EN FAMILLE 15 périples en pleine nature

C’est un fait avéré, nos enfants manquent cruellement de nature. Qui aurait pu penser qu’on en arriverait là un jour ?
Né en 2005 sous la plume du journaliste américain Richard Louv qui constate que les enfants sont de moins en moins exposés à la nature et que cela a des conséquences catastrophiques sur leur santé et leur comportement, le syndrome de manque de nature est désormais un mal reconnu. Mode de vie plus sédentaire, surexposition aux écrans, crainte de laisser ses enfants jouer dehors librement sont autant de raisons qui expliquent le phénomène, de plus en plus présent dans nos pays industrialisés. Selon un rapport de l’Institut national de veille sanitaire de 2015, quatre enfants sur dix ne jouent jamais dehors en semaine. Il faut dire que la concentration de la population dans les villes amplifie le phénomène : une sortie au parc, où, souvent, les enfants évoluent sur des aires de jeu exemptes de terre, d’arbres ou de cailloux, ne remplace pas une balade en forêt. Ajoutez à cela nos emplois du temps surchargés et une vraie peur de laisser nos petits sortir, et il devient compliqué de parer ce manque chronique de nature. Pour couronner le tout, les classes vertes et autres colonies de vacances, qui n’ont pas le vent en poupe, tendent à se raréfier.
Concrètement, cette déconnexion à la nature a des implications bien plus importantes qu’on ne l’imagine, à commencer par une augmentation des troubles de l’obésité, des déficiences psychiques et motrices, des troubles du comportement (hyperactivité), voire de la vue (augmentation des risques de myopie quand les enfants n’exercent pas leurs yeux à voir loin). En novembre 2020, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) indiquait ainsi que 49 % des jeunes de 11 à 17 ans, à cause de leur mode de vie – écran, sédentarité et absence de plein air –, ne sont pas en bonne santé. Et sans surprise, en quarante ans, les enfants ont perdu 25 % de leur capacité cardiovasculaire. Vu sous cet angle, passer du temps dehors, dans la nature, avec nos enfants est une nécessité !
L’exposition à la nature, dès le plus jeune âge, aide les enfants à prendre de l’assurance et à améliorer leur estime d’eux-mêmes, leur créativité et leurs aptitudes sociales. Courir sur un chemin caillouteux, marcher en équilibre sur un tronc d’arbre couché ou encore grimper sur un rocher sont autant de petits défis qui boostent leur confiance et leur motricité. Et rien de tel que construire une cabane en
DU LAC DES CONFINS, LA CLUSAZ, AU LAC DE TARDEVANT
2 jours | Périple des Petits baroudeurs | ***** | **** | ****
La chaîne des Aravis est un massif très attachant : on y skie en hiver, on y randonne en été. Succession de montagnes alignées, qui alternent combes et sommets, les Aravis se dressent, majestueuses, face à l’Ouest. Si ce massif calcaire est pauvre en plans d’eau, le lac de Tardevant fait figure d’exception. C’est donc naturellement que notre choix de randonnée s’est porté sur ce lac sauvage et encaissé
Partir en bivouac avec des enfants nécessite de minimiser coûte que coûte le poids des sacs. Aussi, pour ce périple, vous aurez intérêt à casser la croûte au départ du sentier. L’avantage ? Vous allégez votre sac du déjeuner et serez prêt à décoller en tout début d’après-midi. En adoptant ce rythme, vous serez à contre-courant des autres randonneurs qui, souvent, montent tôt le matin, font une pause à midi et descendent en début d’après-midi.
Dès notre arrivée, nous repérons le meilleur spot pour planter nos tentes et laissons les enfants s’occuper du montage. Puis nous installons matelas et sacs de couchage. Une fois notre nid douillet prêt, nous nous accordons un moment de détente : une baignade rapide dans l’eau froide du lac, l’observation attentive du paysage à la recherche de bouquetins… Ce sont ces instants au cours desquels nous prenons du temps pour nous que nous préférons dans le bivouac.
Quand l’heure du dîner sonne, nous sortons de quoi cuisiner et préparons un repas frugal que nous dégustons face au coucher de soleil et au spectacle des parapentes acrobates. Puis direction la tente pour une nuit bien méritée.
Au départ de la randonnée, le sentier, de faible dénivelé (profitez-en, ce sera la seule partie !), serpente entre prairies et sous-bois avant de gagner peu à peu de l’altitude, mais le paysage est dégagé, le chemin, agréable, et les enfants, motivés. À plusieurs reprises, vous penserez être arrivé, mais il faudra toujours pousser plus haut. Alors quelle joie, quand après quelque trois heures de montée, vous apercevrez enfin le lac. Alors que vous aurez croisé beaucoup de randonneurs occupés à descendre, vous devriez être quasiment seuls en haut à cette heure !
Votre réveil sera matinal mais tout en douceur. Quel régal d’ouvrir les yeux sur un tel panorama ! Souvent en bivouac, on traîne un peu le matin après le petit-déjeuner. N’hésitez pas à vous offrir une séance d’observation des tritons dans le lac, ou de jeux et de roulades dans l’herbe douce des alpages.
Les premiers marcheurs atteignent le lac en fin de matinée. Il est temps pour vous de redescendre : ce petit coin de paradis ne peut être partagé. Chacun son tour, laissez-le aux nouveaux arrivants. Repliez rapidement le matériel et la tente tout en prenant soin de ne laisser aucune trace
Une fois le camp levé, allez explorer un autre sentier pour la descente en faisant un détour par le refuge de Bombardellaz. En une petite heure, vous atteindrez le refuge où vous prendrez votre repas en terrasse en jouissant une dernière fois du panorama, avant de rejoindre votre point de départ.
Si vos marmots sont suffisamment grands et en forme, alors le matin du jour 2, vous pouvez pousser jusqu’à l’Ambrevetta et la Pointe de Tardevant (1 h 30 aller-retour et 390m de D+). Le paysage y est impressionnant, mais attention au vide sur l’arête du sommet.
> Direction village de La Clusaz, en Haute-Savoie (74).
> Depuis Saint-Jean-de-Sixt, direction La Clusaz puis les Confins.
> Se garer tout au bout, 2 km après le lac des Confins (vous ne pourrez pas aller plus loin en voiture).
> Jour 1 : Lac des Confins – Lac de Tardevant, 4,5 km, 495 m D+, environ 2 h 05.
> Jour 2 : Lac de Tardevant – Lac des Confins, 4,5 km, 495 m D-, environ 2 h.
> Altitude départ : 1 446 m.
> Altitude max : 2 116 m.
2 jours (pour 2 ou 3 heures de marche quotidienne).
Été.
Tout âge, mais attention entre 3 et 6 ans, un enfant ne marche pas sur une longue distance. Cette randonnée sera alors plus compliquée.
Même en moyenne montagne, soyez attentif au relief accidenté comme aux changements de temps et aux températures pouvant chuter brutalement. Avant de partir, pensez à consulter la météo !
Ne vous lancez pas dans cette randonnée de deux jours sans vous être entraîné sur des courtes distances à la journée.
− Le coucher de soleil magique sur les montagnes.
− La baignade dans le lac de Tardevant.
− L’observation des tritons.
− La pause déjeuner au refuge de Bombardellaz.
− Même si la randonnée n’est pas très longue, ça grimpe bien sur la fin.
DE CHAPEAUROUX À ALLEYRAS
2 jours | Périple des Petits baroudeurs | ***** | ***** | *****
Descendre une rivière sauvage et déserte, bivouaquer au bord de l’eau, se prendre pour une famille de pionniers dans le Grand Ouest américain, le tout au cœur du Massif central, voilà l’aventure haute en couleur que nous vous proposons. À vous de jouer !
Ce périple commence par un court voyage en train de Langeac à Chapeauroux, une occasion de découvrir, vues d’en haut, les gorges de l’Allier que vous prévoyez de descendre en packraft (canoë gonflable).
C’est de bon augure, vos enfants seront déjà émerveillés. Depuis la gare de Chapeauroux, descendez à pied jusqu’à la rivière et son
point d’embarquement où vous retrouverez votre guide. Après avoir transféré vos affaires dans des bidons étanches, vous être mis en tenue (en maillot ou en short) et avoir enfilé les gilets de sauvetage obligatoires, viendra l’heure du briefing où le guide vous expliquera comment pagayer et, surtout, comment passer les endroits difficiles. Puis viendra le moment de la mise à l’eau. Place à l’aventure !
Oubliez les images de gorges du Verdon et de rivières de l’Ardèche surpeuplées. Ici, vous serez seul (ou presque), et c’est vraiment fabuleux ! Clapotis de l’eau sur les pagaies, chants d’oiseaux, murmure du vent dans la vallée : chaque son s’intensifiera et très vite s’installera le sentiment d’être de vrais explorateurs ! Pour un peu, vous vous croirez en Amérique du Nord, prêt à voir surgir un ours ou un loup. Dommage, ce n’est pas au programme, mais vous pourrez quand même observer les traces laissées par les castors sur les troncs sur les berges. Au départ, vos enfants, plutôt motivés, devraient pagayer régulièrement.
En milieu d’après-midi vous pourrez vous préparer à bivouaquer. Il y a de quoi être fier du lieu que vous avez déniché : plage de sable, bosquet et ensoleillement parfait pour une baignade. Une fois la tente montée, vous pourrez vaquer en famille à diverses activités : détente et observation des libellules pour les uns, ramassage de bois mort pour faire un feu pour les autres. Réunissez tous les ingrédients pour passer une soirée magique sous les étoiles !
Nous avons fait simple : un adulte et un enfant dans chaque bateau. Nous avons ainsi descendu la rivière dans un décor de rêve, propice au calme et à la contemplation, après avoir effectué une pause pique-nique au bord de l’eau. Au bout de quelques minutes, le guide nous a alertés sur un passage délicat : il allait falloir pagayer pour laisser le canoë droit puis faire tourner l’embarcation à angle droit alors que le courant était bien plus fort. Une fois les enfants bien calés et accrochés à l’avant des bateaux, nous nous sommes engagés dans ces petits rapides. Avons-nous été secoués ? Avons-nous eu un peu peur ? Indéniablement, mais nous nous accordons à dire qu’il s’agit de la meilleure expérience de ce périple. Pour preuve, le rire de nos enfants, à la fois surpris, excités et heureux de vivre l’intensité de telles émotions.
Randonner en traîneau en pleine montagne, bivouaquer au bord de l’eau, descendre une rivière en canoë, voyager à vélo le long des voies vertes, faire un road trip en van, dormir dans une yourte ou dans une cabane, partir en excursion avec un âne, aller écouter le brame d’un cerf à la nuit tombée en pleine forêt… Les sources d’inspiration pour barouder en famille ne manquent pas.
Ce guide vous propose d’expérimenter, le temps d’un week-end ou durant vos vacances, 15 micro-aventures accessibles avec des enfants, et de découvrir toutes les clés pour bien les préparer.
Céline Lacombe a créé avec son mari Les Petits Baroudeurs, une entreprise dont la mission est d’aider les parents à éveiller les marmots à la nature et à l’aventure. Elle passe son temps libre à sillonner la France en famille, à pied, en van, en canoë, à vélo…