Journal Mars 2023

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Le Journal / Mars 2023

Goldwing Club Romandie - Le Journal

Prix :

Est compris dans l’inscription au Club pour les membres actifs, motards et sympathisants.

Peut être distribué gracieusement à titre de publicité.

Le prix pour une année ou 4 parutions est de :

Page entière fr. 250.

Demi-page fr. 180.

Quart de page fr. 100.—

Diffusion :

Environ 60 exemplaires imprimés par numéro. Le site Internet, où les journaux sont lus, dépasse ce jour le million, trois cent mille visiteurs.

Adresse de la rédaction :

Anne-Lise Jacquier

Natel : 079 466 38 45

Divers :

E-mail : redacteur@gwcr.ch

Les dessins et photos non originaux ainsi que les extraits d’articles, le sont à titre de publicité par leurs auteurs.

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La rédaction, en accord avec le comité, peut, en certaines circonstances, censurer des articles ou passages d’articles jugés tendancieux ou injurieux.

Dans la mesure du possible, les articles reçus après la date limite ci-dessous apparaitront dans le numéro suivant :

Dates de sortie ; fin mars, juin, septembre, décembre

Président

Michel Roulin 079 / 596 92 72 president@gwcr.ch

Vice-Président

Laurent Guigoz 078 / 694 29 30 vicepresident@gwcr.ch

Secrétaire

Aurélie Rochat

079/ 658 15 00 secretaire@gwcr.ch

Trésorière

Aurélie Rochat

079/ 658 15 00 comptable@gwcr.ch

Webmaster

Christophe Colas +33 675 01 19 65 cricricamera@wanadoo.fr

Rédactrice

Anne-Lise Jacquier 079 / 466 38 45 redacteur@gwcr.ch

Délégué Vaud

Pierre-André Mornod

079 / 469 23 59 delegue-vd@gwcr.ch

Délégué Valais

Isabelle Rey

079 / 696 01 69 delegue-vs@gwcr.ch

Délégué Berne

Philippe Gavillet 079 / 681 92 54 delegue-be@gwcr.ch

Délégué Jura

Philippe Gavillet 079 / 681 92 54 delegue-ju@gwcr.ch

Délégué Genève

Eric Lechaire

079 / 214 91 59 delegue-ge@gwcr.ch

La « bafouille » du Zident

Chers membres et amis, salut.

Voilà une nouvelle saison qui va battre son plein tout soudain !!

Après une assemblée générale en février qui s’est très bien passée, je souhaite la bienvenue aux nouveaux membres du comité et les remercie déjà pour leur engagement.

Nous avons eu une séance de comité début mars et je suis très fier de vous annoncer que nous avons, au comité, une équipe dynamique et hyper motivée pour le bien être du GWCR.

Notre saison va débuter avec une exposition à Martigny et me réjouis d’y faire de nouvelles rencontres.

Sur notre magnifique site internet, nous avons déjà beaucoup de dates programmées pour diverses sorties et je vous invite à vous y inscrire.

Je remercie par avance tous les membres qui s’engagent à nous faire découvrir des régions et partager de bons moments entre nous tous.

Je vous souhaite un magnifique début de saison et me réjouis de vous revoir tous(tes).

Salutations motardes Votre Zident Michel Roulin

La saison 2023 débute par notre traditionnelle assemblée générale qui a, comme toujours, lieu le premier dimanche de février.

Philippe Gavillet nous a trouvé un superbe site à Saignelégier, sur lequel un hôtel haut de gamme trône fièrement dans la neige et c’est tout sourire que nous sortons des véhicules en nous cramponnant aux portières, c’est tellement beau de voir les sapins alentours se refléter dans la glace du parking !

Nous prenons possession de la salle de conférence après le café et les accolades. A 9h00, notre Zident, Michel Roulin, souhaite la bienvenue et remercie les membres d’être présents car il faut bien le dire ; la majorité qui a fait la trotte ce même jour, a eu le privilège de voir le lever du jour au milieu du trajet et là, il ne restait plus qu’une heure avant d’arriver, pour les plus éloignés !

La séance menée de main de maître et ne laissant que peu de place aux discutions égarées et aux mouvements du genre ; - tu vois (derrière le store entrouvert) la neige tombe à gros flocons ! a permis de clore ladite séance, avec la satisfaction de tous, avant midi.

C’est avec de l’humour et des échanges réciproques, que nous avons mangé un copieux repas servi après un apéro accompagné de délicieux petits hors d’œuvres.

Même si une assemblée générale est une formalité juridique annuelle obligatoire et importante pour la bonne marche d’un club, elle est un moment fort aux échanges et aux partages.

Vous avez tous reçu le PV en ce qui concerne les points de l’ordre du jour dont chacun en a pris connaissance, je ne le relaterai donc pas ici.

Nous nous réjouissons de rouler avec les nouveaux membres, bienvenue à eux !

Au niveau route, voici les résultats;

1ère place - Roulin Michel 247pts

2ème - Rochat Jacques 225pts

3ème - Michel Constantin 200pts

Les jubilaires 2022 ;

10 ans : Steve Granges et Corinne Schneeberger, Christophe et Nanou Berger

15 ans : Yvan Duboux, Véronique Fonjallaz et Pierre-André Mornod

20 ans : Anne-Lise Jacquier

25 ans : Trincherini Ketty, Sandra Audrain, Dora Broillet, Dominique Fridez, Nadica Michel, Sylvette Moullet

Un merci spécial à Solange qui quitte le comité après trois ans de trésorerie menés à bien ainsi qu’à Steve qui a accepté de fonctionner en tant que secrétaire par intérim.

Beaucoup de sorties sont prévues cette saison 2023. Alors tous à vos agendas !

A.-L.

Il était une fois en l’an 2023, un 17 février, une jeune fille qui portait un petit chaperon rouge « made in China » se frayait un chemin parmi la foule qui martelait les pavés de la place centrale de Monthey.

Plusieurs loups, probablement déguisés car le carnaval battait son plein dans la ville, avaient faim puisqu’il était seulement 18h30 et n’ayant pas encore mangé, lui demandèrent où elle allait…. Innocemment elle répéta, trois fois de suite à cause de la puissance des Guggenmusik, que son agenda "nouvelle génération" mentionnait un rendez-vous à la pizzeria "La Nona", stamm valaisan du GWCR, où les membres se réunissent une fois par mois et dont elle en fait partie.

Ils jugèrent qu’il y avait trop de fêtards sur cette place pour la manger immédiatement.

Voyant leur regard noir, notre petit chaperon rouge mit l’eau à la bouche de ces êtres aux longues oreilles et aux grandes dents en expliquant qu’en cette période, la pizzeria proposait des moules marinières, frites et salade en sus de la carte. Entendant cela, les loups l’abandonnèrent et se jetèrent à l’intérieur de l’établissement pendant qu’il y avait encore de la place.

Ouf, elle eut la vie sauve ! Qui est ce Petit Chaperon Rouge ?

Par Anne-Lise

A vous de trouver un chaton sur chaque image…

Après quelques années en diverses motos :

1. Kawasaki Z750

2.Yamaha R1

Il est enfin temps de passer aux choses sérieuses. Les années passant et l’amour de la route grandissant, voici le moment defairetairetoutescespetiteslanguesdevipèresquiluidisaitqu’elle n’y arriverait jamais, ou encore, que la Gold pour elle serait tout bonnement et simplement du suicide… Qu’à cela ne tienne, ma petite moitié me dit : je t’emprunte ta moto…

Bon ben un petit tour alors…

EtlavoilàpartieavecmamotopourletourdeBercher…Tourduvillage qui s’est transformé en tour du district... mais un sourire si rayonnant au retour que je n’ai pas pu lui en vouloir. Bien au contraire, elle s’est éclatée et a adoré la Gold.

UneWingeuseestnée

Bon ben… on va-t’en trouver une ! Après plusieurs tentatives de vente de la R1 et de recherches de Golds d’occasion, nous tombons sur une annoncedugarageMoto-LineàYverdonpourunemagnifiqueGold1800 de 2005. Je prends donc contact avec le garage pour savoir s’il serait preneur de la R1 en apport pour la Gold et le reste… et bien, en liquide, l’affaireestconclueetnousprenonsrendez-vouspourlalivraisondela moto.

Ce sera le 14 février. Tiens, mais dis voir… ne serait-ce point l’anniversaire de ma petite chérie ce jour-là ? Hé oui et en plus la StValentin… tout pour bien faire.

Nous nous organisons donc avec le club pour aller en groupe chercher la moto de madame et lui servir d’escorte pour ses premiers tours de roues en Gold.

Elle piaffe d’impatience mais son escorte personnelle est là pour la canaliser

Voilà la bête et les explications du vendeur, merci Daniel et P.-A. pour les compléments

Bon, allez, vous êtes bien gentils tous mais il va falloir y aller là… En avant

En route, sous la direction de notre nouveau VP Laurent, en direction dePomy,Donneloye,Bioley-MagnouxetpourfinirBercher.Pourpouvoir les mettre les 2 au garage.

Etbien,lesvoilàrangéesetprêtespourdebellesaventuresauclub.En ce qui concerne madame, elle a terriblement bien roulé, presque mieux qu’en sportive.Lapreuve est faite quec’est dans latête etdans l’envie quesepassentnoslimites.Jetienstrèssincèrementàremerciernotre escorte d’amis : Michel Roulin, Laurent et P.-A. de nous avoir accompagnés en ce jour si merveilleux pour Aurélie. Vous avez contribué à le rendre beau.

Je souhaite à mon ange Aurélie tout de bon et une bonne route. Ah oui j’aioublié devousprésenterson nouveaucompagnon deroute son petit Yoshi de moto…

Adage du club : route ensemble, plaisirs partagés.

Coyote café.

Rue des Uttins 36, 1400 Yverdon. tél : 024 445 48 38

Gastronomie. Bar avec concerts rock !

Bar sportif/TV en direct, Brasserie de Pub, Conviviale, Familiale, Lounge

Spécialités

Bière (bouteille), Bière (pression), Bières artisanales

Position

Accessible en fauteuil roulant, Possibilités de stationnement, Près des transports publics

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours imaginé qu’enfourcher un deux roues était une expérience ultime, le début d’un voyage dont on ne revient pas, même lorsque l’on remet pied à terre. Il y a dans un deux roues, l’idée entêtante de la nécessité d’avancer, comme une sommation au voyage, une irrépressible envie d’aller de l’avant car si vous vous arrêtez, vous tombez.

L’équilibre ne vient que par le mouvement. Sans mouvement, vous êtes juste un con à côté d’un vélo ou d’une moto mais sitôt que vous grimpez sur votre engin et que vous avancez, vous vous transformez, vous empoignez votre casque et votre blouson et vous êtes libre, affranchi, voyageur… un explorateur ou un conquérant… Sitôt descendu, vous redevenez un terrien, lourd et pataud, entravé par son poids, scotché par la force de gravité. Vous remarquerez d’ailleurs souvent ces cyclistes ou motocyclistes qui font durer à l’approche d’un feu rouge, l’équilibre précaire qui sépare leur pied du sol en attendant que le feu passe au vert… Ne jamais reposer le pied à terre, voilà l’objectif, voilà probablement aussi une définition de la liberté.

C’est ainsi… la première liberté a souvent la couleur de son premier vélo. Certains s’en contentent et passent un jour plus lointain au confort et à la sécurité de la voiture qui vous fait basculer dans l’âge adulte, pendant que d’autres continueront à utiliser leur moto, leur scooter, leur vélo pour leurs parcours quotidiens entre la maison et le travail, enfin une dernière catégorie enfourchera la moto, non par

utilité mais par nécessité, par addiction même, pour échapper à l’angoisse ou au stress, pour le plaisir pur de s’arracher du sol et de s’enivrer de cette « sonorité exubérante » qui accompagne les virées sinueuses. Les styles, les marques, les moteurs, les positions de pilotage ont beau être différents, la quête de liberté est la même et ce sont cette quête et la mise en commun des moyens utilisés pour la nourrir qui fondent ce que l’on appelle la communauté des « Motards ». Mais avant cela, il faut cheminer un peu. Comme vous, je me souviens parfaitement de mon premier vélo. Le mien était « de course », rouge, son guidon « cintre » et son double levier de vitesse fixé sur le cadre. Sur lui, avec lui, j’ai parcouru des milliers de kilomètres au cours desquels je m’inventais cent étapes de mon Tour de France.

Pédaler c’est d’abord une forme de vagabondage, une déambulation muette qui laisse libre cours à son imagination, une imagination qui m’emmenait vers des sprints fantasmés, sous les acclamations d’un public enthousiaste, à chaque fois que je franchissais l’allée de platanes qui menait à la place du village de mon enfance. Et c’est sous ces mêmes platanes, quelques années plus tard, dans un matin glacial de ce petit village du centre-var, quand mon grand-père Louis m’a offert ma première mobylette que j’ai senti pour la première fois, cette sensation unique, celle que nous prodigue quand il fouette notre visage, le vent de la liberté, à rouler sans savoir où j’allais, à « cambaler » frangine, copains et copines, à me perdre, à faire angoisser ma mère, à me geler, à tomber en panne d’essence et à « serrer » un jour triste où le 103 a finalement rendu son âme cylindrique.

Après le 103 vint la première moto, puis le permis, puis une seconde, puis une troisième et finalement, à bientôt 50 ans, je n’ai jamais cessé d’enfourcher des deux roues, ni d’épouser la philosophie qui les

accompagne. Car on ne devient pas motard impunément, c’est un choix, un choix qui structure notre rapport à l’espace, au temps, à la vitesse, à la météo, au virage, un choix qui influence notre rapport à la route, notre rapport aux autres usagers, notre rapport au risque et même notre rapport à la mort.

Quand je parle de motard, je n’y inclus pas la pratique urbaine. Se déplacer en moto dans une ville est souvent pratique et rapide, mais c’est une utilisation contre-nature de la moto car dénuée du sens et du plaisir motards, ceux qui se fondent sur l’exploration. De la même manière, emprunter l’autoroute en moto est d’un ennui et d’un inconfort insupportables, sauf à rechercher la vitesse de pointe, ce qui, selon moi, s’inscrit souvent dans une utilisation immature et impropre de la moto sur route.

Ainsi, même si enfourcher une moto c’est évidemment goûter à une accélération qui n’existe quasiment sur aucun autre véhicule, c’est d’abord et avant tout un apprentissage, celui du virage et de la recherche toujours renouvelée de la meilleure façon d’attaquer une courbe, de se pencher et d’enrouler les lacets comme on les dessinerait au pinceau, de chercher et trouver cet angle où l’on a la sensation de survoler la route, suspendu juste trente centimètres audessus d’elle, en déséquilibre parfait, arrimé au bitume, en pleine possession de la gravité. Cette sensation-là, née de l’opposition entre deux forces (centrifuge et centripète) agit comme une drogue qui pousse à rechercher partout ces routes sinueuses où les virages s’enchaînent dans des paysages étourdissants.

Plus ça tourne et plus le voyage ressemble à une danse où les courbes sont des rondes, douces et enivrantes, comme une valse où les pointes des pieds posées sur les cale-pieds, les cuisses enserrant le réservoir, les mains arrimées au guidon, emportés par ce roulis,

nous tournons dans cette spirale sans fin, comme des derviches tourneurs casqués.

La quête du virage est inséparable du bon usage de la moto car c’est là, couché en apesanteur, que le motard fait son pied de nez à toute autre forme de déplacement. C’est pour cette raison, et pour nourrir cette quête que les motards recherchent la sinuosité qui les entraine sur les terrains les plus reculés. En plus de la route, une relation singulière se noue avec l’air. Là encore, cette relation n’existe avec aucun autre moyen de locomotion et se caractérise par la capacité de l’air à donner corps à la vitesse mais aussi à vous laisser en prise directe avec les paysages traversés, leurs panoramas, leurs reliefs et surtout leurs odeurs, celles des forêts, des maquis ou de l’iode, celle de l’asphalte brûlante au mois d’août soudainement rafraîchie par un sous-bois qui vous sert de climatiseur.

C’est enfin par ces chemins que la moto vous conduit non pas seulement vers un autre monde mais aussi et surtout vers d’autres gens. Il faut lire Robert M. Pirsig: « Ces routes-là ne ressemblent absolument pas aux grands axes. Tout y est différent : Le rythme de la vie, la personnalité des gens qu’on y rencontre. Ces gens ne vont nulle part, ils ont le temps d’être courtois. Ils connaissent la réalité des choses. Ce sont les autres, ceux qui sont partis il y a des années vers les grandes villes et leurs enfants perdus, ce sont eux qui sont coupés du sens de la vie. »

Les marins ont Moitessier et sa « Grande Route », les motards ont Pirsig et son « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes. »

Car entrer dans la communauté des motards c’est aussi y explorer sa culture, les différentes motos, les moteurs, les marques et leurs spécificités, leurs sonorités, leurs vibrations toujours différentes, et la mythologie qui les accompagne.

La culture motarde est faite de ces modèles qui peuplent le cinéma, de la « Captain America » pilotée par Peter Fonda dans « Easy Rider » à la 6T Thunderbird de Marlon Brando dans « L’équipée sauvage », en passant par la Triumph TR6R de Steve McQueen dans « la grande évasion », et des musiques qui les accompagnent de ZZ Top à Lynyrd Skynyrd, d’ACDC à Steppenwolf ou de Creedance Clearwater Revival à Led Zep… il est impossible de rouler durablement sans ajouter le son du Rock, indissociable de la route et de la rythmique du voyage.

C’est ainsi qu’à force de rouler, pour le simple plaisir d’enrouler les virages, et avec un peu de recul sur les rites et les mythes qui entourent la pratique motarde, on comprend un jour que la moto n’est pas un simple moyen de locomotion ou un loisir de plus, mais qu’elle repose sur trois principes majeurs, un principe de liberté, un principe de responsabilité et un principe de solidarité.

De liberté puisque le premier effet du deux roues, c’est d’abord de lever des contraintes en permettant d’élargir notre périmètre de mobilité, de pouvoir passer presque partout, de se sentir presque totalement libre, « presque » oui, car c’est lorsqu’on oublie ce « presque » que la réalité nous rattrape brutalement, à un croisement, dans une courbe un peu serrée, en remontant une file, et qu’on se souvient trop tard que le motard n’est presque pas protégé… et que la chute est presque toujours dangereuse.

Je crois que passé un certain nombre de kilomètres et d’années, tous les motards roulent avec cette appréhension permanente du risque.

C’est en cela que la responsabilité est plus grande derrière un guidon que derrière un volant, parce que le droit à l’erreur ne coute pas du tout le même prix.

Il y a dans chaque motard un enfant qui guette la prochaine courbe pour faire frotter les cale-pieds contre l’asphalte, et un vieux sage qui vous répète sans cesse de faire attention à vous, à la chaussée, mais surtout à l’autre. Le jour où l’on n’entend plus cette voix, c’est que l’on est vraiment sage ou que l’on est vraiment mort. J’ai toujours pensé que le risque était le prix à payer pour la liberté, et finalement, la moto en témoigne parfaitement.

C’est probablement d’abord parce que chaque motard est pleinement conscient du risque qu’il prend à chaque fois qu’il appuie avec son pied gauche sur le sélecteur de vitesse, que les motards forment une communauté d’entraide permanente. Dans un monde où l’individualisme rime souvent, trop souvent, avec égoïsme, la moto, qui est une activité individuelle, démontre que l’on peut tout à la fois demeurer autonome sans s’extraire du groupe, y partager les mêmes valeurs et compter sur une solidarité presque sans faille. Ainsi, un motard arrêté au bord d’une route ne le reste jamais longtemps. Il y a toujours un autre motard pour s’arrêter et lui proposer son aide. Personne ne nous l’apprend, c’est ainsi et c’est probablement contenu dans ces codes non écrits, ces rites non appris par lesquels on sait où l’on est et qui l’on est.

C’est probablement par cette même intuition communautaire que lorsque deux motards se croisent, ils se font un geste. Ce sont souvent deux doigts de la main gauche qui se tendent, ou le pied droit qui descend de son cale-pied lors d’un dépassement. Pourtant deux motards qui se croisent ne se sont probablement jamais vus et ne se reverront certainement plus jamais, alors à quoi ce geste sert-il et d’où vient-il ? Certains l’attribuent à Barry Sheene qui arborait ce V durant ses tours d’honneur à chacune de ces victoires… d’autres disent qu’il a toujours existé et qu’il est un signal entre deux motards pour indiquer que « tout va bien », et qu’on n’a pas besoin de l’aide de l’autre.

Le fait est que ce geste n’a aucune utilité, il ne répond à aucune obligation et n’est enseigné dans aucune moto-école… Il est un signe de reconnaissance entre des gens qui ne se connaissent pas mais qui se disent, « je te vois, je te reconnais, tout va bien. » C’est le principe même de ce que forment les motards quand ils enfourchent leurs engins, une communauté basée sur des valeurs, des rites, des mythes et le désir de les partager. J’y vois un signe de civilisation, de solidarité et même de fraternité. J’y vois la preuve que même séparés les uns des autres, étrangers les uns pour les autres, nous savons encore nous regarder, nous respecter et nous aider les uns les autres.

La moto est une promesse, celle de l’éternel passager clandestin qui se cache en nous, un enfant exalté et heureux, voyageur imaginaire en quête de sa liberté, un enfant qui veut continuer de jouer, de rouler, de rencontrer, de vivre. Cette promesse, sa promesse, c’est celle du voyage, celle d’un long voyage, infini, à la découverte d’un monde dont on voudrait explorer tous les virages, parcourir toutes les forêts, contempler tous les paysages, caresser tous les crépuscules, sentir tous les parfums, un voyage dans le monde et un voyage en soi, indispensable, enivrant et finalement inutile puisqu’à l’arrivée, quand on repose le pied à terre et que l’on retire son casque, on se rend compte que ce que l’on cherche est monté avec nous sur la selle de la moto et que nous l’avons fait voyager tout ce temps, pour le poser là où nous sommes arrivés. Il n’y a pas de destination, il n’y a que le voyage. C’est l’histoire de nos vies, la quête de ce que nous cherchons sans cesse, partout, loin, si loin, et qui est là, en nous : « Je me suis demandé pourquoi nous avons mis si longtemps à comprendre.

La vérité était là sous nos yeux, et nous étions incapables de la voir…

La vérité frappe à la porte, et on lui dit: « Va-t-en, je cherche la vérité.

» Elle, pour le coup, elle s’en va.

Comment joindre le club ? Site Internet http://www.goldromandie.ch Adresse E-mail comite gwcr.ch Adresse postale : GWCR par son président M. Michel Roulin Route du Village 19 1040 St-Barthélémy VD

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