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Crise des matières premières : sortir plus grand de la situation.

Cette année 2021 aura été synonyme de défis jamais vu pour la filière vinicole et spiritueux, de part la fermeture des frontières touristiques et des commerces non essentiels tels que les bars et restaurants. A cela s’ajoute des conditions météorologiques compliquées pour le vignoble ayant entrainées de nombreuses pertes, donc une production mondiale historiquement basse.

Notre filière est également touchée de plein fouet par l’envolée des coûts des matières premières, qu’il s’agisse ici des fruits utilisés pour la production de certains spiritueux ou des composants de l’emballage des produits : c’est toute l’industrie qui est ici impactée.

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Pour aborder plus en détails ce thème, Monsieur Chang Sheng Wu, Directeur des achats pour le groupe Amcor, nous partage sa vision.

Selon vous, quels sont les principaux challenges pour l'industrie de l'emballage actuellement ? Comment se matérialisent-ils ?

D’abord, il convient de souligner que nous sommes face à une situation tout à fait inédite : en 25 ans de carrière, je n’avais jamais rien vu de semblable !

Partout, de multiples ruptures d’approvisionnement surviennent, entrainant avec elles une flambée des coûts indirects des matières premières. Ainsi, de Janvier à Avril 2021, nous avons dû faire face à de nombreux cas de forces majeures dans le monde, impactant l’industrie du packaging.

La première cause de force majeure concerne notamment l’Europe, où des défaillances techniques sont survenues sur les lignes des sites de production de nos fournisseurs, limitant ainsi l’approvisionnement de nos sites.

Un second type de cause de force majeure concerne quant à lui les conditions météorologiques extrêmes survenues aux Etats-Unis. De nombreuses entreprises pétrochimiques implantées au Texas, dont les infrastructures n’étaient pas équipées pour faire face à de telles conditions, ont dû fermer partiellement, entrainant ainsi des pénuries mondiales.

Ces causes de forces majeures ont un impact direct sur les matières premières que nous achetons, la production de plastique, résines et autres films.

Et concernant l'aluminium ?

L’ aluminium, composant important des capsules pour les vins et spiritueux n’échappe pas à la crise lui non plus! De nombreux facteurs expliquent cela.

La crise de la Covid-19 a entrainé de profonds changements dans les habitudes de consommation. Par exemple, davantage d’usagers se tournent désormais vers des voitures électriques, qui utilisent des batteries fabriquées à partir d’aluminium. L’industrie du bâtiment, grande consommatrice d’aluminium, a elle aussi vu sa demande exploser. Enfin, lors des différents confinements, la demande domestique s’est accrue elle aussi.

Le deuxième facteur est géopolitique : afin de contrer une concurrence jugée déloyale, la Commission Européenne a adopté de nouvelles mesures anti-dumping sur l’aluminium venu de Chine, entrainant des complications pour le bon fonctionnement d’une production sous capacitaire en Europe.

Ces raisons, mises bout à bout, expliquent donc pourquoi l’emballage est si touché par cette crise : un marché extrêmement volatile couplé d’une incapacité générale à faire face à la demande.

Vous avez également évoqué des "effets indirects" causés par la COVID-19 : quels sont-ils ?

La Covid-19 a en effet entrainé d’autres répercussions indirectes.

Par exemple, lors des différents confinements, la part des ventes en ligne a connu une forte croissance. Ainsi, le fret maritime a été réquisitionné pour faire face à cette demande et approvisionner les ménages. En tant que fournisseur, peu de place nous a été allouée sur ces lignes maritimes, représentant notre canal de transport privilégié. Par ailleurs, face à la demande accrue, le prix de ce flux de transport a quadruplé. Ce déséquilibre de l’offre et de la demande provoque ainsi une inflation touchant toute l’industrie, y compris l’aluminium.

Comment Amcor, en tant que groupe, fait-il face à tout ceci ?

Il convient de rappeler que le groupe Amcor n’est pas le seul à faire face à de tels problèmes. On parle ici de difficultés touchant toute l’industrie, à une échelle encore jamais vue. Amcor, en tant que groupe international leader du packaging s’évertue à actionner les leviers en sa possession pour limiter l’impact de cette crise.

Face à la situation, nous souhaitons avant tout assurer la satisfaction de nos clients. Notre groupe est notamment fournisseur d’emballage de produits pharmaceutiques et alimentaires, il est donc primordial pour nous de les servir !

Pour moi, cet état d’esprit fait partie de l’ADN d’Amcor : nous ne nous laissons pas porter par les flux de marché, mais bien par notre envie d’aider nos clients.

Concrètement, comment cela se traduit-il ?

Tout d’abord, nous avons la chance d’être l’un des fabricants d’emballages les plus présents de l’industrie. De ce fait, nous entretenons des relations historiques avec nos fournisseurs comme avec nos clients, qui ont conscience que nous faisons notre possible pour satisfaire leurs demandes.

Lorsque nous le pouvons, nous travaillons en partenariat avec nos fournisseurs au développement de nouveaux matériaux. Ainsi, nos équipes R&D (Recherche et Développement) et nos usines travaillent conjointement afin de trouver des alternatives aux matériaux de packaging existants.

Quelles sont pour vous les perspectives d'évolution de cette crise ?

Je ne peux malheureusement pas prévoir le futur. Toutefois, la pandémie de la COVID-19 n’étant pas encore derrière nous, le marché devrait rester très volatile et tendu, que ce soit sur l’aluminium, l’énergie ou les transports. Selon moi, le e-commerce va poursuivre son essor et des mutations dans le comportement des consommateurs vont également continuer d’opérer.

Oui, les temps qui s’annoncent sont malheureusement incertains, mais j’ai espoir que nous puissions traverser cette crise tous ensemble.

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