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Les enjeux de la rénovation I

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

© Renovacime

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Le constat existe depuis longtemps sur l’obsolescence d’une grande partie des résidences de montagne et le fait qu’elles ont été construites pour un usage très ponctuel, principalement lié au ski. Résultat : une architecture trop systématique, des appartements étroits, une décoration qui a mal vieilli, une mauvaise isolation et des équipements énergivores, des parties communes délaissées. À cela s’ajoute le manque d’entretien et de suivi, dû au fait que les copropriétaires se réunissent rarement… Pour proposer des solutions innovantes, le Pôle Excellence Bois a mené le projet collaboratif Rénovacime avec deux cabinets d’architectes, Tectoniques et Tekhnê - Lieux Fauves à Lyon.

« Rénovacime est un stimulateur d’idées, ce n’est pas une solution clés en mains. L’idée est d’ouvrir le champ des possibles, de faire germer des envies » nous précise Sarah Viricel, architecte associée chez Tekhnê - Lieux Fauves architectes. L’étude se veut générique, elle propose des solutions adaptables, avec un souci constant de réalisme économique et opérationnel. Le projet s’appuie sur un bâtiment test, la résidence « Les Aravis » aux Menuires. L’objectif : relever le défi d’une réhabilitation innovante et performante afin de s’adapter à l’évolution des usages et à la situation climatique.

Le projet est donc basé sur 4 axes de réflexion pour répondre aux enjeux stratégiques et écologiques, mais aussi tenir compte d’une réalité économique.

Les enjeux

de la rénovation des résidences de montagne

L’EXEMPLE DU PROJET RÉNOVACIME.

TEXTE VÉRONIQUE PILON

1. La rénovation de l’enveloppe du bâti pour améliorer la performance énergétique et l’esthétique

Le modèle Rénovacime vise la sobriété énergétique, le recours à la filière bois et aux matériaux bio-sourcés ainsi que la sollicitation de circuits courts d’approvisionnement et l’utilisation de savoir-faire locaux. Dès que cela est possible, la valorisation de matériaux déjà existants est privilégiée. Mieux encore, l’étude va jusqu’à la réflexion quant au devenir des matériaux obsolètes, avec pour objectif un minimum de 90% de valorisation matière.

Côté performance énergétique, « Nous avons travaillé avec comme objectif de créer une vraie enveloppe thermique de qualité, en améliorant les conforts été comme hiver », poursuit Sarah Viricel. Le projet vise à intervenir en priorité sur l’enveloppe isolée et les menuiseries, en limitant les travaux sur les systèmes techniques. Dans une approche de performance carbone, l’étude ouvre sur la possibilité de mettre en œuvre des solutions de production d’énergie renouvelable en complément de l’approche passive.

L’esthétique : redonner un cachet local Si les caractéristiques architecturales de ces résidences sont souvent similaires, les contextes locaux sont très différents. Or, la tendance va s’orienter vers la mise en avant de la singularité de chaque territoire et de son savoir-faire. Le projet Rénovacime inclut un travail esthétique de la façade, en valorisant l’utilisation du bois y compris dans sa vocation structurelle et en réintroduisant une dimension décorative qui tient compte des spécificités et savoir-faire locaux.

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

© Renovacime

2. L’amélioration du confort et l’agrandissement possible des logements Le processus décisionnel des copropriétés est fastidieux et complexe. Peu de résidences parviennent à mener à bien une opération globale et unitaire de réhabilitation, qui plus est quand il s’agit de résidence secondaire ! Le dispositif imaginé dans le projet Rénovacime s’adapte à cette réalité en tenant compte des différents besoins et moyens des copropriétaires. Par exemple, la cage de balcon, qui permet d’étendre les surfaces intérieures et de profiter d’un généreux espace extérieur est optionnelle. À l’intérieur, les travaux sont également « à la carte ». Pratique, lumineux et chaleureux, l’appartement est envisagé comme une plateforme paramétrable et évolutive. «Nous avons conçu la réhabilitation de l’intérieur pour le rendre plus modulable, avec une réflexion sur un nombre d’occupants à géométrie variable » nous explique Mme Viricel.

3. La reconfiguration des parties communes pour intégrer de nouveaux services « Si l’on veut modifier l’usage de ces résidences et accompagner une transition de la fréquentation des stations, les espaces communs peuvent être un vecteur intéressant. Ils doivent proposer une réélle qualité d’usage et de convivialité » souligne Mme Viricel. Dans ces résidences obsolètes, le lobby est inexistant ou inutilisé. L’objectif du projet est de fluidifier le lien entre l’espace résidentiel et les espaces extérieurs (les pistes, la prairie ou la rue), d’autant plus important pour la fréquentation estivale ou de mi-saison. Le projet pour l’immeuble « Les Aravis » prévoit donc en rez de piste un lobby propice à la détente ou au télétravail. Depuis le hall, un certain nombre de services sont accessibles pour faciliter la vie des occupants. Accessibles via la distribution commune et avec une sortie directe vers l’extérieur, des espaces casiers adaptés aux besoins des pratiques outdoor quatre saisons ont été imaginés en lieu et place d’ancienne caves.

© Renovacime

4. La création de nouvelles surfaces habitables en surélévation À l’occasion des travaux de réfection de la toiture, l’idée consiste à embarquer un projet de surélévation. Cette création et mise en vente de nouvelles surfaces privatives pourrait éventuellement financer une partie du projet. Plusieurs pistes sont proposées : - Une dizaine de nouveaux logements exceptionnels sur le toit pour générer un apport financier à la copropriété et redessiner la silhouette de la résidence; - Un rooftop pour réinventer la copropriété de montagne, imaginé pour évoluer au gré des saisons : terrasse couverte avec bacs potagers périphériques, surface couverte et vitrée type lounge, atelier ou espace bien-être, aménagement de type serre/jardin d’hiver, aire de jeux… - Un espace de loisirs sous une halle fermée, qui pourrait être porté par un tiers investisseur en vue de son exploitation. Bien que basées sur un projet Recherche et développement, toutes les solutions proposées dans le projet Rénovacime sont adaptées à la réalité et donnent envie de renouveau.

Dans les prochaines décennies, le tourisme d’été et de mi-saison en montagne est amené à se développer. Que ce soit grâce à l’offre d’activités de plus en plus étendue que proposent les stations, aux tendances climatiques qui prédisent des étés de plus en plus chauds, ou encore au développement de nouveaux usages comme le télétravail ou les semaines courtes, les stations ont tout à y gagner, et l’offre d’hébergement devra s’adapter et se réinventer. 6

Page de gauche : Le bâtiment démonstrateur « Les Aravis » aux Menuires avec sa nouvelle façade. Ci-dessus, à gauche : Un roof top imaginé pour s’adapter aux nouveaux usages. Ci-dessus, à droite : Des aménagements optionnels pour réinventer les espaces.

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