Histoires de vrais chevaliers

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Bayard, Du Guesclin,

Guillaume le Conquérant et autres histoires de vrais

chevaliers

Roland, le chevalier au cor

Avez-vous déjà entendu parler du chevalier Roland ? Ce guerrier a vécu à l’époque de Charlemagne, au VIIIe siècle. Presque trois cents ans plus tard, des troubadours se sont souvenus de lui.

Ils ont fait de Roland un héros, et de son histoire une légende dans un texte très célèbre : « La Chanson de Roland ».

C’est cette histoire

que je vais maintenant vous raconter.

Tout commence sous le soleil d’Espagne où Charlemagne combat depuis plusieurs années son grand ennemi, le roi sarrasin Marsile. Ce jour-là, l’empereur se trouve dans un magnifique verger planté d’arbres de toutes sortes et dont les fruits exhalent de délicieux parfums. Il a fait installer son trône tout scintillant d’or sous un pin. Sur sa tunique de soie se déploie sa longue barbe blanche. Sur sa tête repose la précieuse couronne impériale, surmontée d’une croix d’or. Et à son côté, dans un fourreau de cuir, dort sa célèbre épée, Joyeuse, dont le pommeau d’or renferme, dit-on, une relique de la Sainte Croix. Près de Charlemagne se tiennent ses chevaliers les plus valeureux. Parmi eux, le jeune comte Roland, pour lequel Charlemagne éprouve une grande tendresse.

Mais voilà que sont annoncés des messagers du roi Marsile. Ils s’agenouillent et s’inclinent respectueusement devant Charlemagne :

— Noble empereur, disent-ils, notre roi vous supplie de mettre fin à la guerre. Il reconnaît que vous êtes le plus fort. Il s’engage à devenir votre allié. Ainsi, vous pourrez rentrer chez vous à Aix-la-Chapelle. Vous êtes partis depuis si longtemps ! Vous devez avoir envie de revoir votre royaume.

C’est vrai ! L’empereur aimerait retrouver les siens. Il hésite cependant… Peut-il faire confiance à son ennemi de toujours ?

Roland 6

Il consulte ses chevaliers. Roland parle le premier :

— Sire, le roi Marsile n’a pas de parole ! Ce traité de paix n’est qu’une ruse pour se débarrasser de vous et vous faire quitter l’Espagne !

Charlemagne reste silencieux. Un autre chevalier en profite pour parler à son tour. C’est Ganelon, un guerrier de belle apparence, mais à la parole rusée et malveillante :

— Seigneur, vous seriez fou de ne pas accepter l’offre de Marsile ! N’écoutez pas Roland, il ne pense qu’à lui et à son envie de combattre !

Charlemagne se laisse convaincre et envoie Ganelon auprès de Marsile pour signer le traité de paix.

Roland

Or Ganelon est un traître ! Dévoré par la jalousie, il ne pense qu’à une chose : faire tuer Roland qu’il déteste, car il est le préféré de Charlemagne.

À peine arrivé auprès de Marsile, Ganelon se jette à ses pieds et dit d’une voix forte :

— Roi Marsile, je sais comment faire pour que Charlemagne quitte définitivement l’Espagne sans que vous ayez besoin de vous soumettre à lui.

— Tu m’intéresses, répond le roi sarrasin. Parle !

— Sans Roland, son meilleur chevalier, Charlemagne ne sera plus assez puissant pour vous combattre. Il faut donc tuer Roland ! Voici mon plan : comblez Charlemagne de cadeaux. L’empereur croira qu’il peut vous faire confiance et repartira en France.

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La route du retour passe par les hautes montagnes des Pyrénées.

Je m’assurerai que Roland soit responsable de l’arrière-garde de l’armée. Au col de Roncevaux, vous l’attaquerez avec cent mille hommes. Roland est très fort, mais il ne pourra pas résister à cet assaut.

Marsile accepte de suivre ce plan. Voilà Roland en grand danger !

Quelques jours plus tard, le traître Ganelon revient auprès de Charlemagne. Il rapporte des présents fabuleux de la part du roi

Marsile : des ours à la fourrure soyeuse, des dromadaires couverts de précieux tapis d’Orient, des lions rugissants dans leur cage, des chiens de chasse aux muscles puissants et des faucons pèlerins connus pour être les oiseaux les plus rapides du monde. Et ce n’est pas tout ! Derrière le cortège des animaux avancent quatre cents mulets chargés d’or et de pierres précieuses. Ébloui par cet extraordinaire trésor, Charlemagne tombe dans le piège. Il ordonne de lever le camp pour rentrer en France. Sur les conseils de Ganelon, il commande à Roland et à ses meilleurs chevaliers de surveiller l’arrière-garde de son armée.

Dans les montagnes, le chemin est fort pénible : la pente est raide et caillouteuse, les ravins sombres et profonds. Charlemagne et le gros de l’armée viennent d’arriver en France. Roland, quant

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à lui, progresse lentement avec ses guerriers. Il a revêtu son armure de guerre et tient une robuste lance en haut de laquelle flotte un étendard aux couleurs de l’empereur.

Alors qu’il s’engage dans l’étroit col de Roncevaux, le cœur du chevalier se serre d’inquiétude. Un mauvais pressentiment

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le saisit. Soudain, à ses côtés, son ami le plus fidèle, le chevalier Olivier, pousse un cri : il vient d’apercevoir des soldats du roi Marsile cachés derrière des rochers ! Roland et Olivier comprennent aussitôt qu’ils sont tombés dans un piège.

L’armée de Marsile déferle sur eux. Roland et Olivier ne se laissent pas faire ! Ils se battent comme des lions. Les lances se brisent, les mailles des armures volent, les heaumes se cabossent. Olivier supplie Roland de sonner du cor afin d’appeler Charlemagne à l’aide. Roland refuse. Il pense être capable de repousser seul l’ennemi.

Roland brandit Durandal, sa précieuse épée, et assène autant de coups que possible. Peu à peu cependant, ses meilleurs guerriers tombent sur le champ de bataille. Bientôt, c’est au tour d’Olivier de rendre l’âme.

De grosses larmes coulent le long des joues de Roland. Il aurait dû écouter le conseil de son ami ! Il souffle de toutes ses forces dans son cor. Le son rebondit contre les parois rocheuses et résonne loin dans la montagne. Il parvient jusqu’aux oreilles de Charlemagne qui comprend que Roland a besoin d’aide. Aussitôt, l’empereur fait demi-tour et se précipite à son secours. Arrivera-t-il à temps ?

Hélas, non ! Au col de Roncevaux, Roland est venu à bout de ses ennemis, mais il est blessé à mort. Il sait qu’il n’en a plus pour

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Roland

longtemps. Il tente de briser Durandal, afin qu’elle ne tombe pas entre de mauvaises mains, mais l’épée est indestructible et c’est la roche qui se fend !

Le vaillant chevalier sent la mort le glacer. Chancelant, il s’assied contre un gros bloc de pierre. À sa droite, il pose Durandal, à sa gauche, son cor. Il lui semble alors que le ciel s’ouvre et que l’ange Gabriel descend vers lui. Roland tend sa main vers cette apparition et remet son âme à Dieu.

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deGodefroyBouillon

le chevalier de Jérusalem

Voilà un nom que vous avez peut-être déjà entendu. C’est celui de l’un des plus célèbres chevaliers de l’histoire de France.

Cet illustre combattant, descendant de Charlemagne, a vécu au XIe siècle, à l’époque de la première croisade.

Êtes-vous prêts à entendre son histoire ?

Je commence…

Godefroy de Bouillon

Dans le château de Bouillon auquel il doit son nom, le duc Godefroy fait les cent pas. Depuis huit ans, il gouverne avec sagesse un vaste domaine recouvert de majestueuses forêts plantées de pins odorants et de chênes robustes. Aujourd’hui pourtant, son cœur est agité. Il vient d’apprendre une terrible nouvelle : en Orient, ses frères chrétiens sont persécutés par les Turcs qui se sont emparés de Jérusalem, la Ville sainte où le Christ est mort et ressuscité. Le pape Urbain II vient de lancer un appel : les catholiques doivent partir à Jérusalem pour combattre les Turcs.

— Le voyage vers la Terre sainte est si long, si périlleux !, songe Godefroy de Bouillon. Si je pars, je risque de ne pas revenir vivant.

Jamais mes yeux ne reverront mes chères forêts !

Le courageux chevalier n’hésite cependant pas longtemps : c’est son devoir d’aller aider les chrétiens d’Orient.

Godefroy de Bouillon

En hâte, il prépare son expédition. Il rassemble ses meilleurs guerriers, achète des armes solides et des chevaux robustes, fait atteler des charrettes pour transporter les provisions d’eau et de nourriture. Godefroy dépense sans compter. Bientôt, il est à court d’argent alors, le cœur serré, il met en gage son cher château de Bouillon.

Enfin, un beau jour, Godefroy est prêt. Par-dessus sa brillante cotte de mailles, il passe une tunique d’un blanc immaculé sur laquelle il a fait coudre une grande croix à six branches. Il saute en selle et se place à la tête de sa grande armée. D’un geste, il donne le signal du départ et la colonne de soldats se met en marche.

L’armée de Godefroy chemine durant de longs mois à travers l’Europe. Plaines et vallées, bois et champs défilent sous les pas des croisés. Un soir pourtant, ils sont obligés de s’arrêter : leur route est barrée par un bras de mer infranchissable. C’est le détroit du Bosphore dont les eaux bleues scintillent à la lumière du soleil couchant. Godefroy et son armée sont arrivés aux portes de Constantinople. Malgré leur fatigue, tous contemplent bouche bée la sublime cité dont les tours et les coupoles s’élancent vers le ciel.

Assise majestueusement sur une colline, telle une reine en son royaume, la basilique Sainte-Sophie les domine de toute sa hauteur.

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Godefroy de Bouillon

Après une longue attente, Godefroy obtient de l’empereur de Byzance l’autorisation de traverser le détroit. Le voyage vers Jérusalem peut continuer.

Que de fatigue et de dangers attendent les courageux croisés ! Ils endurent la faim, la soif et les maladies. À plusieurs reprises, ils doivent faire face aux redoutables cavaliers turcs qui les assaillent au détour des chemins. Godefroy partage les souffrances de ses soldats. Doté d’une force légendaire, il impressionne tout le monde en réalisant d’incroyables exploits. Un jour, ce sont trois aigles qu’il transperce d’une seule flèche. Une autre fois, pendant une chasse, il se bat au corps à corps avec un ours. Sans parler de l’escarmouche durant laquelle il tranche en deux un ennemi avec sa puissante épée.

La véritable force de Godefroy cependant, c’est sa foi. Quand il sent ses compagnons d’armes faiblir, il trouve les mots pour les encourager à tenir bon et à mettre leur espoir en Dieu.

Lentement, difficilement, les croisés poursuivent leur route. Et voilà que les noms des villes qu’ils traversent chantent à leurs oreilles un air connu autant que sacré : Nazareth, Emmaüs, Bethléem. Godefroy a l’impression de mettre ses pas dans ceux de Jésus ! Une émotion immense le saisit.

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Un jour de juin, enfin, de hauts remparts de pierre surgissent : c’est Jérusalem ! Cachée derrière ses fortifications, la Ville sainte semble imprenable.

— Sire, se lamente un soldat exténué, regardez l’épaisseur de ces murailles ! Et ces ravins profonds qui font tout le tour de la ville ! Jamais nous n’y arriverons.

— Garde la foi !, l’exhorte Godefroy. Nous avons du bois et d’habiles artisans. Nous allons construire des machines de siège : des tours roulantes, des échelles d’assaut et des catapultes.

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Godefroy de Bouillon

Et c’est ce qui se passe : la plaine autour de Jérusalem devient un vaste chantier où les croisés scient, rabotent et assemblent de gigantesques machines. Au bout d’un mois, tout est prêt. Monté sur sa tour de siège, Godefroy lance le signal :

— À l’assaut !

Aussitôt, une terrible bataille s’engage. L’ennemi riposte en jetant sur les croisés de petites jarres remplies d’un liquide enflammé qui incendie tout ce qu’il touche. Les croisés tiennent bon. Godefroy parvient à faire approcher sa tour roulante près d’une muraille. Il bondit avec ses soldats sur le chemin de ronde. Les voilà entrés ! Peu de temps après cette percée, la ville est conquise. Grâce au courage et à la volonté de Godefroy, les croisés ont réussi : ils ont repris Jérusalem.

Table des matières

Roland

le chevalier au cor 5

Godefroy de Bouillon

le chevalier de Jérusalem 15

Guillaume le Conquérant

le chevalier à la conquête de l'Angleterre 23

Hugues de Payns

le chevalier du Temple de Jérusalem 33

Guillaume le Maréchal

le chevalier aux cent tournois 41

Bertrand Du Guesclin

le chevalier de la guerre de Cent Ans 49

Bayard

le chevalier sans peur et sans reproche 57

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