l'Alouette n°5

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Alouette CES MOTS INTRADUISIBLES QUI TRADUISENT VOTRE ÉTAT D’ESPRIT

À l’Alouette, on a une passion un peu étrange : les mots intraduisibles, ces pépites insolites qui nous viennent d’ailleurs et n’ont pas d’équivalent français. C’est pourquoi, dans ce numéro, nous vous présentons quatre mots qui nous semblent correspondre à quatre profils étudiants. LE STRATÈGE Votre profil : vous savez comment économiser vos efforts en tirant profit de n’importe quelle situation. Le fameux « mais si monsieur, je vous ai rendu ma dissertation, vous avez dû la perdre », c’est à vous qu’on le doit. Votre technique : Vous séchez les cours, tout simplement. Parfois vos amis signent à votre place, parfois vous signez vous-même la feuille d’émargement au cours suivant. (On va vous dire que vous êtes un stratège en carton et qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait Bac +3 pour mettre au point cette technique mais, justement, si vous soustrayez les cours auxquels vous n’avez pas assisté, vous avez un niveau Bac +1,5). Le mot intraduisible qui vous correspond : IRUSU. Ce bijou d’inventivité, impossible à traduire en un seul mot, nous vient du Japon. La définition ? « Faire semblant de ne pas être chez soi quand quelqu’un est à la porte ». Ils sont futés, ces Japonais. LE PROCRASTINATEUR Votre profil : vous ne savez rien faire à l’avance. Comme dirait Alphonse Allais, on ne remet pas à demain ce qu’on peut faire après-demain. Votre technique : vous attendez le dernier moment. Mais alors vraiment le tout dernier. Et, de temps en temps, vous séchez le cours du matin pour préparer l’exposé de l’après-midi. C’est ce qui s’appelle sécher pour la bonne cause. Le mot intraduisible qui vous correspond : TSUNDOKU. Ce mot japonais résume le fait d’acheter des livres en très grande quantité avec l’intention de les lire, puis de les laisser s’entasser sans les ouvrir. (Décidément, les Japonais ont un vocabulaire plus étendu que le nôtre.) L’ÉPICURIEN Votre profil : vous prenez les choses comme elles viennent et vous essayez d’en profiter au mieux. Vous êtes le genre de personne qui peut se passer d’argent à la fin du mois sans problème, mais qui n’hésitera pas à tout dépenser au début du mois suivant. Il faut savoir savourer dans la vie. Votre technique : carpe diem, carpe noctem, carpe vitam. Vous aimez vos cours et vous savez les apprécier. Mais, quand le soleil pointe le bout de son nez, vous savez aussi apprécier le temps libre. Le mot intraduisible qui vous correspond : UTEPILS. Soit le mot norvégien qui résume le fait de savourer une bière fraîche dehors, souvent par temps chaud. À vos chaises longues ! LE CONSCIENCIEUX Votre profil : vous êtes la prudence incarnée et, quand on ne se souvient plus du numéro de notre salle de cours, c’est à vous qu’on envoie un SMS. (Petite parenthèse : merci. On ne serait rien sans vous.) Votre technique : vous rédigez vos devoirs trois semaines à l’avance, vous révisez tous les soirs, vous gérez parfaitement votre timing et, après avoir bien travaillé, vous savez vous octroyer une pause entre amis. (Généralement, vous êtes Sam.) Le mot intraduisible qui vous correspond : HANYAUKU. Ce joli mot, très utile, nous vient de Namibie et traduit le fait de marcher sur la pointe des orteils dans le sable trop chaud pour ne pas se brûler les pieds. Comment un mot aussi essentiel peut-il ne pas figurer dans nos dictionnaires ?

J.Lacombe Imprimé avec le soutien financier du FSDIE de l’Université Toulouse Jean Jaurès


Alouette

EDITO

Sommaire Journal

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Les conflits oubliés La parole au CAMé Etats-Unis : l’onde de choc Trump L’expérience à l’étranger Eco : réconcilier l’économie et l’écologie Harcèlement scolaire Chair collaboratrice

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Les Plumes

Les Bulles

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Magazine

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Portrait en musique Mamie Manou Lou Darau Le langage épicène Dépression Le syndrome du choc toxique Survivre à une musique dans la tête Critiques : La musique et ses objectifs Le parfum : histoire d’un meurtrier Le tableau du mensonge Je vais ruiner votre enfance Frida

Divertissements

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Agenda Mirabili’art

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Contacts : Mel : lalouette.journal@gmail.com Facebook : lalouettedumirail Site Internet : http://lalouettejournal.wix.com/alouette

Rédactrice en chef : Clémence Higounenc Directrice de publication : Lamiae Ennour Secrétaires de rédaction : Gaëlle Audouy, Camille Burguière, Anaïs Clara, Lamiae Ennour Maquette : Clémence Higounenc Imprimeur : Copy Diffusion Service, Toulouse Photographie de Une : Anaïs Clara

Guerres, harcèlement, maladie, dépression... Avec le recul, ce numéro 5 de l’Alouette semble parfois avoir infusé dans l’amertume grisâtre du mois de novembre. Pourtant, c’est pimpants d’enthousiasme que nous nous sommes mis au travail sur ce journal, et c’est de même que nous écrivons déjà le numéro de février, en tachant d’être plus positifs face à une actualité qui semble avoir été prise d’assaut par les cavaliers de l’Apocalypse, l’Empire galactique et tous les méchants Disney en même temps. Alors pour vous, dans l’idée d’égayer un peu votre journée, j’ai tenté de trouver quelques bonnes nouvelles à vous partager dans cet édito. Je suis donc partie pleine de bonne volonté, mais les recherches n’ont pas été très concluantes ; j’ai bien souris en voyant qu’un député d’extrême-droite proposait un amendement demandant à la République de s’excuser auprès des Rois de France pour le saccage de leur sépulture, sans classer ça dans la catégorie « bonnes idées ». Finalement, je ne sais pas si ce sont les événements joyeux qui se font rares où si nous avons plus de mal à les voir.... Car il y en a du beau dans nos vies, de l’humain : des initiatives qui vont de l’avant, de l’art, toujours de l’art, encore plus d’art, des discussions passionnantes, des gens merveilleux et des éclats de rire. C’est cela aussi ce que nous avons voulu transmettre ici, dans ce n°5. Alors, peut-être que, malgré notre actualité couci-couça, malgré ce long semestre avec les partiels qui arrivent (tape dans tes mains si c’est encore la panique) et une Université qui a eu moins le mérite de rappeler quelques beaux paysages de Seul sur Mars, peut-être que notre vraie richesse est encore juste là : ce sont nos amis, nos passions et la certitude que, quoiqu’il se passe, nous sommes à la fois le présent et l’avenir. Et qu’on peut faire du velouté potimarron châtaignes oranges en même pas 20 minutes, en lisant l’Alouette enroulé dans un plaid tout en écoutant nos playlist vitaminées. Comme quoi, il en faut peu pour être heureux ! L’Alouette lance un appel aux dons : n’hésitez pas à nous envoyer, via Facebook ou mail, vos pensées positives, vos plus beaux poèmes. votre avis sur l’Alouette et pourquoi pas votre candidature pour faire partie du journal. Car oui, bonne nouvelle, la rédaction est ouverte à tous ! Notre petite rédaction pleine de gens biens espère s’agrandir pour pouvoir, tous ensemble, prendre la plume comme il nous plaît dans notre espace d’expression, notre journal rien qu’à nous, étudiants de l’UT2J. Clémence Higounenc

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Journal LES CONFLITS OUBLIÉS « Rien n’a l’éclat de Mossoul dans la poudre, rien n’est si pur que son front d’insurgée … Mais Mossoul, Mossoul, n’est pas libérée. » Les attaques irakiennes sévissent toujours à Mossoul ; là-bas, des millions de personnes vivent sous les feux du terrorisme, des milices chiites, des armées locales, des armées étrangères. Mossoul n’a rien demandé mais est devenue le terrain d’un affrontement clé selon les dires des médias et des politiques. Au beau milieu des décisions qui ne nous concernent pas, des décisions prises par les grands thaumaturges des maux du Monde, qui n’hésitent pas à sacrifier pour sanctifier, que savons-nous de la situation ? Nos médias font, depuis bien longtemps, de la surinformation. On nous gave jour et nuit, d’événements locaux, nationaux, internationaux. Les inondations et la météo qui, on nous le rappelle, ne sont en réalité pas vraiment prévisibles. La recette de la galette qui ne change pas mais qui réserve trente minutes de documentaire tous les ans à la même période. Des heures et des heures de débats politiques durant lesquels on laisse parler ceux qui font le plus de mal au plus grand nombre. Des publicités, beaucoup de publicités, qui programment les jeunes et finissent de pourrir les plus âgés. Et tout ça, tout ça pour quoi ? Pour nous informer de ce qui est le plus important car il est vital pour un bon patriote de se tenir au courant des affaires du pays, et puis le reste, c’est plutôt loin, alors, on n’en parle pas. Saviez-vous qu’en Centrafrique, près de 5 000 personnes – dont une majorité de civils – sont mortes lors des violents affrontements entre les milices Séléka et les groupes anti-balaka entre 2013 et 2014 ? Aymeric Elluin, d’Amnesty International France a même parlé de « nettoyage ethnique ». Saviez-vous qu’en Afrique centrale, à la suite du génocide des Tutsis (Rwanda) par les Hutu (République Démocratique du Congo), une crise humanitaire s’est déclenchée et plus de 300 000 personnes tentent encore de survivre face aux attaques incessantes des rebelles rwandais. La MONUC (Mission de l’Organisation des Nations unies au Congo) tente de rétablir la paix à la frontière du Rwanda et de la RDC (kivu) où 17 000 casques bleus ont été déployés. Oui peut-être en aviez-vous entendu parler. Peut-être vous êtes-vous un peu renseignés. Vous êtes-vous alors aperçus que nos médias français de masses n’en évoquent pas la moindre miette. Nous nous sommes intéressées au point de vue général à travers un questionnaire rapide, touchant toute catégorie de la population à propos des conflits en Afrique sur un échantillon de 76 personnes, le bilan est rapidement fait. Alors peut-être est-il intéressant aujourd’hui d’en évoquer quelques-uns. Nous avons choisi de nous pencher sur les conflits en Afrique. Continent riche en ressources mais creusé par les feux et le sang, pillé depuis la colonisation par les occidentaux, il est transpercé par les guerres civiles, les affrontements, les famines et les déséquilibres politiques. Nous avons essayé de mettre des mots sur les maux, de soulever un, peutêtre deux voiles parfois, pour tenter de comprendre et d’éclaircir des situations plus que complexes.

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Journal

Il est d’abord important de noter que l’Afrique produit 12 à 13% du pétrole mondial, principalement dans le Golfe de Guinée, en Angola et en Afrique du Nord (Algérie, Libye, Égypte), mais aussi au Soudan, au Tchad, en République Démocratique du Congo et en Mauritanie. Les principaux pays producteurs ont tous connu des troubles, des émeutes ou des conflits au cours des dernières années. Les minerais sont aussi des matières très recherchées et sources de tensions locales et internationales. L’un des conflits les plus connus lié en grande partie aux ressources, est celui du Soudan et du Soudan du Sud. Le conflit inter-soudanais est un conflit armé en cours depuis le 21 mai 2011 entre le Soudan et des factions proches du Soudan du Sud pour le contrôle de l’Abyei, région riche en pétrole. Il fait suite au référendum sur l’indépendance du Soudan du Sud, qui s’est déroulé du 9 au 15 janvier et qui prévoyait la scission du pays le 9 juillet 2011. Il y eut 2 millions de morts lors de ces affrontements. En Somalie, depuis 1991, un conflit pour le contrôle du pays a entièrement détruit des régions, comme celle de Mogadiscio. Cette guerre civile est un conflit armé qui oppose principalement le gouvernement fédéral, présidé de 2004 à 2008 par Abdullahi Yusuf Ahmed, à divers groupes, islamistes ou claniques. Elle a opposé un temps le gouvernement fédéral de transition à l’Union des tribunaux islamiques dans un cadre d’affrontements claniques qui a cours depuis le début de la guerre civile somalienne, il y a 25 ans. Plus de 600 000 personnes sont mortes. En Éthiopie et en Érythrée, de 1961 à 1993, on décompte 70 000 à 100 000 morts dans une guerre qui a pris la forme de guerre de tranchées. En République démocratique du Congo (RDC) la deuxième guerre du Congo a eu lieu de 1998 à 2003, officiellement. C’est un conflit armé qui a pris place au sein du territoire de la RDC (anciennement Zaïre). Elle impliqua neuf pays africains, et une trentaine de groupes armés, ce qui en fait la plus grande guerre entre États dans l’histoire de l’Afrique contemporaine ; C’est pourquoi elle est aussi surnommée la « guerre mondiale africaine ». Ce conflit a engendré de nombreux viols et massacres et a entraîné, selon les sources, le décès de 183 000 à environ 4 à 4,5 millions de personnes.

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Journal Entre les conflits passés, mais toujours vifs dans la chair des habitants du pays, les conflits toujours actuels qui désorganisent un territoire mais aussi ceux tout autour, et ceux à venir, répondant à un passé qui a creusé des cicatrices ineffaçables, les pays africains ne peuvent trouver une stabilité actuellement. On ne peut pas manquer d’évoquer l’acteur tristement connu par un grand nombre de pays aujourd’hui, mais qui a une répercussion bien plus profonde sur le continent africain : le terrorisme. L’Afrique de l’Est est la première touchée par des attentats. Le 7 août 1998 à Nairobi, au Kenya, et à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, des attaques suicides menées par des membres d’Al-Qaïda prennent pour cibles les ambassades américaines. Quant à l’Afrique du Nord, elle a d’abord été touchée par des actions terroristes visant des buts nationaux : En Algérie, les actions terroristes sont en grande partie causées par les « afghans », comme on a surnommé les djihadistes formés en Afghanistan par Al-Qaida et les talibans. Ces actions ont marqué l’Algérie pendant la « deuxième guerre d’Algérie », cette guerre civile qui a opposé le gouvernement aux intégristes djihadistes entre 1991 (élections aux résultats refusés par le gouvernement dirigé par le FLN et l’armée) et le début des années 2000, globalement en 2002 lorsque le Groupe Islamiste Armé (GIA) et l’Armée Islamique du Salut (AIS) rendent les armes. Cette guerre civile surnommée « guerre invisible » a fait plus de 100 000 morts, 200 000 à 300 000 blessés, un million de personnes. Cas connu, depuis 2009, l’insurrection du groupe islamiste nigérian Boko Haram – et sa répression par l’armée nigériane – a provoqué 13 000 morts et 1,5 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. En 2014, Boko Haram a ouvert plusieurs fronts, marquant ainsi une intensification du conflit dans le nord-est du Nigeria et une percée dans les pays voisins comme le Cameroun, le Tchad et le Niger. D’autres actions terroristes ont lieu, parfois dans le cadre d’une réponse à la mondialisation et aux choix politiques internationaux, notamment concernant le tourisme ( A Djerba en 2002, à Marrakech en 2010). En Sierra Leone, une guerre civile frappe le pays en 1991 car la situation politique y était très instable. En juillet 1999, l’accord de paix de Lomé est signé dans le but de mettre fin aux hostilités. Mais à partir d’octobre de la même année et jusqu’en janvier 2002, fin de la guerre civile, le pays est touché par des affrontements violents qui visent à contrôler les régions diamantifères. Il faut ajouter à cela l’embrigadement d’enfants-soldats et la mise en place de l’esclavage sexuel. Ce conflit a provoqué la mort de 75 000 personnes, et a fait d’un demi-million d’habitants des réfugiés, entrainant aussi un exode de 2 millions de personnes. Une autre guerre civile a secoué le Liberia entre 1989 et 2003. Il y eut un retour au calme avec les élections présidentielles en 1997 mais la menace de la guerre civile était toujours présente car les dirigeants politiques ont eu du mal à assurer leurs fonctions. L’ONU intervient dans ce conflit en 1997 pour assurer le maintien de la paix, mise en place par une autre organisation. Au final, avec l’emploi d’enfants-soldats et le spectre d’une crise humanitaire, 150 000 personnes sonts mortes dans ce conflit et il y eut 800 000 réfugiés. En Egypte, la révolution commence par des manifestations le 25 janvier 2011 pour dénoncer les abus des forces de police égyptiennes, la corruption ainsi que l’état d’urgence permanent. L’objectif des manifestants est d’obtenir la fin de l’État policier et la démocratie, avec comme condition première le départ du président égyptien Hosni Moubarak (au pouvoir depuis le 14 octobre 1981). Cet objectif est doublé par une revendication plus sociale, celle d’une répartition plus juste des richesses. Le mouvement aboutit le 11 février 2011 au transfert du pouvoir à l’armée chargée par la suite de préparer des élections législatives.

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Journal Cependant, sur la place Tahrir, les manifestations continuent pour contester l’ordre social d’alors : meilleures conditions de travail, salaires, protection sociale. Fin juin et début juillet de nouvelles manifestations provoquent une mise à la retraite anticipée de centaines de gradés de la police et de l’armée. Par la suite, les élections démocratiques portent au pouvoir les Frères musulmans, dans l’opposition depuis toujours. L’insurrection du Sinaï désigne une série d’actions posées dans cette péninsule à partir du début de l’année 2011 par des militants djihadistes, principalement composés d’hommes de tribus bédouines locales. L’insurrection serait une conséquence de la révolution égyptienne de 2011. Le Maghreb connaît aussi son lot d’affrontements. En décembre 2010 à Sidi Bouzid, ville tunisienne, un jeune homme s’immole. Dans la mi janvier 2011, Ben Ali fuit, permettant la mise en place d’une démocratie. C’est un conflit rapide, peu violent. Le Maroc et l’Algérie sont moins touchées : soit par des réformes politiques après manifestations et attentats (Marrakech printemps 2011) soit par aides publiques issues de l’argent du pétrole pour l’Algérie. La Côte d’Ivoire subit une crise politique entre 2010 et 2011 suite à une élection où deux hommes sont élus présidents. C’est l’élection d’Alassane Ouattara, qui est validée par les pays occidentaux, l’Union africaine et la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui demandent ainsi à l’autre candidat, Laurent Gbagbo, de céder le pouvoir. La CEDEAO organisera de nombreuses tentatives de médiations entre les deux partis mais elles se soldent toutes par un échec. S’ensuit alors une bataille économique entre les deux candidats, provoquant des massacres à grande échelle. Alassane Ouattara est proclamé président le 5 mai, néanmoins les violences continuent à se multiplier dans le pays. En octobre 2010, la Cour Pénale Internationale (CPI) ouvre une enquête sur des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre perpétrés par les camps de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo est incarcéré à la prison de la CPI en novembre de la même année. Ce conflit aura provoqué la mort de 3250 personnes.

Il est très important de noter que pour tous les conflits c’est une grande instabilité politique, un profond manque d’aide face aux besoins nécessaires (famines, maladies…) et une ingérence incessante des pays occidentaux qui ont aggravé et souvent intensifié les conflits. Que ce n’est pas une simple mésentente, une simple contestation civile, que ce n’est pas une bataille pour une terre, c’est bien plus et un article de trois pages ne saurait rendre compte d’une réalité si complexe et dramatique.

M. Bello & A. Clara L’économie des conflits en Afrique par Philippe Hugon _ Cairn.infos

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Journal La parole au Collectif Auto Média étudiant Pendant les mouvements sociaux du printemps 2016, contre la loi travail et son monde, de nombreuses arrestations ont eu lieu, lors de manifestations ou d’actions de blocages économiques. A Toulouse ce sont 110 personnes interpellées, pour plus de 2000 heures de gardes à vue et plus de 15 procès. Nous revenons sur ces derniers.

Extrait du film Douze hommes en colère Après quelques heures à deux jours enfermé-e dans une cellule de 9m², sans le confort des chambres CROUS mais avec un matelas en mousse de 3 cm d’épaisseur, une couverture qui gratte (et pas forcément propre), un trou dans le sol pour ses besoins, de l’eau à volonté et un repas chaud en barquette midi et soir, végétarien possible et de la lumière en continu, c’est direction le tribunal de grande instance, situé à Palais de Justice, toute sirènes hurlantes avec menottes aux poignets. Là, de retour en cage, dans des geôles avec un banc en béton pour s’assoir et un nouveau trou dans le sol se fait l’attente qui peut durer quelques heures jusqu’au jugement… Enfin, la comparution immédiate a lieu : le procès peut se faire immédiatement ou l’accusé-e peut demander un délai pour préparer sa défense, ce qui est vivement conseillé. En attendant le report du procès, ielle peut être libre, pointer une à plusieurs fois par semaine au commissariat ou dormir en prison, suivant sa situation sociale, son profil psychologique et la gravité des faits reprochés.

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Le procès peut avoir lieu ! «Madame-Monsieur la/le président-e, mesdames-messieurs le tribunal, Mme-M. la/le procureur-e, bonjour.» Voici la composition du tribunal, s’occupant d’une dizaine d’affaires sur l’après-midi, essentiellement pour

quelques dizaines d’euros d’herbe ou de cigarettes et justifiant un envoi à Seysses, mais aussi d’autres délits passibles d’au moins 2 ans d’emprisonnement. C’est le cas de nos manifestant-e-s, arrêté-e-s pour violence sur personne dépositaire de l’autorité publique à outrage sur agent, en passant par la dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux. Le déroulement est assez identique suivant les procès, une vraie pièce de théâtre, avec des acteurs-trices entrainé-e-s excepté-e l’accusé-e et les témoins qui doivent se retirer au début : « Tout est fait pour t’impressionner, le/la procureur-e au-dessus, avec une lumière naturelle, l’accusé-e dans l’ombre, c’est bien étudié. J’étais dans la même pièce que le bacqueux (policier de la Brigade Anti Criminalité*) avec son arme à la ceinture et personne pour nous surveiller. Tu as de la pression si tu dis de la merde avec le/la témoin passé-e avant/ après : chaque mot compte. » L’accusé peut ensuite s’exprimer – ou garder le silence – devant le tribunal et présenter sa version des faits, puis les témoins sont interrogé-e-s. Dans tous les procès auxquels nous avons assisté, c’était la parole des un-e-s contre celle des autres. Deux affaires ont pu apporter des faits matériels, en l’occurrence des photos et des extraits de vidéosurveillance, ce qui a permis d’obtenir la relaxe.


Journal Les avocat-e-s des accusé-e-s, la défense, s’escriment à mettre en avant la confusion au moment de l’arrestation : pourquoi cette personne au milieu d’une foule voire des nuages de gaz lacrymogène? La rengaine est la même du côté des forces de l’ordre : la personne a été reconnue grâce à un détail vestimentaire ou physique. « Vous comprenez, je suis professionnel de ma profession depuis 20 ans, j’ai vu cette personne mettre le feu et ne l’ai pas lâché du regard» disait un policier de la B.A.C. Loupé, ce n’était pas elle, et, sans preuves matérielles, ça aurait été des travaux d’intérêt généraux, une lourde amende, un stade de citoyenneté et 6 mois avec sursis. Le plus difficile n’est probablement pas le procès en lui-même, ni les violences morales et physiques subies lors de l’arrestation, qu’il ne faut en aucun cas minimiser et encore moins excuser, mais bien de se retrouver dans l’étau de la machine juridique comme le résume un

accusé : « Ce qui est inquiétant c’est que malgré l’absence totale de preuves pouvant être retenues à notre charge et malgré des incoherences graves dans les déclarations des policiers, nous sommes beaucoup à demeurer dans une gigantesque incertitude quant à l’issue de nos procès futurs. Ballottés entre des prismes de pouvoirs que l’on connait trop mal, avec le sentiment que l’on ne peut justement décider de notre destin, le constat d’une autorité très injustement équilibrée entre le Tribunal et la Défense… » Aujourd’hui nous en sommes à des centaines de contrôles d’identité visant au fichage des manifestant-e-s, des dizaines de rappels à la loi, deux ans et demi de prison dont 6 mois fermes, 545 heures de Travaux d’Intérêt Général, 4000 euros de dommages et intérêts plus les frais de garde à vue, d’avocat-e-s et d’huissier-e-s.

Qui sommes-nous ? Des étudiant-e-s de l’Université Jean-Jaurès du Mirail, toutes filières et niveaux confondus, s’étant rencontré-e-s lors des événements contre la loi travail et souhaitant réunir nos travaux photos, audios et vidéos dans le but d’informer et de partager, avec liberté et indépendance. Le CAMé n’a pas d’identités mais prend nos couleurs. Pour aller plus loin nous publions des articles sur notre blog came2016.wordpress.com (reportages, témoignages, retour sur des manifestations…) auquel vous pouvez contribuer. Nous tenons aussi informé de l’actualité sur notre facebook : Collectif Auto Média étudiant et par mail automediamirail@gmail.com. Le site IAATA (Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours) permet aussi de se renseigner sur ce qui se passe dans le coin et auquel vous pouvez participer.

*Pour en savoir plus La force de l’ordre, Anthropologie de la police des quartiers de Didier Fassin. Lecture en lien avec le sujet : Face à la police/Face à la justice Guide d’autodéfense juridique.

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Journal

États-Unis : L’onde de choc Trump Le 8 novembre dernier, les yeux du monde étaient rivés sur l’Amérique. La surprise qui suit la désignation de l’homme le plus puissant du monde est immense. À l’image de la campagne, le sort du scrutin s’affiche partout. Les Unes des journaux du monde entier ne parlent que de cela. Les résultats sont repris, commentés, décortiqués. Sur les chaînes de télévision les experts se succèdent. En clair, cette élection passionne et déchaîne les foules. La campagne s’inscrit pourtant dans un étrange paradoxe : en dépit de l’hystérie collective générée, les candidats traduisent une même forme de répulsion. Il apparaît en effet évident que Donald Trump divise. Il ne faut cependant pas sous-estimer les réticences qu’engendre Hillary Clinton, y compris dans son propre camp. L’antagonisme entre les deux protagonistes est profond. D’un côté, Donald Trump le populiste, le candidat «anti-élites». De l’autre, Hillary Clinton, symbole de l’ «Establishment « que ses adversaires placardent comme vendue à Wall Street. Surtout, les attaques et les révélations personnelles se sont succédées, faisant basculer la campagne dans une nouvelle ère : celle de la «politique spectacle».

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Alors qu’une voie royale semblait promise à Clinton, une embûche s’est dressée sur son parcours : à la surprise générale, Bernie Sanders est venu jouer les troublesfêtes. Auto proclamé social-démocrate presque un juron au pays de l’Oncle Sam - il a semé le doute dans le clan Clinton. Bernie Sanders a surtout ravivé la flamme d’une aile gauche du parti démocrate peu encline à soutenir l’ancienne secrétaire d’État. Trump a quant à lui énoncé ses velléités présidentielles très tôt, dès l’été 2015. Star de la télé-réalité outre-atlantique, son célèbre « you’re fired » est déjà rentré dans la culture américaine. Il a parfaitement su capter la colère d’une Amérique qui a le sentiment de se perdre dans la masse de la mondialisation. D’une manière globale, la campagne a été marquée par un fort nivellement par le bas. De l’aveu même des analystes améri-

cains, ce fut la plus indigeste de l’histoire. Il suffit de refaire le bilan de quelques débats pour s’en convaincre : très peu d’idées mais des attaques en profusion. Il semblerait que cette campagne pose les bases d’une nouvelle ère politique. À bas les idées. À bas les programmes. Bienvenue dans le monde de la communication et du culte de la personnalité. Le surprenant résultat trouve en tout cas son origine dans plusieurs composantes. Tout d’abord, l’abstention a été très forte. Le « Président-élu » - comme le veut la formule – récolte même moins de voix que les perdants des deux campagnes précédentes ! Il n’y a donc pas eu de « vague Trump » comme on peut parfois l’entendre, Clinton ayant même remporté le vote populaire. Le manque de mobilisation du vote « afro-américain », traditionnellement très favorable au parti démocrate est aussi une des nombreuses raisons de la défaite de Clinton. On peut également énoncer les 30% de « latinos », qui ont opté pour le candidat républicain. Il faudra surtout s’attacher à envisager les différences entre le candidat Trump et son rôle de président. Les premiers éléments laissent à penser qu’il semble rentrer dans le costume. Son discours est plus policé, moins outrancier, et il a déjà abandonné quelques mesures phares de son programme. Le fameux mur avec le Mexique n’est plus que partiel, et revenir sur l’accord de la COP 21 semble oublié. A contrario, il pourra facilement appliquer certaines de ses promesses. Ainsi la refonte d’un ObamaCare présenté comme trop coûteux malgré ses nombreuses qualités est fortement plausible. Avec l’appui d’un congrès, rappelons-le, républicain, il disposera indéniablement de plus de libertés que son prédécesseur pour mener à bien ses projets. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

F. Delmas


Journal L’expérience à l’étranger : un levier pour l’accès au monde du travail Comment être utile aux autres tout en étant utile à soi-même ?

Gage d’une qualité recherchée par la majorité des employeurs, l’expérience à l’étranger séduit. Portée par des programmes d’échanges européens, elle offre un grand nombre de possibilités aux étudiants en quête de nouveauté et d’enrichissement. • Le succès d’Erasmus, l’exemple du Mirail Le programme tient son nom du philosophe et voyageur Érasme, celui ci ayant voyagé à travers toute l’Europe dans le but d’élargir ses connaissances et son humanisme. Erasmus permet une ouverture de la part des universités européennes afin de faciliter la mobilité des étudiants et enseignants. Tout en garantissant la mixité à l’université, le programme d’échange offre un élargissement culturel enrichissant à ses étudiants comme c’est le cas pour Bogomil, rencontré au foyer de l’association EIMA chargée d’accueillir les étudiants étrangers. Venu de Plymouth en Angleterre, cet étudiant de 20 ans a choisi le sud de la France pour parfaire ses connaissances en français. Actuellement en L3 de langues il étudie notamment le russe et souhaite devenir professeur. ‘’Pour pouvoir vraiment apprendre une langue, l’immersion dans un pays étranger est la meilleure option’’, confiet-il. Les séjours à l’étranger sont aussi l’occasion de confronter les cultures. Bogomil raconte avec amusement l’une de ses récentes expériences : ‘’En Angleterre nous avons l’habitude d’une météo souvent mauvaise, alors quand une averse a tout d’un coup éclaté, ici, c’était le chaos ! Tous les gens autour se sont mis à courir sauf moi !’’ • Une expérience utile à l’insertion socio-professionnelle Si l’entrée dans le monde du travail est difficile, les étudiants ayant effectué un séjour à l’étranger sont avantagés. Le chômage est de 23% plus faible chez ceux ayant participé au programme Erasmus que pour les autres. L’expérience à l’étranger offre des qualités de plus en plus prisées par les employeurs. L’apprentissage d’une langue étrangère, l’adaptabilité dans

un nouveau milieu, l’indépendance, l’ouverture d’esprit sont des qualités personnelles valorisantes et tout aussi prisées, sinon plus, que les diplômes en eux-mêmes. Aujourd’hui, certaines écoles ainsi que quelques employeurs recrutent sur des bases de savoir-vivre et tendent à favoriser l’intelligence humaine. • Le Service Volontaire Européen : une alternative enrichissante Ainsi, dans le cadre de l’ouverture aux autres et à d’autres cultures, le Service Volontaire Européen (SVE), géré par l’Agence Française Erasmus et Jeunesse et Sport, ouvre une nouvelle porte pour tout citoyen européen âgé de 17 à 30 ans. D’une durée de 2 à 12 mois, les volontaires du SVE ont la possibilité de construire un projet individuel ou de groupe dans un domaine d’intervention de leur choix. Animation socio-culturelle, protection du patrimoine, information des jeunes, aides aux personnes en difficultés (lutte contre les exclusions, le racisme et la xénophobie), économie sociale et solidaire, les possibilités sont multiples et contribuent à promouvoir l’utilité d’une communauté européenne souvent contestée en renforçant le sentiment de citoyenneté extranationale. Une indemnité financière de 470,14 euros net est mensuellement versée au volontaire par le gouvernement de son pays d’origine. A la clé, le certificat Youthpass est délivré au volontaire et permet la reconnaissance de ses apprentissages et créations de projets au cours de son service. S’il constitue une opportunité de taille, un Service Volontaire Européen seul ne vient cependant pas remplacer un diplôme. Il reste avant tout une occasion de définir un parcours professionnel.

C. Eckersley

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Journal Réconcilier l’économie et l’écologie : un défi pour la COP22 ? Du 7 au 18 novembre à Marrakech se tenait la COP 22, conférence des parties dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques.

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Si le défi de la COP21 était de négocier et de convaincre les pays de ratifier les accords proposés, celui de la COP22 sera l’action : en effet, maintenant que les accords sont mis en place, il s’agit de les appliquer mais aussi et surtout de les financer. Dans un monde où économie et environnement ne font pas bon ménage, comment associer ces deux disciplines pour arriver à la concrétisation d’objectifs décisifs pour l’avenir de notre planète ?

Afin de concrétiser les objectifs instaurés par les accords internationaux (notamment la COP21), chaque pays doit, à son échelle, mettre en place des réformes institutionnelles. Ces politiques environnementales aujourd’hui mises en œuvre se distinguent en deux catégories : D’une part, les mesures incitatives, qui consistent à récompenser les agents économiques ayant un comportement vertueux envers l’environnement et d’autre part des mesures dissuasives, qui prennent la forme de taxes ou de sanctions financières réprimant les comportements contre productifs dans la logique d’effort général de ralentissement de la dégradation environnementale.

Le concept de développement durable, largement reconnu et adopté, suggère implicitement un antagonisme qu’il convient de nuancer. En effet, les trois dimensions qui le composent, économie, environnement et société, semblent presque se faire concurrence, et il est difficile pour l’imaginaire collectif d’admettre que dans le défi qui consiste à ralentir la dégradation environnementale, l’économie peut jouer un rôle crucial. C’est là l’objet de toute une discipline : l’économie de l’environnement. En effet, dans un monde régi par le système capitaliste, on ne peut négliger les instruments économiques dans la poursuite de quelque objectif que ce soit.

En outre, l’économie fournit des instruments permettant une meilleure gestion des phénomènes de pollution : Premièrement, l’économie permet de chiffrer les conséquences écologiques de comportements pollueurs ou destructeurs. En effet, il est nécessaire pour la mise en place de sanctions d’avoir une idée, aussi approximative soit elle, des coûts que représente la pollution. Néanmoins, ces chiffres restent des indicateurs très controversés : il est évidemment impossible de chiffrer précisément la catastrophe que représente la dégradation de la qualité de l’air ou la disparition d’une espèce animale.


Journal D’autre part, les phénomènes de pollution sont aujourd’hui monétisés et s’échangent sur un «Marché des droits à polluer» qui fonctionne de la manière suivante : chaque pays se voit attribuer dans le cadre de conventions internationales une certaine quantité de substances polluantes (gaz à effet de serre, déchets, etc) qu’il est en droit d’émettre, et ces quantités sont réparties entre les différentes industries à l’échelle nationale (ou européenne dans le cas de la France). Or étant donné que toutes les industries ne polluent pas de la même manière ni à la même hauteur, celles qui n’ont pas utilisé tous leurs droits à polluer peuvent les revendre à d’autres, afin de ne pas dépasser les quotas attribués. Ainsi, si les instruments économiques semblent nécessaire à une lutte efficace pour l’environnement, on observe également l’inverse. La sphère économique a tout intérêt à ralentir les phénomènes de dégradation environnementale dans la mesure où les conséquences des différentes catastrophes écologiques que nous commençons d’ores et déjà subir représentent des coûts importants pour les entreprises, et ce à l’échelle internationale. Car plus les ressources s’épuisent, plus elles deviennent rares et donc chères, et les entreprises devront subir des coûts de dépollution importants à mesure que la qualité de l’environnement se dégrade. Sans compter les conséquences sur le bien être des citoyens qui pèsent fortement sur l’économie. Mais, bien évidemment, pour que ces efforts fournis à l’échelle locale ou nationale ne restent pas vains, ils nécessitent une coordination internationale, et ce malgré de fortes inégalités selon les pays face à la transition

énergétique : en effet, les technologies nécessaires pour une énergie propre restent coûteuses et appellent à une entraide entre pays en développement et pays industrialisés. C’est là tout l’enjeu des rassemblements comme la COP22, lors de laquelle les dirigeants de 196 nations s’associaient à des représentants industriels et humanitaires afin de réfléchir à la mise en place d’un environnement favorable au développement du secteur financier, tout en s’inscrivant dans une logique d’amélioration du comportement en terme d’écologie et d’entraide face à la gestion des impacts du changement climatique. De manière générale, lors de la COP21 en 2015 et cette année encore, les pays ont fait preuve d’unité face à l’urgence de la situation climatique et se sont notamment engagés à investir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour soutenir l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. Ainsi, on comprend que dans la course vers une planète plus propre et vertueuse économie et écologie se doivent de travailler main dans la main, malgré des velléités a priori contradictoires, ce qui nécessite également un engagement concret de toutes les nations pour concilier réformes politiques et socio-économiques. Car, si aujourd’hui la prise de conscience face aux problèmes environnementaux est largement diffusée, la mise en place d’outils opérationnels et de plans stratégiques manque cruellement lors des sommets internationaux

L. Ennour

Pour toi l’économie c’est avant tout des vieux cours poussiéreux de lycée ? Des histoires de banquiers barbares et de crises incompréhensibles ? Cette chronique est justement faite pour toi ! Tu as une question, un sujet d’actualité auquel tu n’as rien compris, ou un thème sur lequel tu voudrais plus d’informations ? Envoie nous un mail à lalouette.journal@gmail.com, on essaiera de répondre à ta question dans le prochain numéro !

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Journal Harcèlement scolaire : parlons-en, démesurément Un fléau désormais bien connu continue de sévir au sein de notre système éducatif : le harcèlement scolaire. A l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire le 5 novembre, il est absolument nécessaire d’évoquer ce phénomène, qui brise à lui seul des millions de vies. Dernièrement, le harcèlement scolaire a beaucoup fait parler de lui, en prenant notamment pour étendard le drame de Marion Fraisse, 13 ans, harcelée par ses camarades, et qui s’est finalement suicidée en février 2013, laissant ses parents dans l’incompréhension la plus totale. Car non, Marion n’avait parlé de sa situation à personne, dans la mesure où elle-même ne la comprenait pas réellement. Mais surtout parce qu’aucune oreille n’était vraiment disposée ni préparée à l’écouter. «OK, je n’ai pas réussi à dire tout ce que j’avais sur le coeur, mais maintenant je le fais, même si mon coeur ne bat plus ...» (extrait de la lettre de suicide de Marion Fraisse). En effet, Marion s’est retrouvée démunie, car même son établissement scolaire n’a pas su réagir face au harcèlement dont elle était victime. France 3 a récemment diffusé l’intégralité de sa descente aux enfers dans un film intitulé «Marion, 13 ans pour toujours», suivi d’un débat en présence de sa mère. Enfin donc, les consciences s’éveillent, et pourtant le concept même de harcèlement scolaire existe depuis les années 70.

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Malgré le plan d’action important de plusieurs gouvernements contre le harcèlement scolaire comme la déclaration de Kandersteg en 2007 notamment, ce dernier évolue avec les nouvelles technologies et devient, de fait, plus redoutable encore. Le cyber-harcèlement est en effet encore plus difficile à détecter et à empêcher, et ce pour plusieurs raisons évidentes. Premièrement, Internet donne une arme supplémentaire aux agresseurs potentiels : l’anonymat. L’utilisation de pseudonymes ou de faux comptes rend très difficile l’identification des harceleurs, et de fait la protection contre le harcèlement. La victime se retrouve désarmée, ne sachant pas même contre qui elle doit se défendre. Deuxièmement, le cyber-harcèlement permet des attaques perpétuelles (puisqu’elles peuvent ne plus être cantonnées à l’espace scolaire) : la victime subit ainsi des assauts répétés, à toute heure de la

journée et où qu’elle se trouve. Enfin, les réseaux sociaux permette un harcèlement dit «de masse» : les agresseurs peuvent s’organiser pour harceler la personne, et donc rendre leur action d’autant plus violente pour la victime. Si chaque jour près de 200 millions d’enfants et d’adolescents sont harcelés et maltraités par leurs camarades dans le monde, tout le monde a nécessairement été confronté de près ou de loin au harcèlement scolaire. Simple témoin, victime directe, ancien agresseur inconscient ou aujourd’hui repenti, le harcèlement

scolaire demeure un phénomène latent, qui semble même être parfois nécessaire à l’insertion dans un groupe.

Plusieurs études ont en effet démontré que des élèves devenaient harceleurs pour échapper eux-mêmes au harcèlement : en somme, manger ou être mangé. Il est donc essentiel de bien comprendre tous les mécanismes qu’implique le harcèlement scolaire afin de mieux pouvoir l’empêcher. Car nous savons aujourd’hui que même lorsque le harcèlement ne conduit pas au suicide, il peut laisser de graves traumatismes qui impactent parfois très durement le futur des victimes (vie professionnelle, aisance relationnelle ...). La sensibilisation des élèves est ainsi indispensable, ce que semble avoir bien compris l’éducation nationale. Ainsi, les consciences s’éveillent mais les tabous perdurent pour chacun d’entre nous : il est difficile d’admettre avoir été harcelé(e) durant sa scolarité, tout comme le fait d’avoir été témoin de harcèlement et de n’avoir rien osé faire, au même titre que le fait d’avoir été harceleur soi-même. Alors faisons une bonne fois pour toute tomber ces barrières ! Car le harcèlement est une maladie dont nous connaissons désormais le médicament : la parole.

R. Roumeaux


Journal Chair Collaboratrice : l’Assemblée Nationale pointée du doigt Depuis septembre 2016, les députées de l’Assemblée Nationale ne se laissent plus faire : elles dénoncent désormais sur leur site «Chair Collaboratrice» les cas de sexisme qu’elles subissent quotidiennement. Les témoignages sont néanmoins anonymes afin d’éviter toutes représailles. Leur but ? Faire comprendre que le sexisme touche toutes les sphères de la société, et même les institutions, pourtant censées montrer l’exemple. «Nerveuse ? J’ai les outils pour te calmer...». Les mots rapportés sont parfois très crus, et chacune de ces anecdotes fait grincer des dents. Comment tolérer de telles paroles au sein de nos institutions ? Car rappelons que ce sont ces mêmes institutions qui sont censées tout faire pour lutter contre le sexisme. Et c’est là tout le but de ce site web : dénoncer le sexisme quotidien à l’Assemblée Nationale, quitte à entâcher cette image très voire trop lisse présente dans les médias. Récemment, de nouveaux témoignages provenant d’autres milieux professionnels sont venus étayer la plateforme. D’autres plateformes de témoignages ont parallèlement vu le jour comme le site de Paye Ta Robe, conernant le milieu juridique. Mais bien avant cela, beaucoup de pages féministes avaient déjà pour vocation de diffuser les témoignages de sexisme. Paye ta Shnek, l’Empêcheuse de tourner en rond, les Glorieuses : ces trois pages féministes réunissent à elles seules près de 300.000 likes. Ces différentes communautés sont très actives sur les réseaux sociaux et partagent à la fois des pétitions, des messages de soutien, l’actualité ainsi que les avancées et les reculs concernant l’égalité des sexes. Cela vaut souvent à leurs adminitratrices un harcèlement quotidien et des messages de haine (qu’elles n’hésitent pas à relayer), ce qui ne fait que justifier leur combat encore davantage. En effet, internet est un véritable ring pour les féministes convaincu(e)s, car le sexisme y est omniprésent, pour ne pas dire constant. Récemment, la vidéo de Marion Seclin pour le webjournal Madmoizelle concernant le harcèlement de rue (#tasétéharceléemais) a provoqué de vives réactions. De nombreux youtubeurs français se sont emparés de cette vidéo en prenant Marion Seclin pour cible. Dernièrement, c’est la vidéo du Raptor Dissident, youtubeur très controversé pour ses propos haineux, qui a été démonétisée par Youtube. Si la vidéo du Raptor n’insultait pas Marion Seclin à proprement parler, elle a visiblement incité sa communauté d’abonnés à le faire, via les réseaux sociaux. Si malheureusement les déferlements de haine ne diminuent pas en ligne, c’est non sans soulagement que nous voyons fleurir davantage de plateformes allant à leur encontre. Il n’y a plus qu’à espérer que la loi suive : comme par exemple dans le comté de Nottinghamshire (Royaume-Uni), où depuis le 16 juillet 2016, le harcèlement de rue est considéré comme un crime.

R. Roumeaux

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https://chaircollaboratrice.com

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Plumes

Qu’il est long de t’attendre A trop devoir rester vivre dans cette chambre De neufs mètres carrés plus triste que décembre Qu’il est long de t’attendre

Attendant le départ sur le périphérique En pensant à Kerouac à Neal à l’ Amérique Sans plus de comptes à rendre

A regarder partir sans laisser nulle trace Les jours passés sans toi qui tour à tour s’effacent Et les soleils descendre

Alors pouce tendu à la sortie des villes Je m’enfuis en douce de cette vie débile A Séville descendre

A s’occuper de rien sans espérer trop fort A ne rien serrer contre soi quand on s’endort Se coucher sans mots tendres

En traversant les nuits le long des lignes blanches En traversant l’ennui de dimanche à dimanche Pour renaître des cendres

Par le pas des portes un peu comme on s’échappe Passer pour se perdre dans la rue qui me happe Rêvant d’un train à prendre

Et là je suis joyeux tout au bout de ma rage Car enfin en accord avec mon cœur sauvage Heureux à s’y méprendre

Et toujours ce désir aux frontières du cœur De se casser d’ici de s’en aller ailleurs D’aller le diable pendre

Puis rassasié mais seul du fin fond de l’errance Mon pauvre cœur repu repense en silence « J’ai raison de t’attendre » Alex

Les Plumes, c’est la partie création du journal. Si tu aimes écrire, photographier ou que sais-je encore, envoie le fruit de ton travail et/ou de ton imagination à lalouette.journal@gmail.com avec comme intitulé «Les Plumes». Les publications peuvent se faire sous pseudonyme et tu es libre de proposer ce que tu veux, à condition que tu en sois l’auteur à 100%. Alors n’hésite plus si tu as quelquechose susceptible de faire apparaître des étoiles ou des larmes dans les yeux des lecteurs, envoie-le nous ! - Sarah

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Plumes Les Années folles Imagine, nous deux, en plein milieu des années folles. Main dans la main dans le Paris des poètes, nos pas bercés par le rythme éclatant des cuivres inondant les ruelles, et nos talons claquants sur les pavés mouillés par un orage d’été. Imagine, nos rires innocents qui jamais ne cesseraient, réveillant jusqu’à la nuit elle-même, et nos maladroits pas de danse esquissés en pleine rue sous les regards incongrus des passants cherchant asile sous les devantures qu’ils trouvaient. Imagine, nos voix se répandre en un long brouhaha parfait le long de l’escalier en bois craquant sous notre passage, au petit jour. Ma main toujours dans la tienne et nos corps tremblant de froid, et d’euphorie. Imagine, dans ce dédale de couloirs, une chambre qui nous attendrait, les rideaux de velours pourpres tendus au châlit, les draps blancs sans un pli, et les voilages devant les larges fenêtres qui laisseraient passer un léger parfum d’aurore.

Imagine, mes lèvres à tes lèvres et tes mains sur mes reins. Et tes soupirs assourdissant mes sens.

Imagine, nos corps enlacés, mystifiés sous les lueurs roses d’un soleil naissant, et mes baisers déposés au creux de ton cou protégé de ton carré parfait.

Imagine, ces jours et ces nuits éternelles.

Imagine, nous deux, en une époque qui n’est pas nôtre. Imagine, nous deux, un court instant. Imagine, nous deux, comme si tu y croyais. Comme si tu le voulais. Même qu’un peu. Emilie Audran

Minuit à toutes heures La répétition. Ces allées et venues interminables. Celles qui conditionnent mon existence. Mes pensées. Mes écrits. La répétition même des mots, alors que je les avais oubliés. Ces mots. Ces phrases. Mes pensées en boucle sans répit. Dans mon esprit continuellement. Ces venues. Puis ces retours. Une image. Encore une fois. Des pensées. Toujours les mêmes. Qui se traduisent. Sous les mêmes formes. Sous les mêmes couleurs. Mes émotions. Qui se renouvellent de la même manière. Presque chaque jour. Chaque nuit. Plus blanche que jamais. Chaque nuit. Moins noire que demain. Ou peut-être plus. Je ne sais. Indétermination éternelle. Questionnements quotidiens. Qui ne se lassent pas de traverser mon esprit. Embrumé. Au milieu de mes rêveries. Grises de toutes leurs vives nuances monochromes. Colorées de leurs mornes réalités. Meurtrières de leurs simples présences. Mutilées dans leur culte délaissé. Et une hirondelle eut chanté dans la tendresse de l’aurore. Emilie Audran

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Plumes Le Jugement Vous me regardez, assis sur vos trônes spectaculaires Vous me toisez, rois de ce cénacle séculaire Vous attendez que j’implore votre aide salutaire Vous espérez que j’adore vos idoles somptuaires. Du haut de vos carcans, vous astreignez mes envies Du haut de mes vingt ans, j’étreins vos interdits Vous haïssez tout ce que je représente, une jeunesse révoltée J’exècre tout ce que vous représentez, une institution dépassée Maîtres de notre société, vous m’accusez de réveiller les consciences Esclave de votre société, j’allume tous les feux de l’espérance Vous voulez me briser, moi qui ne suis qu’une fille des rues Vous resserrez votre étreinte mortelle autour de ma vie déjà perdue. Les parfums lourds d’encens excitent votre soif de vengeance Mes parfums lourds d’ailleurs aiguisent votre puissante violence Face à mon silence obstiné, vous détruisez tout ce qui m’était familier Vous attaquant à mes amours, mes amitiés, mes plus belles années Réduisant à néant mes derniers refuges, alors tout ce que j’ai connu Par votre dure volonté de juge, à jamais n’existera plus. Debout devant vous, l’obscurité tente d’envahir mon cœur Il reste l’ultime rempart contre votre noirceur Debout devant vous, ma lumière s’épanouit

Elle brille toujours, même dans la plus sombre de vos nuits Vous enragez, voulant me plier à vos innombrables désirs Vous me bafouez mais je demeure insoumise, déclenchant vos ires Même à terre, je vous défie du regard Mon regard, qui hante vos nuits et vos cauchemars Ce regard, qui reflète l’échec de vos plus grands rêves Qui vous poursuit, vous harcèle et vous provoque sans trêve. Vous n’avez qu’une solution, me mener à une mort certaine Après m’avoir asséné des coups par centaines Mais avant, vous vous assurez en moi de tout arracher Mon corps, ma fierté, ma pensée et ma dignité Vous voulez faire taire ma voix devenue trop audible J’assassinais trop bien vos dires devenus risibles C’est à votre tour de m’assassiner, je le sais J’attends que vous jugiez mon heure arrivée Que vous m’accusiez de crimes que je n’ai commis Et que vous m’emmeniez sur la place de grève, où vous m’ôterez la vie. Face à la foule déchirée par vos mensonges et ma vérité Là, je reprendrai ma vie, mon combat et ma liberté Car jamais je ne vous appartiendrai Oui, je vous échapperai. Manon Bello

Déchirement Crisse, craque, croque La Machine aux mâchoires aiguisées ; Grince, gratte, grogne La Furie aux serres acérées ; Siffle, sarcle, saute L’Engin aux tentacules armées ; Plient, parlent, pleurent Les regards aux âmes médusées.

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Yeza


Plumes Nous sommes ceux qui croient Nous sommes ceux qui croient Malgré ce qu’on nous dit Nous sommes ceux qui croient Malgré ce qu’on nous chante Nous sommes ceux qui croient Malgré la déferlante D’opinions vagabondes De vagues en furie Nous sommes ceux qui croient Nous sommes ceux qui crient Hauts les poings hauts les cœurs Car c’est notre combat Pour notre liberté Et pour notre bonheur Pour notre tolérance Pour toutes nos valeurs

Dont la vie, dont les choix L’avenir sont en jeux Car non vous n’aurez pas L’espoir qui nous consume Et notre humanité Aux lumières de joies Nous sommes ceux qui croient Nous sommes ceux qui pensent Qui se lèvent, qui dansent Qui veulent un temps meilleur Et un jour nous aurons Dans toute notre ivresse Nos multiples couleurs Et un jour nous aurons Dans toute notre ivresse Nos multiples couleurs

Nous sommes ceux qui croient Tous ces enfants du monde

Gaëlle Audouy

Plus vraiment seule Il est tard. Ou tôt, très tôt. J’attends le bus qui ne vient pas, assise sur le métal branlant, adossée au verre dépoli. J’attends et je suis seule. Très seule. Aucun bruit, aucun mouvement. Rien. Mes yeux se perdent dans le bitume, entre mes ancres à lacets. Je somnole. Ou non : je suis bien éveillée. Mon cou me tire, je le redresse. Mes yeux se cherchent un nouveau but. Mais tout est sombre, vide, non hostile. Ma tête oscille, de gauche à droite, doucement. Une forme a bougé, là, en face, dans la vitrine du magasin fermé. Ma tête revient vers cette forme, comme attirée. Mon cou se tend. La forme a bougé. Elle est indistincte, pâle, frêle, mais réelle. Je la distingue parfaitement à présent, occupée à agencer des articles de lingerie dépassés. Chaque culotte, corset ou panty semble avoir une place bien établie.

Les mains de la vendeuse vont et viennent, décalent l’un d’un centimètre, ajoutent à l’autre un accessoire. La vitrine prend forme et s’éclaire. Un halo semble avoir coloré toute la scène. La devanture même est comme ragaillardie. 0n y lit un nom : « Aux bonheurs des Dames ». Les pluriels y annoncent les plaisirs à venir. Je souris et la femme me voit. Elle me fait un léger signe de la main, termine sa besogne et disparaît dans le fond de l’échoppe. La vitrine est belle, coquine et distinguée. Je baisse un moment la tête. Quand je la relève, il n’y a plus de lumière, de couleur, de boutique. Seulement une palissade camouflant à demi les ruines d’un petit immeuble démoli. Je ferme les yeux. Les ré-ouvre. J’attends. Aucun bruit, aucun mouvement. Rien. Mais plus vraiment seule... Yéza

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Plumes Épisode 1 : Aube et Crépuscule

Vadim, commandant de la Guilde des Mendiants

La balise clignote faiblement dans la nuit. Petite flamme vacillante dans le néant, elle est entourée de vide, un doux écrin lacunaire au cœur du vaste chaos environnant. La première chose dont je me souviens, c’est cette petite étoile, le soleil de notre propre système. Je me suis souvent assis derrière la grande baie vitrée et j’ai observé le scintillement paisible, comme un lointain battement de cœur. J’avais l’impression d’y voir clair dans la confusion et l’obscurité. Puis je lève les yeux et aperçois un point se détacher de la voûte céleste, qui me sort de ma torpeur nostalgique. Il se meut avec lenteur, comme un danseur de balai au milieu de l’immensité ténébreuse. Alors qu’il s’approche progressivement, le point se met à grossir, à clignoter lui aussi. Mon dos se raidit, tendu par l’arrivée du corps étranger dans l’organisme paisible du cercle. Je doute, mon visage se creusant de douloureuses vallées alors que mes yeux virevoltent dans la pièce bien ordonnée, uniquement éclairée par les lumières lointaines de l’Anneau. Puis, je vois le point se muer en une grande structure éclatante, un vaisseau spatial d’une blancheur argentée. Fin et effilé, il porte sur l’avant de son fuselage une vaste voile qu’il utilise pour capturer les vents solaires. Un appareil de classe Gabor... Je m’apaise peu à peu, réalisant l’absurdité de ma réaction. Les années de plomb et de flammes sont terminées... l’Anneau de Riggs va peut être enfin trouver un équilibre. Nul besoin de se défendre contre les assauts de la Diaspora ou ses propres compagnons d’infortune. Au début, tout n’était que débris flottants, dérivant autour d’un cercle précis de la Balise, jouets de la fée Gravité qui ne se lassait pas de les faire tourner entre ses doigts impitoyables. Peu à peu, on se rendit compte que la ‘’stase’’ dans laquelle les déchets étaient enfermés pouvait contenir quelques compatriotes indésirables... après tout, les conventions stellaires interdisaient les exécutions... Notre bel Anneau n’était qu’un vaste chaos, nous avons été rejetés au confins du système solaire, divisés en de multiples factions: repris de justice, zélotes aux croyances étranges, utopistes en quête de lieux où mettre leur foi à l’épreuve... tous nous avons combattu dans ce nouveau monde en friche, formé des ‘’rebuts’’ de la grande Diaspora humaine. La seule chose qui nous a maintenu ensemble, c’était la Balise. La Balise... le produit d’années de recherches.Les expériences malheureuses de nos ex-compatriotes ont fini par porter leurs fruits. A force de créer des points d’ancrage au sein du système solaire pour leurs navires, ils ont trouvé bien plus que ce qu’ils cherchaient... Des pivots de gravité créés artificiellement, qui permettent de créer une nouvelle technique de déplacement: la Fronde. Les vaisseaux peuvent prendre de la vitesse autour du puits massif marqué par la Balise et partir vers d’autres puits, jusqu’à ce qu’ils atteignent des rivages planétaires encore vierges : Mars, Neptune, Jupiter et ses lunes...

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Plumes Et nous ? Nous avons été les mendiants du bord de la route, guettant le moindre signe de vie pour quémander notre pitance, perdus au milieu de l’expansion humaine dans le Système solaire, sans espoir d’en sortir. Nous avons été comme les hommes des temps anciens, observateurs d’étoiles qui nous offraient tantôt la vie, tantôt la mort, bénis et maudits tout à la fois... Avec le temps et les efforts de nombreuses personnes, la décharge pleine de vermine a fini par se transformer en jardin, lieu d’une renaissance pour tous ceux qui s’y sont retrouvés. Maintenant , nous sommes les gardiens du Phare, ceux qui ont fait du scintillement de la Balise un message de bienvenue à tous les navigateurs de la Mer d’En Haut, leur signalant la présence d’un récif gravitationnel. Nous sommes prisonniers de cette glorieuse anomalie mais nous avons trouvé la liberté dans cette suspension, cet isolement. Mais, alors que les mondes extérieurs dansaient sans nous... nous avons décidé de jouer notre propre symphonie, nous avons voulu faire entendre les échos d’une nouvelle Voix, tumultueuse et emplie de ce qui a fait de nous des conquérants et des miséreux. Nous avons rappelé à la Diaspora les raisons de notre dispersion, la chute de la Terre... tout ce qu’ils refusaient d’entendre... Nous leur avons montré un autre visage, l’autre joue de notre histoire. Nous ne ne leur avons pas laissé le choix, ils ont dû composer avec nous ou nous les aurions entraîné vers l’abîme où ils n’auraient plus qu’une bienheureuse cécité pour les préserver de leurs échecs passés. Je me dois d’écrire cette Histoire, ces histoires, car dans ce grand vaisseau de classe Gabor, arrivent des émissaires de la Diaspora. Ils viennent nous reconnaître, signer notre accord... Les termes du traité stipulent que nos archives doivent être détruites... Mais je veux vous transmettre tout cela avant que le nouvel Âge d’Or ne nous malmène puis nous brise, avant que la vérité subsiste et que nous soyons plus qu’un simple point, vacillant là-haut, sur la voûte céleste. Le doute me prend, je dois réfléchir... je suis le représentant de notre Guilde, les prochains jours vont être décisifs... Vais-je vraiment accepter leurs termes ?

Car cette aube pourrait être notre fin... S. Lopez

Ce n’est pas fini ! L’épisode 2 est à suivre prochainement sur notre site internet lalouettejournal.wix.com/alouette et sur notre page Facebook lalouettedumirail

Hier-demain Maintenant Est dépassé, EntRe les mailles du filet ; Mon futur vacIlle, bafoué : On partage la fOlie des années ; Il est Mes visages, je les vois Riant, plEurant ou aux abois Et le teMps passe pour toi. Yeza

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Plumes

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Les Bulles A chaque numéro, L’Alouette vous propose une bulle d’air créative. Aujourd’hui, Céline vous propose une idée à partir de laquelle vous pourrez imaginer un texte ou une image :

« L’automne est là, avec son cortège de feuilles mortes, vent frais et nuit précoce, cher aux mélancoliques. Et si l’automne était autre chose, que serait-il ? » Si vous souhaitez être publié-e, il faudra respecter quelques critères : maximum 440 mots pour un texte et 11x7cm pour une image. Votre participation est à envoyer impérativement avant le 5 novembre à l’adresse du journal : lalouette.journal@gmail.com et en précisant «Gaëlle- Les Bulles» dans le sujet du courriel, votre vrai nom et prénom (obligatoire) ainsi que le nom à publier (si différent). Attention : une seule participation par type (texte et image) chaque mois ! Parmi les propositions reçues dans les temps, seront publiés deux coups de cœur de la rédaction (un dessin et un texte), les autres publications seront tirées au sort.

En octobre, la contrainte était : Aragon a écrit : “La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces.” Et si vous décriviez une journée de ce voyageur au long manteau ? Merci à Valentin pour sa jolie contribution ! Déboires et nuit noire. Jonchée entre les débris de verre, à même la chaussée toute calcaire, la vagabonde de larmes abonde. Enveloppée dans une longue mélopée, éloignée de tous ses pairs, l'inconnue erre sans faux airs. En ce triste soir, elle ne désire plus y croire. Demain, elle irait rencontrer la mer.Ne laisserait de traces de ses foulées, qui risqueraient ses arrières, grâce à ce qu'elle traînerait. De ses épaules plongerait un manteau complètement démesuré. Omoplates caressées, lombaires tamisés, chevilles effacées, la vagabonde en son sein ne serait plus qu'une onde. Derrière elle, l'on ne peut plus apercevoir l'Espoir. Seule la vanité blonde se donne à boire. En effaçant ses traces, la vagabonde s'enfonce dans les entrailles de l'Abattoir. Nuit noire et déboires.

Valentin Chomienne

Pour d'autres pérégrinations de vie : vahlentin.tumblr.com/carnets

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Portrait en musique !

Je débarque en avance à mon rendez-vous, mais ce n’est pas grave, du café m’attend et je ne dis jamais non à mon opium brun. Un bœuf de jazz résonne entre les murs colorés d’affiches de ciné et des photos d’auteurs classiques. Il y fait chaud dans ce nid artistique, c’est la température et le cœur de ceux qui s’y retrouvent qui palpitent sur mes joues. Jamais un foyer n’a si bien porté ce nom. Les permanenciers sont là pour chacun de nous. Un café ? Une sucrerie ? Un sourire ou une question métaphysique ? Vous pouvez entrer sans craintes ici, d’un pas candide, d’une voix enjouée ou accompagné de votre mélancolie automnale. J’aperçois Aristide qui a rejoint ses compagnons derrière le comptoir. Il sert un thé, un autre café, il discute avec un ami musicien, il fait semblant d’engueuler un nouveau permanencier. Il propose de m’offrir un café, vous devez vous douter que j’accepte avec plaisir, un café étant une des meilleures choses à partager, comme une bière en soirée ou une couverture en hiver. Nous trouvons une place dans ce nid fourmillant de diversité et de richesses culturelles. Aristide est permanencier depuis trois ans. Avant il était intermittent du spectacle, aujourd’hui il étudie la musicologie en même temps que son métier de menuisier ébéniste et il est heureux de pouvoir parler de l’âme du foyer de Lettres, Art, Musique et Philosophie. Mais au fond, un foyer, qu’est-ce donc ? Dans notre université, chaque UFR à en son sein un foyer étudiant. Celui de Psycho, celui de Langue, celui d’Histoire, celui de Socio, etc… Ils vendent des cafés, des thés et d’autres denrées à des prix défiant toute concurrence (mis à part chez maman ou chez les copains, mais c’est un peu comme à la maison quand même), tous ceux qui sont là pour nous servir sont bénévoles, parfois étudiants, parfois en recherche d’emplois, parfois ébénistes.

L’Alouette : Bonjour, alors dis-moi tu es permanencier depuis longtemps ici ? Aristide : Oui ça fait déjà trois ans que je suis permanencier. J’aime l’esprit des personnes que je côtoie, on est là dans un but précis, aider. On veut être un lieu d’accueil pour les personnes qui se sentent perdues ou seules. On est là pour proposer une bulle où quelqu’un pourrait se sentir bien, être lui/elle-même et décompresser, nous parler si elle/il a besoin. L’Alouette : Vous voulez créer une grande famille ouverte sur les âmes qui veulent échanger. C’est un idéal rare de nos jours.

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Aristide : Oui, enfin non, ça dépend des personnes, certains ne nous apprécient pas pour ce que l’on est justement. C’est vrai que l’on est pas sur la même longueur d’onde que le foyer d’Histoire par exemple. On partage plus l’esprit de la Kazba en socio. Chaque foyer à son histoire, ses particularités. D’ailleurs j’ai appris pendant mes années de permanence qu’il existait, depuis très longtemps, une animosité

entre le foyer d’Histoire et le nôtre ; j’ai cherché à savoir pourquoi, mais concrètement on en sait rien. L’Alouette : Ah oui ? Je ne savais pas ça. C’est dommage. Dis-moi un peu alors, ici ça se passe comment ? Aristide : On est une vingtaine de permanenciers cette année. Après ça dépend de l’engagement de chacun mais tout le monde est respectueux et ça se passe super bien pour ça. On a les subventions grâce aux fonds communs FSDIE et le bon sens de chacun, la participation, l’engagement et l’humanité de ceux qui viennent, ceux qui s’impliquent à fond, etc. Après bien sûr nous sommes obligés d’avoir un bureau, des tâches administratives, etc. On est une association, c’est donc normal. Parfois il faut qu’on se retrouve plus souvent pour voter des projets, des idées. Mais au sein de l’association il n’y a pas vraiment de hiérarchie, chacun a la même place. On est plus une coopérative, les gens sont super responsables donc ça marche bien.


Magazine L’Alouette : D’ailleurs au niveau des projets, culturels ou solidaires, vous faites quoi ? Aristide : On fait une bourse de vêtements une fois dans l’année mais on est moins calés sur les projets solidaires que la Kazba qui font souvent venir du frais, des légumes, des plats, des vêtements. On est plus ancré dans les projets d’aide individuelle, moins collectif. Les ventes de fruits, etc. ce n’est pas notre spécialité. L’Alouette : Et face à l’administration vous pouvez tout faire ou vous avez des limites concrètes ? D’ailleurs le bâtiment 18 a été détruit au final, comment ça se fait ? Aristide : Concrètement l’administration nous pose des limites et des règles mais on teste, toujours. On essaie de voir jusqu’où on peut aller. Par exemple, dernière anecdote en date, lorsque le Mirail a pris le nom de Jean Jaurès ça n’a pas plu, pas pour le nom de Jaurès non on l’aime beaucoup, mais par le fait que ça a été choisi pour gommer le contrat avec Vinci qui allait donner la propriété à un partenaire privé et gommer l’identité de la Fac que l’on connaissait. Donc le jour où les « grands pontes » sont venus visiter les nouveaux locaux, on a pris notre ancienne banderole d’indication, tu sais les rouge avec écrit « UFR de Philo etc... de l’université du Mirail » et on l’a déroulé sur les marches devant pour marquer notre mécontentement. Mais au bout de quinze jours la directrice de l’UFR à demandé à ce qu’on l’enlève. Voilà donc parfois ça passe, parfois ça passe pas, mais on ne fait jamais d’esclandre. Pour le bâtiment 18, avec un professeur de Lettres, Monsieur Roumette, on a créé une association, c’est « Les 101 patios » afin de sauvegarder les bâtiments de Lettres dont le

bâtiment 18 comme patrimoine de la Fac. Ce projet avait pour but de mettre l’argent dans sa rénovation, parce que la Fac était interdite de rénovation.On a fait des projets avec les masters d’architecture, on leur a pondu le projet complet, les plans, la rénovation, le budget, etc. mais l’architecte de Vinci qui a conçu la fac a refusé, parce que ça allait déconstruire son projet, donc la Fac a rejeté la demande. L’Alouette : Émettre des projets ça a l’air d’être très compliqué face à tout ça, même pour le plus simple. Aristide : Un peu oui, quand on veut planter un clou par exemple il faut envoyer un mail à l’administration, qui l’envoie au service patrimoine de la Fac qui le renvoie à Vinci et au final le clou il ne sera jamais planté parce qu’un foyer étudiant ce n’est pas vraiment dans les priorités de la firme. En plus faut leur dire où on va le faire, deux mètres après la porte, etc. Mais par exemple ici le comptoir avait un défaut, ceux qui l’ont conçu ne lui ont pas donner d’équilibre, donc il tombait, j’ai dû me débrouiller, je suis du bâtiment quand même je sais où percer ou non. Mais bon la directrice de l’UFR le sait, on essaie toujours, on a cet esprit libre, pas radical, mais libre. L’Alouette : Un esprit libre qui se perd entre ces murs d’hôpitaux. En tout cas vous êtes un foyer très ouvert sur les autres étudiants, sur ce qu’il se passe à côté et c’est vraiment super. Aristide : Disons qu’il faut être là si on peut participer à une tribune, une cause, une production de culture, etc. Par exemple pour votre journal je pense qu’on essaiera de vous donner une meilleure visibilité car un journal étudiant c’est important dans une Fac.

Je remercie Aristide qui s’excuse d’avoir beaucoup parlé. Échanger tant de positivité en étant entouré de chanteurs, de guitaristes et de personnes remarquables comme il m’en a cité, parler de sujets simples en étant sincère, comprendre une vie, entendre une cause, ce sont des choses précieuses. Je repars avec mon sac lourd de connaissances et d’humanité, de chaleur et d’ouverture. Il fait beau cette après-midi au-dessus de notre chère fac du Mirail, et il est certain que je reviendrai rendre visite à Aristide et à tous ceux qui aiment partager un court instant, pour un peu de chaleur.

A. Clara

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Mamie Manou

Chère Tatie Jeanne, j’ai besoin de tes conseils : depuis quelques mois j’ai décidé de me lancer et de me faire tatouer. Je suis d’un naturel timide et j’ai du mal à annoncer cela à mon entourage. Ça ne paraît pas être quelque chose de fou, mais pour moi c’est énorme et c’est un projet qui me tient beaucoup à cœur. Comment puis-je assumer ce choix ?

Hum hum … C’est là que j’écris ? Ah bon, très bien. Oui un peu de thé s’il vous plaît. Lucifer, vieux matou, viens ici ! Je suis lue ? Oh pardon cher lecteur ! Laissez-moi me présenter : mamie Manou, pour vous servir, jeune génération. Je vous sens déroutés, n’est-ce pas ? Oui, j’ai pris le relais auprès de Tatie Jeanne, elle est en vacances pour réaliser son plus grand rêve et faire le tour du monde. J’avais envie d’éclairer des jeunes de mes sages lumières, elle avait besoin d’une remplaçante, alors me voilà. Bien, je vais donc tenter de vous aider face à votre problème. Ah, les tatouages … Cela me rappelle mon premier amour de jeunesse, Marcel, un beau ténébreux, un blouson de cuir, une moto et un tatouage sur le bras droit, un cœur transpercé d’une flèche. Oh, Marcel …. Mais excusez-moi, je divague. Sachez que j’ai moi-même un tatouage, fait chez un ami de l’époque après une soirée arrosée, placé à un endroit indiscret du corps, mais vous ne saurez pas où, bande de petits coquins. Je comprends donc tout à fait votre peur d’assumer ce désir de tatouage auprès de ceux que vous aimez mais vous savez, c’est important de s’assumer. Mais sachez réfléchir longuement au choix d’un tatouage, c’est très important, ne faites pas comme moi à tout décider sur un coup de tête. Oh, loin de moi l’idée de regretter ce tatouage fait dans un état alcoolisé non, mais c’est toujours mieux d’avoir une réflexion posée.

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La timidité est une chose difficile à combattre, et il faut savoir l’apprivoiser. Commencez par en parler à ceux dont vous vous sentez le plus proche, ceux en qui vous savez que vous pouvez avoir confiance et qui sauront vous écouter. Puis petit à petit, parlez-en à un peu plus de personnes. Alors oui, autant être franche, désolée si je vous brusque mais je ne suis pas là pour enfiler des perles toute la journée, vous serez certainement confronté à des remarques plus ou moins bienveillantes. Des avis qui divergent, c’est le propre des humains, alors autant savoir faire avec mon chou. Certains se moqueront, d’autres s’en soucieront comme d’une guigne, d’autres encore approuveront... Et c’est là où votre force de caractère intervient. Ne vous laissez pas influencer, comme commencer à regretter votre choix suite à une parole acerbe. C’est vous qui décidez ce que vous voulez pour vous-même, je sais, ça paraît tomber sous le sens mais ça fonctionne comme ça. Cela s’applique à tous les domaines, qui plus est : vous aimez ce tatouage, cette robe jaune poussin avec ces bottes en plastique à pois rose, ce disque, cette veste en jean recouverte de pin’s (et ne critiquez pas les pin’s, c’était très en vogue à mon époque, et tout ce qui est vieux revient à la mode, alors je suis moi-même à la mode), ce garçon ou cette fille ? Alors foncez, aimez tout cela, aimez-vous, affirmez-vous et vous verrez, vous prendrez confiance en vous. N’ayez pas peur, tout ira bien.


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Lou Darau Bientôt Noël ! Les grands repas de famille, les chants sur le parvis de la mairie, le marché et ses petites maisons en bois, le sapin qui brille au milieu du salon, les cadeaux, la féérie, les illuminations en ville, les rires d’enfants et le foie gras. Bref, je ne vais pas vous apprendre ce qu’est Noel: une grande récréation… Qui peut vite virer au cauchemar… D’abord vous vous arrachez les cheveux dans les magasins: trop de monde, trop de choix, pas assez d’idées. « Qu’est ce que je vas encore bien pouvoir offrir à mon père pour 3 euros 20? » Face à ce constat d’échec inévitable vous vous dites que de toutes façons, Noël, c’est d’un capitalisme exécrable; que l’important c’est d’être ensemble et de s’aimer. Cette ignominie commerciale n’aura pas raison de votre intégrité. Non, non, non. Et puis quelle idée d’offrir des dinettes aux petites filles et des tracteurs aux petits garçons ? Hein? Franchement. Vous écririez bien au Père Noël pour qu’il évite de promouvoir le sexisme et puis vous vous rappelez que vous vivez dans un monde de merde ou la magie n’existe pas. Que vous reste-t-il à faire? Offrir un kit de tricot à votre père? Ou un tracteur à votre petite cousine, qui, à votre grand damn, est une inconditionnelle de la Reine des Neiges? Mouais… Vous ne voudriez pas ternir l’ambiance déjà bancale du repas familial. Vous vous y voyez déjà, obligé(e) de répondre aux questions embarrassantes de tata Brigitte sur votre statut matrimonial et sur le prénom des futurs enfants que vous ne voulez pas. Tous les ans, c’est la même chose, il faut vous justifier d’aimer ce que vous faites, vous justifier d’être heureux seul(e) ou accompagné(e), vous justifier de faire des études ou il n’y a « vraiment aucun débouché », vous justifier d’être vegan, activiste en tout genre ou encore tout nouvellement juif. Est-ce que vous leur demandez, à eux, comment ils en sont arrivés à avoir une vie aussi merdique? Non. Vous mangez et vous buvez à vous en rendre malade, vous ouvrez des cadeaux douteux en souriant et vous prenez sur vous. Bordel. Et puis c’est sans compter sur votre grand-père, qui vient pour l’occasion prendre ses quartiers chez vos parents et investit le canapé et le programme télé. Vous frémissez de terreur à l’idée de revoir les mêmes téléfilms que depuis plus de vingt ans. Vous vous sentez emprisonné(e)s dans Un jour sans fin. Vous appréhendez le moment ou le JT va provoquer un affrontement terrible sur la question des crèches dans les mairies… Votre belle soeur hurlera encore au scandale en scandant que Noël doit quand même rester avant tout la naissance de Jésus et votre beau frère (celui qui mange les carottes des rênes parce que votre mère n’a toujours pas compris, que la dinde, ça reste de la viande, même le jour de Noël) vous expliquera pendant des heures que la séparation de l’Eglise et de l’Etat doit passer par des symboles forts. De votre côté, vous vous en foutrez (ou pas), mais quoi qu’il en soit, nous vous souhaitons à tous de belles fêtes de Noël, qu’elles soient riches d’humanité, de rire, d’alcool et de bonnes bouffes. Comme dirait tonton Jean-Jacques: « à l‘année prochaine » !

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Magazine Le langage épicène : vers l’abolition du masculin universel ? [Cet article n’a pas pour but de constituer un guide d’utilisation du langage épicène, je mettrai par contre dans les sources des liens vers des documents officiels francophones détaillant comment utiliser et s’approprier ce langage] Ferdinand de Saussure : « Le temps change toute chose, il n’y a pas de raison pour que la langue échappe à cette loi universelle » Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que le français est une langue vivante et que comme chaque langue vivante, elle évolue. Je préfère le préciser car certain-es se seraient indigné-es ou s’indigneront quand même à chaque changement mineur de la langue parce que c’est « moche » cachant un certain élitisme (ou sexisme dans certains cas pour le langage neutre, ça reste à définir) en prônant un langage ou une écriture dit-e légitime (Les réformes de l’orthographe, on pense à vous). Certain-es d’entre vous ont déjà dû remarquer au sein de la fac des mots écrits avec des traits d’unions à la fin suivie d’un –e, -es, -esse etc… Ce ne sont pas des erreurs de typographie ni le logiciel qui a planté. En 2015, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a publié le Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe dans le but d’enlever la règle sexiste du « masculin universel » qui était à la base de cette vision étriquée et non représentative de la diversité de notre société. Après des années de luttes pour contrer une répartition genrée des fonctions dans la société, il a été décidé de féminiser des vocables qui désignent les fonctions et les professions des personnes exerçant un rôle dans notre société. Par exemple, chercheur est devenu chercheresse, un défenseur au féminin donne une défenderesse etc… On a aussi voulu pouvoir accorder au neutre dans notre façon d’écrire, des linguistes ont donc pensé à unir les accords du masculin et du féminin avec le symbole (-) du trait d’union (exemple : étudiant au neutre devient étudiant-e). Un langage non sexiste s’est donc formé en français dans le but de contrer l’idée immuable selon laquelle il serait de bon ton de faire prévaloir le masculin sur le féminin quand on s’efforce à appliquer les accords que nous avons, pour la plupart, appris sur les bancs de l’école primaire. Est-ce qu’une évolution du langage vers une abolition totale de la supériorité d’un genre sur l’autre n’est pas quelque chose de souhaitable au XXIème siècle ? C’est une question qui se pose, doit-on continuer à faire prévaloir une règle mis en place des siècles en arrière où seul l’homme prenait parti dans la vie politique et sociale dans notre schéma de pensée ?

A. Garcia

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Magazine Dépression On se plaît à croire que la vie étudiante est une fête permanente. Cependant une conception aussi simpliste de cette expérience se révèle réductrice. En effet, c’est nier une part non négligeable d’étudiants subissant les affres de la dépression. De quoi parle-t-on ? Il faut nuancer le propos. Le terme de «dépression» englobe tellement de significations qu’il en devient protéiforme. En outre, il n’est pas question de traiter de neurosciences. De dépression, il s’agit surtout d’état dépressif caractérisé par de multiples symptômes. Ceux-là se manifestent tantôt par une modification de l’humeur allant du pessimisme notoire au sentiment d’incapacité, en passant par la culpabilité et la dévalorisation; tantôt par un ralentissement de l’activité générale à la fois sur les plans intellectuel et psychomoteur. D’autres troubles physiques viennent accentuer ce fatras déjà peu plaisant : désordre digestif, manque d’appétit et de libido et troubles du sommeil. Bien qu’il faille éviter l’écueil d’une définition carcan, les études cliniques distinguent néanmoins deux types de dépression : mélancolique et névrotique. En omettant volontairement le détail de chacune d’entre elle, la somme que l’on peut en faire est simple. La première est socialement plus probante puisqu’elle fait état d’une douleur morale vive et d’une autodévalorisation intense tandis que la seconde est beaucoup plus enfouie, compensant un traumatisme par la revalorisation narcissique et l’appel constant à l’aide affective. Quid des étudiants ? Afin de ne pas marginaliser par le terme «étudiant», il faut avoir en tête que ces états de détresse ne sont pas différents de ceux dont souffre la population en général. Imaginons pour cela un schéma commun en trois parties. Dans un premier temps on identifie le «mal être profond» puis les «facteurs déclencheurs» pour aboutir sur le dit «état dépressif». Le premier est

inhérent à chaque individu. Le deuxième est en revanche celui sur lequel il faut placer le curseur puisque c’est là que se situent les spécificités propres à la condition étudiante. Bien qu’à certains égards la vie estudiantine peut être exaltante, elle repose néanmoins sur beaucoup d’incertitudes : financière, scolaire et sociale. Le facteur économique et la pression universitaire sont largement traités. En revanche, le facteur social semble moins abordé car soumis à de nombreuses contingences. La perte des repères, que procure la sphère parentale, nécessite de s’en créer de nouveaux. Le fantasme partagé d’une université comme un lieu d’hyper-sociablité n’est pas pour autant une réalité. En effet, il est répendu que la fac, bien qu’elle soit pour une part vecteur de lien social, ne soit pas, d’autre part, le contexte idéal pour se constituer un cercle social stable et pérenne. De plus, selon les récurrents rapports publiés par l’Observatoir de la Vie Etudiante, les étudiants estiment être peu intégrés à la vie de leur campus. Ce paramètre peut aboutir à un sentiment d’isolement acerbe. Se dessine alors le dénominateur commun aux étudiants – in extenso applicable à notre société – patent de la perte des susdits repères : l’angoisse permanente de la solitude. Tout ira bien Il persiste un sentiment de honte face à ce genre de problème. De fait les thérapies pâtissent encore de nos jours d’une image négative. Il est essentiel de déconstruire cette conception. Dialoguer avec son cercle intime - si on l’en juge digne - est une bonne chose. Il faut néanmoins penser à ce prisme par lequel nous perçoivent nos proches, qui ne sera jamais aussi neutre que celui qu’aurait un professionnel. Les psychologues déplorent que leurs patients entament une thérapie qu’à partir d’un âge « trop » avancé par rapport à l’ampleur de leur détresse intérieure. Ils préconisent de sauter le pas dès que le besoin s’en fait sentir. A cette fin, il existe de nombreuses permanences gratuites prévues spécialement pour les étudiants.

B. Dexet-Baert

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Magazine Le Syndrome du Choc Toxique Cette appellation acide n’est pas née suite à une agression chimique par les pays décisionnaires sur les civils bouc-émissaires. Cette appellation n’est pas une technique armée de trans-humanistes à la Dan Brown. Cette appellation fait peur, et il y a de quoi. Cinq cas déclarés en 2004. Dix-neuf cas déclarés en 2011. Vingt-deux en 2014. Des nombres recensés qui ne dépassent pas trente en France mais qui augmentent depuis 1990. Une augmentation qui a alerté les Hospices civils de Lyon. Ce syndrome est lié aux menstruations. C’est une maladie infectieuse survenant lorsque le port d’une protection périodique vaginale a favorisé la prolifération d’une souche de staphylocoque doré qui libère la toxine responsable du SCT (Syndrome du Choc Toxique). Contrairement à une idée reçue, la toxine à l’origine du choc toxique ne provient pas du tampon lui-même mais d’un staphylocoque doré qui se déclenche lorsque ces toxines entrent en contact prolongées avec celles du sang. C’est une souche de cette bactérie, naturellement présente chez certains individus, qui libère la toxine lorsqu’elle est en nombre suffisamment important. Le port de protections périodiques intra-vaginales (tampons, coupe menstruelles ou éponges) est le déclencheur de ce phénomène rare mais non négligeable.

Les conséquences ? Elles sont multiples et profondément graves.

Quelques exemples sont tristement célèbres ; ils ont été relayés par tous les médias lorsque la jeune mannequin américaine Lauren Wasser a dû se faire amputer la jambe en 2012 suite à cela. D’autres témoignages évoquent des symptômes plus ou moins inquiétants, jusqu’au point de non-retour critique (vont suivre des éléments qui peuvent heurter les personnes sensibles) : Au départ un mal de tête profond accompagné de diarrhées ou de vomissements. On pense alors qu’il s’agit simplement de gastroentérite ou de virus intestinaux quelconques. La fatigue s’ensuit car le système défensif du corps fonctionne à plein régime, on perd conscience parfois, on se déshydrate très vite. D’autres symptômes plus étranges et aggravés apparaissent tel que des rougeurs sur le corps, du sang dans les yeux, la langue gonflée, la peau des extrémités (pieds, mains, paupières…) s’effrite où se nécrose. Dans les cas les plus graves, il faut amputer. Cette défaillance des membres « non vitaux » est dûe à la réaction de votre organisme face à la toxine, le corps déclenche un état de survie primaire aux dépens des extrémités qui ne sont plus irriguées. Afin de prévenir cette maladie, il est conseillé de faire attention à la composition des tampons achetés si elle est visible et de les changer régulièrement durant la période menstruelle (ne pas garder en place plus de trois heures). La coupe menstruelle est aussi concernée par ce risque. Son principal argument de vente étant de pouvoir la garder plus longtemps que les serviettes hygiéniques ou les tampons, ce qui est aujourd’hui fortement déconseillé par les organismes qui alertent sur le SCT. Il ne faut pas non plus oublier que c’est en parlant de ce syndrome, en diffusant l’information sur ces risques, que la recherche et la sensibilisation peuvent avancer. Alors, parlez-en autour de vous, car malgré la surinformation des médias peu en parlent concrètement, le sujet étant pensé comme « sale » dans l’esprit général. Mais la vie d’une femme n’est pas sale.

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A. Clara


Magazine Survivre à une musique dans la tête

Trois quarts d’heure que vous êtes dans ce cours. Tandis que le professeur en face de vous vous a déjà fait vous poser toutes les questions possibles et inimaginables sur le pourquoi du comment de votre existence, de l’univers et même des vidéos de chatons mignons sur Internet, une musique improbable vient tout à coup hanter votre esprit. Malédiction ! Et alors que vous essayez de vous concentrer avec plus de force et de courage sur la douce voix divine de votre cher prof, les paroles douteuses de ce refrain venu des profondeurs des Enfers se mêlent en un gloubi-boulga – je suis sûre que même votre grand-mère ne dit pas ça – informe et indigeste à ce cours déjà difficilement compréhensible. Alors, si l’eau bénite et autres rituels vaudous ne fonctionnent plus et que le mal semble se propager à vos voisins de table (parce que vous êtes cette personne formidable qui fait dans un chuchotement imprévu partager gratuitement ce genre d’abominations), voici des solutions à votre problème ! Vous pouvez tout d’abord essayer de chasser la chanson présente dans votre esprit par une seconde, en espérant annihiler les effets néfastes de la première. Le risque est bien évidemment de choisir un couplet bien plus tenace dans votre esprit... C’est LE moment de faire le bon choix ! Peut-être celui de votre vie ! Une autre solution consiste à vous concentrer sur autre chose, comme oui, par exemple, les mots croisés ou autres jeux de ces journaux distribués en masse à votre station du bus ou de métro et qui traînent tout chiffonnés au fond de votre sac ! Réflé-

chir sur autre chose (de pas trop complexe non plus hein, faut pas rigoler ! ) va vous faire oublier la chanson petit à petit. C’est pas moi qui le dis, enfin si, mais avant moi, c’est la science ! Alors si c’est la science... Aussi, si vous êtes peu préoccupés par le fait que tout un amphi puisse se retourner vers vous, vous pouvez toujours essayer de chanter à tue-tête ces phrases qui tournent et retournent inlassablement dans votre esprit. Je n’ai par contre aucune idée du bon fonctionnent de cette astuce, n’ayant jamais pris le risque de l’utiliser en public... On ne se demande pas pourquoi. Pour les plus désespérés d’entre vous, vous pouvez aussi essayer de diminuer mentalement le volume sonore dans votre esprit. Dit comme ça, j’ai conscience que c’est vraiment très bizarre mais je peux vous affirmer que ça fonctionne. Enfin, la solution la plus simple est de ne rien faire. Attendre que ça parte tout seul. Et là, vous me remerciez chaleureusement pour ce complément à l’utilité discutable ! Et maintenant, place à la mise en pratique ! Je ne dirais que ces quelques mots au sujet de notre beau journal, tous ensemble à trois ! Un ! Deux ! Trois ! A-louetteeeeeuh, gentille Alouette ! Si vous aussi vous avez des astuces personnelles, de mamie Simone ou de tonton Daniel, n’hésitez pas à les partager à L’Alouette !

E. Audran Illusration : Emmà Landi

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Magazine La musique et ses objectifs Avec la démocratisation de la musique, nous oublions tous qu’elle est un art qui s’analyse. En tant que tel, et de mon point de vue, il convient de s’attarder sur ce que «doit» faire une musique, selon nos propres attentes, pour être innovante, excitante, et faire avancer le monde du quatrième Art. Bien évidemment, je vais vous expliquer là mon point de vue, la musique doit tendre vers un idéal sans l’atteindre obligatoirement. A mon sens, mélomane d’état, une musique doit trouver un équilibre parfait entre deux composantes, et chacune de ses composantes doit s’appuyer sur l’autre : les émotions sont le moteur de la musique. C’est ce qui fait vibrer l’auditeur, et c’est ce qui en général motive aussi l’artiste. Et qui est évidemment subjectif. La composition et la technique feront avancer cet art en proposant des nouvelles maîtrises, des nouveaux riffs, en montrant qu’on peut utiliser d’autres rythmes que ce que l’on connaît dans la plupart des musiques (le 3/4 et le 4/4), mais qui serviront aussi la composition même, selon le ton, la manière dont est composé un riff, son tempo, son mixage. Tout cela vise à servir les émotions à transmettre. En effet, prenons par exemple les Pink Floyd. L’utilisation générale d’effets, sur les guitares, le clavier, la voix douce, la rythmique particulière, participent à l’ambiance psychédélique du groupe et des compositions. Prenons aussi pour exemple Black Sabbath. Dans la chanson Electric Funeral, Tomi Iommi utilise un effet Wah-wah et une distorsion sur sa guitare, son premier riff très tortueux donne une impression assez particulière et déstabilisante dès le début, additionné au tempo assez lent. Personnellement, le groupe qui me fait le plus vibrer, alliant technique et accessibilité, est Rush. Ce groupe est composé de Neil Peart, parolier et batteur génial, mondialement reconnu, utilisant des techniques à la fois issues du jazz et du rock, d’Alex Lifeson, guitariste très talentueux, et Geddy Lee, bassiste chanteur claviériste, qui est reconnu pour ses lignes de bas complexes et pour sa polyvalence. Il est en effet capable de tenir des notes de clavier avec les pieds pendant qu’il fait ses basses. Ils ont fondé ce groupe en 1968 au Canada, et le groupe tourne toujours de nos jours. En 1977, Rush sort son sixième album,

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alors que les musiciens ont seulement 25 ans. Celui-ci, à peine composé de quatre chansons et durant tout de même 36 minutes, est un excellent album, que je ne peux que vous inviter à écouter. Mais je vous parlerais ici que de la première chanson, qui fait à elle seule 18 minutes, la magnifique « Cygnus X-1 Book II: Hemispheres », ou Hemispheres pour les intimes. Cette chanson est le mélange parfait entre les notions de sentiment et de technique que je recherche personnellement. Mais en plus de cela, les paroles évoquent ces idées. Le texte nous parle d’un monde où deux dieux se battent pour « [chercher] seuls à se prononcer sur le sort de l’homme ». Apollon représente la science, la technique. Sous son contrôle, les hommes ne sont plus sous le joug de l’hiver, ils créent et produisent de l’art. Au bout d’un temps, les hommes n’ont plus l’envie de créer, se sentent vide, s’ennuient. Ils vont alors trouver Dionysos pour chercher ce qu’il leur manque. Dionysos représente l’amour, les sentiments. Avec lui, les hommes dansent, chantent, sont heureux, ont envie de créer, et se sentent épanouis, le vide n’existe plus. Mais quand l’hiver revient, ils ont de nouveau froid, et les loups les attaquent. A la fin apparaît Cygnus, le dieu de la balance, qui leur apprend le juste milieu, et énonce : « Que la vérité de l’amour soit éclairé, Que l’amour de la vérité brille clairement ». Je fais ici un résumé très rapide, et qui simplifie le propos de Rush, pour en venir au fait : Rush nous recommande, dans nos sociétés comme dans nos cœurs, de choisir un juste milieu entre science, technique et sentiment. Mais surtout, et c’est là que c’est intéressant, les membres du groupe nous enseignent qu’en art, il faut avoir le cœur pour créer, et les moyens de le faire. Pour clore le propos, nous pouvons retenir que Rush nous apprend que nous pouvons essayer d’écouter les techniques musicales, les nuances de composition, voir ce qui fait qu’une musique est bien pour nous ; celle-ci doit avoir un juste milieu entre émotion et composition et nous pouvons y apporter une profonde réflexion si c’est un sujet qui nous importe, et ainsi soutenir cet art compliqué, subtil et puissant qu’est la musique.

N. Peart


Magazine Le parfum : histoire d’un meurtrier « A 5 ans, Jean Baptiste ne savait toujours pas parler, mais il était né avec un don qui le rendait unique aux yeux de l’humanité ».

Merveilleux bonheur, plus délicat que la plus douce des poésies, empreint d’une silencieuse pureté, le parfum est l’osmose de nos sensations les plus profondes. Et Jean Baptiste connaît leur plus grand secret. Abandonné dès la naissance et sans famille, le jeune homme connaît une amère solitude dans un XVIII° siècle où la cruauté est une chose du quotidien. Cependant, dans son infortune, celui que l’on appelle Grenouille se voit doté d’une aptitude exceptionnelle à ressentir les odeurs. Pouvant ainsi reconnaître et décrire toutes les senteurs qui existent, son destin le conduit à côtoyer les parfumeurs de son époque tel que Guiseppe Baldini, interprété par Dustin Hoffman, et d’en apprendre les plus grands secrets pour réaliser son rêve ultime : le plus beau des parfums. Un parfum unique, tout comme lui, qui lui rendrait grâce devant un monde qui l’a trop longtemps laissé dans l’oubli. Le tendre parfum d’une femme. Néanmoins, Jean Baptiste Grenouille est prêt à commettre l’irréparable, autant de fois que nécessaire, pour récupérer la précieuse essence du parfum de Vénus. Entraînant ainsi la mort des plus belles sur son passage, la monstruosité du jeune homme sème la terreur dans les rues de Grasse. La Babylone des senteurs devient alors la capitale du sang. Craignant pour sa fille, le riche Antoine Richis interprété par Alan Rickman et les autorités mettent sa tête à prix pour le punir de ses crimes. Mais en attendant il en commet d’autres, ajoutant chaque victime à sa collection olfactive.

Adapté du roman à succès de Patrick Süskind, Le Parfum fit l’objet d’un succès planétaire en 1985 grâce au reflet historique qu’il incarne sans aucune prétention de la société moderne du XVIII° siècle. Siècle marquée par un manque d’hygiène effrayant à l’origine d’un traumatisme décisif pour notre protagoniste. En outre, quand il fut abandonné par sa mère sur le marché aux poissons et condamné à mourir dans une puanteur abjecte, Jean Baptiste dut se résoudre à survivre dans un monde qui le répudiait déjà dès sa naissance. Ben Whishaw incarne magnifiquement ce personnage à l’esprit et aux mœurs dérangés et dont la personnalité est un livre ouvert sur une vie brisée par la haine et la solitude. Cependant, la difficulté pour le réalisateur Tom Tykwer a été de retransmettre visuellement les descriptions olfactives que faisait magnifiquement le livre entre ses lignes. Mais le film va bien au-delà d’un simple témoignage historique, olfactif et meurtrier. L’œuvre s’inscrit dans une expérience profondément humaine qui nous projette à travers les plus amères sensations que peut subir un être humain dans sa solitude et ce à quoi il est prêt pour y renoncer. Rejet, manque d’attention et dégoût sont donc les fardeaux qui collent à la peau de notre homme depuis sa naissance et que seule la douceur et l’attention portées par la beauté féminine peuvent camoufler, changer, sublimer.

N. Colombi

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Magazine Le tableau du mensonge C’est une étrange affaire, à Paris, dans les années 1840. Affaire même complexe : deux hommes, Edouard Courselle et Jean Maussard, sont des commerçants passionnés d’art qui achètent les œuvres du peintre disparu Louis Paulus à un dénommé Daniel Northbrook. Ils ont conclu avec lui un contrat, établi de cette manière : ils lui versent de grosses sommes d’argent régulièrement et en échange Northbrook, qui affirme être celui qui possède toutes les peintures de Paulus, leur fournit un tableau de temps à autre. Or, un nouvel arrivant à Paris, le Comte Skarbek, affirme posséder 227 toiles du peintre. Étonnement. Scandale. Procès. Ça a l’air barbant ? Rien ne l’est moins. Quelques minutes seulement après le début du procès, le Comte Skarbek, amené à témoigner, révèle qu’il est en réalité Louis Paulus, accusant publiquement Northbrook de meurtre. Et ce n’est que le premier d’une longue série de coups de théâtre aussi délicieux qu’inattendus. C’est cela qui marque dans cette bande dessinée en deux tomes, aux éditions Dargaud, appelée La Vengeance du Comte Skarbek. C’est cela qui fait qu’une fois la BD ouverte, on ne peut plus la lâcher avant la fin : les personnages mentent, trahissent, corrompent, et aucun n’est celui qu’il prétend être. Louis Paulus nous raconte son passé, nous embarque dans cette formidable épopée où violence, argent et sentiments s’entremêlent dans une trame nouée avec finesse et subtilité. Le scénariste Yves Sente tisse une toile magnifiquement maîtrisée, sublimée par les dessins de Grzegorz Rosinski. Que dire de plus, si ce n’est qu’on y est, qu’on y croit ? Si ce n’est qu’on vibre avec Louis Paulus, qu’on tremble avec lui quand sa vie est en danger, et qu’on succombe comme il succombe aux charmes de sa muse, l’irrésistible Magdalène ? La Vengeance du Comte Skarbek ne peut laisser indifférent. Dans ce jeu d’intrigues et de masques, celui qui triomphe n’est pas la personne attendue. La peinture de Louis Paulus est de couleur éclatante, mais cache des vérités fort sombres. « C’est ainsi que dès ce premier soir, la passion et l’inspiration s’unirent pour le meilleur et... pour le pire. »

G. Audouy

Je vais ruiner votre enfance Quel était votre dessin animé préféré étant enfant ? Vous vous souvenez l’avoir regardé encore et encore, inlassablement ? Peut-être même pouvez-vous vous souvenir de quelques répliques marquantes ? Ne soyez pas nostalgique de la belle époque où manger, dormir et gazouiller étaient vos seules occupations car, je vous le dis, les dessins animés nous mentent. Allègrement et sans honte. Heureusement, une jeune vidéaste a créé une chaîne YouTube pour faire lumière sur ces mensonges et remettre les histoires dans leur cadre historique : « Je vais ruiner votre enfance TV ». Robin des Bois, Anastasia, Le Prince D’Egypte et Hercule sont déjà passés au crible. Vous pouvez également retrouver des hors-séries (l’alcool chez Disney, la reproduction des Pokémon…). Vous êtes pressés ? Pas de soucis, cette talentueuse vidéaste propose également des « Minisodes » de moins de 10 minutes, plus synthétiques.

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A. Chastier


Magazine

Frida

Frida Kahlo... une des artistes les plus étranges du XXème siècle. Mystérieuse peintre à l’univers à la fois surréaliste et très crû, son histoire nous est en grande partie inconnue. On ne connaît le plus souvent que ces portraits saisissants d’une femme au visage fascinant, au charme et à la présence animales. Ses grands yeux plein d’audace nous dévorent et nous questionnent. Elle est l’égale de Picasso, Breton et d’autres encore... Le livre qui nous intéresse aujourd’hui est une véritable Bible en la matière. Son auteure, Hayden Herrera, une spécialiste des ouvrages biographiques sur le milieu artistique, nous offre plus de 600 pages d’une plongée ahurissante et parfois très intime dans le parcours et la psyché de la prophétesse de la mexicanité. Sobrement intitulé Frida, le livre couvre toute l’existence de la señora Kahlo de sa naissance en 1907 à sa mort en 1954. On y découvre son enfance heureuse et épanouie où, déjà, son fort caractère s’affirme. Son ascendance germanique par son père (le photographe Guillermo Kahlo) nous offre un point de vue intéressant sur sa formation artistique et sa vision du monde. Ses jeunes années sont particulièrement liées à la révolution mexicaine et aux nombreux tumultes qui agitent le pays. Elle connaîtra l’engagement politique dès ses années d’études dans des écoles où diverses idéologies se côtoient. Puis, survient le drame : un terrible accident de tramway la blesse grièvement, une barre de fer la traversant de part en part en occasionnant des dégâts considérables à son

pied droit, sa colonne vertébrale et son utérus... Elle vivra les mois suivants en convalescence, clouée à un lit d’hôpital par un énorme plâtre qui lui couvre la plus grosse partie du corps. Elle commencera à peindre à cette époque là, trompant l’ennui en créant. Elle sera stérile mais accouchera finalement d’elle-même... Après cette longue période, elle reprend ses études et rencontre l’amour de sa vie, Diego Rivera. Grand muraliste presque oublié de nos jours, il était une figure légendaire au Mexique et au-delà à cette époque. Commencera une relation tumultueuse, pleine de passion, de trahisons et de faux pas. Dès lors, elle vivra sa vie de la manière la plus intense possible. Certes, elle connaîtra toujours de graves problèmes de santé, tant mentaux que physiques, mais elle les surpassera par l’art, en en faisant des tableaux à l’intensité cathartique. Sa stérilité, ses fausses couches et ses avortements successifs, les infidélités de son mari, l’affirmation de son identité mexicaine et son rapport presque mystique au monde imprègnent chaque centimètre carré de ses toiles. On a droit à une superbe autopsie, menée d’une main de maître par une spécialiste qui analyse le travail et la vie de Frida avec une grande acuité. De nombreuses sources ont été utilisées pour nous offrir un maximum de points de vue (journaux intimes, articles de presse, entretiens...). L’auteure nous livre des lettres entières de la foisonnante correspondance de la maestra, dont certaines sont parfois insoutenables... Le livre est salué par la critique et finit même par servir de matériau de base à un magnifique film autobiographique en 2003, Frida, avec Salma Hayek dans le rôle titre. Un livre indispensable absolument passionnant et tellement dense que j’en ai à peine effleuré l’essence...

S. Lopez Illustration : Emmà Landi Frida 2003 Hayden Herrera J’ai Lu

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Divertissement

Horoscope Lettres, Philosophie et musique + IFMI Fac : Oui, les partiels approchent. Mais Émile Zola a raté son bac deux fois, après tout, donc vous restez zen. Amour : Essayez d’aller en cours plus souvent, vous pourriez rencontrer l’amour de votre vie en amphi le vendredi matin (oui oui il est là depuis le début de l’année). Langues, Littératures et Civilisations Étrangères + IPEAT Fac : Vous avez fait d’énormes progrès en langue. Forcément, la sangria du foyer d’espagnol, ça motive. Amour : Votre moitié voudrait que vous passiez Noël dans sa famille. Quel dommage, vous avez des partiels à réviser, c’est vraiment trop bête, vous auriez adoré y aller. Sciences, Espaces, Sociétés Fac : On a le droit de ne pas aller en cours s’il fait trop froid ? Non mais c’est dangereux, hein, on ne sait jamais quel rhume on va attraper. Amour : Vous économisez une fortune pour le cadeau de Noël de votre crush. Ou vous envisagez de rompre, au choix.

Histoire, Arts et Archéologie Fac : Les murs blancs de la fac sont bien tristes, vous hésitez entre impressionnisme et fauvisme pour refaire la déco. Amour : La personne que vous aimez ne partage plus ses Kinder Bueno avec vous, ça part en cacahuète. Psychologie Fac : Vous aimeriez bien suivre les cours mais vous êtes déjà occupé à psychanalyser vos professeurs. On ne peut pas tout faire. Amour : Vous avez croisé votre âme soeur au beau milieu d’un rêve. Et il est beaucoup moins bien dans la réalité. ISTHIA Fac : Vous organisez des visites guidées pour les étudiants perdus. «Alors ce grand bâtiment insipide à votre gauche, là...» Amour : Vous avez commandé au Père Noël une voiture mais c’était trop cher, donc vous lui avez demandé de vous trouver le grand amour. Il vous a répondu que, finalement, le prix d’une voiture était plutôt raisonnable.

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Divertissement

Velouté potimarron châtaignes orange Les partiels approchent, la nuit tombe bien trop tôt, le moral dans les chaussettes face au froid de canard et la mélancolie de l’été s’installe… Bref rien de bien palpitant en ce moment. Alors voilà une recette pour vous redonner un peu de baume au cœur et vous faire apprécier, malgré tout, cette belle saison : un velouté de potimarron aux châtaignes et à l’orange. Pour 2 personnes - Préparation : 20 minutes / Cuisson : 40 minutes Ingrédients : ½ potimarron, 1 oignon, 1 orange, environ 250g de châtaignes sous vide, en boîte, ou même des fraîches puisque c’est de saison (mais il faudra les cuire au préalable), 1 cuillère à café de cannelle moulue, ½ cube de bouillon de volaille, 0.75 L d’eau, crème, huile, beurre, sel, poivre, sucre. Pour commencer, laver, vider et couper en cubes le potimarron. Tailler l’oignon. Mettre le tout dans une casserole avec un peu d’huile et faire colorer légèrement. Saler et poivrer. Ajouter l’eau, le bouillon de volaille, la cannelle et environ 2/3 des châtaignes (le reste sera utilisé plus tard). Faire mijoter environ 30-40 minutes. Une fois le temps de cuisson écoulé, mixer pour obtenir une texture veloutée ou à défaut passer la préparation au moulin-légumes.

Presser l’orange et ajouter le jus au plat. Ajuster l’assaisonnement.

Pour fignoler le tout, briser les châtaignes restantes puis les faire revenir dans une poêle avec un peu de beurre et de sucre afin qu’elles caramélisent. Disperser les bouts de châtaigne dans votre soupe au moment de la dégustation, et ajouter également de la crème à votre guise. De quoi passer de douces soirées hivernales en s’imaginant à côté d’un feu de cheminée.

Bon appétit !

C. Burguière

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Agenda

Agenda • Jeudi 8 décembre à 12h30 au CIAM la Fabrique, médiations théâtrales de l’exposition «Loft Story» Du visiteur-spectateur au spectateur-acteur Exposition-Théâtre avec Emile Fuentes, Giovanni Iacomini et Franck Melotti Création de la compagnie « Armada Théâtre » en collaboration avec le Théâtre Roquelaine Mise en scène : Benjamin Deux • Du 2 février au 27 août 2017, le Quai des savoirs lance un appel à projets dans le cadre d’un cycle d’événements autour du thème «Inventez la ville... dont vous êtes le héros» (cinéma, construction, jeux vidéos, cultures urbaines, écologie, patrimoine). Les propositions (objectifs, présentation, public cible, éléments techniques et budgétaires) sont à envoyer avant le 15 décembre 2016 à francesca.uselibacchitta@toulouse-metropole.fr www.quaidessavoirs.fr • Le CROUS Culture lance une série de concours de création étudiante, organisés chaque années par les services culturels des CROUS. Cette année, le thèmes est « Rue ». Le concours de la nouvelle : Date limite de dépôt : 13 Mars 2017 Il est ouvert à tous les étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur français ainsi qu’aux étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur d’un pays membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie (liste des pays membres accessible sur www.francophonie.org). Les concours du film court, de la bande dessinée, de la peinture et, de la photo : Date limite de dépôt : 17 Mai 2017 www.crous-toulouse.fr/concours • Exposition Life On Mars Du 2 décembre 2016 au 15 janvier 2017 et surtout pour la première fois au monde, Mick Rock dévoile 40 clichés inédits de Davie Bowie. Au Multiple, 27bis, allées Maurice Sarraut Métro Patte d’oie De 10h à 19h/ Fermé le lundi et jours férié Tarifs : 7€ / Réduit : 4€ / Forfait famille : 12 € / Gratuit pour les moins de 12 ans, demandeurs d’emplois & bénéficiaires du RS • Jeu sur la musique classique et ses lieux toulousains : 100% en ligne, en lien avec 3 concerts donnés par la Philharmonie de Toulouse. Le jeu peut être fait du 3 décembre au 23 avril 2017. Un séjour à Venise pour 4 personnes (4 nuits) est à remporter (kit de jeu à 5€). Plus d’infos à partir du 3 décembre sur jeuphilharmonie@oulupo.fr

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Associatif Bienvenue à Mirabili’art !

Cette association universitaire à valeurs culturelle et patrimoniale vous accueille afin de partager ensemble une belle aventure. En effet, sont organisées en son sein diverses visites et conférences sur une multitude de thématiques, et de périodes dans le but de satisfaire la curiosité de chacun! Cette association dynamique et inventive, soutenue par trois jeunes étudiantes en Histoire de l’art de l’Université II Jean Jaurès permet de se familiariser avec le patrimoine toulousain - mais pas seulement, dans une ambiance conviviale basée sur l’échange entre tous. Diverses générations se côtoient alors; ces expériences deviennent très enrichissantes humainement parlant. L’association Mirabili’art a également pour but de professionnaliser les étudiants aux pratiques de guides et conférenciers en les aidant à transmettre leur passion des arts, de l’histoire et du patrimoine à un large public. Ces initiatives ont un objectif commun: sensibiliser tout citoyen à la richesse du patrimoine local, et aider à sa compréhension. La découverte de cet environnement se réalise à travers une programmation semestrielle consultable sur le site de l’association http://mirabiliart.fr/, ainsi que la page facebook - Mirabili’art qui recense également toute manifestation culturelle présente sur Toulouse. Si vous êtes tenté de nous rejoindre, vous avez la possibilité d’adhérer à Mirabili’art, permettant la gratuité de tous les événements proposés, et de participer à la vie associative ! Ces démarches sont alors simples, il suffit de nous envoyer un bulletin d’adhésion accompagné d’une participation à l’adresse ci-dessous: Association Mirabili’Art Département d’Histoire de l’Art et d’Archéologie (Bâtiment Olympe de Gouges) Université Toulouse – Jean Jaurès 5, allée Antoine Machado, 31100 Toulouse. Vous êtes curieux, amateur d’arts, d’histoire et de patrimoine? Cette association est faite pour vous!



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