Tina Modotti. Photographie, liberté et révolution

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Tina Modotti Assunta Adelaide Luigia Saltarini Modotti, dite Tina Modotti, naquit à Udine le 16 août 1896. L’année suivante, son père trouve du travail en Autriche, à Klagenfurt, en qualité de mécanicien réparateur de vélos. Trois mois plus tard, sa famille le rejoigne. Peu d’année après la famille regagne le Frioul, tandis que le père de Tina part pour les États-Unis. La famille étant très pauvre et nombreuse, Tina doit, en dépit de sa réussite scolaire, interrompre ses études en 1908. Elle travaille d’abord dans une filature puis dans un atelier de tissage de la soie. En 1911, sa sœur Mercedes rejoint son père à San Francisco ; puis ce sera au tour de Tina en 1913. Arrivée en Californie, Tina travaille dans une fabrique de chemises pour homme ; puis, jusqu’en 1921-1922, elle œuvre en qualité de modiste dans une chapellerie et travaille dans une boutique de vêtements (c’est ce qu’elle écrit dans un formulaire rempli à Moscou en 1932). En 1917, elle devient la compagne du peintre et poète Roubaix de l’Abrie Richey, dit Robo ; elle se produit avec succès dans les théâtres de Little Italy et interprète trois films à Hollywood. Robo l’introduit dans les cercles intellectuels de Los Angeles où elle fait la connaissance d’Edward Weston dont elle devient la disciple, la muse et la maîtresse. En ce qui concerne les années mexicaines, nous en mentionneront que les étapes principales. Après une première visite en 1922, et suite à la mort brutale de Robo fauché par la variole, Tina retourne au Mexique durant l’été 1923, mais cette fois en compagnie de Weston et de l’un des fils de ce dernier (Chandler), à condition que, en échange de son aide au studio, son mentor l’aide à apprendre l’art de la photographie. De fait, quelques mois plus tard, Weston et Tina exposent leurs travaux au Palacio de Minería de Mexico, et remportent un prix. Ils entament en outre une collaboration avec la revue « Mexican Folkways ». Tina rencontre les muralistes Diego Rivera, Alfaro Siqueiros, Josè Clemente Orozco ; quelques années plus tard, elle sera d’ailleurs chargée de photographier leurs peintures murales. Au début du mois de juin 1926, elle part en voyage avec Edward et Brett Weston pour un périple de plusieurs semaines dans les régions de Puebla et d’Oaxaca, réalisant de très nombreux clichés d’art et d’architecture populaire dont quatre cents illustrent le livre d’Anita Brenner Idols Behind Altars publié en 1929. Après le départ définitif de Weston en cette même année, Tina s’engage toujours davantage dans la vie politique et sociale;

elle s’inscrit au Parti Communiste Mexicain et collabore avec différents journaux et revues: « El Machete », « New Masses », « Creative Art », « Forma ». Vers la fin de l’année 1928, elle fait la rencontre de Julio Antonio Mella, un jeune révolutionnaire cubain avec lequel elle noue une liaison sentimentale. Un amour intense, mais de courte durée : le 10 janvier 1929, Mella est assassiné tandis qu’il se promène avec Tina, qui est accusée, puis disculpée, de complicité de meurtre. Tina fait la connaissance de la peintre Frida Kahlo qui est devenue entretemps la femme de Diego Rivera. En 1929, elle entreprend un voyage dans l’isthme de Tehuantepec où elle photographie surtout les femmes et les enfants de la région. Le 3 décembre, s’ouvre une rétrospective de ses œuvres dans les salles de la Bibliothèque nationale. À cette occasion, David Alfaro Siqueiros fait une conférence intitulée « Première exposition de photographie révolutionnaire au Mexique ». Le 5 février 1930, injustement accusée d’avoir comploté contre le président de la République Pascual Ortiz Rubio, elle est arrêtée et expulsée du Mexique quelques jours plus tard. En 1930, après avoir séjourné six mois à Berlin, elle poursuit sa route jusqu’à Moscou où réside déjà Vittorio Vidali, une vieille connaissance mexicaine qui sera son dernier compagnon. À Moscou, elle traduit des articles pour « Internationalni Majak », l’organe du Secours Rouge International et fournit des photographies à « Puti Mopra ». Elle commencera aussi à voyager clandestinement en Europe. En 1933, elle est à Paris avec Vidali pour organiser le Centre du Secours Rouge. En 1936, elle se rend en Espagne durant la Guerre civile et s’enrôle sous le nom de « Maria » dans le cinquième régiment commandé par Carlos J. Contreras, alias Vittorio Vidali. Tina travaille au Secours Rouge Espagnol ; elle collabore à l’aide sanitaire aux côtés du médecin canadien Norman Bethune ; et elle écrit des articles pour « Ayuda ». Après la chute de Barcelone en 1939, Tina se réfugie en France et, sur les conseils d’Elena Stasova, la secrétaire du Secours rouge, elle décide de ne pas regagner l’Union soviétique. Après avoir tenté de rentrer aux États-Unis, elle s’installe avec Vidali à Mexico. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1942, Tina meurt dans un taxi après avoir passé la soirée chez l’architecte Hannes Meyer, autrefois directeur du Bauhaus. Gianfranco Ellero

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