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Texte : Véronique Sarano Édition : Françoise Ancey Direction artistique : Isabelle Mayer et Armelle Riva Mise en page : Catherine Enault Fabrication : Aurélie Lacombe et Thierry Dubus

Film : Les baleines menacées © C’est pas sorcier/France 3/Multimédia France Production/France Télévisions Distribution

Prémastering : Studio DVDPartners © 2012 Fleurus Éditions Dépôt légal : mars 2012 ISBN : 978 2 215 10776 7 Code MDS : 591468 N° d’édition : M12053-01 1re édition Photogravure : Amalthéa Achevé d’imprimer en février 2012 sur les presses de l’imprimerie Proost, Belgique. Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.

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Au pays des baleines Un ancêtre à quatre pattes Une fausse allure de poisson Avec ou sans dents Le plus gros animal de la planète Les maîtres de l’apnée Le festin de la baleine La chasse du cachalot Des milliers de kilomètres La première respiration Le chant de la baleine Elle saute, elle joue, elle danse Carte d’identité Le rorqual commun La baleine grise Le cachalot Mythes et légendes La chasse à la baleine Enfin protégées ! Mission baleine Quiz Index Crédits photographiques


Le festin de la baleine Les géantes des mers engloutissent chaque jour des tonnes de poissons et crevettes. Elles ouvrent une gueule immense, et avalent de monstrueuses bouchées. Chaque espèce a sa tactique pour capturer ses proies. Mais toutes utilisent la même technique : filtrer l’eau de mer à travers leurs fanons.

Une gigantesque bouchée

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Dans les océans, les petits poissons et les crevettes se rassemblent par milliers pour mieux échapper à leurs prédateurs. Serrés les uns contre les autres, ils forment un “banc”. La baleine en profite car, contrairement aux thons et aux requins qui mangent les poissons un à un, elle engloutit le banc en entier dans sa gorge qui fait un tiers de son corps !

Des fanons pour filtrer

Dès qu’elle a repéré ses proies, la baleine plonge, ouvre largement sa gueule et passe à travers le banc. Puis elle referme ses mâchoires en enfermant une gigantesque gorgée d’eau de mer pleine de poissons. Sa gorge, qui est plissée en accordéon au repos, se déplie et se gonfle comme un ballon plein d’eau. La langue entre ensuite en action. Elle repousse l’eau vers l’extérieur et la fait passer entre les fanons qui pendent à la mâchoire supérieure, un peu comme si tu repoussais l’eau de ta bouche en la faisant passer entre tes dents. Les fanons retiennent les crevettes et les poissons. Quand la baleine a vidé toute l’eau, il ne lui reste plus qu’à avaler les proies qui sont restées piégées dans sa gueule.

Les baleines à bosse surgissent côte à côte, gueules grandes ouvertes, pour engouffrer des poissons. Quelques-uns s'échappent en sautant hors de l'eau.

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Un cercle de bulles

Différentes techniques

Parfois, les bancs sont en surface. La baleine nage alors au ras de l’eau, en se couchant sur le côté (photo ci-dessus), et l’on peut apercevoir sa large gorge gonflée d'eau lorsqu'elle referme sa bouche. La baleine grise, elle, préfère les animaux qui vivent sur le fond de la mer. Elle fouille le sable avec sa mâchoire et le fait passer entre ses fanons pour récupérer coquillages, crustacés et vers qui y vivent enfouis (voir p. 33).

La plupart des baleines se nourrissent seules. Mais, près des côtes de l’Alaska, les baleines à bosse chassent en petits groupes en utilisant une technique particulière : le filet de bulles. L’une d’elles fait un large cercle autour du banc en libérant des chapelets de bulles. Le banc se retrouve alors piégé par le cercle de bulles, comme s’il était pris dans un filet. Puis une autre baleine pousse une longue plainte sourde, suivie de cris de plus en plus aigus. C’est le signal. Toutes les baleines se rassemblent sous les poissons piégés par les bulles et remontent à la verticale, côte à côte, gueules ouvertes. Au passage, elles avalent tous les poissons, même ceux qui tentaient de s’échapper en sautant hors de l’eau !

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Une baleine à bosse vient de faire un cercle de bulles qui emprisonne un banc de poissons.

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Elle saute, elle joue, elle danse Les baleines se livrent à toutes sortes de démonstrations. Elles sautent. Elles roulent sur elles-mêmes, elles frappent l’eau de leurs nageoires. Agressifs ou tendres, ces gestes sont toujours spectaculaires.

Les scientifiques essaient de comprendre, ils proposent des explications, mais personne ne sait vraiment le sens de toutes ces manifestations qui ont beaucoup impressionné les navigateurs d’autrefois.

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La baleine à bosse est spécialiste des grands bonds. Elle développe une puissance formidable pour propulser son énorme corps. On ignore la raison de ces sauts qu’elle répète plusieurs fois par jour. Certains scientifiques pensent qu’elle se débarrasse des parasites qui s’accrochent à sa peau. Pour d’autres, il s’agirait d’un jeu.

Les nageoires pectorales de la baleine à bosse sont immenses. Elles font le tiers de son corps ! C’est pourquoi on l’appelle “mégaptère” : la baleine aux grandes ailes. Parfois, elle frappe la surface de l’eau avec ses nageoires. Couchée sur le dos, elle dresse la nageoire droite vers le ciel, puis la gauche, et les fait retomber l’une après l’autre en faisant beaucoup de bruit et d’éclaboussures.

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D’autres fois, la baleine donne un fort coup de sa nageoire caudale. Il s’agit peut-être d’un signal pour alerter les autres membres du groupe.

Autre comportement étrange : la baleine sort lentement sa tête, bien au-dessus de l’eau, reste un moment ainsi, puis se laisse glisser à nouveau sous l’eau. Elle donne l’impression de regarder attentivement autour d’elle, aussi les chercheurs parlent-ils de spy hopping, car spy signifie “espion” en anglais. Près des îles tropicales où elles mettent bas, les baleines se livrent à de véritables danses. Des pirouettes, de grands cercles le dos cambré pour remonter en surface, des ondulations… Leurs ballets aquatiques sont tout en grâce et en douceur. Et d’une extrême précision : jamais l’une d’elles n’a heurté le plongeur qui les observait !

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Carte d’identité À première vue, toutes les baleines d’une même espèce se ressemblent. Et pourtant, les scientifiques ont noté de petites différences dans la forme de la queue et dans le dessin des taches claires. À l’aide de ces indices, ils dressent la “carte d’identité” de chaque baleine. Lorsque les baleines à bosse plongent, elles soulèvent leur nageoire caudale au-dessus de l’eau. Parfois, elles restent tête en bas, queue hors de l'eau, à somnoler, comme celle-ci. En les observant, les biologistes ont remarqué que chacune possède une queue un peu différente des autres.

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En notant la forme de leur queue et la couleur de leur robe, les scientifiques dressent une "carte d'identité“ qui leur permet de reconnaître à coup sûr chaque baleine. Ils savent avec qui elle voyage, avec qui elle partage la journée. Ils établissent aussi la structure familiale et disent qui est la fille, qui est la grand-mère. Comment les groupes se séparent, comment ils se reforment chaque année. Ainsi, ils peuvent raconter l’histoire des baleines à bosse.

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En comparant ces photos, on voit bien les différences ! Pour identifier chaque baleine, les scientifiques dessinent sur un carnet la forme de la nageoire caudale, la place et la forme des taches blanches. Ils ajoutent les cicatrices qui font des zébrures. Ils notent enfin les encoches qui découpent le bord de la queue et qui sont dues à de petits animaux parasites, les pennelles.

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Les observateurs dessinent aussi la découpe de la “robe” de la baleine, c’est-à-dire la limite entre le dos sombre et le ventre blanc. Ici, on le voit bien, aucune baleine d’une même espèce ne se ressemble !

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tun} nt jÄ nvmn} Bien avant la chasse, les océans étaient remplis de baleines. Leur souffle puissant, leurs sauts et leur masse imposante ont impressionné les hommes. Certains peuples en ont fait des monstres terrifiants. D’autres des dieux. Tous ont inventé des légendes extraordinaires.

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Les marins européens rapportaient de leurs lointains voyages des histoires terrifiantes. Ils parlaient de géants maléfiques qui menaçaient de faire chavirer leur navire. Quelques-uns, en revanche, racontaient une histoire bien étrange. Un jour, ils auraient aperçu un grand banc de sable. Pensant qu’il s’agissait d’une nouvelle

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île, ils jetèrent l'ancre et débarquèrent sur la plage pour festoyer. Ils allumèrent un grand feu quand, soudain, l’île se mit à bouger ! Les marins, effrayés, eurent juste le temps de remonter à bord avant que l’île disparaisse dans l’eau… Car ce qu’ils avaient pris pour une île était en réalité une gigantesque baleine !


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Les anciens Chinois pensaient que la mer était le royaume de Yu-kiang, le dieu des eaux. Ce dieu avait un corps de poisson et chevauchait deux dragons. Mais ce n’était pas un poisson, c’était un Kouen, une immense baleine des mers du nord. Parfois, le Kouen se mettait en colère, il se transformait en oiseau gigantesque et surgissait des vagues en soulevant d’abominables tempêtes. C’est ainsi que les Chinois expliquaient la formation des ouragans qui balaient régulièrement leurs côtes.

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De l’autre côté de la Terre, en Nouvelle-Zélande, les premiers peuples Maoris racontaient une toute autre histoire. Un jour, disaient-ils, le demidieu Maui partit à la pêche en plein océan. Au bout d’un moment, il attrapa une grosse prise qui tirait très fort. Maui senti que ce n’était pas un simple poisson. Avec l’aide de son frère, et après avoir longtemps lutté, il finit par tirer hors de l’eau “Te ika a maui”, la baleine, qui devint l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande. Sa barque “Te Waka a Maui” devint l’île du Sud. C’est ainsi que les Maoris racontent comment sont nées les deux grandes îles qui forment leur pays.

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v rv o~qtÄ Än} $ Tous les pays ont arrêté la chasse à la baleine. Tous, sauf trois qui continuent sous de faux prétextes et incitent les autres à reprendre. Mais il faut tenir bon, et protéger ces fabuleuses créatures dont la beauté sauvage fait tant rêver. La viande des baleines chassées par les Japonais est vendue en conserves.

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Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la chasse à la baleine ne se justifie plus. L’électricité et le pétrole éclairent depuis longtemps les villes. On ne capture plus assez d’animaux pour que les campagnes de chasse soient rentables. Pourtant la chasse continue. Les scientifiques alertent le monde : partout les baleines deviennent de plus en plus rares.

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Le moratoire, qui protège les baleines depuis 1986, autorise un petit nombre de captures pour des études scientifiques.


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En 1946, la Commission baleinière internationale (CBI) est créée. Elle est chargée de règlementer la chasse en fixant le nombre de captures autorisées pour qu’il reste assez de baleines. Mais ce nombre est encore trop important. Toutes les espèces sont menacées de disparition… En 1986, sous la pression du public et d’associations de protection de la nature, comme Greenpeace ou Sea Shepherd, la CBI adopte, enfin, un moratoire. Désormais, la chasse est interdite. Il faudra prouver que les populations de baleines ont suffisamment grossi pour que l’on puisse recommencer. Il était temps !

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Aujourd’hui, le miracle s’est produit. On revoit de plus en plus de baleines partout dans le monde. À Madagascar, les femelles viennent mettre bas dans la baie de Sainte-Marie où elles avaient disparu, à tel point que les habitants les avaient oubliées ! À la Réunion, tout près des côtes, on observe désormais les mères avec leurs baleineaux. Les rorquals communs sont bien plus nombreux en Méditerranée. Partout les baleines sont de retour ! Il faut continuer à les protéger.

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