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CARNET DE COURSE

Mont Blanc du Tacul

PREMIER 4000

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Tout est dans l’altitude. Certes ce n’est pas l’ambition de tous les marcheurs que d’atteindre le toit de l’Europe. Mais qui a dit que vous n’en étiez pas capable ? Qui a dit que c’était trop haut ? Trop dangereux ? Si vous en avez envie, sachez qu’entre se balader en bord de mer et marcher au sommet du Mont-Blanc il n’y a que 4807 mètres.

TEXTE ET PHOTOS : ARTHUR GHILINI

Vous l’aurez compris, pour passer les 4000m, il vaut mieux être préparé avec une bonne forme physique

Le mont-blanc du Tacul, culminant lui à 4248m, se situe sur la voie dite « des trois monts ». C’est le premier sommet depuis l’aiguille du midi que l’on gravit jusqu’à l’imposant Monsieur Mont-Blanc. Entre les deux, on retrouve le mont Maudit avec ses 4465m. L’ascension du Tacul est donc une première étape sur le chemin des cieux. Un premier test pour le physique, la technique et le mental. En effet, passer la barre des 4000m est une limite bien connue des alpinistes. Ce qui est intéressant ici, c’est la facilité d’accès. Depuis Chamonix, on saute dans le téléphérique de l’aiguille du midi jusqu’à 3848m, on marche 45 minutes jusqu’au refuge des cosmiques, et après une courte nuit il ne reste plus qu’à gravir les 600m de dénivelés qui nous séparent de notre but. Rien de compliqué. Sauf que…

La difficulté majeure est bien évidemment l’altitude. C’est le physique qui en pâtie. Plus vous montez, moins il y a de pression dans l’atmosphère, et plus les problèmes s’accumulent. Le manque de pression va en effet avoir plusieurs effets négatifs sur votre corps comme la diminution du taux d’oxygène. Le souffle court, chaque pas peut alors devenir un calvaire. Le tout est de garder un rythme qui vous essoufflera le moins possible. Ensuite, si vous vous sentez bien, vous aurez envie d’accélérer. Mais un rythme trop soutenu pourrait avoir des conséquences gravent, comme l’appariation d’un œdème pulmonaire. Il faut toujours rester vigilent et ne pas dépasser certaines limites. Pour finir, sans pression et sans oxygène, on risque aussi l’œdème cérébral. Si l’un de ces problèmes venait à survenir, une seule solution, descendre. Mais soyons clair, dans nos régions, en dessous de 5000m les problèmes sont rares. Pour se préparer à ça on pratique l’acclimatation, ce qui consiste à monter de plus en plus haut, jours après jours, sans en faire trop, en étant certain de fabriquer assez de globules rouges pour ne pas avoir de difficultés respiratoires. Dans notre cas, une nuit au refuge vous fera déjà ressentir l’ivresse des sommets si vous n’êtes pas acclimaté.

La deuxième difficulté est technique. On évolue ici sur un glacier. Cet environnement particulier demande des qualités particulières. D’abord il faut savoir marcher. On ne va pas se mentir, si vous ne marchez pas régulièrement ça va être dur de passer toute la journée avec des crampons aux pieds. Car oui, sur la glace on utilise des crampons et il vaut mieux s’être entrainé préalablement pour être certain de ne pas se casser une cheville. Ensuite, toute cette glace ne laissera pas non plus la possibilité de s’agripper à quoi que ce soit, on utilisera donc un piolet pour contrer ce manque, et transpercer la glace. Parfois on ne trouvera que de la neige, ce qui n’enlève en rien l’utilité de cet outil. Finalement sur un glacier on marche encordé. La corde élément indispensable en montagne, ne sera ici utile que si l’un des membres de la cordée tombe dans une crevasse. Si la pente est trop forte, tirer un petit coup sur la corde ne sera pas verbalisé, mais l’ascension du Tacul ne demande pas de connaissance en escalade.

Vous l’aurez compris, pour passer les 4000m, il vaut mieux être préparé avec une bonne forme physique, une bonne technique et le bon matériel. Mais tout ceci ne vous empêchera pas d‘avoir peur. La préparation n’empêche pas les crevasses de s’ouvrir, les séracs de tomber, le vent de former des

La deuxième difficulté de cette ascension est technique. On évolue ici sur un glacier, un environnement particulier qui demande des qualités... particulières.

plaques à avalanches, ni le froid de glacer le sang. Le mental reste donc aussi important que le reste. Comme dans toutes activités pratiquées dans un milieu extrême, au delà d’un certain point vous ne trouverez que risques et périls, et parfois, il faudra renoncer.

Ce sommet affiche des dizaines d’itinéraires et de voies praticables en alpinisme, à ski ou encore en parapente. Pour une première fois, notre meilleur conseil est de faire appel à un guide de haute montagne qui vous fera progresser à votre rythme et qui prendra les bonnes décisions pour vous. D’autres sommets sont bien connus pour une première fois, comme le mont Rose en Suisse ou encore le grand Paradis en Italie, c’est à vous de choisir. A bon entendeur, soyez prudent.

• Le mont-blanc du Tacul : 4 248m • Refuge des cosmiques : 3 613m • tarif : 72 euros demi pension • Chamonix : 1 025m • Téléphérique aiguille du midi : 3 848m • tarif : 69 euros l’aller retour

L’ÉQUIPE DU JOUR

• Le guide: Alexandre Marchesseau • Le client: Rames Brizzi

JOUR 1

• Au matin, rendez vous avec le guide qui explique, rassure et équipe ses clients du matériel nécessaire à la pratique de l’activité. Baudrier, crampons, piolet, gants, bonnet, lunettes, tout est vérifié pour évoluer en toute sécurité. • 14h, on achète les forfaits, il est l’heure de monter dans la benne de l’aiguille du midi pour atteindre les 3848m sans efforts. • 16h, on attaque la descente vers le refuge des cosmiques.

Crampons au pieds, piolet en main, on descend l’arrête de l’aiguille du midi accompagné du guide qui une fois encore veille sur ses clients. • 17h, arrivée au refuge, on prend le temps de se relaxer, on regarde le soleil se coucher lentement sur l’objectif du lendemain. • 19h, le soupé est servi, il est bientôt l’heure de se coucher. • 21h, tout le monde au lit.

JOUR 2

• 4h, le réveil sonne, il est l’heure de se lever. On se prépare, on prend le petit déjeuner. • 5h, il est l’heure d’y aller. • 11h, si tout va bien vous voilà au sommet du Tacul. • 14h, retour au refuge des cosmiques, récupération du matériel et retour à la benne. • 16h, on monte dans la benne pour rejoindre Chamonix. • 16h30, c’est l’heure de la bière !

Ce sommet affiche des dizaines d’itinéraires et de voies praticables en alpinisme, à ski ou encore en parapente.

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