K ARINE -M ARIE A MIOT
J ULIE M ELLAN
LES MERVEILLEUSES HISTOIRES DE
GRAN D -PÈRE
DANS LA FORÊT
La fête du printemps
Mes petits amis, écoutez cette vieille histoire. Elle est presque aussi
vieille que Grand-Père Bouquetin !
Chaque année, quand reviennent les beaux jours, Grand-Père Bouquetin organise la grande fête du printemps, tout là-haut dans la montagne.
Alors que fleurissent les premiers perce-neige, bien installé sur un rocher qui surplombe la vallée, il rédige son invitation avec soin :
« Ami de la montagne, il est temps de sortir de chez toi et de montrer le bout de ton museau. Bientôt, l’air sera sucré, la nature resplendira !
Ami, il est temps de chanter, de danser, il est temps de nous retrouver !
C’est le printemps qui revient ! »
Son ami de toujours, l’aigle royal, qui connaît mieux que personne la montagne et la maison de chacun, se charge de distribuer les invitations.
Les invités ne se font pas prier. L’hiver a été froid et si long... Dès les premiers rayons du soleil, dès les premiers clapotis de la rivière, tous les habitants de la forêt se précipitent dehors et se mettent en route pour la grande fête du printemps.
Papa et Maman Marmotte ouvrent le joyeux cortège avec leurs petites marmottes, tout excitées. Elles font des pirouettes, sifflotent, courent à vive allure et saluent Dame Tortue, qui avance cahin-caha sur le chemin pierreux :
Tu viens, toi aussi, Dame Tortue ?
Bien entendu. J’arrive, les amis. À tout à l’heure !
Les moutons cavalent en troupeau en faisant tinter leurs sonnailles.
ɧ Tu viens, toi aussi, Dame Tortue ?
Mais oui, mais oui, un pas après l’autre, je me hâte lentement. Ma carapace est si lourde…
Le mouflon aussi a reçu une invitation. Il respire à pleins poumons l’air doux du printemps et trottine gaiement.
Je suis content de te voir, Dame Tortue !
Tic et Tac, les jumeaux écureuils, courent comme des flèches et dépassent Dame Tortue, qui peine dans la montée.
Courage, Dame Tortue ! Pense au festin qui t’attend !
Millépine, la maman hérisson, et son petit se hâtent eux aussi.
Essaye d’accélérer le pas, Dame Tortue ! Là-haut, il y aura des étoiles filantes…
L’ours émerge de la torpeur de l’hiver et bâille encore. Il grogne, engourdi :
Dépêche-toi, Dame Tortue, ou la fête sera terminée quand tu arriveras.
Toi aussi, hâte-toi, lui recommande la tortue. Tu es en retard, comme moi !
Presque tous les invités sont rassemblés autour de Grand-Père Bouquetin. Ces retrouvailles sont vraiment le plus beau jour de l’année. Ils ont tant de choses à se raconter, tant de rêves à partager.
Grand-Père Bouquetin accueille chacun avec un mot gentil. Il s’apprête à ouvrir le banquet par un grand discours, quand il s’aperçoit que la tortue n’est pas là.
ɧ Et Dame Tortue ? demande-t-il, inquiet. Ne vient-elle pas cette année ?
Nous l’avons croisée en route, s’écrient les marmottes.
Nous aussi, disent les moutons.
Moi aussi, ajoute le mouflon.
ɧ Pourvu qu’elle ne soit pas tombée dans un trou, chuchote Tic, l’écureuil.
Tac scrute l’horizon.
Dame Tortue est lente, mais elle devrait être arrivée, à l’heure qu’il est…
Maman Hérisson se fait du souci.
Pauvre Dame Tortue ! Cela fait très loin pour elle.
Elle est si petite, ajoute l’ours.
Si la tortue n’est pas là, la fête sera gâchée, conclut Maman Hérisson.
Attendons-la encore un peu, propose Grand-Père Bouquetin.
Au rythme où elle va, elle ne sera pas là avant l’année prochaine, déclare l’aigle royal.
Tu as raison, Grand-Aigle. Il faut faire quelque chose pour l’aider.
Grand-Aigle déploie ses ailes et s’envole dans le ciel sans nuages en disant :
Fermez les yeux et comptez jusqu’à dix. Au bout de dix, c’est promis, Dame Tortue sera ici.
Avec ses yeux perçants, il repère la retardataire, descend en piqué, rase le sol et prend la tortue dans ses serres.
Accroche-toi bien !
La tortue a si peur qu’elle rentre sous sa carapace. Soudain, elle sent que Grand-Aigle la dépose délicatement sur l’herbe tendre.
Quelle arrivée majestueuse ! Quand ils ouvrent leurs yeux, tous les invités sont ébahis.
Grand-Père Bouquetin déclare :
ɧ Dame Tortue, vous êtes la reine de notre fête. Le printemps peut commencer !
Alors, la tortue sort timidement la tête de sa carapace et répond timidement : Merci, les amis !
etJulot-Mulot les giboulées
Le printemps est arrivé ! Le printemps, la saison des prairies bien vertes, des marguerites et des délicats zéphyrs.
Julot-Mulot, léger, sans manteau ni chaussettes, est en chemin pour pique-niquer ; il porte fièrement son joli panier d’osier et son canotier.
Dans le vent, à la volée, il lance des mercis en soulevant son couvrechef comme un poète :
Merci, gentil soleil, pour tes premiers rayons ! Merci, fleurette !
Ne sois pas si timide ! Tu es si jolie.
Petit à petit, tous ses mercis forment un très grand bouquet.
