Jacker Magazine #15

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edito Après mûre réflexion, tout est une question de couilles. S’il y a bien une chose qui caractérise le mammifère humain mâle des autre espèces, c’est bien le culte invétéré qu’il voue à son entrejambe. Derrière chaque discipline, chaque décision majeure, chaque guerre, c’est en règle générale celui qui en a le plus dans le pantalon qui change l’histoire. Et notre culture, celle que l’on prône à travers les pages qui vont suivre, ne déroge pas à la règle, que ce soit les skateurs qui se jettent au-dessus de dizaines de marches (sans guidon), les graffeurs qui grimpent sur les toits, ou encore les rappeurs, déterminés à travers des égotrips ou autre clashs, à vous faire comprendre que c’est eux qui ont la plus grosse. Une bonne paire de burnes ne vous fera jamais défaut. Elle vous mettra dans des situations difficiles, vous fera prendre des risques, mais vous ne la regretterez jamais. Un jour un mec a même fait croire qu’il était le fils de dieu, et 2000 ans plus tard, des moutons s’agenouillent encore devant sa statue. Le gars était dans le turfu... Dans le bon comme dans le mauvais, pour s’imposer, il faut veiller chaque jour à avoir un diamètre testiculaire plus élevé que la moyenne, c’est la clef. Sans ça, Jacker n’en serait pas là, l’autre enculé avec sa moumoute ne serait pas en finale pour la présidence des USA, et même cet enfoiré de Sangoku ne serait pas allé jusqu’au Super Saiyan 4. After careful consideration, it’s all about balls. If there is one thing that characterizes the male human mammal from the other species, it’s the obsessive cult he dedicates to his crotch. Behind every discipline, every major decision, every war, it’s usually the one who has the most in their pants that will change history. And within our culture, that we advocated in the pages that follow, there is no exception to the rule, whether it’s skaters throwing themselves down ten stairs (without handlebars), graffiti artists who climb roofs, or rappers, with determined ego trips or other clashes, to make you understand that it is them who have the biggest nuts. A good pair of balls will never fail you. They will put you in difficult situations, you will take risks, but you will never regret it. One day a guy made everyone believe he was the son of God, and 2,000 years later, some sheep still kneel before his statue. For better or worse, to win, every day you have to ensure you have a higher testicular diameter than the average, it’s the key. Without that, Jacker would not where it is today, that mother fucker with his toupee would not be a finalist for the US presidency, and even that bastard Goku would not have gone to the Super Saiyan 4.

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Sommaire

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28 Jazzy Bazz

Aaron “Jaws” Homoki

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40 Woodie Smalls

Kosme

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58 Taroe

Seth

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66 Nassim Lachhab

Romuald Link

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74 Marijuana, ennemie d'état

Daily Paper

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Founder / Art Director Aurélien Courbon Founder / Advertising Roman Soler Digital Manager Daniel Boris Iglesia Operations and Finances Matthieu Cozzolino Project Manager Jorlan Mariotat Marketing Michael Kahn Jacker Workshop Maxime Chevaillier Louis-Baptiste Le Téxier Web Editors Charlotte Rousset Noémie Sanchez Maxime Menta François Graz Grégoire Jacquet Camille Huriaux Quesada Andréa Voican Marine Fabresse John Le Neué Vidéo Simon Cousi

Print Editors Florent Bardos Marine Larcade Sabrina Hadj-Hacene Suki Photo Tyen Vui Felix Maurugeon Graphic Designers Else Bedoux Angry Pandart Baptiste Serrano Translators William Roux Events / DJ’s Renaud Odde Dimitri Gilles Geoffrey Courbon Collaborators Margaux Degryse Coralie Bonnat Charly Ferrandes Thomas Calvet Advertising Inquiries jacker.mag@gmail.com Print Imprimerie Nouvelle - Apt

Skateboarding Team Nassim Lachhab, Romuald Link, Maxime Garlenc, Theo Moga, Loic Bataillou, Luka Rémy, Bastien Marlin, Lou Fulford Big up to ... Guillaume Chollet, Cédric Benoit, Peck, Sandro Leal, Julien Pirrello, Nedoua, Annette et Patrick, Brice Vergez, Pierre Allaire, Manuel Ibanez, Clément Chaptal, Olivier Pelazza, Hugo et Gérard Justinesy, Brice Rancou, Denis Voyant, Michel Cozzolino, Jean Baptiste Besson, Guimball, Laetitia Richaud, Marvin Saint-Réquier, Mathilde Chapoutix, Marley Courbon, Julia Veyrier, Louis Chalandon, Philippe Auvignen, Stephanie Hung, Emeric, Seb Brilleau, Seb Serra, Tekilla, Poupa Lost, Berthille Brandicourt, Clémence & Claire Castinel, Vito FPC, Abde & Le Rif1, Goer, ES Crew, Sergi Rodriguez, Bernabé “Mr Berns” Eguiagaray, Aurélie Wood, Adrian Perez.

Jacker Magazine est édité par la société Paper Haze. Paper Haze / Jacker Magazine 35 rue Faubourg du Courreau - 34000 Montpellier Toute reproduction est strictement interdite, sinon on vous plonge la tête dans un seau de merde.

W W W. J A C K E R M A G . C O M

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What’s up ? WASTED x JACKER “Bros before Hoes”, c’est un peu comme ça qu’on pourrait résumer notre collaboration avec nos potes de chez Wasted. Parce que si on bosse très bien ensemble, disons qu’on a passé quelques soirées énervées durant lesquelles on a pu parler poésie, et, accessoirement, d’une collaboration qui nous a bien fait kiffer. Une sortie prévue incessamment sous peu, que vous allez vous arracher. Bros before Hoes. It’s with this mantra that we can summarize the upcoming collaboration with our pals from Wasted. We work really good together, let’s say that we spent some edgy evenings together where we had the chance to get poetic, and, incidentally, produce a collaboration that makes us all proud. The release is scheduled very soon, hold tight, get hyped! www.jackermag.com / www.wasted.fr

ZANEROBE Zanerobe est un pur produit australien. Plus que de la mode, plus qu’un héritage, plus que du streetwear, cette marque est tout à la fois. Designer sans concessions, construisant sans limites, finalement, Zanerobe n’est pas une marque. C’est un mouvement. (À retrouver en France chez : Flair, Majestic, LD, Le Nouveau Magasin, IMPACT) Zanerobe is a pure australian product. More than fashion, more than heritage, more than streetwear, this brand is all at once. Designing without concessions, building without limits, Zanerobe is finally not a brand. Zanerobe is a mouvement. (Available in France at: Flair, Majestic, LD, Le Nouveau Magasin, IMPACT) www.zanerobe.com

NEW SHOP : Day Off It’s your day off ! Et République a enfin son skateshop ! Situé Rue Notre Dame de Nazareth, Day Off vous propose une sélection ultra core de skate avec du Polar, du Bronze, du Hélas, mais aussi tout ce qu’il faut pour monter une planche digne de ce nom et aller défoncer le spot qui se trouve à 100 mètres. Une enseigne dont vous allez beaucoup entendre parler et qui va s’imposer sans aucun doute comme une référence. It’s your day off! And the République spot finally got a skateshop! Located Rue Notre Dame de Nazareth, Day Off offers you a fresh selection of skate brands including Polar, Bronze, Hélas, but they’ll fulfill all your needs for that new set up in order to kick it to the local skate spot, which is actually located just 100 meters from the shop! A shop you will definitely hear skaters speaking about, and will certainly define itself as a staple store for the city.

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What’s up ? TEALER x Aaron kai Si on peut imaginer que ces nuages et vagues sont de la fumée qui s’échappe de la rue d’Alexandrie, ils n’en sont pas moins l’œuvre du génialissime Aaron Kai. Nos potes de Tealer nous préparent une fusion de leur univers et du sien, dont vous pouvez déjà avoir un bref clin d’œil. Even if those cloudy waves remind us of the smoke sneaking out from Alexandrie Street in Paris, they are actually the amazing art of Aaron Kai. Our friends from Tealer are preparing a fusion of both worlds, as you can see right here. www. tealer.fr

Nike SB - JanoskI Hyperfeel Nike SB a révolutionné le fameux modèle Janoski avec l’upgrade Hyperfeel. Complétant le trio formé avec la Bruin et la Koston, cette Janoski comprend une languette améliorée, une semelle Lunarlon, et une ligne moulée pour apporter un soutien confortable tout en conservant la silhouette indémodable de ce modèle mythique. Nike SB has revolutionized the coveted Janoski model with a Hyperfeel upgrade. Completing the trifecta along side the Bruin and Koston model, the Janoski features an upgraded tongue, Lunarlon insole, and a molded Sockliner to provide a comfortable snug fit while keeping true to the timeless Janoski silhouette. www. nike.com

SENSI SEEDS - CBD OIL Sensi Seeds a sorti depuis peu une huile naturelle de CBD aux différents usages positifs, médicaux, mais aussi utilisable en tant que complément alimentaire. Elle est produite à partir de plantes de chanvre cultivées au sein de l’Union Européenne, ce, afin de créer un produit sûr et de la plus haute qualité comme la maison en a l’habitude. Sensi Seeds recently released a natural CBD oil that has various positive uses medicinally, and also as a dietary supplement. It is produced from cultivated hemp plants within the European Union, in order to create a safe, high quality product. Just like everything else that comes from the Sensi Seeds house. www.sensiseeds.com

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Flava in ya ear

hip hop • Panama Bende - Dayz • Woodie Smalls - Planet Shrooms • Mark Battles- Watch Me Work • Apollo Brown - Neva Eva (feat. The Barrel Brothers) • Fliptrix - The Chronic • Russ - Do It Myself • Népal - Rien d’Spécial • Oddisee - Belong To The World • Mura Masa - Low (ft. Jay Prince) • Jazzy Bazz - 3h33 • A$AP Mob - Yamborghini High ft. Juicy J • Hugo TSR - Là-Haut • Tekilla - L’Amer À Boire • Freddie Gibbs & Madlib - Harold’s • Guizmo - Mon Cv • Poupa Lost - Le Bilan • P.O.S. - Left Brain ft. GoDreamer & FredGT • Bejo - Mucho • Curren$y - Rhymes Like Weight • Nedoua - Morbacks

techno • Lesus - The Bell - OBR0102 / Obstacle Records • Saverio Celestri - Reality Is Not Reality - SL007 / Slow Life • Dan Farserelli - In Haus Wax 9 - IHW009 / In Haus Wax • Nami - Scenario1 - NAMI005 / NAMI • Etienne - Dez EP - Undersound Recordings - (12») • Treatment (9) - LP - C2 • Cédric Dekowski & Felix Reifenberg - Matzerium - 87 Record • Cédric Dekowski & Felix Reifenberg - Muwop - 87 Record • Andrey Zots - Et Focus (Margaret Dygas Remix) - Arma Record • Fabe - Chroma Sa - Salty Nuts Record • Cristi Cons & Dewalta - Space Between – Meander • Ferro - A2 - Isoro / Oscillat Music • Horsepower Productions - Let’s Dance (TEMPA001) • Zvukbroda – tTRI Sampler - Listen To Reason Record • OBI - Trying To Sleep - OBR 0101 • Signal - Spacedrive (Levi Verspeek Remix) - What.if • Destrict - Because I do (Felix Reifenberg & Thilo Dietrich remix) - Opium Audio • D.H.S. - Attention Earth People - Tino Corp Record • Ricardo Villalobos - Bahaha Hahi - Play House Record • D.H.S. Venus The Morning Star - Tino Corp Record

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GoodVibes

JAZZY BAZZ - Texte : AUrélien courbon - Photos : Julien Liénard & Léonard Perché -

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J / Je fais partie des gens qui disent que les premiers albums sont souvent les meilleurs car les artistes y mettent tout ce qu’ils ont accumulé depuis leurs débuts. J’ai tort ?

J / I’m one of those people who argue that an artist’s first album is often their best because they fill it with everything they’ve accumulated since they began. Am I wrong about this?

t’s undeniable, the fast-flowing rhythm of 90’s hip-hop is now just a long gone memory. I swallow my pride each time a new song paints the picture of this new wave of rap and I try to accept this stark reality as best as I can: this art is evolving and it’s for the best. The old fart in me that feels an urge to listen to the song “Mauvais Oeil” every time Jul comes out with a new atrocity, has been obliged to make one big confession: there’s some cool stuff in the new school. In order to bridge the gap allowing me enjoy this new style, I needed someone who could lead me in slowly and with diplomacy. Jazzy Bazz was my saviour. In his first album, he was able to combine modern trends and an old school style, boom bap and trap, with amazing coherence and sure-fire technique. I drank up his words like a Pastis on the rocks, rediscovered Paris and reconnected with this generation of French hip-hop that I was so disappointed with.

l faut bien se rendre à l’évidence, le rythme effréné du hip hop des années 90 n’est désormais qu’un lointain souvenir. Je prends sur moi à chaque nouvelle esquisse de ce renouveau du rap et accepte tant bien que mal cette réalité frappante : cet art évolue, et tant mieux. Mon discours de vieux con, celui qui me pousse à réécouter Mauvais œil à chaque fois que Jul sort une atrocité, a finalement laissé place à un constat frappant : il y a des trucs cool dans le new school. Pour faire le pont avec cette nouvelle mouvance, il me fallait un coup de pouce, quelqu’un qui pourrait m’accompagner dans ce voyage avec douceur et diplomatie. Jazzy Bazz a été mon salvateur. Dans son premier album, il allie modernité et old school, boom bap et trap, avec une homogénéité bluffante et une technique affutée. J’ai bu ses paroles comme un Ricard noyé avec trois glaçons, découvert Paris autrement, et renoué avec ce hip hop français qui m’avait tant déçu.

Jazzy Bazz / Il y a beaucoup de premiers albums qui sont les meilleurs de l’artiste, c’est vrai, je te rejoins sur ce point. Cependant il y a forcément des contre-exemples, et il y en a pas mal aussi. C’est vrai qu’il y a un risque sur le second album, de partir dans quelque chose de plus bâclé, ça s’est pas mal vu. En fait on s’en fout en vrai de ce que les gens disent, le but c’est d’être compris dans le changement que tu vas opérer dans le second album. En France ta base fan, en général, elle t’aime pour un truc et elle veut tout le temps le même truc tu vois. Donc c’est très délicat. Moi bien entendu je vais surtout essayer de me faire plaisir, je pense que je suis dans un cas où finalement, mon public me fait vachement confiance et moimême je ne vais pas proposer un truc qui sera trop différent, mais assez différent pour s’amuser à le faire tu vois.

Jazzy Bazz / There are a lot of artists whose first album is their best, it’s true, I agree with you on that point. However, there are exceptions of course, many of them actually. It’s true that for the second album there’s a risk of it being botched, it’s happened. To be honest, who cares what people think? The important thing is for the change that you instil in the second album to be understood. In France, your fan base generally wants you to keep doing what they liked about you in the first place, so it gets tricky. In my case, I’ll mainly try to keep myself entertained but I think I’ve gotten to a point where my audience trusts me a lot. I wouldn’t make something that’s completely different, but different enough that I can have fun showing it off.

J / On sent que tu as une réelle envie de remettre le “old school” au goût du jour en le modernisant et en le mêlant à des sons beaucoup plus actuels. Est-ce que c’est une façon de faire le pont entre l’ancien et le nouveau ? De trouver un terrain d’entente entre les deux parties ?

J / There’s a sense that you really want to bring back a certain old-school vibe by modernising and mixing it with more current trends. Is this a way for you to bridge the old and the new? To find some common ground between the two?

JB / C’est pas spécialement mon envie de faire du boom back (rires), mais en fait naturellement, vu que c’est le son à l’ancienne qui nous a donné envie de faire du rap... on va pas se mytho, c’est ancré en nous, ce sont des influences. Les albums que je préfère ce sont des albums à l’ancienne, mais à l’époque c’était nouveau donc on ne va pas refaire l’histoire, c’est pas le but, c’est pas notre envie. Mais je pense qu’un artiste c’est le mix de toutes ses influences. Moi ça se ressent qu’il y a des trucs modernes, des trucs à l’ancienne. Je suis le premier à qui ça casse les couilles des trucs old school pour être old school. Donc on essaie de mixer toutes les influences et elles vont plus loin que le hip hop dans tous les cas.

JB / I don’t particularly want to bring back Boom Bap (laughs) but it just comes naturally since it’s this kind of style that made us want get into rap music… No point in denying that those influences have forged us. The albums that I tend to like most are old school, but they were new at the time so we’re not going to rewrite history, it’s not our goal nor what we want. I believe an artist is the combination of all his influences. In my case there’s modern and older stuff. I’m the first one to be annoyed by music that tries too hard to be old school. So we try to mix influences that go beyond hip-hop in any case.

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© Julien Liénard


© Julien Liénard J / What’s your stance on this evolution, auto-tune, lyrical parts… Don’t you think rap is slowly becoming more radiofriendly? Is it threatening for its authenticity?

J / Que penses-tu de cette évolution, l’Auto-Tune, les morceaux chantés… est-ce que finalement le rap ne s’adapte pas à la radio petit à petit ? Est-ce que c’est dangereux pour son authenticité ?

JB / From the very beginning there were rappers trying to make their music as mainstream as possible. This can be found in all musical styles. That being said, certain trends encapsulate everything in hip-hop, from the tempo, to the rhythm, how you sample or the instruments or VST used… All these trends don’t apply only to those who want radio-play but to all of hip-hop. Even in the underground most people make trap using auto-tune but with harsher sounds, darker stuff and more subversive lyrics. I follow this evolution and I think that’s what’s interesting and allowed this music to stay alive. If we had stuck only with an 80’s to 90’s style, I think hip-hop would have died like a lot of other musical styles.

JB / Il y a toujours eu depuis le début du rap des artistes qui ont décidé de faire la musique la plus commerciale possible. Et tu trouveras ça dans tous les genres. Après il y a des modes qui englobent tout le hip hop tu vois, le tempo, la rythmique, la manière d’utiliser soit du sample, soit tel ou tel instrument ou VST, et ça ce sont des modes qui sont pas que pour les gars qui veulent atteindre la radio, ce sont des modes pour tout le hip hop. Même dans l’underground la plupart font de la trap avec de l’Auto-Tune, avec des sons moins accessibles, des trucs plus sombres, des paroles plus dures. Moi je suis l’évolution, et je pense que c’est ça qui est intéressant, et qui permet à cette musique de rester en vie, parce que si c’était tout le temps le style 80-90, je pense que le hip hop serait mort comme beaucoup d’autres musiques.

J / The song ‘’Trompes de Fallope’’ (Fallopian Tube) really stands out, mostly because you’re singing from beginning to end. Can you tell us more about this song?

J / Le morceau “Trompes de Fallope” sort du lot, de par le fait que tu chantes dessus de A à Z. Tu peux nous en dire plus sur ce morceau ? JB / J’arrivais à la fin de la création de l’album, c’est un des derniers morceaux que j’ai fait, pour changer : faire un morceau uniquement chanté vu que j’avais fait des refrains chantés par moment, mais limite je trouvais qu’il n’y en avait pas assez. C’est pas sur-chanté, on va dire que c’est un flow différent. C’est chantonné. C’est un truc qui s’est toujours fait d’ailleurs, parce que là je m’étais pas mal inspiré de Doc Gynéco, donc c’est quand même à l’ancienne. Je me disais “j’aimerais bien faire un truc dans ce délire-là, parce que lui c’est vachement intemporel”. C’est tranquillou. Tu racontes une histoire, ça amène à sourire, en même temps il y a une certaine profondeur. C’est une chanson de George Brassens qui m’a donné envie d’écrire ce morceau, il y avait cette phrase qui disait “elle a goûté à toutes les moustaches” ou un truc comme ça.

JB / I was getting to the end of the creation process of that album, it was one of the last tracks I made and wanted to change: make a song with only melodic singing, since I had done a few choruses singing but found there was actually not enough of it. I don’t overdo it, it’s just a different flow. Just a little more melody. This is nothing new, I was inspired by Doc Gynéco in this case, so I must say it’s rather old school. I thought to myself: “I’d like to do something in this vein, because it’s really timeless”. It’s pretty cool. You tell a story which makes people smile and at the same time it’s relatively deep. It’s a George Brassens song that made me want to write this song. There’s this line that goes “she’s tasted all moustaches” or something.

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Du coup je me suis dit que c’était pas un morceau que je pouvais faire en mode Rap/Hip hop, parce que tu ne peux pas faire du George Brassens en mode rap en terme de flow. Donc voilà, l’idée du fond venait de George Brassens, et la forme de Doc Gynéco. J’ai fait un mix des deux. Et j’y ai mis beaucoup de Jazzy Bazz surtout.

So I told myself it wasn’t something I could give the Rap/Hip Hop treatment because you can’t really rap George Brassens in terms of flow. So yeah, the idea comes from Brassens and the singing-style from Doc Gynéco and I mixed the two with a good dose of Jazzy Bazz.

J / Paris tient une grande place dans cet album, en plus du titre. Est-ce que c’est un thème que tu avais en tête dès le début ou alors ça s’est fait au fil des morceaux ?

J / Paris holds a special place in this album, beyond just the title. Did you have this theme in mind from the very start or did it come as you worked through the tracks?

JB / Ça s’est plus fait petit à petit. Je savais que l’album allait s’appeler comme ça, mais je me disais que peut-être ça serait que le titre qui serait un truc sur Paris. Le fait qu’il y ait les morceaux “Ultra Parisien”, “Fluctua Nec Mergitur”, ou encore “Le Syndrome”, on se dit que c’est finalement la ligne directrice, et je trouvais ça pas mal.

JB / It happened little by little. I knew I wanted to name the album that way but I thought only the title would be about Paris. After writing “Ultra Parisien”, “Fluctua Nec Mergitur” or “Le Syndrome”, we realised it was a common thread to the whole album which I liked.

J / Parlons un peu de tes clips. Six clips pour un album c’est assez énorme, est-ce que c’est le moyen de pallier à l’autoprod et à une musique au final difficilement passable à la radio ?

J / Let’s talk about your music videos. Six videos on one album is a lot. Is this a way to compensate for your independent production and publishing? Added to the fact that it can be hard for this music to get radio play.

JB / Que tu sois en major ou en autoprod, tu constateras que tout le monde clippe plus qu’avant. Dans l’ancien schéma, c’est-à-dire avant le piratage, les gens clippaient une chanson, deux, trois grand maximum, sur un album. Maintenant tout se passe sur Internet, que ça soit l’écoute de la musique ou la diffusion des clips. Moi je ne le fais pas uniquement dans un but de diffusion plus large. Je regrettais d’avoir fait qu’un clip dans “Sur la Route du 3.14”. Mais aussi parce que je suis entouré de très bons réalisateurs qui ont des bêtes d’idées.

JB / Whether you work independently or with a label, you’ll notice that everyone makes more videos nowadays. In the model, before piracy that is, artists would make a video for two or three songs per album at most. Now everything takes place on the web, whether it be listening to music or watching a clip. I don’t do this only to be seen. I regretted not having done more videos for “Sur la Route du 3.14”. It’s also because I know a lot of great directors who have sick ideas.

J / De plus en plus de rappeurs mettent leurs albums sur YouTube. J’ai vu que tous tes morceaux y sont aussi dispos. Les vues comptent-elles plus que les ventes digitales ?

J / More and more rappers put their entire albums on YouTube. I noticed all your songs can be found there too. Do views count more than digital sales?

JB / Non, c’est pas pour les vues, pour le coup. C’est pour le simple fait que ma musique soit trouvable facilement. On va pas se mentir, les gens vont l’écouter sans l’acheter, je préfère le mettre sur ma chaîne et je mets un petit message “si tu veux l’acheter, il suffit de cliquer”. Aujourd’hui quelqu’un qui achète, c’est vraiment par choix de soutenir l’artiste. On a sur les réseaux un nombre hallucinant de gens qui nous suivent, comparé aux gens qui achètent. Au bout d’un moment, les gens font vraiment le choix de soutenir à fond et de participer vraiment à ton ascension, et là ils achètent. Moi-même pour trouver un son spontanément, je vais sur YouTube. Je ne suis pas abonné à Spotify ou les trucs comme ça. YouTube, c’est la première plateforme de streaming : bien que ça soit consacré à la vidéo, le son il est d’abord écouté sur YouTube. Donc je préfère que mon son soit dessus, parce que je suis pas sûr que le gars va se casser les couilles en soirée : s’il ne trouve pas mon son, ben il va en passer un autre. Je préfère que le son soit trouvable.

JB / This is not about views actually. It’s only so that my music can be found easily. Let’s not kid ourselves, people are going to listen to it without buying it. I’d rather have it on my channel and tell people they can purchase it by clicking a button. Nowadays, somebody who buys music does it out of support for the artist. We have ten times more followers on social media than actual buyers. At a certain point, people make a conscious decision to support you fully and truly help you rise, and that’s when they buy your music. When I’m looking for music myself, I spontaneously go to YouTube. I don’t have a Spotify account or anything like that. YouTube is the most popular streaming platform: even though it’s made for videos, music is first listened to on YouTube. So I’d rather my music be on it because I don’t think anyone would make an extra effort at a party: if he or she doesn’t find my tunes on YouTube, he’ll skip to another artist. I prefer people to find my music. J / Let’s talk about your background. Your father is a saxophone player, he even plays the bridge in one of your songs, correct? You were brought up on music weren’t you?

J / Parlons un peu de ton parcours. Ton père était saxophoniste, il fait même un pont dans un morceau c’est ça ? Tu as donc grandi entouré de musique.

JB / Yes, he plays on “Le Syndrome” and he had already made an appearance on “Hommes de l’Est”. I would always get woken up by him singing or playing the saxophone. It would drive me crazy but yeah I grew up on music. It allowed me to be exposed to a lot influences I wouldn’t have had otherwise, but I think I would have done rap regardless. It broadens your horizons and it’s always good to have varied influences. It helps you avoid plagiarising, which is a common tendency.

JB / Ouais il est dans “Le Syndrome”, et il avait déjà fait une apparition dans “Hommes de l’Est”. Je me faisais tout le temps réveiller par ses chants, ou son saxo, ça me rendait un peu fou mais voilà, j’ai grandi dans la musique. Ça m’a permis de connaître des choses, des influences que je n’aurais pas eues, mais je pense que j’aurais quand même fait du rap. Ça a élargi mes influences et c’est toujours bien d’avoir des influences variées, ça te permet d’éviter le plagiat, qui est le réflexe de beaucoup.

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© Léonard Perché J / Du coup ça a commencé comment cette histoire de rap ?

J / So how did you start rapping?

JB / C’était au collège avec Esso et d’autres gars, on commençait à rapper pour le délire, comme beaucoup de jeunes, sauf qu’à l’époque, c’était moins la mode. Aujourd’hui on constate qu’il y a beaucoup de jeunes qui rappent parce que c’est une grosse mode. A l’époque, il y avait vraiment des clans, les rockers, les rappeurs, et beaucoup qui s’en battaient complètement les couilles tu vois, parce que finalement on écoutait Skyrock plus pour Difool que pour la musique. Maintenant dans des bahuts, il doit y avoir 15 000 crews. Je suis content parce que la mode est revenue.

JB / I was in junior high-school with Eso and a few others. We would rap for fun, like a lot of kids, except, at the time, it wasn’t as popular. Nowadays a lot of young people rap because it’s fashionable. Back in the day, there were crews: rockers, rappers and a lot of others who didn’t give a shit because they would listen to Skyrock (French youth-oriented radio station) more for Difool than for the music. Now you can find thousands of crews in high-schools. I’m happy that this trend has made a come back.

J / Puis il y a eu Cool Connexion, L’Entourage, les open mics à répétition…

J / Then there was Cool Connexion, L’Entourage and many open-mics…

JB / Le premier groupe que j’ai eu c’était avec d’autres potes et Esso. On avait des premiers groupes au collège, ensuite on a monté Cool Connexion avec Esso. On a commencé à faire parler un peu de nous, je me souviens, un DJ a passé notre son sur Generations. C’est la première fois que des potes du lycée m’ont appelé en me disant “ouais on t’a entendu à la radio, on était contents”. Un peu après, il y a eu les Rap Contenders, et là il y a vraiment eu un coup de projecteur.

JB / My first band I made with some friends and Eso. We had a few bands in junior high then we made Cool Connexion with Eso. We started getting some attention and a DJ played one of our songs on Generations. It was the first time friends from high school called me up saying: “we heard you on the radio, we’re stoked”. Later, there were the Rap Contenders which really shone a light on what I was doing.

J / Et L’Entourage, ça arrive à quel moment ?

J / When did L’Entourage come about?

JB / En fait, exactement au moment où Cool Connexion émergeait, ben L’Entourage aussi. On était tout le temps ensemble, dès qu’il y avait un événement hip hop on se tenait informés, et on organisait nous-mêmes des réunions sur un terrain vague. C’était un truc régulier qu’on faisait et on avait une clique, un crew qui pour le coup n’avait pas de nom, mais qui était composé d’une trentaine de gars. Il y en a pas mal que tu peux trouver sur un son qui s’appelle “Les 37 Fantastiques”, sur la mixtape “Lyricalchimie”, où tout le monde pose quatre mesures. Et ça fait partie un peu de la légende de L’Entourage cette époque-là. Mais c’était rien de plus que des réunions de jeunes qui aiment rapper. C’était beau parce que c’était vraiment une époque où personne pensait que ça allait marcher tu vois, pour quiconque. Et c’est marrant de voir que tout le monde réussit à se débrouiller dans la musique, c’est marrant de repenser à cette époque-là...

JB / Actually L’Entourage came to be right about when Cool Connexion became known. We spent all our time together, as soon as there was a hip hop event; we kept each other informed and held meetings in empty lots. We did that regularly and we had a crew that remained nameless but consisted of about 30 guys. You can hear some of this on a track called “Les 37 Fantastiques” on the “Lyricalchimie” mixtape. This is part of the mythology of L’Entourage at the time. It was nothing more than kids getting together out of love of rapping. There’s something beautiful about it too because no one ever thought any of us would ever make it. It’s crazy that everyone managed to make it at least a little bit in the music business, it’s fun to think about those times.

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Skateboarding

AARON ''JAWS'' HOMOKI TEXTE : Florent Bardos - PHOTOS : James Young

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ne early morning of October, Jaws went back up the legendary 25 stairs in Lyon for the fifth time. Among the yelps of encouragement from his pals and worried looks from the public, he climbed once again to the top of the incline that he used for extra run-up, under the disoriented eyes of Ali Boulala. His swollen ankles were praying for this to stop, but Aaron, more motivated than ever under his shell of protection, was determined to fight to the finish. He leaned forward, hurtling down the incline, gathering his remaining strength in two final strides, popped an ollie, grabbed his board between his legs, his knees bent one more time, in a final effort he straightened up and rolled away victorious. His pals charge down the stairs two by two to commend him, his father tries to follow but his ponch belly slows him down from the rest. Jaws began to cry, Ali Boulala still phased by what he had seen, thought to himself that he should have been the one crying. The guy stole his trick after all. But no hard feelings, Aaron “Jaws” Homoki deserved to win his battle against the stairs, and at the same time, land a part in skateboard History.

aws remonte pour la cinquième fois de cette fraîche matinée d’octobre en haut des 25 marches de Lyon. Au milieu des cris d’encouragement de ses potes et des regards inquiets des badauds, il se hisse une fois encore en haut du plan incliné qui lui sert d’élan, sous les yeux désorientés d’Ali Boulala. Ses chevilles endolories prient pour que tout cela s’arrête, Aaron lui, plus motivé que jamais sous sa carapace de protections, est bien décidé à en découdre. Il se penche en avant, déboule du plan incliné, rassemble la force qui lui reste dans deux pas de pousse, claque son ollie, attrape sa planche entre ses jambes avec sa main avant, ses genoux se distordent une fois de plus, dans un dernier effort il se redresse, puis roule, victorieux. Ses potes dévalent quatre à quatre les marches pour triompher avec lui, son père tente de suivre mais son ventre bedonnant le freine dans sa course. Jaws commence à pleurer, Ali Boulala ne comprend toujours rien et se dit que c’est lui qui devrait chialer, il lui a volé son trick après tout. Mais pas de rancœur, Aaron “Jaws” Homoki a bien mérité de gagner sa bataille contre les marches et de rentrer par la même occasion dans l’histoire du skate. Jacker / Hey Jaws, qu’est-ce que tu as fait depuis les 25 marches de Lyon ?

Jacker / Hey Jaws, what have you been up to since the Lyon 25?

Jaws / Hey ! J’ai dû finir de filmer pour ma part “Intransition” pour les Berrics et commencer à filmer une deuxième part “Rooftop” pour Thrasher. J’ai aussi fait quelques trips aux ÉtatsUnis. J’ai plus ou moins skaté non-stop depuis. Pas de vacances (rires).

Jaws / Hey! So since then I had to finish filming for my “Intransition” part for the Berrics and start on my roof part for Thrasher. I also went on a few skate trips around the USA. So I pretty much have been skating non-stop since. No vacation time [laughs].

J / La première chose que je veux te demander, c’est comment tu réussis à gaper des trucs aussi gros ? À chaque fois on a l’impression que tes genoux et tes chevilles vont céder. Est-ce que tu as un entraînement spécial ?

J / How do you manage to gap such big things? It always looks like your knees and your ankles are gonna break. Do you have some sort of special training/preparation techniques?

J / (Rires) Non pas d’entraînement spécial. Le seul entraînement que j’ai eu était de faire du trampoline à peu près 30 minutes par jour la semaine avant de gaper les marches de Lyon, mais c’est plus de l’amusement que de l’entraînement. Aussi, mes semelles Footprints m’aident beaucoup.

J / [Laughs] No special training. The only training I really did was jumping on my trampoline for about 30 minutes a day the week before, but that’s more fun than training. And then my FootPrint insoles help a lot too. J / Can you tell us how it happened for the Lyon 25? I know you tried it a year before. Did Thrasher call you and say “We are taking you to Lyon you are going to try this set again!”, or was it your idea to return there?

J / Est-ce-que tu peux nous expliquer comment ça s’est passé pour les 25 marches de Lyon ? Je sais que tu avais déjà essayé un an auparavant. Est-ce que Thrasher t’a appelé en te disant “On t’emmène à Lyon tu vas réessayer ce gap”, ou était-ce ton idée d’y retourner ?

J / The Lyon 25 was something that I wanted to try for a long time now. It was about a 4 years process from the time that it popped into my head that we could make it happen to it actually being done. After I hurt myself there the first time, I knew it still could be done. So I set it up myself with Thrasher and did it. No one asked me to go back, I just wanted to myself.

J / Les 25 marches de Lyon, c’est quelque chose que je voulais essayer depuis un long moment maintenant. Il s’est passé quatre ans entre le moment où j’ai su que c’était possible de le faire et le moment où je l’ai fait. Après que je me sois blessé la première fois, je savais que c’était toujours possible. Donc j’ai organisé ça avec Thrasher et je l’ai fait. Personne ne m’a demandé d’y retourner, c’était de mon plein gré.

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J / There’s a question I want to ask you, but you are free to dodge it. About that Lyon 25 thing, the cover, the video, sending you on a “special mission”, did Thrasher promise you a lot of money if you jumped these stairs?

J / Il y a une question que je veux te poser, mais tu es libre de ne pas répondre. À propos de l’engouement autour des 25 marches de Lyon, la couverture, la vidéo, Thrasher qui t’envoie en “mission spéciale”, est-ce que Thrasher t’avait promis beaucoup d’argent si tu sautais ces marches ?

J / Hell no! I wish it worked like that [laughs]. Thrasher was cool enough to buy me and my dad tickets to get out there, feed us, and gave us a place to stay but that’s it. There was definitely no set amount of money, like “if you land it you’ll get this amount of money”. All that was said is I will get the cover and that was good enough for me.

J / Bien sûr que non ! J’aimerais que ça marche comme ça ! (Rires) Thrasher a déjà été cool d’acheter des billets pour mon père et moi afin qu’on s’y rende, et de nous nourrir et loger tant qu’on était là-bas, mais c’est tout. Il n’y avait pas de somme d’argent définie du style “si tu plaques ce trick tu touches tant d’argent”. Tout ce qui a été dit, c’est que j’aurai la couverture de Thrasher, et c’était déjà suffisamment bien pour moi.

J / Wasn’t it too stressful to only have a short amount of time to get the trick?

J / C’était pas trop stressant d’avoir une courte période de temps pour plaquer le trick ?

J / Yes it was very stressful. Having limited time like that makes it very hard but luckily French Fred was there to help us out and utilize all the time we had.

J / Si, c’était très stressant. Avoir un temps limité comme ça rend la chose très difficile. Mais French Fred (Fred Mortagne, ndlr) était là pour nous aider et nous permettre de mettre à profit tout le temps que nous avions.

J / Do you know if you will have your name in the Guinness Book of World Records?

J / Est-ce que tu sais si tu vas avoir ton nom dans le livre des records ?

J / No I do not know. But I should probably talk to someone about it! [Laughs]

J / Non, je ne sais pas. Mais je devrais probablement parler de ça à quelqu’un (rires).

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J / Doing a trick on the Lyon 25 was a major event in skateboarding. But mainstream media talked about it too, the Lyon local newspaper published an article on their website. Did you know it would get that much attention?

J / Faire un trick sur les 25 marches de Lyon a été un évènement majeur dans le monde du skate. Mais les médias traditionnels en ont aussi parlé, le journal local de Lyon a même publié un article sur son site web. Est-ce que tu t’attendais à un tel engouement ?

J / I had no idea. Yeah Fred showed me the article! That’s pretty cool!

J / Je ne m’y attendais pas du tout. Ouais Fred m’a montré l’article ! C’est plutôt cool !

J / You’ve won KOTR three times, did five tricks on El Toro, did the biggest stairs ever, and had a Thrasher magazine cover for it. Your career is really impressive. Is there something that you really wanted to do as a kid or still want to do that you haven’t accomplished yet?

J / Tu as gagné le King of the Road trois fois, fait cinq tricks sur El Toro, gapé les plus grosses marches en skate, et eu une couverture du magazine Thrasher pour ces marches. Ta carrière est très impressionnante. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu voulais faire étant plus jeune, ou toujours maintenant, et que tu n’as pas encore accompli ?

J / Honestly, this is a random one, but I always wanted to nollie heel flip into a handrail [laughs].

J / Celui-là est un peu au hasard, mais j’ai toujours voulu faire un nollie heelflip suivi d’un trick sur un handrail (rires).

J / A trophy of Soty maybe?

J / Un trophée de skateur de l’année peut-être ?

J / [Laughs] Sure that would be rad to win!

J / (Rires) Ouais bien sûr, ça serait génial de gagner ça !

J / Most people forget that you are also really good in transition skating. What did you skate first? Transition or street?

J / La plupart des gens oublient que tu es aussi super bon en courbe. Par quoi est-ce que tu as commencé ? La courbe ou le street ?

J / I started skating transition first when I was little. I would just go to the skate park and just launch out of the quarter pipe to flat. I could 50-50 a quarter pipe before a flat bar.

J / J’ai skaté de la courbe en premier quand j’étais petit. J’allais au skatepark et décollais du quarter pour atterrir sur le sol. Je pouvais faire un 50-50 sur un quarter avant que je puisse le faire sur une flat bar.

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J / Ton père te supporte énormément, il était là pour le gap de Lyon. Est-ce que ça t’a aidé dans ta carrière ?

J / Your dad is very supportive, he was there when you ollied the Lyon 25. Did it help you in your career?

J / Oui, mon père a été là dès le premier jour. Il était le premier à m’emmener à un skatepark. Je ne serais pas où je suis aujourd’hui sans lui. C’est pourquoi j’avais besoin de lui à Lyon.

J / Yes my dad has been there since day one. He was the first to take me to a skate park. Without him I would not be where I’m at today. That’s why I needed him at the 25 with me.

J / Est-ce que parfois tu te mets la pression et te dis “Je dois faire un nouveau gros gap bientôt, sinon les gens vont m’oublier” ?

J / Do you sometimes feel any kind of pressure like “I have to do a big gap soon otherwise people won’t know me anymore”?

J / Non, pas du tout. Je me fous de ce que les gens pensent. Je vais bien devoir arrêter un jour pourtant (rires).

J / No not at all. I’m not worried about what others think. I’ve gotta stop one day eventually though [laughs].

J / Quels sont tes plans pour le futur ? As-tu des parts qui vont sortir ?

J / What are your plans for the future? Any part dropping soon?

J / Oui, je suis en train de faire une autre part “Rooftop”, qui devrait sortir bientôt. On est aussi en train de filmer une nouvelle vidéo Birdhouse. C’est sur ça que je travaille en ce moment. Mais la sortie n’est pas prévue pour tout de suite.

J / Yes I’m doing another roof part that’s coming out soon. And we are filming another Birdhouse video. So that’s in the works right now. It will be a while before that drops though. J / I don’t want to be pessimistic, but what will you do when you won’t be able to jump such big things anymore?

J / Je ne veux pas paraître pessimiste, mais qu’est-ce que tu vas faire quand tu ne seras plus capable de sauter des trucs aussi gros ?

J / Well I hope by that time I throw some knee pads and a helmet on and just get really good at vert [laughs]!

J / Et bien quand ce jour arrivera, je mettrai des genouillères et un casque, et j’espère que je serai vraiment bon en vert’ (rires) !

J / There is a rumor going around that you’re skating for Nike SB, have you got something to say about it?

J / Il y a une rumeur qui court selon laquelle tu skaterais pour Nike SB. Tu as quelque chose à dire à ce sujet ?

J / Nope!

J / Nope !

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Good Vibes

WOODIE SMALLS Te xte : DA N IE L B ORIS - PH OTOS : Th omas Hoy, DANIËL WO LTERS, Pieter-Jan Minnebo

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’étais à Bruxelles pour voir mes potes et ma famille la première fois que j’ai entendu parler de ce type. Je descendais quelques verres avec Mr Berns, Serge et Amélie dans leur appartement, et comme à notre habitude on a passé la soirée à enchaîner des morceaux de Hip Hop les uns après les autres. On a ce petit rituel à chaque retrouvaille, et on pourra dire ce qu’on veut, mais une bande de potes autour de quelques bières, quand il s’agit de découvrir des purs sons hip hop, ça vaut tous les sites internet du monde. J’étais bien trop bourré pour vous dire lequel, mais un des trois m’a sorti : “Tu connais ce nouveau kid, Woodie Smalls ?”. Bien sûr je n’avais jamais entendu parler de ce type avant, mais le nom sonnait aussi bien que ce qui allait arriver par la suite. Après qu’il est lancé “Champion Sound”, les choses sont devenues sérieuses. Ce kid déambulant dans des rues typiquement belges, Vans aux pieds, chino et five pa’ vissée sur la tête, m’a tout de suite plu. J’étais choqué qu’un bouffeur de frites comme moi puisse kicker comme un rappeur du Bronx. J’ai kiffé son style, son flow, et après avoir arpenté l’ensemble de ses morceaux, j’étais sûr qu’on allait beaucoup entendre parler de ce kid. Ca fait pas mal d’années que Woodie Smalls fait de la musique en coulisses, mais depuis qu’il a lâché son premier morceau il y a moins d’un an, il ne s’est plus arrêté. Il joue maintenant dans tous les festivals de Belgique, y compris le Dour.

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he first time I heard about Woodie Smalls I was in Brussels seeing family and friends. I went to Mr Berns’, Sergi’s and Amélie’s apartment in town for pre-drinks as I usually do when I’m around. We were a small group just playing Hip Hop tunes one after another. Every time I meet with my peeps, we have this little ritual of sharing songs and artists we discover. We can argue for days which website is best for discovering new songs but nothing is better than good old friends with some beers playing the dopest hip-hop. At some point during the night I was too drunk to remember which of my friends asked me - “Hey Dan, do you know this new fresh kid called Woodie Smalls?” . Of course I didn’t back then, but the name sounded as good as what came right after that. He played this song called “Champion Sound” and my neck couldn’t stop following the groove. The video is so cool, this kid just walking around this typical Belgian neighbourhood, a pair of Vans on his feet, chinos and a five-panel hat. I was shocked to learn he was a fellow Belgian French fry eater like me and still sounded like a rapper from the Bronx. I dig his style and his flow. I’ve checked out every thing he’s released so far and I’m sure that all of you will hear a lot about this kid soon dear world. Woodie Smalls has been doing music behind the scenes for many years now but as soon as he released his first song less than a year ago, he hasn’t stopped releasing tunes and touring. He is playing at every single festival in Belgium, including Dour. Jacker / Could you tell us how you started making music?

Jacker / Peux-tu nous dire comment tu as commencé la musique ?

Woodie / I started making music when I was eight. It was at my uncle’s house. That was where everything begun. He had a music studio and I was often around so I started seeing people making music and recording. That’s when I first got in touch with music with my cousin. With time I started recording freestyles with my cousin and so on and so forth. Seeing the music scene from so close just pushed me from my early age to do music.

Woodie / J’ai commencé à l’âge de huit ans, dans la maison de mon oncle. C’est là que tout a commencé. Il avait un studio et j’étais souvent dans le coin, du coup j’ai commencé à voir des gens faire de la musique et enregistrer. C’est à ce moment que j’ai eu mon premier contact avec la musique, avec mon cousin. Avec le temps, j’ai commencé à enregistrer des freestyles avec lui, et ça a continué. Voir la scène musicale de si près m’a poussé dès mon plus jeune âge à en faire partie.

J / How did it go from your young age up to now?

J / Comment ça s’est passé entre ta jeunesse et maintenant ?

W / I kept writing and recording music all the time, going to different studios, with my cousin who makes music too. I was mainly recording freestyles just for fun. Actually my cousin is on my album “Soft Parade”, his name is Grey, I would see him making beats and recording himself and it’s what kept me making music because I thought it was hot. Back then we all found it fun just to make music so we started like that.

W / J’ai continué à écrire et enregistrer tout le temps, allant dans différents studios, avec mon cousin qui fait aussi de la musique. J’enregistrais principalement des freestyles pour le fun. D’ailleurs, mon cousin Grey est sur mon album “Soft Parade”. Je le voyais faire des beats et s’enregistrer, et c’est ce qui m’a motivé à continuer à faire de la musique, parce que je trouvais ça lourd. A l’époque, on trouvait tous fun le simple fait de faire de la musique, du coup on a commencé comme ça.

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© Thomas Hoy


© Daniël Wolters J / Woodie Smalls a toujours été ton nom d’artiste, ou tu as connu des variations ?

J / Did you always had Woodie Smalls as your alias or have you had any other variations?

W / Et bien, je n’avais pas de nom ou autre quand j’étais plus jeune. On ne faisait que faire nos freestyles au studio, en créant nos propres beats. J’avais 15 ans quand j’ai choisi le nom Woods, parce qu’un de mes potes m’a dit que si je voulais devenir rappeur, il me faudrait un surnom ou quelque chose dont les gens pourraient se souvenir très vite. J’ai donc pensé que je pourrais m’appeler Woods. Ça sonnait bien.

W / Well, I didn’t have a name or anything when I was younger. We just use to freestyle at the studio, making our own beats. I was 15 when I chose the name Woods, because one of my friends told me that if I ever want to be a rapper I would need a nickname or something that people could pick up real fast and I thought I should call myself Woods. It just sounded good.

J / Du coup d’où vient Smalls ?

J / So where did Smalls come from then?

W / Je m’appelais Woodie Smalls sur les réseaux sociaux, mon compte Twitter et Instagram est @woodiesmalls. J’ai pensé que ce serait un nom fun. Beaucoup de personnes pensent que j’ai tiré ça de Biggie, mais je pensais juste que c’était quelque chose qui sonnait super bien : Woodie Smalls. J’ai aussi choisi ce nom parce qu’il y a un groupe appelé Woods. Ils passent d’habitude dans des festivals en Belgique et beaucoup de gens ont pensé que c’était moi. Je devais expliquer à chaque fois que ce n’était pas moi, que c’était l’autre groupe, et c’est là que j’ai décidé de changer pour Woodie Smalls officiellement. Je recevais aussi des tonnes de tweets de la part de festivals qui étaient destinés à ce groupe, et j’étais tagué à la place…

W / I used to call myself Woodie Smalls on social media, my Twitter and Instagram account is @woodiesmalls. I thought it was something fun to have, I thought it was a fun name. A lot of people think that I got it from Biggie but I just thought it was something that sounded great: Woodie Smalls. Then I chose that name because there is also a band called Woods. They use to play at this festival in Belgium and a lot of people thought it was me. I had to explain all the time that it wasn’t me that it was this other band so yeah, that’s when I decided to change it to Woodie Smalls officially. I also use to get loads of tweets from festivals that were meant for this band and I would get tagged instead so yeah.

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© Pieter-Jan Minnebo J / “Champion Sound” a été ton premier clip, comment astu fait pour faire autant le buzz ?

J / “Champion Sound” was the first videoclip that you brought to life, how did you manage to buzz so much?

W / Ce clip a été réalisé avec un budget très limité. Je me souviens avoir terminé la chanson, et pensé que les gens pourraient l’aimer. J’ai donc décidé d’en faire une vidéo. Des potes m’ont parlé d’un prénommé Tim qui pourrait s’en charger, du coup je suis entré en contact avec lui, je suis allé à son bureau, et il me semble qu’on a tourné la vidéo une semaine après notre rencontre. Je pensais à plein d’endroits cools dans ma ville et c’est là qu’on a tout shooté. On a eu de la chance parce que le soleil a brillé toute la journée et que tout était propre et soigné. Je suis très content de cette vidéo et de ce qui a suivi.

W / That video clip was done with a very low budget, I remember finishing the song and think that people may like it so I decided to make a video out of it. Some friends told me about this guy called Tim who could make it. So I got in touch with him, went to his office, and I think we shot it the week after I met him. I was thinking about a lot of cool places in my city and that’s where we shot everything. We were lucky because the sun was shining the whole day and everything was very clean and neat. I’m very happy how the video turned out. J / We can also see a lot of skateboarding related stuff on your videos. Do you skate?

J / On peut aussi voir pas mal de trucs liés au skateboard dans tes vidéos. Tu skates ?

W / I have a lot of friends who skate, I don’t personally skate but I love the culture, I like the kids who skate, I think its really cool and that’s why I put so much skate stuff in my videos. Just because I look up the skate community so much.

W / J’ai beaucoup d’amis qui skatent. Personnellement je ne pratique pas, mais j’adore la culture, j’aime bien les jeunes qui skatent, je trouve ça vraiment cool. C’est pour ça que je mets autant de trucs de skate dans mes vidéos, juste parce que j’admire cette communauté.

J / Also, how on earth do you speak English so well for a Belgian?

J / Comment ça se fait que tu parles aussi bien anglais pour un Belge ?

W / Oh yeah, I get that a lot. When I was younger I use to watch TV all the time in English and a lot of movies and music. Like all the music I was listening to was in English and when you start doing something at a young age you finish by grab it super fast. Just like these kids who start playing football at a young age and end up playing as pros. I guess that’s a fair way of comparing it to my English. I was listening to so much music and so many movies that I became so fluent today.

W / Ah, on me le demande souvent. Quand j’étais plus jeune, j’avais l’habitude de regarder tout le temps la télé en anglais, de mater beaucoup de films, et d’écouter beaucoup de musique. Vu que toute la musique que j’écoutais était en anglais, quand tu commences quelque chose à un jeune âge, tu assimiles vachement vite. Comme ces gosses qui commencent à jouer au foot très jeune et qui finissent professionnels. Je pense que c’est une comparaison assez juste par rapport à mon niveau d’anglais. J’écoutais tellement de musique et regardais tellement de films que cette langue est devenue courante pour moi.

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© Thomas Hoy J / Félicitations pour Couleur Café, c’est une grosse étape pour un artiste. Comment tu te sens vis-à-vis de ça ?

J / Congrats on Couleur Café, it’s a huge mark for an artist. How do you feel about it?

W / Je trouve ça cool. L’an dernier je voulais vraiment y aller mais je n’avais pas les moyens, et maintenant j’y joue. C’est fou non ? C’est dingue à quel point les choses changent et pour moi c’est un gros pas en avant, c’est un gros festival. Tous les festivals où je joue sont les festivals où j’ai toujours voulu aller, sans jamais en avoir les moyens. Du coup c’est comme un rêve devenu réalité.

W / I think it’s cool, last year I really wanted to go but didn’t have enough money to get in and now I’m in playing at it. How crazy is that? It’s crazy how things change and to me it’s a massive step, it’s a big festival. All the festivals I’m playing at are all the festivals I always wanted to go and I never had enough money to go, so it’s a dream come true.

J / Tu viens de sortir “Planet Shrooms”, est-ce que tu as des expériences marrantes avec des champignons que tu pourrais partager avec nous ?

J / You just released “Planet Shrooms”, do you have any funny experiences with shrooms you can share? W / Yeah well, it was last year. We took shrooms for the first time because I heard a lot about it. I’m only into doing organic drugs nothing chemical, not trying to do some crazy stuff. I heard about the shrooms that it was a really crazy experience and so it just went from there, did some research about it. It was such a cool experience, I felt like a new person, everything was so awesome, I did it with a lot of friends so I had this awesome trip and I decided to make this song about it. Its just pretty much about the experience I had taking shrooms.

W / Ouais et bien, ça s’est passé l’an dernier. On a commencé à prendre des champignons pour la première fois parce que j’en avais beaucoup entendu parler. Je ne consomme que des drogues organiques, rien de chimique, je n’essaie pas des trucs de fous. J’ai entendu dire que les champignons étaient une expérience vraiment folle et c’est à partir de là que j’ai fait quelques recherches à ce sujet. C’était une expérience vraiment cool, je me sentais comme une nouvelle personne, tout était génial. J’ai fait ça avec beaucoup d’amis et j’ai vécu un trip super cool, du coup j’ai décidé de faire une chanson à ce propos. Au final, ça parle surtout de mon expérience avec les champottes.

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GoodVibes

KOSME Te xte : SABR INA hadj -hac ene - PHOT OS : W EA T HER FES T I VA L

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Jacker / Salut Kosme ! Présente-toi en 3 mots.

Jacker / Hey Kosme, present yourself in 3 words.

Kosme / Amour - Passion – Partage

Kosme / Love – Passion – Share.

J / Comment tu décrirais ta musique ?

J / How would you describe your music?

K / Ma musique a peut-être toujours quelque chose de lié à l’énergie et à la créativité. Dans mes sets j’essaye toujours de créer une histoire personnelle inspirée de mon passé, de mes rencontres humaines et avec la musique, et ainsi proposer aux danseurs un moment unique intense en adéquation avec le présent. Je me revendique avant tout comme DJ, ma passion pour jouer de la musique n’a jamais cessé de grandir depuis plus de 20 ans. Je vais être plus actif en tant que producteur dans les mois à venir, mais la démarche reste la même, entière, sincère. Mais je vais essayer de proposer encore de nouvelles choses, plus personnelles peut-être, là où on ne m’attend pas.

K / My music is probably always related to energy and creativity. In my sets I always try to create a personal story inspired from my past, people I’ve met and music I’ve heard, hence giving to my audience a unique and intense moment that is adequate to the present. I consider myself a DJ, my passion for playing music has never stopped growing since more than 20 years. I’m going to be more active as a producer in the following months but the idea will remain the same: sincere. I will try to offer new things, perhaps more personal, where people don’t expect me.

f you’ve already bumped into a ginger bearded DJ wiggling behind his decks at the Sucre Club in Lyon, the Concrete or other festivals… it was probably Kosme. Originally from Dijon in France, Emilien went from mixing at parties he used to organize to mixing with the most notorious international DJs. It was then in Lyon that he settled as a resident DJ at the Ambassade Club. Later on he created his own label with some other DJs that started their career in the 90’s labeled as “Caramelo Records” which made a huge impact with their first EP release in 2012. Since his European tour in 2013, Kosme performed next to artists such as Théo Parrish and Mr G, which reinforced his image amongst a very exigent audience. He is now unstoppable, playing at the Boiler Room with Laurent Garnier and at festivals like there was no tomorrow. Kosme became a character that could connect with his audience thanks to his contagious energy within his sets. All in all, he’s an inexhaustible deejay that we just had to meet.

i vous avez déjà aperçu lors de vos soirées au Sucre, à la Concrete ou autres clubs et festivals électroniques, un DJ à la barbe rousse se trémousser derrière des platines sur des sonorités groovy, alors vous avez sans aucun doute croisé la route de Kosme. Originaire de Dijon, Emilien de son prénom a commencé à mixer lors de soirées qu’il organisait, jusqu’à se produire aux côtés de nombreux DJs internationaux. C’est ensuite à Lyon qu’il s’impose, en devenant résident à l’Ambassade Club. Il crée ensuite son propre label, accompagné de deux artistes avec qui il a commencé le djing dans les années 90. “Caramelo Records” fera alors forte impression avec la sortie d’un premier EP en 2012. Lors de sa tournée en Europe en 2013, Kosme se produit aux côtés d’artistes tels que Théo Parrish ou Mr G, ce qui renforce sa notoriété auprès d’un public exigeant. Depuis, on ne l’arrête plus : Boiler Room avec Laurent Garnier, festivals à gogo... Kosme est devenu un personnage à part entière qui a réussi à établir une réelle connexion avec son public, grâce à son énergie contagieuse lors de ses sets. En somme, un DJ inépuisable derrière ses platines, qu’il nous fallait à tout prix rencontrer.

J / What are your influences?

J / Quelles sont tes influences ?

K / My musical influences are based on the groove culture. I love the music that has soul, particularly black music from Detroit and Chicago. Regardless of that, I’m pretty open on trying out new stuff on completely different genres that other cities can offer such as Berlin or London.

K / Mes influences musicales sont essentiellement issues de la culture groove. J’aime la musique qui a une âme, et plus particulièrement la musique black américaine de Détroit et Chicago ; malgré tout je suis assez sensible à l’expérimentation et aux univers plus décalés que peuvent offrir des villes comme Berlin ou Londres en terme artistique.

J / I saw that you brought your mum to Berghain. Did she like it?

J / J’ai vu que t’as amené ta mère au Berghain. Elle a kiffé ?

K / As a matter of fact she wanted to come… It’s much further than that. I’m really touched by my mum trying to understand what makes me happy nowadays. I’m very lucky. And it makes her really happy seeing the youth dancing together with love and tolerance. She is getting more into techno everyday and loves Rohdad and Agoria.

K / En fait c’était un souhait de sa part... La démarche va beaucoup plus loin que “j’ai emmené ma mère au Berghain”. Je suis touché par l’ouverture d’esprit de ma maman qui cherche à comprendre ce qui me rend heureux aujourd’hui. J’ai vraiment de la chance. Et ça lui donne beaucoup de bonheur et d’espoir de voir que la jeunesse danse ensemble avec beaucoup d’amour et de tolérance. Elle se passionne de plus en plus pour la techno et est ultra fan de Rohdad et Agoria.

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J / Comment as-tu lancé ton label ?

J / How did you start your label?

K / C’est une histoire de passion avant tout. Mes deux labels sont en standby aujourd’hui, je me concentre sur des sorties sur d’autres labels pour le moment. Ça demande beaucoup de temps, de gestion, et d’accompagnement des artistes, et je n’ai plus vraiment le temps pour ça.

K / It’s a story of passion above all. My two labels are in standby at the moment, I’m focusing on other labels for now. It requires a lot of time, management, and following artists. I don’t have much time for that to be honest. J / Could you tell us an anecdote of your craziest gig?

J / Une anecdote de ta gig la plus ouf ?

K / I did a set of 10 hours long at Berghain / Panorama Bar. I could have continued for hours, time just went by surprise.

K / Dix heures de set au Berghain - Panorama Bar. J’aurais pu jouer encore des heures, le temps s’était arrêté.

J / Which is your favourite audience?

J / Quel est ton public préféré ?

K / Every person, every audience, and each moment is unique. I feel privileged to do what I love most today, everyday, and it’s thanks to those that come hear me play. I will always have the same energy and investment either in front of 20 people or 10,000.

K / Chaque personne, chaque public et chaque moment est unique. Je me sens privilégié de faire aujourd’hui ce que j’aime, tous les jours, et c’est avant tout grâce aux gens qui viennent m’écouter. J’aurais toujours la même énergie et le même investissement, que cela soit devant 20 personnes ou 10 000.

J / If you could date any girl DJ or female producer… which one would you chose?

J / Demain, tu peux choisir de dater n’importe quelle djette/productrice... laquelle choisirais tu ?

K / None, I love spontaneity and I believe in Karma. If I had to meet someone it will happen on its own.

K / Aucune, j’aime la spontanéité et je crois au karma. Si je dois rencontrer quelqu’un, ça se fera.

J / Kosme in 10 years?

J / Kosme dans 10 ans ?

K / Always same passion for music, nature, always trying to get better at what I do and discovery.

K / Toujours autant de passion pour la musique, la nature, le dépassement de soi, et la découverte des autres.

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Motorcycle

Photo : www.thierrydricot.be

naughty ride

KRUGGER Yamaha SR 400 www.krugger.net

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APACHE CUSTOM 1976 Honda CB350F www.apachecustoms.it

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MOTOBENE Ducati Monster 1000 www.motobene.ch

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Street Art

SETH Texte : MARINE LARCADE

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riginally born in the streets of Paris, Seth’s characters have crossed the borders of their homeland in 2000 to go around the world. This “Globe-Painter”, author of two books on graffiti (Kapital and Extramuros), wanders through countries soaking up various cultures to nourish his humanist and contemporary works. This results in a true artistic and cultural dialogue in which traditional and foreign techniques meet with a modern aesthetic, drawing meaning from a specific context. It’s at the heart of his universe and in the eyes of the local population that the nature of Seth’s art is fully revealed. Intent on stirring the collective unconscious, Seth symbolises a hushed imaginary world that he paints with childish figures that merge dream and reality. Jacker met up with this vagabond Frenchman.

riginaires des rues de Paris, les personnages de Seth franchissent les frontières de leur terre natale depuis les années 2000 pour faire le tour du monde. Le “GlobePainter”, auteur des livres sur le graffiti Kapital et Extramuros, vogue de pays en pays et s’imprègne des différentes cultures qu’il observe afin de nourrir des créations humanistes et actuelles. Ce qui en résulte est un véritable dialogue culturel et artistique où les techniques traditionnelles étrangères rencontrent une approche esthétique moderne, prenant sens dans un contexte bien spécifique. C’est au cœur d’un environnement revendiqué et au travers des regards d’une population locale que l’art de Seth se traduit pleinement. Soucieux de réveiller l’inconscient collectif, Seth symbolise un imaginaire passé sous silence au travers de figures enfantines, liant rêverie et réalité. Jacker est parti à la rencontre de ce français vagabond…

Jacker / How did your taste for graffiti first come about? What brought you to this?

Jacker / Quel a été l’élément déclencheur de ton goût pour le graffiti ? Qu’est-ce qui t’a amené à faire ça ?

Seth / It’s quite simple really, I was passionate about graffiti and the whole street-art movement and I had a strong desire to be a part of it. I think that’s how it began. Apart from that, I was studying art and design, but I never intended to become a painter, I wanted to be a graphic designer.

Seth / C’est simple : j’étais passionné par le graff, par tout l’engouement qu’il y a autour du street art, et j’avais très envie de participer à ça. Je pense que c’est comme ça que ça a commencé. Sinon je faisais des études de dessin, d’art plastique. Je ne voulais pas du tout être peintre, je voulais devenir graphiste.

J / I’ve read in some of your interviews that you use the terms painter, photographer and journalist to define yourself. Is the fact that you’re multifaceted what separates you from other artists? This exploration of various mediums?

J / J’ai vu, dans les différentes interviews que j’ai pu lire de toi, que tu utilises les termes de peintre, photographe, journaliste pour te définir. Est-ce que tu penses que ce sont ces différentes facettes qui te différencient des autres artistes ? Le fait d’explorer d’autres médiums ?

S / Seeing how my work only exists in relation to an other, I don’t believe that my paintings are very interesting in and of themselves. They become meaningful when confronted to something else, a certain environment, people... That’s why, whenever I get to paint in a foreign country, I draw inspiration from the local culture. As a result, what I do is more like contextual art.

S / Dans le sens où mon travail n’existe que par rapport à l’autre, je pense qu’à la base, mes peintures n’ont pas un intérêt de dingue. Elles prennent leur intérêt à partir du moment où elles sont confrontées à autre chose, à un environnement, à des gens, et c’est pour ça que lorsque je vais peindre à l’étranger, je vais m’inspirer de la culture locale. Ce que je fais, du coup, c’est plutôt de l’art contextuel. J / Il y a des artistes que tu pourrais peut-être nous citer, qui t’ont marqué ? Tu m’as tout à l’heure parlé de BD…

J / Could you tell us about some of the artists that have influenced you? You mentioned european comics earlier...

S / Hugo Pratt ! J’étais fan d’Hugo Pratt. Le style de dessin avec les lignes claires, comme Tintin, tout ça, c’est arrivé quand j’étais petit. Encore aujourd’hui, je trouve ça très beau. J’étais littéralement fan d’Hugo Pratt. Mais ma passion allait au-delà de son dessin, je l’aimais aussi beaucoup pour sa manière de voir et d’envisager le monde. Sa façon de raconter des contes, des légendes, des choses historiques et réalistes, d’inventer concrètement son propre univers. J’aime aussi beaucoup l’animation japonaise, de Miyazaki par exemple. Lui aussi fait ce lien entre l’imaginaire et le réel. Moi, c’est ça qui m’intéresse, et c’est aussi ça que je fais dans mon travail. Les deux sont toujours liés. C’est pour moi une manière d’ouvrir des portes vers mon propre monde intérieur.

S / Hugo Pratt! I was a big fan of his work. This clear line drawing style, like in Tintin, it all took place when I was a kid. To this day, I still find this style beautiful. I was a true Hugo Pratt fanatic. My passion for him extended beyond his drawing style. I loved his way of seeing and viewing the world, his way of telling stories and legends, as well as historical and realistic facts, essentially creating his own universe. I also enjoy japanese animation a lot, Miyazaki’s work for instance. He too merges imagination and reality. That’s what I’m interested in, it’s what I do in my work also. The two are always linked, it’s a way for me to open a passage to my own inner world.

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J / Et tu voyages, comme tu le disais, dans énormément de pays. Est-ce qu’il y a un pays en particulier qui t’a plus frappé que les autres ?

J / As you mentioned, you get to travel to a number of countries. Is there one place in particular that struck you more than the rest?

S / Au début, ce qui m’a un peu donné le style de peinture que j’ai aujourd’hui, c’est le Brésil. J’y suis resté presque un an. Et là-bas justement, il n’y a pas qu’une ouverture sur le graffiti, il y a une ouverture sur plein de choses, les gens s’expriment dans la rue, il y a souvent un background social.

S / The place that initially contributed to my current style is Brazil. I spent almost a year there. People there are not only open to graffiti, but also to many other things. They express themselves freely in the streets and there’s often a social dimension to it.

J / Une ouverture due aux dimensions politiques du pays ?

J / An openness due to country’s political context?

S / Oui, sûrement. Il y a beaucoup de choses qui se faisaient dans les favelas, qui parlaient de la situation des gens, et qui parlaient surtout aux gens. C’est-à-dire que ça ne touche pas seulement le monde de l’art ou de la danse. Ce qu’il se passe, c’est quelque chose qui parle directement à la population locale, et c’est ça qui m’a beaucoup marqué. Mais après, il y a plein d’endroits dans le monde qui m’inspirent pour la peinture.

S / Yes, most likely. A lot of what’s happening in favelas, speaks of people’s situation and is meant for the people themselves. It doesn’t only affect the art or dance world. What takes place speaks directly to the locals, an approach which made a huge impact on me. All things considered, there are many places that inspire my paintings. J / Do you consider yourself to be a politically active as an artist?

J / Est-ce que, du coup, tu te considères comme un artiste engagé ?

S / I actually don’t really know what this means. I don’t think it means much anymore these days. If you’re a singer for the “Restos du cœur”, you’re politically active, if you speak against the war in Syria, you’re politically active... I guess I can be a politically active artist in the sense that I try to do positive things, and give peope something that’ll be positive for them. I try to elevate people’s consciousness and stimulate their imagination, in a positive way.

S / En fait je sais pas trop ce que ça veut dire “engagé”. Aujourd’hui, ça veut tout et rien dire. Tu vas chanter au Restos du cœur, t’es engagé, tu dénonces les guerres en Syrie, t’es engagé… Après, je peux dire que je suis engagé dans le sens où j’essaie de faire des choses positives, et de donner quelque chose aux gens qui va leur apporter du positif. J’essaie d’éveiller les consciences et de réveiller l’imaginaire des gens, de manière positive.

J / Do you have an anecdote from one of your trips that you can tell us? Something that made you laugh, something weird...?

J / Tu as une anecdote à propos d’un de tes voyages ? Quelque chose de marrant, de bizarre…? S / Il y a un truc, y’a pas mal de temps, qui m’est arrivé. Un truc de fou. Un type se pointe dans la rue, et il avait un tatouage d’un de mes dessins que j’avais fait dans une usine à Paris ! Alors je vais le voir, “comment ça se fait que tu aies ça … ?”. Apparemment mon œuvre était passée dans un magazine anglais, un gars était venu au Brésil avec, et l’avait offert à celui qui avait le tatouage. Du coup, le gars était allé se faire tatouer mon dessin qu’il avait vu dans un magazine. Y’a je ne sais combien de milliards d’êtres humains sur Terre, et moi je tombe sur lui. C’était en 2003, et de tomber sur lui c’était incroyable ! J’ai vu ça comme un signe du destin, et je me suis dit qu’il fallait que je continue à faire ce que je fais. Ça c’était pour la petite anecdote, après, dans tous les pays il se passe un petit truc. Des situations, des rencontres…

S / There is one thing that happenned to me a while ago that was nuts. Some guy showed up on the street who had a tattoo of a piece that I had done in a factory in Paris! So I go up to him and say: “How come you have this tattoo...?”. Apparently my piece had been featured in a british magazine, which someone had brought to Brazil and gifted to the guy with the tattoo. Later he got my piece tattooed on him. There are billions of human beings on the planet and for me to meet him was truly incredible. This was in 2003, and I saw this as a sign that I was doing something right and had to keep at it. That’s one anecdote, but something always happens in every country. Situations, encounters...

J / D’où cet univers lié au rêve, comme tu le disais, et cette utilisation de l’arc-en-ciel…

J / This is where you’re dreamy universe comes from and you’re use of rainbows...

S / Oui, c’est vrai que j’ai beaucoup utilisé l’arc-en-ciel. C’est venu tout seul. Mes personnages sont souvent sur des tons de gris, assez monochrome, et mettre des arcs-en-ciel crée un contraste direct, puisque ça représente souvent l’imaginaire des personnages représentés.

S / Yes, I’ve been using rainbows a lot. It came naturally. I tend to draw my characters in monochrome with shades of grey, so adding a rainbow instantly creates a contrast which often represents the character’s imagination.

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J / Tu penses que c’est une évolution logique du street art, de s’exporter vers les galeries ?

J / Do you view street-art being exhibited in galleries as a logical evolution?

S / Le street art a toujours été dans les galeries. Si tu parles du terme “street art”, qui est compliqué et vague, il était déjà dans les galeries bien avant que tout le monde ne se mette à peindre dans les rues. Obey, à la base, c’est un graphiste qui travaille en galerie pour vendre ses travaux. Dans le street art, il y a toujours eu le côté rue, et il y a toujours eu le côté galerie. C’est juste que maintenant, il y a de plus en plus de street artistes qui le font, c’est tout. Mais le graffiti c’était autre chose. Dès 1970, il y avait déjà des galeries de New York qui exposaient des œuvres de la rue.

S / Street-art has always been in galleries. If you’re talking about the term “Street-art”, which is both vague and complex, it was already in galleries before people started to paint in the streets. Obey was initially a graphic designer working in galleries to sell his work. In street-art, there always was the street side of things and the galleries side. It’s just that there are many more artists doing it nowadays. Graffiti however, is another story. By 1970, galleries in New York were already exhibiting pieces that came from the streets.

J / Tu dis être sensible à la poésie, et on voit que tu peins pas mal d’enfants. Est-ce que c’est, pour toi, le moyen de transmettre des émotions plus facilement ?

J / You say you’re sensitive to poetry, and you paint a lot of children. Is this a way for you to convey your emotions more easily?

S / C’est un moyen de parler à plus de gens à la fois. C’est le moyen de parler à chaque enfant qui reste coincé dans chaque adulte, à la part de rêve, à la moindre chose qui nous permet de nous déconnecter du monde qui nous est offert et qui nous bouffe le cerveau. Quand tu voyages, tu vois partout la même chose. T’as les mêmes restaurants, les mêmes marques. Et toucher l’imaginaire à travers l’enfant, c’est un moyen de rester dans quelque chose lié au rêve, mais ça ne m’empêche pas de dénoncer la société de consommation aussi. J’ai beaucoup peint dans des endroits détruits, des paysages ravagés, des espaces un peu chaotiques, et le fait de peindre par exemple un enfant qui dort… le contraste est très fort et raconte le monde dans lequel on vit.

S / It’s a way for me to speak to many people at once. It’s a way to speak to every adult’s inner child, to his dreams, to what allows us to disconnect from the mind-devouring world that we are offered. When you travel around you see the same things everywhere, the same restaurants, the same brands. Stirring people’s imagination through the use of children, is a way to stay within the realm of dreams while still denouncing consumerist society. I’ve often worked in desolate places that have been ravaged, chaotic landscapes where painting a child sleeping creates a stark contrast that says something about the world we live in. J / What about your news, do you have specific projects in preparation?

J / Et au niveau de tes actualités, est-ce que tu as des projets précis ?

S / As for the next few years, I don’t really know. I’m about to go to China, where I’ve been offered many opportunities to paint. Later, I’ll probably organize a few exhibits, paint a few canvases and tell stories as I do in the streets. It’s much harder to do in a gallery but it’s interesting work as it’s a different method.

S / Mes prochaines années, j’en sais rien du tout. Là je pars en Chine, on m’offre plein d’opportunités de peindre là-bas. Après j’organiserai peut-être des expos, ferai quelques toiles, et raconterai des histoires comme je le fais dans la rue. C’est beaucoup plus dur de le faire en galerie, mais c’est intéressant parce que ce n’est pas la même technique de travail.

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Focus On

TAROE Texte : AURéLIEN COURBON

A

E

nfant du graffiti, membre du célèbre TER Crew aux côtés de compatriotes tels que Katre ou encore Grems, Taroe est un nom qui compte dans le paysage urbain. Après avoir sillonné les rues et appris la culture de la manière la plus noble, Taroe est un artiste qui a su se faire une place de choix dans les galeries, et qui comme beaucoup, oscille entre toiles, terrains et art numérique. Originaire du Pays basque, c’est au bord de ses plages agitées qu’il est revenu se mettre au vert après dix années passées dans les tumultes parisiens. Aujourd’hui il enchaîne les projets, comme l’excellent studio Anyway qu’il a monté avec Grems et Opéra, qui fait déjà l’unanimité auprès des connaisseurs.

child of graffiti, member of the famous TER Crew alongside compatriots like Katre and Grems, Taroe is a name that matters in the urban landscape. After traveling the streets and learning the culture by the noblest way, Taroe is an artist who succeeded in making his place within galleries, and who, like many others, swings between canvas, ground and digital art. Originally from the Pays Basque, he returned to go green after ten years in the tumult of Paris. Now he works on several projects, one after the other, like the excellent studio “Anyway” that he started with Grems and Opéra, which has already made unanimity among the experts.

Jacker / Avant d’être exposé dans les galeries, on te connait surtout pour ta carrière de graffeur. Parle-nous un peu de tes premiers coups de bombes.

Jacker / Before you were exhibited in galleries you were mostly known for your graffiti work. Tell us a little bit about your first brush with cannons.

Taroe / J’ai commencé (un peu comme tout le monde) à travailler les lettrages. Il y a un nombre incalculable de façons de travailler les lettres, et c’est un exercice primordial quand tu viens du graffiti : block letters, brûlures, tags, flops, chromes… autant d’exercices qui aident à façonner son identité, son style.

Taroe / I began the same way most people did by working on my lettering skills. It’s mandatory training when you come from the graffiti world and there’s an infinite number of ways to draw letters: block letters, burners, tags, flops... so many different exercises that help you define your identity, your style.

J / Tu as eu une période vandale, t’as une anecdote à nous raconter ?

J / You were once quite the vandal, do you have any anecdotes you could tell us?

T / En 2006 je suis allé en voyage à New York, avec Metro de mon crew. On n’avait pas de plan en particulier pour peindre, donc on s’est baladé pour trouver des spots. Un soir, on décide d’aller peindre les hauteurs de la voie du métro Ligne N à Brooklyn, direction Coney Island. J’étais sur un parapet de 40 cm qui surplombe la voie, en train de peindre, et là un mec passe sur le pont à côté de moi, je ne le vois pas de suite, jusqu’à ce qu’il me crie : “Dope shit man !!!!”. J’ai failli tomber de huit mètres sur la voie…

T / In 2006, I went on a trip to New York, with Metro from my crew. We hadn’t planned to paint anywhere in particular, so we just walked around to find spots. One night we decided to go paint on the heights above the N train line in Brooklyn, in the direction of Coney Island. I was standing on a 15 inch wide railling above the tracks, painting, when a guy stands next to me, and I don’t notice him at first until he yells: “Dope shit man!!!”. I nearly fell 25 feet down to the tracks... J / You’re originally from the french Basque country, you now live in Paris. Why did you leave your home to live in the capital? Is it a requirement for anyone wishing to make a living as an artist?

J / Tu viens de la côte basque, tu as très vite bougé sur Paris, pourquoi avoir quitté ta terre natale pour la capitale ? C’est un passage obligé lorsque qu’on veut vivre de son art ?

T / I’ve always loved Paris. When I began painting, it was hard following what others were up to, there was no Facebook and Instagram, there were only magazines: “Paris Tonkar” in Paris and “33 C Fresh” from Bordeaux. A limited number of influences really. Whenever we went up to Paris, we got to see tons of different styles and writers. There was more access to culture and art in general in the capital. I lived there for ten years, but now I’ve moved back to the Basque country, with my young children. The quality of life is much higher in the South. I still go to Paris once or twice a month to paint...

T / J’ai toujours aimé Paris. Quand j’ai commencé à peindre, on avait peu accès à ce que faisaient les autres, il n’y avait pas Facebook ni Instagram, on avait les magazines : “Paris Tonkar de Paris” et les “33 C Fresh” de Bordeaux. Donc peu d’influences en vérité. Quand on allait à Paris, on voyait plein de styles et plein de writers différents. On avait davantage accès à la culture et à l’art de manière générale à la capitale. J’y ai habité pendant dix ans, mais aujourd’hui j’habite de nouveau au Pays basque, avec des enfants en bas âge, la qualité de vie est bien meilleure dans le sud. Je retourne toujours à Paris une à deux fois par mois pour la peinture...

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J / Parle-nous de Anyway, le studio que tu as monté avec Grems et Opéra. Comment est né ce projet ?

J / Tell us about “Anyway”, the artist studio you founded with Grems and Opéra. How did this project come about?

T / Anyway est un studio de création artistique : je connais Grems depuis 2005, et on peint régulièrement ensemble depuis cette époque. Il m’a présenté Opéra en 2014, et on s’est de suite bien entendu autant sur le plan personnel qu’artistique. On a chacun une identité artistique personnelle, autant sur mur que sur toile, et on a écumé les expositions, performances et collaborations artistiques depuis plusieurs années. On a pris l’habitude de peindre et de créer ensemble naturellement, de manière ludique, ce qui nous a donné l’idée de conjuguer nos talents de manière plus professionnelle. Anyway est devenu une signature artistique à part entière, comme si c’était un artiste différent de Opéra, Grems, ou Taroe. Aujourd’hui Anyway est une société, nous travaillons avec Myriam Kanou qui est notre agent mais aussi notre associée. Nous réalisons aussi bien des projets de direction artistique, que des peintures sur façade, ou des expositions en tant que galeristes.

T / Anyway is an artist workshop: I’ve known Grems since 2005 and we’ve often painted together since then. He introduced me to Opéra in 2014 and we instantly clicked both from an artistic perspective as well as a personal one. We all have our own artistic personality, wether it be on a wall or on a canvas and we have collaborated on countless exhibits and performances over the years. We got used to working and creating together organically and in a way that’s fun for both of us so we decided to collaborate more professionally. Anyway has taken a life of it’s own, like an artist other than Opéra, Grems or Taroe. Anyway is now a company in which we work with Myriam Kanou who’s our agent but also a partner. We work as artistic directors, as well as make murals or hold exhibits as gallerists. J / Tell us about your latest exhibit, it seems it was pretty succesful.

J / Parle-nous de votre expo, apparemment ça a pas mal cartonné.

T / We did two different exhibits in two weeks, it was pretty hectic. The first one, “Interférences”, in Paris with Opéra was really successful. We had rented the Oppidum space at the “Carreau du Temple” that we transformed into a temporary Anyway gallery. Grems had already done a solo show there around Christmas 2015, so we decided to use the same space again.

T / Nous avons fait deux expositions différentes en 15 jours, ça a été du sport. La première (Interférences) à Paris avec Opéra a super bien marché, nous avons loué l’espace Oppidum au Carreau du Temple, pour le transformer en galerie Anyway le temps de l’expo. Grems avait déjà fait son solo show là-bas à la période de Noël 2015, et on a fait le choix de reprendre le même espace, dans un souci de logique.

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I presented one aspect of my work with 5 hyperrealist pieces that represent subway doors, as well as 7 other pieces in a more illustrative style playing with the theme of stained glass. Opéra also showed a few aspects of his work, which allowed us fill the entire gallery with canvases. All this with only two months to prepare the exhibit and promote it. More than 500 people came to the opening, and we made a lot of sales so we were really happy about that. The second exhibit in Toulouse as a trio was also a success, nearly one thousand people came to see our work at “50cinq”. We had made 6 hands pieces and a 50 feet high mural.

J’ai présenté un axe avec 5 toiles hyper-réalistes représentant des portes de métro, ainsi qu’une série de 7 toiles plus illustratives sur le thème des vitraux. Opéra a présenté plusieurs axes aussi de son travail, ce qui a fait qu’on a pu remplir la galerie entièrement, en ayant travaillé deux mois pour confectionner l’expo et préparer la communication. 500 personnes se sont déplacées pour le vernissage, et les ventes ont suivi donc nous étions ravis. La deuxième expo à Toulouse avec le trio a super bien marché également, plus de mille personnes pour venir voir notre travail au “50cinq”. Nous avons réalisé des toiles à 6 mains ainsi qu’une façade de 15 mètres de haut dans la salle d’expo, un succès.

J / It’s clear to see that you have a variety of styles, some more abstract and others hyperrealistic. How did you start working with a paintbrush, to transition from graffiti artist to painter?

J / On peut voir que tu as des styles relativement différents, un coup très abstrait puis hyper réaliste. Comment en estu arrivé à travailler au pinceau, à passer d’artiste graffeur à artiste peintre ?

T / I’ve been painting canvases with this realist style since 2006 but I don’t believe it necessarily works on a wall. I’ve developped an array of different styles for walls after trying them out for Anyway. Stained glass, an exploded style inspired by technical drawings, purely abstract murals. I often apply flat tints on murals. I try not to stick to just one style and let my creativity flow even if it means losing my characteristic identity, finding new artistic paths never gets old.

T / J’ai toujours fait des toiles réalistes depuis 2006 avec ce style, et je trouve que ça ne fonctionne pas forcément sur mur. J’ai développé plusieurs styles sur mur à force de faire des “exercices de style” avec Anyway. Des vitraux ainsi que des éclatés, en m’inspirant de dessins techniques, ou des murs totalement abstraits, je travaille très souvent en aplats de couleurs sur mur. J’essaie de ne pas m’enfermer dans un style, de laisser aller ma créativité même si ça me fait perdre en identité, et je ne me lasse pas de trouver de nouvelles directions artistiques.

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J / Scenes from the street, trucks, subways... I get a sense that this brings a certain graffiti spirit in the homes of people who are not from this culture. What is your clientele like?

J / Ces scènes de rue, les camions, les métros… j’ai l’impression que ça permet de faire rentrer l’esprit graffiti dans les salons de personnes qui ne sont pas issues de cette culture. Quel est ton type de clientèle ?

T / Actually, my clientele is very diverse. People who are strangers to this culture as well as people who have the same background as I do and who’ve made it. Ever since I’ve become a family man I don’t get to go paint in the streets as much, so I make up for my frustration by projecting my universe on canvas.

T / Justement les clients sont d’horizons très différents, autant des personnes qui ne sont pas issues de cette culture, que des gens de mon milieu qui ont réussi. Je peux moins sortir pour peindre dans la rue depuis que j’ai une famille, alors je comble les frustrations en image sur toile, ça reste mon univers par projection.

J / You’re the father of a small boy and you must spend a lot of time working on canvases, but you still have a lot of visibility in jams or other events. Isn’t it hard combining the graffiti artist lifestyle and family life?

J / Tu as un petit garçon, tu dois passer beaucoup de temps sur les toiles, mais je vois que tu restes encore tres présent dans les jams et autres. C’est pas compliqué de continuer à vivre une vie de graffeur avec une famille ?

T / Undoubtedly, but I’m lucky to live in the Basque country and since my wife is also an artist we’re able to work our schedules according to our current projects. We’re expecting a second child in November, so we’re gonna have to juggle.

T / Si justement, mais j’ai la chance de vivre au Pays basque de nouveau, et ma femme est artiste également, ce qui nous permet de pouvoir gérer nos emplois du temps en fonction des projets. Le deuxième garçon est à venir en novembre, donc ce n’est pas fini, il va falloir jongler.

J / Thank you for answering our questions, what projects or exhibits do you have planned for the future?

J / Merci d’avoir répondu à nos questions, pour finir quels sont tes futurs projets ou expos ?

T / Well thank you too! I’ve just entered a residency in Marseille along with Grems and Opéra, in the Alliv Villa and we’re preparing an exhibit that will be displayed soon at the Backside Gallery.

T / Merci à toi ! Je viens d’aller en résidence d’artistes à Marseille avec Grems et Opéra, à la Villa Alliv, et on prépare une expo prochainement à la Backside Gallery.

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Anyway - Opéra, Grems & Taroe

Anyway - Opéra, Grems & Taroe

Anyway - Opéra, Grems & Taroe

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Fresh on the team

Romuald ROMUALD Link LINK

© Felix Maurugeon

Texte : Aurélien Courbon - Photos : FELIX MAUruGEON & SIMON COUSI

O

n savait pas nous au début... Il est passé au shop comme n’importe quel client. Je vous jure on savait pas. Il nous a dit qu’il skatait, on l’a senti chaud, je l’ai rentré sur Facebook, et là j’ai compris. Romu est le genre de beau gosse surfeur, toujours souriant, énervant. Il skate bien, il a les abdos que vous n’aurez jamais, bref, le gendre idéal. Même son nom de famille fait référence à un héros de Nintendo... frimeur. Ce Nîmois d’à peine la vingtaine est aussi à l’aise dans les courbes que sur un rail, nous donne des sueurs froides dans la Big de Grammont, avant de détruire des curbs, polyvalent comme jaja ! Je peux vous dire qu’en session avec lui et Nassim, ça chôme pas. On en voudrait presque à ce bon vieux Christophe du shop Unlimited à Nîmes de pas nous en avoir parlé avant (Big up). Bon on va arrêter de fourrer notre langue dans son cul, néanmoins on vous conseille vivement de garder un œil sur ce mec, car on va le filmer de plus en plus, et vous aller en prendre plein les dents. Affaire à suivre. Welcome to the Team Romu !

W

e didn’t know anything about him in the beginning… He stopped by the shop like any other customer. I swear to you that we didn’t know. He told us he skates, he seemed hot as hell, I added him on Facebook, and then I understood. Romu is that surfer stud that gets the girls moist, always smiling, never upset. He skates well and has the abs that you can only dream of, he’s the perfect son-in-law. Even his last name is a reference to a Nintendo hero... show-off. This guy from Nîmes, barely in his 20’s, is as comfortable on rails as he is on curbs, he gives us cold chills in the Big Grammont, before smashing curbs: polyvalent as hell! I can tell you that meeting up with him and Nassim, nothing’s idle... We should almost be upset with good old Christophe from Unlimited Skate shop in Nîmes for not telling us about that guy earlier (Big ups!). Okay, we’ll stop sticking our tongue in his ass, but we strongly recommend you keep an eye on this guy, because we’re gonna film a lot of him, and you’re gonna be blasted away. Stay tuned. Welcome to the Team Romu!

Frontside Boneless ^ Frontside Five-o >

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© Tyen Vui


Fresh on the team

NASSIM LACHhAB Texte : Aurélien Courbon - Photos : MICHAEL KAHN & Tyen Vui

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had already heard about this kid. Nassim had made the cover of Sugar and his name already waltzed on many lips. But it was at FISE Montpellier I realized the extent of the phenomenon. That day, during the best trick contest amongst hammers from Aurélien Giraud and other crazy shit from Bulard, the speaker had to focus on only one man. A Moroccan dude as hot as a gypsy at a caravan convention, which, after having some ironic reflections about his torn up pair of kicks, decided to toss them away and attempted a kickflip transfer in his socks, that he sadly didn’t achieve despite his many tries, and his feet covered in blood. A few minutes later, he was cruising Montpellier with us and the Wasted team, destroying every spot like if it was his last day on Earth. It’s because of this energy and determination that we wanted to put him in the team, and also because he always has a smile on his face, he goes with the flow, and because he kicks one of the nastiest switch big heel’s we’ve ever seen on Odysseum’s three blocks… Thanks Nassim, you do us good.

’avais déjà entendu parler de ce Kid. Nassim avait fait la cover de Sugar et ce prénom valsait déjà sur beaucoup de lèvres dans le milieu. Mais c’est au FISE de Montpellier que j’ai pris conscience de l’ampleur du phénomène. Ce jour-là, lors du best trick contest, au milieu des hammers d’Aurélien Giraud et autres dingueries de Bulard, le speaker n’en avait que pour un seul homme. Un marocain chaud comme un gitan au salon de la caravane, qui, après avoir reçu quelques réflexions ironiques sur sa paire de pompes déchirées, décida de les enlever pour tenter un kickflip transfert en chaussettes, qu’il ne rentrera pas malgré sa trentaine d’essais les pieds en sang. Quelques minutes plus tard, il arpentait Montpellier avec nous et la team Wasted, détruisant chaque spot comme s’il allait crever le lendemain. C’est cette fougue et cette détermination qui nous ont donné envie de l’intégrer dans notre équipe, mais aussi parce qu’il a le sourire, qu’il se prend pas la tête, et qu’il claque des switch big heel sur les trois blocks d’Odysseum... Merci Nassim, tu nous fais du bien.

Switch Backside Kickflip ^ Switch Big Heelflip >

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High Culture

Marijuana, Ennemie d'Etat La véritable histoire de la prohibition du chanvre aux USA TEXTE : Suki - PHOTOs : Hash Marihuana & Hemp Museum - MOVIE POSTER GETTY IMAGES

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Bill est un jeune homme de bonne famille qui se met à fumer de la weed malgré lui, et il aime tellement ça qu’il finit par devenir accro. Ses fréquentations changent, ses résultats scolaires tombent en chute libre puisqu’il passe son temps chez une dealeuse d’herbe dont l’appartement est “the place to be” pour les orgies musique-fumette-sexe. Tout bascule lorsque Bill est accusé d’avoir tué sa bien-aimée, après l’avoir surprise à deux doigts de se faire violer par un fumeur d’herbe totalement défoncé. Morale de l’histoire : fumer la drogue du diable conduit fatalement à commettre toutes sortes d’actes criminels. C’est du moins ce que tend à démontrer “Reefer Madness”, fiction qui raconte la perdition des jeunes blancs consommant du cannabis à la sortie de l’école. Bien connu de tout militant pro-cannabis qui se respecte, “Reefer Madness” est le tout premier film de propagande anti-cannabis de l’Histoire du cinéma. Mais pourquoi une drogue jugée aujourd’hui douce fut-elle élevée au rang de drogue la plus dangereuse d’entre toutes, devant l’héro, la coke et l’opium, dans l’Amérique de l’entre-deux guerres ? En voici l’histoire...

Bill was a well-bred young man who began smoking weed in spite of himself and grew to like it a bit too much. He began keeping bad company and his grades started dropping fast as he spent most of his time at the apartment of a grass dealer woman where music and weed infused orgies took place. Bill’s life fell apart when he was accused of murdering his girlfriend after finding her, about to get raped by a crazed stoner. Morality: smoking the devil’s weed systematically drives users to commit all sorts of heinous crimes. Anyway that’s what the movie “Reefer Madness” set out to prove by portraying the moral ruin of young whites meeting up to smoke cannabis after school. A well-known offender to any self-respecting weed activist, “Reefer Madness” was the very first anti-cannabis propaganda film. How can a drug, now deemed mostly harmless, be made out to be the most dangerous of them all, before heroin, cocaine and opium in interwar America? Well, this is how…

egalization of hemp production and sales in the USA earned five billion dollars of revenue in 2015. A century before, a restless war was being waged against cannabis all over the country. But how could such a cash crop be left unharvested for more than ten years on American soil?

inq milliards de dollars, c’est ce qu’a rapporté la libéralisation du commerce du chanvre aux USA en 2015. Un siècle auparavant, une lutte acharnée contre le cannabis s’est étendue sur tout le territoire. Mais pourquoi un business aussi lucratif que la production de chanvre a-t-il été étouffé durant près de dix ans sur le territoire américain ?

The Great Depression in America meant constant financial breakdown and a staggering rise in unemployment. Rumour was that hemp was about to become a billion dollar cash crop, making it a crucial issue for certain leaders of industry with a penchant for racism, who had built their fortune on oil and paper. One such man was William Randolph Hearst, son of a billionaire senator, press mogul and an admirer of Nazism. With a sphere of influence comparable to today’s Kanye West, Hearst could not bear to let hemp supplant the paper industry in which he had important stakes. His friends held similar views, like the aristocratic Du Pont family who built an empire making rubber, nylon and paint derived from petroleum, and refused to share their piece of the cake. For these magnates on which consumerist society relied, hemp constituted a serious threat. Along with providing a better yield rate than deforestation for paper production, hemp is a formidably versatile product: its natural fibre is used for textile and as part of car bodies, oil can be produced from its seeds and used as fuel or paint-thinner. How could they get rid of such a threat in a country nearly four million square miles large?

Dans l’Amérique en crise des années trente, les faillites économiques se multiplient et le chômage monte de manière vertigineuse. Le bruit court que l’industrie du chanvre est le prochain secteur capable de générer des milliards de dollars. La question du chanvre devient alors cruciale pour certains industriels aux penchants racistes, ayant bâti leur fortune dans l’industrie pétrochimique et du papier. C’est le cas pour William Randolph Hearst, fils d’un sénateur milliardaire, magnat de la presse et admirateur du nazisme. Doté d’un réseau d’influence comparable à celui de Kanye West aujourd’hui, Hearst ne peut tolérer que l’industrie du chanvre supplante celle du papier dans laquelle il possède des parts. Et ses amis sont du même avis : l’aristocratique famille Du Pont, dont l’empire industriel produit caoutchouc, nylon et peinture dérivés du pétrole, refuse de partager sa part du gâteau. Pour ces pontes de l’industrie sur laquelle repose la société de consommation, le chanvre pose donc un sérieux problème. Considéré comme plus productif que la déforestation pour la production de papier, le chanvre est aussi un formidable produit multifonctions : sa fibre naturelle s’utilise en textile, entre dans la fabrication des carrosseries automobiles, et ses graines produisent une huile transformable en carburant et en diluant pour peinture. Mais comment s’en débarrasser sur un territoire de près de dix millions de kilomètres carrés ?

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© Hash Marihuana & Hemp Museum


Recours à la propagande

Resort to Propaganda

À chaque problème sa solution. Hearst, qui possédait les médias, superbes outils de propagande, avait besoin d’un appui politique. Harry J. Anslinger, premier commissaire du bureau fédéral des narcotiques, qui cherchait à se recycler une fois la prohibition de l’alcool abolie, est alors l’homme idéal. Pour inscrire son nom dans l’histoire, ayant saisi le potentiel de la lutte anti-cannabis, Anslinger entreprend une véritable croisade d’État en État. La propagande anti-cannabis s’organise sur tout le territoire, par le biais des journaux de la Hearst Corporation et du cinéma. Systématiquement associée à la criminalité et à l’immigration, élevée au statut de drogue du diable, la marijuana devient l’instrument de propagande d’une guerre culturelle, financière et politique. Anslinger, à force d’acharnement et de publicité mensongère, obtient une loi fédérale en 1937 : la loi Anslinger, formellement dénommée Marijuana Tax Act. La production, l’importation du chanvre et ses dérivés sont taxées à 30%, et sa consommation récréative est criminalisée. Pari réussi, la culture du chanvre devient impossible économiquement. Pourquoi et comment cette propagande fut-elle aussi efficace ?

Every problem has a solution. Hearst, who owned the media, needed a political ally. He found it in Harry J. Anslinger, the first commissioner of the U.S. treasury department’s Federal Bureau of Narcotics who happened to be looking for a new battle, after the prohibition of alcohol had been lifted. In the repression against cannabis he saw a chance to write his name in history and set out on a crusade throughout the United States. Anti-cannabis propaganda spread all over the country through movie theatres and the newspapers owned by the Hearst Corporation. Systematically associated with crime, immigration and depicted as the devil’s drug, marijuana became the focus of a cultural, financial and political war. After years of restless slandering, Anslinger obtained the creation of a federal law in 1937, known as the Marijuana Tax Act. Production and importing of hemp and its derivatives were taxed up to thirty percent, and its recreational use was criminalised. Anslinger was successful and the production of hemp became economically unfeasible. Why and how was this propaganda campaign so efficient?

Suite à la crise de 1929, l’Amérique est plongée dans ce que les historiens nomment la Grande Dépression. L’atmosphère est propice à la désignation d’un ennemi intérieur. Dans une société où le racisme est toujours solidement ancré, le choix se porte sur les migrants mexicains auxquels on associe l’importation et l’usage récréatif de la marijuana, mot d’origine hispanique délibérément utilisé. La diabolisation du cannabis constitue un écran de fumée sur le véritable enjeu de la culture du chanvre : son extraordinaire potentiel économique. En soutenant que fumer de la weed conduit à “planer dans une rage délirante rendant irresponsable de ses actes et menant à commettre des crimes violents”, le discours d’Anslinger, réitéré continuellement dans les médias, a payé. Les tentatives de viol, crises de psychoses hallucinatoires et homicides menaçant les jeune WASP (White Anglo-Saxon Protestant) américains, mis en scène dans le film “Reefer Madness” et bien d’autres, avaient pour objectif de rallier les parents d’élèves à la peur du cannabis. En s’appuyant sur la frange conservatrice, puritaine et moraliste de la société américaine, le trio Hearst-Du Pont-Anslinger s’est maintenu dans l’élite de la nation. La fortune de la famille Hearst représente aujourd’hui 32 milliards de dollars et détient la sixième place dans le classement des familles les plus riches d’Amérique. La famille Du Pont est à la quatorzième place du classement et pèse 14 milliards de dollars. Quant à Harry Anslinger, il compte parmi les records de longévité de carrière au sein du bureau fédéral des narcotiques américain, ayant exercé sa fonction durant trente-deux années.

Following the financial crisis of 1929, America was plunged into what is now known as The Great Depression. Time is ripe for a national enemy to be found. In a still profoundly racist society, Mexican immigrants are finger-pointed as recreational users and importers of marijuana, a word deliberately picked for its Hispanic origin. Demonising cannabis was only a smoke screen hiding the true stake in hemp production: its exceptional economical potential. Anslinger’s contention that weed users “develop a delirious rage after its administration during which they are temporarily, at least, irresponsible and prone to commit violent crimes” finally took hold after being endlessly repeated in the media. The attempted rapes, the psychotic and homicidal episodes threatening the W.A.S.P. youth featured in “Reefer Madness” and many other films aimed at rallying parents around the fear of cannabis. By seeking support among the conservative, puritan and moralist part of the American society; the Hearst-Du Pont-Anslinger trio maintained their status among the nation’s elite. The Hearst family fortune is worth 32 billion dollars and is the sixth richest American family. The Du Pont family ranks fourteenth and is worth 14 billion. Harry Anslinger holds the record for one of the longest careers in the federal bureau of narcotics with a whopping thirty-two years.

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This story, known as the hemp conspiracy, came to popular awareness thanks to the restless work of the famous Jack Herer, known as a leader of the American cannabis legalization movement. In his essay “The Emperor Wears No Clothes”, Herer was largely responsible for shining a light on this dark episode of mass manipulation through political propaganda. With the support of H.E.M.P., Hans Hauf from Germany, and Sensi Seeds / The hemp museum of Amsterdam among others, Herer promises a hundred thousand dollars to anyone able refute the allegations in his book. One would have to disprove the following statement : “If all fossil fuels and their derivatives, as well as trees for paper and construction were banned in order to save the planet, reverse the Greenhouse Effect and stop deforestation; then there is only one known annually renewable natural resource that is capable of providing the overall majority of the world’s paper and textiles; meet all of the world’s transportation, industrial and home energy needs, while simultaneously reducing pollution, rebuilding the soil, and cleaning the atmosphere all at the same time... and that substance is - the same one that did it all before - Cannabis Hemp... Marijuana!”.

Cette histoire, autrement connue sous le nom de conspiration du chanvre, s’est popularisée grâce au travail acharné du célèbre Jack Herer, leader du mouvement militant pour la légalisation du cannabis aux USA. Dans son essai “l’Empereur est nu”, Herer a largement contribué à faire la lumière sur cet épisode historique de manipulation des masses par la propagande politique. Un défi offrant 100.000$ y est lancé et est soutenu par H.E.M.P. (Amérique), Hanf Haus (Allemagne), Sensi Seeds / Musée du chanvre à Amsterdam (Pays-Bas), et d’autres encore, à quiconque pourra réfuter les allégations faites à l’intérieur. Il s’agit de prouver que la proposition suivante est fausse : “Si on interdisait toutes les énergies fossiles et leurs dérivés, ainsi que l’utilisation des arbres pour le papier et la construction, dans le but de sauver la planète, d’inverser l’effet de serre et d’arrêter la déforestation, alors, il n’y a qu’une seule ressource naturelle et renouvelable qui soit capable de fournir la totalité du papier et des textiles sur la planète; répondant à tous nos besoins en termes de transport, d’industrie et d’énergie, tout en réduisant simultanément la pollution, en reconstruisant le sol, tout en nettoyant l’atmosphère... Et cette ressource est - la même qui était utilisée à cet effet auparavant - le cannabis, le chanvre, la marijuana !”.

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Lifestyle

DAILY PAPER Texte : ROMAN SOLER

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’Afrique est le continent le plus riche de la Terre. Une richesse qui ne se caractérise pas que par ses ressources en or, en pétrole et autres matières premières prisées, mais surtout par ses Hommes, dont la créativité et le savoir-faire sont estimés. C’est donc avec finesse et détails raffinés que Daily Paper a sorti son épingle du jeu, notamment avec un tournant majeur en 2010. Ayant tout d’abord commencé en tant que blog lifestyle, leurs premières pièces font un tabac, et ce seront bientôt les blogs mode du monde entier qui inonderont le web avec leurs pièces, à la fois contemporaines et ethniques. Si ses créateurs habitent Amsterdam, c’est dans leurs racines afro et leur lifestyle hollandais que Daily Paper puise une inspiration pointue, largement reconnue puisqu’ils viennent de sortir en collaboration avec Colette leur deuxième pièce, “Paris est magique”. Du Ghana en passant par la Somalie et le Maroc, les origines des créateurs de la marque au bouclier Masaï n’ont pas fini de faire parler d’eux. On a eu la chance de passer un petit moment avec Jefferson Osei, l’un des trois tôliers, qui nous a éclairci quelques zones d’ombre.

frica is the richest continent on Earth. A richness that is not only characterized by its resources in gold, oil and other popular raw materials, but mainly by its people, whose creativity and skill is esteemed. It is with delicacy and refined details that Daily Paper has emerged unscathed, with a major turning point back in 2010. Starting initially as a lifestyle blog, their first pieces were a hit, and soon blogs around the world flooded the Internet with their news about their pieces, both contemporary and ethnic. The founders are currently based in Amsterdam, it’s in their afro basis and Dutch lifestyle that Daily Paper drew such refined inspiration, fully recognized worldwide as they just launched their second piece in collaboration with Colette, “Paris est magique”. From Ghana to Somalia and Morocco, the Masai shield brand creators’ origins will certainly continue to spur conversations. We had the chance to spend some time with Jefferson Osei, one of the three bosses, to shed some light on a few dark areas for us.

Jacker / Peux-tu te présenter brièvement ?

Daily Paper / My name is Jefferson Osei, I’m 27 years old and I represent Daily Paper from Amsterdam. Daily Paper first started as a lifestyle blog in Amsterdam, in 2008. In the collective, we had a huge group of friends from the city, living a certain lifestyle. So the blog was about our collective, and we were blogging about our lifestyle, events that we were organizing, sports, music and fashion. In 2008, in the first year, we had a lot of following and in 2009 more and more. Then we wanted to promote the blog. First time, we created t-shirts for family and friends. From there on, there was a huuuuuuge demand. So, in 2010, we said “ok, let’s start a clothing line, a brand out of Daily Paper”. We stopped merchandising, we started real clothing, and we registered the company. And within two years, some other people from the collective did their own things. Our main aesthetic, our main brand identity is implementing african heritage and current cultures into modern european.

Jacker / Can you briefly present yourself?

Daily Paper / Je m’appelle Jefferson Osei, j’ai 27 ans, et je représente Daily Paper à Amsterdam. Daily Paper a commencé à Amsterdam en 2008, en tant que blog lifestyle. Dans le collectif, on avait un énorme groupe d’amis venant de la ville qui vivaient un certain lifestyle. Le blog portait donc sur notre collectif, et nous y parlions de ce lifestyle, des événements que nous organisions, de sport, de musique et de mode. En 2008, durant la première année, nous avons gagné beaucoup de followers, et en 2009, encore davantage. On a donc voulu promouvoir le blog. Pour commencer, on a créé des t-shirts pour la famille ou les amis. A partir de là, il y a eu une énoooooorme demande, du coup on s’est dit en 2010 : “OK, lançons une ligne de vêtements, une marque Daily Paper”. On a arrêté le merchandising, on a commencé les vraies fringues, et on a déposé le nom de la société. Dans les deux années qui ont suivi, certaines personnes du collectif ont lancé leur propre truc. Notre esthétique principale, notre identité principale en tant que marque, c’est l’implantation dans l’Europe moderne de l’héritage africain et de ses cultures actuelles.

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J / Quelles ont été vos influences ?

J / What were your influences?

DP / On avait dès le départ un certain style, un rapport africain avec la mode. Quand on a lancé la marque en 2010, le marché entier n’avait d’yeux que pour le noir sur noir. On s’est dit : “Quel est le mieux à faire pour nous ? Comment se démarquer ?”. On a donc décidé qu’on devrait intégrer notre héritage culturel dans nos collections, et rester fidèles à nos origines. On a alors créé une marque authentique, pour nous et une audience spécifique. Tous les articles que l’on produit sont des articles que nous et notre audience pourrions porter, et les influences et inspirations principales viennent de toutes sortes de cultures africaines. Tous mes associés viennent d’Afrique : l’un est de Somalie, l’autre marocain, et je suis ghanéen. Mais ce n’est pas pour autant qu’on s’inspire seulement de ces pays. Nous nous inspirons de tout ce qui vient d’Afrique, y compris les cultures actuelles, comme la culture skate ou graffiti africaine. Notre objectif principal est d’offrir une meilleure perception de l’Afrique, car beaucoup de personnes la voient comme un pays pauvre où les possibilités sont limitées. On aime montrer que l’Afrique a plus à offrir.

DP / We had basically a certain style you know, an african affiliation with fashion. In 2010, when we started the brand, the whole market was on that black on black thing. And we said: “What is the best for us to do? How can we stand out of the whole market?”. And then we decided that we should implement our current heritage within the collection, stay true to where we come from. So, we created a brand that’s true to ourselves, and to a targeted audience. All the items that we make are items that we and our targeted audience can wear. And the main influences, the main inspiration is all kind of cultures within Africa. All my partners are from Africa. One is from Somalia, the other Morrocan and I’m Ghanean. But it doesn’t restrict us to think just on these countries. We are inspired with all things from Africa, including current cultures, for example skateboard culture, graffiti culture within Africa. Our main goal is to show a better perception of Africa, because some people they see Africa as a poor country or a country where there are not much possibilities. We like to show there is more out of Africa.

J / Quelle est votre stratégie de distribution avec la marque ?

J / What is your distribution strategy with the brand?

DP / Aujourd’hui Daily Paper est distribué dans plus de 25 pays dans de multiples boutiques, comme Colette, Inner, IT Hong Kong, Louisa Fisa Roma… des boutiques de tous types. Jusqu’à maintenant nous étions nos propres distributeurs, mais on est à une étape où l’on cherche les bonnes personnes pour étendre notre distribution à l’international, parce qu’il y a des limites à ce qu’on peut faire soi-même. Arrivé à un certain point, tu dois savoir utiliser l’expertise de quelqu’un d’autre pour développer ta marque et étendre ta distribution.

DP / Today Daily Paper is sold in more than 25 countries in multi brand stores. We got stores like Colette, Inner, IT Hong Kong, Louisa Fisa Roma, all kinds of different types of stores. Up to now, we have been dropping ourselves directly but we are now in a stage that we are looking for the right agents to extend our distribution worldwide, because you can only do to a certain amount yourself. When you come to a point, you have to use somebody else’s expertise in order to create more for your brand and expand the distribution.

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J / Où vois-tu la marque dans dix ans ?

J / How do you see the brand in ten years?

DP / Dans dix ans, il y aura quelques shops Daily Paper dans le monde. On a inauguré notre propre boutique à Amsterdam le 25 avril, et on pense déjà à en ouvrir une autre à Rotterdam, une autre ville des Pays-Bas. A partir de là, on s’étendra à d’autres villes dans le monde, comme Paris, Londres, New York, Tokyo… Et puis, dans les années à venir, on aimerait être considéré comme des pionniers dans notre secteur d’opération, et, encore une fois, changer la perception qu’ont les gens de l’Afrique.

DP / In ten years, Daily Paper will have a few flagship stores as we opened our own store in Amsterdam on 25th of April. We are already thinking of opening another one in a second city in the Netherlands, Rotterdam. And from there on, we will expand it to other cities in the world. For example Paris, London, New York, Tokyo. And then, within these years, we would like to be considered as a niche pioneer within the market we operate. And again, change the perception of Africa. J / A last word to our readers?

J / Un dernier mot pour nos lecteurs ?

DP / Thank you for your support. You’ll hear plenty of more come from Daily Paper in your future, just keep an eye on us and keep believing in what you want to do, ‘cause what we do is not that special. Everybody can do it, you just have to do it. Stay true to yourself and incorporate that to everything you do in life.

DP / Merci pour votre soutien. Vous allez encore beaucoup entendre parler de Daily Paper dans le futur, gardez un œil sur nous et continuez à croire en ce que vous voulez faire, parce que ce qu’on fait n’a rien de spécial. Tout le monde peut le faire, il vous suffit de le faire. Restez fidèle à vous-même et incorporez ça dans tout ce que vous faîtes dans la vie.

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Event

JACKER TATTOO DAY Texte : AUrélien COURBON - Photos : AUDREY Lançon & clement portal

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e moins que l’on puisse dire, c’est que la première édition du Jacker Tattoo Day a été un franc succès. Près de 400 personnes selon les autorités, un million selon les organisateurs, se sont rassemblées autour du Jacker Workshop le 16 juillet dernier, pour une journée où le Tattoo et le Hip Hop ne faisaient plus qu’un. Les studios de tattoo montpelliérains Stencil Draws et Runthings Tattoo ont investi nos locaux pour proposer des flashs inspirés du magazine, et nos meilleurs logos étaient également disponibles, prêts à marquer d’une trace indélébile l’épiderme de certains chanceux. Dans la rue, c’était le Hip Hop qui était à l’honneur. Après un Open Mic de furieux et une après-midi rythmée par l’incontournable Montpelliérain Dj Rolxx, c’est le groupe Le Traitement qui été chargé d’ouvrir les hostilités, puis 3Ali suivi des potos du Emtooci, aka Tekilla et Lost, qui ont fait plus que le taff comme à leur habitude. La nuit tombée, c’est Nedoua qui est venu emflammer la rue du Courreau pour la sortie de son projet “Fuck That”, accompagné de Melan, Segä, Lacraps et la jeune rappeuse Starline, pour une block party mémorable ponctuée de quelques pogos dont le caisson de retours se souvient encore. Une chose est sûre, on remettra ça, et même si de toute évidence les flics et le voisinage n’étaient pas préparés, on n’est pas du genre à se laisser impressionner par ce genre de détails.

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he least we could say about our first Jacker Tattoo Day is that it was a massive success. Around 400 people according to local authorities (a million according to the organisers) came to the Jacker Workshop on the 16th of July for a day where Hip Hop and Tattoo walked side by side. The tattoo studios from Stencil Draws and Runthings Tattoo converted our offices into a tattooing saloon with flash tattoos inspired from the magazine and brand. An indelible mark of our best logos and designs went under the skin of the luckiest ones. In front of our shop, the afternoon ambiance was an out-of-the-ordinary open mic and an i-dont-know-how-many-hours long dj set by the untouchable Dj Rolxx. It was then Le Traitement that opened up the concert followed by Emtooci a.k.a Tekilla and Lost which as usual, did way above their job. Once the sun went down, it was Nedoua who took over the mic and earthquaked the neighborhood with his brand new album “Fuck That” with Melan, Lacraps and the young female rapper Starline. A memorable block party where few mash pits may have damaged some. One thing is for sure, we will do it again. Even if cops and neighbours weren’t ready for this, we are not the kind to be impressed by this sort of details.

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LES TAtoueurs CHAVI & MICKA - STENCIL DRAWS TATTOO Situé en périphérie de Montpellier à Castelnau-le-Lez, Stencil Draws est un salon de tatouage et piercing dirigé par Micka, passionné et professionnel depuis plusieurs années. Il est accompagné par Chavi, la touche féminine du studio. Spécialisés dans plusieurs styles come le freehand, le lettering, le graphique ou encore le réalisme, ils sillonnent ensemble la plupart des conventions françaises et européennes. Situated on the suburbs of Montpellier (Castelnau-le-Lez), Stencil Draws is a tattoo and piercing studio directed by a passionated and professional who goes by the name of Micka. He’s helped by Chavi, the feminine touch of the studio. They are specialized in many styles such as freehand, graphic, lettering or even realism. They attend together most french and european tattoo conventions.

ipno - RUNTHINGS TATTOO Situé à pas moins de quatre pas du shop Jacker, Runthings Tattoo est la partie tatouage du graffiti shop de notre pote Louis. Ipno, issu de la culture graffitti, ornera votre peau de visuels cartoon et décalés. Un conseil, ne trainez pas autour de lui trop bourré, vous pourriez finir avec la tronche de notre project manager sur le cul (true story). Runthings tattoo is the studio situated at the Graffiti store of our friend Louis literally next to the Jacker Workshop. Ipno is a tattoo artist from the graffiti culture who is known for his absurd and cartoonesque style. Quick tip, do not hang around drunk around him, you could come out with our project manager’s face on your butt cheek (true story).

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High Culture

WEED AND GRAFFITI Texte : John Le NEUé - Photos : SENSI SEEDS

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ayne Roberts est l’un des artistes graffeurs les plus célèbres et influents à avoir émergé du riche vivier d’art urbain qu’était New York dans les années 70. Mais il était aussi un fervent amateur de cannabis. À la fin des années 60, Roberts tombe dans la weed et en fume jusqu’à 30 grammes par semaine. Sa consommation enthousiaste lui vaut le surnom de STAYHIGH.

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ayne Roberts is one of the most famous and influential graffiti artists to have emerged from the rich urban art pool of New York in the 70’s but he was also an avid cannabis smoker. In the late 60s, Roberts fell into a deep relationship with weed, smoking up to 30 grams per week. His enthusiastic consumption earned him the nickname STAYHIGH.

Travaillant comme messager à Wall Street à l’époque où Internet n’existait pas et que les messages et communiqués importants devaient être acheminés physiquement, Roberts passe ses journées à sillonner l’immensité du réseau de métro. C’est à bord du métro qu’il découvre les pionniers du monde naissant de l’art urbain : PRAY, TAKI 183 et JOE 182. Il trouve alors dans ces blazes une source d’inspiration, et ne tarde pas à se lancer lui-aussi. En 1971, il transforme son surnom en tag, qu’il répand dans son quartier du Bronx. L’année suivante, il ajoute à sa signature son numéro de rue (suivant la tradition naissante des graffeurs) : le mythique STAYHIGH 149 était né. Enfin, Roberts ajoute la touche finale de ce qui allait devenir l’un des tags les plus célèbres au monde : un bonhomme allumette (inspiré du logo de la populaire série télévisée américaine de l’époque, The Saint), en train de fumer un spliff. En taguant absolument partout, sa réputation explose, et STAYHIGH 149 devient une référence dans le monde de l’art urbain.

Working as a messenger on Wall Street at the time when the Internet did not exist, when important messages and press releases had to be physically sent, Roberts spent his days crisscrossing the vast metro system. It was on board the subway one day that he discovered the pioneers of the emerging world of urban art: PRAY, TAKI 183 and JOE 182. Within those tags he found inspiration, and soon thereafter he joined the movement. In 1971, he transformed his nickname STAYHIGH into his alias and attacked his neighborhood in the Bronx. The next year, he added his street number to his tag (following the nascent tradition of graffiti artists): therein the mythical STAYHIGH 149 was born. Finally, Roberts adds the finishing touch to what would become one of the most popular tags in the world: a matchstick man smoking a spliff (inspired by the logo of the popular American television series of the time, The Saint). By tagging everywhere and anywhere, his reputation exploded, and STAYHIGH 149 became a reference in the world of urban art.

Mais STAYHIGH n’a pas été le seul artiste influencé par sa consommation, loin de là. Nombre de graffeurs et street artistes en tout genre incorporent eux-aussi à leurs créations des références plus ou moins explicite au cannabis, et ce depuis longtemps.

But STAYHIGH was not the only artist influenced by the consumption of weed, far from it. A number of graffiti and street artists of all kinds incorporate cannabis references within their creations. With this special bond shared between cannabis and urban art, Sensi Seeds wanted to further explore this connection, and a few months ago they decided to launch a contest focused on the mixture of these two cultures. Thus, the Sensi Seeds Cannabis Art Contest was born with the intention to honor the connection between cannabis and art. A noble mission.

Dans cette idée que le cannabis et l’art urbain partagent un lien particulier, Sensi Seeds a voulu explorer davantage la question, et a décidé de lancer il y a quelques mois un concours axé sur le mélange de ces deux cultures. Ainsi est né le Sensi Seeds Cannabis Art Contest, qui avait pour but de rendre hommage au lien qui unit le cannabis à l’art. Noble mission.

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1er prix : Smoka BBQ

3eme prix : Riot 1394

2eme prix : Nasca

Ses Uno

Participating was simple. One simply had to send a photo mixing art and cannabis using the hashtag #sensiseedsart on Instagram, Twitter, Facebook or the official Sensi Seeds page.

Pour participer, rien de plus simple. Il suffisait d’envoyer une photo de son œuvre mélangeant art et cannabis en utilisant le hashtag #sensiseedsart sur Instagram, Twitter, ou la page Facebook officielle de Sensi Seeds.

This initiative was a tremendous success; Sensi Seeds managed to attract friends and creative supporters from a variety of fields. The selection of finalists was difficult to decide on with all the talent, originality and diversity of mediums used by over 275 participants! The three winners were finally announced: From the top to bottom of the podium the winners were Smoka BBQ, Nasca and Riot 1394, who were able to share seeds, clothing and accessories Sensi Seeds. Smoka BBQ even won a flight for two from Amsterdam, accommodation included!

Et on peut dire que cette initiative a rencontré un franc succès, Sensi Seeds ayant su s’attirer des amis et supporteurs créatifs issus d’une diversité de domaines. La sélection des finalistes a été des plus difficiles face au talent, à l’originalité et à la diversité des médiums exploités par plus de 275 participants, rien que ça ! Les trois gagnants ont finalement été annoncés : du haut vers le bas du podium, on retrouve Smoka BBQ, Nasca et Riot 1394, qui ont pu se partager graines, vêtements et accessoires Sensi Seeds. Smoka BBQ a même remporté un vol pour deux vers Amsterdam, logement inclus. De quoi se mettre plutôt bien.

Always fighting to defend the interests of consumers of cannabis and highlight all the benefits of this consumption, directly and indirectly, Sensi Seeds was able, via Cannabis Art Contest, to demonstrate the creativity cannabis enthusiasts are capable of. The cannabis community proved its capability of creativity with this contest and we eagerly await the next one! So stay on the lookout on all Sensi Seeds accounts for upcoming information on the next contest! Don’t miss out!

Ayant toujours cherché à défendre les intérêts des consommateurs de cannabis et à mettre en avant tout les bienfaits de cette consommation, Sensi Seeds a su via le Cannabis Art Contest démontrer la créativité dont les enthousiastes du cannabis sont capables. La communauté Sensi a fait ses preuves, et on ne peut qu’espérer en voir davantage. Alors restez à l’affut sur les réseaux Sensi Seeds pour ne pas rater le prochain concours !

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- Cayler & Sons -

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- New Era -

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- Electric -

- Cheapo -

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- Von Zipper -

- Smith -

- Cheapo-

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- Cayler & Sons -

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- Stüssy X Porter -

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- Fjäll Räven -

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- Tealer -

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- ZRC -

Disponible dans les boutiques Citadium


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- Itstick -

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- Tealer -

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