Pulsations janvier-mars 2024

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Pulsations

Mieux­vivre

Les bonnes résolutions

DOSSIER

MEA Organe

L’œil

L’hôpital autrement


6 –10 mars 2024

En savoir plus :

salondulivre.ch


Pulsations Janvier - Mars 2024

Sommaire Actualité 04 Risque d’ostéoporose lors de diabète 06 Sclérodermie : favoriser la recherche 07 Prise en charge du stress posttraumatique

30 12 Reportage Rencontre Pr Antoine Geissbuhler : Stimuler les personnes cérébrolésées

« Redonner du sens aux métiers de la santé »

34 L’infographie La constipation

24 L’organe L’œil

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10 Prévenir les rechutes en cas de leucémie

26 Le portrait Pr François Chappuis, une carrière alliant médecine et voyages

11 Tout savoir sur les médicaments

28 Labels de qualité Un gage d’excellence

40 Junior L’anorexie

42 Mieux­vivre 36 Faut-il prendre des résolutions en début Témoignage Césarienne participative d’année ?

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08 Opération : un marathon qui se prépare

38 Agressions sexuelles Vers qui se tourner aux HUG ?

44 Vrai­faux 36

14 DOSSIER MEA

L’hôpital autrement

La douleur

45 Agenda Brèves 48 Livres & Web Pour en savoir plus

IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Frédérique Tissandier Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug.ch/ pulsations-magazine. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 39 200 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696, ISSN 2813-5385 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: Adobestock, Gettyimages, David Nicolas Righetti | Lundi 13 Crédits sommaire : Fred Merz | Lundi 13, Audrey Flornoy, Gettyimages, Hervé Annen

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Pulsations

Agressions sexuelles, la parole soigne

proches et à une aide spécialisée.

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E d i t o r i a l

À l’image de la consultation TraumaCare en psychiatrie de liaison (lire en page 7) et des urgences gynécologiques des HUG, dont le personnel « Pourquoi ne pas en offre un accueil et une avoir parlé plus tôt ? » écoute sans jugement Le reproche est aussi ainsi qu’une prise en fréquent qu’injuste. Et la charge confidentielle question révélatrice des et respectueuse (lire multiples obstacles qui en pages 38 et 39). Le empêchent un grand principe du consentenombre de victimes de ment y est au centre raconter leur agression de l’accompagnement sexuelle, et encore médico-soignant. Pas plus de porter plainte. d’examen, ni même de Les principaux freins ? constat d’agression Sentiment de honte, sexuelle, sans lui. La déni, stigmatisation, demande d’autorisasituation irrégulière, peur tion est renouvelée Suzy Soumaille Rédactrice en chef de ne pas être crédible, à chaque étape de la amnésie traumatique, prise en charge. Une lourdeur de la justice ou encore manière pour la victime de reprendre peines peu dissuasives. le contrôle en décidant ce qui est juste pour elle. Pourtant, parler à une personne de confiance, professionnelle ou non De plus, il reste une trace utile de tous et le plus tôt possible, est essentiel les éléments recueillis lors des consulpour entamer le travail de reconstations, comme c’est le cas pour les truction. Le silence isole, dévaloautres personnes ou instances contacrise et abîme la vie durablement. tées par la victime. Ils constituent À l’inverse, la parole valide ce qui a autant de preuves qui serviront plus été subi. Elle soigne aussi en donnant tard à un éventuel dépôt de plainte. accès à la victime au soutien de ses Quand le temps judiciaire sera venu. 


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Par Clémence Lamirand Illustration Melinda Beck

Janvier - Mars 2024

A c t u a l i t é

Diabète et santé osseuse, une liaison dangereuse

Le Service des maladies osseuses et celui d’endocrino­ logie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient ont créé une consultation commune. L’objectif : investiguer et traiter la fragilité osseuse des personnes suivies pour un diabète.

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Actualité

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es études l’affirment : le diabète, maladie caractérisée par un taux trop élevé de sucres dans le sang, abîme et fragilise les os. La présence de cette maladie, en perturbant le métabolisme osseux, avancerait de dix ans la survenue d’une fracture liée à l’ostéoporose, maladie qui dégrade la qualité de l’os (lire encadré). Parallèlement, les traitements du diabète joueraient parfois un rôle dans l’apparition d’un problème osseux. « Depuis plus de dix ans, des données confirment le lien entre diabète et fragilité osseuse, mais la prise de conscience qu’il s’agit d’une complication du diabète ne s’est faite que récemment », estime le Pr Serge Ferrari, médecin-chef du Service des maladies osseuses.

Évaluer le risque C’est par la porte du Service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient que les personnes rejoignent la consultation dédiée à l’ostéoporose. « Elles sont présélectionnées suite à une consultation de diabétologie, parce qu’elles ont eu une fracture ou parce que leur risque d’en souffrir est élevé », décrit le Pr François Jornayvaz, médecin-chef de ce service. Un bilan est réalisé et un score de risque précis établi. Des investigations plus poussées sont également envisagées. Sélection avisée des médicaments

La discussion autour des traitements est la clé de voûte de cette consultation commune. D’un côté, une réflexion est menée sur les molécules qui aident à préserver l’os. « Il n’est pas possible de proposer n’importe

Cette consultation diabète-ostéoporose est pour le moment proposée en interne aux HUG, mais elle devrait rapidement s’ouvrir à la médecine de ville afin « d’optimiser la prise en charge du plus grand nombre de patients et de patientes possible », conclut le Pr Jornayvaz. 

Mêmes effets sur les os pour les deux types de diabète ? Diabète et ostéoporose sont intimement liés. Mais est-ce que l’effet sur l’os du diabète de type 1, présent dès le plus jeune âge et caractérisé par une production insuffisante d’insuline, est similaire à celui du diabète de type 2, maladie chronique qui se déclare en général à un âge plus avancé ? Différentes études suggèrent que vingt à trente années de diabète de type 1 multiplient le risque de fracture de la hanche par cinq par rapport aux personnes non diabétiques. En cas de diabète de type 2, l’augmentation du risque est moindre, mais il est tout de même deux fois plus élevé. Une différence entre les deux types de diabète qui pourrait être en partie expliquée par la durée de l’exposition de l’organisme et des os à un environnement sucré, mais aussi par les autres altérations spécifiques de ces deux types de diabète.

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Face à ces différents constats, deux services des HUG, ceux des maladies osseuses et d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient, ont décidé de travailler conjointement dans le cadre d’une consultation unique. « Il nous est apparu évident d’unir nos forces et de mettre nos compétences en commun pour une meilleure prise en charge transversale des patientes et patients diabétiques pouvant souffrir de problèmes osseux », souligne le Pr Ferrari.

quel traitement de l’ostéoporose en présence d’un diabète. La sélection doit se faire avec soin, en fonction de la personne suivie et de son niveau de remodelage osseux, ce qui nécessite une expertise particulière », explique le Pr Ferrari. De l’autre, l’impact du traitement antidiabétique sur les os doit être évalué, car certains antidiabétiques oraux, comme la metformine, ont montré un intérêt sur l’amélioration du risque de fracture, mais ils ne conviennent pas à toutes les personnes. « Nous devons trouver la bonne adéquation entre les deux prises en charge, le meilleur traitement contre le diabète et favorable à l’os, ce qui passe finalement par une médecine ultrapersonnalisée et individualisée », résume le Pr Jornayvaz.


Pulsations

Le Service de rhumatologie vient d’être reconnu centre d’expertise OrphaNet pour la prise en charge de la sclérodermie. Les explica­ tions du Dr Michele Iudici, médecin adjoint agrégé et spécialiste de cette maladie rare.

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a sclérodermie est une maladie rhumatismale inflammatoire rare, évolutive et handicapante. Le Service de rhumatologie des HUG vient d’être labellisé centre d’expertise pour sa prise en charge par OrphaNet, portail international pour l’information sur les maladies rares. « OrphaNet certifie ainsi notre expertise unique, cette reconnaissance permettant aussi de nous faire davantage connaître », se réjouit le Dr Michele Iudici, médecin adjoint agrégé.

Un travail de recherche nécessaire

Le Service de rhumatologie développe pour la sclérodermie une activité clinique, mais aussi de recherche. « Nos principaux intérêts sont l’utilisation des corticoïdes et l’étude des obstacles qui empêchent les personnes de participer à la recherche clinique », souligne le rhumatologue. En effet, rares sont celles rejoignant les études, ce qui n’aide pas la science à

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avancer. « Actuellement, un tiers des essais cliniques randomisés menés dans les connectivites sont abandonnés, faute de participants et participantes », regrette le Dr Iudici. La sclérodermie est une maladie appartenant à la famille des connectivites, qui regroupe différentes maladies auto-immunes du tissu conjonctif. Elle concernerait entre 1000 et 1200 personnes en Suisse, plutôt des femmes (seuls 15% d’hommes). Elle impacte la peau mais aussi, en fonction de son évolution, les poumons, le système digestif, le cœur, les vaisseaux sanguins ou encore les reins. Les symptômes fréquents sont un épaississement et un durcissement de la peau, surtout du visage et des doigts. Le syndrome de Raynaud, caractérisé par une mauvaise circulation du sang dans les mains, est souvent un des premiers signes de la sclérodermie. Le Dr Iudici a mis en place une consultation de capillaroscopie, examen indolore qui, à l’aide d’un microscope, met en évidence les lésions dans les petits vaisseaux. 

La date à retenir Le 29 février, c’est la Journée mondiale des maladies rares.

Crédit: Keystone – SDA

Par Clémence Lamirand

Janvier - Mars 2024

A c t u a l i t é

Favoriser la recherche sur la sclérodermie


Pulsations

Mieux prendre en charge le stress post-traumatique TraumaCare est une nouvelle consultation du Service de psychiatrie de liaison qui vient en aide aux personnes concernées par un accident, une agression ou un décès brutal.

Crédit: Shutterstock

Errance médicale La diversité des répercussions psychiques et somatiques est telle qu’il n’est pas toujours facile, pour le corps médical, de poser le diagnostic d’un trouble en lien avec l’épisode initial. Et cela d’autant plus que certaines personnes se tournent vers les drogues ou développent des complications secondaires susceptibles de cacher la source du problème. « Pour un grand nombre de personnes, il peut y avoir

Plus d’infos 022 372 48 70 contact.psychotrauma@hcuge.ch

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Ouverte en septembre dernier, TraumaCare, qui a bénéficié du soutien de la Fondation privée des HUG, aide les personnes référées par des médecins ou des psychologues de la ville ou de l’hôpital. « Cela peut être un ou une généraliste, mais aussi un ou une cardiologue ou gynécologue, par exemple. Tout médecin qui est confronté à une personne ayant développé des symptômes suite à un traumatisme peut l’adresser à cette consultation. Nous l’accompagnons sur une période de durée variable et adaptée à ses besoins, puis nous lui proposons de poursuivre sa thérapie dans le secteur privé si nécessaire », précise la Dre Benzakour. 

A c t u a l i t é

C

ertains événements traumatiques ont des répercussions importantes sur la qualité de vie. Troubles du sommeil, douleurs inexpliquées, problèmes de santé, faible estime de soi, problèmes relationnels, font partie des nombreux symptômes que les personnes touchées peuvent ressentir après avoir vécu un tel épisode. Le trouble de stress post-traumatique est l’une des formes cliniques durables, parmi d’autres, consécutives à l’exposition à un trauma. Ce trouble est sournois car il peut se déclencher bien après les faits et durer des mois, voire des années. Il se traduit par des flash-backs, des cauchemars en lien avec l’événement, un sentiment de menace, une altération de l’humeur, des comportements d’évitement pour ne pas « revivre » le traumatisme.

Par Yseult Théraulaz

une longue errance diagnostique, car le trauma est ancien et les médecins ne le repèrent pas forcément. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons créé TraumaCare. Cette consultation est menée par des psychologues et psychiatres au bénéfice d’une formation spécifique. Les personnes expriment beaucoup de choses à travers leur corps. Notre approche ne se restreint pas aux aspects strictement psychologiques et intègre la prise en compte et le traitement des symptômes physiques », explique la Dre Lamyae Benzakour, responsable de l’Unité de psychiatrie de liaison et de la Consultation de psychotraumatologie. Dans le futur, la consultation souhaite intégrer des physiothérapeutes et des psychomotriciens et psychomotriciennes pour une prise en charge plus globale.


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Par Clémence Lamirand Illustration Popy Matigot

Janvier - Mars 2024

A c t u a l i t é

Opération : un marathon qui se prépare La réhabilitation améliorée en chirurgie (RAC), programme intra­hospitalier, et sa décli­ naison en ville, RAC­Réseau, misent sur le travail multidisci­ plinaire et l’accompagnement pour préparer au mieux les personnes et faciliter leur retour à domicile. ggramme gramme ramme intra-hospitalier intra-hospitalier met met la la personne personne soignée soignée au au centre centre du du processus. processus. ConcrèteConcrètement, ment, celle-ci celle-ci rencontre rencontre en en amont amont le le ou ou la la chirurgienne chirurgienne qui qui va va l’opérer, l’opérer, l’anesthésiste l’anesthésiste qui qui va va intervenir intervenir et et l’infirmier l’infirmier ou ou infirmière infirmière qui qui sera sera son son ou ou sa sa référente. référente. ««Lors Lors de de la la première première rencontre, rencontre, nous nous reprenons reprenons les les informations informations médicales médicales déjà déjà reçues, reçues, puis puis nous nous faisons faisons un un bilan. bilan. Nous Nous évaluons évaluons la la fragilité fragilité de de la la personne personne et et ses ses besoins besoins spécispécifiques. fiques. Nous Nous parlons parlons nutrition, nutrition, allergies, allergies, douleur, douleur, activité activité physique… physique… Je Je compare compare souvent souvent l’opération l’opération àà un un marathon marathon:: les les deux deux nécessitent nécessitent entraînement entraînement et et préparapréparation tion», », résume résume Nathalie Nathalie Massé, Massé, infirmière infirmière RAC RAC aux aux HUG. HUG.

L

aa RAC, RAC, pour pour réhabilitation réhabilitation amélioaméliorée rée en en chirurgie, chirurgie, c’est c’est tout tout une une équipe équipe soignante soignante qui qui fonctionne fonctionne ensemble ensemble afin afin d’améliorer d’améliorer la la prise prise en en charge charge et et lele parcours parcours de de soins soins d’un d’un ou ou d’une d’une patiente, patiente, avant, avant, pendant pendant et et après après une une opération opération chirurgicale. chirurgicale. Ce Ce pro pro-

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Le Le temps temps avant avant l’opération l’opération est est utilisé utilisé au au mieux, mieux, par par exemple exemple pour pour faire faire des des exercices exercices adaptés adaptés ou ou rencontrer rencontrer un un ou ou une une nutritionnutritionniste. niste. ««Les Les jours jours précédant précédant l’intervention l’intervention sont sont déterminants déterminants pour pour améliorer, améliorer, par par la la suite, suite, l’état l’état de de santé santé des des personnes personnes», », sousouligne ligne Béatrice Béatrice Konrad, Konrad, cheffe cheffe de de projet projet du du programme programme RAC. RAC. Dès Dès la la fin fin de de la la consulta consulta-


Actualité

Par ailleurs, le programme RAC est déjà proposé pour d’autres organes de la chirurgie viscérale (foie, pancréas, œsophage) et l’objectif est de le décliner à d’autres spécialités, en urologie par exemple. 

Effi Efficace cace et et économe économe Ce Ce programme programme aa permis permis de de réduire réduire la la durée durée des des séjours séjours hospitaliers, hospitaliers, mais mais aussi aussi le le nombre nombre de de complications, complications, tout tout en en amélioaméliorant rant la la qualité qualité de de vie vie et et la la satisfaction satisfaction des des patients patients et et patientes. patientes. Des Des résultats résultats qui qui ont ont incité incité àà le le développer. développer. C’est C’est ainsi ainsi qu’est qu’est né né le le projet projet RAC-Réseau RAC-Réseau genevois, genevois, qui qui offre offre lui lui aussi aussi une une prise prise en en charge charge personnalisée personnalisée et et adaptée, adaptée, avant avant et et après après une une intervention, intervention, mais mais cette cette fois-ci fois-ci par par des des professionnels professionnels ou ou professionnelles professionnelles en en ville ville:: médecins médecins traitants traitants ou ou traitantes, traitantes, physiothérapeutes, physiothérapeutes, services services de de soins soins et et maintien maintien àà domicile… domicile… Une Une coordicoordination nation élargie élargie qui, qui, là là encore, encore, est est bénéfique bénéfique pour pour la la personne, personne, mais mais aussi aussi pour pour les les fifinances. nances. ««Une Une étude étude de de retour retour sur sur investisinvestissement sement conduite conduite dans dans le le cadre cadre du du projet projet RAC-Réseau RAC-Réseau mené mené par par l’imad l’imad et et les les HUG HUG laisse laisse présager présager une une économie économie de de plusieurs plusieurs milliers milliers de de francs francs par par personne personne suivie suivie», », confirme confirme Béatrice Béatrice Konrad. Konrad. Un Un concept concept àà développer développer

Les Les programmes programmes RAC RAC et et RAC-Réseau RAC-Réseau sont sont pour pour le le moment moment proposés proposés dans dans le le cadre cadre de de trois trois chirurgies chirurgies:: colorectale, colorectale, pose pose de de proprothèse thèse de de hanche hanche et et résection résection pulmonaire. pulmonaire.

« La réussite de mon opération est liée à ma bonne préparation » « L’annonce de mon opération du poumon a généré chez moi un fort stress, raconte Sylvie*, 61 ans. J’ai rencontré le chirurgien qui m’a expliqué le déroulement de l’intervention, puis l’anesthésiste. L’infirmière RAC Nathalie Massé a insisté sur le fait que je devais être partie prenante dans les événements à venir et que je devais me préparer. Cela m’a motivée. J’ai fait tous les exercices conseillés. J’ai réussi à avoir une forme physique que je n’avais plus eue depuis bien longtemps ! Et j’ai conservé un poids convenable. Grâce à ce travail d’accompagnement, j’étais bien physiquement et mentalement. Je suis persuadée que la réussite de l’opération est en partie liée à ma bonne préparation. Après l’intervention, Nathalie Massé est passée me voir pour prendre des nouvelles. Mais elle n’a pas omis de me rappeler l’importance des exercices, y compris en postopératoire ! »

* Prénom d’emprunt.

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tion tion avec avec l’équipe l’équipe infirmière, infirmière, la la personne personne est est incitée incitée àà envisager envisager son son retour retour àà domidomicile. cile. Des Des rendez-vous rendez-vous avec avec des des ergothéraergothérapeutes peutes ou ou des des physiothérapeutes physiothérapeutes peuvent peuvent alors alors être être agendés. agendés. ««Le Le but but de de la la RAC RAC est est finalement finalement de de créer créer autour autour de de la la personne personne qui qui va va se se faire faire opérer opérer tout tout un un réseau réseau capable capable de de répondre répondre àà ses ses besoins besoins», », résume résume le le Dr Dr Benoît Benoît Bédat, Bédat, chirurgien chirurgien thoracique thoracique intervention intervention RAC RAC du du poumon. poumon.


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La prévention des rechutes est au centre de la lutte contre le cancer. Grâce à une technologie de pointe disponible aux HUG, il est possible de détecter des cellules cancéreuses microscopiques, afin de diagnostiquer précocement les récidives. Par Anne-Marie Trabichet

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A c t u a l i t é

Leucémies : mieux détecter les rechutes

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orsqu’un cancer survient, le moment de sa détection, sa gravité et la réponse au traitement sont déterminants pour mettre la maladie sous contrôle et parvenir à une rémission. « Le cancer se soigne beaucoup mieux qu’avant. Mais il se guérit rarement complètement. Le cancer peut devenir une maladie chronique avec des risques de récidives jusqu’à cinq ou dix ans plus tard », explique la Pre Laura Rubbia-Brandt, médecincheffe du Service de pathologie clinique. Il est donc primordial de surveiller ce que nous appelons la maladie résiduelle, c’està-dire des cellules tumorales qui restent présentes dans le corps et peuvent déclencher une récidive. La cytométrie de flux est une technique diagnostique utilisée pour déceler des cellules leucémiques dans

un petit volume de sang, en les colorant avec des anticorps spécifiques. Il s’agit d’une technique peu invasive, mais qui nécessite un équipement très complexe. « Nous avons la chance aux HUG de disposer d’une plateforme de cytométrie de flux équipée avec les dernières technologies, très performante et très sensible. De plus, nous bénéficions d’une grande expertise pour interpréter les résultats en associant des biologistes à des médecins », explique la cheffe de service. Lorsque la maladie résiduelle détectée est inférieure à un seuil défini, il s’agit alors d’une rémission. « On survit mieux au cancer grâce à la détection précoce, aux meilleurs traitements, mais aussi au suivi diagnostique. C’est toute une chaîne pour améliorer la survie et la qualité de vie des personnes. »  10

Cancer liquide ou solide ? La cytométrie de flux nécessite des cellules dans un milieu liquide, raison pour laquelle elle est appliquée à la leucémie (ou cancer du sang), qui est un cancer dit « liquide ». Mais le principe de maladie résiduelle est le même pour tous les cancers, y compris les cancers dits « solides », comme ceux du poumon ou du sein. « La recherche scientifique étudie actuellement les possibilités d’utiliser cette méthode pour d’autres cancers. Par exemple, on pourrait détecter une tumeur maligne lorsqu’elle se dissémine dans le corps en circulant par le sang. C’est un important champ de recherche qui est plein de promesses », estime la Pre Laura Rubbia-Brandt, médecin-cheffe du Service de pathologie clinique.


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Pharmamobile Tout savoir sur les médicaments

Un cours sur les médicaments à destination du personnel infirmier a été totalement révisé selon ce nouveau format, un serious game sur les anticoagulants a été conçu, et d’autres formations ludiques sont proposées au personnel de la pharmacie. Quant à la patientèle, elle bénéficie d’interventions d’éducation thérapeutique attractives. Même les élèves des collèges de Suisse romande peuvent tester une formation sur le cycle de vie des médicaments.

Audrey Flornoy-Guédon, docteure en pharmacie et responsable du projet, explique : « Les formations mises en place dans le cadre de ce projet ont été conçues pour répondre aux besoins en compétences des personnes à qui elles sont destinées. Avec le Pr Pascal Bonnabry, pharmacien-chef, et l’équipe

A noter que ce vaste projet, qui va étoffer son offre, est rendu possible grâce, notamment, au financement de la Fondation privée des HUG. 

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ui n’a pas un jour ou l’autre été amené à suivre un cours ennuyeux assis sur sa chaise, à regarder défiler un Powerpoint ? Avec le projet Pharmamobile – qui se donne la mission de former les professionnelles et professionnels de la santé, les patientes et patients, mais aussi les élèves des collèges, à l’utilisation des médicaments, à leur utilité, à leur sécurité, entre autres –, ce type de supplice n’est plus au goût du jour.

A c t u a l i t é

interprofessionnelle de Pharmamobile, nous avons développé un catalogue varié et attrayant de formations autour du médicament. Grâce à un véhicule et à un matériel adaptés, nous sommes en mesure de nous déplacer et d’offrir des formations qui nécessitent une salle de simulation, par exemple. Nous avons misé sur un apprentissage alliant de courtes capsules vidéos interactives à faire individuellement, et des formations en présentiel actives, notamment sous forme de jeux. »

Par Yseult Théraulaz

De nouveaux modules pédagogiques permettent à différents publics d’acquérir, de manière ludique, des connaissances sur les médicaments.


Pulsations

Photo François Wavre | lundi 13 Par Clémentine Fitaire

Janvier - Mars 2024

R e n c o n t r e

« Redonner du sens aux métiers de la santé » Nommé doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, le Pr Antoine Geissbuhler, par ailleurs direc­ teur de l’enseignement et de la recherche aux HUG, s’est fixé l’objectif ambitieux de relever les nombreux défis qui s’imposent à l’enseignement de la médecine d’aujourd’hui. Rencontre. Pulsations Qu’aimeriez-vous insuffler à la Faculté de médecine de l’Université de Genève pour les quatre années à venir ? Pr Antoine Geissbuhler Je ne suis pas là pour faire la révolution. Mais il y a plusieurs ambitions que j’aimerais mener à bien. Tout d’abord, faire de la faculté un lieu inclusif et de débat participatif. L’objectif est de renforcer le sentiment d’appartenance et d’engagement des élèves en médecine, notamment face aux grands défis actuels que sont la durabilité du système de santé, la digitalisation ou encore la gestion des données. Il est important également à mes yeux de travailler sur les questions de bientraitance, d’égalité et de diversité dans le vivre-ensemble de la faculté. Enfin, l’un des grands défis actuels est de redonner du sens aux métiers de la santé. Dans un monde en mutation, la question est de savoir comment

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réenchanter ces professions, malgré les nombreuses contraintes démographiques, financières ou administratives. Mais aussi, dans une ère de plus en plus compétitive, comment bien former et retenir les talents scientifiques afin de conserver notre rang dans le classement des meilleures universités du monde. Les étudiantes et étudiants en médecine sont-ils conscients de ces grands enjeux ? Ils et elles ont en tout cas conscience des défis liés à la pratique médicale, à l’évolution de la profession, au fait qu’elle soit sous pression, notamment avec la clause du besoin qui limite l’accès à l’installation en cabinet. Ce métier est de moins en moins perçu comme une vocation. De plus, il n’est aujourd’hui plus si séduisant que cela. Nous devons nous atteler, conjointement avec les autorités sanitaires, à redonner une certaine attractivité à cette magnifique profession, en s’assurant que les personnes formées trouvent une place enviable et responsable dans la société. Comment faire, concrètement, pour rendre ce métier plus attirant ? Il y a plusieurs pistes, notamment la revalorisation de la médecine de premier recours. Nous manquons en Suisse de médecins de première ligne (généralistes, médecins de médecine interne générale, pédiatres…), qui sont capables de prendre en charge les patients et patientes de manière globale et sur la durée. Nous n’en avons que 20%, alors qu’il en faudrait plus du double pour un


Rencontre

système de santé efficient. Il faut aussi développer les compétences d’un management moderne et du travail interprofessionnel.

Que ce soit dans le domaine de la recherche, de la formation ou encore des soins, le grand sujet actuel est l’intelligence artificielle. Quels questionnements soulève-t-elle ? C’est en effet un défi commun à l’université et à l’hôpital. Elle rebat les cartes dans l’enseignement, aussi bien dans les manières d’apprendre que dans les manières de pratiquer. Dans les soins, cela fait près de cinquante ans que l’intelligence artificielle est utilisée, en particulier pour l’aide au diagnostic et le choix des traitements. Désormais, elle peut être utile pour des tâches moins gratifiantes comme la documentation ou la génération de documents, qui sont certes nécessaires, mais qui prennent énormément de temps aux médecins, au détriment du temps passé avec les patients et patientes. Nous devons parvenir à inverser la tendance et à recourir à l’intelligence artificielle pour libérer les soignants et soignantes de ces tâches administratives, ce qui renforcera la dimension humaine de la pratique médicale. Bien conçus, ces outils permettront aussi aux patients et patientes de jouer un rôle plus actif dans leur prise en charge. 

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Vous portez également la casquette de directeur de l’enseignement et de la recherche aux HUG. Quels sont vos projets de développement pour cette filière ? Un constat a été fait : la recherche clinique en Suisse, malgré les moyens dont elle dispose, n’est pas au niveau de ce qu’elle pourrait être. À l’ère de la médecine de précision, il faut fédérer les efforts à l’échelle nationale, voire internationale. Nos mentalités et nos outils doivent évoluer. Il nous faut aussi rapprocher la recherche fondamentale, qui se fait à l’université, de la recherche clinique, qui se fait aux HUG. Le passage de l’une à l’autre permettra de développer de nouveaux axes d’étude et d’en faciliter la transposition dans les soins aux patients et patientes.


Par Laetitia Grimaldi Photographies Nicolas Righetti | lundi 13

Janvier - Mars 2024

D o s s i e r

Pulsations

MEA : l’hôpital autrement C’est une maison pas comme les autres, dédiée aux enfants, aux jeunes et à leurs familles, où tout concourt à apaiser. Les vastes espaces, le bois omniprésent, la lumière en abondance et un singulier mélange de vie et de douceur au sein duquel quelques blouses blanches circulent. Elles rappellent qu’il s’agit bien ici d’un lieu de soins où sont pris en charge corps et psychismes tourmentés par la vie ou la maladie. La Maison de l’enfance et de l’adolescence (MEA) réunit les onze consultations de pédo­ psychiatrie des HUG, qui étaient jusque-là réparties sur plusieurs sites, et fait bien plus encore…

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Visite guidée express

Commençons par une rapide visite des lieux. Au REZ-DE-CHAUSSÉE et au SOUS-SOL, place à l’accueil, au lien, à l’échange et à la culture, avec diverses zones d’exposition et d’expression, une salle de spectacle, une chaleureuse cafétéria, une salle de cinéma ou encore les locaux du Bioscope*. Désormais installé à la MEA, ce dernier y concocte ses incontournables ateliers destinés aux écoles genevoises. Les PREMIER et DEUXIÈME ÉTAGES accueillent les tout-petits et leur famille, au travers de l’Unité de guidance petite enfance, ainsi que la consultation MEME (santé Mentale Enfants-adolescentes et adolescents Migrants) (lire en page 17). 15

Le TROISIÈME ÉTAGE réunit l’Unité de liaison ambulatoire et hospitalière (ULAH), consacrée aux enfants et jeunes en souffrance psychique pris en charge à l’Hôpital des enfants, la Consultation santé et mouvement (lire en page 23), l’Unité alimentation et nutrition chez l’enfant et l’adolescent (AliNEA), spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire et de l’alimentation, et CASAA. Au QUATRIÈME ÉTAGE s’élabore la médiation thérapeutique, approche de soins organisés autour d’objets ou d’activités (dessin, musique, danse, cuisine, radio, etc.). Cet étage héberge également le secteur ambulatoire de crise et prévention de MALATAVIE unité de crise, destinée aux jeunes présentant un risque suicidaire (lire en page 22), l’équipe mobile OEJ-HUG** (soutien pour les jeunes vivant en foyer ou en famille d’accueil) et domus (hôpital de jour). Les unités d’hospitalisation se situent quant à elles aux CINQUIÈME et SIXIÈME ÉTAGES (lire en page 19). Quand la crise survient

Tout en poursuivant les collaborations avec les réseaux médico-sociaux extérieurs à l’hôpital, les équipes soignantes bénéficient des multiples synergies possibles au sein même de la MEA. « Cette organisation nouvelle est d’autant plus précieuse que les problématiques de santé complexes chez les jeunes, physiques ou psychiques, nécessitent souvent des approches spécialisées et multidisciplinaires, tant pour interpréter certains symptômes que pour apporter des réponses adaptées », observe la Dre Nathalie Nanzer u, médecin-cheffe du SPEA des HUG. Et d’ajouter : « Notre époque instable, anxiogène, entachée d’une pandémie qui a laissé des traces, a un impact évident sur la santé psychique. Ces dernières années, les demandes de soins pour les troubles dépressifs, anxieux ou du comportement alimentaire ainsi que pour les addictions (en particulier aux écrans et aux jeux) ont nettement augmenté chez les jeunes. Au-delà de l’écrin magnifique et accueillant qu’elle représente, la MEA offre des perspectives inédites et réjouissantes pour

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ée sous l’impulsion du Pr François Ansermet, précédent médecin-chef du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SPEA), et de son équipe, la Maison de l’enfance et de l’adolescence (MEA) élève aujourd’hui ses six étages à quelques pas de la Maternité et de l’Hôpital des enfants des HUG. Si elle incarne un concept inédit et novateur visant à déstigmatiser la maladie psychique, elle regroupe désormais toutes les unités ambulatoires et hospitalières du SPEA, la Consultation ambulatoire de santé des adolescents et jeunes adultes (CASAA) du Service de pédiatrie générale (lire en page 20) et la Consultation santé et mouvement du Service des spécialités pédiatriques (lire en page 23).

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La MEA est le fruit d’un partenariat entre les HUG, la Fondation Hans Wilsdorf et la Fondation Children Action, allié à des dons privés.

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Pulsations

prendre en charge la souffrance psychique si singulière des jeunes, en incluant les familles. Parfois, il s’agit simplement de les aider à dépasser des crises qui, aussi éprouvantes soient-elles, sont passagères, inhérentes à l’adolescence et à ses tourments. »

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Mieux vaut consulter trop tôt

Dans le doute, dès lors que des symptômes interpellent et impactent le quotidien, la première chose à faire est d’en parler à son ou sa pédiatre ou médecin de famille. « Mieux vaut consulter trop tôt que pas du tout ou trop tard. Certains cas relèveront bel et bien des consultations proposées à la MEA, d’autres seront pris en charge par d’autres services des HUG ou au sein de cabinets en ville. L’offre de soins s’étoffe aujourd’hui considérablement et permet une personnalisation précieuse à des âges de construction clés », se réjouit la Pre Klara Posfay Barbe v, médecin-cheffe du Service de pédiatrie générale des HUG. Témoin des réticences des jeunes à consulter, l’experte encourage : « L’adolescence tend parfois à zoomer sur ce qui ne va pas et à occulter tout le reste. Une partie des soins repose parfois sur la déconstruction de cette vision et la mise en lumière des ressources individuelles. » Un avis partagé par Joanna Manget-Neant, adjointe de la responsable des soins du SPEA des HUG : « Même en cas d’hospitalisation, les soins sont centrés sur les forces des jeunes et de leur famille plutôt que sur les difficultés présentes ou un diagnostic qui aurait tendance à “enfermer”. La MEA, avec son concept innovant, favorise la rencontre au sens large : celle des jeunes avec les équipes soignantes, avec leurs pairs, avec le réseau de soins et finalement avec le monde. »

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Ouverture au monde extérieur

Cette ouverture, à l’autre et au monde, est en effet au cœur même des principes de la MEA. Pour l’incarner, la Fondation Convergences, institution de droit privé, a été créée, en intégrant notamment les équipes créatives

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* Laboratoire public des sciences de la vie et des sciences biomédicales de l’Université de Genève et de la Fondation Convergences. ** OEJ : Office de l’enfance et de la jeunesse.

ERWANN*, 21 ans « Je suis un homme né dans un corps de femme, ce qui n’a pas rendu mon adolescence très simple, c’est le moins que l’on puisse dire. J’ai frappé assez tôt à la porte de ce qui s’appelait encore l’Espace santé jeunes des HUG (aujourd’hui CASAA, ndlr), notamment pour le suivi gynécologique qui reste pour moi une épreuve terrible. Mais j’ai toujours eu face à moi des équipes soignantes d’un professionnalisme et d’une bienveillance immenses. Aujourd’hui, mes rendez-vous se font au sein des nouveaux locaux. Au-delà du fait qu’ils sont extraordinairement jolis, ils apportent un plus évident : on ne se sent pas à l’hôpital ! Or pour un adolescent ou une adolescente en souffrance, qui peine à consulter par peur de l’hôpital, des soins ou d’éventuels jugements, cela peut faire toute la différence et aider à sauter le pas de la consultation. Et cela est tellement important… Comment bien grandir et se construire quand on va mal et que personne ne nous aide ? » *Prénom d’emprunt.

Un soutien psychologique aux jeunes migrants et migrantes et à leur famille POUR QUI

ACCÈS

Enfants et jeunes jusqu’à 18 ans et leur famille ; femmes enceintes en situation de migration

Demande via un ou une professionnelle de santé, des services sociaux, les écoles

assemblant psychologues, pédopsychiatres, assistants et assistantes sociales, infirmiers et infirmières, l’équipe MEME (santé Mentale Enfants-adolescentes et adolescents Migrants) propose un soutien psychologique aux jeunes migrants ou migrantes et à leur famille, ainsi qu’aux femmes enceintes. « De nombreuses personnes en situation de migration présentent des souffrances psychiques – dépression, anxiété, troubles de stress post-traumatique. Les symptômes peuvent être en lien avec les épreuves qui ont jalonné leur vie ou avec le présent, qui rime généralement avec précarité, stress et incertitudes sur l’avenir. Ce mal-être peut passer inaperçu chez un certain nombre de jeunes (notamment les personnes requérantes d’asile mineures non accompagnées). Face à ces situations et en tenant compte des obstacles administratifs, de la barrière de la langue et des différences de représentation culturelle, notre mission est de faciliter l’accès aux soins. Nous proposons une approche transculturelle et favorisons le lien avec certains services des HUG et avec les ressources extérieures, comme l’Office médico-pédagogique ou des associations spécifiques », explique la Dre Noémie Cuissart de Grelle, médecin associée au sein de cette consultation.

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« On ne se sent pas à l’hôpital »

CONSULTATION MEME

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d’Artopie et du Bioscope. Son ambition : proposer une multitude d’activités et d’expériences artistiques, sportives et culturelles, au sein des murs de la MEA comme à l’extérieur, tant aux jeunes ayant besoin de soins qu’aux autres. « Ici le dedans et le dehors communiquent, comme pour souligner que l’hôpital et la cité sont inextricablement liés. Dans ce contexte, la mission de la Fondation Convergences est d’œuvrer à toujours plus de considération de l’humain, quel qu’il soit. Dans cet “hôpital autrement”, la différence est la bienvenue et la vie, omniprésente », résume Linn Levy Orci, directrice de la Fondation Convergences. 

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Dossier


Pulsations CONSULTATION DE GYNÉCOLOGIE PÉDIATRIQUE

Une prise en charge dès l’enfance POUR QUI

ACCÈS

Enfants et jeunes jusqu’à 20 ans (pour la première consultation)

Demande directe ou via un ou une professionnelle de santé

ffections de la sphère génitale, premières consultations gynécologiques, troubles du cycle menstruel, rapports sexuels à risque : l’équipe multidisciplinaire de la Consul­ tation de gynécologie pédiatrique des HUG assure une prise en charge pour des problématiques multiples. Composée de gynécologues et d’une pédiatre spécialisées, elle travaille en étroite collaboration avec d’autres services de l’hôpital, comme la chirurgie ou l’endocrinologie. « Cette consultation se veut non genrée. Ouverte aux jeunes femmes et hommes transgenres ou personnes non binaires, elle est respectueuse de la confidentialité, mais également soutenante pour faciliter certaines interactions avec les proches, autour de sujets liés à la puberté ou à la sexualité par exemple », indique la Dre Victoria Crofts, cheffe de clinique au sein de cette consultation.

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Dossier

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Trois questions à Dr Rémy Barbe, responsable de l’Unité d’hospitalisation au SPEA des HUG. Cinq structures d’hospitalisation pédopsychiatrique sont aujourd’hui regroupées au cinquième et au sixième étages de la MEA. Baptisées Kalyva, Hogan, Lakayou, Oikos et Malatavie-soins hospitaliers, elles correspondent chacune à des âges, des durées de séjour ou des types de soins spécifiques. POUR QUI

ACCÈS

Enfants et jeunes jusqu’à 18 ans

Demande directe ou via les services d’urgences, pédiatre, médecin de famille

Quelles ambitions ont motivé les choix de cette nouvelle organisation ?

comme une mise en danger de soi ou des autres ou l’impossibilité d’un suivi en ambulatoire. L’hospitalisation vise à mettre en Dr Rémy Barbe Le premier objectif était de place les premiers soins et à identifier les centraliser et de rendre plus accueillants ressources les mieux adaptées à la situation, les espaces d’hospitalisation du SPEA, qui qu’elles soient internes ou externes à l’hôpiétaient auparavant répartis entre les locaux tal. Parfois, l’hospitalisation permet de de la pédiatrie, de Belle-Idée et du chemin u désamorcer une situation d’escalade et de Thury. Il s’agissait ensuite d’étoffer et de transformer une crise… en mots salvateurs. personnaliser l’offre de soins. Ainsi, chaque unité peut être considérée comme l’apparte- L’un des points d’orgue de la MEA est ment d’une maison, intégrant des dispositifs l’ouverture sur le monde et la culture. Cette volonté infuse-t-elle dans les spécifiques aux besoins des patients et étages dédiés à l’hospitalisation ? patientes. L’Unité Kalyva par exemple est Absolument. Tout est pensé pour que la vie pensée pour les courts séjours, tandis que qui circule et s’organise depuis le sous-sol l’Unité Hogan est conçue pour les séjours et le rez-de-chaussée du bâtiment diffuse par intensifs. Pour les situations de crises capillarité dans les étages. Le quatrième étage aiguës, de nouveaux dispositifs ont été mis par exemple accueille une multitude d’espaces en place afin de limiter le recours à des mesures de privation de liberté, comme une de médiation particulièrement prometteurs, ainsi qu’un studio radio y et une magnifique salle Snoezelen w particulièrement novatrice, reposant sur des stimulations multi­ installation appelée « Le Dragon », vouée sensorielles aux vertus apaisantes. Le tout à accueillir notamment des séquences s’inscrit dans une atmosphère ouverte sur autour de la littérature et de la poésie. l’extérieur, grâce notamment aux loggias x, la plus apaisante et déstigmatisante possible. Pulsations

Les situations peuvent être multiples. Elles sont souvent moins liées à un diagnostic précis qu’à une association de facteurs, 19

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Dans quels cas une hospitalisation en psychiatre se justifie-t-elle pour un ou une jeune ?


Pulsations CONSULTATION CASAA

JULIE*, 37 ans, mère de Benjamin*, 4 ans

Au service de la santé des jeunes

« L’approche est aussi profes­sion­ nelle que concrète et rassurante »

POUR QUI

ACCÈS

Jeunes de 12 à 20 ans pour un premier rendez-vous médical, puis accompagnement si besoin jusqu’à 25 ans afin d’améliorer la transition vers les soins adultes

Demande directe (si possible avec l’accord du ou de la médecin traitante) ou via un ou une professionnelle de santé

hug.plus/sante-ados-casaa

Accès pour la vaccination HPV : www.hug.ch/enfants-ados/ sante-ados/vaccination-hpv

a Consultation ambulatoire de santé des adolescents et jeunes adultes (CASAA) est née de la fusion de deux entités du Service de pédiatrie générale : la consultation dédiée aux adolescents et adolescentes et l’Unité santé jeunes. CASAA a ainsi ouvert ses portes à la MEA avec pour mission de prendre en charge les questions de santé somatique, sexuelle ou mentale complexes, nécessitant une expertise globale et interdisciplinaire. « Lorsque des troubles de santé complexes ou persistants apparaissent chez un ou une jeune, ils sont souvent en lien avec divers domaines de sa vie. Un problème peut alors être intriqué avec un autre, puis un autre, etc. Tout l’enjeu d’une consultation comme CASAA est de démêler ces fils pour l’accompagner ainsi que sa famille afin d’identifier les difficultés et trouver des solutions adaptées », expliquent la Dre Catherine Chamay Weber et le Dr Arnaud Merglen, coresponsables de cette consultation. Rassemblant pédiatres, médecins de famille, gynécologues, psychiatres, psychologue, équipe infirmière et assistante sociale, CASAA permet ainsi une approche biopsychosociale individualisée, centrée sur les besoins. Elle propose également des bilans de santé aux jeunes migrants ou migrantes, ainsi qu’un suivi pour des situations spécifiques comme les sujets de santé liés à l’adolescence, la diversité (LGBTIQ+), l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, l’obésité (suivi proposé dès 16 ans), les problématiques gynécologiques ou encore les conduites à risque.

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« Dans les nouveaux locaux de la MEA – qui sont formidablement colorés et accueillants –, nous avons retrouvé l’équipe de la Guidance petite enfance, qui suit notre fils depuis plus de deux ans pour des problèmes de langage. À 1 an et demi, il ne parvenait à prononcer que deux mots, “Papa” et “Maman”, et rien d’autre. Cela a duré des mois… La Guidance petite enfance a pris la situation en main avec plusieurs spécialistes des HUG pour réaliser tous les tests nécessaires – y compris génétiques – afin d’écarter toute pathologie. Puis ont commencé les séances individuelles et en groupe, ainsi qu’en famille. L’approche est aussi pro­fessionnelle que concrète et rassurante. Et depuis cet été, ça y est, Benjamin* parle, fait des phrases. Tout n’est pas encore parfait, quand il est trop nerveux, tout se bouscule et les mots s’emmêlent, mais nous revenons de tellement loin… » * Prénom d’emprunt.

CARLA*, 15 ans

« Se sentir bien dans un lieu aide à s’ouvrir » « Il y a trois ans, j’ai entrevu les anciens locaux lors d’un passage aux urgences pédopsychiatriques. Cette fois, je suis hospitalisée dans ce nouveau bâtiment. Bien sûr, je préférerais être ailleurs, avec ces gens que je regarde passer depuis ma chambre, mais je dois dire que la beauté de cet endroit m’impressionne. Dans un hôpital froid et austère, j’aurais eu tendance à rentrer dans ma coquille. Là, c’est différent. Il y a les couleurs, la décoration, les immenses fenêtres par lesquelles on voit les levers et les couchers de soleil, l’espace télé, rempli de livres et de jeux. Le fait de se sentir bien dans un lieu aide à s’ouvrir, donne plus envie de parler de ce qui va et de ce qui ne va pas. » * Prénom d’emprunt.


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La beauté d’un lieu peut aider à aller mieux

Faciliter les soins « Tout cela fait écho à notre sensorialité et à notre sensibilité. Mais un lieu de soins, aussi bien pensé soit-il, n’est rien sans les interactions humaines qu’il abrite. C’est cet ensemble qui peut en faire un puissant allié thérapeutique, aider le corps et l’appareil psychique à s’apaiser, et faciliter les soins », estime le Dr Dante Trojan, médecin adjoint responsable de l’Unité de liaison ambulatoire et hospitalière (ULAH) et de l’Unité alimentation et nutrition chez l’enfant et l’adolescent (AliNEA). Et d’ajouter : « Mais il reste crucial de tenir compte de la singularité de chaque être et de ce que nous pouvons recevoir à un instant “t”. Lorsqu’une personne a connu des “gifles” toute sa vie, la première “caresse” peut faire mal. Ainsi, la beauté d’un lieu peut déstabiliser, renvoyer à une situation personnelle de détresse ou de dénuement par exemple. Le tact et la sobriété des approches sont alors d’autant plus essentiels. »

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La beauté d’un lieu peut-elle soigner ? À peine soulevée, la question revêt une dimension philosophique, en interrogeant notamment la définition même de la beauté, concept éminemment subjectif. Et pourtant, au sein de la MEA, certains piliers font l’unanimité, comme le choix des matériaux naturels – du bois en particulier –, des espaces baignés de lumière ou encore des sons subtilement ouatés. Autant d’éléments inclus dans les normes d’Evidence based design (normes architecturales fondées sur les preuves) utilisées pour la conception de la MEA.


Pulsations MALATAVIE UNITÉ DE CRISE

Soins et prévention face au risque suicidaire POUR QUI

ACCÈS

Jeunes de 13 à 18 ans pour les soins ; jusqu’à 25 ans pour la prévention

Demande directe ou via les services d’urgences, pédiatre, médecin de famille, services sociaux

eposant sur un partenariat entre les HUG et la Fondation Children Action, MALATAVIE unité de crise propose des activités de prévention, des soins ambulatoires et hospitaliers pour les jeunes à risque suicidaire. L’équipe multidisciplinaire est composée de pédopsychiatres, psychologues, personnel infirmier, assistante sociale et, selon les besoins, de personnes spécialisées en psychomotricité et en enseignement par exemple. Elle fonde son action sur une étroite collaboration avec le ou la jeune, sa famille et le réseau de soins requis, qu’il soit interne ou externe à l’hôpital. « MALATAVIE unité de crise représente une aide ponctuelle, mais la plus personnalisée possible, pour gérer une situation de crise suicidaire, qu’elle soit aiguë ou sous-jacente. L’un des critères majeurs est que le ou la jeune soit en capacité de s’engager dans les soins. La participation de la famille est par ailleurs cruciale », résume la Dre Anne Edan, médecin adjointe responsable de cette unité. Et de préciser : « Si les portes d’entrée vers l’unité peuvent être multiples, liées ou pas à un passage par les urgences, l’idée est qu’elle est ouverte à toute personne inquiète. Dans le domaine de la problématique suicidaire, il n’y a jamais d’appel de trop. En pratique, il est possible de contacter le secrétariat ou la Ligne Ados*, celle-ci est à disposition à toute heure du jour et de la nuit. La prise en charge s’élabore ensuite au cas par cas, selon le besoin. »

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MARTINA, 36 ans, mère d’Alix, 4 ans

« Plus qu’une famille, nous formons désormais une équipe » « Mon mari et moi avons consulté la Guidance petite enfance il y a un an pour notre fils qui manifestait une hypersensibilité et un état de vigilance extrême. Nous en devinions l’origine : Alix a subi une intervention chirurgicale à 1 an et demi en raison d’une malformation touchant sa moelle épinière. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu : il y a eu de nombreuses complications, occasionnant une hospitalisation de plusieurs semaines et des soins éprouvants. Il a développé une peur viscérale de l’hôpital et du moindre geste médical. De mon côté, j’en suis sortie meurtrie, avec l’impression de ne pas avoir été à la hauteur pour le soutenir. L’équipe de la Guidance petite enfance qui nous a pris en charge a été, et est toujours, d’un grand soutien. Nous y avons trouvé un accueil et une écoute précieux, emplis de bienveillance pour chaque membre de la famille. La dynamique familiale a été impactée et c’est aussi elle qui est soignée. Tout récemment, nous avons remporté une belle victoire : à nouveau, Alix a dû se voir poser une sonde urinaire, ce qui jusque-là se passait dans les hurlements et la panique. Cette fois, les choses se sont faites tout en douceur. Plus qu’une famille, nous formons désormais une équipe. »

* www.malatavie.ch

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CONSULTATION SANTÉ

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Dossier

ET MOUVEMENT

Agir face au surpoids POUR QUI

ACCÈS

Enfants et jeunes jusqu’à 16 ans

Demande directe ou via un ou une professionnelle de santé

tigmatisants et tôt ou tard délétères pour la santé, le surpoids et l’obésité survenant durant l’enfance ou l’adolescence sont souvent multifactoriels. Alimentation, activité physique, bien-être au sens large : autant de domaines questionnés lors des prises en charge assurées par la Consultation santé et mouvement des HUG. Celle-ci repose sur une équipe médicosoignante multidisciplinaire incluant médecins, diététiciens et diététiciennes, psychologues, équipe infirmière et maîtres et maîtresses de sport. « L’idée est d’identifier au cas par cas les causes du surpoids ou de l’obésité, de faire un bilan de santé complet et de proposer une prise en charge personnalisée », présente la Dre Albane Maggio, responsable de cette consultation. Et de préciser : « Dans certains cas, la première ligne d’action repose sur des conseils adaptés, intégrant toute la famille pour optimiser les chances de changements sur le long terme. Simples en apparence, fondés sur le principe clé de manger mieux et bouger davantage, ils ne sont pas si faciles à mettre en place tant certaines habitudes dommageables sont ancrées. Ainsi, en termes d’alimentation par exemple, il ne s’agit en aucun cas de préconiser des régimes stricts, mais de viser un rééquilibrage alimentaire et une meilleure hygiène de vie. » Selon les situations, la consultation propose des prises en charge individuelles, programmes multidisciplinaires de groupe ou encore de réentraînement personnalisé.

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Pulsations

L’œil joue un rôle essentiel dans notre vie et notre identité. Si les problèmes liés à cet organe peuvent survenir à tout âge, la majorité des personnes atteintes de déficiences visuelles ont plus de 50 ans. Experte

L’ Un organe fondamental pour la qualité de vie

L’œil permet de capter la lumière, puis de l’analyser. Il est notamment composé de l’iris (un diaphragme coloré), du cristallin (une lentille transparente assimilée à l’objectif d’un appareil photo), de la cornée (qui forme la surface extérieure de l’œil) et de la rétine (fine couche qui tapisse l’intérieur de l’œil et fixe l’image comme une pellicule). S’il ne s’agit pas d’un organe 24

vital, l’œil joue un rôle capital dans de nombreuses dimensions de la vie : lecture, reconnaissance des visages et des émotions, mobilité ou encore travail. Les personnes souffrant de déficience visuelle grave ou de cécité ressentent souvent de la détresse et un sentiment d’isolement.

Crédit : Tzipporah Johnston

Par Geneviève Ruiz

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L ’ o r g a n e

Pre Gabriele Thumann, médecin cheffe du Service d’ophtalmologie


L’organe

Troubles visuels causés par les erreurs de réfraction

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)

De nombreux problèmes visuels ont pour origine des défauts de la structure de l’œil, qui font que les images ne se projettent pas bien sur la rétine. Si l’œil est trop long (myopie), l’image se forme trop en avant de la rétine pour les objets éloignés qui deviennent flous. Dans le cas d’un œil trop court (hypermétropie), l’image se forme en arrière de la rétine, ce qui affecte la vision de près. L’astigmatisme désigne une forme irrégulière de la cornée qui provoque une vision trouble. Avec l’âge, le cristallin perd en souplesse, ce qui engendre des difficultés à accommoder la vision de près : c’est la presbytie. La prévalence de la myopie a beaucoup augmenté ces dernières années. La cause principale : l’excès d’exposition aux écrans trop proche dès un tout jeune âge.

La DMLA représente la première cause de perte de la vision centrale chez les personnes de plus de 50 ans dans les pays occidentaux. Elle est causée par la détérioration des mécanismes de nettoyage de la macula, la toute petite zone de l’œil responsable de l’acuité visuelle. Aucun traitement n’existe pour les formes les plus courantes, qui progressent lentement. En revanche, environ 20% des patients souffrent d’une forme dite « humide », qui peut leur faire perdre la vue en quelques mois en l’absence de traitement. Pour cette dernière, d’excellentes thérapies existent, sous forme de piqûres avec injection d’un médicament.

La quantité de larmes que nous produisons par an en moyenne.

2,2 milliards Selon l’Organisation mondiale de la santé, le nombre de per­ sonnes souffrant d’une déficience de la vision au niveau mondial.

Le glaucome

La cataracte

En Suisse, 100 000 personnes ont un glaucome diagnostiqué et 100 000 autres en sont atteintes sans que cela n’ait été détecté. Caractérisé par la destruction lente du nerf optique, ce trouble progresse souvent sans symptôme. Ce n’est qu’à un stade tardif que la vision est atteinte de manière irréversible. À un stade précoce, différents traitements stoppent ou freinent le glaucome. S’il touche davantage les personnes âgées de plus de 60 ans, il peut survenir à tout âge.

La cataracte touche principalement les personnes de plus de 65 ans. Le cristallin devient opaque, empêchant la totalité de la lumière de pénétrer au fond de l’œil. À l’origine d’une baisse progressive de vision, cette maladie se traite bien au moyen d’une intervention consistant à remplacer le cristallin opacifié par un cristallin artificiel.

28 000

Le nombre quotidien de clignements, réflexe servant à nettoyer et à humidifier les yeux.

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42 ans L’âge moyen à partir duquel les symptômes de la presbytie com­ mencent à s’installer.

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ŒIL

1 litre


Photo Nicolas Righetti | lundi13 Par Clémence Lamirand

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p o r t r a i t

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« Je devais trouver une carrière alliant médecine et voyages » Le Pr François Chappuis a fait toute son activité professionnelle au Service de médecine tropicale et humanitaire des HUG. Un choix évident au vu de sa passion pour les voyages et de sa volonté de lutter contre toute forme d’injustice sociale.

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Le portrait

À

18 ans, François Chappuis n’a qu’une certitude : il veut voyager. La médecine, il n’y pense pas. Pour financer ses premières expéditions, il travaille en tant qu’aide infirmier dans une unité pour personnes paraplégiques des HUG. « Cette expérience m’a donné l’envie de faire de la médecine, je me suis littéralement fait happer par ce métier », se rappelle ce passionné de montagne.

Une vie à combattre les maladies négligées

Au sein du Service de médecine tropicale et humanitaire des HUG, alors dirigé par le Pr Louis Loutan, François Chappuis gravit peu à peu les échelons, sans perdre de vue ses missions à l’étranger et son engagement avec MSF. Les maladies tropicales négligées par l’industrie pharmaceutique, les philanthropes, les milieux académiques ou encore les médias constituent sa ligne principale de recherche et de plaidoyer. « Je suis très sensible à toute forme d’injustice, notamment l’injustice sociale. Ces maladies, puisqu’elles touchent les populations les plus pauvres, incarnent parfaitement cette problématique », explique le Pr Chappuis. Il se consacre à la maladie du sommeil et à la leishmaniose viscérale (ou kala-azar) en se rendant régulièrement en Ouganda, au Kenya, au Soudan du Sud et au Népal. Il travaille également sur la maladie de

Études de médecine à l’Université de Genève.

1995 – 1996

Missions avec Médecins sans frontières (MSF).

1998

Chef de clinique dans l’Unité de médecine des voyages et des migrations des HUG, devenue depuis le Service de médecine tropicale et humanitaire.

1999 – 2015

Partage son temps entre le service des HUG et MSF, en tant que responsable médical de projets.

2016

Médecin-chef du Service de médecine tropicale et humanitaire.

2019

Chef du Département de médecine de premier recours.

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Chagas, maladie émergente qui touche certaines populations migrantes latinoaméricaines à Genève. Projets et convivialité

En 2015, le Pr Chappuis remplace son prédécesseur et mentor avec l’objectif de poursuivre le chemin et l’esprit qu’il a tracés. « L’atmosphère de travail dans le service est extraordinaire, ce qui compte énormément pour moi », décrit le médecin. Avec l’ensemble de l’équipe, le service développe des activités médicales telles que des conseils avant et après un voyage et mène des projets humanitaires internationaux. Une consultation spécialisée pour les personnes immunosupprimées amenées à voyager a également été récemment déployée. « En répondant à un appel d’offres du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, nous avons aussi créé une antenne sur la rive droite, au Global Health Campus, pour le personnel employé ainsi que le personnel consultant du Fonds mondial et d’autres organisations internationales. Nous leur proposons des consultations de médecine des voyages grâce à notre expertise unique », ajoute-t-il. Un partenariat avec un hôpital au Népal

L’une de ses principales réalisations reste le partenariat créé entre son service, et désormais d’autres entités des HUG, avec un hôpital universitaire népalais, le B. P. Koirala Institute of Health Sciences (BPKIHS). « Cet extraordinaire projet nous a fait travailler sur des sujets passionnants, comme les morsures de serpents ou les maladies chroniques, mais aussi nouer de réelles amitiés », se réjouit le professeur. Et c’est finalement cela qui compte le plus aux yeux du médecin genevois, aujourd’hui chef du Département de médecine de premier recours. Il aime rencontrer, échanger, partager, plaisanter, nouer des relations fortes. « J’ai de la chance car, que ce soit dans ma vie professionnelle ou personnelle, j’ai toujours été très bien entouré. » 

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Après s’être octroyé une année sabbatique, il s’inscrit à la Faculté de médecine de Genève, ville dans laquelle il a grandi. « Il était alors clair pour moi que je devais trouver une carrière alliant médecine et voyages », se souvient-il. Une fois sa formation initiale en médecine interne générale achevée, c’est donc logiquement vers la médecine tropicale et des voyages qu’il se dirige. À la fin de sa spécialité, il part avec Médecins sans frontières (MSF) puis, ne voulant pas d’une vie d’expatrié sur le long terme, s’installe à Genève, auprès de sa famille et de ses amis. « Cette ville est le cœur de ma vie », confie le médecin.

1984 – 1990


Les labels de qualité, un gage d’excellence Par Clémentine Fitaire

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C e r t i fi c a t i o n

Pulsations

Les HUG sont fiers de détenir, pour plusieurs de leurs unités, diverses certifications qui attestent de la qualité de la prise en charge et participent à leur renommée. Qu’apportent ces labels à la pratique médicale, à la recherche et surtout aux patients et patientes ?

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e Centre du sein labélisé par la Ligue suisse contre le cancer, le Centre du cancer de la prostate certifié par le Centre européen du cancer (European Cancer Centres – ECC), le Stroke Center labélisé par la Swiss Federation of Clinical NeuroSocieties, le Centre endométriose certifié par la Ligue européenne d’endométriose, ou encore le Service de médecine palliative labellisé par l’Association suisse de médecine et de soins palliatifs… nombreuses sont les entités des HUG reconnues par des organismes externes pour la qualité et la sécurité de leurs prestations. Attribués pour

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une durée déterminée, les labels font l’objet de réévaluations régulières. « Nous sommes dans une dynamique de certification pour la plupart de nos centres oncologiques. Cela apporte vraiment des bénéfices sur de nombreux plans », explique Dominique Munteanu, coordonnatrice et responsable d’équipe au Centre des cancers. Critères de qualité à remplir

En effet, que ce soit au niveau interne ou externe, l’intérêt de ces reconnaissances est grand. Tout d’abord, la labélisation nécessite la mise en place de repères standardisés, au niveau des délais de prise en charge,


Certification

du nombre de patients et patientes traitées ou encore des données cliniques. « Cette harmonisation nous oblige à disposer d’indicateurs de qualité. Par exemple, au sein du Stroke Center, nous sommes tenus de respecter un temps le plus court possible entre l’arrivée aux urgences et le début du traitement de phase aiguë. Nous devons également maintenir un registre des AVC, qui regroupe toutes les données cliniques (âge, antécédents médicaux, etc.) permettant d’établir des statistiques précieuses pour le contrôle de la prise en charge, mais aussi pour la recherche », souligne le Dr Emmanuel Carrera, médecin responsable du Stroke Center.

Au-delà de la qualité de la prise en charge, les organes de certification fixent un certain volume de cas. La quantité étant gage d’expertise, chaque médecin du centre labellisé doit attester d’un nombre suffisant d’actes et d’examens pratiqués, de traitements administrés ou encore fournir les certifications obtenues pour l’utilisation d’appareils spécifiques.

Une vraie carte de visite Véritable « carte de visite » pour l’institution, ces labels requièrent, d’un point de vue interne, une organisation optimale. Pour atteindre l’exigence des objectifs fixés par les centres de certification, le travail doit se faire de manière coordonnée et transversale entre les différentes spécialités impliquées. « L’aspect interprofessionnel est très important. Cela demande parfois d’adapter nos organisations mais, in fine, tout le monde s’y retrouve car les bons résultats obtenus sont bénéfiques aux patients et patientes, comme aux équipes médico-soignantes », reconnaît le Dr Emmanuel Carrera, médecin responsable du Stroke Center. La labélisation des différentes entités des HUG offre, enfin, un rayonnement incontestable sur les scènes nationale et internationale, permettant des collaborations entre les différents centres labellisés, mais aussi une plus grande visibilité de l’institution auprès des autorités sanitaires et politiques.

Enfin, la recherche, elle aussi, bénéficie de ces certifications. Au cours des tumor boards (colloques multidisciplinaires) par exemple, chaque cas est évalué pour juger de son

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Du côté des centres oncologiques labellisés, la standardisation des protocoles facilite également la prise en charge. « Dans chaque centre certifié, nous proposons un accompagnement spécifique par une personne référente, depuis l’annonce du diagnostic jusqu’à la fin des traitements, afin de soutenir et d’informer chaque patient ou patiente sur les ressources à sa disposition, comme des associations, des thérapies complémentaires, des séances de psycho-oncologie ou encore de physiothérapie », détaille Dominique Munteanu.

éligibilité à un traitement en phase de recherche clinique. Une rigueur nécessaire pour soigner plus vite, mieux, mais aussi selon les preuves reconnues et développées dans les recommandations internationales. 


Pulsations

Par Clémence Lamirand Photos Fred Merz | Lundi 13

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R e p o r t a g e

Lésion cérébrale : de la mobilisation précoce à la rééducation Les physiothérapeutes des soins intensifs, comme celles et ceux de l’Hôpital Beau-Séjour, font tout pour mettre en mouvement les personnes souffrant d’un traumatisme ou d’un AVC. Reportage.

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Reportage

Solliciter Solliciter le le plus plus tôt tôt possible possible

Chaque Chaque occasion occasion est est donc donc saisie saisie par par les les équipes équipes multidisciplinaires multidisciplinaires pour pour stimuler stimuler une une personne personne cérébrolésée. cérébrolésée. ««IlIl yy aa dans dans le le

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M

algré algré les les fils, fils, cathéters, cathéters, sondes sondes et et autres autres électrodes, électrodes, l’équipe l’équipe du du Service Service des des soins soins intensifs intensifs des des HUG HUG installe, installe, quelques quelques minutes minutes durant, durant, un un patient patient ayant ayant souffert souffert d’un d’un AVC AVC sur sur le le bord bord de de son son lit. lit. Dans Dans la la chambre chambre voisine, voisine, la la mobilisation mobilisation des des physiothéraphysiothérapeutes peutes et et de de l’ergothérapeute l’ergothérapeute est est la la même même pour pour faire faire faire effectuer quelques quelques mouvements mouvements passifs passifs des des jambes jambes àà une une patiente patiente intubée. intubée. Des Des exercices exercices essentiels, essentiels, car car une une journée journée sans sans bouger bouger génère génère une une importante importante et et rapide rapide perte perte musculaire musculaire ainsi ainsi que que l’apparil’apparition tion d’escarres. d’escarres. ««La La moindre moindre activité activité est est bénéfique bénéfique et et amène amène peu peu àà peu peu vers vers une une plus plus grande grande autonomie autonomie», », décrit décrit Claire Claire Bennett, Bennett, physiothérapeute. physiothérapeute.

Témoignage #1

Témoignage #2

NICOLAS DOUSSE, physiothérapeute responsable aux soins intensifs

EMMANUEL GUYEN, physiothérapeute responsable à Beau-Séjour

« Le mouvement, c’est la vie »

« Répéter le plus possible les mouvements »

« Nous ne parlons pas de “rééducation” aux soins intensifs, mais de “mobilisation précoce”. La stimulation des personnes cérébrolésées, très fragiles et qui doivent tout réapprendre, peut être passive, mais reste essentielle. Le mouvement, c’est la vie ! Les soins sont très individualisés, car ces personnes ont des profils très différents, et ajustés à chaque instant, en fonction de l’état de fatigue et de l’évolution de chacune. Nous devons être très flexibles et travailler en interdisciplinarité. »

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« Tous les patients ou patientes ne passent pas par les soins intensifs, mais l’important est de les mobiliser le plus tôt possible et à toutes les étapes de leur prise en charge, car les automatismes se perdent rapidement. Ainsi, pour la marche, il est nécessaire de répéter le plus possible le mouvement afin qu’elle redevienne automatique. Les séances de physiothérapie essaient d’emmener la personne le plus loin possible. »


Pulsations

domaine domaine de de la la réhabilitation réhabilitation un un partenariat partenariat fort fort entre entre les les soins soins intensifs, intensifs, les les soins soins aigus aigus et et la la réadaptation. réadaptation. Notre Notre travail travail très très en en amont amont porte porte d’ailleurs d’ailleurs souvent souvent ses ses fruits fruits plus plus tard tard au au cours cours de de la la prise prise en en charge charge», », souligne souligne Nicolas Nicolas Rossmann, Rossmann, infirmier infirmier aux aux soins soins intensifs. intensifs.

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À À l’hôpital l’HôpitalBeau-Séjour, Beau-Séjour,qui quiaccueille accueilledes des personnes personnes en en réhabilitation, réhabilitation, les les équipes équipes de de physiothérapeutes physiothérapeutes mettent mettent tout tout autant autant d’énergie d’énergie àà rééduquer rééduquer les les personnes personnes souffrant souffrant d’une d’une lésion lésion cérébrale, cérébrale, dès dès que que les les conditions conditions sont sont réunies réunies pour pour une une mobimobilisation lisation précoce précoce sûre. sûre. Elles Elles sont sont sollicitées sollicitées au au maximum maximum de de leurs leurs capacités capacités afin afin de de récupérer récupérer le le mieux mieux possible possible et et s’adapter s’adapter àà leurs leurs nouvelles nouvelles facultés. facultés. ««IlIl existe existe une une fenêtre fenêtre de de plasticité plasticité cérébrale cérébrale de de deux deux àà trois trois mois mois au au cours cours de de laquelle laquelle le le potentiel potentiel de de récupération récupération est est maximal maximal», », explique explique le le Dr Dr Nicolas Nicolas Broc, Broc, chef chef de de clinique clinique en en neuroneurorééducation. rééducation. Des Des techniques techniques àà tester tester

Les Les activités activités proposées proposées àà Beau-Séjour Beau-Séjour sont sont variées variées et et évolutives. évolutives. ««IlIl n’y n’y aa pas pas une une thérapie thérapie meilleure meilleure qu’une qu’une autre, autre, le le principrincipal pal est est que que la la personne personne puisse puisse s’impliquer s’impliquer activement activement», », estime estime le le médecin. médecin. Les Les séances séances de de physiothérapie physiothérapie peuvent peuvent se se faire faire avec avec différents différents matériels, matériels, comme comme un un système système de de rails rails qui qui soutient soutient la la personne personne grâce grâce àà un un harnais. harnais. Un Un exosquelette exosquelette permet permet quant quant àà

lui lui de de se se tenir tenir debout debout en en toute toute sécurité sécurité et et de de bouger, bouger, tout tout en en laissant laissant le le ou ou la la physiothéraphysiothérapeute peute libre libre de de ses ses mouvements mouvements et et donc donc de de se se consacrer consacrer entièrement entièrement au au travail travail de de rééducarééducation. tion. La La balnéothérapie, balnéothérapie, un un tapis tapis roulant roulant ou ou la la marche marche entre entre des des barres barres aident aident aussi aussi àà retrouver retrouver un un maximum maximum de de mobilité. mobilité. ««Nous Nous jonglons jonglons entre entre ces ces techniques techniques pour pour varier varier les les stimulations stimulations et et choisissons choisissons celles celles qui qui donneront donneront le le plus plus envie envie àà la la personne personne de de travailler travailler sur sur la la durée durée», », insiste insiste Ségolène Ségolène  Thebeau, Thebeau, physiothérapeute physiothérapeute àà Beau-Séjour. Beau-Séjour.

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Reportage

Témoignage #3 CYRILLE COMMUNOT, patient

« Il fallait que je me batte » « Après mon AVC, j’ai passé quinze jours à l’hôpital, puis ai rejoint Beau-Séjour. Au tout début, je me souviens que rester quinze secondes debout, même soutenu, se révélait extrêmement difficile. Mon objectif étant de retourner sur les pistes de ski au plus vite, il fallait que je me batte. La rééducation m’a permis de mesurer mes progrès. Les physiothérapeutes étaient toujours derrière moi, pour me soutenir moralement, mais aussi pour me protéger, d’une éventuelle chute notamment. Ergothérapeutes, neuropsychologues, infirmières et infirmiers, toutes et tous m’ont beaucoup apporté. »

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La digestion se termine dans l’intestin grêle, grâce à la bile provenant de la vésicule biliaire et à une multitude d’enzymes. Les éléments nutritifs obtenus (acides aminés, acides gras, sucres, vitamines, etc.) diffusent vers l’organisme.

3 Digestion ultime par l’intestin grêle

Un broyage mécanique par les muscles de l’estomac associé à la dégradation chimique (mélange d’acides et d’enzymes) décompose les aliments. Le liquide obtenu passe dans l’intestin grêle.

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Décomposition par l’estomac

La mastication et le travail de la salive pour décomposer et lubrifier les aliments amorcent la digestion.

Prédigestion dans la bouche

1

Le trajet de la digestion

La proportion de personnes souffrant de constipation.

5 à 20%

3

2

1

Expert : Pr Jean-Louis Frossard, médecin-chef du Service de gastro-entérologie et hépatologie des HUG

Symptôme fréquent, la constipation est évoquée lorsque le nombre de défécations est inférieur à trois par semaine. Parfois minimisée par les personnes qui en souffrent, elle doit pourtant être prise au sérieux en raison des troubles qu’elle peut occasionner (hémorroïdes, lésions intestinales ou encore occlusions intestinales). Les causes peuvent être liées à l’hygiène de vie ou à une maladie sous-jacente.

La constipation

Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti

L ’ i n f o g r a p h i e

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Au moment d’aller à la selle, miser sur une position physiologique en relevant légèrement les jambes, par le biais d’un petit bloc placé au sol

La position idéale aux toilettes

La constipation terminale Souvent liée à la perte du réflexe d’aller aux toilettes quand le besoin se fait sentir, la constipation terminale se produit lorsque les selles stagnent au niveau de l’ampoule rectale (partie basse du rectum), sans parvenir à être évacuées.

La constipation par inertie Les selles stagnent en divers endroits du côlon. La contraction automatique des muscles du côlon ne parvient pas à les faire descendre correctement vers le rectum.

Elles diffèrent par leurs causes et les mécanismes en jeu.

Deux types de constipation

La longueur du côlon.

1,5 m

Pulsations


4

Zoom sur les selles

pour poser les pieds par exemple. Cela facilite la défécation.

Selles totalement liquides.

Type 7

• Rééducation par manométrie (usage d’une sonde rectale et de capteurs)

• Coloscopie • Examen de radiographie utilisant des marqueurs radioopaques (visualisation de la zone concernée par la constipation)

• Tenir compte des médicaments pouvant favoriser la constipation (neuroleptiques par exemple)

• Adopter une activité physique régulière

• Laxatifs favorisant la sécrétion d’eau

• Laxatifs permettant au côlon de conserver une partie de l’eau

• Bilan sanguin pour mesurer notamment les hormones thyroïdiennes et le taux de calcium

• État des lieux de l’hygiène de vie et des traitements en cours

• Modification de l’alimentation

• Être à l’écoute du besoin d’aller à la selle

• Miser sur une alimentation riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes, etc.)

La prise en charge est définie au cas par cas. Elle repose sur :

Selles molles morcelées, à bords déchiquetés.

Type 6

Si la constipation s’installe, en particulier dès 45 ans où elle peut être le signe d’une maladie sous-jacente (cancer du côlon par exemple), une consultation médicale s’impose. Les examens possibles :

Selles molles morcelées, à bords nets et d’évacuation facile.

Type 5

Les bons réflexes à adopter à titre préventif comme en cas de constipation avérée :

Selles molles mais moulées en saucisse (ou serpentin).

Type 4

Traitements

Selles dures, moulées en saucisse, à la surface craquelée.

Type 3

Dépistage

Selles dures, moulées en saucisse et bosselées.

Type 2

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Prévention

Selles dures et morcelées (en billes) d’évacuation difficile.

Type 1

La carte de Bristol, référence des manuels de gastro-entérologie, répertorie les différents types de selles afin d’évaluer la qualité du transit intestinal et de mesurer l’efficacité des traitements proposés aux personnes souffrant de constipation. À noter que la norme se situe généralement entre les types 3 et 4.

À ce stade, il ne reste dans le côlon que de l’eau et des déchets (fibres alimentaires non assimilables par l’organisme et bactéries). Ceux-ci constituent les selles et sont voués à être éliminés. Une partie de l’eau présente est récupérée. C’est dans le côlon que la constipation peut se manifester.

4 Le côlon et le risque de constipation

L’infographie


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Par Geneviève Ruiz Photo Hervé Annen

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T é m o i g n a g e

« J’ai accouché en écoutant Bob Marley »

Lors de la naissance de son fils, AnneClaude a bénéficié d’une nouvelle approche appelée « césarienne partici­ pative »*. Celle-ci cherche à repro­ duire autant que possible l’expé­ rience d’un accou­ chement par voie basse.

**Césarienne Césarienne participative participative:: proposée proposéeaux auxHUG, HUG,cette cette approche approchevise viseààaméliorer améliorerle levécu vécudes descouples couplessans sans péjorer péjorerla lasécurité sécuritéde del’acte l’actechirurgical. chirurgical.Concrètement, Concrètement, ce ceprotocole protocolepropose proposeles leschangements changementssuivants suivants::la la mère mèrerejoint rejointle lebloc blocopératoire opératoireààpied piedet etpeut peutchoisir choisir une unemusique musique;;elle elleest estinvitée invitéeààpousser pousser;;le lechamp rideau du opératoire champ opératoire devient est transparent soulevé lors lors de de la la sortie sortie du du bébé bébé;;immédiatement immédiatementaprès aprèsla lanaissance, naissance,le lebébé bébéest est posé poséen enpeau peauààpeau peausur sursa samère mère;;ililreste resteààses sescôtés côtésen salle en salle de réveil. de réveil.

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Témoignage

A

Similaire à un accouchement par voie basse

Annne-Claude, qui est notamment infirmière de profession, raconte : « J’ai beaucoup apprécié cette prise en charge qui donne de l’importance au vécu des parents durant l’accouchement et rend ce moment plus humain. Le bloc opératoire est un environnement impressionnant et parfois anxiogène, qui ne correspond pas forcément à la représentation que l’on peut se faire du lieu de son accouchement. Ce nouveau protocole concerne essentiellement une série de détails, dont certains peuvent paraître anodins, mais qui ont toute leur importance.

Au final, mon ressenti n’a pas été si différent de mes accouchements précédents par voie basse. » Prévue le 10 août 2023 dans sa 39e semaine de grossesse, sa césarienne a finalement eu lieu deux jours plus tôt : « Ma poche des eaux s’étant rompue, j’ai dû être prise en charge rapidement. J’ai été autorisée à entrer dans le bloc opératoire à pied. C’est beaucoup moins stressant que d’y être introduite sur un lit d’hôpital. J’étais de plus accompagnée par mon mari, qui est resté tout le long à mes côtés. J’ai ensuite pu choisir une musique. Comme nous apprécions le reggae, c’est sur du Bob Marley que s’est déroulée l’opération. Cela m’a aidée à mieux supporter l’aiguille de l’anesthésie rachidienne, dont j’avais peur. Et je crois que cela a même détendu l’équipe médicale ! » Assister à la sortie du bébé

Juste avant que le bébé ne sorte de l’utérus, la gynécologue a demandé à AnneClaude de pousser, comme pour un accouchement par voie basse. Le moment le plus intense a été le soulèvement du rideau du champ opératoire : « Nous avons pu assister à la sortie de notre fils à travers un champ transparent. Il a rapidement été posé sur ma poitrine. » Le papa a ensuite accompagné le nouveau-né pour le peser et le mesurer. « Puis

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ils sont tous les deux revenus vers moi. » L’intervention terminée, Anne-Claude a regagné la salle de réveil avec son mari et son fils posé en peau à peau. « Les sages-femmes m’ont aidée à mettre Ismael au sein. Malgré un contexte très médicalisé, cela a été un beau moment de douceur. J’ai eu une pensée pour les nombreuses femmes qui sont séparées de leur bébé pendant des heures après une césarienne. Je l’aurais certainement mal vécu. » Pour Anne-Claude, le protocole de césarienne participative ne comporte que des avantages : « Avec cette approche, j’ai toujours eu mon mari et mon bébé avec moi. Les règles de sécurité du bloc opératoire restent très strictes. Mais je me suis sentie écoutée et entendue par l’équipe soignante. Avec mon mari, nous avons perçu une grande bienveillance et un grand professionnalisme durant toute l’intervention. »  Plus d’infos www.hug.ch/obstetrique/ cesarienne-participative

Janvier - Mars 2024

nne-Claude était déjà mère de trois enfants lorsqu’elle est tombée enceinte d’Ismael. « Comme j’avais 43 ans, de l’hypertension et du diabète gestationnel, ma grossesse a été très surveillée. J’avais déjà accouché trois fois par voie basse et mon périnée n’était pas indemne. Afin de ne pas aggraver la situation, mon gynécologue m’a proposé une césarienne. » Cette décision ayant été longuement discutée avec l’équipe soignante, Anne-Claude et son mari l’ont bien acceptée et ont ensuite eu l’opportunité de bénéficier de l’approche dite de « césarienne participative », proposée aux HUG.


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Par Anne-Marie Trabichet

Comment réagir en cas d’agression sexuelle ? Vers qui se tourner ? Les urgences gynéco-obstétricales des HUG offrent un accueil et une prise en charge spécialisés aux victimes. Confidentialité garantie et consentement requis pour tous les examens proposés.

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C’

est un sujet délicat qui suscite beaucoup d’émotions et fait l’objet de nombreuses idées reçues. Les agressions sexuelles sont un problème de santé publique qui touche de nombreuses personnes. On estime que 20 à 25% des femmes et des filles de plus de 16 ans ont expérimenté de la violence sexuelle.1 Sur cette proportion probablement sous-estimée, seule une petite minorité rapporte les faits, reçoit des soins ou entame une démarche légale. « L’Unité des urgences gynéco-obstétricales des HUG

Crédit : Ilaria Urbinati

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U r g e n c e s

Agressions sexuelles : la parole des victimes jamais mise en doute


Urgences

accueille chaque année 150 personnes pour un constat d’agression sexuelle. Mais, certainement, beaucoup plus sont concernées », estime la Dre Jasmine Abdulcadir, responsable de l’unité. Comment se déroule la prise en charge ?

Quand une victime d’agression sexuelle se présente aux urgences gynéco-obstétricales, elle est prise en charge par une infirmière qui va rester avec elle durant toute la consultation. L’accueil se déroule dans un cadre rassurant, en toute confidentialité. Puis la patiente est informée de la possibilité d’effectuer un constat d’agression sexuelle (CAS) avec un ou une médecin légiste et un ou une gynécologue. Psychiatre, proctologue ou pédiatre peuvent aussi être sollicités selon les situations.

Après la première consultation, un rendezvous de suivi est prévu avec un ou une infectiologue, ainsi qu’à la Policlinique de gynécologie et à l’Unité de médecine et de prévention de la violence, où la victime reçoit un soutien psychologique. Un personnel spécialement formé

Les équipes qui accueillent les victimes sont spécialement formées pour cette prise en charge. « Nous organisons des formations théoriques et des simulations basées sur des cas réels pour apprendre comment recueillir les informations auprès de la victime. Cet aspect est particulièrement important pour le personnel de triage dont le rôle est primordial pour l’accueil des victimes aux urgences. Chaque tournus d’équipe implique une formation pour les nouvelles personnes », précise la Dre Abdulcadir. Une fois la victime prise en charge, aucun examen n’est réalisé sans son consentement et rien n’est transmis sans son accord. Le

Une étude précieuse

Entre 2018 et 2021, les données de tous les constats d’agressions sexuelles réalisés aux HUG et au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) ont été collectées et analysées dans une étude rétrospective (lire cidessous), financée par les HUG et le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes. « Grâce à cette étude, nous disposons de données qui peuvent enrichir nos pratiques et celles des acteurs et actrices de terrain, et ainsi servir à améliorer l’information aux personnes qui pourraient vivre une agression », explique la Dre Abdulcadir.  Le harcèlement sexuel et les violences sexuelles faites aux femmes sont répandus en Suisse. https://cockpit.gfsbern.ch/fr/cockpit/violencesexuelles-en-suisse/

1

L’étude est disponible sur hug.plus/constat-agression-sexuelle

Déconstruire les mythes et informer L’étude rétrospective renseigne sur les caractéristiques des agressions et les profils des victimes. Elle révèle que l’âge médian des personnes qui ont effectué un constat d’agression sexuelle aux urgences était de 24 ans et que le nombre de constats est plus élevé pendant les week-ends et durant l’été. Ce rapport bouscule également certaines idées reçues sur les viols et les agressions sexuelles. Par exemple, 58% des victimes indiquent connaître leur agresseur. Or, l’un des a priori les plus communs à propos des agressions est qu’elles impliquent un inconnu. En réalité, pour les patientes incluses dans cette étude, l’agresseur était le plus souvent un ami, un collègue ou une connaissance. Pour 17% d’entre elles, il s’agissait même de leur partenaire intime. Informer et sensibiliser grâce à cette étude, c’est l’espoir de la Dre Jasmine Abdulcadir, responsable de l’Unité des urgences gynéco-obstétricales et co-autrice de l’étude. « Ces informations sont importantes d’un point de vue de santé publique. Il faudrait qu’elles soient disponibles pour les écoles, les villes et les politiques. Notre équipe de recherche envisage de créer un observatoire des violences sexuelles prises en charge aux urgences. »

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Janvier - Mars 2024

Il est possible de réaliser un CAS même si la victime ne souhaite pas entamer une démarche légale. Plus tôt elle se présente après les faits, c’est-à-dire dans les heures ou jours qui suivent, plus il sera possible de recueillir des traces de l’agression, de prévenir des grossesses indésirables ou d’éventuelles infections sexuellement transmissibles.

consentement est renouvelé à chaque étape et l’équipe soignante ne met jamais en doute la parole de la victime.


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Par Clémentine Fitaire

Janvier - Mars 2024

J u n i o r

Illustrations PanpanCucul

Je veux maigrir, suis-je anorexique ? L'anorexie mentale est une maladie qui touche surtout les jeunes filles. Elle est le signe d'une souffrance qui entra ne un fort amaigrissement du corps et peut se répercuter sur la santé.

L'anorexie mentale, c'est quoi ?

Est-ce que l'anorexie est dangereuse ?

C’est un refus de manger normalement qui provoque, au fil du temps, une importante perte de poids. Malgré cet amaigrissement, les personnes qui en souffrent s’enferment dans leur comportement. Elles continuent à se trouver trop grosses et à vouloir maigrir, dans une volonté de contrôle. Ce trouble du comportement alimentaire concerne en particulier les jeunes filles, bien que les gar ons puissent aussi être touchés.

L’anorexie est le signe d’une souffrance profonde. Le corps, quand il ne re oit plus assez de nourriture, va moins bien fonctionner, tout en essayant de s’adapter. Les os vont se fragiliser, la personne peut être déprimée, ne plus avoir ses règles, etc. Dans les cas les plus sévères, l’anorexie peut aussi avoir des conséquences très graves.

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Expert Dr Dante Trojan, pédopsychiatre, responsable de l’Unité AliNEA (alimentation et nutrition chez l’enfant et l’adolescent)

Pourquoi devienton anorexique ? L’anorexie peut avoir plusieurs origines. Elle se déclare le plus souvent à l’adolescence, une période complexe du développement. Les réseaux sociaux et le regard de la société sur l’apparence physique sont notamment pointés du doigt, car ils peuvent entraîner une mauvaise image de soi et de son corps.

En partenariat avec


Junior

Est-ce que ça se soigne ? Oui, l’anorexie mentale peut se soigner. Il y a différentes fa ons d’y parvenir selon la situation de chaque personne. Le plus souvent, des séances de psychothérapie sont proposées, auxquelles la famille participe. Des spécialistes en nutrition sont là pour aider à retrouver progressivement une alimentation normale. Lors du traitement, la personne est très entourée : pédopsychiatres, psychologues, pédiatres, diététiciens ou diététiciennes. Enfin, dans certains cas, une hospitalisation peut être recommandée.

Suis-je anorexique si je me trouve trop gros ou grosse ? Il est normal de prêter attention à son apparence. En revanche, certains signes peuvent indiquer une anorexie débutante. Par exemple, si tu restreins les aliments ou que tu sautes des repas pour ne pas grossir, si tu penses très souvent à ton poids et que tu te compares en permanence aux autres, si tu t’isoles, si tu es souvent en colère, si tu pratiques le sport en excès, peut-être que tu devrais en discuter avec tes parents, un ou une médecin, l’infirmier ou l’infirmière scolaire, ou encore un ou une amie de confiance. Janvier - Mars 2024

Bon à savoir

Aux HUG, l’Unité AliNEA est ouverte aux enfants, adolescents et adolescentes, ainsi qu’à leurs proches, en cas de questions ou de suspicion de trouble du comportement alimentaire. 41


Faut-il prendre des résolutions en début d’année ? Par Geneviève Ruiz

Janvier - Mars 2024

M i e u x -v i v r e

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90% des résolutions prises le 1er janvier seraient abandonnées. Le Dr Paco Prada, responsable du Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise, explique pourquoi et suggère des pistes pour des changements durables.

L

es recherches en psychologie du développement sont unanimes : environ 90% des bonnes résolutions prises le premier jour de l’an ne perdurent pas au-delà de février. Pourtant, toutes les premières quinzaines de janvier, les salles de fitness constatent un pic de demandes d’abonnement. La grande majorité des résolutions du Nouvel An sont en effet liées au corps et à la santé : arrêter de fumer, perdre des kilos superflus, bouger davantage, etc. Pourquoi se fixe-t-on ce genre d’objectifs en janvier?

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Des résolutions liées aux excès des fêtes Pour le psychiatre Paco Prada, responsable du Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise, il s’agit tout d’abord de comprendre les mécanismes psychiques sous-jacents aux bonnes résolutions : « Celles-ci suivent une période de fêtes et ce n’est pas un hasard. Les réunions de famille s’accompagnent de tensions psychiques, d’une charge émotionnelle importante et possiblement d’états mentaux gênants que les excès de nourriture, de boissons et de cadeaux ne compensent pas pleinement.


Mieux-vivre

Lorsque “l’orgie” est terminée, il se peut qu’elle laisse place à la crainte d’un certain vide. Une manière d’éviter de se connecter à cette réalité est de se plonger dans l’action, par exemple dans un plan de fitness. Se fixer des objectifs ambitieux sur le plan corporel permet aussi de mettre de côté un soi considéré comme négatif, car lié aux excès, pour se projeter vers un soi considéré comme meilleur. » Les bonnes résolutions participeraient ainsi à une sorte de rééquilibrage pour gérer nos anxiétés, nos fragilités et nos états mentaux.

Et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle : pour le Dr Prada, ne pas tenir ses résolutions de début d’année résulterait plutôt d’une bonne santé mentale. « Perdurer dans des comportements de contrôle et de privation, dans lesquels la dimension cognitive l’emporte constamment sur l’af-

Petits ajustements durables Le psychiatre considère cependant que le désir d’embellir son corps ou d’être en meilleure santé est positif : « Tout le monde souhaiterait s’améliorer ou être plus séduisant, pour soi-même et pour les autres. » Il existe cependant d’autres moyens d’amorcer des changements durables que des résolutions drastiques prises en début d’année. « Cela passe par la mentalisation, soit la capacité à comprendre les causes psychologiques de son comportement et de celui des autres. Mieux se connecter à ses émotions profondes permet de comprendre ses besoins et de trouver les clés d’un changement durable. » Ce dernier passe alors plus souvent par de menus ajustements liés à des plaisirs physiques simples, comme se connecter à son sentiment de satiété ou faire de petites balades autour de chez soi, que par des plans d’entraînement ambitieux. Il est aussi lié à nos relations bien plus qu’à notre propre volonté : nos proches peuvent motiver ou démotiver certains comportements. Et le psychiatre de souligner que « ce genre de changement peut s’amorcer toute l’année et n’est pas en lien avec les excès des fêtes ». 

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Janvier - Mars 2024

Retrouver l’équilibre Le psychiatre suggère de visualiser notre fonctionnement psychique à l’aide d’un mobile composé de différents axes en équilibre : affectif-cognitif, autonomie-contrôle, moi-autrui et interne-externe. « Lorsqu’on déséquilibre un des axes, le système cherche à retrouver une stabilité. Si, pour parer au déséquilibre produit par les fêtes, nous allons à l’autre extrême en termes de privation et de performance, notre psychisme va naturellement chercher à retrouver l’équilibre. Par exemple, s’il ne s’intègre pas dans mes équilibres psychiques, mon régime draconien entamé le 1er janvier ne va pas durer. »

fectif, n’est pas forcément un signe de bon fonctionnement. Cela ne rend pas heureux et n’améliore pas la santé de façon durable. Cela peut même mener à des comportements pathologiques, comme l’orthorexie (obsession d’une alimentation saine, ndlr) ou la bigorexie (addiction à la pratique excessive d’un sport, ndlr). »


Pulsations

Signal d’alarme de notre corps, la douleur n’est pas ressentie de la même façon chez tout le monde. Les explications du Pr Benno RehbergKlug, médecin adjoint agrégé au Service d’anesthésiologie.

est considérée comme un système d’alarme, la douleur chronique, qui perdure après une lésion, n’a pas d’utilité directe pour le corps. Elle est due à une sensibilisation excessive du système nerveux.

meilleur exemple. Plusieurs éléments peuvent aider à réduire la douleur, comme une bonne hygiène de vie, de sommeil, une activité physique régulière ou encore la pratique de la méditation en pleine conscience.

bilité à la douleur diminue. Cependant, les personnes âgées cumulent davantage de maladies. Par conséquent, elles se retrouvent fréquemment à souffrir davantage que les jeunes.

ment à la douleur dite « nociceptive », déclenchée par une activation des récepteurs situés dans le corps, par exemple à cause d’une brûlure. Il en existe cependant deux autres types : la douleur « neuropathique », liée à une lésion identifiable du système nerveux, comme un nerf coincé, et la douleur « nociplastique », qui survient lorsqu’il n’y a aucune lésion, mais une sensibilisation accrue du système nerveux.

Une douleur chronique est due à une erreur d’interprétation dans le cerveau. Vrai. Puisque la douleur

Il est possible de dompter sa douleur. Vrai. Les fakirs en sont le

Le seuil de tolérance reste le même au cours d’une vie. Faux. Avec l’âge, la sensi-

Il n’existe qu’un seul mécanisme de douleur. Faux. On pense générale-

Les émotions exercent une grande influence sur la sensation de douleur. Vrai. La dépression et

l’anxiété, par exemple, augmentent le ressenti de la douleur. Cela crée un cercle vicieux, car des douleurs peuvent à leur tour donner lieu à de l’anxiété ou à une dépression.

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Une douleur peut être masquée par des médicaments. Vrai. C’est l’objectif des

antalgiques. Cependant, ils ne soignent que les symptômes et non la cause d’une douleur. Il faut donc une analyse plus approfondie pour identifier un problème. 

Crédit : gettyimes

Par Marion de Vevey

Janvier - Mars 2024

V r a i / F a u x

La douleur, un mot pour des maux


FÉV.

Pulsations

Jusqu’au 29/02 Exposition Racines Hôpital Hall d’entrée Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

MARS Cérémonie du souvenir 16h Centre de l’innovation des HUG

Conférences et spectacle Cerveau

Sensibilisation Cancer colorectal 20h30 Sur Léman bleu

L’équipe spécialisée dans le cancer colorectal du Centre des cancers intervient dans le cadre d’une émission spéciale sur Léman bleu. Les experts et expertes de l’hôpital accompagnées de représentants et représentantes de la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer donnent des explications sur les modalités du plan cantonal de dépistage, l’importance du mode de vie dans la prévention, le risque génétique ainsi que sur les traitements, dont l’évolution ces dernières années a été particulièrement rapide. Plus d’infos sur : hug.plus/ marsbleu2024

14/03

Dès 19h Uni Dufour Rue Général-Dufour 24 Entrée libre

Afin de faire le point sur les avancées scientifiques, l’Université de Genève organise, en collaboration avec les HUG, la Semaine internationale du cerveau. Cette 26e édition, menée en partenariat avec le nouveau centre Synapsy, porte sur la santé mentale. Elle se clôture le vendredi 15 mars avec un one man show qui traite de ce sujet avec humour. Plus d’infos sur : www.semaineducerveau.ch

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Journée mondiale du rein Néphrologie Dès 12h Entrée principale Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

Les HUG se mobilisent pour la Journée mondiale du rein avec des dépistages gratuits, des ateliers et des stands. Plus d’infos sur : www.hug-ge.ch/ nephrologie

Janvier - Mars 2024

Deuil

11 au 15/03

14/03

A g e n d a

09/03

Comme chaque année, les HUG organisent une Cérémonie du souvenir pour les parents, familles, proches, soignantes et soignants confrontés au décès d’un bébé ou d’un enfant. L’occasion de partager un rituel symbolique qui marque le lien unissant les proches au-delà de la mort. Cette commémoration laïque est ouverte à toutes les religions et convictions. Des soignantes et soignants, des représentants et représentantes d’associations d’aide aux personnes en deuil ainsi qu’un aumônier sont présents pour accueillir et accompagner les personnes participantes. Plus d’infos sur www.hug.ch/ceremoniedu-souvenir

Par Giuseppe Costa

Intitulée « Racines », l’exposition collective des collaborateurs et collaboratrices des HUG, organisée par ArtHUG, symbolise nos origines, liant la nature et l’humanité. Les racines nourrissent les plantes, unissent les langues, révèlent les mystères des nombres. En elles réside la force de la connexion, de la connaissance et de notre identité. Elles incarnent l’essence de notre être et notre lien avec le monde qui nous entoure. L’exposition se tient jusqu’au 29 février.

Bâtiment Gustave Julliard Rue Alcide-Jentzer 17 Entrée libre sur inscription


Pulsations

Espaces de logopédie pour la petite enfance

La grossesse est une période de bouleversements et de transformation, tant pour les femmes enceintes que pour leurs partenaires. Pour se préparer et accueillir le nouveau-né dans les meilleures conditions, la Maternité des HUG propose une toute nouvelle palette de cours de préparation à la naissance et à la parentalité. Une vingtaine de cours sont

Mieux gérer ses douleurs avec Dolodoc Les douleurs chroniques touchent 16% de la population adulte en Suisse. Leur prise en charge est souvent complexe et repose sur des associations thérapeutiques multimodales, médicamenteuses et psychosociales. Avec Dolodoc, les personnes concernées disposent désormais d’un nouvel outil numérique favorisant l’autogestion de leur douleur.

ces lieux, deux logopédistes accueillent tous les parents, sans rendez­vous et gratuite­ ment. Ces personnes répon­ dent aux questions, orientent et conseillent en cas de diffi­ cultés de langage tels qu’un retard, un bégaiement, une absence ou un faible niveau de communication. Les ELPE ont été mis en place avec le soutien du Bureau de l’intégra­ tion et de la citoyenneté et la collaboration du Centre des logopédistes indépendants de Genève et de l’Association romande des logopédistes diplômés. Plus d’infos sur les lieux et les horaires : http:// hug.plus/elpe

disponibles pour répondre aux besoins spécifiques des futurs parents et se préparer à tous les stades : de la grossesse, en passant par l’accouchement, jusqu’au retour à la maison. Ils fournissent un environnement de confiance pour échanger librement et bénéficier de conseils professionnels. Ces cours offrent plusieurs approches de préparation, dont les méthodes classiques, la natation, le yoga, l’hypnose, la sophrologie et bien d’autres encore. Plus d’infos et inscription sur : www.hug.ch/pan

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Cette application, ayant bénéficié du soutien de la Fondation privée des HUG, suggère des stratégies efficaces afin d’améliorer leur bien-être général et leur aptitude fonctionnelle. Par exemple : déplacer son attention, vivre dans le moment présent ou intégrer au quotidien la méditation en pleine conscience. Autant de conseils accessibles et personnalisables susceptibles de réduire l’impact des douleurs. Pour télécharger gratuitement l’application : www.hug.ch/ application-mobile/dolodoc

Crédits : HUG, shutterstock, HUG

Par Giuseppe Costa

Janvier - Mars 2024

B r è v e s

Certains enfants communiquent peu, mal ou pas du tout avec leur entourage et les autres enfants. Leur élocution est laborieuse et il est difficile de comprendre ce qu’ils veulent exprimer. Afin d’aider les parents confrontés à cette situation, l’Unité de guidance petite enfance des HUG pro­ pose des Espaces de logopédie petite enfance (ELPE) pour les enfants âgés de 1 à 4 ans. Dans

Préparation à la naissance et à la parentalité


Brèves

Journée de l’innovation

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e

édition

Nos modes de déplacement influencent notre santé En étudiant divers facteurs liés à l’environnement et aux modes de vie de la population, les études en épidémiologie populationnelle montrent que la manière dont nous nous déplaçons ou encore notre exposition à la pollution sonore provoquée par le trafic automobile, par exemple, peuvent avoir des

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Thrombose et contraception L’utilisation de la pilule contraceptive et d’autres contraceptifs hormonaux combinés (CHC) multiplie par trois le risque de formation de caillots sanguins. Toutefois, une étude prospective des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Genève (UNIGE),

Crédits : vectorstate, gettyimages, istockphoto

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lauréats, dont le Prix de l’innovation 2023 à « La plateforme Phoenix – un catalyseur pour le développement de nouvelles thérapies pour la surdité » Pour en savoir plus : www.hug.ch/ communiquesde-presse

Janvier - Mars 2024

projets sélectionnés dans les domaines des biotechnologies, du numérique, de la formation ou encore du confort des patientes et des patients.

effets immédiats et à plus long terme sur notre santé. L’Unité d’épidémiologie populationnelle des HUG est au croisement de la santé et de la mobilité. Elle œuvre pour recueillir des données de précision sur l’ensemble de ces questions et les nombreux facteurs pouvant influencer, au cours du temps, la santé de la population. Elle participe ainsi à optimiser les démarches de promotion ou de sensibilisation aux questions de santé publique de notre époque. Plus d’infos sur : www.hug.ch/medecinepremier-recours/uep

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publiée dans la revue Blood, montre que ce risque disparaît en grande partie dans les deux à quatre semaines suivant l’arrêt de l’utilisation de ces contraceptifs. Cette découverte est très importante pour la prise en charge des femmes recourant aux CHC et devant subir une intervention chirurgicale, par exemple avec une longue période d’immobilisation, qui augmente le risque de thrombose.


Pulsations

Pour en savoir plus sur… L’anorexie

En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU

L i v r e s

Janvier - Mars 2024

&

W e b

L’anorexie : un guide pour comprendre Rébecca Bègue-Shankland De La Martinière jeunesse, 2018 Un manuel essentiel pour un sujet grave, qui décrypte les symptômes de l’anorexie et propose des pistes de soutien.

Les troubles du comportement alimentaire

100 questions/réponses La Clinique des maladies mentales et de l’encéphale Ellipses, 2022 Un ouvrage traitant des troubles du comportement alimentaire, leurs mécanismes, leurs causes, des problématiques du quotidien ainsi que des méthodes thérapeutiques.

ABA – Association Boulimie Anorexie

L’association a pour objectifs d’informer, de proposer écoute, soutien et aide aux malades et à leurs proches. https://boulimie-anorexie.ch

CONTACT Tous les livres référencés sont disponibles à la Bibliothèque de l’Université, site CMU. Ils peuvent être consultés et/ou empruntés gratuitement par tous. La collection « patients » de la bibliothèque de médecine s’adresse à tout un chacun qui souhaite s’informer sur une thématique en lien avec la santé. Bibliothèque de l’Université de Genève Centre médical universitaire Avenue de Champel 9 1206 Genève Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu@unige.ch 022 379 51 00 Pers. de contact : Annick Widmer www.unige.ch/biblio/patients/

La douleur J’ai envie de comprendre… Les douleurs chroniques et rebelles Suzy Soumaille, Dre Valérie Piguet Planète Santé, 2018 Les douleurs rebelles minent le quotidien de 20% de la population et n’ont rien d’imaginaire. Ce livre donne des clés de compréhension et propose une série d’outils pour mieux les gérer et redevenir le pilote de sa vie.

Apaiser la douleur avec la méditation Jon Kabat-Zinn Les Arènes, 2016 Le Pr Jon Kabat-Zinn, qui a introduit la méditation laïque dans la médecine, a aidé des milliers de personnes à utiliser la pleine conscience pour transformer leur relation à la douleur. Grâce à la méditation, il est possible de réduire à la fois son intensité et ses répercussions sur nos émotions.

La douleur, quelle chose étrange Steve Haines, dessin de Sophie Standing Ed. ça et là, 2018 Une exploration documentaire des mécanismes psychologiques et physiologiques dans le phénomène de la douleur.

La constipation Pour en finir avec la constipation Évelyne Moulin Les Asclepiades, 2015 Qu’est-ce que la constipation ? Est-ce qu’il existe une manière de vivre, une alimentation susceptible de l’éliminer ? Ce livre explique clairement le pourquoi et le comment de ce trouble.

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Psychiatrie de l’enfance et de l’adolescence Ado, déprimé ou dépressif ?

Quand s’inquiéter pour votre ado Cédric Leclercq, Aurore Boulard De Boeck Supérieur, 2020 Comment reconnaître les signes de la dépression et leurs particularités chez les filles et les garçons ? Vers qui se tourner quand les inquiétudes grandissent ? Ce livre vous aide à accompagner votre ado.

J’ai mal et pourtant, ça ne se voit pas… Lucile de Pesloüan De l’isatis, 2018 Des personnages confient un moment de leur détresse dans un quotidien qui continue de tourner. Un roman qui aborde le thème de la santé mentale de manière intime et sans complaisance.

CléPsy

Des clés pour accompagner les familles dans leur quotidien. https://www.clepsy.fr/

Les bonnes résolutions Self­santé : se réapproprier sa santé Alexandra de Toledo Planète santé, 2022 Dans un environnement changeant et une société qui ne nous laissent que peu de temps pour prendre soin de nous, comment améliorer certains comportements pour préserver notre santé ?

Les 4S pour rééquilibrer sa vie Christian Recchia Humensciences, 2021 La méthode 4S vous apprend à maîtriser votre sphère alimentaire, votre sommeil, votre stress et votre sport.


ADRIANA KAREMBEU SOUTIENT LE DON DU SANG

ADRIANA KAREMBEU

est mannequin, présentatrice et égérie de plusieurs marques. Elle a fait quelques incursions dans le cinéma (Trois petites filles, Astérix aux Jeux Olympiques). À la télévision, elle a participé à des émissions comme présentatrice (Tops Models, Les pouvoirs extraordinaires du corps humain) ou candidate (Danse avec les stars, Pékin Express) et a joué dans la série Plus belle la vie sur France 3. Adriana Karembeu met sa notoriété au service des autres, elle est une fidèle ambassadrice de la Croix-Rouge.

DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES

www.dondusang.ch


GRÂCE À SES DONATEURS, LA FONDATION PRIVÉE DES HUG RÉALISE DES PROJETS INNOVANTS ET AMBITIEUX AVEC 3 OBJECTIFS

AU G M E N T E R LE BIEN-ÊTRE DU PATI E N T Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels.

AM É L I O R E R L A QUA L I T É DE S S O I N S Infokids Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques.

FAVO R I S E R LA R E C H E RC H E MÉ DI C A L E Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.

L’EXCELLENCE MÉDICALE POUR VOUS, GRÂCE À VOUS.

Pour faire un don : www.fondationhug.org IBAN CH75 0483 5094 3228 2100 0 T +41 22 372 56 20 Email : fondation.hug@hcuge.ch


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