Jacker Magazine #12

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edito Croyez le ou non, cette fois ci, nous ne ferons pas l’avocat du diable, et de fait, il n’en a plus les moyens. “Le marché est en plein boum!” se vantait il à l’époque. Autant vous dire qu’il s’est fait couper l’herbe sous le pied au point de la calciner au sommet d’un tarlu. Regardez ce que vous avez fait de lui ! La direction catastrophique de notre société par l’être humain lui même ont fait de lui un has been, faisant passer ses écarts en matière de consommation illicite pour des enfantillages. Désolé Lucifer ! Tes conseils nous ont maintes fois aidé mais les temps ont changé, le monde n’a désormais plus besoin de toi pour faire le mal, l’élève a dépassé le maître. Vas pointer à l’ANPE et fais la queue, faute de te la faire tirer comme tu en avais l’habitude. Malgré cette lourde perte, nous continuons notre chemin. Chez Jacker tout baigne, aprés des débuts difficiles et une entrée dans le game par la petite porte, nous faisons désormais partie du paysage. Fini la galère et les doutes, notre petite affaire roule comme sur des roulettes, et la concurrence s’inquiète au point de laisser des commentaires douteux sur les réseaux sociaux... on savoure. La roue tourne, et si ça continue comme ça, on va finir par gerber de partout. Whether you believe us or not, this time, we won’t be the devil’s advocate, and by that we mean he can’t afford it no more. “The market is at its boom” – he use to brag about. But he got cut off at the knees to the point of laying down and smoke his tits off. Look what we did to him! The horrendous direction our society has taken made him look old fashioned, making look his misdemeanors in terms of drug consumption as childish. Soz Lucifer! Your tips helped us countless times but times have changed, the world doesn’t need you anymore to do evil shit. The student surpassed the master, you can now go queue at the job center and fill in the papers for housing benefits like everyone else. Despite this horrible loss, we continue to walk the walk. At Jacker it’s all going well, after a difficult beginning we managed to get in through the backdoor as always. The end of hard times and doubts finally arrived, Jacker is working out and is making our concurrents leave comments on social networks... we love it! The wheel is spinning and if it keeps going we gonna end up chundering everywhere.

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Sommaire

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23 Clear Soul Forces

Mickey Taylor

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36 Mr Wany

Anja Schneider

46

50 David Manaud

Naughty Ride

56

64 Todd Francis

Hopare

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76 The Cannabis Road

Entre-vues : Swift Guad

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Founders Roman Soler Aurélien Courbon

Collaborators Coralie Bonnat Margaux Bonet Shirley Blanc Jorlan Mariotat Charly Ferrandes Awalice Fall-Mabon Jérôme Dufour Tommy Haesevoets Quentin Alogna Bénédicte Sibilly Maïlys Arsal Alexandre Brilleau

Art Director Aurélien Courbon Advertising Roman Soler Digital Manager Daniel Boris Iglesia Operations and Finances Matthieu Cozzolino

Big up to ... Clément Chaptal Olivier Pelazza Hugo et Gérard Justinesy Guillaume Chollet Cedric Benoit Peck Sandro Leal Julien Pirrello Annette et Patrick Brice Vergez Pierre Allaire Manuel Ibanez Brice Rancou Denis Voyant Michel Cozzolino Jean Baptiste Besson Guimball Laetitia Richaud Marvin Saint-Réquier Mathilde Chapoutix Julia Veyrier Louis Chalandon

Web Developper Lucien Deleu Print Editors Arthur Chambon Clara Bouzan & Cindy Marti Arnaud Catayée Graphic Designers Maxime Bardou Manuel De Lignères Project Manager Etienne Lallement Web Editors Poupa Lost Thomas Calvet Emile Iliou Translators Louis Meeus Keryl E Allahdua

Advertising Inquiries jacker.mag@gmail.com

Events Renaud Odde Dimitri Gilles Geoffrey Courbon

Print Imprimerie Nouvelle - Apt

Erratum : Dans le Jacker Magazine #11, nous avons oublié deux personnes qui nous ont grandement aidé pour l’interview de Rasko, à savoir Yuna Le Masson à la traduction et Alona Shevchenko pour l’interview.

Jacker Magazine est édité par la société Paper Haze. Paper Haze / Jacker Magazine 35 rue Faubourg du Courreau - 34000 Montpellier Toute reproduction est strictement interdite, sinon on vous plonge la tête dans un seau de merde.

FORGED WITH BLUNTS, SWEAT ... AND BEERS. Since 2011

W W W. J A C K E R M A G . C O M

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What’s up ? HUF x G-shock La marque de skate originaire de San Francisco, lance une collab’ avec G-SHOCK, un modèle de montre construit sur la base robuste GD400 skate. Elle mêle adroitement les matériaux et rend hommage aux racines de la montre. Son lancement sera appuyé par un court métrage, « What », qui retrace les événements parfois inexpliqués dans une journée de skateur. The skateboarding brand from San Fran, pulls out a new collab with G-Shock, a model built with the GD400 skate. This watch mingles different materials whilst paying tribute to its roots. Its launch will be announced side by side with a short film named “what” that showcases the unexplained events of a skateboarder’s journey. www.g-shock.eu/fr

DC - SMOKE ON THE WATER Le 8 Juillet prochain, DC shoes a l’honneur de vous annoncer l’évènement « Smoke on the Water » à Berlin, en association avec Bright Tradeshow et Lodown Magazine. Au programme, des démos de skate des riders du team DC dont Wes Kremer, Evan Smith, Madars Apse, Mikey Taylor, Josef Scott et Thaynan Costa. La suite de l’évènement sera ponctuée par plein d’autres surprises ! The 8th of July, DC Shoes will have the honours to announce the beginning of the “Smoke on the Water” party in Berlin in collaboration with Bright Tradeshow as well as Lodown Magazine. Within the program, there will be a skateboarding demo of the DC Shoes skateboarders that will come for this occasion: Wes Kremer, Evan Smith, Madars Apse, Mikey Taylor, Josef Scott and Thaynan Costa. Following that, plenty of other surprises yet to be announced.. www.brighttradeshow.com

Vans x Scotty Cranmer - SK8-HI PRO Vans ressort un classique indémodable avec la nouvelle Sk8-Hi Pro en collaboration avec leur Pro Rider Scotty Cranmer. La chaussure a été revisité en prenant en comptes les exigences du BMX, notamment avec une esthétique épurée ainsi que des zones d’abrasion renforcées et un amorti de qualité supérieure. En bonus, vous retrouverez sur la semelle la tronche de son chien, babines au vent. Vans pulled out a timeless classic with the new SK8-Hi Pro in collaboration with their pro Rider Scotty Cranmer. This pair of shoes has been crafted to meet the exigencies of BMX, with a reinforced exterior, a supreme quality of shock absorption whilst keeping an awesome look. As a bonus, you will find printed on the sole a picture of Scotty Cranmer’s dog. www.vans.com

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What’s up ? Nixon x Grizzly L’horlogerie et le skate marchent une fois de plus main dans la main. La célèbre marque de montres Nixon se lance dans une nouvelle collaboration à la hauteur de nos attentes avec le skateur Torey Pudwill. Sa marque, Grizzly a donc imaginé une montre signées par un magnifique Tye & Die et composée d’ éléments de différentes montres, et ce, en série limitée… Dispo en Europe dans les meilleurs shops ! Watches and skateboarding meet once again. The famous brand Nixon pulls out a new collab with Torey Pudwill. Grizzly has designed a beautiful watch signed Tye & Die composed with a variety of elements from different watches, a limited edition! Available in Europe among the best shops! www. nixon.com

Starter Fall 2015 Marque de référence en matière de streetwear depuis 1971, Starter nous présente une collection FALL sobre et efficace. La marque s’illustre notamment par ses partenariats avec différents sportifs, elle est aussi bien portée par des joueurs de baskets, de baseball que de hockey. Une fois des plus les pièces de cette nouvelle collection représentent le bon compromis entre casual et sportswear. A reference in terms of streetwear since 1971, Starter presents a new collection. This brand known for their collaborations with different sportsmen doesn’t only suit basketball players, baseball players as well as hockey players. Once again, this new collection represents the right balance between casual and sports wear. www.starter.com

WRUNG X POSCA X CREEZ C’est la première collaboration dans l’histoire de Posca. Ces marqueurs avec lesquels on a tous fait nos armes ont choisis la crème de la crème pour signer cette édition ultralimitée. C’est aux côtés de la marque Wrung et le graffeur Creez que cette inauguration collaborative est venue au monde, produite à seulement 150 exemplaires. It’s the first collaboration in the History of Posca. These markers that made part of our ammunition chose the cream of the crop to sign this ultra limited edition. Along with Wrung and Creez, Posca produced only 150 units. www.wrung.fr

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Flava in ya ear

hip hop • Reks - Say Goodnight • A$AP Rocky - Everyday • Sixième Densité - Six Feat. Dwin • BlabberMouf - StepInDaJam • Hocus Pocus 15 - D contract • Kendrick Lamar - King Kunta • Flatbush Zombies - Laker Paper • DI-MEH - Outro Feat. V.A • Jay Prince x Maloon - Like This • Mick Jenkins - P’s & Q’s • Georgio & Hologram Lo’ - Saleté de rap • Jay-Z - I Can’t Get Wit That • Perrion & Myth Syzer - You Know I Mean • Curren$y - «Rhymes Like Weight» • Fliptrix - Jeheeze • Michael Christmas - Y’all Trippin’ • Joey Bada$$ - Black Beetles • Curtis Williams - Tezo & Me Rapping On A Beat • Ocean Wisdom - Walkin’ Prod. Dirty Dike • Little Simz - The Hamptons

techno • Soundstream - Rainmaker • Levon Vincent - anticorporate music • Daniel Avery - All I need (Roman Flügel Remix) • Fauntleroy - Everything (Len Faki Remix) • Sven Väth - L’esperanza (Âme Reinterpretation)-Cocoon recordings • Kerri Chandler - Pong (Ben Klock’s Bones & Strings remix) • Luca Ballerini - L’ Eternita di un attimo • Xtremly Loud - Sleeping up (Harviball) • Extremly Loud - Nine One One (Deep Tech) • Dan Ghenacia & Chris Carrier - Just a Sin (Diego Krause remix) (Adult Only) • Terrence:Terry - Acid Heroes (La Vie en Rose) • Makcim & Levi - More Lettuce (Apollonia) • Pure Science - Taste my Vibe (B + Positive) • Jack Wickham - Tape to Snooze (Drumma) • Anthony Collins - Lie to Me (Hakt) • ZKY - Groove Tool (Cabinet) • Dubtil - Te Bine Tine (Unrealesed) • NWS - Next to Real (Courtesy of Balance. • Umami - Sunny • Yozel EP - Axel K

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GoodVibes

CLEAR SOUL FoRCES FORCES Texte : AURELIEN COURBON - Photos : Courstesy of the artists / wrung

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ou think you know Detroit City right? As far as I am concerned, the only image that comes to my mind is given by the uncountable shots of fascinating abandoned places, standing proud while not showing any signs of life. These fallen temples rise to the sky, as the only symbols of a city destroyed by the avidity of a capitalistic society pushed to the limits. But this is just an image. The collapse of Detroit strengthened its spirit and the rage of a whole population, able to gain Motor City’s prestige back to the surface, labeling a shit ton of albums «Straight From Detroit». From Motown to Eminem, along with some of the greatest Techno artists, Detroit has always been the playground of many legendary artists, and well, Clear Soul Forces is part of them. Thanks to the four MC’s forming the squad, a certain kind of authenticity is brought back to Hip-Hop. While pouring their Boom Bap in the mix, Detroit’s finest rappers are able to add modern sonorities, with a hint of electronic vibes. A cocktail ready to blow your face up, proving that not all rappers should step into the snare of Trap music to sound new-school. In 2012, the group made its first appearance by releasing their mixtape «Detroit Revolution», listen to the track Get No Better, smooth. After a dope first album called «Gold PP7», Clear Soul Forces are coming back with Fab Five, their newest album. This shit is even dopier than anything we’ve heard. These guys spit lyrics faster than machine-guns with chainsaw flows. Prepare your brains to be busy for quite a moment. Until then, check out what E-Fav and L.A.Z told us about the story of their group and how they became what they are today.

ous croyons tout savoir de Détroit; pour ma part, l’image que j’ai de cette ville est faussée par des photos de lieux abandonnés fascinants mais vide de vie. Des temples déchus, symboles d’une cité abandonnée par l’homme, détruite par la crise et l’avidité d’un capitalisme poussé à son paroxysme. Mais il n’est rien, cette dégringolade n’a fait que renforcer l’esprit et la rage d’un peuple qui a su redorer le blason de la “Motor City” en gravant son code postal derrière les pochettes d’albums des plus grands classiques. Motown, Eminem ou encore les pionniers de la Techno, Détroit a toujours été un vivier d’artistes légendaires et époustouflants; Clear Soul Forces ne déroge pas à cette règle. Ces quatre MC’s ont rendu au hip hop ses lettres de noblesse, remis un peu de Boom Bap dans ce monde de brutes, en y ajoutant des sonorités modernes et électroniques. Un cocktail parfait qui fait mouche, et nous rassure sur le fait que les productions actuelles ne doivent pas forcément tomber dans le piège de la Trap pour se moderniser. En 2012, leur mixtape «Detroit Revolution» a calmé pas mal de mélomanes, notamment avec Get no Better, un morceau qui fait du bien. Après un premier album «Gold PP7s» truffé de pépites, ils reviennent avec Fab Five, un seize titres complet et très bien produit où les quatre rappeurs enflamment les mesures à la chaine avec un flow puissant qui frise l’insolence. Quatre lascars qui apportent une sacré pierre à l’édifice et qui n’ont pas fini de hanter nos tympans. E-fav et L.A.Z nous racontent comment ils en sont arrivés là. Jacker / Bien les gars ? Vous êtes de Detroit, comment ça s’passe là-bas ?

Jacker / What’s up guys, you come from Detroit, what can you tell us about your city ?

Laz / Detroit, c’est genre la ville la plus sous-estimée des U.S.A man. Y’a un certain type de vie ici, qui fait que tout le monde a envie de s’améliorer. Tu ne trouveras aucun autre endroit qui contienne autant de talent que Detroit.

Laz / Detroit is like the sleepiest city in America man. There’s a certain life that the city has where everybody has the desire to do better. You can’t find another place with as many talented people as Detroit.

E-Fav / C’est comme une jungle urbaine et on l’adore.

E-Fav / It’s like a concrete jungle and we all love it.

J / Vous êtes qui en fait? Comment s’est fait la rencontre et quand avez-vous commencé à rapper ?

J / Could you tell us more about you, how did you guys meet and how did you start rapping ?

L / Tout s’est fait au petit bonheur la chance, j’ai bougé du Colorado pour m’installer dans le Michigan pour faire des études. Là, j’ai rencontré E-Fav qui m’a présenté à son cousin Ilajide. A partir de ce moment, Llajide et moi avons commencé à construire un truc ensemble avant de rencontrer Noveliss quand on faisait des concerts via un pote du collège qu’on avait en commun – Robo Robb et Moonchild. Le destin fait bien les choses… Je notais quelques rimes des rappeurs que je kiffe mais je les kickais pas. Quelques temps après avoir rencontré E-Fav, il a trouvé mon carnet de rimes et forcément il me les a fait kicker à haute voix sur des grosses prods, pour la première fois de ma vie.

L / It was all by chance, I moved out to Michigan from Colorado and started going to college & met E-Fav who introduced me to his cousin Ilajide. From there, me and ilajide started building and met up with Noveliss when we were doing shows through a mutual college homie named Robo Robb and Moonchild. Fate really….and when I first started out, I would annotate verses from my favorite MC’s but wouldn’t spit them. A little while after I met E-Fav he found one of my rhyme books and he kinda made me rap out loud on some serious shit @ 1st time in my life.

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E / Je m’appelle Emile Vincent Manette, et je suis scorpion (rire). Je suis marié et j’ai un gosse maintenant, j’aime la musique, ma famille et apprendre. LAZ et moi, on s’est rencontrés à l’école et Ilajide est mon cousin. On a tous rencontré Noveliss, qui à l’époque était M.C à un open mic, depuis on bosse ensemble. Je me suis retrouvé dans le rap assez jeune en retranscrivant les lyrics de Tupac pour pouvoir les connaitre par coeur. Puis le processus d’écriture m’intéressait beaucoup aussi, c’est comme un puzzle.

E / My name is Emile Vincent Manette, and I’m a Scorpio (laughs), I’m married now and I have a son, I love music, learning, and family... Me and L.A.Z met in school, me and ilajide are cousins, and we all met Noveliss as the emcee at an open mic and we been building ever since. I got into rapping young I can remember trying to transcribe tupac’s dear mama so I could know the lyrics but also I find the process of writing rhymes interesting almost like a word puzzle.

J / En-dehors d’Eminem, Slum Village, on dirait qu’il n’y a pas tant de rappeurs connus venant de Detroit, y a t’il une grosse scène? Tu penses qu’on assiste a la résurrection du Hip-Hop à Detroit ?

J / Eminem, slum village, there ain’t many well-known rappers from Detroit, how’s the scene ? Is Hip Hop in Detroit resurrecting ?

L / J’ai l’impression que la scène de Detroit est plutôt prospère pour l’instant, c’est de la bombe comparé aux autres villes, on a des artistes vraiment talentueux à tout niveau. Y’a pas mal de groupe, nous déjà, puis Cold men Young, Detroit CYDI, même les Doughboyz Cashout tuent tout maintenant ! Big Sean, Dej Loaf et Danny Brown niquent tout en radio pendant que Black Milk et Guilty The OG’s représentent la ville en Europe. Detroit est partout, selon moi.

L / I feel like the scene is really thriving right now, Detroit is doper than any other scene right now we got artists on every level. Groups its people like us, Cold men Young, Detroit CYDI, shit even doughboyz cashout is a group killing right now. Big Sean and Dej Loaf on the radio, Danny Brown killing the radio, Black Milk and Guilty the OG’s keeping it hot in Europe for the city. Detroit is everywhere to me…

E / Je pense que Detroit est un point de rencontre au niveau de la créativité, donc la scène est vraiment diversifiée. Cependant, vous avez utilisé le mot “Resurrecting” et je ne pense pas que ce soit encore notre heure. Tout cela s’est fait grâce à de nombreux artistes, tellement que tu en retrouveras pas mal dans l’industrie actuelle du Hip-Hop. Ca fait un bail qu’on est là et on est meilleurs et plus grands de jour en jour.

E / I think Detroit is like a breeding ground for creativity, so the scene is very diverse but you used the word «resurrecting» I wouldn’t say that, I would say It’s our time though. It’s been through the work of a LOT of artists here (too many to name) that you’ll even have some of the material you hear in hip hop today, so we’ve been here and only getting bigger and better.

J / J’ai découvert Clear Soul Forces avec le son Boom Bap dénommé « Get No Better », qu’est ce que vous pensez de l’évolution actuelle et la direction que prend le mouvement Hip-Hop? Vous croyez à un retour aux sources ?

J / I discovered Clear Soul Force with the boom bap track “get No better”, what do you think about the current evolution and direction of Hip Hop nowadays? Do you believe in a comeback to roots ?

L / Le Hip-Hop se retourne vers son public, et ces gens-là choisissent d’écouter de plus en plus de trucs avec de la substance à tâter. La radio amuse les auditeurs avec les reines de la Trap et des trucs comme ça, tout comme d’autres gars choisissent d’écouter ce qu’ils veulent dans leur phone ou dans leur ordinateur. Les multiples options qui se présentent aux artistes ont ouvert le Game et je pense que ça facilite aussi un retour aux sources du Hip-Hop.

L / Hip hop is moving back towards the people and they’re choosing to listen to more stuff with substance. The radio plays the trap Queens and shit like that but just as many people are choosing to listen to what they wanna listen to off their phones and computers. The options opened the game up and I do think it’s easing its way back to the roots. E / Hip Hop has always been about progressing, I don’t think it needs to go back to it’s roots more than I think it’s roots need to be acknowledged and celebrated more… like linking the past with the present and working to create an even better future for the entire culture of hip hop also the genre itself is based in demographics meaning depending on where your at in the world it’s going to sound different; and people like styles of hip hop music, so what’s the point of even trying to give it an overall «sound»? Why don’t we let people make the type of music they want to make and appreciate it for what it is I don’t know, but hip hop is designed to be expansive.

E / La progression a toujours fait partie du mouvement, je ne pense pas que le Hip-Hop doive retrouver ses racines plus que je ne pense qu’elles devraient être reconnues et célébrées plus amplement. Ce qu’il faut, c’est faire un lien entre ce qu’il se faisait dans le passé et ce qu’il se fait de nos jours, afin de créer un futur encore meilleur pour notre culture tout entière. De plus, cette musique se base sur des aspects démographiques, ce qui veut dire que selon où tu te trouves sur cette planète, ça sonnera différemment; et les gens aiment les différents styles Hip-Hop alors pourquoi lui donner une sonorité universelle? Pourquoi est-ce qu’on ne laisse pas les gens faire leur propre type de musique afin de l’apprécier pour ce qu’elle est, vraiment. Je ne sais pas mais pour moi, le Hip-Hop est quelque chose d’extensif.

J / You guys did a tour around Europe, how did that go ? L / Shit was live son…Europe dope as hell.

J / Vous avez tourné en Europe, c’était cool ? L / C’était le bordel, fils. L’Europe, ça déchire.

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E / Ca s’est déroulé comme c’était supposé se dérouler. On s’est amusé, on a vu pas mal de trucs, travaillé dur... Et puis on a mangé une armée de Kebabs aussi.

E / It went as it was supposed to go, we had fun...saw a lot, worked hard...ate a bunch of kebab and came home.

J / Racontez-nous l’histoire de la rencontre avec Fatbeats Records.

J / Could you tell us more about the fatbeats records, how did that happen ?

L / On a fini sur leur radar alors qu’on avait envie de bosser ensemble. On a la même vision du Hip-Hop, donc la décision de signer avec eux était tout à fait cohérente.

L / We ended up on their radar and we wanted to rock with them. We both view hip hop the same way and it made sense so we decided to rock with them.

J / Parlons un peu de Fav Five, cet album est un serial killer. Vous étiez dans quel trip quand l’album a été enregistré ?

J / Let’s talk a little about fab 5ive, that album is a serial killer. What was the state of mind whilst recording the album?

L / Vous appelez ça un serial killer ? (rire) Merci. On est passé par pas mal d’états d’esprits pendant l’enregistrement de cet album. C’était un chantier en travaux pendant quelques années, avec des tracks de Fab 5ive et avant de Gold PP7. C’est un peu comme si on promenait les auditeurs pendant les deux dernières années de notre vie, sous une forme audio. On espère que vous kiffez!

L / Lol its a serial killer huh ? Thank u, but there was like a couple different states of mind while we were making this album. It was a work in progress over the past couple of years we had fab 5ive tracks before we had some tracks off Gold PP7. It’s like a 2 year ride through all of our lives in audio form. I hope y’all enjoy the ride. E / I just wanted to show people some progress I’m grateful and realize the blessing in the opportunity to even share music I had a hand in creating to the world; so I just wanted to say something, something that connects with people something from the heart and nameless production along with Ilajide provided the perfect compliment to the mood. It was a different process recording it, stylistically. But ultimately I think listeners will still enjoy it.

E / Je voulais juste montrer au monde les progrès dont j’étais fier et en même temps la chance que c’est de partager la musique pour laquelle la création m’avait été attribuée. Je voulais dire quelque chose qui connecte les gens, quelque chose qui vient du cœur et Nameless’ Production, avec Ilajide, nous ont fait le compliment le plus parfait, en accord avec l’ambiance. Le processus a été différent, au niveau du style, mais je pense que finalement, les auditeurs vont aimer.

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J / On a cramé que les beats viennent de Nameless, qui est ce type Sans-Nom ?

J / I understand the beats come from Nameless, could you tell us more about the one without a name ?

L / C’est un homie. Il est de Flint, Michigan. C’est quelqu’un qu’on a considéré comme un putain de gars depuis notre deuxième projet « The Departure » sur lequel il a produit un beat pour le titre « Pick Up The Sticks ». C’est un producteur de dingue et il charbonne comme un arraché. On a beaucoup de respect pour lui.

L / Nameless is a homie, he’s from flint and has been somebody we all agreed was nice as fuck since our 2nd project the departure EP (www.clearsoulforces.bandcamp.com) came out and he did the beat for Pick up the Sticks. He’s just a dope producer and a hard worker that we all have respect for.

J / Detroit est connue pour ses endroits à l’abandon. D’ailleurs, beaucoup d’artistes street et graffiti y viennent. Vous entretenez une relation avec ces disciplines ?

J / Detroit is known for abandoned places, a lot of graffiti and street artists come round. What’s your relation with these disciplines ?

L / On connaît quelques artistes. J’aime le Graffiti et l’aspect visuel qu’il donne à la ville, c’est mieux que de regarder des bâtiments abandonnés à longueur de journée. Si tu sais que rien ne sera fait du building en face de toi, mieux vaut y ajouter une image pour qu’il y ait quelque chose à regarder. Ca crée quelque chose d’unique.

L / We know some street artists, I like the graffiti and the visual they give the city. It’s better than just looking at abandoned shit all day. If nothing is gonna happen with the buildings then you might as well put a picture on them so it’s something to look at. It makes us unique. E / My closest relation with graffiti artists is through 5e gallery spit out to Dj Sicari and 5e man, we gotta help the kids man...

E / La relation la plus proche que j’ai avec des artistes Graffiti, est à travers la Gallerie 5. J / Selon vous, quels sont les cinq albums Hip-Hop qui ont changé son histoire ?

J / In your opinion what are the 5 Hip Hop albums that changed the history of Hip Hop ?

L / “It takes a nation of millions to hold us back”, “Illmatic”, “The Chronic”, “As nasty as they wanna be” par le 2 live crew et Aquemini.

L / “It takes a nation of millions to hold us back”, “Illmatic”, “The Chronic”, “As nasty as they wanna be” by the 2 live crew and Aquemini

E / C’est une colle mais de mon point de vue, je dirais – sans ordre particulier – « Ready to die », « Blueprint », « 400 Degrees », « The Chronic », « Slim Shady LP ».

E / This is a tough one but from my era I would have to say in no particular order; ready to die, blueprint, 400 degrees, the chronic, slim shady LP.

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Skateboarding

MICKEY TAYLOR TEXTE : LOUIS MEEUS - PHOTOS : MIKE BLABAC

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ikey Taylor est le genre de gars qui vous fera toujours sourire et ce juste par le fait qu’il a toujours l’air content d’être sur sa planche, ce qui n’est pas le cas de tout le monde! Mikey est loin de représenter le cliché du skateur qui a réussi, ce genre de super-héros gagnant plus de quatre millions de Dollars en une série de quelques évènements bien connus du grand public. Mikey, lui, fait la différence en gérant sa carrière d’une autre façon, plus responsable si l’on veut, et capable de rester consistant autant sur une planche que dans le domaine du privé. D’ailleurs, il partage actuellement son temps entre le skatepark du Berrics, les rues du monde entier et prend du temps afin de s’occuper de sa famille. Le homie Taylor est un humain tout-terrain qui ne mettra jamais sa passion derrière ses sponsors et la pression des contests, ce qui pour nous, est la signature du vrai skateboarder. Quand il s’agit de mettre la célébrité, l’argent et l’égo de côté, Mikey Taylor est sans aucun doute un exemple pour toutes les générations futures.

ikey Taylor is this kind of dude who’s always going to put a smile on your face, only by the fact he actually looks happy every time you get a chance to enjoy some of his footage. Mikey is actually far from this new range of super heroes of skateboarding, earning millions Dollars in commercial contest series. Indeed, Mikey creates the gap by choosing another way of managing his career while being able to keep it consistent on and off the board. His time is shared between chilling with the family, skating at The Berrics and destroying the street worldwide. Moreover, he’s an all-round human being who’ll never drop his passion for contest and sponsor pressures, which is to our eyes, the signature of a true skateboarder. By the way, when it comes to shoving ego, money and fame aside, Mikey Taylor is an example for the upcoming generations of concrete surfers.

Jacker / Hey Mickey, comment ça va ? Qu’est ce que tu fais en ce moment ?

Jacker / What’s going on Mikey?! What are you up to these days ?

Mickey Taylor / Je fais à peu près la même chose … Je skate la journée et je traîne avec la mifa la nuit!

Mikey Taylor / Pretty much the same old... Skate during the days, and hang out with the fam at night!!

J / Peux tu te présenter à nos lecteurs ?

J / Could you introduce yourself to our readers ?

M / Je m’appelle Mikey Taylor. Je suis Californien et je fais du skate depuis un bon moment.

M / My name is Mikey Taylor. I’m from California and I’ve been skating a long time ha.

J / Tu as quitté Alien Workshop en 2013, que s’est il passé? Vers qui t’es tu tourné après avoir quitté Alien? Pas de sponsor pour les boards ?

J / You left Alien Workshop in 2013, what happened? On what brand did you land after leaving Alien? No board sponsor ?

M / Alien a tellement changé à travers le temps. Toutes les personnes avec qui j’avais intégré la team étaient parties. Je ne me sentais plus pareil, j’ai donc décidé de quitter la marque. Au début, je voulais démarrer ma propre entreprise, mais j’ai commencé à être beaucoup trop busy pour pouvoir organiser quoi que ce soit… Je ne voulais pas prendre du temps sur mes heures de skate, donc j’ai continué de me dire que je le ferais lorsque les choses se calmeraient. Un an plus tard, ça ne s’était toujours pas calmé et je suis de plus en plus occupé. J’ai donc décidé de ne pas me lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Je vais annoncer la semaine prochaine pour qui je riderai.

M / Alien had just changed so much through out the years. Eventually everyone that I was originally on the team with were gone. It just didn’t feel the same so I decided to move on. At first I was going to start a company, but I started getting so busy with other business ventures that I just couldn’t find the time to do it. I didn’t want it to cut into my skate time, so I just kept telling myself I’ll do it when everything calms down. After a year I released, it’s not calming down... I’m just getting busier. So I decided to not start one. I’ll be announcing next month who I’ll be riding for.

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D’un gamin qui aime juste skater et qui souhaite à tout prix être sponso tu deviens pro et il y a tout à coup beaucoup de pression et de lignes directrices…

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J / On te voit beaucoup trainer aux Berrics, tu as l’air de faire partie de leur crew. Es-tu impliqué dans l’organisation ?

J / We see you hanging around The Berrics a lot, you are part of the team, kind of. What else do you do there besides skateboarding ?

M / J’ai été pote avec Steve et Eric pendant longtemps. J’allais skater le vieux park du Berrics dans la vallée lorsque j’étais gosse. Je suis souvent avec eux, plusieurs fois par semaine. Je ne fais qu’y skater.

M / I’ve been friends with Steve and Eric a long time. I used to skate Berras old park in the valley when I was a kid. I’ve just kind of been there forever. I probably skate the Berrics a couple times a week. All I ever do there is skate...

J / Tu es souvent considéré comme un skateur marrant à regarder, autant parce que ton niveau de skate est ouf que par ton humour élaboré. Comparé à d’autres qui se prennent pour des légendes dès qu’ils rentrent un 3.6 Flip, qu’est ce qui fait la différence à tes yeux ?

J / You’re often considered as a fun skater to watch, both because your skateboarding is great and also for the funny attitude you carry every day (at least from what we’re able to see) when other skaters look like they’re already legends when they land a tre flip. What do you think makes the difference in terms of mentality ?

M / Je ne peux pas vraiment parler de généralités, mais de mon point de vue, je voulais juste revenir à un skateboard cool. C’est parfois étrange d’être un pro skateur. D’un gamin qui aime juste skater et qui souhaite à tout prix être sponso tu deviens pro et il y a tout à coup beaucoup de pression et de lignes directrices… C’est très facile de perdre l’envie de skater. Pour moi, c’était la dernière chose que je voulais… Donc je fais un effort pour continuer d’apprécier ces moments.

M / I can’t really speak for everyone else, but as far as me... I just got to a point where I wanted skating to be fun again. It’s such a weird thing sometimes being a pro skater. You go from being a kid and just loving skating. It’s all you do and care about. Then you get sponsored and go pro and there’s all these new pressures and guidelines that go into it. It’s so easy to loose the joy of skating. For me that was the last thing I ever wanted... So I just make an effort to really enjoy it.

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You go from being a kid and just loving skating. It’s all you do and care about. Then you get sponsored and go pro and there’s all these new pressures and guidelines that go into it. J / Tu as participé à quelques étapes de la Street League, tu t’y sens bien? Parle-nous de l’ambiance sur un tel contest. Est-ce vraiment l’atmosphère sous pression qu’ils essayent de nous faire voir, ou est-ce plus relax ?

J / You attended a few Street Leagues, do you like the format? How’s the atmosphere on such contest? Is it really like the high-pressure atmosphere they’re trying to create or more relaxed ?

M / En fait c’est plutôt cool. Peut-être pas pour les mecs qui s’arrachent pour gagner, mais pour moi c’était smooth. Je ne suis vraiment pas un gros fan de contests. Je n’en ai jamais fait étant gosse et n’en ai fait qu’une poignée avant que la Street League ne démarre. Je pense vraiment que les contests ne sont pas pour moi, c’est pour ça que j’y vais juste pour cruiser maintenant.

M / It actually is pretty relaxed. Maybe not so much for the guys battling to win it, but for me it was mellow. I’m not really a huge fan of contest. I never did them as a kid and only did a handful up until street league started. I think contest just aren’t for me, so I kinda just go in there cruising ya know.

J / Quand as-tu eu ton premier pro model ?

J / When did you first get a pro model ?

M / Merde, je ne peux vraiment pas me rappeler la date exacte. Peut-être en 2001, c’était il y a longtemps, ça c’est sûr!

M / Crap I can’t even remember the exact date. Maybe 2001. It’s been a long time, that’s for sure!

J / Comment est-ce que ça s’est passé ?

J / How did that happen ?

M / En fait, Paul et moi sommes devenus pros ensembles pour City Stars. On n’avait pas encore nos propres boards, mais ils nous ont dit qu’ils nous en préparaient et qu’on allait passer pro à sa sortie. Puis, sans prévenir, Paul s’est tiré. J’ai tellement pêté un plomb que j’ai quitté le bateau quelques semaines plus tard. J’ai fini par appeler Popallardo pour voir s’il pouvait me faire rentrer chez Seek. Dyrdek m’a appelé quelques heures plus tard et la semaine d’après j’ai signé. Mon premier pro model fut officiellement chez Seek.

M / Actually Paul and I both turned pro together for City Stars. We didn’t have our own boards yet, but they told us they were designing them and we were basically next to turn pro. Then outa no where Paul quit. I got so freaked out that I quit a couple weeks later. I ended up calling Popallardo and seeing if he could get me on Seek. Dyrdek called me a couple hours later and I was on the following week. My first pro model was officially with Seek.

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Graffiti

MR. WANY Texte : AURÉLIEN COURBON

L

a dernière fois que j’ai utilisé un aérosol, ce n’était pas plus tard que ce matin, alors que je me tartinais allègrement les aisselles de déodorant. Les sprays de Wany sont d’une autre trempe, laissant sur les murs des traces bien plus élégantes que celles qui se dessinent sous mes bras. Il est originaire d’Italie du Sud, région aride et gangrénée par la mafia, où peindre un mur sous les yeux d’un flic lui touche une couille sans faire bouger l’autre, ce, pour son plus grand bonheur. Dans les pattes, 25 ans de graffiti, le tout saupoudré de métros, de murs et de coursespoursuites dans les tunnels d’égouts, Mister Wany arpente toujours les galeries et musées de la planète sans s’arrêter, agenda de ministre à l’appui. Son plus gros kiff? Mélanger les styles, ce, avec autant de flop, de lettrages, de persos et de 3D qu’il n’en faut pour prendre son choc. On a réussi à le choper entre deux bouchées de macaroni, et autant vous dire qu’il nous a rendu la monnaie de notre pièce.

T

he last time my fingers got in contact with a spray can was no later than this morning, while the awesome deodorant I used was leaking along my arm pits. When this could appear nasty to you, there is Wany who, in the contrary, makes me feel like one of his characters threw a grenade in the mix to create a graffiti piece in an explosion of paint and smoking colors. Mr Wany originates from the south of Italy, a dry region infected by the mafia, where bombing a wall right in front of a pig’s face would leave him completely frozen, for the great joy of this dude. And while his agenda is about to crack open because of the numerous venues he planned to attend, Wany already spread his art for 25 years, and 10 times as many incredible stories to shake his memories: train-bombing, walls and cops chase, he did it all. Although his career is truly diverse, he dedicates a true love to mixing up styles, defined by as many flops, letterings, personal pieces and 3D’s for your curiosity to be hit. A chance we could exchange a few words with him while medicating ourselves with some macaroni’s, read by yourself, but the least to say is that he was the one to give a taste of his own medicine.

J / Yo Mr. Wany ! Peux-tu te présenter pour les lecteurs de Jacker Magazine ?

J / Hey Mr Wany, give us a few words about yourself.

W / Salut! Je m’appelle Mr. Wany et je suis originaire d’Italie. J’ai commencé à peindre dans les années quatre-vingt dix quand tout était complètement différent.

W / Hi I’m Mr. Wany from Italy, I started painting in the nineties when everything was different!

J / Dis-nous en un peu plus sur le blaze que tu utilises, pourquoi as-tu choisi Mr. Wany ?

J / Tell us more about the name you use, why did you choose Mr. Wany?

W / C’est une longue histoire. Quand j’avais douze ans autours de 1990 - j’ai commencé à poser «Wan Yell One», c’est un nom provenant des peuples Américains Natifs. Puis ce blaze est passé par pas mal d’étapes: WanyOne, Wany1, Ueni, Ues, Mr. WanyUes, Mr. Wany and Mr. Wany’s. Pendant une partie des nineties, je posais Wany car Ueni était illégal. En 2004, j’y ai ajouté Mr. comme préfixe, car dans la culture asiatique, Wany est un mot utilisé pour définir une femme. Cependant, j’ai réalisé un petit peu plus tard que j’étais le précurseur de l’utilisation de ce préfixe, qui s’est ensuite transformé en tendance mondiale. Le plus drôle dans tout ça, c’est que le phénomène est d’abord apparu chez certains fabricants.

W / It’s a long story, when I was 12 - in 1990 - I began writing “Wan Yell One”, it’s like a Native American name. But this name went through a few stages: WanyOne, Wany1, Ueni, Ues, Mr.WanyUes, Mr.Wany, Mr.Wany’s. For a certain period in the nineties I was writing Wany because Ueni was illegal. Then in 2004 I wrote Mr. right in front of my name because in the Asian culture, Wany is the name used for Woman. However, I lately realized that I had launched a true worldwide trend with the use of the prefixe «MR» and the funniest is that it happened to appear primarily among manufacturers of characters.

www.wanyone.com

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J / En-dehors de tes études artistiques, quand as-tu été confronté au Graffiti pour la première fois ?

J / Outside of your Art education, when was the first time you met Graffiti ?

W / C’est quand j’ai commencé à peindre des murs en vandale du temps ou j’habitais à Brindisi, dans le sud de l’Italie. A L’époque, ce n’était pas considéré comme un crime à proprement parlé, car nous vivions dans une ville où 50% des habitants vendaient des cigarettes en contrebande, et il n’y avait aucune loi relative au Graffiti. J’étais le plus jeune du groupe de potes avec qui je trainais, mais j’étais aussi le seul à graffer. C’est comme ça que j’ai commencé à emmener mes potes peindre pendant la nuit pour qu’ils fassent tout ce qui est à l’arrière-plan.

W / When I started painting walls illegally I was living in Brindisi, in southern Italy. This wasn’t really considered a crime in a city where 50% of the population was smuggling cigarettes, and there was no specific laws in this regard. I was the youngest of my group, but the only one who was drawing. So I began bringing my friends to paint walls at night to do backgrounds.

J / Balance nous quelques infos concernant l’Italie et sa scène Graffiti.

J / Can you tell me more about the graffiti scene in Italy ?

W / La scène n’a pas changé d’un pet depuis dix ans maintenant... Les gars vraiment compétents ont toujours été les mêmes. Même merde si on parle du Street Art, malheureusement, il n’y a rien de nouveau dans ce que l’on peut trouver actuellement en Italie. Je ne suis pas de ceux qui crachent leur venin sur tout ce qu’ils voient, mais je pense que ce problème est dû à Internet. C’est une des raisons pour laquelle j’essaye de ne pas trop me montrer publiquement. Je garde mes trucs privés, histoire que mes potes restent au premier plan. De toute façon, si ça t’intéresses, tu n’as qu’à arpenter les rues et tu y verras mon taf.

W / The Italian graffiti scene hasn’t changed for 10 years now… Skilled guys are still the same. Same shit when it comes to Street Art, unfortunately regarding the letters, nothing’s really new. I’m not one of those whiners spitting shit about things, but I think it’s an Internet issue. That’s probably why I don’t go out publicly too much. I keep it more private, as a personal thing that can only be seen by my close friends. Anyway, you can still see that shit in the streets.

J / Comment définirais-tu ton propre style, d’un point de vu artistique?

J / How would you define your own artistic style ? W / I try to carry a complete set of skills, I have studied and know my own calligraphy, gestures, letters, characters, abstract solutions, tattoo and illustrations, imaginations, comics, graphics.

W / J’essaye de me doter d’une palette de compétences diversifiées, après avoir étudié la calligraphie, j’ai maintenant une certaine maîtrise de ma propre calligraphie, gestes, lettrages, personnages, solutions abstraites, tatouages, illustrations, bande-dessinée et design graphique.

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A L’époque, ce n’était pas considéré comme un crime à proprement parlé, car nous vivions dans une ville où 50% des habitants vendaient des cigarettes en contrebande... Le nom de mon personnage est Hyroshi Kabuki, c’est un acteur qui joue différents rôles. L’approfondissement de mes lettrages passe par l’élargissement des gammes de lettres, par des standards esthétiques habituellement retrouvés dans la culture occidentale (Dondi, Kase2, Phase2 Softy, Bando, Giving, Swet). Je kiffe les «Wild Out» avec des lettrages lisibles, accompagnés de flèches, bubbletrix, et où les superpositions sont à l’extérieur. J’ai aussi inventé (jusqu’à preuve du contraire) le «Double S» (double style) qui est un mélange de deux noms comme ça a déjà été fait de différentes manières avec Dare, Swet, Revok, Sofles, Twice et d’autres gars qui respectent cette technique.

My character’s name is Hyroshi Kabuki, he is an actor who always plays different roles. My research on lettering uses an array of letters instead, which is part of the occidental aesthetic standards (Dondi, kase2, Phase2 softy, Bando, Giving, Swet). I love a «Wild Out» in which a letter is readable and arrows, boubletrix, overlays are out of it. Or, for instance, I invented (until proven otherwise) the «Double S» (double style) which is when two names are mixed up as it was done in different ways with Dare, Swet, Revok, Sofles, Twice and other people who really respect this technique.

J / Tu te mets du son quand tu fais une session ? Tu écoutes quoi ?

J / Are you listenng to music while painting ? What genre ?

W / Ouais, bien sur! Mon inspiration vient principalement du rythme et des mots! En terme de motivation j’écoute énormément de rap Italien, du genre FabriFibra, Machete Crew, Jesto, Hyst, Clementino et ceux que je kiffe bien me mettre dans les oreilles pour l’instant, c’est Die Antwoord (NDLR un groupe de rap Sud-Africain), j’adore leur clips, puis Yella WOlf, Scott Heron et pas mal de funky shit aussi.

W / Yes, for sure! I take inspiration from rhythm and words! To get motivated, I listen to a lot of Italian rap music like FabriFibra, Machete crew, Jesto, Hyst, Clementino and who I love listening to right now is Die Antwoord, I am fond of their clips, Yelawolf, Gill scott Heron and a lot of funky music as well.

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This wasn’t really considered a crime in a city where 50% of the population was smuggling cigarettes ... J / Tu as voyagé à travers le monde grâce à ton art. Quel est ton pays préféré ? Une anecdote ?

J / You have been travelling through the world thanks to your art. What’s your favourite country ? Any crunchy stories ?

W / Voyager dans le but de peindre est une opportunité en or en terme d’évolution personnelle, autant au niveau culturel, mental et dans certains cas, cela aide à améliorer son style. Je pense pouvoir dire que j’ai apprécié chacun des aspects et perspectives des voyages auxquels j’ai pris part! Mec, j’ai tellement d’anecdotes, mais c’est peut-être un peu trop personnel et je ne sais pas si je peux vraiment en parler! Haha.

W / Travelling to paint was a great opportunity for me to grow culturally, mentally, and in some cases to improve my style. I think I can say I loved every aspect and perspective of every trip I took part in! Dude, I got so many anecdotes, but it’s too personal and I don’t really know if I can speak about that! Haha.

J / Pour finir, parle-nous de l’exposition que tu as le plus appréciée.

J / What has been your favourite exhibition ?

W / C’était une expo qu’on a fait au GFA Biennal dans le musée d’art contemporain à Sao Paulo, au Brésil, c’était une putain d’exposition. J’ai été et vais toujours à beaucoup de bonnes expos partout dans le monde. Mais sans aucun doute, je kiffe aller voir Murakami, OsGemeos, Mode2, Futura2000, Twist Works.

W / We made a go exhibition in the GFA Biennal at the contemporary art Museum in the Brazilian city of Sau Paulo, that was a truly good exhibition, but I have been to and still see a lot of great exhibitions around the world. But, I can say for sho’ that I love to see Murakami, OsGemeos, Mode2, Futura2000, Twist works…

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GoodVibes

ANJA SCHNEIDER Texte : ROMAN SOLER - PHOTOS : Courtesy of the artist

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f we had to describe Anja Schneider’s work ethics, two words would jump straight to our eyes: hyperactivity and productivity. This is the kind of artist some would define as half-machine, half human, besides assuming a task that most are scared of: being a mother. Nevertheless, multiple roles get her busy. Besides from producing music, she also dj’s, speaks on the radio and is the manager of one of the greatest electronic label in the industry. Therefore, the least to say is that Anja does not play with compromises. Considered as a passion, she started airing live on a radio in Köln, thing she never dropped. However, as her ass got shoved right into the international techno world, she had to put that passion aside. Heavily armed by an unshakable charisma, her eclectic and explosive taste in music literally set any dance floor on fire. And the best in this is that fifteen years later, her radio show still runs high on audience rates. Anja is an all-round artist, who wanders across the globe’s greatest clubs, while keeping her roots deeplyanchored. This is a face-to-face with an exemplary and emblematic woman whose feminine side has never been drown in this manly ocean.

yperactive et productive, Anja Schneider est le genre d’artiste plus proche d’une machine de guerre que d’une tendre maman. Etant autant productrice, DJ, chroniqueuse radio que boss d’un des plus gros labels dans la scène électronique, Mobilee Records, Anja ne fait pourtant aucune concession. Débutant dans la radio à Cologne, elle n’arrêtera jamais cette passion, pourtant mise au second plan une fois catapultée au devant de la scène techno internationale, allant murmurer au sillon du vinyle aux quatre coins du monde. Dotée d’un charisme inégalé, ses goûts éclectiques et explosifs enflamment les dancefloors d’un bout à l’autre de la planète. Quinze ans plus tard, l’émission radio dont elle est la taulière, “Dance under the Blue Moon” est encore diffusée, avec une écoute à son apogée. Une artiste qui écume les clubs d’un bout à l’autre de la planète, en n’oubliant pas, malgré tout ça, d’où elle vient. Rencontre avec une dame exemplaire et emblématique qui n’a pas eu peur d’affirmer sa féminité dans un monde d’hommes. J / Hey Anja! Peux-tu nous expliquer comment tu as découvert la techno ?

J / What’s up Anja! In a few words, tell us how you first were confronted to techno music ?

A / Oui, c’était à Cologne, où j’habitais à l’époque. C’était dans une discothèque, comme on appelait ça à l’époque, et j’ai vu pour la première fois un Dj mixer des vinyles. C’était Hans Niesmann, je ne sais pas si quelqu’un le connaît encore de nos jours. J’avais déjà entendu ces sonorités avec Kraftwerk et Depeche Mode, mais dans le contexte du DJ, là, ça m’a pris.

A / Back in the days, I used to live in Köln, this is where I first found out about Techno music. It was in a what we use to call a «Disco», the ancestor of modern clubs, where I saw a vynil DJset. It was Han Niesmann, I am not even sure anybody knows that dude these days. I already had heard these sonorities listening to Kraftwerk and Depeche Mode, but in this actual context, I flipped shit.

J / Qu’est-ce que tu peux nous dire à propos de «Dance under the Blue Moon»?

J / What is your opinion about «Danse Under The Blue Moon»?

A / J’ai travaillé très longtemps à la radio. Lorsque j’ai bougé en 94 à Berlin, j’avais déjà commencé à faire des events, j’avais déjà un réseau et mon boss m’a dit “Mais fais la toi l’émission!”. Donc c’est comme ça que l’émission a commencé et j’y travaille encore, 15 ans plus tard. Je n’y suis évidemment que la semaine vu que le Week End je ne suis jamais à Berlin. Mais j’aime toujours autant ça et j’ai envie de continuer, c’est ma grande passion. Le jour où je ne ferais plus le tour du monde pour poser mon bac de vinyle, je ferais encore de la radio.

A / I have a long story with radio. When I moved to Berlin in 94, I had already started up a series of events, my network was wide and therefore got told by my former boss to air this show. That’s how the program started, and I am still working on it, fifteen years later. Obviously, I’m there only during the week since I’m always out of Berlin the weekends. I still love it though, it is my greatest passion. The day I drop the vinyl and quit touring around the world, I will still be airing on the radio.

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J / Comment est né Mobilee ?

J / How was Mobilee born ?

A / C’était il y a 10 ans déjà, notamment du fait que je mettais à l’écoute beaucoup de démos à la radio de jeunes artistes. Puis certaines personnes se sont tournées vers moi, me demandant si je ne voulais pas créer mon propre label, me disant “tu as ton réseau, déjà un nom”… Donc j’ai dis ouais, pourquoi pas! C’est donc comme ça que j’ai fondé Mobilee et j’ai tenté d’offrir une plateforme aux jeunes. J’avais ma perception de la musique et déjà plein d’idées en tête.

A / It was already ten years ago, probably because I had the habit of introducing demo’s and young artist on my radio shows. Then, some individuals began having interest in me, asking if I would eventually start running a self-managed label even telling me «You got a network, a name»… So I jumped right into it and said yes, why not! That’s how I gave birth to Mobilee while offering a true launch platform for younger folks. I had my own perception of music and a shit ton of ideas in my mind, ready to blow out!

J / Quelles ont été tes influences ?

J / What were the things that mostly influenced your creation ?

A / Kraftwerk m’a vraiment beaucoup apporté comme je l’expliquais juste avant. J’avais les cheveux noirs et des docs et je les écoutais tous les jours. Puis l’Acid House est arrivé. Et là ça a été le coup de foudre.

A / I previously explained it, Kraftwerk brought a lot to the work I am doing. I even use to rock black hairs and Doc-Martins, bleeding its music out of my ears. That’s the precise moment Acid House reached my thirst of music, it was an instant crush.

J / Quels sont tes projets à court terme ?

J / On a short-term view, what are the projects you’re running ?

A / On commence à programmer le Sonar à Barcelone avec notre Mobilee Rooftop, dont notre résidence qui a commencé déjà le premier mai. On va faire ça presque tous les dimanches. L’été est donc attaqué et on a déjà de supers releases de prêtes, avec entres autres Lee Van Dowski et Ray Okpara. J’en sors moi aussi une et spécialement pour vous les français, Miss Kittin signera son EP sur Mobilee!

A / Along with Mobilee Rooftop, we are starting to plan the Sonar Festival in Barcelona, including our residence time which already began may first. Almost every sunday will be ours. Summer is already tanning our skins and we already stocked a whole lot of fantastic releases, including among others, Lee Van Dowski and Ray Okpara. As far as I am concerned, a new EP will soon be released with a featuring specifically for you, Frenchies.

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J / Ta meilleure Gig ?

J / Your best gig memory ?

A / Quand le public est bien réceptif et que la musique est bonne, il y a toujours quelque chose à faire! Les gens qui me bookent savent aussi très bien pourquoi ils le font. À ce niveau là, j’ai toujours beaucoup de chance. Après le plus embêtant dans tout ça, ce sont les voyages. Mais j’aime être autant dehors que dedans, autant sur des gros festivals que dans des clubs intimistes. Tant que la musique est bonne, la fête l’est aussi.

A / When the audience is receptive and the music good, anything can happen. The individuals in charge of the booking process aptly know why they are doing it. On one hand, I always considered mysef to be lucky. On the other, although I prefer being out on festivals than playing inside clubs, the most annoying thing in all this are back and forth trips. But you know, as long as the music is good, the party goes on.

J / Que penses tu de l’évolution actuelle de la musique électronique ?

J / What is your opinion on the current evolution of the electronic music industry ?

A / Je pense que c’est bien sûr très positif que beaucoup de jeunes se tournent vers la musique électronique. J’espère que l’argent ne va pas dominer tout ça, c’est ma principale frayeur. J’espère que les gens de l’EDM vont se tourner vers nous. C’est vrai que juste balancer des gâteaux et danser pour danser, c’est pas ma vision de la musique et la fête. Les gens ne sont pas bêtes et il ne faut pas l’oublier.

A / It is, without a doubt, truly positive and to prove it, just look at the numerous youngsters led by electronic music. I only hope money won’t get over it, this is the main aspect I am frightened of. I would be happy if people from the EDM industry turn their attention to us a little bit more. I am not too much for stuff like throwing cakes on people’s faces and dancing only for the sake of dancing, this is not the vision of music I cherish. People are not stupid and it is not to be forgotten.

J / Tu es aussi maman. Comment combines-tu le tout ?

J / On top of that, you are a mum. How do you combine the whole ?

A / Comme toutes les femmes qui travaillent, si je n’étais pas organisée, ce serait impossible. J’ai de l’aide, et bien sûr c’est compliqué de partir le Week End. Pour toute mère c’est terrible tous les matins, mais j’ai la chance de pouvoir être là la semaine.

A / Like any woman in function, if I was not organized, it would simply be impossible. People help me a lot, and of course it is always hard to leave for the weekend. Any mother has a harsh time every morning, however, I am lucky to be available on weekdays.

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J / Comment vois-tu le futur ?

J / How do you imagine the future ?

A / Tout se développe et je dois dire que j’ai envie de me concentrer sur la musique et sa qualité. J’ai pu constater que le background de la scène est très positif et je pense que ça va continuer avec l’aventure Mobilee.

A / Development is everywhere so I have to say focused on the quality of my music, it’s capital. I noticed that the scene’s background looks positive. Let’s hope it goes on and on and on. J / One last word for our Techno readers ?

J / Un dernier mot pour nos lecteurs ?

A / I love coming to France! Paris or in the south, wherever, I am fond of french people. When I am at a party or at Sonar, frenchies dance moves are the most recognizable of all. They definitely got tons of style and energy. Germans can be noticed at the first sight, they are absolutely unable to make their clothes fit.

A / J’adore venir en France! À Paris ou dans le sud… J’adore les français. Lorsque je suis à une soirée, une teuf, au Sonar, je reconnais les français à leurs pas de danse. Je fais des paris et je trouve qu’ils ont vraiment le style et beaucoup d’énergie. Les allemands tu les reconnais car ils se fringuent super mal.

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Motorcycle

naughty ride

OLD EMPIRE MOTORCYCLES Suzuki GN 400 1980 www.oldempiremotorcycles.com

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OCTOPUS SOUL BIKES Honda CB 750C 1981 osbsoulbikes.blogspot.com

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ELLASPEDE BMW R65 www.ellaspede.com

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Photography

DAVID MANAUD Texte : AURELIEN COURBON

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J

’m probably making too much of a big deal out of it, but I still have the impression that since any moron equipped with a smart phone can take a photo and share it with thousands of people in one click, the deed has lost its splendor. The profession of photography is now accessible to more and more people, giving birth to a sort of fog of mediocrity which must be passed through in order to get to the real gems. My father is a photographer, so I am well placed to see the impact digital technology has had on the profession, though I must confess that this doesn’t necessarily make me objective. And then there are other cases, where even your cleverest trickster with Photoshop wouldn’t cut it. Skateboard photography for example. Photographing skateboarding is not an easy job. Non-stop traveling in smelly, sweaty vans, being surrounded by people who prefer to debate nollies and hardflips rather than world hunger - it gets tedious. David Manaud, from Bordeaux, is one of these poor guys. It was in Meribel, at DC Invasion where we met him, big smile and three-day old beard, we quickly hit it off over a pack of beer and the vibe just flowed. As far as his photography talent is concerned, we will let you judge for yourself.

’en fais certainement trop, mais j’ai l’impression que depuis que le moindre clampin muni d’un smartphone peut prendre une photo et la partager à des milliers de personnes en un clic, l’action a perdu de sa superbe. Le métier de photographe est désormais accessible à de plus en plus de gens faisant naître un espèce de brouillard de médiocrité qu’il faudra désormais traverser pour accéder à de vraies pépites. Mon père est photographe, je suis donc bien placé pour voir l’impact qu’a eu l’arrivée du numérique sur le métier, même si je vous l’accorde, cela ne me rend pas forcément objectif. Puis il y a des variantes où même un escroc sur Photoshop ne ferait pas le poids. La photo de skate par exemple. Photographe de Skate n’est pas un métier facile, voyager sans cesse dans un van empestant la transpiration, entouré de gens préférant débattre autour d’un nollie hardflip plutôt que sur la faim dans le monde est tellement barbant. David Manaud, originaire de Bordeaux, fait partie de ces pauvres gens. C’est à Meribel, au Dc Invasion, que nous l’avons rencontré, grand sourire et barbe de plus de trois jour au rendez vous, on a vite sympa-tisé autour de quelques dizaines de bière, et le courant est plutôt bien passé. Pour ce qui est de ses talents de photographe, on va vous laisser en juger par vous même.

www.davidmanaud.com

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Illustration

TODD FRANCIS TEXTE : AURELIEN COURBON

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a première vraie board était une Birdhouse Andrew Reynolds, vous savez celle avec le bourreau qui tient dans sa main une tête coupée de binoclard. À l’époque, je n’étais qu’un gamin de onze ans qui voulait un skate avec un beau graphique. Je me suis donc retrouvé avec une planche bien trop large pour mes petits pieds de nain, et ça n’a pas aidé mon apprentissage de la discipline. Tout ça pour dire que même si la plupart des skateurs privilégient le shape ou ont une marque qui leur tient à cœur, un beau visuel, c’est important. Todd Francis est un déclencheur d’achat compulsif. Ses illustrations toutes plus barrées les unes que les autres définissent terriblement bien ce qu’est l’esprit et la folie du skateboard. Joyeusement borderline, pas étonnant que ce soit sur des Anti-Hero, une des marques les plus anti-commerciales et rock’n’roll de l’industrie qu’il ait signé ses plus belles œuvres. On à touché deux mots à ce poète des temps modernes, histoire qu’il nous explique un peu comment il fait pour avoir des idées aussi farfelues.

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he first real skateboard I got when I was a kid was an Andrew Reynold’s pro model, back when he was on Birdhouse. You know, the one on whith an executioner holding the head of some four-eyed dude with his hands. Back in the days, I was just an eleven years old skate rat who was only striving for the raddest graphics. As a consequence, the board I was riding at the time was way too wide for my little midget’s feet, and to be honest, it didn’t really help the skating part of it. Whatever, all this shit to actually say, even though most skateboarders would privilege a certain shape or a brand they like, a crusty visual is capital. Todd Francis is one of those guys triggering anybody’s need of getting a new board. As a fact, his illustration work perfectly defines the craze and spirit of Skateboarding. To the eyes of some, the dude would be called borderline. This is thus not a surprise to see him working at Anti-Hero (amongst others), one of the most anti-commercial and Rock’N’Roll brand in the current industry, where he signed the majority of his most recognized illustrations. Well, I had the chance of talking to this incredible guy to find out how the fuck he gets all these sick ideas.

J / Tu vis à Los Angeles, quelle genre d’ambiance peut-on retrouver là-bas ?

J / You live in Los Angeles, how’s the atmosphere there?

T / C’est cool en général, c’est marrant parce qu’il est sur le point de pleuvoir et c’est parfait car on subit une sécheresse plutôt sérieuse depuis un certain temps. Pourtant de manière générale, c’est une tuerie! D’habitude il fait bien chaud mais comme j’habite du côté ouest de L.A, il ne fait pas trop chaud.

T / It’s usually good, it’s funny because it’s about to rain and it’s perfect because there’s a pretty serious drought that has been going on for a while. But you know, generally speaking it’s great here! Just not today! I’m on the west side closer to the beach so it’s not too hot.

J / On te connait effectivement pour ton boulot de designer graphique, mais est-ce que tu skates ?

J / Do you skate a lot yourself ?

T / Pas vraiment, je ne fais que cruiser. Mais si on parle strictement de moyen d’expression, ça n’arrive pas assez souvent haha. Je skate un shape old-school, pas de longboards. (Journaliste content).

T / Not really, I push around, but in terms of expressing myself on a skateboard, it doesn’t happen often hehe. I ride an old-school shape, no long-boards. J / As an artist, it kinda looks pretty rough to evolve in the skate industry, but it seems like it went pretty well for you. What happened?

J / En temps qu’artiste, ce n’est pas forcément facile de sortir la tête de l’eau, surtout dans le monde du skateboard, mais il semble que pour ta part, ça s’est plutôt bien passé. Que s’est il passé pour que tu en arrives là ?

T / I went to college and got a degree in art, and when I got out of it, I knew it was pretty much all I was able to do in life so I moved to San Francisco after college, after about a year working for random jobs, I found out about a job at DELUXE. At that time doing skateboard art wasn’t something people were talking about and so I worked there, had a good time, did a lot of work people were able to see. I was at the right place, at the right time. It was a hard job, there’s a lot of work, you had to work really hard and get a lot of stuff done.

T / J’ai fait des études supérieures et obtenu mon diplôme en art. Dès que j’en suis sorti, c’était la seule chose que je savais faire dans la vie, donc j’ai bougé à San Francisco après l’école et après un an à faire des petits jobs aléatoires, j’ai trouvé un travail chez Deluxe Skateboards. A cette époque, travailler le côté artistique du skateboard était quelque chose dont les gens ne parlaient que peu, et avec la chance de bosser là-bas, j’ai pu prendre du bon temps en ayant l’opportunité de bosser sur des projets que le public pouvait admirer. J’étais au bon endroit, au bon moment. C’était un travail assez strict, je devais bosser dur et être très productif!

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In college, I was working for the college newspaper, it was a daily, so I had to deal with deadlines, doing artwork for that thing every day and so you get very good at thinking fast. It’s like, you get two hours to draw a XXX and then photo reproduce it for print so it’s very similar to a magazine and things that are printed, you gotta get fast and confident. That doesn’t always work for people.

Je pense que beaucoup d’artistes éprouvent des difficultés à travailler avec des limites temporelles d’ailleurs. Il faut pouvoir penser et travailler vite, et tu as plutôt intérêt à être calé là-dedans, tu ne peux pas juste t’asseoir et attendre que les opportunités arrivent d’elles-mêmes . Au collège, j’occupais la tâche d’éditeur dans le journal de l’école, qui était un quotidien pour lequel je devais absolument bosser en étant contraint par le temps. Il fallait être rapide.

J / Does pressure influence your artwork ?

J / Est-ce que la pression influence ton travail justement ?

T / I don’t think so, you know some artists will sit back and relax, smoke cigarettes, drink coffee. I’m not like that. Either you have an idea or you don’t and I don’t think you need to sit back and let it marinate. A good idea goes very fast, so I kinda think this stuff is bullshit. I believe in deadlines. It’s always the way that I worked.

T / Je ne pense pas. Tu sais, certains artistes sont en mode relax, café-clope. Moi perso, je ne suis pas comme ça. Soit tu as une idée, soit tu n’en as pas et je ne pense pas que qui que ce soit ait besoin de s’asseoir, réfléchir à une idée pour ensuite la laisser mariner. Une bonne idée va très vite en besogne, donc je pense que tout ce processus «Relax», c’est un peu de la merde. Je crois aux deadlines, j’ai toujours travaillé comme cela.

J / How do you get inspired? Do you have any process before you start creating ?

J / De quelle manière t’inspires-tu? As-tu certaines habitudes avant de commencer ton travail créatif ?

T / I’m always reading, I read the newspapers every day, I read a lot about the news, they are what inspire me the most I guess. But I mostly get inspired by being angry so staying up with what’s going on with the world never fails to get me angry and so that’s where a lot comes from.

T / Je suis toujours en train de lire, en général les nouvelles que je lis tous les jours, c’est ma principale source d’inspiration, je pense. En-dehors de cela, mon inspiration vient en grande partie de la colère que j’éprouve à certains égards, et rester en contact avec le monde ne manque jamais de la faire ressortir!

J / Does your art gets the anger away ?

J / Est-ce que ton art fait échapper cette colère ?

T / Maybe temporarily.

T / Peut-être temporairement.

J / Is there any time you knew your work was beyond the limits ?

J / T’es-tu déjà dit en dessinant, que tu dépassais les limites ?

T / There has been times, and especially lately, where you wanna do jokes or art about the depicture of Mohamed or the recent shooting in Texas over a Mohamed drawing contest and you know, that seems too far but I never bother painting or drawing before settling it too far. But most of my work is in skateboarding and the work I do for Anti-hero, I don’t know if you really can’t go too far, if it’s a good idea, if it’s intelligent and funny, I don’t really look at stuff whether it goes too far, it’s just is it funny or smart, does it make sense? That’s more the stuff I talk about lately, I don’t think too much about good taste. It’s about taste and how good is the idea and how can I make it better.

T / Beaucoup de fois, et plus particulièrement ces derniers temps, j’ai eu envie de faire des blagues ou de l’art à propos des caricatures du prophète Mohamed --> Mahomet (non?) ou des fusillades qui ont eu lieu au Texas récemment pendant un concours de caricature et tu sais, ça peut paraitre extrémiste mais ça ne m’a jamais dérangé de dessiner ou peindre en sachant pertinemment bien que j’allais trop loin. La plupart des trucs que je fais sont dédiés au Skateboard. Par exemple, pour Anti-Hero, je ne sais pas si c’est possible d’aller vraiment trop loin, si c’est une bonne idée, intelligente et drôle, je ne vérifierai pas si j’ai été trop loin ou pas, je me demanderai plutôt si ce que je fais a du sens. Je ne pense pas trop à faire dans le bon gout. C’est une question d’opinion personnelle et de comment je peux rendre meilleure l’idée initiale.

J / Which one of your illustrations are you the most proud of ?

J / Quel est l’illustration dont tu es le plus fier ?

T / The Hitler Christmas car, a lot of stuff I do with the pigeons, pharmaceutical drugs. I just did one with the ISIS prisoners going on the beach to get beheaded, replacing the prisoners by famous fast food images. I’m proud of that stuff and I don’t see a lot of people doing that kind of work. That’s sort of what’s going on with me, these days.

T / Celle mettant en scène Hitler lors d’une scène de Noël, pas mal de trucs que je fais avec les pigeons, les drogues pharmaceutiques. Je viens d’en faire une remplaçant des prisonniers capturés par l’état islamique, amené à se faire couper la tête sur la plage, par des logos de chaines de fast-food connues à travers le monde. Je suis fier de ces trucs-là car je ne vois pas beaucoup de gens produire des créations similaires. Voilà ce qui se passe dans ma tête, ces jours-ci.

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J / Do you think one can laugh about anything ?

J / Le débat fait rage actuellement. Penses-tu que l’on peut rire de tout ?

T / I don’t know if it’s gonna make me sound incredible, but I don’t really think about being careful, which I consider boring. I think most artist are careful, there’s no shortage of “Careful” out there, so I’d rather meet and challenge people. Whatever I’m working on, I don’t worry too much about going too far. If you want boring, it’s easy to find.

T / Je ne sais pas si ça va me faire paraitre comme quelqu’un d’incroyable, mais je ne pense pas tellement à faire attention, car je trouve ça embêtant. Beaucoup trop d’artistes sont prudents, ce n’est pas ce dont on manque, donc je préfère aller à la rencontre des gens au risque de me mettre au défi. Peu importe ce sur quoi je travaille, je ne m’ennuie pas trop à faire attention de ne pas aller trop loin. Je trouve ça embêtant, et beaucoup trop facile.

J / Pigeons. What is their true meaning to you ?

J / Les pigeons, justement. Quelle est leur réelle signification à tes yeux ?

T / Well, yeah it goes back quite aways, because it started by doing the pigeon for the anti-hero logo back in the early nineties, before we decided to go with the eagle. Pigeons have always been special to me and they’re are funny, you associate them with the city and most of the work I do is about the city so it’s like a reflection of all that. I just try to make it funny and cruel and upsetting, dark, they’re just a vehicle for me to do that. It’s an extension of people. There’s a quote of I don’t know who, saying you can judge a society on its treatment of animals and I always see that city pigeons are always in a rough state, really diseased. SF particularly, so I always hung on to those ones you know.

T / En fait, ça remonte à un certain temps, car cette histoire a commencé par le pigeon que j’avais dessiné pour le logo d’AntiHero, dans les années quatre-vingt dix, avant qu’on ne décide de garder l’aigle. Les pigeons ont toujours eu un caractère spécial à mes yeux, ils sont marrants et généralement associés à l’atmosphère urbaine. J / Tu sembles porter très peu de considération pour les forces de police...

J / You seem to carry little respect for cops...

T / Ce n’est pas comme si je me proclamais Anti-Police car je vois les deux côtés de la pièce, les flics ont un travail vraiment dur. Ici, la plupart des gens qui deviennent policier étaient dans les forces armées ou ont essayé d’y rentrer, et il y a aussi ceux pour qui c’est une vocation, ceux en qui j’ai confiance dans les moments fatidiques.

T / It’s not like being anti-police is a huge thing for me because I see both sides, police have a super hard job. Most of the people that become cops were in the army or tried to get in it, there’s a certain type person that is primarily willing to become a cop and so that’s the kind of people I generally trust in their decisions.

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Par contre, ça ne m’a jamais directement touché, donc je le fais quand il y a un événement marquant: une fusillade ou une tendance à propos de la police, cependant, ce n’est pas ma priorité. Le truc c’est que dans l’art actuel, le thème policier est très présent donc je le garde pour les moments opportuns. Los Angeles a été confronté à des soucis de violence policière récemment, une histoire de clochard qui s’est fait plombé dans la rue. Quand ce genre de chose se passe, je m’y attaque.

No, it’s never blown up in my face, I do it when there’s a famous shooting or a trend about police. It’s not my priority though. You see a lot of anti-police stuff so I try to save it for when it’s more appropriate. Los Angeles has recently had issues with shooting on the street where police are shooting hoboes on the street, when that happens I do something about it.

J / Comment s’est déroulé ta collaboration avec Anti-Hero ?

J / You got involved in the development of Anti-Hero Skateboards, how did that roll ?

T / Depuis le début des années quatre-vingt dix, je travaille pour DLX Skateboards et Julien Stranger ridait pour Real depuis un petit temps. Alors, Jim Thibault et Tommy Guerero ainsi qu’un petit tas de gars ont décidé que ce serait une bonne idée de lancer sa propre entreprise (Julien), c’est comme ça que lui et John Cardiel m’ont demandé de bosser avec eux. J’étais de nouveau au bon endroit, au bon moment car le département artistique était assez minime. Cette idée est donc devenu mon projet perso en quelque sorte, créer une marque à partir de zéro m’a permis de m’améliorer mais au début, pas mal de graphiques n’étaient pas très bons, même plutôt médiocres. En fait, c’était le dernier truc à évoluer de manière positive car on avait déjà une putain de team, une marque et tout.

T / Since the early nineties, I’ve been working for DLX and Julien Stranger had been riding for Real during years. Jim tiebault and Tommy Guerero and a couple of guys around the place decided he needed his own company and so he and John Cardiel said hey don’t you wanna create your own company and I was just lucky enough to be working there at the time and the art department was like small, we were two or three there. So I kinda took this idea as my pet project creating anti-hero from nothing and at first a lot of the graphics we did early on were not too good, it improved with time though. But the first ones I made were pretty mediocre. The graphics were actually the last part to get good because the skaters, the brand and everything were good. J / The craziest story you got in your pocket.

J / Quelle est l’histoire la plus ouf que tu as vécu par rapport à tout cela.

T / When the team got thrown together, it went pretty fast. There was Shaun Young, an amateur for Real, Julien Stranger, John Cardiel and this other kid named Bob who was doing tricks no one did. They grabbed him at a contest in Vancouver, which he won. They didn’t know his name at the time so they just called him Bob Gnarr. So the team was like “Alright, this dude has a long complicated name we don’t even know what it is and we have to create a graphics for his board”. I had a week to make this visual so his first board had just Bob written on it. That shows how fast we must do what we gotta do.

T / Quand la team s’est construite, ça a été plutôt vite. Il y avait Shaun Young, un gars qui ridait en amateur pour Real, Julien Stranger, John Cardiel et ce type nommé Bob, qui faisait des tricks que personne ne faisait. Ils l’ont capté à un contest sur Vancouver, qu’il a gagné en l’occurrence. Ils ne connaissaient pas son nom à l’époque donc ils ont juste décidé de l’appeler Bob Gnarr. Les gars de la team étaient en mode «Okay, ce mec a un nom ultra compliqué qu’on ne connait même pas et on doit lui créer un graphique pour sa board». J’ai donc eu la tâche de produire ce visuel en une semaine, avec écrit dessus: Bob, c’est tout. Ca montre aussi à quel point on doit être rapide au travail.

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J / Qui est le gars le plus chaud avec qui tu as travaillé ?

J / And the craziest dude you’ve worked with ?

T / Quand je pense à ceux avec qui j’ai bossé, et ceux qui parmi eux se démarquent, le premier qui me vient en tête est toujours le même: Ruben Orkan. C’est le gars qui gérait Spitfire et Thunder à DLX Skateboards pendant les années quatre-vingt-dix, il était trop drôle. Le mec parlait et agissait comme Ronnie Dangerfield, version skater haha. La plupart des idées qu’il ramenait le lundi matin au boulot, étaient des projets auxquels il avait pensé le dimanche soir autour de quelques verres. Il était marrant, toujours en train de faire des trucs drôles. C’est clairement lui qui se démarque de tous les autres, qui avait la plus grande personnalité. Malheureusement, il a rejoint le ciel en 91 à cause d’un cancer qui a provoqué sa mort, c’était une épreuve terrible car il était un ami proche. On habitait dans la même rue... On prenait la bagnole ensemble tous les jours pour aller au boulot. Un grand monsieur.

T / When I think about someone I worked with or someone who stands out of them, the first guy who always comes in mind is the same every time: Ruben Orkan. He’s the dude who ran Spitfire and Thunder at DLX through the nineties, and this guy was hilarious! He talked and acted like Ronnie Dangerfield, but in skater. So a lot of the best ideas he would have for Spitfire were stuff he dreamed up while drinking on a Sunday night and he would just bring them the next day. He was so funny, doing funny shit, so he’s the person who stands out, which’s got the strongest personality. Unfortunately, he died in 91 because of a lung cancer and eventually died, it was pretty awful as he was a good friend of me. We used to live in the same street... We would carpool to work everyday. He’s great. J / If there was one board graphic to be taken down your grave, which one would it be ?

J / Si tu ne devais emmener qu’un visuel dans la tombe, lequel choisirais-tu ?

T / Probably the same one I always say: Julien Stranger’s graphic for K9, where the German Sheppard is attacking the policeman. For me, it’s probably the best graphic I did because of the colors and how nasty the graphic is. Also, it’s a board for Julien Stranger and I really like him so it has an extra meaning.

T / Probablement le même que je cite habituellement: le graphique de Julien Stranger pour K9, où tu peux voir un berger allemand attaquer un flic. C’est le meilleur visuel à mes yeux grâce aux couleurs et son aspect dégueulasse. Puis c’est une board pour mon pote Julien Stranger donc ça a une valeur sentimentale.

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Street Art

HOPARE Texte : ROMAN SOLER

I

A

f graffiti was a mathematic problem, Hopare would find a solution quicker than anyone by applying basic principles: a human vision of all things, the geometric sensuality needed to feel comfy with this shit along with a certain perspective of the urban environment which only tangible limits are the contours of the walls he uses as a support to express his emotions. Colors and joined pieces ain’t got secret to Hopare’s eyes, just as the finesse and precision of his lines. Every single thing this dude touches becomes an emotional and symmetrical shockwave, where a peak is reached in terms of symmetry and accuracy. Straight from Paris suburbs, it is in this city that Hopare first gained confidence before spreading his art around the world. Don’t forget his name Jackers, Hopare is doomed to a promising future.

lexandre Montairo aka Hopare est un regard humain, une sensualité géométrique, une féminité urbaine qui n’a pour limites que le relief des murs qui subissent ses coups de bombe. La colorimétrie et ses assemblages n’ont plus le moindre secret, tout comme la finesse et la précision de ses traits. Chaque pièce est une décharge émotionnelle et symétrique, où précision et réalité sont à leur apogée. Originaire de la banlieue parisienne Hopare a tout d’abord fait ses armes sur la capitale avant d’étendre ses couleurs aux quatre coins du globe. Entrevue avec un artiste dont la carrière semble fort prometteuse. J / Salut Hopare. Tu es originaire de Paname, raconte-nous tes débuts là bas.

J / What’s up homie! Straight from Paris right? Tell us how you started doing your shit there.

H / Jai démarré le graffiti à l’âge de 12 ans en région parisienne a Limours (91). Jusqu’à l’âge de mes 15 ans, j’ai peint dans ce secteur sur pas mal de supports de la ville jusqu’au jour où je me suis fait attraper. Par la suite, j’ai continué a peindre avec mon crew (LWA) mais en faisant un peu plus attention puis le maire de Limours m’a ensuite proposé une exposition et un atelier et c’est la que j’ai découvert de nouveaux supports et une autre approche du graffiti.

H / I started bombing when I was 12, in the region of Paris, in Limous precisely. Until the age of 15, I was painting in this area of the town on all kind of supports, and then I got caught. After that, I kept on painting with my crew LWA, while being a little bit more careful than before. Then, the mayor got in my way, but positively as he offered me to set up an expo and a workshop in Limours. This is the moment I found out about new supports to paint on while gaining another approach to the art.

J / Du graffiti, tu es passé à des créations plus «street art», tu peins désormais beaucoup de visages, de portraits, pourquoi ce tournant ?

J / From being a core Graffiti artist, you went to create more things defined as «Street Art», a wide rang of face and portraits for instance, any particular reason why you switched ?

H / Je pratique le graffiti de façon très régulière et cela dans le sens traditionnel du terme. Je pose mon nom sur les surfaces de la ville. C’est vrai que je peins aussi des visages pour essayer de transmettre une émotion ou de susciter une certaine réaction, avec des portraits communs et non connus. Que veut vraiment dire l’appellation street art ? Je pense juste que cela devient de l’art au sens large du terme .

H - Talking Graffiti, I still paint regularly. Basically, I write my name on different city surfaces. Although I am a core graffiti artist, it is true I also paint human faces aiming at conveying an emotion or simply getting reactions by displaying common and less common portraits. At the end, what does «Street Art» really means? To my eyes, it is more a general term to describe art in its whole.

J / Trouves-tu que le public non initié est plus sensible à ton travail depuis ?

J / Since you started doing this, do you notice any difference in terms of sensitivity towards your art ?

H / Je pense, oui. Je pense que mes portraits et les éléments graphiques que j’utilise sont assez universels. Je ne cherche pas à intellectualiser mes œuvres, j’essaye juste de susciter une réaction et je pense que cela peut arriver à n’importe qui.

H - I think so. The portraits and visual elements, which I use, are quite universal. I am not trying to give an intellectual aspect to my art, I do this for the sake of creating reactions, and in my opinion it can happen to anyone.

www.hopare.com

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J / Que penses-tu de la démocratisation du street art, beaucoup lui reprochent d’avoir perdu ses racines.

J / Tons of people think and state street art has lost a lot its authenticity since it was democratized, what would you say ?

H / J’ai l’impression que les temps changent. Pas mal de galeries, photographes, collectionneurs, festivals ont poussé en quelques temps pour s’emparer de ce mouvement et se dire qu’il y a de la thune à prendre. Des gars continuent de faire de vrai festivals graffiti avec une mentalité propre à ce mouvement comme le festival « l’art aux gants « qui pour moi est une vrai fenêtre dans ce circuit « street art «. Bien que je sois du mouvement graffiti aujourd’hui certains ne savent plus où me situer, au final pourquoi me caser dans une catégorie ? Je fais de la peinture travaillant sur différents thèmes, différents supports et différents pays, alors je pense que je fais juste de l’art. Heureusement que certains sont encore là pour faire respecter ce mouvement. Parfois je compare le graffiti aux supporters ultras du football. Aujourd’hui avec l’argent on chasse la classe populaire des tribunes pour retirer un engouement, une passion, et une histoire pour laisser place à la consommation.

H / Times change. A lot of galleries, photographs, collectors and festivals have risen to take this shit over because they saw there’s money to be earned. However, you can still find dudes keeping true graffiti festivals alive, carrying a proper mentality to the movement, just as this festival called «L’Art Au Gants», which to my eyes is a true access to Graffiti. Although I am part of this movement, a lot of people don’t know where to find me anymore, but at the end, what’s the point with all this categorization affair? I paint on any kind of support, about any themes, in any country, so I just think I am an artist. Fortunately, there are still some guys there to respect the movement. I sometimes compare Graffiti to football hooligans, in the way that shit tons of money are injected to shove the working class out of the stadiums. Then it is easy to take the interest, passion and history away to leave consumption fuck it up. J / How would you define your own style ?

J / Comment définirais-tu ton style ?

H / Dynamic, futuristically figuratively abstract.

H / Dynamique, figurati-futurisime abstrait.

J / Some of your art can be seen on original supports such as Bentley cars, Harley-Davidson bikes and surfs of course, what do you appreciate in the approach of these new surfaces ?

J / On peut voir que tu as peint sur une Bentley, un surf ou encore une Harley Davidson, qu’est ce qui te plaît dans l’approche de nouveaux supports ?

H / Graffiti has always been a game to me, the best one, so I consider this part of my work as something fun to do, but mostly as a challenge, an exercise.

H / Le graffiti a toujours été un jeu pour moi, le meilleur jeu d’ailleurs, et le fait de travailler sur ce style de support m’amuse beaucoup et je prends ça comme un challenge et un exercice.

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Cela m’amuse beaucoup et je choisis quand même des supports qui m’inspirent avec lesquels je serais fier de présenter. Certaines marques sont venues vers moi pour que je bosse avec elles, mais leurs produits ne m’intéressaient pas du tout et je ne me reconnaissais pas là dedans.

Although I enjoy it, I try to choose supports I will be proud of introducing. A few brands came to me offering stuff, but I don’t have any interest in their products, plus, I would not recognize myself in this kind of business.

J / Y a-t-il un support particulier et novateur que tu aimerais peindre ?

J / Is there any particular and innovative support you would like to start painting on ?

H / Tout support est bon à prendre, il faut juste que je me reconnaisse dans celui-ci et que j’assume l’avoir peint, et là oui, j’apprécierais d’avoir peint ce support.

H / Everything’s good to be painted you know. I will appreciate painting on a special kind of support if it represents my art and I feel confident about it.

J / J’ai lu dans une interview que tu as faite, il y a 3 ans que ton but ultime était de voyager, et d’exposer dans les galeries. 3 ans plus tard on peut dire que tu l’as atteint non?

J / Let’s go back three years ago, you said in an interview that your final objective was to travel and show your work in galleries. Have you reached these objectives?

H / On en veut toujours plus :). Mais oui depuis 2 ans, j’ai pas mal voyagé et j’espère que cela va continuer.

J / What trip holds the greatest memories? H / Tahiti was one of the most incredible human experience ever, a trip built around meetings and sharing.

J / Quel est le voyage qui t’a le plus marqué ?

J / What’s up with all your crews ?

H / Tahiti a été pour moi une expérience humaine juste incroyable, des rencontres et un partage marquant.

H / LWA - 470 - TSF, all carrying different styles, movements, but one same sharing, creative mentality.

J / Parle-nous de tes différents crews ? H / LWA, 470, TSF, différents styles, mouvements, mais une seule mentalité : le partage et la création.

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Lifestyle

THE CANNABIS ROAD Texte : Arthur Chambon - Illustrations : Maxime Bardou

Plus qu’une histoire de défonce et de lifestyle, la marijuana et l’homme, c’est avant tout une grande histoire d’amour.

More than just a story about getting stoned or a lifestyle, the story of mankind and marijuana is above all a great love story.

Celle-ci dure depuis la nuit des temps. Muse éternelle qui a su nous guider à travers les âges, elle nous inspire et nous rassemble. Après 8000 ans de culture et d’utilisation, 80 ans de répression pèsent sur nos générations et font aujourd’hui d’un simple fumeur de joint, un délinquant notoire.

And so it has been since the dawn of time. The eternal muse, which has guided us through the ages, Mary has inspired and united us. After 8000 years of weed cultivation and use, 80 years of repression weigh heavily upon our generation, and turns a simple the joint smoker, into a serious delinquent.

En tout temps, le cannabis a été cultivé par diverses civilisations. Le chanvre ruderalis (chanvre sauvage) par exemple, n’est pas psychoactif mais très utile pour fabriquer des cordes, des voiles ou du papier. Quand on sait que chaque jour la forêt amazonienne s’amenuise, comment ne pas penser à ces ressources alternatives qui nous sourient ? Facile à cultiver, prolifère et fructueux, le chanvre est déjà le substitut parfait au bois, qui est bien plus utile dans la nature, que comme paperasse à factures.

Throughout time, cannabis has been cultivated by numerous civilizations. Cannabis ruderalis (wild hemp) for instance, is not psychoactive but very useful for creating cords, fabrics or even papers. Knowing that the Amazonian forest is growing smaller everyday, how is it that we are not looking at these alternative sources that are staring us in the face. Easy to grow, proliferate and profitable, hemp is already the perfect substitute for wood- which by the way is a lot more useful in the forest than in the Accounts Payable binder in the office.

Au fur et à mesure que les peuples antiques découvraient les joies des sœurs Indica et Sativa, ils furent aussi frappés de plein fouet par leurs vertus shamaniques, religieuses et médicinales. Afin qu’on comprenne bien la relation intime que nous entretenons avec cette plante depuis la naissance de l’humanité, nous vous proposons de faire un voyage à la fois dans le temps et l’espace...

As the Ancients gradually discovered the joys of the sisters Indica and Sativa, the full force of their shamanic, religious and medicinal virtues struck them. In order to better understand the intimate relationship that we have with this plant since the birth of mankind, we’re going to take you on a trip through time and space...

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EASTERN ASIA, SOURCE OF AN ENTIRE CULTURE

L’ASIE ORIENTALE, SOURCE DE TOUTE UNE CULTURE

Back to China, 6000 years before our calendar was invented. Suffice it to say that these guys didn’t take long to understand that what they held between their fingers would be very fruitful.

Retour en Chine, six mille ans avant notre calendrier. Autant vous dire que les mecs n’ont pas mis longtemps à comprendre que ce qu’ils avaient entre leurs mains porterait très vite ses fruits.

Our journey begins in a pottery workshop. No, we didn’t find Genghis Khan’s mummified remains with a fossilized joint between his teeth, but instead a simple painting of a hemp leaf on a pot, you know, just for decoration. The trail leads us on to the world’s first Materia Medica, it too from China, which according to the locals is over 2 700 years old. In it we find more than 365 different varieties of medicinal herbs, including tea and cannabis. Big up the legendary Emperor Shennong for his work!

C’est sur une poterie que notre voyage commence. Non, on a pas retrouvé la momie de Gengis Khan un joint fossilisé au bec, mais une simple peinture représentant une feuille de chanvre, juste histoire de décorer. La piste se poursuit dans le premier traité de pharmacopée du monde, lui aussi chinois, qui date selon les dires locaux de deux milles sept cents ans avant notre ère. On peut y trouver plus de 365 variétés d’herbes médicinales, dont le cannabis et le thé. Big up à l’Empereur Shen-nong qui l’aurait rédigé.

The Indians weren’t skimping out either. Even though they’d get their rocks off with our girl Indica more than Sativa, in one of their Vedas (ancient religious texts written in Sanskrit), weed is cited as a damn good way to get oneself into a trance state, especially for religious rituals. They even had specific ways of lifting off, bong or herbal tea, take your pick. This proof on paper is the oldest Indian document ever found. It dates from around 1500 BC, making the good old Bible look like a freakin’ smartphone. Here’s a funny anecdote- according to Indian culture, weed comes straight off the back hairs of the god Vishnu and so provided direct access to the divine - I know a couple guys who are bigger believers than they think.

Les Indiens n’ont pas lésiné non plus. Même si les mecs bandaient plus pour notre amie Indica que Sativa, dans un de leur Védas (anciens textes religieux écrit en sanskrit), ils citent la weed comme un sacré bon moyen de se mettre en transe, notamment pour les rituels religieux. Ils avaient même leurs propres façons de se mettre bien, bhang ou infusion, à vous de choisir. Cette preuve littéraire est le plus vieux document indien jamais trouvé. Il date de mille-cinq-cents ans avant l’an zéro, faisant passer notre bonne vieille Bible pour un vulgaire smartphone. Anecdote amusante, dans la culture indienne, la weed viendrait des poils du dos de Vishnou et par conséquent serait un moyen direct d’accès au divin. J’en connais quelques-uns qui sont plus croyants qu’ils ne le pensent.

AN AFRICAN PILGRIMAGE

UN PÈLERINAGE VERS L’AFRIQUE

As if guided by some sort of self-will, Cannabis seems to have paved its way across the centuries. Village after village the people understood that there was in it an inestimable bounty and joined their neighbors by cultivating it as well. The trail leads us now to the Assyrian and Scythian tribes, who carried hemp from Asia to Africa via the Middle East. They too had their own methods. The most common method was a form of fumigation resembling the vaporization that we know today. They would heat up the plant on a stone, without burning it, and inhale the vapors. Even today, vaporization is still the purest way to extract the cannabinoids from the plant. We also owe to these folks the use of resin, the ancestor of today’s Afghan. More suitable to Haschich than the other two, it’s from these countries that we get Afghanica, the newest member of the family.

Comme guidé par une volonté qui lui serait propre, le cannabis semble avoir fait son chemin au cours des siècles. Village après village, les gens ont compris qu’il y avait là une richesse inestimable et n’ont pas tardé à le cultiver eux aussi. La piste se poursuit donc chez les peuplades Assyriennes et Scythes qui ont fait voyager le chanvre d’Asie en Afrique par le Moyen-Orient. Eux aussi avaient leurs méthodes. La plus répandue était la fumigation qui ressemble énormément au vapo que l’on connaît. Ils faisaient chauffer la plante sur une pierre, sans la brûler, afin de juste inhaler les vapeurs qui s’en dégageaient. À ce jour, la vaporisation reste le procédé d’extraction de cannabinoïdes le plus pur. Nous devons également à ces peuples l’invention de la résine, ancêtre de notre afghan actuel. Plus propice pour le Haschich que les deux autres, c’est de ce pays qu’est originaire la petite dernière de la famille, l’Afghanica.

Still on the trail of the unifying herb, it’s in Egypt, on 3000-year-old papyrus that we find our tender little friend, on one of the world’s oldest medical prescriptions for hemp oil, a prescription worth gold! Bowls containing weed were also found at the pharohs’ tombs, which clearly means that these guys had the intention of bringing their own supply to get high with the gods!

Toujours sur les traces de cette herbe fédératrice, c’est en Égypte, sur des papyrus vieux de trois mille ans que l’on retrouve notre tendre amie. Il s’agit des premières prescriptions médicales d’huile de chanvre, une ordonnance qui vaut de l’or. Il semblerait qu’on ait également retrouvé des pots contenant de la weed dans les tombeaux des pharaons, ce qui laisse croire que les mecs avaient même la volonté de s’empester avec les dieux.

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L’OCCIDENT, ÉTERNEL RETARDATAIRE

THE WEST, ETERNALLY LATE

En effet, c’est avec plusieurs millénaires de retard que nous découvrons la marijuana. Cela fait à peine 400 ans que nous fumons, pas étonnant que nous soyons comme des fous... Comment rivaliser avec un Chinois qui lui entre deux pipes d’opium s’en fait une d’herbe et ce, depuis huit milles ans ? Même si la première Bible de Gutenberg a été imprimée en feuille de chanvre, ce n’est qu’au XVIII siècle que le cannabis débarque réellement en Europe. Paradoxalement, c’est grâce à Napoléon que vous pouvez cultiver votre jardin (et non à Voltaire finalement), qui lors de sa conquête en Égypte, a voulu interdire à ses troupes de s’enfumer au haschich local et finalement, a suscité l’intérêt et a conduit à son importation en France. L’Angleterre a aussi joué un rôle avec ses colonies en Inde, où nos voisins saxons ont découvert les propriétés de la verte et se sont empressés de la ramener sur le continent.

Indeed, we discovered marijuana a couple of millenniums late. It’s barely been 400 years since we’ve been smoking, no wonder we’re so crazy about it… How do you compete with the Chinese who between two pipes of opium, blazes a weed pipe, and has been doing so for over eight thousand years? Even if the first Gutenberg bible was printed on hemp paper, it wasn’t until the 18th century that cannabis really showed up in Europe. Paradoxically, it’s thanks to Napoleon (and not Voltaire) that you can grow your garden. During his conquest of Egypt, Napoleon banned his troops from smoking the local hashish that only aroused greater interest in it, leading to its importation in France. England also played a role with its colonies in India where our Saxon neighbors discovered the qualities of the green and hurried to bring it back home.

Au début, l’herbe était principalement consommée dans des cercles restreints et élevés dans la société : le club des Haschichins est sans doute le plus connu, regroupant Charles Baudelaire, Alexandre Dumas et d’autres potheads de l’époque. On leur doit même des livres et poésies sur le sujet. La Ganja devient alors source d’inspiration, mais suscite aussi l’intérêt des scientifiques trouvant en elle, un sujet d’étude sur le cerveau sans précédent. Son importation en Amérique s’est faite grâce aux esclaves, emportant avec eux ce sésame, ultime lien les rattachant à des traditions ancestrales.

Initially weed was consumed in closed circles among high society; Le Club des Hashischins (The Hashish-Eaters Club), is certainly the most well-known, regrouping Victor Hugo, Baudelaire, Dumas and other potheads of the time. We owe to them several books and poems on the subject. Ganja was for them a source of inspiration, but also claimed the interest of scientists who found in weed and unprecedented subject for the study of the brain. Its importation into the US was through the slaves who brought with them this gateway, their last remaining link with the ancestral traditions.

PROHIBITION ET PROPAGANDE

PROHIBITION AND PROPOGANDA It is in 1916 that England and France both, despite a 7 volume British study on the subject, comprising of 7 500 pages concluding on the non toxicity of the plant, outlawed the consumption and production of cannabis. That was the beginning of the prohibition. The Americans did the same in 1937, bringing with it a global dictatorship of thought on the subject. Currently in China, consumption of marijuana is punishable by death, and it remains illegal in most countries. How did we move from a plant of divine character to a demonic plant that will drive us mad or stupid? And yet this is one of the first seeds that man has ever cultivated. It certainly cannot be as bad as they’d like to have us think, it just needs a little taming. It’s only been 400 years since we’ve actually known about it, thats not enough to develop the right perspective, we need the time to better understand it and learn about it to be able to reap all of its benefits without the drawbacks. Turning towards the past seems like a good solution, apparently it still has a lot to teach us.

C’est en 1916 que la France et l’Angleterre, malgré une étude britannique de 7 volumes sur le sujet, comportant en tout sept mille cinq cents pages et concluant à la non-toxicité de la plante, interdisent toutes deux la consommation et la production de cannabis. C’est le début de la prohibition. Les États-Unis ont fait de même en 1937, entraînant depuis une dictature mondiale de la pensée concernant le sujet. En Chine, la consommation est à présent punie de mort, et elle est interdite dans la plupart des pays. Comment d’une plante à l’aspect divin, sommes nous passé à une plante démoniaque, nous rendant fou ou imbécile ? Cette graine est pourtant l’une des premières que l’homme ait cultivée. Elle n’est sûrement pas si mauvaise qu’on le prétend, il faut juste l’apprivoiser. Cela ne fait que quatre cent ans que l’on en a réellement connaissance, le recul est trop léger, il faut prendre le temps de la connaître et de la comprendre afin de pouvoir en tirer tout les bénéfices et éviter les inconvénients. Nous tourner vers le passé semble être une bonne solution, nous avons apparemment beaucoup de choses à y apprendre.

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Entre -Vues

SWIFT GUAD texte : Ci-gît’e et Aphasie

R

C

Tout a commencé par une histoire d’atmosphère. Dans le coin de la pièce à guetter nos espaces face à son œil en accent circonflexe, silence... Image frappe la rétine, détecteur imprégné de vice et vertu à dévoiler le fond de la forme dans lequel on venait d’ entrer, et développer l’informe de nos bouches comme pour se l’expliquer. On se regarde, hoche la tête puisque les langues se déplient sincèrement et que les parures ont été déposé. On s’est encoché le rire en virgule, la gène pour parenthèse ; du verre dans les yeux, on en a sculpté une matière commune. Chercheurs de mots rassemblés nourrissaient la dalle qui les anime. Du nord au sud à donner de l’ampleur à la parole, la pièce s’étriquait. Au dessus du Molotov, entre les murs incrustés d’artistes se confondent l’homme et le MC, qui au-delà de saigner sur le mic pousse son coeur et sa hargne au devant du cadre de l’échange.

It started with an affaire about atmosphere. In the corner of the room, spying out the spaces facing his circumflex eyes, silence... Image hits retina, the detector impregnating vice and virtue unveils the depths of the confines we just entered, and the amorphous mouth develops to explain. We glance at each other and nod because sincere tongues were unravelled and appearances dispelled. We notched our laughter with commas, embarrassment in brackets ; glass in the eyes, we carved from it a joint material. The Word seekers had gathered to feed the craving that animated them. From the north to the south to give breadth to the word, the space got tighter. Above the Molotov, between artist incrusted walls, man becomes mixed with MC, who beyond bleeding the mic, he pushes his heart and his grunt beyond the borders of exchange..

Aphasie pour mettre le feu aux poudres, lumière sur les noirs et blancs échappés du brasier. La cartographie de Swift Guad qu’il a laissé au feutre noir.

Aphasia to turn the fire to ash, lights on the black and white emerging from the embers.. Here lies the map to Swift Guad.. that he left in black marker..

RECETTE

RECETTE

• Sur papier, déversez la peinture et sculptez-en un fond.

• On a sheet of paper, spread the paint and sculpt some depth into it.

• Epluchez une question à sens unique pour n’en garder que le noyau.

• Peel away at a one-way question keeping only the core.

• Isolez le noyau puis découpez et collez-le à même le fond pictural.

• Isolate the core then cut and paste it directly onto the pictorial background.

• Répétez le procédé jusqu’à obtenir une quinzaine de noyaux sur feuille.

• Repeat the process until you obtain about a dozen kernels on the sheet.

• Servir le tout au MC accompagné d’ un marqueur et laissez mijoter.

• Serve the lot to the MC accompanied by a marker and let simmer.

ultivated in hip hop, rich in artistic grafting (Tony-O, Demi Portion, Paco, Al tarba, Aketo, One.P...) and an artery of the Narvalow Club, Swift Guad, a rapper from Montreuil, moves through the independent landscape hoarse from screamig about « the state of affairs » . Self taught, he operates behind and in front of the camera. From « hécatombe » to « la chute des corps », here’s a glance of a crackpot on passage through Marseille.

ôdé dans le hip hop, riche en greffes artistiques (Tony-O, Demi portion, Paco, Al tarba, Aketo, One.P...) et artère du Narvalow Club, Swift Guad, rappeur originaire de Montreuil avance dans le paysage indépendant voix éraillée pour prononcer «l’état des lieux». Autodidacte, il opère à la fois devant et derrière la caméra. D’Hécatombe à La chute des corps, l’aperçu d’un narvalo de passage à Marseille.

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Our Crib

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JACKER WORKSHOP - 35 RUE FAUBOURG DU COURREAU - 34000 MONTPELLIER - FRANCE

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Lifestyle

RETOUR AU CHANVRE T E X T E : A r n a u d C atay é e - P H O T O : h e m p f l a x

LE COMEBACK DU CHANVRE INDUSTRIEL

INDUSTRIAL HEMP’S BIG COMEBACK

Si le chanvre et ses vertus se sont vus tomber dans l’oubli durant de nombreuses années, quelques 40 000 produits peuvent cependant être issus de leur utilisation en tant que matière première... Dernièrement, cette plante regagne bienheureusement du terrain et la société HempFlax la cultive sur plusieurs centaines d’hectares pour l’industrie, aux Pays-Bas. Qu’est-ce exactement que le chanvre et pourquoi cette plante aux multiples facettes a-t-elle été reléguée si longtemps à l’arrière-plan ?

In spite of hemp and its virtues having faded from memory for many years, there are nonetheless over 40 000 products than can be issued from its use as a raw material... Recently, this plant has thankfully been regaining territory, and the company Hempfax has been cultivating it on a couple of hundreds of hectares for industrial use, in The Netherlands. What exactly is hemp, and why has this multifaceted plant been relegated to the background for so long?

LA PROHIBITION DU CHANVRE

THE PROHIBITION OF HEMP

Le nom de « chanvre » est donné aux variétés non-psychotropes de la joyeuse famille des Cannabaceae. Celles-ci peuvent être utilisées pour la production alimentaire et dans de multiples applications industrielles.* Si cette plante mériterait d’être placée au rang des plus profitables, il n’en est pourtant rien... La stigmatisation actuelle du cannabis s’est malheureusement portée sur le chanvre lui aussi. Bien que celui-ci ne contienne qu’une quantité minime de substances psychotropes, dont l’effet est imperceptible après consommation, on lui attribue encore trop souvent l’étiquette de mauvais élève. Le « Marihuana Tax Act » adopté aux Etats-Unis en 1937 est le principal émissaire de cette confusion. Cette loi instaurant une lourde taxation des acteurs de la filière du chanvre a eu pour objet de dissuader son usage sans pour autant le criminaliser. A long terme, elle eu pour effet d’ériger l’amalgame que nous connaissons, prohibant le chanvre malgré son inoffensivité et en dépit de son potentiel.

The name «hemp» is given to the non-psychoactive variety of the happy Cannabaceae family. They can be used in food production and in numerous industrial applications. * Even though this plant deserves to be ranked among the most profitable, we never hear anything about it... The current stigmatization of cannabis has unfortunately carried over to the hemp plant as well. Although it only contains a minimal quantity of psychoactive substances, the effects of which are imperceptible after consumption, we still too often ascribe it among the troublemakers. The «Marihuana Tax Act» adopted by the US in 1937 is the principal emissary of this confusion. This law which enacted heavy taxation on the actors in the hemp sector was meant to dissuade its use without exactly criminalizing it. In the long term it had the effect of building the confusion that we know today, prohibiting hemp despite its inoffensiveness and without considering its potential.

LE CHANVRE AU PAYS BAS

HEMP IN THE NETHERLANDS

Aux Pays-Bas, il semble en bonne voie pour retrouver son essor passé. Depuis 1993, HempFlax réintroduit la culture de cette plante qui fut l’une des premières domestiquées par l’Homme. Cela ne s’est pas fait sans difficulté mais les efforts ne sont pas vains. Ben Dronkers, ce véritable pape que nous vous présentions dans notre #10, semble plus déterminé que jamais à ouvrir les consciences. Le produit principal de HempFlax est la fibre de la plante, utilisée entre autres par l’industrie textile et par des compagnies automobiles telles que Bentley, Bugatti et Jaguar. Le cœur ligneux de cet or vert, ses feuilles et mêmes ses graines sont toutes exploitables dans les exemples cités précédemment.* Même la poussière libérée lors du processus de transformation est recyclée comme substrat pour les cultures végétales. Ben Dronkers a raison : le chanvre, c’est l’avenir. Cet avenir a lieu maintenant !

Hemp in the Netherlands seems well on its way to reclaiming its former rise. Since 1993, HempFlax has been reintroducing the cultivation of this plant which was one of the very first cultivated by men. This wasn’t done without difficulty however, but their efforts were not in vain. Ben Dronkers, that veritable Pope who we presented to you in our issue #10, seems more determined than ever in opening our consciousness. Hempflax’s primary product is the plant fiber; used, amongst others, in the textile industry and by automobile companies such as Bentley, Bugatti and Jaguar. The woody center of this green gold, its leaves and even its seeds are all exploitable in the examples cited earlier*. Even the dust issued from the transformation process is recycled and used as a substrate for plant growth. Ben Dronkers was right, hemp is the future. And the future is now!

*Le chanvre industriel connaît ses applications en tissage, comme isolation phonique et thermique, pour la fabrication de cordage marin, en litières animales, médicaments ou encore en papeterie (Dharani Chinois en 770 et première Bible de Gutemberg).

*Industrial Hemp has known applications in weaving, soundproofing, thermal insulation, the fabrication of nautical cords, animal litters, medication and even papermaking (The Chinese Dharani in 770 and the 1st printed bible by Gutenberg).

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