Quelle taille prévoir ?
Dans un premier temps, il convient de définir l’espace que vous souhaitez allouer à votre future mare selon la superficie de votre jardin et le temps que vous pouvez libérer pour sa construction et son aménagement.
UNE PETITE MARE DE 3 M2
Pour votre première mare, choisir une surface réduite est une bonne option. Vous aurez ainsi un premier aperçu de la quantité de travail à réaliser.
La réalisation d’une mare de 3 m², par exemple, est à la portée de tout le monde, et elle accueillera déjà une grande diversité de petits insectes et d’animaux (libellules, crapauds, grenouilles, etc.). Les besoins en matériels seront peu importants : une brouette, une pelle et un niveau seront suffisants.
UNE MARE PLUS GRANDE
Si vous préférez faire une mare d’une plus grande taille, jusqu’à 25 m², cela demandera forcément plus de temps pour la réalisation et du matériel plus conséquent : une minipelle pour creuser et au minimum une remorque pour évacuer les surplus de terre.
Le coût du projet est à prendre en compte également : plus la surface sera grande, plus
le coût sera élevé. En sus du terrassement, il faudra prévoir : les moyens pour imperméabiliser le sol et la végétalisation de la mare, et, à plus long terme, un entretien, moins important si la surface est plus petite.
PETIT POINT SUR LA LÉGISLATION
Avant d’installer votre mare, renseignez-vous auprès de votre mairie pour savoir s’il y a une réglementation particulière sur votre commune. Pour une bonne entente avec vos voisins, pensez également à leur en parler. Le coassement des grenouilles pourrait déranger la quiétude de vos voisins.
DESSINEZ-LA !
Pour vous aider, faites des croquis de votre jardin, de l’emplacement de la mare et de la forme que vous souhaitez lui donner. Cela vous aidera à mettre la mare en perspective dans votre jardin. Différentes formes sont possibles (circulaire, ovale…), l’idéal étant que l’ensemble fasse le plus naturel possible.
Choisir le bon emplacement
L’idéal est de choisir un endroit un peu à l’écart du jardin et du potager, où la végétation pourra se développer plus facilement au bord de la mare. Un environnement calme et légèrement éloigné de la maison sera également plus propice à la colonisation de la mare par les animaux.
ZONE HUMIDE ?
Si votre jardin contient une zone humide ou marécageuse, utilisez cet espace pour y créer la mare. Certaines espèces y sont probablement déjà présentes.
OMBRE OU SOLEIL ?
La mare doit être installée dans un endroit ensoleillé. Le soleil favorisera le développement de la végétation à l’intérieur et aux abords de la mare par la photosynthèse.
Si vous habitez dans une région aux étés chauds, voire caniculaires, un emplacement à l’ombre, de 12 h à 16 h, limitera l’évaporation de l’eau. Pour réduire l’évaporation pendant les périodes de grosses chaleurs, placez des plantes hautes sur la rive sud (iris, jonc, etc.). Elles feront natu-
rellement de l’ombre sur la mare aux heures les plus chaudes de la journée.
SOUS LES ARBRES ?
Cherchez un emplacement relativement éloigné des arbres. En effet, la chute des feuilles pourrait provoquer un envasement accéléré de la mare. De plus, les racines des arbres risqueraient d’endommager votre bâche en la perforant.
ASTUCE
ATTENTION
Si vous avez de jeunes enfants, il est impératif de sécuriser la mare avec une bordure ou une barrière pour éviter les accidents. Pensez à leur expliquer le fonctionnement de la mare et à leur montrer toute la biodiversité qu’elle permet, ils seront très intéressés.
C’est un très beau projet à réaliser en famille. Faites participer vos enfants dès les premières heures de la création. Ils suivront ainsi avec vous l’évolution de la mare et l’arrivée des premiers petits insectes.
Nous avons installé la mare de notre jardin proche du toit d’un abri de jardin. Une partie des eaux de pluie est déviée par une gouttière vers la mare. Cela permet d’en renouveler régulièrement l’eau. Après des périodes de sécheresse pendant lesquelles le niveau d’eau va baisser, il suffira de quelques heures de pluie pour le compléter. Nous n’avons donc pas à utiliser de l’eau courante pour faire des apports en eau et le remplissage initial de la mare est beaucoup plus rapide.
L’entretien de la mare
L’entretien de la mare est assez facile à réaliser, surtout si elle est relativement éloignée des arbres. Cela va limiter le nombre de feuilles qui pourraient tomber à l’intérieur pendant l’automne (et accélérer l’envasement de la mare).
SURVEILLER RÉGULIÈREMENT
Faites régulièrement le tour de votre mare pour vérifier l’aspect de l’eau, la présence d’algues en trop grand nombre, ou d’une odeur, qui seraient un signe de déséquilibre dans votre milieu.
Inspectez le bord de la mare et assurez-vous de la bonne tenue des berges. Vous pouvez installer des plantes qui aideront à leur maintien. Si vous avez des enfants et que vous avez installé une barrière autour de la mare, vérifiez qu’elle est toujours en bon état et faites les réparations nécessaires.
La quantité d’eau dans la mare devrait fluctuer au fil des saisons. Elle sera complétée régulièrement et naturellement par la pluie. Ne vous inquiétez pas si le niveau baisse en été, c’est tout à fait normal avec l’évaporation de l’eau pendant les fortes températures. Si votre mare est suffisamment profonde, il y aura toujours un minimum d’eau. Il arrive que le niveau baisse de moitié, voire plus, pendant les périodes de grosses sécheresses.
FAUT-IL INSTALLER UNE POMPE ?
Il n’est pas forcément nécessaire d’installer une pompe dans votre mare. Le but est de se rapprocher le plus possible du milieu naturel. Une pompe est surtout utile pour les poissons. Or, dans une petite mare, l’apport de poissons est à éviter. Dans ce milieu aquatique restreint, ils risquent de manger les insectes, larves et amphibiens qui viendront s’y installer. La vie dans votre mare serait fortement limitée.
Si votre mare fait plusieurs dizaines de mètres carrés, il y aura plus d’espace et il sera donc possible d’y installer des poissons sans faire de concurrence aux autres espèces.
Pour une bonne oxygénation de la mare, nous mettons en place des plantes aquatiques spécifiques.
LIMITER LA VÉGÉTATION
Pour les plantes aquatiques présentes dans la mare, taillez une fois par an le surplus de feuilles si elles deviennent envahissantes et commencent à s’étendre sur toute la surface de l’eau, comme pour les lentilles d’eau ou les nénuphars. Ces feuilles pourront faire un très bon apport en matière organique pour votre potager. Vous pouvez les déposer sur votre compost ou même directement sur votre potager, à l’automne, pour enrichir la terre.
VÉRIFIER LE TAUX D’ENVASEMENT
Sondez tous les deux ou trois ans le fond de la mare pour vérifier son niveau d’envasement. S’il est trop important, il est possible de retirer une partie de la vase, mais jamais la totalité (car elle abrite de nombreux insectes et larves). Une fois prélevée, laissez-la sur le bord pendant deux à trois jours, le temps que certaines espèces présentes dans la vase puissent retrouver facilement la mare. En cas d’envasement, il est capital de répéter l’opération sur plusieurs années afin d’en prélever une petite partie chaque année sans nuire au milieu. Normalement, de nombreuses années s’écoulent avant d’avoir un dépôt conséquent de vase.
Le cornifle
PLANTE OXYGÉNANTE
Le cornifle immergé (Ceratophyllum demersum) est une plante aquatique d’eau douce de la famille des Ceratophyllacées.
DESCRIPTION
Originaire d’Europe, le cornifle est présent partout en France. Ses tiges immergées mesurent entre 15 cm et 1 m. Il ne développe pas de racines et flotte sous la surface de l’eau.
La floraison intervient en été, de juin à septembre, sous forme de minuscules fleurs. Au début de l’automne, un hibernacle se forme à l’extrémité des tiges : c’est un bourgeon qui va se détacher et couler au fond du bassin, il repartira au printemps suivant quand l’eau de la mare se réchauffera. Dans les régions tempérées, le cornifle perd son feuillage avec l’arrivée de l’hiver. C’est une plante à croissance rapide qui joue un rôle important dans la régulation des nitrites et
Pour multiplier les plants, procéder par bouturage à partir de tiges d’une vingtaine de centimètres.
SON EMPLACEMENT DANS LA MARE
Choisissez-lui un emplacement ensoleillé où elle pourra pleinement se développer. La meilleure période pour l’installer se situe entre la mi-printemps et le début de l’été, quand l’eau commence à se réchauffer. Ses tiges et son feuillage feront une très bonne cachette pour de nombreux habitants de la mare.
SI ELLE DEVIENT TROP ENVAHISSANTE…
Prélevez-en une partie et mettez-la dans votre compost ou votre potager. Elle fera un excellent apport au jardin.
Le cresson de fontaine
PLANTE SEMI-IMMERGÉE
Le cresson de fontaine (Nasturtium officinale) est une plante semi-aquatique de la famille des Brassicacées, comme les choux. Le cresson est consommé par l’homme depuis l’Antiquité.
DESCRIPTION
Le cresson est une plante herbacée vivace originaire d’Europe, d’Asie et d’Afrique du Nord. On le retrouve dans les milieux aquatiques comme les mares, les étangs ou les petits ruisseaux. Pour son développement, il lui faut une eau claire et non acide avec un léger courant.
Le cresson de fontaine s’étend avec des tiges qui peuvent atteindre 2 m de hauteur. Les feuilles sont vert foncé et comptent cinq folioles arrondies ou ovales, la feuille terminale étant la plus grande.
La floraison a lieu entre mai et septembre. Les fleurs comptent quatre petits pétales en forme de croix, de couleur blanche. Après la pollinisation,
SON EMPLACEMENT DANS LA MARE
Pour cultiver du cresson dans votre mare, il vous faudra une pompe afin de créer un léger mouvement dans l’eau. Le semis pourra être effectué entre mars et juillet. Il faudra veiller à maintenir le substrat bien humide. Semez les graines à moins de 1 cm de profondeur et repiquez-les lorsque les plants atteignent 2 à 3 cm avec plusieurs feuilles. Choisissez un emplacement ensoleillé. La croissance est rapide et les premières feuilles peuvent être récoltées six semaines après la plantation.
ATTENTION À LA CUEILLETTE DE CRESSON SAUVAGE
Il peut être contaminé par un parasite assez dangereux (la douve du foie). C’est un parasite à l’origine d’une maladie hépatique, la fasciolase.
Le crapaud commun
BATRACIEN
Le crapaud commun (Bufo bufo) est un batracien de l’ordre des Anoures (amphibiens sans queue). On le retrouve un peu partout sur le continent européen.
LE RECONNAÎTRE
Son corps trapu de couleur brunâtre est recouvert de pustules, ce qui lui vaut en partie sa mauvaise réputation. Certaines de ses glandes libèrent du mucus qui évite le dessèchement de la peau. D’autres permettent de sécréter un venin lui servant de défense contre certains prédateurs. À l’âge adulte, il peut mesurer jusqu’à 15 cm.
SON MODE DE VIE
Le crapaud vit principalement dans les zones humides. Il commence à être actif à la tombée de la nuit. La journée, il se cache dans des trous, sous des pierres ou des tas de feuilles (j’en ai un qui se cache sous un pot en terre cuite). Il rejoint les eaux de la mare au moment de la reproduction. C’est à la fin de l’hiver ou au début du printemps que les crapauds se regroupent dans les points d’eau, les mares ou les étangs.
Après la ponte des œufs par la femelle, le mâle va venir les féconder. Elle peut pondre jusqu’à 7 000 œufs, qu’elle dépose sur des plantes aquatiques. Au bout de 14 à 21 jours, les têtards font leur apparition. Ils vont continuer de se développer pendant plusieurs semaines jusqu’à la métamorphose finale en crapaud.
SA NOURRITURE
Le crapaud se nourrit de nombreux insectes, araignées, limaces, vers de terre, chenilles, cloportes… C’est donc un très bon allié pour les jardiniers, qui va réguler certaines populations dans le jardin.
QUAND ET OÙ L’OBSERVER ?
Sortez faire un tour du jardin après le coucher de soleil, c’est le moment idéal pour rencontrer les crapauds, qui se déplacent et chassent la nuit. Vous pouvez les observer dans la mare entre la fin du mois de février et le début du mois d’avril pendant la période de reproduction.
La grenouille verte
BATRACIEN
La petite grenouille verte (grenouille de Lessona, Pelophylax lessonae) est un batracien de l’ordre des Anoures et de la famille des Ranidés. On la retrouve dans de nombreux pays d’Europe.
LA RECONNAÎTRE
C’est une des plus petites grenouilles, elle mesure entre 4,5 et 5,5 cm pour les mâles et de 5 à 6,5 cm pour les femelles. Les grenouilles vertes ont un museau pointu et des dents sur la partie supérieure de la mâchoire. Leur dos est très souvent de couleur verte même si cela dépend de chaque individu (certains sont brunâtres). Comme beaucoup d’espèces de batraciens, elles subissent la dégradation de leurs milieux naturels et font partie des espèces protégées en Europe.
SON MODE DE VIE
La grenouille verte vit dans les mares et les marais, riches en végétation. Comme le crapaud, elle chasse principalement la nuit. Les mâles ont deux sacs vocaux situés de chaque côté de la bouche, qui se gonflent pour amplifier le coassement et le chant des grenouilles pendant la période de reproduction. Elles sortent de leurs lieux d’hibernation (sur la terre) au cours des mois d’avril et mai pour rejoindre les points d’eau où elles vont se reproduire. Les mâles chantent alors pour attirer les femelles. Après la reproduction, les femelles pondent leurs œufs sur la végétation aquatique proche de la surface. Les têtards écloreront quelques jours plus tard et mettront entre 3 et 4 mois à se développer. Ils se nourriront d’abord d’algues puis auront par la suite une nourriture plus diversifiée (omnivores).
QUAND ET OÙ L’OBSERVER ?
SA NOURRITURE
La petite grenouille verte se nourrit de nombreux insectes présents au bord de la mare : cloportes, fourmis, limaces et escargots selon les espèces. C’est donc un excellent auxiliaire pour un potager. En créant une mare, vous allez favoriser l’équilibre naturel du jardin. La grenouille se sert de sa langue collante, longue de plusieurs centimètres, pour attraper sa proie. Elle l’avale ensuite en une bouchée.
Vous pouvez l’observer dans la mare pendant la période de reproduction au début du printemps. Si vous vous approchez de la surface, vous verrez les têtards à la fin du printemps.
Pendant l’été, les grenouilles vertes seront visibles autour de la mare pendant les périodes de chasse, tôt le matin ou en début de soirée.
La salamandre tachetée
AMPHIBIEN
La salamandre tachetée (Salamandra salamandra, salamandre terrestre ou salamandre de feu) est un amphibien de la famille Salamandridés. Elle vit principalement en Europe centrale et est présente quasiment partout en France.
LA RECONNAÎTRE
Elle mesure une vingtaine de centimètres et est munie d’une queue assez longue. Sa peau noire, lisse et luisante est parsemée de taches jaunes. Ses pattes sont fines et sa tête est légèrement aplatie avec deux grands yeux noirs globuleux. La salamandre est un animal solitaire qui passe une grande partie de l’année seul jusqu’au moment de la reproduction. Elle a une espérance de vie entre 20 et 25 ans.
SON MODE DE VIE
des tas de feuilles. Pendant l’hiver, elle hiberne quelques mois. Les salamandres se reproduisent d’avril à septembre, sur terre, à la différence d’autres amphibiens qui rejoignent les mares et marais pour s’accoupler. Elle dépose ensuite ses larves (en moyenne 30 mais parfois plus) dans une mare, 8 à 9 mois après l’accouplement (au printemps suivant). À la naissance, les larves de salamandre mesurent de 25 à 35 mm. Il faudra entre 3 et 6 mois pour qu’elles deviennent adultes, se métamorphosent et quittent définitivement la mare.
La salamandre vit principalement la nuit. Grâce à ses grands yeux noirs, elle voit très bien dans l’obscurité. À l’âge adulte, elle vit exclusivement sur terre. Elle affectionne les milieux boisés, passant la journée sous des souches de bois ou
La femelle peut garder le sperme d’un accouplement pendant plusieurs années. Ainsi, elle pourra donner d’autres naissances les années suivantes même si elle ne trouve pas de partenaire.
QUAND ET OÙ L’OBSERVER ?
SA NOURRITURE
La larve de salamandre se nourrit de larves d’insectes (moustiques) et de celles d’amphibiens plus petits.
À l’âge adulte, elle chasse d’autres proies comme les limaces, vers, cloportes et araignées.
Elle repère ses proies grâce à son odorat et les saisit ensuite dans ses puissantes mâchoires. C’est un très bon auxiliaire dans un jardin.
Il est possible d’observer les larves dans la mare au printemps, pendant leur phase aquatique. Les salamandres adultes sont plus difficiles à observer. C’est à la tombée de la nuit, lorsqu’elles se déplacent pour se nourrir, qu’il sera possible de les apercevoir.
Il ne faut pas les toucher (mais c’est aussi valable pour tous les animaux sauvages) car les glandes de la salamandre sécrètent un venin qui peut irriter les yeux.
Créer une mare
dans mon jardin
Une mare dans un jardin, c’est d’abord un point d’eau qui permet aux insectes, aux petits mammifères et aux oiseaux d’avoir toujours de l’eau à disposition.
C’est aussi un monde à part entière avec ses drôles de petites bêtes caractéristiques, ses grenouilles amoureuses, ses larves de libellules voraces régulatrices de moustiques…
En creusant une mare dans votre jardin, vous créerez un milieu pour une foule de plantes et d’animaux et pourrez chaque jour vous émerveiller de cette vie foisonnante.
Raphaël Duquoc jardine depuis une dizaine d’années en Bretagne. Il a profité du premier confinement pour créer une mare avec sa fille et favoriser ainsi la biodiversité dans son potager.
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