

40 jours pour (re)découvrir l’Évangile
Les textes de la traduction officielle liturgique de la Bible sont reproduits avec l’autorisation de l’Association épiscopale liturgique pour les pays francophones (AELF).
© AELF, Paris, 2013, pour la traduction officielle liturgique de la Bible.
MAME
Direction : Guillaume Arnaud
Direction éditoriale : Sophie Cluzel
Édition : Vincent Morch
Direction artistique : Thérèse Jauze
Direction de fabrication : Thierry Dubus
Fabrication : Audrey Bord Mise en pages : Patrick Leleux PAO
© Mame, Paris, 2025 www.mameeditions.com
ISBN : 978-2-7289-3734-9
MDS : MM37349
Tous droits réservés pour tous pays.
Introduction
Tu ouvres ce livre parce que, au fond de toi-même, tu es attiré par la personne de Jésus. Tu cherches probablement à le découvrir ou à mieux le connaître. Peut-être ignores-tu tout de lui – il n’est alors qu’un nom entendu ici ou là –, ou as-tu un jour rencontré quelqu’un qui t’en a parlé ?
Tu te sens petit ou ignorant face à d’autres qui te montrent qu’ils savent ou connaissent déjà des choses sur lui, mais lui, qui est-il pour toi ?
Comme moi, tu cherches probablement à le connaître pour mieux le servir par une vie meilleure. Tu aimerais qu’il fasse pour toi les miracles dont tu as entendu parler. Tu espères secrètement qu’il puisse changer ta vie, y apporter un peu de lumière, de réconfort, de force, de paix, tout simplement plus d’unité et de bonheur. Tu voudrais apprendre de lui pour mieux agir.
Or, l’Évangile est une « bonne nouvelle » qui fait souvent peur. Il peut te sembler difficile d’accès et tu as peut-être déjà essayé de l’ouvrir sans grand succès. Tu es peut-être tenté de chercher ce qui pourrait te rendre ce Jésus plus accessible – voire plus croustillant ! –, plus rapidement, plus sensiblement. Et c’est probablement pour cela que tu tiens ce livre entre tes mains… Mais celui-ci a pour but de t’aider à recevoir humblement l’Évangile tel qu’il nous a été donné et transmis par l’Église et non pas tel que, peut-être, tu aurais aimé qu’il fût révélé. Il ne t’aidera pas à lire entre les lignes ce qui y aurait été caché, comme si l’au-delà était ailleurs. Il t’aidera, en revanche, à ressentir toute la brûlure de ses lignes de feu.
Alors, cours vite chercher ta bible et ouvre nos deux livres en même temps, en parallèle. Celui-là doit te conduire à l’autre. Le petit, au grand. Puis, choisis simplement un évangile, celui de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc ou de saint Jean, et lance-toi avec confiance dans sa lecture en abandonnant dès que possible cet ouvrage !
Ouvre ce livre pour aimer davantage Jésus. Entre dans cette lecture avec le simple désir de te laisser aimer par lui au contact de sa Parole et de la savourer. Telle est la mission de ces pages : non pas mettre l’Évangile « à ta portée » ou te l’expliquer mais t’inviter à te mettre avec confiance à son écoute. Il a vocation à t’élever à la conscience d’un immense mystère. Comme tous ceux qui ont rencontré le Christ après l’avoir cherché et attendu, toi, quitte tes appréhensions et ton attente de sensations ! Tu découvriras un peu plus tard qui est celui qui te parle, te guérit et t’ouvre les portes de la vie.
Lorsque nous prenons en main avec foi les Écritures Saintes et les lisons avec l’Église, l’homme revient se promener avec Dieu dans le paradis.
Saint Ambroise.
Guide de lecture
Ce livre voudrait t’introduire à la lectio divina, la lecture priante de l’Évangile, telle qu’elle est pratiquée traditionnellement en quatre étapes dans l’Église catholique : la lecture, l’oraison, la méditation et la contemplation.
L’agencement des chapitres s’efforce de suivre ces étapes. Elles t’aideront à te mettre à l’écoute de la parole de Dieu et à redécouvrir l’Évangile.
Jours 1-11 : pour t’aider dans ta manière de lire l’Évangile ;
Jours 12-20 : pour t’aider dans ta manière de chercher Dieu dans sa Parole ;
Jours 21-28 : pour t’aider dans ta manière de le prier avec sa Parole ;
Jours 29-40 : pour t’aider à pratiquer ce que tu as contemplé.
En pratique
• La lecture spirituelle doit être régulière, si possible chaque jour ou pour préparer le dimanche.
• Il est bon d’en fixer à l’avance la durée (5, 10, 15 minutes…).
• Beaucoup sont aidés en la faisant toujours au même endroit où ils ne seront pas dérangés, au calme.
• Prends ta bible (ou ton missel), pose-la devant toi avec révérence ou tiens-la bien en main. Tu peux aussi avoir avec toi un carnet et un crayon pour noter ce que tu voudras.
• Avant de te lancer, garde le silence et songe que le Seigneur va maintenant te parler par son Esprit Saint.
• Invoque l’Esprit Saint avec cette prière ou une autre proposée dans le tableau p. 10-11 : « Ô Esprit Saint, Amour du Père et du Fils, inspirez-moi toujours ce que je dois penser, ce que je dois dire, comment je dois le dire, ce que je dois taire, ce que je dois écrire, comment je dois agir, ce que je dois faire pour procurer votre gloire, le bien des âmes et ma propre sanctification. Amen » (Cardinal Verdier.)
Entre dans l’Évangile
1. Lecture
Prends et lis attentivement et lentement
Seigneur Jésus, toi, le Fils du Dieu vivant, Verbe de lumière, apprends-moi à écouter ce que tu me dis dans l’Écriture sainte.
Je cherche ton visage.
Que dit en soi le texte biblique ?
Sans cette étape, le texte risquerait de devenir seulement un prétexte pour ne jamais sortir de tes pensées.
2. Méditation
Regarde et médite
Seigneur Jésus, toi, le Fils du Dieu vivant, ô Parole vivante, apprends-moi à assimiler ton Évangile afin qu’il me transforme et me conformer à ce que tu es et à ce que tu veux.
Que me dit le texte biblique ?
Ici, tu dois te laisser toucher et remettre en question, car il ne s’agit pas de considérer des paroles prononcées dans le passé mais dans le présent, pour toi.
3. Prière
Parle avec Dieu, élève ton âme vers lui
Seigneur Jésus, Fils du Dieu vivant, apprends à mon cœur à parler au Père avec qui tu converses continuellement dans ton Esprit Saint. Transperce mon cœur de l’amour qui t’unit au Père et sois toi-même, en moi, continuelle prière.
Que dis-je au Seigneur en réponse à sa parole ?
La prière comme requête, intercession, action de grâce ou louange est la première manière par laquelle la Parole te transforme.
4. Contemplation et action
Remercie, vis et agis
Seigneur, Jésus, Fils du Dieu vivant, daigne creuser mon cœur d’une soif d’amour si grande que ton Esprit me fasse participer à ta communion d’amour. Verbe de Dieu devenu homme, sois toimême en moi accomplissement de la lumière et de la tendresse divines. Toi qui as mangé, dormi, travaillé, apprends-moi à n’être que transparence de toi lorsque je mange, je dors, je travaille, et en toute autre activité de ma vie.
Quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie le Seigneur me demande-t-il ?
Comment puis-je l’établir dans ma vie ?
La contemplation t’aide à voir la réalité comme Dieu la voit. Elle te donne les critères de discernement et t’aide à agir avec le Christ.
Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive
Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? « Ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi, où vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit. Quarante ans leur génération m’a déçu, et j’ai dit : Ce peuple a le cœur égaré, il n’a pas connu mes chemins. Dans ma colère, j’en ai fait le serment : Jamais ils n’entreront dans mon repos. »
Méditation
Ps 94, 7-10.
Après que Moïse eut fendu de son bâton la mer Rouge et que le peuple l’eut traversé à pied sec, tous partirent à travers le désert sans trouver d’eau (Ex 15-17). Ce n’était plus seulement la mer Rouge qui s’asséchait mais aussi le désert. Cette épreuve de la soif était révélatrice du cœur asséché et endurci du peuple. C’est peut-être aussi le cas du tien aujourd’hui, à l’orée des quarante jours qui te paraîtront peut-être quarante ans. Le peuple en voulut à Moïse et à Dieu, leur reprochant de les avoir conduits vers une mort certaine. Tu as peut-être le même sentiment en ouvrant l’Évangile. Tu y entres d’abord avec une certaine curiosité, et puis tu rencontres un texte sec, rocailleux et hermétique, pas très concret. Tu peux alors avoir la même tentation et reprocher à Dieu de te mener vers le pays de la soif, vers un texte qui n’étancherait pas ton désir profond de le connaître, de le comprendre, et probablement de l’aimer. Tu peux te compter parmi les membres de ce peuple qui criait impérieusement : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »
À ta question, le psalmiste t’offre son conseil : « Ne ferme pas ton cœur comme au désert. » Autrement dit, n’agis pas comme avant. Tu comprends que la soif qui sourd en toi et dont il est question ne concerne pas d’abord ta
gorge ou ton intelligence mais ton cœur, ce « lieu » dont tu es régulièrement excentré et que tu es tenté de fuir. Ce lieu le plus souvent inconnu, entouré par les marais asséchés de ta vie, la désespérance du monde, les désarrois, les regrets, le non-sens ou tes errances. Mais Dieu s’adresse à ton cœur égaré, parfois endurci, au cœur rebelle qui n’a finalement plus qu’un Dieu encore méconnu vers qui crier sa colère d’assoiffé.
Et Dieu t’appelle comme Moïse : « Prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! » (Ex 17, 5-6).
L’Évangile est semblable à ce rocher. Il te faut comme frapper ces pages avec étonnement et confiance, avec foi et courage, avec désir, pour qu’il te livre son saint breuvage. C’est en t’aventurant pas à pas à travers les pages et les passages que le Seigneur se déversera au mot à mot comme au goutte-à-goutte. Évangile signifie « Bonne Nouvelle ». À celui qui cherche de l’eau, Dieu se fait peu à peu reconnaître comme la source véritable qui coule du rocher, un rocher mobile qui accompagne sa pérégrination : « Tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ » (1 Co 10, 4).
Quand tu lis l’Évangile, lis comme tu frapperais à la porte du Christ.
Prière
Pour commencer, c’est moi, le Seigneur, qui te fais une prière. Comme les Hébreux qui passèrent des prodiges de la Pâque à l’épreuve du désert, je te demande de passer de la recherche de signes visibles à l’écoute, de la vision à l’ouïe. Je te demande d’ouvrir l’oreille de ton cœur car c’est là que je frappe. La foi naît de ce que l’on entend et non de ce que l’on voit. Te mettre à l’écoute, c’est te mettre en relation avec l’autre. M’écouter suppose de faire confiance à ma Parole. Pour me faire confiance, écoute-moi, obéis à ma Parole. Refuser d’écouter ou refuser de croire, c’est en fait la même chose. Si tu veux me voir, commence par m’écouter.
Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi
sur les eaux
La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Mt 14, 23-34.
Méditation
Tu as probablement connu plusieurs tentatives infructueuses d’entrer dans l’Évangile. Tu étais à chaque fois comme battu par les vagues à cause d’un vent contraire. Souviens-toi que, si tu ouvres l’Évangile, c’est pour chercher quelqu’un qui s’avance vers toi. Tu ne le distingueras pas au premier coup d’œil. Tu es encore dans la nuit. Les embruns et le vent t’empêchent de discerner. N’aie pas peur, quelle que soit la direction de ta barque, il vient à toi et te dit : « Confiance ! c’est moi ; n’aie plus peur ! »
Avance dans ta lecture, même si tu ne saisis pas tout ou pas bien, même si l’esprit est embrumé. C’est d’abord lui, Jésus Christ qui vient à toi.
Et vogue ! Pour te faire entrer dans l’Évangile, Dieu avait asséché ta mer jusqu’à ses bas-fonds. Pour y avancer, il te demande maintenant de marcher sur ses eaux, avec Pierre. Plus tard, c’est son souhait, il t’emmènera dans les hauteurs, sur les nuées célestes.
Ta lecture est une sortie vers lui, une sortie en mer qui n’a pas d’autre but que de te conduire à lui. Tu marches sur les eaux lorsque ta lecture s’imprègne de foi et que, à travers les lignes, tu distingues sa présence, sa voix, son appel : « Viens ! » Alors, va ! Cette expérience extraordinaire sera certainement tellement discrète, fugace et rapide qu’il te semblera retomber très vite dans le courant des distractions et les profondeurs du découragement. Alors, dis seulement une parole : « Seigneur, sauve-moi ! » C’est un autre acte de foi. Tu auras fait les deux premiers pas !
L’Évangile s’adresse à ceux qui veulent suivre Jésus là où il est et là où il va : sur la mer, sur terre, chez les publicains, dans le désert, dans les villages, au Temple, aux portes de la ville, en campagne ou sur une haute montagne, au cénacle, à Gethsémani, sur la croix, au tombeau, en Galilée, au Ciel, dans la gloire. Quand tu lis l’Évangile, viens à Jésus comme vers quelqu’un. Après lui avoir emboîté le pas, cherche toujours sa main, demande-lui d’aller un peu plus loin par la foi, un peu plus haut dans la gloire.
Prière
Seigneur, je crois que tu viens au-devant de moi pour me faire quitter la barque de mes certitudes et de mes habitudes.
Ordonne-moi de venir à toi afin que, sur ta Parole, je m’avance sans crainte et avec grand désir sur les eaux de la peur et de l’inconnu pour te trouver, toi, ma terre ferme.
T’ayant saisi, je me réjouis de t’accueillir dans la barque de mon âme et de ma vie.
3
Vous scrutez les Écritures…
Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière. Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé. Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé. Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.
Jn 5, 39-42.
Méditation
La parole de Dieu n’est pas évanescente. Elle possède une certaine matérialité. Son sens spirituel n’est accessible qu’à travers l’écorce de son vocabulaire et de sa grammaire. Avant même de vouloir descendre en profondeur, il te faut sentir cette rugosité de l’Évangile, son relief.
Ce sont les événements très concrets de la vie du Christ : ses trajets, ses horaires, ses habitudes, ses rencontres, ses discours, ses miracles, sa vie, ses œuvres ! Elles témoignent de celui qui l’a envoyé et de qui il est. Au début de ta méditation, tu dois donc très concrètement commencer par t’attacher à ce que dit le texte, à ce qu’il raconte, et non pas à ce que tu imagines ou voudrais comprendre ou trouver. Tout cela, c’est en quelque sorte le vêtement de l’Évangile, qui doit te conduire à lui prêter attention. Attache-toi fermement au texte et scrute-le avec ses répétitions, ses détours, ses formulations, ses trous, son ordre… Loin de lui, tu partirais très vite dans le décor ! Le texte est comme la chair de la méditation.
Tu n’atteindras l’os, le dur, qu’en le digérant. Sans quoi, le Dieu invisible te restera un inconnu et tu le scruterais en vain.
Dieu s’est incarné. Il s’est rendu accessible et l’Évangile le met à ta portée. En saisissant le texte, tu peux saisir le Christ comme les foules cherchaient à toucher son manteau.
À travers ces reliefs, interroge-toi souvent : qu’est-ce que le texte me dit de Dieu lui-même ? Qu’est-ce qu’il me dit pour moi-même, pour cette journée ? Comment le mettre en pratique ? Derrière les escarpements de l’Évangile, il y a quelqu’un qui te parle avec une intention particulière. Jésus ne s’y promène pas comme sur les Champs-Élysées, le cœur ouvert à l’inconnu… Il te cherche toi, il te parle. Il s’arrête. Toi, cherche la vie là où elle se trouve, adhère au Dieu vivant. Tu comprendras un peu plus tard comment cette Parole éclaire ta vie.
Prière
Pour te connaître, Seigneur, j’ai ces témoignages des prophètes et de tant d’autres mais j’ai aussi et surtout ta vie qui se déroule sous mes yeux.
Tu me demandes de la connaître, d’y adhérer, de te suivre.
Crayon en main, je peux retracer tes périples, découvrir tes amis, tes ennemis, ton pays, ta volonté, ta bonté…
C’est donc bien toi que je cherche à comprendre, à connaître et à aimer.
Heureux
Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »
Mt 5, 1-12.
Méditation
Jésus ouvre la bouche et t’enseigne. Que te dit-il ? « Heureux ! » Pourquoi venir à lui et l’écouter sinon parce que tu cherches le bonheur et qu’il te le propose ? Jésus t’ouvre la possibilité de cette béatitude qui naît de la Parole écoutée et de sa mise en pratique. Alors que ta situation présente peut être douloureuse, tu reçois de Dieu une condition nouvelle.
Face à l’exclamation d’une femme qui, du milieu de la foule, entend exalter sa mère la Vierge Marie qui l’a porté et allaité, Jésus révèle le secret de la vraie joie : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11, 28). Jésus affirme ailleurs le lien familial qui
naît de l’écoute de l’Évangile : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique » (Lc 8, 21).
Ta relation personnelle et communautaire avec Dieu dépend donc de l’accroissement de ta familiarité avec la Parole divine. À toi qui t’es peut-être éloigné de l’Église, qui as abandonné la foi ou qui n’as jamais entendu l’annonce du salut, à toi donc, comme à chacun, le Seigneur dit : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3, 20).
Que chacune de tes journées soit donc joyeusement illuminée par cette écoute de la parole de Dieu par laquelle tu recherches une rencontre renouvelée avec le Christ Jésus.
L’Évangile des Béatitudes te découvre un chemin surprenant et en apparence contradictoire. Mais ne recule pas. Rencontrer le Christ, lui faire confiance, croire en lui et le suivre n’est pas seulement quelque chose de vrai et de juste, mais aussi quelque chose de beau, capable de combler ta vie d’une splendeur nouvelle et d’une joie profonde, même dans les épreuves.
Prière
Seigneur, tu t’intéresses à mon bonheur. Mais quel bonheur me proposes-tu ?
Serait-il semé d’embûches ou serait-il justement cette capacité à les affronter et à les traverser ?
Si c’est cela, je veux répondre à ton appel au bonheur.
Donne-moi d’avancer vers ce royaume des Cieux que tu me dévoiles si mystérieusement.
Attire-moi au sommet de ta montagne, près de toi, là où semble résider l’invitation au bonheur que tu me répètes dix fois et qui m’attire.
L’Esprit Saint viendra sur toi
Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du TrèsHaut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. »
Lc 1, 26-35.
Méditation
Le Seigneur s’avance, il vient à toi, là où tu es, dans ta Galilée, ton Nazareth, dans la situation de vie qui est la tienne, et il s’approche. Tu n’auras pas la visite d’un ange, mais te voilà comme l’est souvent représentée la Vierge Marie : tu tiens là avec, en main ou sous les yeux, le livre de l’Écriture qui contient cette Parole secrète que tu guettes. Pour Marie, comme pour tout Israël, c’est une parole attendue, méditée, sans cesse répétée, ressassée, mais qui ne passe pas et dont chacun attend la germination et le beau fruit. Pour toi aussi, Dieu a sa manière, une pédagogie divine et non une simple méthodologie humaine pour te guider et te former comme l’enfant grandit dans le ventre de sa mère. L’Évangile se dévoile à celui qui sait attendre. Comment ? C’est l’Esprit Saint qui t’est probablement encore
inconnu qui opère. Il est le guide intérieur de ta progression qu’il tisse patiemment. Il est le garant de la fécondité de ce parcours. C’est lui la respiration divine qui a inspiré les auteurs sacrés pour qu’ils transmettent la parole de Dieu. Envoyé par le Père et le Fils, sa mission consiste à te guider vers la vérité tout entière (Jn 16, 13). Lui qui « sonde tout jusqu’aux profondeurs de Dieu » (1 Co 2, 10), il connaît aussi tes abysses et vient au secours de ta faiblesse (Rm 8, 26) pour te permettre de te tourner vers le Père. De même qu’on n’entre jamais dans une église sans faire le signe de croix, ne commence donc jamais ta lecture sans demander à l’Esprit Saint de t’éclairer. Sache que Dieu veut te le donner car il est le maître intérieur que tu découvres peu à peu. Il est présent et actif à chaque étape : il rend ton cœur attentif, disponible et docile. Il te conduit vers une vraie qualité d’écoute. Il éclaire tes facultés intellectuelles, il guide ta réflexion vers une méditation fructueuse. Il t’apprend à répondre à Dieu et te fait enfin vivre en présence du Seigneur et de son Amour.
Ne cherche donc pas sa présence sensible. Il est là comme un principe actif à recevoir ou à activer. Quant à toi, maintenant, « prends et lis ». Pour le reste, c’est son œuvre, son rythme et son temps. N’agis pas pour maintenant : agis maintenant pour demain. Tel est le mode d’action de l’Esprit Saint. Quand tu lis l’Évangile, invite l’Esprit Saint comme tu inviterais un ami.
Prière
Esprit Saint, je crois que je suis devenu ta demeure par le baptême ou que tu m’invites à ouvrir la porte de mon âme en le demandant.
Pour découvrir l’Évangile comme une bonne nouvelle, déborde-moi et couvre-moi !
Ton action me dépasse mais je sais que tu es à l’œuvre et que tu fécondes toute terre qui s’ouvre à toi.
Me voici. Façonne-moi de façon à être fasciné par le Christ. Apprends-moi la docilité à sa Parole.
Conforme ma vie à la sienne et, par ta puissance, signe ma vie de ton amour.
Que tout m’advienne selon ta parole
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta. En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon
Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Lc 1, 38-45.
Méditation
L’exemple de la Sainte Vierge Marie t’aide à comprendre ce qui se passe au contact de l’Évangile : tu entres dans un dialogue d’amour avec Dieu et avec les autres. Dieu vient chez toi, en toi, et il t’entraîne alors chez les autres pour que tu transmettes ce que tu es et ce que tu portes.
Marie ne vient pas vérifier ce que l’ange lui dit au sujet de sa cousine Élisabeth. Elle vient l’accomplir et le confirmer. Elle s’associe à toute autre louange, à toute autre action de grâce. Elle les prolonge. Saluée par l’ange, elle salue à son tour et, avec l’élan de sa jeunesse, elle se joint à l’allégresse de sa vieille cousine. L’Évangile te fait passer d’un esprit filial à un esprit familial : il t’élargit aux autres. La bonne nouvelle se propage discrètement mais avec force et avec l’effet inverse d’une
fake news qui produit toujours illusion et déception. L’Évangile met en contact et en relation toutes les fécondités. C’est l’Évangile de la vie !
Tu n’auras probablement pas la promptitude de Marie mais – tu le vérifieras –, si tu t’attaches avec foi à la parole de Dieu, tu seras mystérieusement poussé vers ceux en qui le Christ agit singulièrement, tu seras associé à une ramification de vitalité, tu percevras le Dieu vivant partout à l’œuvre et tu dialogueras avec lui. En t’ouvrant à l’Évangile et en le recevant comme parole de Dieu, tu deviens porte-parole du Dieu vivant. Ton cœur et ta chair deviennent un cri vers le Dieu vivant (Ps 83, 3) !
Quand tu lis l’Évangile, cherche la vie, la relation et le dialogue.
Prière
Sainte Vierge Marie, mère de la mission joyeuse, apprends-moi à être une terre généreuse pour l’accueil de la parole de Dieu. Soutiens mon attente et ma recherche du Seigneur.
Accompagne les semences de vérité que sa Parole sème en mon âme et donne-moi de les faire fructifier dans la charité fraternelle.
Et le Verbe s’est fait chair
Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ. Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite.
1 Jn 1, 1-4.
Méditation
« Au commencement, Dieu dit… » Dieu exprime une Parole et les choses viennent à l’existence. Il crée pour se faire connaître, pour se révéler à tous les êtres en général mais en particulier à toi, dans une proximité plus grande, car il t’a créé à son image et à sa ressemblance. Comme Adam, le Christ te parle et s’extasie devant toi : « Voici la chair de ma chair ! »
Mais comment Dieu peut-il te parler ? Avant toute parole extériorisée et tout acte incarné, il existe une parole intérieure et intime, celle que les amoureux, n’en pouvant plus de retenir la flamme intérieure qui les consume, finissent par s’exprimer en trois petits mots : « Je t’aime. »
Cette parole essentielle, vitale et vivifiante, les grammairiens l’appellent le verbe, le mot qui est le centre et l’âme de la phrase. Ainsi, l’amour divin s’entend et se comprend comme un « Verbe de vie ». Il crée, il parle, il appelle. Le Verbe de Dieu s’adresse à ton ouïe et attend ton « oui ». La Vierge Marie l’a entendu au plus intime d’elle-même et lui a
répondu. Par la puissance du Saint-Esprit, elle a alors, en son âme et en son corps, donné chair au Verbe divin, Jésus de Nazareth. « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, la vie éternelle qui était auprès du Père s’est manifestée à nous. » Jésus est ainsi le « Je t’aime » éternel qui s’adresse à toi et t’invite à la communion avec lui.
Quand tu ouvres l’Évangile, tu lui ouvres l’espace de ta vie pour qu’il te remplisse de la sienne. Tu entends et reconnais la voix du Père qui te dit : « Tout ce qui est à moi est à toi » (Lc 15, 13). Tu reçois le Fils de Dieu et c’est en fils ou en fille confiant(e) que tu pourras lui répondre et l’annoncer pour la joie de tous.
Prière
Père, parle-moi de ton Verbe éternel, parle-moi de Jésus.
Dis-moi que tu m’aimes ! S’il te plaît, dis-le à mon intelligence et à mon âme, à mon cœur et à mon corps, dis-le à ma chair tout entière.
Accorde-moi la grâce d’associer mes lèvres à celles de la Vierge Marie pour te dire « oui ».
Donne-moi d’acquiescer à ces mots portés par ton Esprit qui donne la vie.
Prends l’enfant et sa mère
Après leur départ, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Méditation
Mt 2, 13-15.
Recevoir la parole de Dieu, prendre pied dans l’Évangile, te confronte inévitablement à des difficultés, les difficultés inhérentes à la vie. Car elle est vivante, la parole de Dieu !
Il y a donc des mots, des expressions, des passages, des messages que tu ne comprends pas, qui te révoltent ou qui s’opposent à ce que tu penses, imagines ou fais. L’Évangile te confronte à des difficultés textuelles et existentielles. Il te faudra les prendre à bras-le-corps mais en leur temps et de la manière dont Dieu te donnera de les éclairer ou de les traverser. Attends le moment opportun. Ne te dis pas que c’est incompréhensible ou difficile. Tout ne se résout pas d’un coup ! Pour le moment, avec Joseph, lève-toi, prends l’enfant et sa mère. Dieu t’appelle et t’invite à protéger ce qui est encore fragile. Sois docile ! Un autre te guide à travers les mots comme à travers les événements de ta vie. Son livre et celui de ta vie ne forment qu’un même ouvrage. En lisant sa vie, tu liras la tienne.
L’Évangile est un message de Dieu pour toi, un appel qui t’est adressé afin que tu connaisses Dieu personnellement, que tu rencontres le Christ et vives pour lui et non plus pour toi-même. En ouvrant l’Évangile, ne cherche pas d’abord un accroissement de connaissances mais un enga-
gement entre Dieu et toi, entre lui qui te parle et toi qui l’écoute, entre lui qui te guide et toi qui le suis. La parole de Dieu t’est donnée en vue de conclure une alliance, un agir commun avec le Christ.
Quand tu lis l’Évangile, laisse-toi guider dans les difficultés, persévère avec confiance.
Prière
Saint Joseph, modèle de docilité et de confiance dans les difficultés de l’Écriture et de la vie, je me place sous ta protection pour protéger en moi ce que le Père m’a offert de sa vie :
Jésus, sa Parole et Marie, la servante de sa Parole.
Accorde-moi d’unifier ma vie en conformité avec l’Évangile.
