ainsi sobrement : « la création artistique est libre ». En matière de patrimoine urbain, l’Etat voudrait, entre autres, créer des « cités patrimoniales » ou « cités historiques », le nom n’est encore pas fixé. Elles remplaceraient les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager mais aussi les aires de valorisation du patrimoine. Ces cités seraient gérées par les communes et non plus par l’Etat, ce qui est caractéristique d’une politique déchargeant le gouvernement de cette gestion au profit des institutions locales. À ce sujet, Martin Malvy, président sortant de la région Midi-Pyrénées, estime qu’il faut éviter que l’Etat se décharge totalement de la protection du patrimoine. Au sujet de l’architecture, le projet de loi vise à l’instauration d’un label pour les immeubles de moins de 100 ans afin de protéger et valoriser les bâtiments récents. La loi LCAP a également pour objectif de sécuriser les FRACs (les Fonds Régionaux d’Art Contemporain), en les reconnaissant juridiquement. Ces fonds permettent de constituer un patrimoine culturel récent par l’achat

d’œuvres d’artistes vivants. Du côté des musées, les biens conservés dans un établissement sous label « musée de France » devraient être plus protégés, avec une possibilité d’adresser une mise en demeure au propriétaire. Il s’agit d’un délai à respecter pour faire les travaux nécessaires pour la conservation de l’œuvre, et des sanctions pourraient être prises en cas de non respect. Au niveau des bibliothèques, ce projet devrait aller vers une meilleure accessibilité des livres afin que les personnes possédant une forme de handicap puissent y accéder aisément. Enfin, notons qu’un amendement pesant sur le quota des radios a déjà été voté dans le cadre de cette loi (à (re)découvrir dans le n°1 de l’Alouette). Le projet, lancé sous la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti dès 2012, puis repris par Fleur Pellerin, va désormais être soutenu par Audrey Azoulay. Ces remaniements rendent la tâche d’aboutissement du dossier plus fastidieuse pour la ministre qui arrive dans un projet déjà bien entamé et qu’elle n’aura pas eu l’occasion de le suivre depuis le début ou dans son avancement récent, ce qui lui complique le travail. Le texte apparaît contesté sur certains points, comme au sujet de l’amendement sur les quotas des radios qui avait fait réagir plusieurs stations, qui les voyaient comme « liberticides ». Le projet est malgré tout reconnu par sa volonté de mettre en avant la création artistique, avec la connotation différente qu’il a pris suite aux attentats de Charlie Hebdo et de Paris, Fleur Pellerin exprimait alors son souhait que la France reste « la terre d’accueil » de l’art. *nous remercions monsieur Reneaud pour les renseignements qu’il nous a apporté. C. Burguière

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Élections, Catalogne : l’Espagne dans le flou Les élections générales qui renouvellent tous les quatre ans les deux chambres du parlement espagnol ont été célébrées le 20 décembre dernier. Elles n’ont donné aucune majorité claire à un des partis en lice pour pouvoir accéder à la Moncloa, la résidence du chef du gouvernement. Les résultats ont cependant confirmé la fin du bipartisme, avec la montée de deux jeunes partis politiques, Podemos et Ciudadanos. Pendant ce temps, la Catalogne, après de longs mois d’attente, a élu son président et continue plus que jamais son combat pour l’indépendance.

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La fin de plus de 30 ans de bipartisme

Podemos : “Yes We Can” ibérique

20 décembre 2015 : coup de tonnerre retentissant de l’autre côté des Pyrénées. Les urnes de la Péninsule ont mis fin à un bipartisme jusqu’alors dominé par les deux grandes formations politiques qui, depuis la fin de l’ère franquiste et le début de la démocratie, se partageaient le pouvoir à tour de rôle. Le PP (Partido Popular), et le PSOE (Partido Socialista Español) ont subi un revers historique. Bien qu’arrivés, respectivement, premier avec 28,71% des voix et 123 sièges sur 350 et second avec 22% des voix et 90 sièges, ils accusent de lourdes pertes. Pour le parti au pouvoir, le Partido Popular, ce sont 63 sièges de moins que la précédente législature, et 20 de moins pour l’opposition, soit quelques 8 millions d’électeurs. Aucun parti n’atteint la majorité absolue des 175 sièges, et aucune alliance ne semble pouvoir se nouer entre les différentes couleurs politiques. La possibilité d’un retour aux isoloirs en juin ne semble désormais plus écartée si aucun accord n’est trouvé d’ici quelques semaines.

Les vieux partis n’ont pas pu faire face à la montée des deux jeunes formations politiques qui depuis deux années se sont faites une renommée à l’échelle nationale. Une montée fulgurante due à une grosse crise de confiance de la population envers ses élites, suite aux nombreuses affaires politico-financières de corruption, blanchiment, impliquant de hauts responsables (affaires Barcenas, Gürtel, De La Serna entre autres). Podemos, -Nous Pouvons en français- formation politique de la gauche radicale se définit comme héritier du mouvement des Indignés. Menés par Pablo Iglesias, charismatique universitaire de 37 ans ayant troqué le traditionnel costard cravate pour des tenues plus décontractées, reconnaissable à sa queue de cheval, a fait de la lutte contre la corruption, la fin des expulsions de domiciles et une répartition juste des richesses son cheval de bataille. Avec un chômage de 22,7% de la population, atteignant 45% chez les moins de 25 ans, les résultats - 69 sièges confirment une forte adhésion de la jeunesse espagnole aux idées de Podemos. Déjà aux élections municipales du 24 mai 2015, les deux plus grandes villes d’Espagne, Madrid et Barcelone, étaient tombées aux mains de Podemos et ses alliés, une grande première.


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Ciudadanos : de la Catalogne à l’Espagne Créé en 2006 par un jeune et brillant juriste, Albert Riveira, le parti catalan Ciutatans – Citoyens en français – s’est imposé en 2014 à l’échelle nationale, en même temps que Podemos. En espagnolisant le nom du parti, qui devient Ciudadanos, Albert Riveira veut, lui, rassembler les indignés de la droite. Se réclamant d’un centre droit libéral, il a pu bénéficier de l’afflux de nombreux cadres du Partido Popular lors de la création de son parti. En faveur d’une baisse générale des impôts et de la défense de la classe moyenne, les 40 députés acquis aux dernières élections confirment cette percée et se voient en position de contester le leadership de l’ancienne droite traditionnelle.

Catalogne : l’autre défi de l’Espagne Sujet brûlant durant la campagne des élections générales, les partis politiques espagnols ont affiché leurs différences sur le sujet. Le PSOE, le PP, et Ciudadanos ont clairement fait comprendre que l’Espagne restera une. Podemos, lui, considère que le principe d’autodétermination est à respecter et c’est pour cela qu’en cas d’accès à la présidence du gouvernement Pablo Iglesias pourrait décider de la tenue d’un référendum en Catalogne. Les dernières élections régionales pour élire le Parlement de Catalogne en septembre 2015 ont placé premier les indépendantistes Catalans de Junts pel si –Ensemble pour le oui-, mené par le président sortant de la

droite conservatrice Artur Mas. Mais à la lecture des résultats, la victoire semble mitigée pour ces indépendantistes qui ont pour projet de se séparer d’ici quelques mois du reste de l’Espagne en proclamant la République de Catalogne. En effet, Junts pel Si est une coalition éclectique rassemblant plusieurs mouvances. Créée pour donner une dynamique supplémentaire au mouvement indépendantiste, elle fut aussi l’occasion pour le président sortant de la Generalitat de camoufler la chute de son propre parti, Convergents. Pour ces élections, la balance en termes de voix est néanmoins favorable aux unionistes, ceux qui refusent l’indépendance. La coalition Junts pel si, avec 62 sièges remportés a gagné les élections, mais avait pour cela eu besoin de l’appui d’un parti d’extrême gauche europhobe et indépendantiste, la CUP. Ce dernier, opposé aux réformes d’austérité entreprises par l’ancien exécutif, se refusait à voter son investiture. Il a donc fallu attendre le 10 janvier pour qu’après d’intenses négociations le président sortant retire sa candidature en faveur de Carles Puigdemont, ancien maire de Gérone, qui a ainsi été élu président de la Généralité, avec les voix de l’extrême gauche. Depuis son élection, le nouveau président a bien fait savoir qu’il voulait accélérer le processus indépendantiste et que la Catalogne pourrait déclarer unilatéralement son indépendance. Match indécis et tendu entre Madrid et Barcelone, mais on ne parle pas ici de football.

B. Camviel.

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LE TAXI EST MORT, VIVE LE TAXI (OUI MAIS, 2.0) L’implantation de la multinationale Uber en France a fait débat au cours des derniers mois, entre grèves des taxis, remise en question de la législation du travail, et émergence de nouveaux modèles économiques, on peut se poser la question : Le phénomène d’Ubérisation est il un danger pour l’emploi ou simplement une évolution naturelle de l’économie ? Uber, l’entreprise 2.0 Le concept est simple : mettre à profit les nouvelles technologies pour offrir un service plus rapide, plus efficace et surtout moins cher, en court-circuitant au passage des corps de métier plus conventionnels. Dès ses premiers pas, l’entreprise connaît un succès planétaire, mais au moment de s’implanter en France, elle se heurte à un problème et entre dans une bataille juridique qui durera plusieurs années, notamment en raison de la concurrence déloyale qu’elle représente pour les taxis. Mais si Uber est à l’origine du phénomène et de sa médiatisation, nombreuses sont les entreprises qui fonctionnent sur le même modèle économique : Airbnb, Blablacar,... Toutes ont un système commun : au moyen des nouvelles technologies, mettre en relation des particuliers qui souhaitent échanger des services, et créer ainsi un marché parallèle, généralement moins cher. Néanmoins, comme on a pu le voir dans le cas des taxis, les travailleurs des secteurs concernés voient d’un mauvais œil ces nouvelles entreprises qui fleurissent sur le marché.

L’ «Uberisation», un problème de société ? Si ce n’est pas nécessairement le cas, tout porte à le croire. Depuis les publications anxiogènes, qui prévoient déjà la disparition de nombreux corps de métiers, à la création d’un Observatoire français de l’Ubérisation en octobre dernier, il semblerait que l’Ubérisation fasse peur. Et pour cause, nombreux sont les secteurs menacés : des télécoms à la restauration en passant par l’hôtellerie. Ce phénomène est devenu synonyme de précarisation de l’emploi, et d’une évolution par laquelle toute une génération se sent dépassée. En effet, tous les travailleurs ne sont pas formés aux nouvelles technologies, et le cadre juridique reste, d’autant plus en France, très incertain et source de conflits. Malgré tout, l’Uberisation a ses cotés positifs. En effet, la cible de ces entreprises, soit un public à priori jeune et habitué aux nouvelles technologies, semble le plus souvent satisfait de services de qualité égale voire supérieure à ceux du marché plus conventionnel, mais aussi d’un contact humain, qui est retrouvé dans la relation commerciale de particulier à particulier. Finalement le problème semble être celui d’une évolution rapide dans une société plutôt réfractaire au changement. Une nouvelle économie ? Et si plutôt que de se cacher derrière un concept d’Ubérisation «fourre-tout», nous acceptions que l’économie évolue, et que le marché du travail ne sera pas indéfiniment le même. Ne vaudrait-il mieux pas anticiper la reconversion d’un modèle économique obsolète, plutôt que de s’obstiner à refréner une transformation qui semble inéluctable ?

L. Ennour.

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Journal Sport

Un partiel écrit sur le sport ? « T’as un partiel écrit de foot ? Faut faire quoi, parler comme Ribéry ? » (Extrait d’une conversation entre un individu quelconque et un étudiant blasé.)

Refuser une invitation à une soirée mondaine pour cause de «partiel de [insérez ici un sport de l’Université]», si vous êtes en option qualifiante, c’est vous exposer à une certaine incompréhension de la part de votre interlocuteur. « Quoi ? Comment ? Qu’apprends-je ? Le buffet n’aura pas l’honneur de ta présence parce que tu as un examen sur table avec ton sport ? Mais le yoga ou le basket, ça se pratique, ça ne s’écrit pas. (Tiens, reprends des frites.) » Stop aux idées reçues ! Oui, les étudiants qui ont pris un sport en compétence transversale sont évalués sur l’apprentissage d’un dossier composé par leur professeur et sur leur réflexion personnelle. Il s’agit de voir le sport dans une perspective historique, économique, sociale, à travers des articles et des extraits d’ouvrages critiques. Parler du football, ce n’est pas dire que tel ou tel joueur est le meilleur ou que « ah quand même, gagner des millions pour taper dans un ballon, le monde va mal ma bonne Simone. » C’est apprendre ses origines, son évolution et ses institutions. C’est comprendre sa popularité, son rapport avec le monde qui l’entoure et ses excès. Puis construire son propre point de vue et porter un nouveau regard sur un jeu qui nous berce depuis notre plus tendre enfance. Il en va de même pour les autres sports. Chaque année, des centaines d’étudiants se retrouvent pendant une heure dans un amphi, caressant l’espoir de tomber sur la seule partie du dossier qu’ils ont lu (pour certains il s’agit simplement du titre), pendant que Tata Huguette vous imagine en train de dire que la musculation fait gagner des biceps ou qu’un bon joueur de badminton doit être un fou du volant (oui, Tata Huguette a de l’humour). Écrire sur le sport, c’est donc possible ! A condition de ne pas oublier son stylo lors de l’examen.

D. Thomas

Zoom sur le basket à la fac : Une nouvelle année sportive a débutée pour nos équipes universitaires que nous allons pouvoir suivre avec passion ! Cette saison, notre université engagera cinq équipes masculines de basket dans les championnats académiques régionaux. Le premier semestre a permis d’établir des groupes, grâce à un système de brassage, c’est à dire que des rencontres ont eu lieu afin de classer les équipes en différentes catégories. Seule l’équipe UT2J 1, notre équipe la mieux classée, n’est pas passée par cette étape car elle était déjà qualifiée dans la meilleure catégorie : la super excellence. Elle évolue donc avec les équipes régionales les plus redoutables, et pour le moment ses résultats sont encourageants ! Quant aux catégories inférieures, les équipes 2 et 5 sont en division excellence, mais ne font pas partie de la même poule. La première est pour l’instant en difficulté dans son groupe, tandis que l’UT2J 5 a pris un bon départ qui se traduit par une bonne position au classement et permet d’envisager le reste de la saison avec ambition. En division inférieure, que l’on nomme « honneur », l’équipe 3 de l’université est en difficulté dans la poule 3 mais espère relever la tête et montrer un meilleur visage à l’occasion des prochaines rencontres. Enfin, l’équipe 4 de notre université évolue dans l’unique poule de la division « promotion », où elle réalise un bon championnat. Du coté des équipes féminines, à la différence du championnat masculin il y a seulement trois catégories universitaires, où cinq équipes de l’université sont tout de même engagées. Le premier semestre était destiné à des brassages pour constituer les poules des catégories excellence, honneur et promotion. A l’issue de celui-ci, les meilleures équipes d’ honneur se sont qualifiées pour le championnat d’ excellence, alors que les moins bonnes ont été rétrogradées pour évoluer en promotion. De la même façon, dans la catégorie excellence, les moins bonnes équipes sont descendues en honneur à l’issue de cette première phase. Ainsi, seule l’équipe 1 de l’université évolue dans la poule d’excellence, parmi les meilleures joueuses. Alors que les équipes 2, 3 et 4 jouent dans la catégorie honneur. Enfin, la dernière équipe évolue en promotion et réalise un début de championnat difficile, mais on espère que toutes nos équipes réussiront un beau parcours durant cette saison universitaire de basket ! A noter qu’une victoire rapporte 3 points, un match nul 1 point alors qu’une défaite ne permet pas d’obtenir de point. Les divisions sont organisées en différentes poules, et les équipes d’une même poule s’affrontent pour établir un classement final qui permettra aux meilleures équipes de chaque divisions de se départager.

A. Czaja13


Plumes

Démo de mots. Je me joue des mots ; des mots démodés aux mots des maudits, des mots déments aux mots du Midi, des mots donnant des maux aux mots d'amis. À demi-mot, des mots tabous mis bout à bout, et des boutades. Bouder les mots ou les bouter, debout les mots au débotté. Des mots... Des mots hier, des mots demain, mettre des mots de main de maître, émettre des mots, omettre d'aimer... D'aimer de tout mon être et naître démuni des manies des lettres et l'être mot pour mot. Des mots tôt, des mots tard, des motos, des motards, des gros mots, des grands mots. Aux grands mots les grands remèdes ; qu'on m'aide, qu'on m'aime, c'est le maître-mot. Les moqueurs du mot cœur m'écœurent encore et en chœur. La rancœur rend le cœur morose, mais les mots roses arrosent ma prose encore et en corps. Et les ôter ou zozoter, tous les étés ils étaient là. Les mots passent sans s'arrêter, les mots de passe sont apprêtés, interprétés, mais pas à prêter. Et Maupassant n'était pas sans mot. Les mots passant mémorisés sont la risée des marmots démoralisés. Des mots à lier, des mots doux, des mots alliés, des mots d'où ? De l'Allier ou d'ailleurs. Et d'ailleurs, les délier c'est le meilleur, mais il est l'heure d'y aller. Les mots légers, les jets de mots, les jolis mots... C'est sur ces mots susurrés sans souci que cesse cet essai si simple. Je me joue des mots, c'est le mot de la fin. D. Thomas

Les Plumes, c’est la partie création du journal. Si tu aimes écrire, photographier ou que sais-je encore, envoie le fruit de ton travail et/ou de ton imagination à lalouette.journal@gmail.com avec comme intitulé «Les Plumes». Les publications peuvent se faire sous pseudonyme et tu es libre de proposer ce que tu veux, à condition que tu en sois l’auteur à 100%. Alors n’hésite plus si tu as quelquechose susceptible de faire apparaître des étoiles ou des larmes dans les yeux des lecteurs, envoie-le nous ! - Sarah

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Plumes

LES BRÈVES SUR... … les partiels ! Cette fois, on a décidé de traiter d’un sujet qui vous fait peur, qui vous fait trembler… Les… Partiels ! Qu’ils soient passés, qu’ils arrivent, ou qu’on soit en plein dedans, ils nous angoissent. Alors, on a décidé de vous raconter ce que nous avons vu, ou fait ; pour vous faire rire, ou vous rassurer, ou les deux… Réviser un partiel c’est assez ennuyeux, de manière générale. Disons que ce n’est pas trop-trop l’éclate… Mais quand ton voisin est en deuil de David Bowie et qu’il décide de passer l’intégralité des albums, un dimanche, pendant 4 heures, ça peut devenir rock’n’roll. Puis il y a ceux qui sont tête en l’air. Avoir un partiel ça peut être stressant, mais alors y aller sans sa trousse et sa carte étudiante, ça devient nettement plus angoissant. Mais, le pire, c’est quand un de tes amis te dit « T’es prêt pour le partiel mi semestre de samedi ? » et que tu pensais faire la grasse matinée tout le week-end. Ça, ça fait mal. Mais quand les révisions sont passées, qu’on est prêt (ou pas, mais on s’oblige à y aller) pour ce fameux partiel, on entre dans l’amphi en prenant notre courage à deux mains et se on retrouve noyé dans la foule. Certes, théoriquement il y a la place pour accueillir tout le monde, mais quand on se retrouve entre deux inconnus et que chacun a tout juste la place pour poser sa feuille de brouillon, les choses se compliquent. Alors arrive le moment où on s’installe, où l’on attend patiemment les sujets. Tout le monde parle, tout le monde spécule sur les sujets possibles, mais tout ce qu’on entend sont ces informations si précieuses dont tous semblent être au courant, sauf vous. Des dates, des noms, des termes, des citations… On tente de retenir tout ce que disent nos voisins, qui semblent s’être transformés en Einstein. Finalement, en recevant le sujet, on commence à gratter nos premières idées, et le temps file… Et quand les premières personnes commencent à quitter l’amphi, et claquent les portes comme si c’était le concours du claquage-de-porte-le-plus-violent, rester calme devient un sport de haut niveau. Surtout si tu te trouves près de la porte. Autre problème bien connu dans les partiels : les rangées de chaises. Tu es concentré, t’écris à fond, t’es enfin dans le sujet et tu cartonnes… Puis ton voisin te touche l’épaule parce qu’il veut passer. Alors tu poses tout, soulèves ton manteau, te lèves et perds ton inspiration. Et là, tu as les boules. Mais lorsque tu poses enfin ce point final, que tu te relis (ou pas, par peur de sombrer dans le désespoir), que tu signes et sors de la salle, un énorme poids s’enlève de tes épaules. Une danse de joie, un cri, ou tout simplement un soupir : chacun a sa façon de fêter la fin d’un partiel. La tranquillité revient… Jusqu’au prochain.

Si vous avez vécu de petites aventures et que vous voulez que nous les racontions, envoyez-les à lesbrevessur@gmail.com. Et si vous avez des questions, vous pouvez les poser à Tatie Jeanne, elle vous répondra !

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Plumes

Je voudrais avoir le temps Je voudrais avoir le temps De vivre pleinement Les couleurs et les images De tous ces beaux paysages Je voudrais avoir le temps S’il en est encore temps De partager mes sourires De découvrir l’avenir Sans regarder l’arrière Sans oublier d’être fière De couronner mes amis D’embrasser mes voisins De danser sous la pluie De vous serrer la main Je voudrais avoir le temps De balancer trois notes De trinquer entre potes Balader des voyages Pas toujours être sage Ne jamais oublier De pardonner les tords De changer de chemin Quand la route est pas bien Mais toujours aller loin Je voudrais avoir le temps D’écrire de courts poèmes D’apprécier l’ennui même De rêver mes envies En d’autres compagnies Que les visages sombres Savoir reconnaître l’ombre Qui fait du bien au crâne De lécher le soleil Dont les rayons émanent D’un univers si grand Je voudrais avoir le temps De puiser l’énergie Dans les cultures du monde Poser le pied chaque seconde Sur tous les territoires Et de prendre le temps De toujours y croire Je voudrais avoir le temps De parler l’étranger De comprendre l’autre en face Parfois même m’énerver Parce qu’il fait la grimace Sans oublier pourtant Qu’il faut prendre le temps

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De débattre échanger Sur les oiseaux des îles Les poissons des tropiques Les hommes en exil Les fantasmes idylliques Sans oublier de causer Des enfants qu’on adore De nos petits trésors Qu’on protège en secret Je voudrais avoir le temps De refermer un tiroir Et que dans quelques temps J’ouvrirai un beau soir Et je me souviendrai Du vieux qui balbutiait Une jeune femme en béquilles Des gamines qui sautillent Sur une marelle colorée Et je me souviendrai D’histoires tristes d’autres heureuses Qu’on s’est un jour raconté En guise de berceuse Ou seulement pour parler De la vie en Afrique Celle d’un autre continent Des ailleurs des obliques Des ici et maintenant Je voudrais avoir le temps D’aller à l’aventure Là-bas et tout près En bateau en voiture Et de goûter à la chance D’une existence curieuse Pleine de l’assurance Que je serai heureuse Et que l’humanité Aura trouvé la paix Dans les choses simples du vent Comme dans ses difficultés Et qu’elle prendra le temps D’embrasser ses confrères De se serrer les coudes Pour briser les barrières Qu’ont fermées de pauvres gens Qui n’ont pas eu le temps D’apprendre à écouter A s’aimer à crier A pleurer à chanter

A voir et dessiner D’apprendre à prendre le temps D’enfin en discuter Et qui ont oublié Que toutes les frontières Comme les portes d’une maison Ont des clés pour s’ouvrir Et accueillir leurs frères J’aimerais tant maintenant Pouvoir croire que l’histoire De tous les êtres humains N’a pas vraiment besoin Du sang d’autrui pour boire Et qu’à la saison prochaine Les consciences éveillées Ne rendormiront plus Leur solidarité Et répéteront sans cesse Leurs messages fraternels Pour un monde de paix Au-delà d’une France D’une Europe à outrance Qu’elles réaliseront Qu’on n’a pas de limites Sur cette Terre toute bleue Qu’on aspire aux mêmes mythes On a tous les mêmes yeux J’aimerais tant maintenant Qu’on dépose les armes Que les hommes et les femmes Se dirigent lentement Face à toutes ces bestioles Qui se croient supérieures Et qui tentent avec haine De semer dans nos cœurs La terreur d’une vérole Elles oublient cependant Qu’ensemble on n’a pas peur

Clara NEDYJ-SANCHEZ 22 novembre 2015


Plumes

Je me sens seul... Mon nom à moi, c'est Rudy. Pourquoi ? Ça, je ne le sais pas. Un jour, je me suis réveillé, et elle était là. Qui ? Mais elle, mon amie. Comment je savais qu'elle était mon amie ? Eh bien, à peine éveillé, mes yeux se sont fixés aux siens et je l'ai su. C'est même à ce moment-là que j'ai compris qui j'étais. Depuis ce jour, il me semble que ma vie est comme celle de ces récifs, plongés tour à tour dans l'obscurité et la clarté, selon les volontés d'un phare animé. Mon phare à moi, c'est Lisa. Je ne suis réellement vivant que lorsqu'elle a besoin de moi. Loin d'elle, j'existe moins, j'hiberne. Heureusement, elle joue souvent avec moi, et puis on parle aussi, de ce qui la rend triste ou heureuse. Parfois, on imagine qu'elle est une princesse et moi un prince charmant, et sur un beau destrier blanc, je l'emmène. De temps en temps, on joue dans le parc, mais plus souvent chez elle, dans sa chambre ou à l'abri de la longue nappe qui couvre la table de la salle à manger, loin du regard de tous les autres. Elle et moi, on a pas besoin de parler. C'est comme si nous pensions la même chose en même temps, rien qu'en se regardant, et même pour les histoires les plus compliquées. Le plus dur, c'est de ne pas me faire

voir par les adultes et les autres enfants. Parce que Lisa, elle croit qu'ils voudraient nous séparer, qu'ils ne nous comprendraient pas, seraient jaloux sûrement, et donc méchants, avec moi et avec elle. Alors, je me cache. Je suis super fort à ce jeu-là. Plus de 4 années viennent de s'écouler, belles, joyeuses, pleines de jeux pour arrêter ses pleurs. Mais depuis quelques temps, elle me délaisse. Et quand nous nous voyons, nous ne nous parlons plus comme avant. Parfois, elle gronde, dit qu'elle n'a plus rien à faire avec moi, que je ferais mieux de ne plus venir. Ses parents semblent la surveiller de plus près, et interrompent nos retrouvailles pourtant si aimantes après ses mots si durs. Et puis ses appels s'espacent. Il me semble que je perds de mon essence, voire de ma consistance. Des fois, alors que nous sommes ensemble, il lui arrive de ne plus m'entendre, et d'avoir du mal à sentir la chaleur de ma peau contre la sienne. J'ai peur. Je crois qu'elle ne m'aime plus. Mais qu'est-ce que je vais devenir si elle ne veut plus être mon amie ? Je me sens si vide... je disparais peu à peu... complètement... je me sens seul... tellement...

Yéza.

Tautogramme en S (Un tautogramme est un texte dont tous les mots commencent par la même lettre.)

Se sentant soudain séduisante, silhouette svelte, Sylvie serra son sublime Sébastien sur son sein saillant. Se sachant seuls, soirée secrète, sensuelle, ses sens seront sciemment satisfaits. Son sexe sera sien. Superposant son séant sans souci sur Sébastien, sans soutien-gorge, sans string, Sylvie, si souvent solitaire, souhaitait soulager sa sexualité submergeante. Sylvie stimula ses sens, subodorant sa soirée splendide. Soudain...

« Stop ! » suffoqua Sébastien, sur son siège.

Surprise, Sylvie subsista stoïque. Son sourire sombra subitement. Sébastien serait sceptique sur ses sentiments ? Sylvie suintait, stressée.

« 'suis séropositif » sanglota Sébastien.

Sylvie sourit, serra son Sébastien, soutien sincère. Sébastien sécha ses sanglots. Soirée sans sexe ? Sûrement. Seulement, ses sentiments sont si sensationnels, se séparer serait stupide !

D. Thomas

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Plumes

THE HEARTWARMING TALE OF TOM THUMB Once upon a time, In a land far away A building made of white In a land made of hay. It was too cold to sleep It was too late to weep For the man and the woman waiting by the door, For the anxious parents came many times before Their eyes were so teary And their stares so eerie, Their hands in a clutch And their hearts in a rush. Glaring straight at the hospital door Their minds were crying together "Nevermore!" Their child was taken beyond that door And the two had nothing but God to implore. What a terrible fate! The child was born tiny! A failing heart, even though he was brainy. Tom Thumb had a birth defect ; A child the size of an insect! After hours and hours upon hours waiting A man clad in white came out the door wailing. "It's over" he sighed. It was as they dreaded. Both the man and woman knew where it was headed. For the tiny Tom Thumb Had a cardiac arrest. The doctors decided To put the boy to rest. It was hard for his parents to admit That in fact, they were just fine with it! With no disabled child in tow Both man and woman could finally grow! For the two kept living thereafter Finally... happily ever after!

Gabriel Fernandez.

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Plumes

Un sourire Quelquefois on voit un sourire Bonne raison chaque matin De se lever le soir d’écrire Un sourire si beau le tien Éclatant sur le gris de ville Que toutes les aurores prirent Sous le béton et son empire Qui compriment nos cœurs fragiles un sourire ... Envoûtant cadeau d’une fée Qui rend irréelle la vie Et l’éclaire de la beauté Qu’ont les constellations la nuit Dans les yeux rêveurs de celui Qui n’ayant qu’elles pour abri repeignit ce mur sinon noir d’une myriade d’histoires un sourire... Deux lèvres portant le secret Du bonheur simple d’exister Comme un refuge un jardin Un air joyeux prenant nos mains Qui tout doucement se dépose Dans nos regards sur chaque chose Comme sur l’herbe la rosée Pour le voyageur assoiffé un sourire... Chant en délire et délivrance Comme au croyant le paradis A l’écolier la sonnerie Aux hommes leurs rires d’enfance Nous accompagnant pour rêver Encore un peu sur ce chemin Rendre leurs couleurs aux matins Et simplement pouvoir s’aimer Ton sourire.

Alex.

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Plumes

Burden Ranch. Tu lèves les yeux vers le ciel et tu es frappé d’effroi. Tu considères l’ensemble de la terre et tu frissonnes.

I – L’arrivée. Il y avait, dans les falaises qui délimitaient cette route escarpée du Nevada, un sentiment de liberté, une force qui remontait du sol et qui nous couvrait amicalement de ses ailes protectrices. Cela faisait presque dix ans que je n’avais pas mis le pied à Burden Ranch, cette grande propriété achetée par ma sœur, Annie, et son compagnon, W. Ma sœur avait vécu dans un conte de fée, celui où elle pourrait seule au monde profiter de l’homme qui la protégeait et l’aimait. Aussi, le lendemain de leur mariage, W avait acheté Burden Ranch et lui présentait, peu après, sa nouvelle maison, leur nouvelle maison. J’avais à l’occasion passé quelques mois là-bas, au milieu de l’immensité du désert incandescent pour mettre de l’ordre dans cette ancienne propriété fermière. Il y avait eu beaucoup à faire. Ma sœur avait vécu trois ou quatre années paisibles dans son mariage. W était quelqu’un d’exemplaire : après avoir réussi dans la finance, il avait en réserve plus de rentes qu’il ne lui en fallait pour vivre jusqu’à la fin de ses jours. Il avait acheté la maison, mais il achetait aussi ce qui lui plaisait, et plus que tout, ce qui était susceptible de lui plaire un jour ou deux. Le ranch s’était très vite rempli de ses facéties et Annie n’en était d’ailleurs nullement fâchée, mais semblait au contraire l’encourager dans ses expériences éphémères qui les faisaient voyager sans bouger d’un pouce de leur propre maison. Après ces années insouciantes où W paraissait n’avoir comme souci d’entasser de nouveaux objets, Annie tomba gravement malade.

Saint Augustin Sur le Psaume 145, n°12. Une maladie foudroyante qui laissa toute la famille dans un profond désarroi, et c’est bouche bée, le visage encore inexpressif, que nous nous étions tous rendus à son enterrement. Annie était pour moi partie comme elle était arrivée : de façon brutale et inattendue. Ma petite sœur était morte et rien ne pouvait la faire revivre, mais il me semblait qu’elle n’avait jamais vraiment existé. Elle avait vécu à travers le filtre de l’enfance et de l’innocence et elle était partie sans avoir compris ce que la vie lui réservait. Elle ne lui réservait en fait, précisément rien. W avait passé quelques mois dans l’Ontario, avec sa famille, trop blessé pour retourner immédiatement à Burden Ranch. Quand il le fit, quelques mois plus tard, il s’enferma à l’intérieur et n’en sortit quasiment plus pendant de longues semaines, avant de reparaître en ville, la mine basse et les yeux fatigués. Il ne tiendrait jamais en place, c’était certain. Voilà tout le bien et le mal que je pensais de W. Ce n’était pas un homme volage, mais quelqu’un qui avait sa fortune dans la bourse et les casinos ne pouvait simplement se contenter de vivre seul dans un ranch pour le restant de ses jours. Je m’attendais donc à recevoir très vite une lettre de lui, m’indiquant qu’il avait mis en vente la maison et avait fait la connaissance providentielle d’une magnifique millionnaire à Vegas. Personne, naturellement, ne lui en aurait voulu. J’attendais, mais rien ne vint. Annie reposait tranquillement dans le cimetière, et W reposait à Burden Ranch.

Vous venez de lire le début de la nouvelle qui a gagné le concours organisé par L’Imagin’arium dans le cadre du salon du livre L’Imagina’livre. Vous pouvez la retrouver dans son intégralité sur le site du journal : http://lalouettejournal.wix.com/alouette.

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Plumes

Les Bulles Jet-Lag Je pose pied, au bord du champ de charbon. Mes doigts nus, brûlent sous l’air acide, les paillettes de braise, découpent ma chair. Face aux bourrasques de sang, je retiens ma respiration, en apnée sourde, mes dents se brisent. Les macchabées décharnés et blancs, mordent le bord de mes paupières, gagnent mon paysage tailladé. Mon poumon éclate, s’éparpille par mes côtes, la liqueur oxygénée s’écoule le long de mes flans. Au loin, la carcasse de ses mains s’agite, un éclat m’aveugle, je perd l’équilibre. L’enclume de mon bras me paralyse, stupéfaite, le temps passe sur moi, grignotée par incandescence. L’arôme de sa peau, agrippe mes sens, le miel de ses yeux englue mon corps de noyée. Le pas des monstres, démembre son visage, les Te-Deum chantés par mes songes, attendent ma chute dans l’abîme. Tout à coup la bombe humaine m’éventre, m’égorge, mes organes s’entrechoquent, je crois mourir, les résonances des ondes radio vrillent mes tempes. Ses paumes chaudes et moites posées sur le feu de mes joues, le choc électrique relance mon moteur. Je tousse les grains de sulfure coincés dans ma gorge et inspire la chlorophylle de son haleine. Déjà une éternité passée loin d’elle. Un temps sans fin m’emplissant de vide. Elle n’a pas changé. Sa vision envoi dans mes veines, tous les jasmins et les encens du monde. Ma statue de stuc s’est mise à déborder, les perles précieuses dégringolent de mes cils. La pulpe de ses doigts les rattrape, les étale sous mes cernes. De nouveau entière, je soulève mes chaînes et nous quittons l’aéroport.

Cavalcade C’est un jour de fête : On prépare l’avenir ! Une drôle de quête. Rire, chanter, courir, Sauter, se perdre, aimer... Et puis fuir, crier ! Hé-là ! Attends-moi ! Oublie ce que j’ai dit. Que crois-tu que ce soit ? Une... un... C’est joli ! Et si on attendait ? Ton souffle est coupé.

Yéza.

Chaque mois, L’Alouette vous propose une bulle d’air créative. Je vous propose une contrainte à partir de laquelle vous imaginerez un texte ou une image : Sylvie Germain, dans Éclat de sel, dit : « On ne devrait jamais sortir indemne d’une rencontre, quelle qu’elle soit, ou du moins en sortir inchangé. » Racontez ou illustrez ce que peut être pour vous une rencontre.

CLARA.

Si vous souhaitez être publié-e, il faudra respecter quelques critères : maximum 440 mots pour un texte et 11x7cm pour une image. Votre participation est à envoyer impérativement avant le 15 juin à l’adresse du journal : lalouette.journal@gmail.com et en précisant «Sarah - jeu littéraire» dans le sujet du courriel, votre vrai nom et prénom (obligatoire) ainsi que le nom à publier (si différent). Attention : une seule participation par type (texte et image) chaque mois ! Parmi les propositions reçues dans les temps, seront publiés deux coups de cœur de la rédaction (un dessin et un texte), les autres publications seront tirées au sort. Le texte et l’image ci-dessus répondaient à la contrainte :

Alfred Hitchkock a dit : « La vie, ce n’est pas seulement respirer, c’est avoir le souffle coupé ! » Racontez ou illustrez un épisode où la vie est à couper le souffle !

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Divertissement

Horoscope Lettres, Philosophie et musique + IFMI Fac : L’ent sera en permanence à chaque fois que vous vous rendrez dessus, systématiquement. Amour : Vous vous imaginerez que cette charmante personne qui vous sourit depuis trois jours à chaque fois que vous la croisez a flashé sur vous. La vérité c’est qu’elle était là samedi soir quand vous êtes tombé de la table du Café Pop en chantant beuglant Les Lacs du Connemara, et que cette splendide action lui revient en mémoire à chaque fois qu’elle vous voit.

Histoire, Arts et Archéologie Fac : Absorbé(e) par votre téléphone, vous vous mangerez une des grues du campus en pleine face. Vous pourrez ainsi porter plainte contre la fac qui acceptera de vous valider le semestre avant même que les partiels n’aient commencé. Amour : Vous allez avoir LA révélation du siècle : les phrases d’accroche proposées par le site www. chopercommejamais.trouducul.com ne fonctionnent jamais en réalité. Au contraire, ce sont toujours des blagues d’assez mauvais goût, voire extrêmement beauf, voire carrément immondes. Un mythe s’effondre, je sais…

ISTHIA Fac : Vous aurez toujours d’excellentes notes uniquement dans les matières à très petit coefficient. C’est déjà ça... Amour : Une personne que vous avez brièvement croisée une fois dans la cour du collège et dont vous aviez complètement oublié l’existence va vous trouver sur Facebook et décider que VOUS serez l’amour de sa vie. Un conseil, ne lui répondez jamais. JAMAIS.

Langues, Littératures et Civilisations Étrangères + IPEAT Fac : Un de vos profs déclarera pendant un cour détester les mots « et » et « ou » qu’il trouve « trop faciles d’utilisation » et « trop généralisants ». Par conséquent, il ne voudra plus les voir apparaître dans aucune copie. « Je suis peut-être un peu pointilleux sur le lexique » précisera-t-il. Amour : Vous rencontrerez votre âme-sœur jeudi prochain à 11h27 sur le trottoir en face de chez vous.

Psychologie Fac : A chacun de vos partiels, vous vous retrouverez systématiquement assis(e) à la table bancale, à côté du type qui n’a ni feuille, ni stylo, ni carte étudiante, et qui préfère rester là à taper du pied pendant quatre heures plutôt que de quitter l’épreuve. Amour : Vous avez énormément de succès en ce moment, mais seulement auprès de ceux qui ont deux, voire trois fois votre âge. Après c’est à vous de voir si c’est une bonne ou une mauvaise chose...

Sciences, Espaces, Sociétés Fac : Alors que vous pensiez vous rendre à un cours très enrichissant sur un sujet qui vous passionne, votre professeur préférera utiliser les deux heures dont il dispose pour vous imposer partager son avis sur la météo, sur la mode, sur les chats et surtout sur sa propre vie. Amour : Vous ferez la rencontre d’une personne absolument formidable qui pourrait changer votre vie, mais vous aurez trop bu pour vous en souvenir le lendemain.

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Divertissement Curry de légumes revisité Ingrédients (pour 2 personnes) : 3 petites carottes, 1 courgette, 1 petite ou demi patate douce, 1 oignon, 3 tomates, 1 citron vert, 5 haricots « mange tout », 1 petit poivron, une boîte de lait de coco ou de crème de coco (environ 240 ml), curry et piment moulus (doux ou forts en fonction du goût que l’on recherche), huile (d’olive, de tournesol, ou encore de coco, …), sel, poivre. Matériel : poêle, couvercle, cuillère à café et à soupe, couteau, planche à découper ou assiette. Après avoir lavé tous les légumes, découper en larges rondelles les carottes et la courgette, en dés de taille moyenne la patate douce et les tomates, et en petits dés le poivron et l’oignon. Couper en plusieurs bouts les haricots « mange-tout ». Faire chauffer à feu moyen un peu d’huile dans une poêle ; si vous avez une sauteuse ou un wok c’est l’idéal. Mettre tous les légumes dans la poêle, saler, poivrer, saupoudrer d’une cuillère à café de curry et d’une cuillère à café rase de piment. Verser un fond de verre d’eau pour éviter que les légumes ne collent à la poêle. Ajouter le jus du citron vert. Laisser cuire à couvert et à feu doux en remuant le moins possible pour éviter que les légumes ne se brisent, tout en s’assurant cependant que les légumes ne collent pas à la poêle. Une fois les légumes cuits mais encore craquants, verser le lait de coco. Ajouter un peu de curry. Laisser réduire tout en laissant le couvercle. Une fois le lait de coco diminué, goûter et réassaisonner à votre guise. Vous pouvez le servir tel quel ou avec du riz. Si vous voulez un « vrai » curry fort, il faut remplacer le curry en poudre par une pâte de curry, que vous pouvez trouver dans une épicerie fine. Vous pouvez tout à fait faire cette recette en ajoutant du poulet, de la dinde, un poisson blanc type cabillaud, ou avec d’autres légumes (petits pois, aubergines, haricots verts, pommes de terre, …), ce qui permet d’adapter la recette à la saison et à ce que l’on a dans le frigo. Ce plat est idéal dans le cadre d’un repas avec des amis, pour éviter de passer tout son temps derrière les fourneaux : ici il suffit de tailler les légumes et de laisser mijoter. Bon appétit ! C.Burguière Relie les points pour découvir le schéma scientifique de l’état de ton cerveau en période de partiels :

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WEAC & ASSOCIATIONS Les 7 & 8 février, l’équipe du comité de rédaction de l’Alouette s’est rendue à Limoges pour le Week-End au Campus, organisé par Animafac, (l’association des associations, qui met en relation les étudiants et propose des formations afin de les épauler dans leurs projets) afin de présenter un atelier et de découvrir la vie associative étudiante du grand Sud-Ouest. Il est 16 heures, nous sommes vendredi. On a l’air un peu bêtes, armées de nos sacs à dos, de nos manches à balai, accessoires indispensables pour notre banderole et de nos divers numéros de l’Alouette. En sitting à Borderouge, le groupe se gonfle peu à peu des associations toulousaines. L‘ambiance est détendue, on mange des muffins et on fume des cigarettes en fantasmant sur la mégalopole de Limoges. Comment sera l’hôtel ? Est-ce qu’il y aura des bars ? Comment est la faculté de lettres ? Allons-nous foirer notre atelier ? Et diiiiites, est-ce qu’on pourra faire un karaoké ? L’ensemble est mi-studieux, mi-réunion de groupies à un concert des Beatles. Le bus arrive et nous rencontrons Véronique, notre chauffeuse, somme toute si gentille que je me sens obligée de citer son nom dans cet article. Véro, si tu me lis… Le trajet est assez long, mais nous tuons le temps en musique et en multiples requêtes de pauses pipi. A noter que, chargé d’appel pour l’occasion, le comité de rédaction de l’Alouette aura à l’occasion appris à compter jusqu’à 53 : bravo. Nous arrivons finalement devant la gare de Limoges (vous savez, celle de la publicité Channel 5 avec Audrey Tautou) : l’équipe d’Animafac nous y attends, le sourire aux lèvres, toute prête à en découdre ! Nous marchons vers l’hôtel, un Ibis budget comme on en fait des centaines : distribution des chambres, remerciements, félicitations… La note du week-end est déjà donnée : ce sera convivial et bon enfant. On dépose nos affaires en riant comme des gamines de quinze ans en voyage scolaire, on se fait des bonnes blagues de potache, partageant notre surexcitation avec tous les gens que nous croisons. Que cette information n’empêche aucun de nos rédacteurs de continuer à nous craindre, merci. Et puis on va boire une bière, toutes les bonnes choses commençant avec une bonne bière. Les copains de Radio Mon Mirail nous rejoignent, on essaie de parler atelier et boulot, mais en fait on boit sur-

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tout des coups et on rentre se coucher gentiment. Le lendemain, c’est petit déjeuner à la fac : les choses sérieuses commencent. Nos esprits ne sont plus concentrés que sur une seule chose : réussir notre atelier, canaliser notre énergie, et celle de l’ensemble du groupe, pour proposer quelque chose qui tienne la route. Armées de nos tous nouveaux badges « On gère », nous nous rendons à la réunion d’accueil. Nous écoutons le responsable de la faculté (qui nous a gentiment appris qu’on ne disait pas « sac » ou « sachet » ou « poche » à Limoges, mais bel et bien « pochon »), une envoyée de la mairie (qui a tenté de nous vendre la mégalopole) et le Président d’Animafac au niveau national. Pour les vingt ans d’Animafac, le manifeste anniversaire trône en bas de l’amphithéâtre : je vous invite à aller le lire, il est drôle, et il donne un petit aperçu de ce que peutêtre l’associatif. Le moment tant attendu est enfin arrivé : nous allons présenter un atelier sur le média étudiant : quelle est notre humble utilité ? Comment nous sommes-nous montés ? Dès le départ, l’assemblée est réactive et certains sont venus avec des problématiques précisés à l’esprit. Nous expliquons notre volonté de créer une interface pour et par les étudiants, afin de proposer une vision de l’information alternative à celle des médias traditionnels, mais aussi notre envie de créer une communauté au sein de l’université, de promouvoir les associations et la vie étudiante dans notre ville. RMM nous quitte pour aller enregistrer une émission de radio, et nous restons avec un petit groupe afin de monter notre journal du WEAC « Le pochon des assos », l’ensemble se fait dans la bonne humeur et l’interaction. Satisfaites, nous passons le reste de la journée à parler avec les différentes associations présentes sur le campus afin d’écrire des petites présentations sur notre page Facebook. Nous découvrons alors les différentes formes que prend l’engagement associatif dans le milieu universitaire et au delà, mais surtout ce que cela apporte


Magazine aux différents acteurs de cet engagement. Pour le président d’une association tournée vers la biodiversité de Montpellier l’associatif est avant tout « un bon moyen d’insertion professionnel » car il lui permet de « rencontrer des chercheurs et de se faire des contacts ». Dans la file d’attente pour le déjeuner, les membres d’une association de théâtre nous parle de « rencontres humaines enrichissantes et d’une nouvelle façon de se découvrir soi-même au sein d’un groupe ». En fin de journée, nous apprenons à faire des ceintures avec des pneus de vélo, riant ensemble de cette situation quelque peu incongrue : « qu’est ce que l’Alouette ne nous aura pas fait faire ! ». L’occasion pour nous de discuter avec une jeune parisienne qui partage avec nous sa joie de découvrir l’étendue de la vie associative grâce à ce Week-End Au Campus. Toutes gonflées de cette première journée, nous filons à l’hôtel nous rafraîchir puis nous rejoignons le centre ville pour un repas, et le fameux blind test d’Animafac. L’Aroumette (savant mélange de l’Alouette et de RMM) constitue joyeusement une équipe. L’ambiance est survoltée, les noms de séries volent dans les airs et nous sirotons notre bière en admirant un membre de la radio rafler environ tous les points mis en jeu. Même Downton Abbey nous échappe, causant ainsi une vague de déception pour une partie du CR. Cette victoire collective dont nous sommes peu à partager le mérite nous permet d’augmenter notre taux d’alcoolémie autour d’un shooter. Je me permets de faire une petite ellipse temporelle nécessaire à la préservation de la vie privée des différents protagonistes de ce weekend. Le dimanche matin, l’ambiance est déjà au départ. Nous assistons toutefois à un atelier sur l’année de césure, qui a inspiré un des articles du journal en ce mois d’avril. Je vous invite à aller le lire : vous vous sentirez moins en marge vos envies d’aventures et de voyages. L’après-midi, alors qu’une partie de l’équipe travaille aux différents mini-reportages du week-end, l’autre se rend à un atelier intitulé « Ecrire pour être lu ». C’est ainsi que des étudiants d’une association toulousaine

de cinéma nous parle de leur volonté d’ouvrir les étudiants aux classiques cinématographiques, desquels ils ont entendu parlé mais vers lesquels ils ne se dirigent pas forcément naturellement. Du côté de l’atelier, l’ambiance est aussi à la rencontre humaine. Deux rédacteurs du BONDY BLOG nous parlent du média participatif, en l’occurence au sein des banlieues, qui donnent la parole à ceux qui y évoluent et expérimentent cet environnement au quotidien. L’un des participants développe une réflexion sur le partage de la scène médiatique : un système « dominant » financé par les multinationales ou l’information est relayée par des journalistes professionnels, qui peuvent vivre de leur écriture, et un système sousjacent, très peu financé donc hors des systèmes de direction de la pensée, mais au sein duquel les acteurs ne peuvent s’enrichir suffisamment pour subvenir à leur besoin. Il demande alors aux intervenants comment ils peuvent ressentir ce que sera le média de demain. Ils n’en savent rien, mais ils pensent que les deux systèmes ne s’excluent pas entre eux, et que le métier de journaliste, comme celui de politique, ne devrait pas exister. « J’ai un boulot de fonctionnaire, je gagne ma vie dans le « système » mais je continuerai d’écrire des articles toute ma vie, en parallèle de ma profession : c’est ma façon à moi de militer. » Utopie humaniste ou militantisme aguerri ? Je vous laisse seuls juges. Quoi qu’il en soit, ce Week-End Au Campus a été pour nous toutes riche de rencontres et d’enseignement sur les différentes manières de penser l’associatif. Aussi petites soient-elles, les associations étudiantes tentent de défendre leurs idéaux et leurs passions, travaillent avec leurs petites armes à voir le Monde, à le comprendre, et à en façonner une petite parcelle à leur image.

L. Doudoux

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Portrait Mehdi BOUBAKER Il fait froid ce mercredi matin. Les lambeaux de brouillard bouchent ma vue, je souffle sur le café bouillant qui embue mes lunettes, et entend 8h sonner. J’aperçois au loin Medhi, le responsable de la Maison des Initiatives Étudiantes. Il me reconnaît, nous prenons place dans la salle de réunion chaude et confortable de la MIE. C’est un lieu d’effusions, de culture et d’échanges pour les étudiants. En étant étudiant dans le supérieur, on a besoin de personnages clés qui font rouler la fac, tu fais partie de ces personnes, tu peux nous dire quoi sur ton rôle ? Moi je m’occupe du pôle d’association des initiatives étudiantes, j’en suis le gestionnaire, le responsable. Nous sommes l’intermédiaire entre l’administration et les associations étudiantes, ou les étudiants qui veulent monter leur projet. On est vraiment un relais de la vie étudiante au sein de l’université. Par exemple, l’Alouette qui a mis en place ce projet de journal, on a aidé à ce qu’ils aient leur fond FSDIE. On peut donc leur permettre de trouver des fonds, de trouver des locaux, des salles, parfois se porter garants, auprès des services financiers, des services de communication... Parfois auprès d’autres associations.

S’impliquer ça permet à l’étudiant d’avoir une motivation supplémentaire, on a une envie de réussir en plus, ça donne une vraie dynamique.

Donc si on veut ouvrir une association à la fac, c’est ici qu’il faut venir ?

Vous vous occupez d’associations mais aussi de projets culturels en tout genre ?

Exactement on leur explique tout, on donne même un petit livret, il faut savoir qu’il existe des règles précises pour monter une association, il y a des règles d’après la loi 1901, mais à la Fac, sur notre campus, il y a des règles bien spécifiques. Il existe vraiment des associations pour tout ! Après lorsqu’il y a beaucoup de demande, il y a un peu d’attente c’est normal. Il faut aussi faire attention à la charte à respecter : la laïcité, le respect du statut de l’université, les critères de subventions, etc. On est très ouvert mais on accepte pas n’importe quoi. On a eu des projets vraiment originaux et propres à chacun, par exemple des tournois de carte Magic.

Oui c’est exact. On est avant tout un lieu pour les étudiants. On a trois espaces, une salle de réunion qui peut servir d’atelier d’écriture, de poésie... On a un pôle de représentation, pour des expos, des répétitions théâtrales, des démonstrations. Il y a beaucoup de choses, du cinéma, des ateliers jeux vidéos aussi !

Vous avez une passion ? Vous pouvez la partager et la développer ici ! Un étudiant isolé à moins de chance de réussir si il n’est pas intégré. Trouver de l’aide et pouvoir porter des projets, avoir un but autre que les cours, c’est vraiment un point important dans la scolarité !

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Sur le plan personnel travailler sur ce genre de projets ça apporte quoi ? Sur le plan personnel ? C’est vraiment super enrichissant, porter un projet, permettre aux étudiants de développer une idée, une envie, une passion, etc, c’est un vrai enrichissement. Je suis vraiment heureux par exemple à chaque fois qu’il y a des représentations d’Univers Scène. Le plus important c’est voir l’aboutissement d’un projet.


Magazine Au niveau central tu travailles avec combien de personnes ? Une journée, ou une semaine typique c’est quoi ? Au niveau central je suis seul responsable, ensuite je suis aidé par deux vacataires, qui sont indispensables et qui m’aident dans mes tâches quotidiennes. Je suis aussi aidé par un viceprésident, qui a son bureau juste à côté du mien, il est un relais au niveau des décisions administratives, pour une autorisation un peu particulière, etc.. Il faut s’adresser à lui. Quand il y a des commissions FSDIE à faire passer c’est assez chargé. Le fond FSDIE c’est un fond réservé aux projets étudiants. Mon rôle c’est de faire des synthèses des projets afin de les présenter au jury pour pouvoir leur octroyer les fonds. On s’occupe aussi des journées d’intégrations, qui nous prennent entre deux et trois mois, de la communication, des UE d’ouverture, de la citoyenneté, je crois que c’est tout... enfin c’est déjà pas mal ! [rire] On est toujours en lien avec les autres associations, par

exemple Animafac qui sont spécialisés dans divers projets. Nos souhaits futurs c’est d’être encore plus visible, parfois un étudiant n’arrive pas à mener à bien son projet car il ne nous connaît pas. Je remercie chaleureusement Mehdi, aussi sympathique qu’impliqué dans la vie étudiante et l’abandonne à son emploi du temps surchargé. Désormais vous aussi, passionnés d’origami, vous pouvez organiser des ateliers afin de partager votre savoir-faire ! Toi aussi mélomane tu peux, tous les mercredis, ou lorsque tu le souhaites, réunir les pianistes et autres jazzmen de la Fac afin de faire un boeuf tous ensemble. Vous aussi danseuses du ventre ou chanteurs de yodel, vous pouvez trouver un endroit ou répéter et même organiser des représentations. Alors... quel nouveau projet, quelle nouvelle association verra le jour au sein de notre Mirail ? A vous de vous exprimer ! A. Clara.

A la rencontre d’un étudiant Un après-midi en semaine, assis à la terrasse du McCafé d’Esquirol, je retrouve Anissa qui fut ma grande amie en classes littéraires au lycée Marcel Pagnol à Marseille. «L’orientation après le bac c’est un coup de poker», après avoir hésité entre des études de Lettres ou de Droit, elle décide de miser sur la Psychologie en premier choix sur Admission Post Bac. C’était il y a bientôt six ans. Elle espérait comprendre le fonctionnement du cerveau, la construction de la personnalité, elle se sentait très emphatique, avait l’habitude d’aider, de conseiller son entourage. Bien que relativement prévenue de la place de la science en Psychologie, elle n’était pas préparée à toutes ces heures de neurologie, de biologie, de statistique, «heureusement qu’il y avait la clinique où il y avait une part de subjectivité et de réflexion, surtout en psychanalyse». Elle tient le coup, se passionne pour certains sujets, fait difficilement face aux exigences et aux semaines surchargées de sa licence à Aix-en-Provence, l’année de L3, où est demandée la rédaction d’un mémoire, est particulièrement éprouvante. Mais les profs sont là pour soutenir, encourager, accompagner les étudiants, certains d’entre eux se laissent même surnommer « tonton». Une fois sa licence obtenue, elle décide d’intégrer le Master 1 de psychologie Interculturelle proposé au Mirail. C’est la première fois qu’elle vit loin du domicile familial. Elle découvre le «grand village» Toulouse, une ville plus «propre» que Mar-

seille où les passagers disent «merci, au revoir» au chauffeur en descendant du bus. Elle met les pieds au Mirail : «c’est incroyable cette fac», Iriz, Izzly, les «salles à côté des stades, perdues», l’administration, les blocus, les plantations etc. la désorientent, la désespèrent et la font rire. Et dans sa classe de Master règne selon elle, entre la cinquantaine d’étudiants présents, un esprit «bizarre» de compétition, de concurrence. Les profs, eux, sont «distants, froids, pas attentifs, démotivants», les cours trop basiques, les heures trop peu nombreuses. Ce n’est pas faute d’avoir démarché, mais elle ne trouve pas de stage, «c’est bouché en psycho», elle se voit donc forcée de redoubler sa première année de Master 1. Elle entend, malgré tout, écrire un mémoire sur la relation à l’éducation et à la sexualité de jeunes filles issues de l’immigration maghrébine. En attendant, «elle subit les cours», elle «se force à venir pour ne pas être déscolarisé totalement «. Elle se dit qu’il n’y a «pas moyen de changer de classe sociale», que «tu es pauvre, tu restes pauvre», et que ses études ne lui serviront qu’à son épanouissement personnel. Et avec son amie et colocataire en Cité U, Soraya, qui a suivi un chemin presque identique, entre les cinq prières, les insomnies, les séries américaines, le manque d’argent, les recherches infructueuses de job, les plan B, C et D pour s’en sortir et s’épanouir en dehors de la fac, elle résiste à l’inertie.

Y. Hermant.

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Imaginaire, quand tu nous tiens Gaëlle : Quand on aime la fantasy et la

science-fiction, un salon du livre sur l'imaginaire, c'est un peu comme une poule qui pondrait les oeufs d'or de notre imagination : ce que l' on pensait n'être qu'un rêve devient réalité, et une fois qu'on y est, on y reste ! Bienvenue donc à l'Imagina'livre, projet de l'association étudiante du Mirail l'Imagina'rium, salon qui s'est tenu le vendredi 19 et samedi 20 février 2016 dans le bâtiment de l'Arche à l'entrée de notre fière université. Entre les éditeurs, les libraires, les auteurs, et les dessinateurs, c'est parti pour un petit tour d’horizon. Sarah : Dans mon cas, l'univers de la fantasy ou de l'imaginaire en général ne m'est pas spécialement familier. C'est donc en tant que non-initiée que je me suis rendue à L'Imagina'livre et l'expérience fut finalement plus enrichissante que je ne le pensais.

Les chevaliers de la table ronde G : Non, on ne parle pas ici du roi Arthur et de sa clique de super guerriers, mais plutôt des courageux experts du livre et de la fantasy qui ont accepté de répondre à nos questions, nous, petits passionnés en quête de connaissance, lors de différentes tables rondes. Je suis allée à celles du vendredi, toutes marquantes chacune à leur manière. Ce genre de conférences est un puits de savoir pour l'amateur curieux et intéressé. S : Entendre des éditeurs, auteurs et libraires parler ensemble de leurs métiers permet d'aborder la conception du livre étape par étape, et sous toutes ses facettes. Il n'était pas seulement question d'imaginaire, il s'agissait de parler de littérature, de création, de réalisation concrète d'un bouquin. Et surtout, cela amène à un constat extrêmement rassurant : qu'elles soient éditeurs, libraires ou écrivains, les personnes qui travaillent autour du livre font avant tout un travail humain, et, pour la plupart en tout cas, c'est une des facettes de leur métiers qu'ils chérissent le plus.

Un temple dédié aux créateurs G : Mais les tables rondes ne suffisent pas. Un salon n'est pas un salon sans ses éternels stands, promesses de monts et merveilles, cavernes dont chaque livre ou illustration est un trésor. Qui dit stands dit auteurs, qui dit auteurs dit dédicaces. Et quelle joie de voir son nom écrit sur son livre, agrémenté d'un mot gentil et d'une élégante signature, qui nous rend fier d'avoir un livre unique, notre

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livre. Ou, parce que nous sommes tout de même étudiants et que notre dépense atteint vite sa limite, simplement discuter avec l'auteur, pour partager, s'émerveiller, et apprendre. Un univers injustement déprécié S : Le monde de l'Imaginaire, surtout en

France, est considéré par beaucoup de personnes comme un sous-genre littéraire, ou, autrement dit, de la littérature de gare. Moi-même je me suis rendue compte que mon opinion sur ce type de littérature était assez injuste : sans vraiment m'en rendre compte je la catégorisais comme de la littérature jeunesse ou adolescente, et donc je considérais qu'elle avait assez peu d’intérêt pour la jeune femme de 20 que je suis. En discutant avec quelques auteurs de cet univers, j'ai réalisé que certains d'entre eux évoquaient dans leurs mondes imaginaires des thématiques qui touchent tous les âges, basées parfois sur de longues recherches autour des différents mythes qui sont considérés comme fondateurs de notre culture et de notre littérature toute entière.

Et finalement.. G : Mais ce n'est pas tout. En plus de ses

tables rondes et de ses stands, il y avait aussi des expositions d'illustrateurs de talents. Il y avait aussi un concours de nouvelles sur le thème « L'ombre grandit ». Il y avait également une initiation aux jeux de rôles. Parce qu'un salon, c'est tout cela, et même plus encore. Car ce « tout cela » ne serait pas grand-chose sans les gens qui l'animent, sans cette passion propice aux rencontres, sans cet élan qui rend possibles les projets les plus fous. Un salon, ce sont des liens qui se tissent, éphémères ou non. Et il me semble qu'on aurait tort de l'oublier car, au fond, c'est quand même ça qui reste le plus important. S : Finalement, j'ai pris conscience du fait que le monde de l'imaginaire faisait partie intégrante de notre culture à tous sans forcément qu'on s'en rende compte. Discuter avec des auteurs, même si ce n'étaient pas ceux que je lis d'habitude, a été très intéressant et enrichissant. Alors si vous avez l'occasion de rencontrer dans des salons ou autres ces personnes qui vivent de création, saisissez-là: je pense qu'on est rarement déçu.

S. Bégué & G. Audouy.


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Toilettes de la fac : zone d’expression libre Les toilettes de l’UT2J regorgent de graffitis, au détour d’une porte, des messages de tout ordre viennent nous tomber au coin de l’œil, de quoi s’occuper le cerveau assis sur le trône. Il est possible de s’extasier devant de vibrants messages de tolérance ou de capter le sentiment de haine et de colère de l’individu qui, armé de son stylo, écrit des messages racistes, fascistes, réactionnaires, sexistes et j’en passe. Au cours de mon périple dans les toilettes de la fac j’ai pris conscience qu’il y a dans les graffitis tout un art, il ne manquait plus que des petits fours pour clôturer ma déambulation du White Cube. Puis, je me suis demandée si les toilettes étaient une vraie tribune d’expression politique appelant au débat ou bien un défouloir où l’on déverse sa haine de manière anonyme dans un 2m carré que l’on peut fermer à clé. Ici, le message semble clair, on a à faire à des nostalgiques de la « vraie liberté d’expression », c’est à se demander où sont passés les vrais mirailleux. Vous en conviendrez, les mots en fac de Lettres et Sciences Humaines, restent bien une chose sur laquelle on peut compter. Alors, à vos stylos ! A ce propos, poésie et philosophie viennent s’unir dans des punchlines à vous dessiner un joli sourire béat sur le visage, ces phrases sont d’un optimisme sans borne ou bien ce sont seulement des mots clés jetés par-ci par-là qui viennent se poser à coup de marqueur sur les murs, le rouge et le noir se mêlant pour devenir les couleurs de la passion, de la prise de conscience, du refus de coopérer avec la société actuelle. Puis, il y a la dure réalité des messages, le rouge et le noir c’est aussi la violence des mots. Alors, à vous de juger de la validité de ces graffitis car le langage est souvent le commencement et la finalité de toutes choses.

E. Bras.

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Tatie Jeanne Je suis dans une situation où je dois faire un choix d’orientation qui sera déterminant pour mon avenir. Beaucoup de possibilités s’offrent à moi et je n’arrive pas à faire un choix. Certains me conseillent de choisir la sécurité, d’autres la facilité, d’autres ce qui me fait envie. Comment choisir ? Que dois-je prendre en compte en priorité ?

Alors écoute ce que les autres ont à dire, mais ne fait jamais passer ce qu’ils sont et ce qu’ils projettent en toi ou en ton soi-disant potentiel avant ce que tu es et ce que tu as envie de faire. Parfois, avoir le choix c’est pire que tout : chaque décision éventuelle t’apparaît comme un potentiel échec et surtout comme la privation de tout ce qui a l’air super dans les autres possibilités qui s’offrent à toi. L’orientation est une question très délicate en plus de ça : comme tu le dis, elle est déterminante, au moins pour les quelques années à venir, si ce n’est pour toute ta vie. Je vais essayer de t’aider à démêler ce noeud que tu as dans la tête, peut-être les choses te paraîtront-elles moins compliquées au final … La première chose que tu dois garder en tête TOUT LE TEMPS quand tu es dans ce genre de situation, c’est que l’avis des autres a finalement assez peu d’importance. Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut écouter personne. Bien évidemment tous les conseils et tous les points de vue sont bons à entendre, surtout s’ils diffèrent du tien. Mais qu’il s’agisse de tes parents, de ta famille en général, de tes amis les plus proches, de tes profs, de ta conseillère d’orientation, de ta moitié ou de ton hamster-nain, personne ne sait mieux que toi ce que tu dois choisir pour ton avenir. Maman et Papa ont certes plus d’expérience que toi dans la vie, ta prof de littérature péruvienne a peut-être vu passer ‘’une ribambelle de jeunes comme toi’’ comme elle aime si bien le dire, mais ni tes parents ni Mme Dubois ne vivront pour toi les conséquences des décisions que tu as prises. On peut être docteur en physique, en histoire, en psychologie mais pas en orientation. Personne ne détient la science infuse du bon choix de vie.

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Voilà qui m’amène à la deuxième chose qui me semble primordiale au moment des grands choix d’orientation. Je sais que les avis sont très partagés à ce sujet donc je précise qu’il ne s’agit ici que de mon opinion. Tu dois faire passer tes envies avant tout le reste. L’argent c’est bien quand on en a, mais je connais des gens qui aujourd’hui gagnent énormément d’argent tous les mois grâce à un boulot « sécurisant » et qui regrettent le temps où ils parcouraient l’Australie dans un van tout pourri avec seulement deux slips et quelques aborigènes comme seuls amis. Je pense sincèrement que faire passer le confort avant ce que tu souhaites n’est pas du tout la meilleure option. Aussi cliché que ça paraisse : on n’a qu’une vie bordel, une seule chance de réaliser tous ces rêves fous que tu as dans la tête. Je ne suis pas en train de te dire de tout lâcher pour aller vivre sous un pont, mais entre ça et choisir une vie confortable mais qui t’ennuie terriblement, prendre un petit risque de temps en temps me semble un bon compromis. Après, si justement ton rêve dans la vie c’est d’être plein aux as, alors vas-y, moi je ne juge pas. Oui, parce qu’au passage, même si on est dans une société qui te pousse à le croire, sache qu’aucun projet, qu’aucune envie ni qu’aucun choix d’orientation n’est moins bien qu’un autre. Le meilleur choix à faire est celui qui te plaît le plus, celui qui, quand tu le fais, te fais te dire : « au moins je n’aurais pas de regrets ». Tout ira bien.

Tatie Jeanne.

Envoie tes questions sur la fac, la vie, l’amour, ton hamster à lalouette.journal@gmail.com (c’est anonyme), et Tatie Jeanne tentera d’y répondre le mieux possible !


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Lou Darau Au mois de mai, si tout va bien, j’obtiendrai ma licence. J’ai de nouveau l’impression de me retrouver l’année du BAC, face à l’immensité du monde. Mais cette fois c’est différent : l’affutage d’un regard critique et l’apprentissage de la lucidité conduisent inévitablement à changer sa vision des choses. 11 heures 12 : BUC. Je tape ces quelques lignes sur mon ordinateur. Je me demande quel sera finalement le sujet principal de cette nouvelle chronique : la société du profit qui semble me contraindre à ne rien ressentir ? La multiplicité des masters qui me met face aux proverbes les plus rabâchés : « choisir c’est aussi renoncer » ? Ma manière de m’auto-stresser ? Ou alors la difficulté d’accepter les transitions, de se « laisser partir » et du même coup, de « laisser partir » les autres ? 11 heures 40 : RAS. 12 heures 10 : Il y a quelqu’un dans ma vie que j’aime beaucoup, du genre plus qu’un dimanche après-midi au fond du lit avec du chocolat et une bonne série. Je considère que c’est une chance. Mais voilà, Mieuxqu’undimanche(…), il a aussi des inquiétudes, des projets qui recoupent les miens - ou non. Et là, présentement, les projets de Mieux(…) et bien, ils matchent pas avec les miens. Moi je vivrais bien d’amour (1) et d’eau fraiche (2), j’enverrais bien tout valser pour le suivre (3) (j’irai ou tu iras, ouh ouououh, mon pays sera toi) et je me ferais bien entretenir pour le rester de ma vie (4). Mais (1) c’est surfait, (2) si ça continue comme ça, bientôt on aura plus d’eau potable et on va tous mourir, inutile donc de compter là-dessus (3) je suis pas à l’abri de me retrouver seule et triste et seule, sans amour, sans eau fraiche, et sans avenir, (4) des femmes ont brulé leurs soutien-gorges bordel. 12 heures 45 : Bon. Si une chose est bien sure, c’est que tout bad trip en mode « je m’enfuis avec le mec que je connais depuis quatre mois » est exclu. J’empêcherais bien aussi ma compagne de joie depuis trois ans de s’envoler loin (trop loin) de moi à la capitale, qu’on reste là toutes les deux, qu’on achète un food truck et qu’on écume les routes de France, passant ainsi notre vie entière à bouffer (1), à rouler (2), à fumer des pétards (3) et à cracher sur toutes les valeurs capitalistes en vendant des trucs (4). Mais : (1) j’aimerais continuer à rentrer dans du 42, (2) je ne sais même pas faire un créneau avec la voiture en plastique de mon petit cousin, (3) rien, (4) ça se mange et c’est gras alors on nous pardonne ? 13 heures 30 : Il semblerait donc que le sujet de ma chronique tourne finalement autour de mon petit égocentrisme, veuillez m’en excuser, j’ai pas les moyens de me payer un psychologue et ma mère ne me parle plus que de mon gynécologue depuis ma dernière chronique. Mais je suis sure, que vous aussi, vous vous fantasmez des vies parfois : vous auriez peut-être voulu être Benito Mussolini, ou ce mec-là, qui danse dans le métro et qui s’en carre l’oignon que vous le regardiez en riant. 13 heures 51 : Voilà. C’est inquiétant tout ça, ça fait peur un peu. Je fais un pas de plus dans la vie « d’adultes » et vous aussi mes chers compagnons bientôt licenciés. Vous voulez peut-être vous aussi, comme moi, rester un peu là. Juste ne pas bouger. Alors je vous invite à vous imprégner de cette dernière année de licence, à embrasser les gens que vous aimez, à dire à vos parents que non, vous n’avez toujours pas trouvé quel master vous voulez faire et que ça n’avancera pas plus vite s’ils vous le demandent tous les jours. Je vous invite à vous protéger quand vous vous envoyez des petit(e)s con(ne) s (et même des gens cools), parce que j’avais oublié de le dire il y a deux mois et que des MST, j’en souhaite à personne. Et quoi qu’il arrive, master ou non, avec ou sans vos potes, avec ou sans le/la petit(e) con(ne) avec qui vous couchez régulièrement, avec ou sans MST, je suis sure que ces prochaines années vous réservent des surprises géniales, et que vous deviendrez des gens biens (donc pas Benito Mussolini). J’vous embrasse mes cocos, faut que je file en cours.

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Running Nombreux sont celles et ceux qui ont, après des fêtes ou à l’approche du beau temps, envisagé la reprise du sport pour retrouver la forme. Celle-ci passe souvent par le footing, qui présente l’avantage d’être accessible à tous, sans matériel particulier mis à part une bonne paire de baskets, et surtout qui peut être exercé librement ou en club. Cependant, nombreux sont ceux qui ont l’ambition d’entamer un entraînement régulier de course à pied, mais souvent la motivation disparaît petit à petit et le projet initial ne semble qu’être qu’un lointain souvenir. Cet article, a pour volonté de donner des conseils et astuces pour ceux qui ne parviennent pas à tenir leurs promesses sportives. Tout d’abord, l’entraînement suggère une certaine régularité, il faut donc prêter attention à son matériel. Une bonne paire de basket est nécessaire, il ne faut surtout pas courir avec des chaussures de ville qui vous causeront de véritables douleurs au niveau des articulations et de la voûte plantaire. Il faut également pouvoir évoluer dans de bonnes conditions. A Toulouse, il existe de nombreux endroits aménagés pour aller faire son footing, mais cela reste subjectif, selon les envies des uns et des autres un site peut être idéal ou à éviter. Ainsi, il y a l’incontournable piste aménagée sur les berges du Canal du Midi, qui permet de courir sur une distance allant du centre-ville à Rangueil. Cependant, en raison de sa situation, la piste est très exposé à la pollution, il est donc conseillé d’y faire son sport hors des heures de grand trafic. Dans le même style, les berges de la Garonne sont accessibles pour faire son footing, cependant il est parfois difficile de courir à son rythme en raison de l’affluence qui y règne généralement. Si vous habitez vers le quartier de la Roseraie ou des Argoulets à l’Est de Toulouse, une piste cyclable pratique et plate est disponible pour tous les sportifs. De plus, l’île d’Empalot et son parc du Ramier offre une surface de course satisfaisante mais n’est pas adapté au footing une fois la nuit tombée et le sol est en terre, désagréable par mauvais temps.

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Votre problème n’est peut-être pas la recherche d’un lieu de course, mais plutôt lutter contre le manque de motivation pour ne pas abandonner votre projet dès que le temps n’est pas idéal, ou que la fatigue se fait ressentir. En effet, le début de l’entraînement est souvent compliqué, on n’arrive pas à tenir son programme d’entraînement, repoussant les séances au jour suivant : il faut absolument éviter cela ! La régularité vous permettra rapidement de trouver votre rythme de course, d’habituer vos muscles, et votre footing n’aura plus rien d’une souffrance. Or, cela demande quelques séances de pratique, il faut donc user de patience... Une fois cet état atteint, ne cherchez pas à aller plus vite parce que vous vous sentez mieux. Encore une fois la régularité est le maître-mot, profiter d’être à l’aise à votre rythme durant un certain temps, puis par la suite augmenter votre allure si vous souhaitez progresser. Pour les débutants, l’idéal est de commencer par des sorties brèves de 2 à 3km, à répéter trois fois par semaine sur des surfaces plates. Puis, pour ceux qui ont un niveau intermédiaire, le 5-6 km est une distance correcte, permettant d’améliorer l’endurance mais également de renforcer la musculature au niveau des mollets et quadriceps notamment. Enfin, le premier objectif à atteindre après un long entraînement est l’étape du 10km. Cette dernière demande évidemment d’être à l’aise sur les distances précédentes. Afin de préparer cette distance, il est conseillé de courir trois séances par semaine. Une première de 45 minutes à un rythme régulier, sans forcer, une deuxième consacrée au fractionné : c’est à dire courir vite pendant 30 secondes, puis très doucement 30 secondes et ainsi de suite une dizaine de fois, puis au fil des semaines augmenter cet exercice est passant de 30 secondes à 300

mètres. Cette séance est nécessaire pour progresser dans l’allure et le rythme de course, afin d’habituer le système respiratoire et les muscles à des changements d’allures en pleine course. Enfin, une dernière sortie longue, de 1h15 environ pour l’endurance. Il s’agit là d’un programme pour préparer un 10km. Mais il est rare de pratiquer cette course seulement à l’entraînement. Ainsi, pour se motiver et trouver un sens à la souffrance qu’engendre les entraînements, pour ne pas abandonner vos ambitions, il est important de se fixer des objectifs. De nombreuses courses ont lieu dans le périmètre toulousain à partir du printemps, elles peuvent être une source de motivation, s’entraîner pour une course officielle, puis essayer d’améliorer sa performance sur une autre course par exemple. L’exemple du 10km de Blagnac par exemple qui a lieu chaque année début mars est une course sur une surface relativement plate, ou encore le 10km de Montauban début avril, puis le 10km de Balma en mai et enfin une course très agréable celle de la Corrida pédestre de Toulouse de 10km, début juillet qui s’élance de la place du Capitole et qui fait le tour du centre de la ville rose. A noté que pour la plupart des 10kms, il y a la possibilité de faire une course de seulement 3km. La course à pied est donc un sport accessible à tous, qui permet de s’entretenir physiquement mais aussi de se libérer psychologiquement. De plus, le progrès dans ce sport est possible pour tous à condition de s’entraîner régulièrement, il convient parfaitement aux coureurs du dimanche, aux compétiteurs ou à ceux qui veulent retrouver la forme. Cependant, attention à ne pas oublier l’échauffement et les étirements à chaque séance pour éviter les blessures.

A. Czaja

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Militant de points de vue C’est avec deux sceptiques et une convaincue que nous avons rencontré Sébastien, un étudiant en lettres modernes à la personnalité colorée. Après avoir regardé des films traitant de la condition animale il y a un an et demi, il est immédiatement devenue végane ; depuis son engagement militant au sein d’associations toulousaines comme Mouvement pour la cause animale et Animal Amnistie, il se considère plutôt comme un animaliste, rangeant son combat dans la ligné de l’antiracisme, du féminisme, ect. Il nous explique son récent tatouage « que personne ne comprend » : 269, soit le numéro d’étiquetage d’un veau issu de l’industrie laitière en Israël, symbole de la lutte pour la cause animale. Sébastien et d’autres « végé » montent en ce moment une association à la fac afin d’informer les étudiants sur les conditions de vie et d’abattage des animaux et promouvoir les alternatives possibles. Les abattoirs sont devenus sujet d’actualité depuis la médiatisation des vidéos de l’association L214, montrant des images filmées en caméra cachée dans des abattoirs, dont un certifié bio. Y : Le lion mange la gazelle, la carotte crie, laissez nous tranquilles avec votre mielleuse empathie. Ne contrarions pas le cycle de la vie. Digérons innocemment les cadavres de nos trente millions d’amis C : Tant d’hypocrisie me laisse sans voix. Tu n’en a pas besoin pourtant ton steak a le goût de l’agonie. Chaque seconde, 1900 animaux terrestres sont tués dans les abattoirs avant d’être découpés, parfois vivants, parce que les nuggets, c’est bon. E : Un discours alarmant qui vient émoustiller tes petits intestins mais les chiffres sont là pour provoquer une prise de conscience. Y : Les viandes tombent dans mes assiettes depuis toujours, j’aime les chiens, j’ai pris une girafe en photo, une fois j’ai chuté d’un cheval, les pigeons mangent les frites des trottoirs, la vie suit son cours... C : Ton mode de vie a un impact. Ta nourriture, tes loisirs, tes vêtements ont des conséquences directes sur lesquelles tu choisis de fermer les yeux. Ton ignorance est ta seule excuse. E : Le film Earthling fait de troublants parallèles, les animaux ont des sensations parfois plus développées que celles des hommes, « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Y : C’est extrémiste. C : Notre rapport aux animaux est une question d’éthique, pas de sensiblerie ou de consensus. Peut-être devrions nous essayer de nous poser les bonnes questions. Est-ce mal d’aller au bout de ce que l’on croit juste, les droits de l’homme, l’égalité, la paix, le bien-être animal ? E : A l’aube du XXIe siècle, il faut être absolument moderne, lucide, clairvoyant, visionnaire. Alors certes, manger de la viande est un geste ancestral mais pourquoi le faire perdurer si c’est un non sens ? Y : Et les poules on les fait voter ? C : Il s’agit simplement de respecter leurs besoins fondamentaux : vivre, ne pas souffrir, protéger leurs petits. Les animaux n’ont pas de voix mais leur vie leur appartient. E : Et si l’on songeait à voir les animaux comme autant de communautés qui interagissent entre elles, avec nous et la Terre. L’humanisme c’est bien, mais l’animalisme est peut-être notre futur. C : Alors qu’il est possible de très bien vivre sans produits animaux, la viande, le lait, les œufs, le cuir, la laine, le miel, les cirques animaliers provoquent inévitablement de la souffrance. L’idée d’animaux en liberté dans un champ et mourants heureux est une utopie.

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Végétarisme ; alimentation ne comportant aucune chair animale (viande, poisson, gélatine...) Végétalisme : alimentation sans produits ou sous-produits issus des animaux (chair, lait, œufs, miel). Végane : personne refusant toute forme d’exploitation animale, que ce soit dans l’alimentation, les loisirs, l’habillement, ou encore les tests sur les animaux (vivisection). Spécisme : idée selon laquelle certaines espèces animales sont plus importantes que d’autres. Carnisme : idéologie qui justifie de tuer certains animaux pour les manger.


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Easy Rider ou La liberté à l’état sauvage la « new wave » qui dépasse le cinéma classique dans les années 1960. Il s’agit d’un nouveau courant de jeunes réalisateurs disposant librement du « final cut », c’est à dire du film fini. Ainsi, les réalisateurs de cette époque peuvent désormais s’exprimer librement dans leurs œuvres sans les contraintes imposées par un riche producteur.

« En parler et être libre sont bien deux choses différentes ». Beaucoup cherchent le bonheur, mais certains aspirent pour cela à rester en marge de notre société. Ce ressentiment est idéalisé par Wyatt (Peter Fonda) et Billy (Dennis Hoper), deux motards des années 1960 qui décident de prendre la route pour gagner la Nouvelle-Orléans. Entraînés dans une fabuleuse ivresse d’aventure, de voyage et de liberté, les deux hommes guident leurs bécanes à travers une Amérique lointaine et sauvage. Cette longue chevauchée que l’on peut qualifier de « road movie » nous ouvre les yeux sur une société profondément fracturée. En effet, après nous avoir dévoilé le panorama resplendissant des contrées inhabitées, le film met l’accent sur un monde de normes et de préjugés. De cette Amérique aux mœurs discriminatoires, misogynes et racistes s’oppose l’émergence d’un mouvement de contre-société. Mettant en image la vie et les valeurs de cette communauté marginale, le réalisateur a fait du film un emblème phare pour l’ensemble de la génération hippie. De ce fait, Easy Rider prône une existence hors des normes imposées par la société. Société qui, par le caractère rétrograde de l’époque, met en péril ces « chevelus » libres et différents. Par conséquent, il n’est pas anodin que nos deux compagnons en viennent à rencontrer George Hanson (Jack Nicholson), un avocat travaillant pour la ligue des libertés civiques. Dès lors, si ce véritable message d’humanité nous est adressé, cela est loin d’être sans raison. Il est vrai que les conditions de tournage qui en ont fait un film culte à jamais ont également permis à Easy Rider d’exprimer ses idées sans être limité par les intentions d’un producteur grâce à l’apparition de

De ce fait, Dennis Hoper, le réalisateur (qui joue aussi le rôle de Billy), a pu marquer la naissance d’un Nouvel Hollywood rompant avec les normes imposées dans le cinéma classique. Cette révolution Hollywoodienne, cette liberté totale dans la réalisation, s’est caractérisée par l’apparition de nouvelles techniques cinématographiques présentes dans le film. Par conséquent, on renie le « Code Hays » qui obligeait auparavant à respecter certaines règles de bienséance. Dennis Hoper a montré l’exemple le plus connu de ce rejet dans son film, sachant que l’on assiste à plusieurs scènes exhibant l’usage de drogues, mais aussi la visite d’un bordel par nos deux motards. La petite anecdote qui confirme cette nouvelle liberté d’entreprendre raconte que les nombreuses consommations de Marijuana présentes dans le film n’étaient pas factices, cela rendant le jeu des acteurs d’autant plus intriguant. Également, le plan général utilisé pour filmer le voyage nous offre un paysage digne des plus grands westerns, confirmant ainsi la volonté de faire du Rider un cow-boy des temps modernes. Et cela va sans dire que Peter Fonda, le fils du grand acteur de western Henri Fonda prend cette relève avec un grand talent. On voit également l’apparition de la première Bande Originale pour un film avec le célèbre titre Born to be wild de Steppenwolf, titre qui montre également des influences Rock’n’roll extrêmement fortes. Elles symbolisent le rock de la génération hippie avec If six was nine, l’un des titres les plus connus de Jimi Hendrix ou encore It’s alright ma composé par Bob Dylan. Mais plus encore qu’un symbole du rock’n’roll, Easy Rider est un phénomène social qui met en scène l’émergence d’un véritable clivage dans la société américaine.

N. Colombi.

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De nombreuses chaînes de vulgarisation scientifique fleurissent sur la toile : E-penser, DirtyBiology ou MicMaths sont parmi les plus connues. Cependant, à côté de ces « Tyrannosaurus Youtubus » naissent de petites chaînes au stade fœtal comme Homo Numericus, Science clic ou encore Scientifiste. Je vais m’attarder sur cette dernière. Scientifiste est une chaîne très récente (première vidéo en septembre 2015) et compte à ce jour 6 vidéos pour 1250 abonnés. Biologie, éthologie, astronomie, approche expérimentale ou théorique … si vous recherchez des vidéos claires, accessibles à tous, intéressantes et pertinentes : vous avez trouvé votre bonheur !

Sceptique ? Les thèmes abordés vous feront sûrement changer d’avis : reproduction des araignées, sélection naturelle, introduction à l’observation astronomique… de quoi changer certains préjugés ! De plus, si un thème éveille votre curiosité et que vous souhaitez en apprendre plus : les sources et des compléments d’informations sont dans la description. Evidemment, les vidéos présentent quelques imperfections mais tend à s’améliorer très rapidement. Le meilleur moyen pour un jeune créateur de contenus sur YouTube étant d’avoir des commentaires constructifs, je vous invite à regarder ses vidéos et vous faire votre propre avis. Enjoy !

A. Chastier

Ward, Ier – IIème siècle La langue est une des plus belles inventions de l’homme. Technologie ultra-avancée du langage, elle permet d’envisager le monde, de l’embrasser et d’en percevoir et transmettre toute la complexité. Il en existe une infinité, et elle prend des allures de figure divine lorsque les linguistes se mettent en quête de la première d’entre elles, la langue adamique. Mais, malheureusement, certaines disparaissent, une tous les quinze jours à peu près. C’est là qu’intervient Frédéric Werst. Agrégé de lettres et enseignant dans un lycée parisien, Frédéric Werst veut agir contre cette fatalité. Ward est un projet fou, un roman hors norme et inclassable. L’objectif de Werst est de compenser cette perte de langues ‘’réelles’’ par la création d’une langue fictive, le wardwesân. Mais pour que cette langue soit crédible, il faut lui donner une raison d’être, un cadre. Ainsi naquirent les Ward, le peuple imaginaire qui donne son nom au mystérieux volume qui nous intéresse. Fruit de vingt ans de réflexion et de quatre ans de travail, Ward Ier-IIème siècle est une anthologie littéraire

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bilingue qui étudie la vie d’un peuple inexistant, si ce n’est entre ces pages. On a droit à des notices précisant le contexte dans lequel placer chaque texte et en avant. On couvre un nombre de sujets et de genre littéraires ahurissant: biologie, histoire, politique, poésie, religion, sciences, arts et pure littérature. On découvre donc en filigrane ce peuple exilé qui se construit un vaste royaume, l’Aghar et développe peu à peu ses connaissances. De part leur langue et leur culture, les Ward nous évoquent l’Orient, avec ses civilisations mystérieuses, peu connues du grand public. Le sens du détail de l’auteur impressionne et on se prend à croire à l’existence de ce monde profond et plein de richesse. Le travail fourni est aussi inhabituel qu’énorme. Werst commence d’abord par écrire en wardwesân avant de traduire en français, en laissant parfois du temps entre les deux étapes pour mieux redécouvrir les textes (oui oui, il va jusque là). On peut évidemment faire le avec Tolkien qui s’amusait lui aussi à créer des langues avec leur grammaire, leur vocabulaire et leurs étymologies


Magazine mais Werst rejette cette influence, il ne connaît pas l’oeuvre du manitou britannique de la fantasy. Mais surtout, il y a une énorme différence entre eux: Tolkien crée des langues pour rendre son univers plus concret, Werst fait l’inverse. Il n’y a pas de héros ni de vrai personnage dans ce livre, si ce n’est la langue dans laquelle il est écrit. On doit donc plutôt lorgner vers Jose Luis Borges et ses expérimentations métaphysiques sur le langage. Frédéric, pousse le vice jusqu’à ce donner le nom de Werst, qui veut dire chose, truc en wardwesân (si ça ne vous donne pas envie de le lire, je ne sais pas ce qu’il vous faut).

En bref, Werst nous offre une œuvre spectaculaire. Livre fascinant pour sa bizarrerie et le caractère fou de son entreprise, véritable réflexion sur le pouvoir de la langue et sa capacité à créer des mondes, Werst nous enjoint à aimer nos langues, pour mieux aimer le monde.

Ward Ier-IIième siècle Frédéric Werst 2011, Seuil.

S. Lopez

Le temps de fumer quelques cigarettes... Une auberge : La Route des Dames. Un soir parmi tant d’autres, où un jeune photographe décide de s’arrêter à cette auberge. Une serveuse derrière le comptoir. Qui sort d’une boite de métal six cigarettes. Avec, sur chacune d’entre elles, les mots d’un poème de Tristan Corbière : « Les fleurs de tombeau qu’on nomme Amourettes / Foisonneront plein ton rire terreux / Et les myosotis, ces fleurs d’oubliettes... » Le jeune photographe, curieux, interroge la serveuse quant à l’origine de ces six cigarettes. Et elle lui raconte. Car il y a une histoire cachée dans ces vers. Une histoire d’hommes qui souffrent et de femmes qui attendent. Une histoire de tortures et de mort à une époque, pas si lointaine, où être artiste était une faute. Une histoire d’espoirs volant en éclat. D’amour. Un peu de fumée bleue... est une BD qui ne peut être expliquée, ni même résumée. Il faut la lire pour la comprendre. Il faut se laisser porter par l’incroyable talent de ses auteurs, Pellejero et Lapière. Il faut être entraînée par le récit de Laura, la serveuse, qui dévoile sa vie à ce jeune photographe comme pour tourner la page d’une existence révolue. Les personnages, aussi dissemblables qu’attachants, ont chacun une personnalité et un vécu qui les rend irrésistiblement touchants. Les mots, quant à eux, ont ici une importance cruciale. Ils sont mélodieux, précis, et sonnent toujours justes. Ils tissent une trame mélancolique qui prend aux tripes tant elle a l’air véritable et dont on ne peut ressortir que changé. Une intrigue à trois débuts, et une seule fin : celle de l’acceptation de l’absence. « Nous étions en état de délivrance... » avoue Laura à celui qui l’écoute, se remémorant les temps heureux où elle vivait avec Ludvik, son unique amour. Et c’est en fumant ses six cigarettes que les barreaux du passé, devenus fumée bleue, ouvrent, enfin, sur une nouvelle liberté.

G. Audouy.

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Alouette

Agenda • Festival Replik’arts : 20 et 21 mai au Mirail L’association Replik’arts organise la première édition de son festival le 20 et 21 mai à l’Université du Mirail. Le festival Replik’arts est un évènement pluri-artistique qui mêlera théâtre, expositions, danse, performances, concerts, projection de courts-métrages, sound sytem, etc. L’association a pour but de créer une ébullition artistique sur l’université et de favoriser les échanges entre les étudiant-es. Elle s’inscrit dans une démarche engagée de lutte contre le capitalisme et contre toute forme de discriminations, en permettent de réfléchir sur la société qui nous entoure grâce à l’art. Elle souhaite également que les talents locaux et étudiants puissent avoir un lieu ou se produire grâce à ce festival, et permettre aux plus précaires de participer à cet évènement (l’entrée sera à prix libre plus un euro d’adhésion). La programmation est disponible sur l’évènement facebook «Festival Replik’Arts». L’ouverture du festival se fera à la Maison de quartier de Bagatelle le 19 mai au soir. • Exposition Ornements, crime et délices, jusqu’au 14 avril à la Fabrique. «Organisée en lien avec le colloque « Habiter l’Ornement » (10, 11 et 12 mars 2016), l’exposition Ornement, crime et délices entend questionner la présence de l’ornement dans les pratiques artistiques récentes. Mais l’angle d’approche choisi vise plus particulièrement à mettre en avant la dimension critique, voire provocatrice, que ce « retour à l’ornement » peut avoir. Tournant le dos au bon goût ou à l’élégance, ou cherchant à en pervertir les codes, les oeuvres sélectionnées travaillent à faire vaciller l’idée rassurante que nous avons d’ordinaire de l’ornement. Collage de motifs bon marché, papiers peints bourgeois, oeuvres baroques et mortifères, corps tatoués, soliflores phalliques, tapis et moquettes de mauvais goût, l’exposition Ornement, crime et délices expose avec délectation et plaisir l’excès comme agrément, la décadence comme décoration, le kitsch comme délit.» • Exposition InterraCtions, jusqu’au 15 juin au Grenier du Chitre de Cahors et au Quai des arts de Cugnaux jusqu’au 10 septembre. Les étudiantes de deuxième année du Master Métiers de l’art de Cahors s’associent avec les Abattoirs musée-FRAC Midi-Pyrénées pour une exposition qui pose une réflexion sur les relations entre l’Homme et son environnement. A Cugnaux elle est articulée autour du mot « anthropocène », ère géologique où l’action de l’humain a un impact sur son environnement, tandis qu’à Cahors elle propose une méditation, une réflexion sur la cohésion des actions humaines dans son environnement. Les oeuvres sont issues des Abattoirs musée-FRAC Midi-Pyrénées, des prêts et des productions d’artistes. • Café Philo tous les mardis soirs à 20h30, jusqu’au 28 juin au bar «Le Bistro», 13 avenue des minimes, metro B Canal du Midi. Le Café Philo propose des débats autour de différents thèmes (Exemple : «Et si le bonheur résidait dans l’illusion») : on prend un verre, on écoute la discussion, on participe si l’on veut, etc... • Festival du jeu de société Alchimie : 29, 30 avril et 1er mai, halls 7 et 8 du parc des expositions de Toulouse, prix libre.

Retrouvez l’article de C. Eckersley, qui nous donne quelques bons plans étudiants, sur notre site Internet http://lalouettejournal. wix.com/alouette !


Alouette

La mobilisation étudiante sur le campus du Mirail Mercredi 30 se tenait une nouvelle AG depuis le début de la mobilisation contre la Loi Travail ; prise en main par le comité de mobilisation et non par les syndicats, c’est l’amphi 9 qui avait été choisi comme lieu de réunion et non le traditionnel amphi 8. Les thèmes abordés reprennent ceux des AGs précédentes : moyens d’action essentiellement, les enjeux de la manifestation du lendemain, mais aussi une question : comment mobiliser plus d’étudiants ? On a en effet l’impression d’un grand désintérêt de la part des étudiants qui regardent parfois les mouvements de mobilisation d’un oeil sceptique voir hostile… Interrogée à ce sujet, Arya, de l’UET, remarque « ça fait des années que la fac est dépolitisée, ce n’est plus comme avant 2009 », elle lie cela à une « droitisation des profs » mais aussi à un virage plus général de l’enseignement universitaire qui n’apprend plus des savoirs mais des compétences. Elle remarque aussi que la fac est pleine de précaires qui n’ont pas forcément le temps de s’informer, alors que paradoxalement ce sont eux qui pourraient comprendre et être touchés par la question. Enfin elle souligne qu’il y a sans doute aussi une peur de se mobiliser liée à la pression mise autour de la présence en cours. “C’est parce que tu n’y crois pas que tu n’y arrives pas” les mots de maître Yoda à L Skywalker, héros connus de tous sont cités par un étudiant qui a pris la parole dans l’amphi 9 bondé. Croire à quoi ? croire qu’on peut obtenir le retrait de la loi travail, croire même suite à ça que le système peut être changé ? 500 à 700 étudiants sont actuellement mobilisés pour y croire et tenter de faire prendre conscience aux autres étudiants le danger que représente la loi El Komri pour la société : tracts, points info, repas, tours de salles, AG et Ags d’UFRs… La massification du mouvement est un des objectifs principaux de la mobilisation.

La mobilisation, c’est qui ? Des membres de syndicats mais aussi des étudiants x ou y rassemblés dans un comité de mobilisation ouvert à tous. Si l’objectif est le même pour tout le monde des débats peuvent émerger sur la question des moyens d’actions… parmi ceux-ci, la question du blocus cristallise la lutte mais aussi les débats chez les étudiants, mobilisés ou non. Cette question en arrive alors souvent à supplanter et occulter les questions plus fondamentales : on se rappellera l’an dernier des proportions assez faramineuses qu’avait pris cette question, qui pouvait ressembler à une sorte de contre-mobilisation, une mobilisation visant à saper la première sans chercher réellement à comprendre ses enjeux. Parmi les militants, la question du blocus fait aussi débat, entre ceux qui le considèrent comme un moyen potentiel et ceux qui le voient comme une fin, comme le remarque Arya. Pour les pro-blocus, celui-ci représente le seul moyen de permettre à tous les étudiants de participer à la mobilisation, l’alternative de la journée banalisée proposée par l’université restant discriminante ; un blocus pourrait aussi amorcer une prise de conscience de la part d’étudiants non-informés. Pour d’autres, il s’agit avant tout de massifier le mouvement, de gagner « la bataille des idées » avec pédagogie afin de faire front contre le gouvernement. “Etre au top le 31” : La manifestation de jeudi 31 mars représentait un réel enjeu de revendications à l’échelle nationale. Si la plupart des étudiants toulousains ne sont sans doute pas monté à Paris comme nous y encourageait Mickaël Wamen de Goodyear en visite la semaine précédente, ce fut à Toulouse une réussite, tant sur le nombre de manifestants que sur l’ambiance, malgré la proportion somme toutes assez faible d’étudiants – qui apprécierons le souvenir d’une dispersion à Saint-Cyprien sous des nuages de bombes lacrymogènes. Aujourd’hui les syndicats appellent à une grève reconductible au moins jusqu’au retrait de la loi. Perçu comme l’aboutissement d’une série de mesure allant à l’encontre des intérêts publics, ce projet apparaît comme étant l’élément déclencheur d’un phénomène de mobilisation exceptionnellement important au regard de ces dernières années. Au Mirail la mobilisation continue, malgré la fatigue des militants les plus investis, persuadés que les étudiants ont leur rôle à jouer. L. Graf et C. Higounenc

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