Go Out! N°32 juin 2015

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On sort architecture

Texte // Olivier Gurtner

Alhambra: l'odyssée d'un espace Trente années de polémique, trois ans de travaux, deux votations populaires, 25,2 millions de francs en travaux… L’enjeu valait la peine d’attendre tant le résultat est réussi. En 2015, la mythique salle de l’Alhambra ouvre à nouveau ses portes, faisant du lieu un écrin pour les musiciens rehaussé par Carmen Perrin. Publics, amateurs et auditeurs pourront admirer l’ancien Omnia, une salle qui a reçu Mistinguett, Edith Piaf ou encore Joséphine Baker. Une salle qui a failli être remplacée par… un parking. Récit d’un miracle. Hier 1920. L’OMINA –son premier nom– ouvre ses portes, après deux années de travaux menés par l’architecte Paul Perrin. La salle accueille des voix célèbres et bénéficie de la première installation sonore de Suisse. A la fin des années 80 émerge le projet Tolédo, du nom des propriétaires de la pharmacie principale. Le clan veut raser l’Alhambra pour en faire un parking! L’idée est validée par le Conseil d’Etat d’alors. C’était sans compter la mobilisation du quartier, notamment de l’association des habitants du centre et de la Vieille-Ville (AHCVV). Finalement, l’idée insensée est rejetée en scrutin populaire et le bâtiment est sauvé, puis classé en 1996. Aujourd’hui Désormais, le quartier de la Rôtisserie fait peau neuve, entre la bibliothèque de la Cité dessinée par Matali Crasset et l’Alhambra rhabillée par Carmen Perrin. La salle de concerts rouvre après trois années de travaux et le pari de la rénovation est tenu. Côté artistique, la plasticienne Carmen Perrin recouvre la salle d’un élégant dégradé qui part d’un sol noir profond pour culminer vers l’or au plafond à caisson. Cette gamme chromatique se retrouve partout, tel un intelligent clin d’œil: foyers, hall d’entrée, cages d’escaliers. Partout, cette même succession entre noir, rouge, argent, et or, rehaussée par de la peinture métallique. Le patrimoine est également respecté, avec les fresques de 1920 et 1928 préservées. Un délice pour l’esthète, l’historien ou le designer.

Côté technique, l’Alhambra est considérablement rafraîchie, avec une fosse d’orchestre, une cage de scène améliorée, un sol modulable (avec sièges en inclinaison douce, ou parterre à niveau du proscenium). Avec fauteuils, on peut accueillir 750 personnes; sans, c’est presque 1000. Seul bémol, l’immonde passerelle technique noire qui défigure le plafond qui –foi de techniciens– ne pose pas de problème esthétique. Autant dire que Patrimoine Suisse ne partage cet avis, et à raison. Demain Il serait dommage d’éclipser la programmation qui viendra incarner l’Alhambra. Suite à un concours, la Ville de Genève a désigné l’Association des Utilisateurs de l'Alhambra (AdUdA) pour gérer cette scène renouvelée. Le conglomérat associatif est notamment constitué des entités suivantes: ADEM, AMR, Archipel, Fanfareduloup, La Bâtie, Electron, Eklekto, Contrechamps, ASMV, Prestige Artists et PTR. Aux commandes, ce sera Karin Strescher, connue de la scène genevoise, diplômée en gestion culturelle et qui a rédigé un mémoire universitaire sur l’Alhambra. La salle ouvrira durant la Fête de la musique 2015, avec un concert des Young Gods, pour ensuite continuer ses activités à la rentrée. Fin août verra la réouverture attendue de l’Alhambar alors que septembre marquera le début officiel de la programmation made in AdUdA, avec plusieurs concerts de La Bâtie. Car il s’agira bien d’accueillir la musique –actuelle précisons– plutôt que du théâtre ou des conférences. Message bien reçu. Go Out! n° 32 juin 2015


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