Choc de trames: requalification de la Place Longueuil en coeur de quartier

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Choc de trames:

requalification de la Place Longueuil en cœur de quartier

Grégory Taillon Essai (projet) soumis en vue de l’obtention du grade M. Arch École d’architecture de l’Université Laval Hiver 2017



Résumé Cet essai (projet) s’intéresse aux qualités urbaines qu’il serait possible de générer par la requalification des centres commerciaux de première couronne de banlieue, tout en respectant les aspects sociaux et culturels qui s’y sont développés au fil du temps. Les centres commerciaux présentent plusieurs lacunes urbaines et architecturales, mais restent des pôles de consommation et de divertissement importants, ancrés dans les modes de vie. Le défi est donc d’intervenir dans ces milieux au fort potentiel, en tentant d’améliorer certains aspects; comment la requalification des centres commerciaux de première couronne peut-elle participer à la qualité urbaine? La Place Longueuil semble être le site idéal pour faire évoluer un projet portant sur ce sujet. Il s’agit d’un centre commercial fonctionnel et apprécié, mais qui comporte plusieurs aspects fonctionnels et urbains à améliorer. Une analyse de l’histoire des centres commerciaux, suivie d’une étude des qualités sociales et culturelles qui s’y développent permet de mieux comprendre ces milieux complexes. Une analyse plus en profondeur de la Place Longueuil permet ensuite de mieux cibler les interventions architecturales nécessaires et les aspects à conserver. Le projet se développe d’abord à l’échelle urbaine, avec la proposition d’un plan d’ensemble pour le site. L’une des interventions proposées, l’ajout d’un centre aquatique, est ensuite détaillée à l’échelle architecturale. Dans les deux cas, c’est le choc des trames, urbaines et structurales, qui a guidé l’approche conceptuelle.

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Encadrement Erick Rivard Chargé de cours à l’École d’architecture de l’Université Laval Architecte associé - Groupe A / Annexe U

Membres du jury Erick Rivard Chargé de cours à l’École d’architecture de l’Université Laval Architecte associé - Groupe A / Annexe U

Jacques Plante Professeur agrégé à l’École d’architecture de l’Université Laval Architecte - L’Architecte Jacques Plante

Pierre Bouvier Architecte - Atlante architecture + design inc.

Marie-Odile Marceau Architecte associée - McFarland Marceau Architects

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Remerciements Huit années se sont écoulées depuis le début de mes études en architecture. Tout au long du parcours, j’ai eu la chance d’être côtoyé par plusieurs personnes qui ont su le bonifier. J’aimerais d’abord remercier mes parents, qui m’ont immergé dans le monde de l’architecture bien avant le début de ma formation, à travers de nombreux voyages, discussions et anecdotes. Je les remercie également de m’avoir soutenu et accompagné tout au long de mes études, et d’avoir pris le temps de s’intéresser aux projets sur lesquels j’ai travaillé. Un merci particulier à Maxime, avec qui j’ai eu la chance de partager des moments inoubliables tout au long de ce parcours universitaire, au Québec comme à l’étranger. J’aimerais également remercier tous les professeurs pour leur enseignement d’une valeur inestimable. Plus particulièrement, je souhaite remercier Erick Rivard, qui a accepté que je me lance dans ce projet ambitieux et qui a su me guider et me conseiller tout au long de la session. Merci également au jury, dont les commentaires ont permis de nourrir davantage le projet. Finalement, merci à tous mes amis et collègues, qui ont fait de ces études huit années festives et enrichissantes.

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Table des matières Résumé Encadrement Remerciements Table des matières Liste des figures

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Introduction

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Chapitre 1 - Les centres commerciaux

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1.1 L’histoire des centres commerciaux 1.1.1 L’époque moderniste 1.1.2 L’époque post moderniste 1.2 Les qualités sociales et culturelles des centres commerciaux 1.2.1 Les sentiments d’appartenance et de bien-être 1.2.2 La place des adolescents et des personnes âgées 1.2.3 L’importance des troisièmes lieux 1.3 Les centres commerciaux du Grand Montréal 1.3.1 Les centres commerciaux et le transport 1.3.2 Un potentiel sous-exploité: les stationnements 1.3.3 L’impact des saisons

Chapitre 2 - La Place Longueuil 2.1 Développement du site et son quartier 2.2 Contexte et évoluton du bâtiment 2.2.1 La première phase d’édification 2.2.2 Les phases de densification 2.3 Analyse de l’état actuel de la Place Longueuil 2.3.1 L’analyse urbaine 2.3.2 La proposition d’une station de métro 2.3.3 La valeur patrimoniale du bâtiment 2.3.4 La trame structurale 2.3.5 L’état de l’offre commerciale 2.3.6 L’analyse de la clientèle

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Chapitre 3 - Le projet 3.1 Le projet à l’échelle urbaine 3.1.1 Poursuivre les trames résidentielles 3.1.2 Tisser les zones commerciales 3.1.3 Ajouter des espaces verts 3.1.4 Revoir le rôle des attracteurs 3.2 Le projet à l’échelle du bâtiment 3.2.1 Les objectifs de design 3.2.2 Les trames 3.2.3 L’extérieur 3.2.4 L’atrium et le troisième-lieu 3.2.5 Le centre aquatique 3.2.6 Le centre sportif

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Conclusion

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Bibliographie

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Annexes

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Liste des figures

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The Arcade, Providence, Rhode Island Photo par l’auteur

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Grand magasin Miliron’s, Los Angeles Collection Victor Gruen Image tirée du livre de Wall (2005)

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Northland, Southfield, Michigan Collection Victor Gruen Image tirée du site de Austrian Information

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Southdale, Edina, Minnesota Collection Victor Gruen Image tirée du site de Austrian Information

05

Northland, Southfield, Michigan Collection historique de la ville de Southfield Image tirée du site de C&G news

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Méga-parc des Galeries de la Capitale Photo par Montreal-xp

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Quartier DIX30, Brossard Google Street View

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Foire alimentaire de la Place Longueuil Rénovée en 2014 par Lemay Michaud Photo par Adrien Williams

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Espace salon à la Place Longueuil Rénové en 2014 par Lemay Michaud Photo par Claude Taillon

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Carte des centres commerciaux du Grand Montréal à proximité d’une station de métro Par l’auteur

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Terminus d’autobus Faireview Pointe-Claire, Montréal Google maps

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Connexions autoroutières Galeries d’Anjou Google maps

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Vues aériennes des stationnements de neuf centres commerciaux du Grand Montréal Google maps, modifié par l’auteur


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Extrait d’une carte de Longueuil avant la fusion de Montréal-Sud Dessinée par Georges Mailhot, 1953 Collection Géoindex, Université Laval

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Vue aérienne de l’existant Par l’auteur, à partie de Google maps

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Plan d’ensemble proposé Par l’auteur, à partir de Google maps

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Extrait d’une carte de Longueuil pendant l’Expo 67 Publiée par la Ville de Longueuil, 1967 Collection Géoindex, Université Laval

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Occupation du sol existant et proposé Par l’auteur À partir d’un plan fourni par la Ville de Longueuil

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Projet de centre-ville de Longueuil Dessiné par Victor Prus, 1963 Tiré du livre de Prus (1963)

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Occupation du sol existant et proposé Par l’auteur À partir d’un plan fourni par la Ville de Longueuil

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Vue aérienne de la Place Longueuil après l’incendie de 1979 Archivée par Grocerymania

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Axonométrie des trames structurales et de la circulation Par l’auteur

Photo de la Place Longueuil vers 1981 Collection Marcel Robidas Trouvée sur le site Le monde en image

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Vue extérieur du projet Par l’auteur

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Vue de l’atrium Par l’auteur

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Vue intérieure du centre aquatique Par l’auteur

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Vue intérieure de la piste de course Par l’auteur

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Vue du grand escalier Par l’auteur

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Vue de l’accueil de la piscine Par l’auteur

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Coupe du projet Par l’auteur

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1924

Évolution du place de la Place Longueil Par l’auteur D’après les archives de la Ville de Longueuil

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Analyse de la perméabilité Par l’auteur

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Local de l’ancien Target Google Street View

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L’enseigne de la Place Longueuil Google Street View

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Coin marqué du supermarché Google Street View

29

Analyse de la lisibilité Par l’auteur

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Analyse de la variété Par l’auteur

31

Nouvelle terrasse de la foire alimentaire Google Street View

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Écran de béton par Victor Prus Google Street View

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Comparaison du plan de la Place Longueuil et de sa trame structurale Par l’auteur À partir des plans fournis par l’administration du centre commercial

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Espace salon de la Place Longueil Par l’auteur, décembre 2016

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Patinoire de la cour centrale de la Place Longueuil Photo par Pierre M. Mystic Design, 2013 Trouvée sur le site de Mystic Design

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Introduction Cet essai (projet) s’intéresse aux qualités urbaines qu’il est possible de générer par la requalification des centres commerciaux de première couronne, tout en respectant les aspects sociaux et culturels qui s’y sont développés au fil du temps. Les centres commerciaux, longtemps symboles de modernité, sont aujourd’hui souvent considérés comme d’importants consommateurs d’espace, en rupture avec leur environnement, et dont l’accès sans voiture est difficile (Christensen, 2008; Parlette, 2011). Toutefois, la plupart d’entre eux restent des pôles de consommation et de divertissement importants, ancrés dans les modes de vie (Bloch, 1994). Le défi est donc d’intervenir dans ces milieux au fort potentiel, en tentant d’améliorer certains aspects. Comment la requalification des centres commerciaux de première couronne peut-elle participer à la qualité urbaine? La Place Longueuil semble être le site idéal pour faire évoluer un projet portant sur ce sujet. Il s’agit d’un centre commercial fonctionnel et apprécié, situé à proximité d’une station de métro et d’un quartier intéressant, le Vieux-Longueuil. Cependant, il comporte plusieurs lacunes urbaines et architecturales qui justifient une requalification. Une analyse de l’histoire des centres commerciaux, suivie d’une étude des qualités sociales et culturelles qui s’y développent, permet de mieux comprendre ces milieux complexes. Une analyse plus en profondeur de la Place Longueuil permet ensuite de mieux cibler les interventions nécessaires et les aspects à conserver. Le projet se développe d’abord à l’échelle urbaine, avec la proposition d’un plan d’ensemble pour le site, basé sur les théories de Gehl (2012), Bentley (1985) et Mikoleit (2011). Parmi les interventions proposées, l’ajout d’un centre aquatique est ensuite détaillé à l’échelle architecturale. Dans les deux cas, c’est le choc des trames, urbaines et structurales, qui a guidé l’approche conceptuelle. Le projet s’intéresse également au choc culturel qu’implique le questionnement du rôle des attracteurs au sein des centres commerciaux.

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01 The Arcade, Providence, Rhode Island Par l’auteur

02 Grand magasin Miliron’s, Los Angeles Collection Victor Gruen

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1 Les centres commerciaux

1.1 L’histoire des centres commerciaux Le principe des centres commerciaux modernes est le résultat d’une longue évolution, qui tire ses origines de diverses formes d’organisation commerciale. Parmi celles-ci, on note le passage couvert, forme urbaine du 18e siècle, qui avait pour objectif de créer des espaces piétons couverts propres, sécuritaires et agréables pour magasiner (Geist, 1989). En Amérique, The Arcade, situé à Providence au Rhode Island et ouvert en 1828, est généralement considéré comme le premier centre commercial des États-Unis. Il regroupait une soixantaine de commerces, disposés le long d’un axe et répartis sur trois niveaux, surplombés d’un puits de lumière. C’est toutefois l’arrivée de l’automobile et le déclin d’après-guerre des centres-villes qui ont eu le plus gros impact sur l’évolution du centre commercial. Partout aux États-Unis, on voit apparaître des regroupements de petits commerces, le long de stationnements. Les grands magasins, apparus vers la fin du 19e siècle, cherchent eux aussi à établir de nouvelles adresses dans les banlieues émergentes. Ils sont parfois accompagnés de petits commerces, avec lesquels ils partagent le stationnement. Malgré quelques variations, le principe reste inchangé pendant plusieurs décennies (Maitland, 1990).

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1.1.1 L’époque moderniste C’est à Victor Gruen, architecte viennois émigré aux États-Unis durant la Deuxième Guerre mondiale, qu’on attribue l’invention du centre commercial moderne. Son idée originale était toutefois bien différente du résultat qu’on connaît aujourd’hui (Wall, 2005). Dans sa réflexion, d’abord exprimée à travers une série de textes publiés dès le début des années cinquante, Gruen était convaincu que les centres commerciaux devaient être davantage qu’une simple «collection de magasins» (Wall, 2005). «The shopping center of tomorrow will, besides performing its commercial function, fill the vacuum created by the absence of social, cultural and civic crystallization points in our vast suburban areas» (Gruen, 1952; 67). Il ne voyait pas les centres commerciaux comme étant en concurrence avec les centres-villes, mais plutôt comme de petits noyaux urbains complets, satellites du centre existant. Son premier essai construit est le Northland, à Southfield au Michigan. L’aménagement de ce projet se dit inspiré de Vienne, sa ville natale. On y trouve des places publiques, des parcs, des commerces disposés le long de rues piétonnes, des salles d’exposition, des auditoriums, une garderie, de l’art urbain, et un magasin à grande surface, servant à la fois d’attracteur au projet et de repère visuel. Afin d’en faciliter l’accès, le centre commercial était entouré d’un vaste stationnement. Pour Gruen, l’augmentation de la congestion routière et le manque d’espace de stationnement étaient les principales causes du déclin des centres-villes (Wall, 2005). Il ne fallait donc pas répéter cette erreur dans les nouveaux centres de banlieue. L’important était qu’une fois sorti de son véhicule, l’espace qui s’offrait au visiteur était entièrement piéton, agréable, aéré, propre et sécuritaire, à l’image du centre historique de Vienne. Northland a rapidement été considéré comme un succès. L’achalandage et les revenus étaient bien au-delà des attentes. Le plus grand succès pour Gruen était que le dimanche, alors que les magasins sont fermés, le centre fourmille de gens venus jouer dans l’herbe, se promener, ou regarder les vitrines (Wall, 2005). Plusieurs critiques d’urbanisme ont applaudi le projet. L’un d’eux, Grady Clay, en a profité pour poser une question intéressante à cette époque d’étalement urbain et d’abandon des centres-villes: «Is there any reason why we can’t have it in downtown too?» (Clay, 1958: 172)

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En 1956, devant le succès de Northland, Gruen est engagé pour la conception d’un nouveau centre commercial: le Southdale à Edina au Minnesota. Le promoteur souhaite y retrouver les mêmes qualités que dans son projet précédent. Étant donné la température de la région, qui atteint autant des températures très élevées que très basses, l’architecte lui propose d’essayer un nouveau principe: créer un centre commercial entièrement intérieur, inspiré des galeries marchandes italiennes (Wall, 2005). On y retrouve donc les mêmes programmes commerciaux, sociaux et culturels, disposés le long de mails piétons et d’une cour centrale intérieure. Pour Gruen, Southdale n’a rien de banlieusard, à l’exception de son emplacement. Le magazine Architectural Forum soutient qu’il ne s’agit pas d’une imitation des centres-villes, mais bien d’une sélection des «éléments qui rendent les centres-villes si attirants: la variété, la singularité, la luminosité, les couleurs, et même les foules» (Architectural forum, 1956; 117) Parmi les autres avancées importantes, on note l’ajout d’un second attracteur. En effet, peu de temps après le début de la planification de Southdale, un autre promoteur annonçait son intention d’ouvrir un centre commercial dans la même région. Pour éviter de diluer le marché, et d’ainsi risquer un échec commercial, les deux promoteurs ont décidé de se réunir sous un même toit. Gruen a choisi de les disposer dans deux coins opposés, séparés par la cour intérieure et les autres petits commerces (Wall, 2005).

03 Northland, Southfield, Michigan Espaces publics et grand magasin

04 Southdale, Edina, Minnesota Cour centrale du centre commercial intérieur

Collection Victor Gruen

Collection Victor Gruen

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Malgré le succès commercial du projet, Gruen réalise rapidement ses nombreuses lacunes urbaines et architecturales. Les longues façades aveugles, qu’il qualifie d’«architecture introvertie», ne représentent aucunement toute l’activité et la diversité qui se trouvent à l’intérieur. L’ajout d’un second attracteur, et leur disposition en rive n’offrent pas les qualités de repère visuel du grand magasin central de Northland. Aussi, les espaces communs étant intérieurs, ils sont davantage limités en nombre et en fonction que dans le projet précédent. Ils ne peuvent pas non plus être utilisés en dehors des heures d’ouverture. Gruen note également les problèmes des stationnements. «Nous n’avons pas réussi à faire de la marche entre la voiture et le bâtiment autre chose qu’une pure corvée. Pire encore, les stationnements créent un environnement qui repoussent les bons développements résidentiels et autres dans le secteur». (Gruen, 1973; 91) Considéré comme l’inventeur et spécialiste des centres commerciaux, et devant le succès commercial de ses premiers projets, Victor Gruen continue à recevoir des contrats pendant la décennie qui suit. Toutefois, les demandes des promoteurs s’éloignent de plus en plus de ses principes de base. Alors qu’ils étaient au départ des héritiers de grands magasins, avec le désir de protéger un nom, une réputation et des valeurs familiales, ce sont maintenant des promoteurs et leurs banquiers qui passent les commandes. Les aspects sociaux et culturels sont donc rapidement réduits à l’installation d’une oeuvre d’art dans la cour centrale. Les espaces sont standardisés et réduits au maximum. Au final, son idée initiale aura été érodée et transformée au point de devenir la «collection de magasins» qu’il tentait d’éviter (Wall, 2005).

05 Northland, Southfield, Michigan Le centre commercial dans son contexte Collection historique de Southfield

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1.1.2 L’époque post moderniste Durant la période qui a suivi le modernisme, les centres-ville recommencent à prendre vie. Plusieurs plans sont mis en place pour réaménager et revitaliser les rues commerciales. Au Québec, c’est la fondation Rues principales qui, dès 1985, se donne pour mission d’accompagner les municipalités à développer les centres délaissés. Profitant de ce nouveau terrain à développer, plusieurs promoteurs imaginent de nouveaux types de centres commerciaux innovateurs, adaptés aux secteurs urbains. Durant les années quatre-vingt, plusieurs «Festival marketplaces» ouvrent leurs portes aux États-Unis. Ce sont des complexes mixtes, majoritairement ouverts sur des allées extérieures, et dont les commerces sont principalement issus d’entreprises locales. Parallèlement, on retrouve aussi des «centres thématiques», soit des centres commerciaux éclatés, principalement destinés aux touristes, et qui prennent l’allure d’un village de pêche ou d’un village minier par exemple (Maitland, 1990). Les centres commerciaux urbains font également leur apparition à cette époque. Ils sont principalement destinés aux travailleurs et aux nouveaux résidents des centres-villes, et se concentrent davantage sur la mode et les produits de luxe. Ils sont généralement connectés à une rue commerciale existante (Maitland, 1990). À Montréal, plusieurs complexes du Montréal souterrain tirent leurs origines de ce mouvement (Boisvert, 2011). Pour la première fois, les centres commerciaux de banlieue perçoivent le poids de la concurrence. L’émergence des nouveaux types et la renaissance des centres urbains gobent une partie de leur clientèle. De plus, ils sont maintenant très nombreux, et se font de la concurrence entre eux (Moss, 2007). Parallèlement, dès le début des années quatre-vingt-dix, plusieurs grands magasins commencent à fermer leurs portes, laissant ainsi les centres amputés d’un attracteur (Urban Land Institute, 2001). Il faut trouver un nouveau moyen de faire venir les gens. Dans l’esprit de l’époque, c’est vers le loisir que les propriétaires se tournent pour renouveler leur offre et attirer les consommateurs potentiels. L’ambiance proposée s’approche généralement de celle d’un parc d’attractions. Selon la taille des centres commerciaux, on ajoute des arcades, des cinémas, des carrousels, des patinoires, des piscines, des mini-golfs, et même des montagnes russes (Urban Land Institute, 2001). L’exemple le plus connu au Canada est le West Edmonton

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Mall, avec près du tiers de sa superficie consacrée aux loisirs (Maitland, 1990). À Québec, l’agrandissement des Galeries de la Capitale en 1987 correspond à cette volonté d’ajouter une section réservée aux loisirs pour attirer les visiteurs. Dans ce cas-ci, cette nouvelle aile remplace complètement le quatrième attracteur initialement prévu (Moretti, 1998). Le climat économique des années suivantes a ralenti l’évolution des centres commerciaux. Au début de l’an 2000, deux nouveaux types apparaissent, donnant un autre coup dur aux premiers centres commerciaux de banlieue. Le premier type, les «Retail parks» ou «Power centers», sont constitués de quelques grands magasins aménagés dans des bâtiments autonomes, accompagnés d’un vaste stationnement. Le principal objectif de ces complexes est de réduire les coûts pour les commerçants et les clients. La qualité de la construction est réduite à son minimum. Les matériaux utilisés sont très économiques et l’architecture est simpliste. L’absence de corridors intérieurs et d’espaces communs réduit grandement les coûts de construction et d’exploitation. Ce type concerne principalement les commerces ayant une très grande surface, tel que les centres de rénovation ou les supermarchés de vente en gros. En réaction, un second type apparaît à la même époque. Les centres de vie, ou«Lifestyle centres», reprennent les grandes lignes des «Power centers». La construction est économique, et la voiture occupe une place importante à proximité des commerces. La principale différence réside dans le type de magasins qui s’y trouvent. Ce sont davantage des commerces de détail et des restaurants, généralement issus des mêmes chaînes qu’on retrouve dans les centres commerciaux traditionnels. Cela permet de les regrouper autour d’un axe, qui reprend les allures d’une rue principale. Le but est donc de chercher un équilibre entre les économies générées et la facilité d’accès en voiture des «Power centers», mais avec les qualités urbaines d’une rue commerciale. Au Québec, les deux principaux exemples sont le Centropolis de Laval et le Quartier DIX30 de Brossard. On constate aujourd’hui que ces deux types comportent plusieurs lacunes. La présence de l’hiver et les difficultés à passer d’un commerce à l’autre sans voiture nuisent à l’achalandage. Malgré les décors qui tentent de reproduire l’apparence d’une rue principale, l’absence d’une réelle mixité crée un climat d’insécurité et n’offre rien en dehors des heures d’ouverture. Plusieurs commerces quittent et les promoteurs doivent trouver des solutions pour revoir le

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principe (Fournier, 2015). Malgré tout, ces deux types auront poussé les centres commerciaux de banlieue à revoir leurs façons de faire une fois de plus. En réaction à l’allure bas de gamme et à l’absence de services et d’attraits de ces nouveaux concurrents, les centres commerciaux se tournent maintenant vers le chic et la qualité. Au Québec, c’est le Carrefour Laval qui a emboîté le pas avec une rénovation complète en 2010. Les faux décors festifs sont remplacés par des matériaux nobles, tels que le bois importé, le marbre et le quartz. Cette nouvelle façon de faire s’étend rapidement à plusieurs centres. La tendance entraîne également l’aménagement d’espaces salons, avec fauteuils, canapés et plantes vertes. On souhaite que les visiteurs s’y sentent bien, viennent plus souvent et prolongent leur visite. Aussi, cet ajout prend en considération la clientèle vieillissante. Plutôt que de compter sur un attracteur en particulier, on mise maintenant sur la qualité globale de l’expérience (Moss, 2007). Plusieurs défis attendent les centres commerciaux. Les grands magasins ferment leurs portes à une vitesse exponentielle, le commerce en ligne prend une grande part du marché, et les villes tentent de diminuer leur dépendance à la voiture. Il faut donc repenser la place du centre commercial au 21e siècle.

06 Galeries de la Capitale Espace Méga-parc

07 Quartier DIX30, Brossard Axe principal

Photo par Montreal-xp

Google Street view

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1.2 Les qualités sociales et culturelles des centres commerciaux Au fil du temps, de nombreuses qualités sociales et culturelles se sont développées dans les centres commerciaux. Plusieurs études ont été menées afin de mieux comprendre les sociétés qui se créent dans ces lieux pourtant principalement destinés à la consommation de biens. Par exemple, on y retrouve un sentiment d’appartenance et de bien-être fort, principalement chez les adolescents et les personnes âgées. 1.2.1 Les sentiments d’appartenance et de bien-être Plusieurs facteurs peuvent attirer les visiteurs au centre commercial. Une étude de 2016 classe ces facteurs en deux catégories: les valeurs utilitaristes et les valeurs hédonistes. La première catégorie est principalement influencée par l’offre des magasins. Par exemple, il est question de la variété des produits offerts, des rabais proposés et de la possibilité de les personnaliser. La seconde catégorie concerne davantage l’architecture et l’aménagement du centre commercial. Elle inclut l’ensemble de l’expérience vécue par le visiteur (Kesari, 2016). Une étude menée en 2011 propose six qualités hédonistes présentes dans les centres commerciaux, qui permettent d’engendrer un sentiment de bien-être chez les usagers (El Hedhli, 2011). Il s’agit de la fonctionnalité du lieu, de sa commodité, de sa sécurité, des loisirs offerts, de l’atmosphère générale et du sentiment d’appartenance généré. Plus ces qualités sont prononcées, plus le sentiment de bien-être sera fort. Les loisirs offerts peuvent être explicites, tels qu’un cinéma ou une arcade, ou implicite, comme la possibilité de s’asseoir et regarder les gens passer. Quant à l’atmosphère, il concerne l’apparence générale du centre commercial, les couleurs, l’éclairage, les odeurs et l’ambiance sonore. L’objectif est de stimuler le consommateur et de l’influencer positivement. (El Hedhli, 2011). Ces six qualités ont un impact positif sur la satisfaction globale du visiteur, sous quatre aspects distincts, soit les aspects sociaux, communautaires, de consommation et de loisir. Les visiteurs qui perçoivent positivement ces quatre aspects reviennent plus souvent au centre commercial, en plus d’en parler à leurs proches (El Hedhli, 2011). Lors de la rénovation d’un centre commercial,

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il est important de conserver et de renforcer les qualités sociales présentes afin de maintenir la clientèle fidèle, et d’en attirer davantage. Une autre étude a démontré qu’un centre commercial qui présente certains facteurs peut être considéré comme un environnement qui permet la «réparation» de l’esprit [restorative environnement] (Rosenbaum, 2016). Ce type d’environnement, qui inclut également les parcs et les centres d’entraînement, permet au visiteur de vider son esprit, de réduire la fatigue et d’augmenter sa concentration (Rosenbaum, 2016). Les facteurs nécessaires sont la fascination, le sentiment d’être ailleurs, l’ampleur du lieu [extent] et la compatibilité. La majorité des centres commerciaux présentent ces qualités, mais à des niveaux différents. Pour les promoteurs, il est intéressant de noter que ces trois études concluent que l’accent mis sur l’ensemble de ces qualités est rentable, puisqu’il augmente directement la satisfaction du consommateur, l’intention de recommander le centre à ses proches, et sa fidélité au centre commercial.

08 Foire alimentaire de la Place Longueuil, rénovée en 2014 par Lemay Michaud pour améliorer le bien-être des visiteurs Photo par Adrien Williams

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1.2.2 La place des adolescents et des personnes âgées Bien que les centres commerciaux soient ouverts à tous, deux tranches d’âge ont développé une relation particulière avec cet environnement: les adolescents et les personnes âgées. Dans les deux cas, cela correspond à un besoin commun, soit de se regrouper et de s’évader de la solitude (Rosenbaum, 2016). Pour les adolescents, le centre commercial est un endroit gratuit et facilement accessible, loin de l’autorité scolaire ou parentale. Il leur procure un sentiment de liberté et d’indépendance fort (Rosenbaum, 2016). Leur présence n’est toutefois pas appréciée de tous. Plusieurs craignent que les adolescents commettent du grabuge ou des vols. Bien que cela puisse arriver, le risque est beaucoup moins élevé quand des activités sont précisément prévues pour eux, telles qu’un cinéma ou une arcade (Matthews, 2000). Il faut aussi noter que plusieurs adolescents ont leur premier emploi dans un commerce du centre (Lewis, 1990). Chez les personnes âgées, la visite au centre commercial est principalement un moyen de voir des gens. La température contrôlée et l’environnement sécuritaire rendent l’expérience encore plus agréable. Il est fréquent qu’une véritable communauté se crée parmi les personnes âgées qui fréquentent le centre de manière récurrente. Ces groupes ont généralement une routine précise au niveau de l’horaire et du secteur visité (Lewis, 1990). En hiver, le mail est également utilisé pour marcher et se dégourdir à l’abri des intempéries. Bien que ces deux groupes ne soient pas les plus grands consommateurs du centre commercial, leur présence fait partie de l’ambiance générale et rapproche ces structures d’un véritable coeur de quartier. 1.2.3 L’importance des troisièmes lieux Le principe du troisième lieu a été défini en 1989 par le sociologue américain Ray Oldenburg dans son livre «The Great Good Place». Cette appellation sous-entend la présence de premiers lieux, la maison, et de seconds lieux, soit le travail ou l’école (Oldenburg, 1989). Le troisième lieu doit être un espace neutre, inclusif et ouvert à tous. La conversation y est la principale activité.

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Un bon troisième lieu doit être gratuit, offrir des services de base, et être facilement accessible. Lorsque ces qualités sont réunies, il se crée une clientèle récurrente. Les cafés sont généralement reconnus comme étant le troisième lieu le plus courant, mais la plupart des centres d’entraînement, parcs et bibliothèques répondent également aux critères (Oldenburg, 2001). Les centres commerciaux correspondent directement à la définition du troisième lieu, ce qui explique en grande partie les aspects sociaux et culturels qui s’y développent au fil du temps (El Hedhli, 2011). Pour que cette qualité soit encore plus présente, les centres commerciaux pourraient être jumelés à d’autres types de troisièmes lieux et ainsi répondre aux besoins d’un plus grand nombre.

09 Groupe de discussion à la Place Longueuil Photo par Claude Taillon

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1.3 Les centres commerciaux du Grand Montréal 1.3.1 Les centres commerciaux et le transport L’implantation d’un centre commercial a une grande influence sur le développement du réseau de transport. Au fil des années, les routes et les lignes de bus se transforment pour s’adapter à ce nouveau pôle. Il ne faut pas oublier qu’en plus du grand flot de visiteurs, les centres commerciaux sont d’importants bassins d’emploi. Aussi, durant les années qui suivent la construction d’un centre commercial, d’autres bâtiments viennent se greffer sur les terrains voisins, afin de profiter de son pouvoir attractif. Ces ajouts, que ce soit d’autres commerces, des bureaux ou du résidentiel, augmentent également le besoin en transport (Christensen, 2008). Plusieurs centres commerciaux de première génération ont été construits à la même époque que les premiers réseaux autoroutiers. Plusieurs décisions ont donc été prises pour connecter ces nouveaux lieux au réseau, en créant parfois des sorties et entrées exclusives. Ceux qui ont été construits plus tard ont souvent généré des reconfigurations, afin de mieux être desservis et d’être atteints rapidement, sans passer par les rues locales (Moretti, 1998). Au niveau du transport en commun, les centres commerciaux sont généralement desservis par plusieurs circuits d’autobus et servent parfois même de terminus. À Montréal, les Galeries d’Anjou ont d’ailleurs été sélectionnées pour servir de terminus au futur prolongement de la ligne bleue. Les centres commerciaux sont donc des pôles accessibles et très bien desservis par les différents modes de transport. Lorsqu’un centre commercial ferme ses portes, c’est toute cette logique qui est bousculée (Christensen, 2008). Afin d’éviter les coûts économiques et environnementaux élevés d’une refonte complète du réseau de transport, il vaut mieux utiliser et renouveler ces pôles existants et en tirer profit (Coleman, 2001). Dans la région métropolitaine de Montréal, deux projets de transport en commun sont en cours: le prolongement de la ligne bleue vers l’est et la construction du Réseau électrique métropolitain (REM), prévus respectivement pour 2025 et 2020. Avec ces deux ajouts aux lignes existantes, ce sont vingt centres commerciaux qui seront situés à moins de 400 mètres, soit cinq minutes de marche d’une station.

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10 Carte des centres commerciaux situés à moins de cinq minutes de marche d’une station de métro, en prenant en considération la construction du REM et du prolongement de la ligne bleue Par l’auteur

11 Terminus d’autobus au centre commercial Faireview Pointe-Claire, Montréal

12 Connexions directes avec les autoroutes aux Galeries d’Anjou, Montréal

Google maps

Google Smaps

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1.3.2 Un potentiel sous-exploité: les stationnements L’histoire des stationnements est intimement liée au développement des banlieues et de leurs centres commerciaux. Avec la démocratisation de la voiture dans les années soixante, un fort sentiment de liberté est apparu. Il était maintenant possible de se déplacer rapidement et facilement sans dépendre d’autrui (Ben-Joseph, 2012). Avec le faible coût des terrains développés par les promoteurs des centres commerciaux, les stationnements ont été construits à ciel ouvert et sans volonté d’être compact. De plus, le nombre de places aménagées est généralement beaucoup plus élevé que le nombre réellement nécessaire. Dans la mentalité de l’époque, il est préférable d’avoir trop de cases que de risquer qu’un visiteur n’en trouve pas. Bien que les stationnements des centres commerciaux soient gratuits, ils présentent en réalité un coût très élevé, payé par tous (Shoup, 2005). En effet, le coût de construction et d’entretien déboursé par le propriétaire est transféré aux commerçants par le loyer, puis aux clients par les biens qu’ils achètent, et ce peu importe le mode de transport qu’ils ont utilisé. De plus, l’espace occupé par un stationnement rapporte beaucoup moins de taxe aux municipalités qu’un bâtiment qui occuperait le même espace.

13 Vues aériennes des stationnements de neuf centres commerciaux de tailles et de types différents, dans la région de Montréal Par l’auteur, à partie de Google maps

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Les stationnements gratuits ont également un coût social élevé. Ils génèrent une concurrence déloyale aux autres modes de transport (Shoup, 2005) et nuisent aux qualités de l’environnement urbain (Gruen, 1973). Avec l’étalement de la ville, les centres commerciaux de première couronne se retrouvent aujourd’hui à des endroits stratégiques. Leurs stationnements représentent donc des réserves foncières importantes, qui gagneraient à être utilisés de manière judicieuse. Sans éliminer la totalité des cases, il est possible d’en transférer une grande partie dans un stationnement souterrain, et ainsi libérer l’espace en surface pour un nouvel usage (Ben-Joseph, 2012). 1.3.3 L’impact des saisons La région de Montréal reçoit annuellement un mètre de précipitation de pluie et de neige, avec des températures moyennes allant de -10°C à 21°C (Environnement Canada, 2017). Cette variation justifie en grande partie la popularité des centres commerciaux intérieurs, autant pour les visiteurs que pour les commerçants qui s’assurent d’un chiffre d’affaires moins dépendant des facteurs externes (Coleman, 2001). Il est donc intéressant de trouver un moyen de faire évoluer ce type et de corriger ses lacunes, plutôt que de simplement s’en départir.

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14 Extrait d’une carte de Longueuil avant la fusion de Montréal-Sud Archives Géoindex, Université Laval

15 Extrait de la carte de Longueuil distribuée à Expo 67 Archives Géoindex, Université Laval

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2 La Place Longueuil

2.1 Développements du site et son quartier Le terrain occupé par la Place Longueuil était autrefois localisé dans la ville de Montréal-Sud et utilisé comme camp militaire. C’est la rue Joliette qui marquait la frontière entre les deux municipalités, ce qui explique la différence entre les trames urbaines situées de part et d’autre. En 1961, cette petite ville peu développée a été fusionnée avec Longueuil. Quelques années plus tard, le bord du fleuve a été remblayé afin de construire la route 132. L’échangeur situé à la sortie du pont Jacques-Cartier a alors été revu et le boulevard Taschereau, qui longe la Place Longueuil, transformé en voie rapide. Le terrain a été acquis en 1966 par Jean-Paul Auclair, propriétaire du journal le Courrier du Sud, afin d’y construire le premier centre commercial de la Rive-Sud.

2.2 Contexte et évolution du bâtiment 2.2.1 La première phase d’édification La place Longueuil a été construite en 1967, à proximité de la station de métro Longueuil, du Vieux-Longueuil et de l’entrée du pont Jacques-Cartier. Le bâtiment originel propose un aménagement traditionnel en croix, avec un atrium en son centre et trois attracteurs, soit un grand magasin Miracle Mart, un supermarché Steinberg et un cinéma. Il est orienté parallèlement à la rue Joliette qui le borde à l’est. Son ouverture répond à deux objectifs. D’abord, dans le cadre de l’Expo 67, la station de métro Longueuil est considérée comme la porte d’entrée des visiteurs américains. La Place Longueuil est donc un lieu de magasinage et de divertissement destiné à cet important bassin de visiteurs.

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Parallèlement, le centre commercial est la première phase d’un vaste redéveloppement du Vieux-Longueuil, dessiné par l’architecte Victor Prus, qui n’a jamais été complété. Il devait être le pôle commercial de ce nouveau centre-ville moderne. Le bâtiment est entouré d’un vaste stationnement. À l’ouest, une friche est laissée vacante comme terrain de réserve pour les expansions futures. 2.2.2 Les phases de densification du centre commercial Le premier agrandissement du centre commercial a été précipité par un incendie qui s’est déclaré en 1979. La Place Longueuil est une perte totale, à l’exception des trois attracteurs, qui étaient munis de gicleurs. La reconstruction du centre est confiée à l’architecte Victor Prus. Celui-ci propose de reprendre le plan d’origine, avec un agrandissement du côté ouest. De plus, la nouvelle construction est conçue de manière à recevoir un second étage. En 1987, un ajout au centre commercial permet de boucler les deux corridors ouest et d’ajouter une foire alimentaire. Deux ans plus tard, un projet propose d’ajouter un troisième attracteur dans la partie ouest du centre, afin d’équilibrer la logique interne. Ces travaux auraient également inclus le déplacement du cinéma vers le nord, afin d’y ajouter une seconde salle, et l’ajout d’un étage. Cependant, la demande ne s’est jamais faite sentir et le projet a été abandonné. En 2014, à la demande du magasin Target, l’intérieur du centre commercial a été entièrement refait par les architectes de Lemay Michaud. Le grand magasin a toutefois quitté deux ans plus tard, à la fermeture de la branche canadienne de la marque.

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16 Projet de centre-Ville

17 Après l’incendie de 1979

18 Reconstruction de 1981

Carte par Victor Prus

Photo archivée par Grocerymania

Collection Marcel Robidas

19 1967: première phase

20 1979: après l’incendie

21 1981: reconstruction

22 1987: agrandissement

23 1989: projet non-réalisé

24 2017: situation actuelle Cartes par l’auteur d’après les archives de la Ville de Longueuil

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2.3 Analyse de l’état actuel de la Place Longueuil 2.3.1 L’analyse urbaine À l’échelle urbaine, la Place Longueuil est en rupture avec son environnement. En s’inspirant des méthodes proposées par Bentley (1985), Gehl (2012) et Mikoleit (2011), il est possible d’effectuer une analyse urbaine sur laquelle se basera la requalification. Les aspects étudiés sont regroupés sous trois thèmes: la perméabilité, la lisibilité et la variété. L’analyse se penche sur les espaces extérieurs du site, mais également sur la structure interne du centre commercial. 2.3.1.1 La perméabilité La perméabilité d’un quartier correspond à la facilité d’y accéder et d’y circuler, peu importe le mode de transport. Les connexions avec les quartiers voisins Trois entrées de la Place Longueuil sont alignées avec une rue des quartiers adjacents (en pointillé sur la Figure 25). Toutefois, la présence du stationnement rend cette connexion difficile et peu perceptible. Au nord-ouest, les voies rapides du boulevard Taschereau isolent complètement le site. Taille des îlots Le site étudié ne comporte qu’un seul bâtiment, et donc un seul îlot (marqué en mauve sur la Figure 25). Celui-ci dépasse largement la taille souhaitable pour un quartier à l’échelle humaine. Toutefois, durant les heures d’ouverture, il est possible de passer à travers du centre commercial, ce qui réduit grandement le détour nécessaire pour le piéton. Le plan intérieur du centre commercial présente des longueurs d’îlots raisonnables (marqués en vert sur la Figure 25). En 1989, il avait été prévu de scinder l’îlot central en deux afin d’augmenter la fluidité, mais ce projet n’a jamais été réalisé.

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Priorisation des transports actifs Avec son vaste stationnement gratuit et ses connexions au réseau routier et autoroutier, la voiture est le principal mode de transport pour accéder à la Place Longueuil. Quelques supports à vélo ont été ajoutés au cours des dernières années, mais cela reste très secondaire. Pour les piétons, les intersections qui entourent le site sont imposantes. De plus, l’espace du stationnement, bien que franchissable, agit comme une frontière. Accessibilité du transport en commun Le centre commercial est desservi par quelques lignes d’autobus. Les arrêts sont indiqués par des points mauves sur la Figure 25. La station de métro Longueuil et le terminus d’autobus sont à proximité, mais le trajet est complexifié par la présence d’une barrière urbaine.

25 Analyse de la perméabilité Par l’auteur

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2.3.1.2 La lisibilité Présence de repères visuels clairs Le bâtiment actuel ne comporte qu’un seul niveau et présente une architecture plutôt anonyme. Trois repères visuels sont quand même présents sur le site, marqués par des points mauves sur la Figure 29. Le local de l’ancien Target, étant sur deux niveaux et surmonté d’un local mécanique, est facilement repérable dans ce paysage plat. L’enseigne du centre commercial, située du côté ouest, est visible de l’échangeur. Il s’agit d’un repère à l’échelle de la voiture. Finalement, le coin du supermarché IGA est surmonté d’une toiture de couleur verte, signature de la bannière. Bien qu’elle soit visible de loin, elle ne correspond pas à une entrée du centre commercial. L’intérieur du centre commercial présente peu de repères visuels, outre les affiches des commerces. L’atrium central avec son plafond haut et ses quatre colonnes massives peut aider les visiteurs à s’orienter. Limites, parcours et noeuds En l’absence de voies marquées par un cardre bâti, ces notions s’appliquent difficilement au site. Le stationnement agit comme un vaste espace, peu défini. Seule limite claire, la rue Joliette est bordée par les clôtures des propriétés se trouvant sur la rue voisine. À l’intérieur, les parcours sont clairs, bordés par les façades des commerces. Plusieurs noeuds, de tailles et natures différentes, ponctuent les circulations (marqués par des points verts sur la Figure 29). Ouvertures sur la rue La Place Longueuil est principalement retournée sur elle-même. Seuls quelques commerces, situés le long de la façade sud, sont ouverts vers l’extérieur. À l’intérieur du centre, pour assurer une grande rentabilité de l’espace, l’ensemble des façades est ouvert, laissant très peu de façades aveugles. Seule le supermarché IGA présente une longue façade sans ouverture. Sur la Figure 29, les façades ouvertes sont marquées en vert et les façades aveugles en mauve.

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26 Local de l’ancien Target

27 L’enseigne de la Place Longueuil 28 Coin marqué du supermarché Google Street View

29 Analyse de la lisibilité Par l’auteur

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2.3.1.3 Variété Variété, mixité et complémentarité des usages La Place Longueuil est uniquement destinée à une fonction commerciale. Présence d’attracteurs À l’échelle urbaine, la Place Longueuil est un important attracteur qui attire de nombreux visiteurs. Toutefois, elle ne répond pas adéquatement à son rôle. Un attracteur a pour but de faire circuler les gens devant une série d’usages secondaires. Le principe du centre commercial fait en sorte que la majorité des visiteurs se rendent directement sur place en voiture. Il y a donc peu de chance qu’ils arrêtent aux autres commerces et services le long de leur parcours. À l’intérieur du centre commercial, le principe des attracteurs est déficient. Le principal local prévu à cet effet est vacant (en mauve hachuré sur la Figure 30). De plus, le troisième attracteur prévu dans les années quatre-vingt n’a jamais été construit, causant un déséquilibre dans la logique interne (en hachuré sur la Figure 30). Absence de variété des espaces publics Actuellement, le seul espace public sur le site est la nouvelle terrasse de la foire alimentaire (en vert sur la Figure 30). Il est toutefois située le long du stationnement, à proximité des voies rapides. L’intérieur du centre commercial comporte des espaces publics appropriables à chacun des noeuds de circulation. Les deux principaux sont l’atrium central et la foire alimentaire. Les deux espaces secondaires se trouvent aux entrées du supermarché IGA et de l’ancien Target (marqués par les points verts sur la Figure 30). Diversité architecturale et qualité du bâti Le bâtiment actuel, tel qu’on le voit généralement dans ce type bâti, offre peu de qualités à l’extérieur. Il est entièrement recouvert de briques brunes et de panneaux de béton. La rénovation de la firme d’architecture Lemay Michaud à l’intérieur du centre commercial a

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permis d’augmenter la luminosité du mail. Quant aux commerces, chacun est libre de présenter sa propre façade, ce qui offre une grande diversité. 2.3.1.4 Les trames urbaines Les trames urbaines situées de part et d’autre de la Place Longueuil sont très différentes. Au sud et à l’est, il s’agit d’une trame orthogonale rectangulaire. Les îlots présentent des tailles variées, mais toujours de dimension raisonnable pour offrir des parcours agréables aux piétons. La trame qui borde le site au nord et à l’ouest suit une logique autoroutière. Elle a été développée à l’époque de la construction de l’autoroute 132 qui longe le fleuve pour connecter cette dernière au pont Jacques-Cartier. La majorité des voies est dépourvue de trottoirs et l’accès aux piétons et cyclistes est interdit. Le secteur du métro est davantage parcourable sans voiture, mais la taille des îlots rend la promenade peu agréable. Le centre commercial se trouve au coeur du choc de ces deux trames et fait office de rupture.

30 Analyse de la variété

31 Nouvelle terrasse

Par l’auteur

Google Street View

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2.3.2 La proposition d’une station de métro En 2013, un Bureau de projet a été mis sur pied afin d’évaluer la possibilité de prolonger trois lignes du métro de Montréal, dont la ligne jaune sur la Rive-Sud. Bien que le Bureau ait conclu que la ligne bleue était prioritaire, le gouvernement du Québec maintient que Longueuil aura éventuellement ses nouvelles stations. Plusieurs plans ont été proposés, mais tous comportaient l’ajout d’une nouvelle station au coin des rues Saint-Charles et Joliette, afin de desservir à la fois le Vieux-Longueuil et la Place Longueuil. Ce nouveau pôle de transport justifierait la densification et la requalification de la Place Longueuil. 2.3.3 La valeur patrimoniale du bâtiment Dans l’optique d’une requalification, il importe d’évaluer la valeur patrimoniale du bâtiment de la Place Longueuil. L’apparence du bâtiment présente peu de valeur en soi. Bien qu’il ait été dessiné par l’architecte de renom Victor Prus, sa fonction de centre commercial fait en sorte que les façades sont principalement aveugles et dépourvues de qualités esthétiques. Quant à l’intérieur, il a fait l’objet de nombreuses transformations qui ont causé la perte de ses caractéristiques d’origine. L’élément qui représente le plus l’époque de construction du centre commercial et le style architectural de Victor Prus sont les trois panneaux de béton ayant pour but de cacher les quais des livraison et les issues. Ces écrans, au nombre de quatre, pourraient facilement être conservés.

32 Écran de béton par Victor Prus Goole Street View

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C’est sous l’aspect socioculturel que le bâtiment présente la plus grande valeur. En tant que premier centre commercial de la Rive-Sud, il occupe une importance dans l’histoire locale. De plus, il est un témoin marquant du mouvement vers les banlieues qui a marqué l’histoire du Québec des années soixante et soixante-dix. Il s’agit également d’un repère physique dans le paysage de la Rive-Sud, à la sortie du pont Jacques-Cartier. On y sent aussi un fort sentiment d’appartenance, vu sa place dans la mémoire collective et l’attachement des usagers actuels. D’un point de vue économique, le centre actuel est en assez bon état, et pourrait sans doute encore servir plusieurs années avec un entretien normal. Comme il avait été prévu pour accueillir un étage supplémentaire, sa structure est particulièrement robuste et durable. Aussi, la structure étant principalement constituée de poutres et poteaux en acier, elle est facilement adaptable à d’autres usages et fonctions. Vu son état actuel, l’impact environnemental de la conservation, malgré une requalification du bâtiment existant, serait moins important que sa démolition et son remplacement. Au final, bien qu’il présente peu d’intérêt au niveau visuel, les qualités socioculturelles, économiques et environnementales liées à sa conservation suggèrent qu’il est préférable de ne pas démolir l’ensemble de la construction actuel. 2.3.4 La trame structurale Bien que ce soit peu perceptible pour les visiteurs, les centres commerciaux sont constitués d’une vaste grille. Cette manière de construire permet de facilement adapter et modifier l’immeuble au fil du temps. La taille des commerces peut ainsi être réduite ou augmentée selon les besoins, et les agrandissements se font sans trop d’intervention sur l’existant (Coleman, 2006). L’étude des trames structurales d’un centre commercial permet de lire plusieurs éléments. On y voit d’abord les différents espaces spécialisés, ainsi que les attracteurs. Dans le cas de la Place Longueuil, on peut facilement lire l’atrium central, l’ancien cinéma et la foire alimentaire. Ensuite, il est possible de voir les agrandissements de chaque époque, puisque l’espacement entre les poteaux varie à chaque phase, en fonction des techniques constructives.

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De cette multiplication des trames naît une particularité inusitée: des chocs de trames. À quelques endroits précis, on remarque une confrontation entre deux ou trois trames qui ont chacune leur propre logique. Invisibles aux yeux de tous, ces chocs sont intéressants à analyser pour la richesse spatiale et conceptuelle qu’ils ont le potentiel de générer. Ils peuvent même être cultivés pour raconter les collages successifs.

33 Comparaison du plan d’aménagement et de la trame structurale, et zoom sur un choc. Par l’auteur, à partir d’un plan fourni par l’administration du centre commercial

2.3.5 L’état de l’offre commerciale La Place Longueuil regroupe plus de cent commerces de toutes les catégories, tels que la mode, les services, la décoration et la santé. Le tiers de ces commerces sont indépendants, alors que les autres font partie d’une chaîne locale ou internationale. On note également plusieurs services et commerces de proximité, tels qu’une pharmacie, des salons de coiffure, des banques, une SAQ, un comptoir de service de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), un comptoir CAA-Québec, une épicerie, un couturier et un dépanneur. Cette diversité démontre la portée à la fois locale et régionale du centre commercial. Le principal attracteur de la Place Longueuil est le supermarché IGA, qui occupe un local de 3500 mètres carrés. L’autre attracteur, occupé tour à tour par un Miracle Mart, un Zellers et un Target, est vacant depuis 2015. Cela représente 5625 mètres carrés inoccupés, ce qui nuit à la logique interne du centre commercial. Le magasin Sport Expert, qui occupe le local de l’ancien cinéma situé au coeur du centre, peut également être considéré comme un attracteur par la

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taille du commerce et la réputation de la bannière. Malgré l’absence d’un attracteur principal, l’offre commerciale de la Place Longueuil semble en bonne santé. On note peu de locaux vacants et les grandes chaînes n’hésitent pas à s’y installer, tout en laissant de la place pour les commerces indépendants. 2.3.6 L’analyse de la clientèle La clientèle de la Place Longueuil n’a pas fait l’objet d’analyse par son administration. Une série d’observations, couvrant les périodes de jour, de soir et de fin de semaine, ont permis de tirer quelques conclusions. Tel que vu dans la théorie, la Place Longueuil est très appréciée par les personnes âgées, qui constituent une proportion importante des visiteurs, sans toutefois être de grands consommateurs. À toute heure, on peut observer entre cinq et dix petits groupes de personnes âgées occuper les différents espaces du centre. Les espaces de type salon, près du IGA et de l’ancien Target, sont principalement utilisés pour discuter et observer les passants. À la foire alimentaire, plusieurs activités ont été notées, telles que des jeux de cartes, la lecture du journal, des jeux à gratter et du tricot.

34 Visiteurs profitant de l’espace salon Photo par l’auteur

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Plusieurs familles sont également présentes dans le centre commercial. On les voit principalement dans l’atrium principal, où plusieurs activités sont organisées au fil de l’année, telles que la rencontre du père Noël, la ferme de Pâques et la patinoire intérieure. Les adultes seuls sont présents en grand nombre, mais ils ne s’y attardent pas. Ils savent généralement quels commerces ils souhaitent visiter et repartent aussitôt. Plusieurs semblent combiner la visite d’un service (coiffure, ongle, banque) avec un ou deux achats planifiés. Contrairement à ce qui a été vu dans la théorie, peu d’adolescents ont été croisés durant les visites. Cela peut être dû au fait que les observations ont été effectuées durant les vacances de Noël. Il est possible qu’à cette période, les adolescents soient davantage avec leur famille qu’avec leurs amis, d’où leur absence. Cela peut également être lié au faible nombre de commerces leur étant destiné. Les adolescents sont généralement attirés par les commerces en lien avec la mode, ce type de commerce étant peu présent à la Place Longueuil. Le centre commercial gagnerait donc à faire davantage de place aux personnes âgées déjà présentes, en plus d’attirer les adolescents et de retenir les adultes plus longtemps. Cela pourrait se faire par l’ajout de nouvelles fonctions.

35 Activité pour la famille dans la cour centrale Photo par Pierre M. Mystic Design

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1 Place Longueuil 2 Vieux-Longueuil Station de métro 4 Grande place proposée 5 Parc proposé 6 Esplanade verte proposée 7 8 9 10 11

Grand magasin vacant Supermarché existant Théâtre municipal proposé Centre aquatique proposé Supermarché proposé

36 Vue aérienne de l’existant Par l’auteur, à partir de Google maps

37 Plan d’ensemble proposé Par l’auteur, à partir de Google maps

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3 Le projet

Le projet s’interroge sur les manières de requalifier un centre commercial de première couronne, afin que celui-ci participe à la qualité urbaine. La mission du projet est de générer un coeur de quartier complet, qui participe aux qualités urbaines, dans le respect des aspects sociaux et culturels existants. Pour se faire, le projet se développe à deux échelles. D’abord, un plan d’ensemble propose de revoir l’aménagement du site à l’échelle urbaine. Par la suite, un des ajouts proposés, le centre aquatique, est davantage détaillé au niveau architectural. 3.1 Le projet à l’échelle urbaine À l’échelle urbaine, le site se trouve lui-même au coeur d’un important choc de trames. D’un côté, il est bordé par une trame résidentielle et de l’autre, par un vaste échangeur autoroutier. La Place Longueuil, avec son vaste stationnement, représente une rupture importante, insérée au coeur de ces deux trames. Tel que vu précédemment, le secteur présente de nombreuses lacunes à l’échelle urbaine, au niveau de la perméabilité, de la lisibilité et de la variété. L’objectif du projet est donc de générer un choc des trames urbaines, pour passer d’une discontinuité à une continuité. D’abord, en poursuivant les trames résidentielles existantes dans la logique des densités actuelles. Ensuite, en tissant les différentes zones commerciales: le pôle du Vieux-Longueuil, le centre commercial existant et la rue Saint-Laurent. Finalement, par l’ajout de filtres, sous la forme de parcs et d’espaces verts. Le projet vise également à revoir le rôle des attracteurs des centres commerciaux. Pourraientils avoir une fonction autre que commerciale et ainsi participer à l’activité du quartier? La

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requalification proposée comporte un pôle culturel, avec l’ajout d’un théâtre, un pôle sportif, sous la forme d’un centre aquatique, et un pôle commercial, avec le déménagement du supermarché. 3.1.1 Poursuivre les trames résidentielles Afin d’éliminer la rupture que représente le stationnement du centre commercial, le projet propose d’y poursuivre les trames résidentielles existantes. Du côté sud, deux nouveaux îlots sont créés, dans la continuité des rues Duvernay, Dollard et Marmier. Afin de respecter les hauteurs des bâtiments existantes, les nouveaux îlots seraient limités à trois étages le long de la rue Saint-Laurent, et à quatre étages du côté du centre commercial. La typologie des triplex et des quadruplex permet une plus grande diversité architecturale (Bentley, 1985). On peut imaginer que les parcelles seraient distribuées à différents promoteurs et architectes (Mikoleit, 2011). À l’est du site, la rue Joliette est légèrement décalée afin de dégager un espace suffisant à l’insertion d’une rangée de bâtiments, qui participent à la lisibilité du parcours. La partie nord du site accueille des bâtiments résidentiels de plus grande densité, afin de s’accorder avec les immeubles existants, qui atteignent seize niveaux. Au final, ce sont 1320 nouvelles unités d’habitations, de types et de tailles variés, qui sont ajoutées au secteur. 3.1.2 Tisser les zones commerciales Trois zones commerciales se trouvent dans le secteur: le Vieux-Longueuil, la Place Longueuil, et la rue Saint-Laurent. Le projet propose de les lier par un parcours extérieur essentiellement destiné au transport actif, et bordé de commerces (voir annexe 2). Son tracé débute au nordest, à l’intersection des rues Gardenville et Saint-Charles, aux portes du Vieux-Longueuil (A). Au croisement de la rue Joliette se trouve la nouvelle station de métro de la ligne jaune (B). Elle fait office de point de transition entre les deux quartiers (Mikoleit, 2011). Plus loin se trouve une nouvelle grande place, inspirée des grandes places européennes (C). Elle

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est structurée par un câdre bâti mixte et défini. Les axes qui y mènent sont décalés afin d’améliorer la lisibilité de l’espace et de marquer sa présence. Au rez-de-chaussée, plusieurs commerces permettent d’assurer une animation continue de la place. Les bureaux et les résidences situés aux étages donnent un sentiment de sécurité aux passants, en plus de participer à l’activité du lieu (Gehl, 2012). Le parcours se poursuit dans une grande courbe (D), qui permet de varier les perspectives. Celle-ci débouche sur une placette (E), noeud qui marque la séquence (Bentley, 1985). Cet espace se veut être le prolongement de la foire alimentaire (F) qui se trouve ainsi décloisonnée et entièrement ouverte sur l’extérieur. L’été, une vaste terrasse pourrait y être aménagée. C’est également sur cette placette que s’ouvre l’entrée piétonne du nouveau supermarché. Un marché public extérieur pourrait s’y installer à l’occasion, en complément à l’offre alimentaire existante.

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Résidentiel - forte densité

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38 Occupation du sol existant et proposé - résidentiel et commercial Par l’auteur

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La dernière portion du parcours reprend le tracé d’un ancien corridor intérieur du centre commercial (G). Les commerces qui le bordaient pourraient être conservés, mais auraient maintenant pignon sur rue. Cet axe est aligné avec la rue Dollard. Cette ouverture du corridor permet également de réduire la taille du centre commercial en dehors des heures d’ouverture. Dans une phase ultérieure du projet, les commerces de la rue Saint-Laurent (H) pourraient être remplacés par des bâtiments mixtes en bordure de la rue dans lesquels ils seraient relocalisés. 3.1.3 Ajouter des espaces verts Afin d’assurer une bonne cohabitation entre les différents programmes, de réduire les îlots de chaleur et d’augmenter la perméabilité du sol, plusieurs espaces verts sont ajoutés. Le principal espace vert prend la forme d’un vaste parc à l’ouest du site (I). Il s’agit actuellement d’un terrain vague appartenant à la ville de Longueuil. Le projet propose de l’aménager de manière à servir d’écran visuel et sonore entre l’autoroute, les bureaux et les nouveaux bâtiments résidentiels. Le parc se poursuit en une esplanade verte qui borde la façade sud du centre commercial - seule façade qui propose déjà des commerces ouverts sur l’extérieur (J). Cette zone tampon fait la transition entre ces commerces et les nouveaux quadruplex qui leur font face. L’aménagement comporte une alternance d’espaces végétaux et minéraux et inclut des terrasses, des bassins de rétention des eaux de pluie et des jeux pour enfant. L’esplanade se termine à l’est par un parc principalement destiné aux sports, à proximité du centre aquatique (K). Ce dégagement permet une relation visuelle entre la rue Saint-Laurent et le nouveau quartier. Le parc comporte un terrain multifonctionnel, pouvait être utilisé pour plusieurs sports d’équipe. Finalement, à l’est du nouveau centre aquatique, un boisé urbain sert d’espace tampon entre la nouvelle construction et les résidences qui bordent la rue Joliette (L). Les arbres sont disposés dans la poursuite de la trame orthogonale de l’ancien supermarché.

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39 Occupation du sol existant et proposé - institutionnel, bureaux et espaces verts Par l’auteur

3.1.4 Revoir le rôle des attracteurs De par leur histoire, les attracteurs des centres commerciaux sont principalement des grands magasins. Leur rôle profite uniquement aux centres dans lesquels ils se trouvent. À grande échelle, ils attirent les clients et génèrent une portion importante de l’achalandage. Au niveau de la logique interne du centre, ils assurent le passage des visiteurs devant les petits commerces. Ces attracteurs n’ont toutefois aucune fonction pour le quartier dans lequel ils se trouvent. Le projet propose de revoir la fonction de ces attracteurs pour qu’ils maintiennent leurs rôles initiaux, tout en participant aux qualités urbaines. Dans ce cas-ci, trois attracteurs sont proposés. Les deux premiers remplacent les attracteurs existant, alors que le troisième se trouve à l’emplacement du grand magasin prévu dans les années quatre-vingt, mais jamais construit.

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Le premier pôle répond à un besoin culturel. La ville de Longueuil souhaite depuis quelques années relocaliser le Théâtre de la ville et le jumeler à un centre culturel. La requalification de la Place Longueuil serait l’occasion d’y intégrer ces programme (M). Le local de l’ancien Target semble tout indiqué. Il borde la nouvelle grande place, qui devient alors un parvis pour le théâtre, en plus d’être à proximité de la nouvelle station de métro et du Vieux-Longueuil, où se trouvent de nombreux restaurants. Le second pôle reste à vocation commerciale. Il s’agit du déplacement du supermarché IGA à proximité des voies rapides (N). Il est ainsi plus facilement accessible pour la livraison et pour les clients qui viennent en voiture. Un stationnement de surface est d’ailleurs conservé. Le local proposé est plus grand et mieux adapté. De plus, une serre est aménagée sur son toit afin de produire une partie des fruits et légumes vendus. Le dernier pôle est à vocation sportive. Il s’agit d’un centre aquatique et d’un centre d’entraînement, qui a fait l’objet d’un exercice de conception plus approfondi dans le cadre de ce projet (O). e centre reprend l’emplacement et une partie de la structure de l’ancien supermarché IGA. Sa situation permet une grande proximité avec les quartiers résidentiels qu’il dessert, tout en restant facilement accessible à partir de la nouvelle station de métro par la rue Joliette. Il est également mis en relation avec le parc sportif situé au sud. Ces trois nouveaux attracteurs maintiennent donc leurs fonctions initiales. Ils attirent les visiteurs et les font circuler devant les petits commerces et services. En supplément, ils amènent de nouveaux services aux résidents et travailleurs du quartier et deviennent d’importants attracteurs à l’échelle urbaine. On peut aussi considérer que cet ajout permet d’attirer une clientèle plus variée, incluant des consommateurs potentiels qui n’auraient pas fréquenté le centre commercial autrement.

40


3.2 Le projet à l’échelle du bâtiment Parmi les trois attracteurs proposés, c’est celui du pôle sportif qui a été approfondi à l’échelle architecturale. Il permet de constater de quelle manière ces programmes inhabituels pourraient être intégrés à un centre commercial existant. Comme à l’échelle urbaine, l’approche conceptuelle se base sur le choc des trames. Dans ce cas-ci, il s’agit des trames structurales et leurs confrontations causées par les différents espaces et agrandissements. 3.2.1 Les objectifs de design Le centre sportif répond à quatre objectifs de design. Premièrement, marquer le choc des trames. Deuxièmement, souligner un noeud stratégique, soit la jonction de la rue Joliette, de l’esplanade verte et de deux axes importants du centre commercial. Le troisième objectif est de devenir un point de repère, autant à l’échelle urbaine qu’à l’intérieur du centre commercial. Finalement, le dernier objectif est de constituer un interface entre la ville et le centre commercial. 3.2.2 Les trames Le projet vient s’insérer à l’intérieur de deux trames existantes, soit celle de l’ancien IGA construite en 1967, et celle du centre commercial, reconstruite en 1981 après l’incendie. Deux nouvelles trames sont évoquées. La première est une trame désaxée, qui représente le volume du nouvel atrium. Son angle par rapport à la trame de l’existant permet de connecter la rue Marmier, du quartier situé au sud, à l’axe existant du centre commercial. La seconde trame est celle du centre aquatique. Il s’agit d’une trame circulaire de 50 mètres de diamètre. Sa forme permet de mettre l’accent sur le choc des trames, en plus d’être un point de repère facilement identifiable. La forme courbe permet également de diminuer la perception de sa taille, afin de mieux s’accorder aux bâtiments environnants. Finalement, cette forme souligne le noeud stratégique en exprimant la fluidité des mouvements qui l’entourent. Ces deux nouvelles structures sont en bois lamellé-croisé afin de marquer la rupture culturelle et architecturale que représente ce centre aquatique. De plus, le bois est un matériau intéressant pour un tel programme, puisqu’il ne rouille pas et peut franchir d’importantes portées. Finalement,

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Circulations fil conducteur parmi les chocs

Trame circulaire centre aquatique

Trame désaxée atrium

Trame arborisée sur la trame de l’ancien IGA

Trame de 1981 suite à l’incendie

Trame de 1967 trame originale

40 Axonométrie des trames et de la circulation Par l’auteur

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il présente des qualités visuelles intéressantes et participe à l’amélioration de la qualité du bâti. La circulation agit comme un fil conducteur à travers les différentes trames. Elle est reconnaissable par sa couleur bleue, associée aux installations aquatiques, mais également à la ville de Longueuil, misant ainsi sur le sentiment d’appartenance. L’escalier hélicoïdal agit comme un pivot pour le désaxement de l’atrium, alors que l’ascenseur fait office de point de repère à l’intérieur du centre commercial. La passerelle se jette dans le volume du centre aquatique comme un tremplin en porte-à-faux, avant de compléter le parcours par une piste de course de 100 mètres, intégrée au centre d’entraînement. 3.2.3 Extérieur La nouvelle façade reprend la brique brune utilisée pour l’ensemble du centre commercial. Toutefois, une série de grandes baies vitrées viennent perforer la façade et marquer l’ouverture des espaces intérieurs sur le quartier. Le volume désaxé de l’atrium ressort de la façade d’origine pour marquer l’entrée. Son large mur-rideau s’ouvre comme une fenêtre sur la ville, et laisse paraître sa structure. En contraste, le volume du centre aquatique est entièrement vitré. La piste de course du centre sportif, bordée par une paroi en métal perforée, devient un repère visuel, particulièrement le soir. À la jonction des deux volumes, un choc tectonique se produit par la continuité du mur de brique à l’intérieur du cylindre. L’espace ainsi généré se transforme en une terrasse couverte.

41 Intesection du volume de l’ancien supermarché, de l’atrium à gauche et du centre aquatique à droite Par l’auteur

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3.2.4 L’atrium et le troisième-lieu L’atrium reprend les principes organisationnels des centres commerciaux traditionnels. Il est bordé de commerces, et correspond à un noeud à la jonction de deux axes. Son plafond à double hauteur comporte un puits de lumière qui rend l’espace lumineux et agréable. Il présente également quelques particularités: contrairement aux atriums traditionnels, qui se trouvent au coeur des centres commerciaux, celui-ci est en périphérie et profite d’une relation importante avec l’extérieur. Sa seconde caractéristique est son espace de type troisième lieu, qui comporte trois zones distinctes. Chacun des trois espaces possède un niveau de relation différent avec le centre aquatique. D’abord, l’espace salon s’inscrit dans la trame de l’ancien supermarché. Il s’agit d’une alternance de sofas, tables et chaises de lecture, où les gens peuvent librement venir travailler, discuter ou simplement regarder les gens passer, ce qui répond aux souhaits d’une grande proportion des visiteurs. Un espace café, troisième lieu par excellence, sert de jonction entre le centre commercial, le centre aquatique et le quartier. Il s’élance au-dessus des bassins, proposant aux clients une vue sur l’activité qui s’y déroule. On peut imaginer qu’un parent vienne prendre un café pendant le cours de natation de son enfant, tout en y jetant un coup d’œil. Le café possède une terrasse qui marque l’ouverture du centre commercial sur le quartier. Cet espace présente également des vues intéressantes sur le centre aquatique. La dernière section du troisième lieu est la zone des gradins. Alignée à la trame désaxée de l’atrium, elle permet aux visiteurs qui le

42 L’atrium, bordé de commerces à gauche et du troisième lieu à droite Par l’auteur

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souhaitent d’avoir une relation visuelle directe avec le centre aquatique. 3.2.5 Le centre aquatique Le programme du centre aquatique permet d’attirer toutes les tranches d’âge. Il est situé au niveau inférieur du centre commercial, afin d’éviter les vues trop directes entre les différents programmes et pour libérer le rez-de-chaussée des vestiaires et autres locaux techniques. L’accueil est en relation avec l’atrium par une ouverture pratiquée dans le plancher. De l’autre côté des vestiaires, quatre bassins sont proposés aux visiteurs: une piscine principale, de taille semi-olympique, un bassin pour enfant, avec glissade et jeux, un bassin pour les cours et un

43 Le centre aquatique et sa relation avec les autres programmes Par l’auteur

45


bassin d’eau chaude. Les deux derniers bassins se trouvent sous le troisième lieu, puisque ce sont ceux où les contacts visuels directs sont les moins souhaitables. 3.2.6 Le centre sportif Pour accéder au centre sportif, il faut emprunter la passerelle qui mène à l’accueil et aux vestiaires. Située en mezzanine, elle s’insère directement dans la trame de l’ancien supermarché. Par la suite, l’ascension se fait par l’escalier en porte-à-faux, qui permet un contact avec l’espace du centre aquatique. Le centre sportif est positionné directement dans l’espace généré par le choc formel entre le toit de l’ancien supermarché et le toit du nouveau centre sportif. La piste de course de 100 mètres, en plus d’être un repère visuel dans le quartier, permet de bloquer les rayons du soleil qui pourraient nuire à la sécurité des baigneurs. Elle offre également des vues intéressantes à 360° sur la ville. Étant en soi un troisième lieu potentiel, le centre sportif vient complémenter l’offre du centre commercial.

44 La piste de course de 100 mètres Par l’auteur

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45 L’escalier principal, pivot de la trame désaxée Par l’auteur

46 Accueil de la piscine, au niveau inférieur Par l’auteur

47


Volume de l’ancien supermarché Volume de l’atrium

47 Coupe du projet Par l’auteur

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Volume du centre aquatique

49


Conclusion L’essai (projet) se veut être une réflexion sur l’avenir des centres commerciaux de première couronne et sur leur potentiel à générer des coeurs de quartiers complets. Le projet s’est penché sur la possibilité de générer des qualités urbaines à partir d’une requalification respectueuse des aspects sociaux et culturels existants. En premier lieu, une analyse de l’évolution générale des centres commerciaux en Amérique du Nord a permis de mieux comprendre ce qui a mené aux formes architecturales les plus courantes. Puis, une étude historique, socioculturelle et urbaine plus approfondie de la Place Longueuil a permis de dégager des pistes d’intervention aux échelles urbaines et architecturales. Au niveau du projet, un plan d’ensemble établi selon les principes de Gehl, Bentley et Mikoleit a d’abord été mis en place, pour ensuite détailler l’un des ajouts fonctionnels proposés, soit le centre aquatique. Ce programme a été choisi afin d’implanter un pôle sportif au secteur, utilisable par toutes les tranches d’âge. L’ensemble du projet se développe autour de la notion de choc de trames, autant à l’échelle urbaine qu’à l’échelle structurale. Le projet se veut également être un choc au niveau culturel, en reconsidérant la notion d’attracteur et le fonctionnement traditionnel des centres commerciaux. Le jury a apprécié le projet dans son ensemble. Quelques suggestions ont été émises afin de le bonifier. Un premier commentaire concerne l’îlot situé entre le centre aquatique et la rue Saint-Laurent. À la critique, il a été présenté comme un îlot résidentiel, mais le jury a suggéré de le remplacer par un parc à vocation sportive. Cette modification permet de laisser un espace plus généreux entre les fonctions publiques du centre aquatique et les bâtiments résidentiels adjacents. Elle permet également de renforcer le rôle de repère visuel du centre, en le rendant visible de la rue Saint-Laurent. Cette modification a été apportée dans le cadre de cet essai (voir annexe 2). Il a aussi été mentionné que la tectonique, notamment la jonction entre les poteaux et le sol, aurait pu faire l’objet d’une exploration plus approfondie.

50


Bien que chaque centre commercial soit différent, certaines interventions proposées dans le cadre de ce projet pourraient facilement être reproductibles dans plusieurs cas. Par exemple, le comblement des stationnements extérieurs par des bâtiments aux fonctions variées permettrait de corriger plusieurs lacunes urbaines dans la plupart des centres commerciaux. Le remplacement d’un ou plusieurs attracteurs par un équipement public pourrait également être reproduit, à condition de bien cerner les besoins du quartier. Au final, le projet répond aux objectifs de départ, en démontrant qu’avec une requalification basée sur les qualités de l’existant, il est possible de faire participer un centre commercial de première couronne à la qualité urbaine.

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53


Annexe 1 Planches de la critiques, telles que présentées le 21 avril 2017.

54


2

2

4 10

7

9

1

1

8

11 6 5

Aménagement existant 1:2000

Aménagement proposé 1:2000

Légende

l. Ta Bou

u

1 Place Longueuil 2 Vieux-Longueuil Station de métro 4 Grande place proposée 5 Parc proposé 6 Esplanade verte proposée

7 1 8

7 8 9 10 11

Rue Saint-Laurent

Rue

hrea

2

4

9 5

B

1 11

6

Zonage proposé 1:4000

ereau

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5

9 4 10

1 6 Ru

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11 ain

t-L

au

Plan-masse proposé

1 Boisé urbain zone tampon entre le centre aquatique et la rue Joliette

ren

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es

Rue Saint-Laurent

Local

asch oul. T

Charl

10

Grand magasin vacant IGA IGA proposé Théâtre municipal proposé Centre aquatique proposé

Zonage existant 1:4000

Saint-

sce

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l. Ta

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Bou

Saint-

Résidentiel - faible densité Résidentiel - moyenne densité Commercial Institutionnel Bureaux Espaces verts

sch

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u

Rue

Régional

e

Sa

in

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Ch

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2


Choc de trames

requalification de la Place Longueuil en coeur de quartier

Circulations fil conducteur parmi les chocs

Trame circulaire centre aquatique

Trame désaxée atrium

Trame arborisée sur la trame de l’ancien IGA Trame de 1981 suite à l’incendie

Trame de 1967 trame originale

Choc des trames et des circulations

Toiture Membrane goudronnée Sous-couche goudronnée Panneau de fibres de bois - 13 Isolant polystyrène extrudé type 3 - 200 Polyéthilène - 0.15 Contreplaqué - 16 Poutrelles de bois - 100 x 300 Isolant matelassé 300 Fourrures de bois - 22 x 43 @ 400 c/c Poutre de bois lamellé-collé - 240 x 1400

Passerelle et mur-rideau Poteau de bois lamellé-collé - 240 x 520 Verre - 10 Circulation - 3000 Verre - 10 Espace d’air - 15 Tôle d’acier perforée peinte bleu Poteau de bois lamellé-collé - 300 x 1000 Retrait - 900 Mur-rideau de verre supporté tous les 400

Fondation Céramique blanche - 100 x 100 Colle à céramique - 15 Membrane d’étanchéité - 0.15 Gypse hydrofuge - 35 Mur de béton coulé - 300 Membrane hydrothèque Isolant polystyrène extrudé type 3 - 50 Remblais d’excavation Sol non excavé

Coupe de mur dans le volume de la piscine et la piste de course 1:40


5

4

5 Piste circulaire de 100 mètres

Troisième étage centre d’entraînement et piste de course

4 Relation entre le gym et ses vestiaires

3 L’escalier principal comme pivot des trames

Deuxième étage vestiaires du centre d’entraînement et administration

3 2

Coupe

7

8

1

6

Rez-de-chaussée relation entre le centre commercial, le centre aquatique et la ville

9

2 Les estrades de l’atrium vers la piscine

Sous-sol centre aquatique et ses vestiaires


6 L’atrium, fenêtre ouverte sur la ville, et le centre aquatique, point de repère et choc urbain

7 L’atrium comme point de jonction entre la ville, le centre commercial et le centre aquatique

8 Le café comme lieu de rencontres

9 Le centre aquatique

Relation entre les différents chocs, unis par la circulation



Annexe 2

A B

C M D E F

N G

O J

I

K

H

56

L



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