Installer une haie vivante dans mon jardin

Laurent Renault

J'agis pour la biodiversité

UNE DIVERSITÉ D’USAGES ET DE FORMES

La haie séparative

L’utilisation d’une haie pourra définir les contours d’une propriété ou ceindre des éléments tels qu’un potager, une zone pour les enfants ou même un massif floral. Ces usages multiples répondent à la diversité des plantes utilisables mais également à la densité de plantation ou au futur mode de gestion. Ce type de haie peut respecter les ports naturels des arbustes ; toutefois, une taille structurée fixe les limites physiques des espaces que l’on veut séparer.

LE PRINCIPE

Équivalent végétal et vivant de la construction d’une palissade, d’un mur, d’une bordure ou d’un plessis de tiges mortes, la haie séparative occupe une fonction précise qui nécessite la plupart du temps un entretien soigné et récurrent. Une haie composée d’une seule espèce à feuillage persistant, plantée de façon très dense, est habituellement choisie lorsqu’une occultation

permanente et totale est recherchée. La haie taillée de façon stricte, qui fut souvent la norme pour séparer les espaces, sera avantageusement remplacée par une haie plus champêtre gérée de façon plus douce ou bien composée de plusieurs espèces permettant de faire évoluer ce type de haie vers plus de respect de la biodiversité.

DES EXEMPLES D’ESPÈCES

Durant longtemps, les végétaux à feuillage persistant ont été majoritairement employés pour faire des haies séparatives. Or, en Europe du Nord, rares sont les espèces indigènes et rustiques en hiver de ce type d’arbustes capables d’être conduites en haie. La surreprésentation d’espèces exotiques tels que des conifères est de surcroît tragique pour la biodiversité. Si vous désirez un effet occultant, doubler la haie par une palissade en bois permet d’utiliser des espèces plus variées qui formeront comme un massif

du jardin. Des espèces à petit développement sont plus pertinentes pour ceinturer des massifs floraux ou des cultures potagères. Essayez le lilas de Perse, Syringa persica ‘Laciniata’, à feuillage découpé à la place du buis ou des cultivars nains de fusain du Japon, Euonymus japonicus ‘Microphyllus’, pour remplacer le buis de bordure.

L’ENTRETIEN

Le type d’entretien dépend de la composition de la haie : monospécifique, le même traitement sera appliqué à toute la haie ; mixte, il faudra tenir compte des particularités de chaque espèce.

On a tendance à densifier les plantations afin d’assurer la fonction séparative, ce qui occasionne fréquemment des difficultés de gestion. Une plantation très serrée d’espèces à moyen et grand développement conduit par exemple à une vigoureuse croissance en hauteur difficile à maîtriser. Écartez donc les espèces entre elles parfois de plus de 1,50 m à la plantation afin qu’elles se développent plus harmonieusement. Plantez des genêts, Cytisus scoparius, entre les différents individus de la haie. Ceux-ci ont une croissance rapide mais une espérance de vie faible. Ils s’effaceront avec le temps après avoir rempli leur fonction décorative temporaire.

LA RÉGLEMENTATION

Les plantations comme les haies peuvent être installées près de la limite séparative d’un terrain à la condition de respecter certaines distances. S’il n’existe aucune règle locale issue de règlements particuliers ou d’usages locaux reconnus et consultables à la mairie de votre domicile, les articles 671 à 673 du Code civil s’appliquent : la distance minimale à respecter par rapport au terrain de votre voisin varie selon la hauteur de vos plantations. Vous pouvez planter des sujets qui atteindront plus de 2 m de haut à condition de respecter une distance minimale de 2 m jusqu’à la limite séparative de la propriété voisine. Il n’existe pas de limitation de hauteur pour les sujets qui sont plantés à plus de 2 m de la limite séparative de la propriété voisine.

En revanche, si la plante atteint une hauteur inférieure ou égale à 2 m, vous devez respecter une distance

minimale de 50 cm jusqu’à la limite séparative de la propriété voisine.

La hauteur de la plantation se mesure depuis le sol jusqu’à la cime des plantes, et la distance se calcule depuis le centre d’un arbuste. Tout propriétaire est tenu de couper les branches qui dépassent chez son voisin au niveau de la limite séparative. Si vous plantez des végétaux qui dépassent ces dimensions, il vous faudra tailler régulièrement pour revenir sur ces normes.

Enfin, la plantation des haies le long des voies publiques dépend des arrêtés communaux ou préfectoraux.

Toutefois, une haie mitoyenne, qui appartient aux deux propriétaires situés de part et d’autre d’une parcelle, sera entretenue de façon conjointe et ses dimensions seront choisies par les deux propriétaires.

La haie architecturée

Archétype que l’on rencontre dans de nombreux styles de jardins - italiens, français, mauresques ou baroques -, la haie taillée de façon géométrique impose au paysage des formes voulues par le jardinier. Symbole de maîtrise et d’ordre, elle nécessite un lourd investissement en temps et en technicité pour un résultat spectaculaire d’un point de vue esthétique, malheureusement beaucoup moins d’un point de vue écologique.

LE PRINCIPE

Les haies taillées sont généralement monospécifiques et très denses. La distance de plantation entre chaque sujet est comprise entre 50 cm pour les haies basses à environ 1 m pour les plus hautes. Deux lignes de plantation sont souvent nécessaires si l’on désire obtenir une haie épaisse. Il est tout à fait possible de mélanger les variétés, mais il faudra veiller à choisir des espèces de vigueur équivalente pour ne pas voir l’une d’entre elles prendre l’ascendant. Le choix d’espèces à feuillage persistant permet d’obtenir une permanence du décor. Des espèces à feuillage marcescent* comme le charme ou le hêtre sont courantes. Essayez les espèces à feuillage caduc, plus locales, pour affirmer que le respect de la biodiversité passe aussi par le respect des caractéristiques de chaque saison sous nos latitudes.

Ce type de haie demande un entretien régulier avec plusieurs tailles par an.

DES EXEMPLES D’ESPÈCES

Les plantes à ramification naturellement dense, et dont les rameaux de l’année ont une à croissance modérée, sont les plus adaptées. Sachez que les espèces à petites feuilles permettent de réaliser les formes les plus précises et les plus audacieuses, les arbustes à feuilles larges quant à eux étant toujours très visiblement mutilés par la taille (les feuilles blessées finissent par noircir et tomber). Les conifères ont été pour ces raisons surreprésentés dans ce type de haie, mais ils ne sont pas les plus propices à l’accueil de la biodiversité.

L’ENTRETIEN

Des opérations spécifiques sont à réaliser dès la plantation. Une grande densité de branches est obligatoire pour obtenir un résultat satisfaisant, homogène et facile à gérer. Une taille très courte à la plantation permettra l’émission de nombreux rejets qui seront progressivement amenés vers les dimensions définitives que l’on souhaite atteindre.

La taille des arbustes composant une haie géométrique qui porteront des fleurs printanières et des fruits automnaux est assez délicate, car la suppression de longs rameaux en automne supprimera fleurs et fruits l’année suivante. Il vous faudra certainement choisir entre la rigueur de la géométrie et l’expression des caractéristiques ornementales.

Habituellement, les tailles annuelles se font à la fin du printemps lorsque les pousses de l’année ont atteint leur élongation maximale, et à la fin de l’été ou en début d’automne pour les espèces qui continuent à grandir tout au long de la saison de végétation. La taille tardive permet de conserver les lignes géométriques durant six mois entre octobre et mars.

PAS FORCÉMENT DES FORMES STRICTES

La taille stricte ne signifie pas obligatoirement rectitude géométrique. Le paysagiste belge Jaques Wirtz concevait d’élégants jardins accueillant des haies taillées en moutonnements organiques qui respectent les directions explorées par chacune des branches des arbustes.

L’association avec d’autres plantes en pied de haie peut s’avérer compliquée en raison de la forte concurrence des racines des espèces de la haie. Cependant, certaines plantes vivaces sont bien adaptées à ces conditions difficiles car plus sèches que le reste du jardin.

Installer une haie vivante dans mon jardin

Qu’il s'agisse de délimiter son jardin, de se « cacher » des voisins, de briser les vents dominants ou encore de structurer les espaces, planter une haie est un formidable moyen d’obtenir plus de vie dans son jardin. Les oiseaux se régaleront des baies à l’automne, les pollinisateurs s’activeront dès le printemps et les feuillages offriront de nombreuses cachettes.

Vous trouverez dans ce guide tous les conseils pour planter et entretenir une haie ainsi qu’une sélection de plus de 25 arbustes pour allier esthétisme et biodiversité.

Ingénieur en technique du paysage, spécialisé dans la connaissance et l’utilisation du végétal, Laurent Renault enseigne depuis 20 ans à l’École du Breuil en formation initiale, en apprentissage et en formation pour adulte, pour la ville de Paris. Il est l’auteur de nombreux ouvrages aux éditions Rustica.

www.rusticaeditions.com