Place du 375e Rosemont-La petite-Patrie

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CONTEXTE En 2016, l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal, annonçait la transformation d’un stationnement en place publique, au coin des rues Beaubien et Boyer. En soit, l’ajout d’un nouvel espace public est toujours positif. La ville se doit d’offrir une multitude de lieux pour que les citoyens puissent s’adonner à diverses activités. Au Québec, la conception d’une place publique n’est pas toujours facile. Notre trame urbaine orthogonale n’offre que très peu d’occasions. De plus, le concept de place publique ne fait pas partie de notre culture, et nous avons souvent tendance à le confondre avec le principe d’un parc. Ce document explique les principes de base d’une place publique, et propose une alternative pour le projet de la place du 375e, ainsi que tous les projets futurs.


PARC Les parcs sont des espaces entièrement aménagés et comportant une végétation abondante. Ils sont fréquemment clôturés. Ce qui fait le parc, c’est ce qui est dans le parc (végétation, mobilier urbain, fontaines, jeux pour enfants...)

PLACE Les places sont des espaces peu aménagés et principalement minéraux. Les places publiques ne sont jamais clôturées, puisque ce sont les façades des bâtiments qui forment leur périmètre. Ce qui fait la place, ce sont les façades qui l’entourent. Une bonne place publique n’a pas besoin d’autre équipement pour être vivante et animée.


Le problème des places à Montréal À Montréal, la majorité des places publiques ne sont que des absences de bâtiment, ce qui les empêche d’avoir les qualités requises pour être une bonne place. Elles sont généralement bordées par des murs aveugles et des rues passantes. De plus, elles sont souvent restreintes à leurs lignes de lots et ne s’invitent pas dans l’espace public. Dans la plupart des cas, on tente donc de compenser ces lacunes en suraménagent, ce qui a comme conséquence de créer des hybrides entre parc et places. Ce sont généralement des lieux qui sont trop végétalisés pour être des places, en plus de n’avoir aucun cadre bâti approprié, tout en n’étant pas assez aménagés et trop peu végétalisés pour être un bon parc. La place Hector-Prud’homme, à quelques pas de la nouvelle place du 375e, est un bon exemple de place-parc-échec. La place est entourée de murs aveugles et de rues achalandées, ce qui en fait un îlot hostile n’ayant aucune qualité de place. La végétation tente de pallier au problème, sans succès. En 2013, la ville a cru que le problème était lié au soleil, et a installé des abris solaires. Évidemment, cela n’a rien changé au problème même de cette place qui n’en est pas une. En 2015, la ville a ajouté une oeuvre d’art et abaissé une partie de la surface. Bien que l’ajout d’art public soit toujours enrichissant, cela ne change rien aux problèmes fondamentaux du lieu. Nous voilà donc en 2016 à vouloir reproduire exactement le même échec à quelques rues de là. Une place enclavée entre un mur aveugle, une ruelle et une rue passante, sans commerces et sans vie. On aura beau ajouter des abris solaires et une oeuvre d’art, le problème restera entier. Notons qu’en 2009, à son inauguration, la place Hector-Prud’homme avait exactement les mêmes ambitions que la place du 375e: «Dans ce secteur à forte densité commerciale, cette place met à la disposition des citoyens un espace polyvalent qui permet aussi la tenue de diverses activités communautaires et d'animation.». On sait maintenant que ça n’a jamais eu lieu.


Place Hector-Prud’homme


La solution? Tout n’est pas perdu! Même si ce site n’est aucunement propice à l’aménagement d’une place publique, il est possible d’améliorer la situation. La première étape serait de construire un cadre bâti pour assurer l’animation de la place. Sur papier, les marchés publics et activités citoyennes sont intéressants, mais ils ne représentent que quelques jours dans l’année. La présence d’un commerce sur une place offre une animation en tout temps, sans que cela n’empêche la tenue d’activités ponctuelles. Un cadre bâti permet également d’avoir ce qu’on appelle des «yeux» sur la place, c’est-à-dire des fenêtres résidentielles qui créent une présence sur la place, en plus d’assurer un sentiment de sécurité. La nouvelle construction peut être minime. Une simple bande de cinq mètres sur deux des faces est suffisante. Cette diminution de la superficie n’a qu’un impact très faible sur le potentiel d’activité. Ensuite, il ne faut pas hésiter à sortir la place de son lot. L’aménagement devrait s’étendre de façade à façade, en traversant la rue et en incluant les trottoirs. La place devient ainsi partie intégrante de l’espace public. Du même coup, cet aménagement pousse les voitures à ralentir à proximité du lieu.


Prédiction de la place du 375e La première image est une prédiction de ce que sera la place du 375e. En se fiant à la tendance montréalaise, elle sera constituée d’un pavé qui s’arrête net au trottoir, comme s’il s’agissait d’un terrain privé. De la végétation sera plantée le long du mur aveugle pour tenter de le cacher. Peu importe la qualité de l’aménagement proposé par l’entreprise Ateliers Civiliti, cette place ne pourra jamais prendre vie.

Proposition pour la place du 375e La seconde image est une proposition pour la place du 375e. Deux nouveaux bâtiments seraient construits. Le premier, à gauche, aurait un commerce au rez-de-chaussée, possiblement un café, avec une entrée donnant sur Beaubien avec une typologique typique au quartier, ainsi qu’une série d’ouvertures le long de la place pour accéder à la terrasse. Aux étages, deux appartements pour animer visuellement la place et structurer l’espace. Au fond, un commerce d’un seul étage, possiblement un bistro ou une boulangerie. Son comptoir serait situé dans son pavillon, et sa salle à manger sur deux étages dans la partie au fond à gauche. Le pavillon n’a pas besoin d’être plus haut, puisque le bloc appartement de l’autre côté de la ruelle sert de «yeux» à la place. Seule l’activité commerciale est manquante. L’aménagement de la place serait assez sobre, pour permettre une grande polyvalence des activités: marché de Noël, fête de quartier, cinéma en plein air... Au coin de la rue, un petit îlot de verdure pour structurer l’espace et offrir un espace de repos. Le long de la place, le stationnement sur la rue Boyer serait éliminé et remplacé par deux bacs à fleurs, afin de prolonger la place publique et d’ajouter de la verdure sans encombrer la place. On obtient donc une place animée et appréciée 365 jours par année, sans perdre la polyvalence souhaitée.


ProposĂŠ par la ville

Proposition alternative


Une première? Ce ne serait pas la première fois qu’une telle initiative est prise à Montréal. La Place Simon-Valois est l’une des seules places réussies des dernières années à Montréal, et ce n’est pas un hasard! Deux nouveaux bâtiments, aux rez-de-chaussées commerciaux et aux étages résidentiels, ont été construits dans l’unique but d’assurer la vitalité de la place. Et c’est un grand succès! On aurait pu souhaiter que la place traverse la rue, mais il est maintenant projeté de le faire, suite au projet-pilote de l’été dernier.


CONCLUSION En conclusion, le projet de la place du 375e a beaucoup de potentiel. Toutefois, si aucune action n’est prise, la place risque d’être un échec semblable aux autres places enclavées et sans vie. Heureusement, il serait facile de remédier à la situation. Évidemment, le temps file et 2017 arrive à grands pas! Il serait difficile de changer les choses à temps. L’idéal serait donc de mettre le projet sur pause, et de plutôt créer une place temporaire, à l’image du Village éphémère, pour que les festivités du 375e puissent se dérouler. Les travaux pour la vraie place pourraient débuter en 2018, afin d’être un réel legs, durable, vivant et couronné de succès.



Place du 375e




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