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LES AGENTS DU BIOCONTRÔLE
Ce terme regroupe les macro-organismes auxiliaires du jardinier. Introduisez-les s’ils ne sont pas assez nombreux ou en complément des insectes utiles naturellement présents dans votre jardin.
Choisissez ces auxiliaires de plus en plus nombreux à la vente, selon les proies à contrôler et les plantes infestées. Ils sont efficaces sous abri ou à l’extérieur, mais il est plus difficile de les retenir dans ce second cas. Leur coût reste aujourd’hui assez élevé, il faut espérer qu’il baissera dans les années à venir avec une utilisation plus importante. Respectez les conseils de mise en place et les périodes propres à chaque auxiliaire fournis par le vendeur (voir carnet d’adresses, p. 258). Apprenez à reconnaître les auxiliaires, à tous les stades de leur développement, pour ne pas les confondre avec les parasites. Par exemple, la larve de la coccinelle noire et brune (Cryptolaemus montrouzieri) ressemble à une cochenille. Introduisez-les après l’arrivée des ravageurs, les auxiliaires doivent pouvoir se nourrir dès qu’ils sont lâchés, mais le plus rapidement possible pour qu’ils contrôlent la population des indésirables quand elle est la plus faible possible.
Les auxiliaires ne supportent pas toujours les produits phytopharmaceutiques, même autorisés en biocontrôle. Il vous faudra choisir parmi les moyens de lutte proposés dans les fiches des plantes (voir pp. 46-257).
Les macro-organismes prédateurs Les coccinelles
Plusieurs coccinelles sont disponibles à la vente. Si toutes apprécient les pucerons, certaines sont également efficaces contre d’autres parasites. Tenez compte de leurs plantes favorites. Ainsi, la coccinelle à deux points est active sur les arbres et arbustes de plus de 1,50 m de hauteur, utilisez-la au verger et pour les arbres d’ornement. La coccinelle à sept points préfère les plantes basses, elle est plus efficace au potager et dans les massifs de fleurs.
Les coccinelles sont disponibles sous trois formes, des œufs, des larves ou des adultes.
• Les œufs. Ils sont plus économiques et se mettent facilement en place, ils sont fixés sur des bandelettes à suspendre. En revanche, tous ne vont pas survivre. Il faut aussi attendre plusieurs jours ou 1 à 2 semaines pour que les larves issues des œufs dévorent leurs proies.
Différents stades larvaires de coccinelles.
Ils peuvent se faire dévorer par les fourmis. À utiliser en tout début d’attaque pour que les proies ne se développent pas trop le temps de leur évolution en larves. • Les larves. Elles sont plus voraces que les adultes (elles peuvent dévorer 150 pucerons par jour), mais moins mobiles. Elles sont efficaces dès leur lâcher. Mais, elles sont plus fragiles que les œufs, elles craignent la chaleur lors du transport et il faut les déposer avec précaution (avec un pinceau) sur la plante. Elles sont sensibles aux fourmis. • Les adultes. Ils supportent très bien le transport, s’installent et se déplacent facilement sur l’ensemble de la plante et même sur d’autres en s’envolant. Ils sont actifs immédiatement et se reproduisent. Une femelle pond plusieurs dizaines d’œufs par jour. Les adultes résistent bien aux fourmis.

Coccinelles à 7 points qui dévorent des pucerons.
Les chrysopes
Appelées les demoiselles aux yeux d’or, les chrysopes ont un corps vert, des ailes transparentes et de grands yeux. Seules les larves dévorent des proies (pucerons, psylles, thrips…) grâce à une paire de mandibules bien développée. Les adultes se nourrissent du pollen et du nectar des fleurs. La chrysope verte (Chrysoperla carnea) est la plus utilisée.

Chrysope verte adulte.
Les chrysopes sont disponibles sous deux formes, des œufs ou des larves. • Les œufs. Ils s’utilisent plutôt sous abri car les fourmis les dévorent. Ils peuvent éclore durant le transport et il faut attendre quelques jours avant qu’ils se transforment en larves. • Les larves. Elles sont préférables en cas de forte attaque, car opérationnelles tout de suite. Quelques individus peuvent mourir du fait du changement de milieu.

Larve de chrysope sur un bouton de rose.
Les punaises
Naturellement présente en France (surtout dans le Midi), cette punaise (Macrolophus pygmaeus syn. M. caliginosus) est très polyphage (notamment aleurode, acariens, thrips). Les femelles pondent sur les tiges des plantes. Les larves présentes sous les feuilles dévorent leurs proies et passent d’un stade aptère à celui d’ailé. Les adultes qui peuvent voler et donc se déplacer d’une plante à l’autre sont également prédateurs. Munie d’un rostre, la punaise transperce le parasite et lui injecte un suc digestif. Elle n’a plus qu’à aspirer pour s’en nourrir. En l’absence de proies, la punaise peut se nourrir de la sève de soucis. Semez-en pour la retenir. • Cette punaise, vendue sous forme de larves, se déplace facilement, même sur les tomates (contrairement aux chrysopes) aux tiges et feuilles velues. Leurs proies favorites sont les œufs et les larves d’aleurodes (surtout Bemisia tabaci et Trialeurodes vaporariorum).

Punaise Macrolophus pygmaeus adulte.
Les acariens
Un acarien (Phytoseiulus persimilis) est redoutable pour contrôler la population des acariens ravageurs que sont les tétranyques tisserands. Minuscules, autour de 0,5 mm, roses à rouges, ils se nourrissent en vidant les corps de leurs proies. Les acariens morts sont noirs et desséchés. • Cet acarien est vendu sous forme de nymphe (dernier stade larvaire) et d’adultes. Il dévore
les œufs, les larves et les adultes, à la fois sous abri et à l’extérieur sur toutes les
plantes attaquées. Un adulte peut manger jusqu’à 5 adultes, 20 œufs et larves de tétranyques. De plus, ils se reproduisent rapidement, augmentant ainsi leur efficacité. Le lâcher doit intervenir avec une température supérieure à 20 °C et une humidité supérieure à 75 %, en évitant les heures les plus chaudes.
Les macro-organismes parasitoïdes
Les nématodes
Ce sont de petits vers, de 0,5 à 3 mm, presque invisibles à l’œil, naturellement présents dans le sol. Les espèces entomopathogènes, qui nous intéressent comme macro-organismes utiles, s’attaquent aux parasites des plantes. Leur nombre est souvent insuffisant dans le sol pour avoir une réelle efficacité, d’où l’intérêt de les introduire. Les nématodes colonisent leurs proies en entrant par leurs voies naturelles, puis les dévorent de l’intérieur. Ils s’attaquent à plusieurs parasites et se reproduisent augmentant leur action. Chaque nématode est spécifique
à quelques parasites et ne s’attaque pas aux
autres organismes vivants dans le sol (microfaune, vers de terre). Ils ne sont pas dangereux pour les animaux domestiques ou sauvages (grenouille, hérisson, oiseaux). Les quatre nématodes les plus couramment commercialisés sont: • Heterorhabditis bacteriophora (Hb) : il s’attaque aux vers blancs (larves de hanneton et d’otiorhynque), à la petite hépiale du houblon. • Phasmarhabditis hermaphrodita (Ph) : il agit sur les escargots, limaces et hannetons. • Steinernema carpocapsae (Sc): il lutte contre les vers gris (noctuelles et tipules), courtilières, capnodes, charançons rouges du palmier et papillons palmivores, doryphores, mouches du chou et du navet. • Steinernema feltiae (Sf): il est efficace contre les carpocapses, doryphores, papillons bruns du géranium, sésies du pommier, tordeuses orientales du pêcher, taupins, thrips.
Les nématodes sont vendus sous forme de
poudre à dissoudre dans l’eau. Des quantités plus ou moins importantes sont prévues selon la surface à traiter. Il suffit d’arroser ou de pulvériser le sol, parfois aussi les plantes, si possible dès réception. Ils peuvent cependant se conserver quelques semaines au réfrigérateur. Respectez les conditions suivantes. Le sol doit être humide et ni trop froid, ni trop chaud (température optimale pour chaque nématode). Opérez le soir ou par temps couvert, pas en plein soleil. Arrosez à nouveau, puis maintenez le sol frais les jours suivants. Respectez les périodes d’utilisations propres à chacun. N’utilisez pas de produits de traitement pendant une certaine période.

Trichogramme qui parasite des œufs.
Les trichogrammes
Les adultes de ces petites guêpes se nourrissent du pollen et du nectar des fleurs ou du miellat sécrété par les pucerons. Les femelles pondent dans les œufs de papillons (mineuse de la tomate, brun du géranium, pyrale du buis) qui servent de nourriture. Les premiers papillons doivent être détectés pour introduire cet auxiliaire. • Posez les diffuseurs contenant les œufs de cette micro-guêpe dès leur réception et recommencez un ou plusieurs lâchers 15 jours plus tard, pour augmenter leur efficacité. Pour mieux cerner les périodes d’utilisation des trichogrammes, posez aussi un piège à phéromone propre à chaque ravageur ciblé.