Histoires de vraies princesses

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Sissi, Victoria, Élisabeth et autres histoires de vraies princesses

Clotilde, la première reine des

francs

Cette histoire commence il y a longtemps, très longtemps, à une époque où notre pays s’appelait la Gaule. Les tribus y étaient souvent en guerre les unes contre les autres et la vie très rude. De nombreux Gaulois espéraient secrètement qu’un jour viendrait où un grand roi se lèverait pour apporter la paix dans le royaume.

Voici l ’ histoire de la princesse qui devint l ’ épouse de ce grand roi.

« C’

est une fille ! » Le cri résonne dans le château et la nouvelle se répand à travers tout le royaume des Burgondes. La reine vient de donner naissance à une belle petite princesse. Le roi Chilpéric se précipite dans la chambre de son épouse pour découvrir leur nouvel enfant. La reine est là, serrant son trésor tout contre elle. Le roi se penche et découvre un joli bébé potelé qui dort paisiblement, son petit poing fermé sur le doigt de sa maman.

Clotilde

Comme elle est belle !, s’émerveille le roi, tout ému. Voilà un merveilleux cadeau du ciel. Nous l’appellerons Clotilde.

Clotilde… Cela lui va si bien, ajoute la maman d’une voix douce. Notre Clotilde sera une grande princesse et une bonne chrétienne, j’en suis sûre.

Les années passent et la jeune fille habite désormais dans le château de son oncle. Elle grandit en beauté et en sagesse : bien vite, sa renommée se répand dans tout le royaume.

Un jour, Clovis, le jeune roi des Francs, une grande tribu de la Gaule, entend lui aussi parler de la si belle princesse. Il convoque alors son conseiller, car il veut lui faire part de son souhait d’épouser Clotilde :

Je suis en âge de me marier et je crois que Clotilde sera pour moi une parfaite épouse. Elle m’aidera à assurer la prospérité du royaume.

Clovis envoie un émissaire pour demander la princesse en mariage. En recevant le message, l’oncle de Clotilde est fort troublé et pense : « Si j’accepte ce mariage, Clovis fera une belle alliance et deviendra très puissant. Mais si je refuse sa demande, je risque de provoquer de nouveaux combats. »

Celui-ci appelle donc la jeune princesse et lui demande : Le roi Clovis souhaite t’épouser et il attend ma réponse. Que dois-je lui dire ?

Clotilde est tout étonnée par cette annonce, elle ne répond pas tout de suite. Bien sûr, elle a entendu parler de Clovis et connaît

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Clotilde

sa réputation de brave guerrier. Mais elle sait aussi qu’il est un roi païen : peut-elle épouser un homme si différent d’elle ? Au fond de son cœur, elle sent qu’elle doit accepter cette demande, un peu comme si elle était appelée à devenir la reine des Francs.

Rapidement, Clotilde part avec toute sa cour pour rencontrer Clovis. Quand le roi aperçoit de loin la princesse, il est subjugué par sa beauté. Il avait déjà vu un portrait d’elle, il avait entendu dire combien elle était gracieuse, mais en voyant cette jeune fille aux longues tresses blondes et aux grands yeux bleus, Clovis est totalement conquis.

Quelques mois plus tard, le mariage de la princesse Clotilde et du roi Clovis est célébré en grande pompe. Quelle fête somptueuse ! Des milliers d’invités affluent des quatre coins du royaume, portant aux futurs époux leurs magnifiques présents. C’est l’évêque Rémi, un prêtre sage qui a su gagner l’admiration et la confiance de Clovis, qui scelle leur union.

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Clotilde et Clovis apprennent à se connaître et vivent heureux.

De leur amour naissent cinq enfants. Pourtant, malgré son bonheur, Clotilde soupire souvent en secret : comme elle aimerait que son mari partage sa foi de chrétienne ! La jeune reine lui parle de longues heures de ce Jésus qu’elle aime tant. Pourtant, rien n’y fait, et Clovis lui donne inlassablement la même réponse : Ce n’est pas moi qu’il faut convaincre, ce sont mes soldats et tout mon peuple.

Un jour, un messager arrive au château, porteur d’une terrible nouvelle : les grands ennemis des Francs, les Alamans, ont franchi le fleuve et menacent d’envahir le territoire !

Clotilde, je dois partir mener mes hommes au combat, annonce le roi à son épouse.

Je le sais. Je t’attendrai ici, en priant Dieu pour qu’il t’accorde la victoire.

Clotilde embrasse tendrement son époux et le regarde partir avec angoisse. Reviendra-t-il saint et sauf de cette nouvelle bataille ? Dieu entendra-t-il sa prière ?

Clotilde

Le roi rassemble son armée et se met en route vers Tolbiac pour arrêter et repousser les Alamans. La bataille fait rage et, au soir, l’armée de Clovis faiblit, car les ennemis sont trop nombreux. Épuisé, le roi pense à sa tendre Clotilde qui l’attend au château, priant pour son retour… Dans un sursaut, Clovis crie vers le ciel : Dieu de Clotilde, donne-moi la victoire et je croirai en toi !

C’est alors qu’un rayon de lumière fend le ciel sombre. Comme par miracle, l’ennemi recule. Clovis reprend courage et redouble d’efforts. Enfin, un grand cri résonne dans la plaine : Victoire ! Victoire ! Les Alamans sont vaincus, ils rentrent chez eux !

Aussitôt, Clovis monte sur son cheval pour porter lui-même la nouvelle à Clotilde.

Ma douce Clotilde, à présent je le sais, Dieu existe et il m’a exaucé. À mon tour, je tiendrai ma promesse : moi et toute mon armée allons demander le baptême à l’évêque Rémi.

Quelques mois plus tard, la neige tombe à gros flocons sur le royaume. C’est la nuit de Noël et la majestueuse église de Reims brille d’un millier de petites lumières. Ce soir-là, nul n’est plus heureux que Clotilde. La reine rayonne de bonheur aux côtés de sa famille. Et quand arrive le grand moment du baptême, elle se sent emplie de fierté en voyant Clovis et tous ses hommes qui s’avancent solennellement vers Rémi pour devenir chrétiens.

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Marguerite de Provence, une reine chez les croisés

Certains rois et reines ont vécu une histoire d’amour exceptionnelle.

Ainsi, Louis IX et Marguerite de Provence ont servi fidèlement leur pays et ont voyagé côte à côte jusqu’aux lointains pays de l’Orient.

Ê tes-vous prêts à entendre

l ’ histoire d'une princesse devenue reine et d'un roi devenu saint ?

Un doux matin de printemps se lève sur le royaume de France. Dans sa chambre, le bon roi Louis a l’air préoccupé.

« Comment vais-je annoncer cette nouvelle à Marguerite ? » songe-t-il.

En cette année 1248, la France s’est mise au service du pape et le roi Louis IX s’est engagé à partir à Jérusalem avec son armée pour libérer le tombeau du Christ. « Comment vais-je prévenir ma douce Marguerite que le départ approche ? », ne cesse-t-il de se demander, très préoccupé.

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Voilà plus de dix ans que Louis et Marguerite sont mariés. Le roi aime tendrement son épouse et se sait aimé par elle. Dieu les a bénis en leur accordant non seulement un bel amour, mais aussi quatre beaux enfants.

Le roi a le cœur lourd à l’idée de se séparer de sa femme pour de longs mois, peut-être même pour des années. Pour se rendre à Jérusalem, le voyage, en effet, est bien long : il faut chevaucher durant des jours et des nuits, emprunter des routes dangereuses, traverser des mers capricieuses et des déserts brûlants.

À ce moment-là, la porte s’ouvre et la reine entre dans la pièce.

Aussitôt, le roi se lève pour accueillir son épouse. Alors que Marguerite franchit la porte du bureau, éclairée par un rayon de soleil, le roi trouve la reine encore plus belle que d’habitude.

Serrée dans une robe de velours rouge et or brodée de fleurs de lys, ses longs cheveux tressés et retenus par un voile sur lequel repose sa couronne, Marguerite n’a rien perdu de sa beauté de jeune mariée. En voyant le front plissé du roi, celle-ci sent immédiatement que quelque chose trouble son époux.

Qu’y a-t-il, mon ami ? Vous m’avez fait demander ?

Oui, chère amie. Il va falloir que vous soyez courageuse : je dois vous quitter pour un temps. Je pars bientôt en expédition, pour aider les armées du pape à libérer le tombeau du Christ à Jérusalem.

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Marguerite de Provence

Je me doutais bien qu’il vous faudrait partir, vous en aviez fait le vœu.

Cela signifie que je pars pour de longs mois, peut-être même plus longtemps encore.

Oui, mon ami, mais cela ne me fait pas peur : j’ai décidé de vous accompagner.

En entendant cela, le roi est étonné. Il finit par répondre :

C’est de la folie ! Je ne peux pas vous laisser faire une chose pareille !

La reine lui répond avec une grande fermeté, mais une grande douceur aussi :

Nous avons si peu de temps tous les deux.

Vous êtes un grand roi, pieux et aimé de votre peuple, mais vous êtes tellement occupé par les obligations du royaume que je vous vois à peine. Voilà une occasion de faire ensemble un long voyage.

Le roi essaye de dissuader son épouse, mais rien n’y fait : la reine est décidée à le suivre à l’autre bout du monde.

Marguerite est prête depuis longtemps à entreprendre cette aventure. Elle sait que ses enfants lui manqueront, mais elle ne supporterait pas d’être séparée si longtemps de son époux, ni de rester seule à la cour avec sa redoutable belle-mère, Blanche de Castille. Et puis, avant de devenir reine de France, Marguerite avait déjà de grandes responsabilités, car elle est l’aînée

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de la famille qui gouverne le royaume de Provence. Ses parents l’ont aidée à devenir une femme accomplie, aussi vertueuse que courageuse et intelligente. Le roi n’aurait pu rêver meilleure épouse : tous deux vivent et règnent côte à côte, en grande harmonie.

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Les préparatifs vont bon train au cours des mois qui précèdent le départ des souverains pour la croisade. Marguerite pense à tout : il faut que les enfants soient confiés à de bons maîtres qui prendront soin de leur éducation. Elle sait également que leurs nourrices seront toujours là pour les rassurer et les consoler. Le roi, de son côté, rassemble son armée, prépare les vivres et les affaires pour le long voyage qui les attend.

La veille du départ, tout est prêt. Le roi et la reine réunissent leur famille dans la Sainte-Chapelle, une magnifique église que Louis IX vient de faire construire à Paris. En y entrant, Marguerite est saisie par le silence. Le roi prend la parole : Seigneur, nous vous confions notre voyage, ceux qui nous accompagnent et ceux qui restent, tout particulièrement nos enfants.

Marguerite l’écoute, tout en regardant les magnifiques vitraux de la chapelle. Dans cet écrin de lumière où chaque lueur brille comme un joyau coloré, elle est paisible. Cependant, quand l’heure du départ arrive, la reine sent son cœur battre très fort. Alors qu’elle se penche pour embrasser ses quatre enfants, Blanche, Isabelle, Louis et Philippe, elle ne peut s’empêcher de pleurer : ils sont si tristes… Lorsqu’elle voit son cher mari qui les embrasse à son tour, alors elle se ressaisit. Elle sent qu’elle a pris la bonne décision et que le roi aura besoin d’elle à ses côtés tout au long de ce difficile périple.

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Les voilà sur la route qui les mène vers le port d’Aigues-Mortes : plus le cortège royal descend vers le sud, plus Marguerite retrouve avec joie les paysages de son enfance. Arrivés près de la mer, il est temps d’embarquer sur le navire, et vers des contrées lointaines… Quelle aventure pour une reine !

La route est longue. Il fait terriblement chaud et les troupes progressent péniblement à travers le désert aride. Malgré la fatigue, le roi Louis et ses chevaliers se montrent courageux car ils doivent souvent se battre pour avancer. Les armées françaises ne sont pas bien reçues et nombreux sont ceux qui veulent les empêcher de gagner Jérusalem. C’est ainsi qu’au cours d’une bataille contre les Égyptiens, le roi est fait prisonnier. Marguerite reçoit le soir même la terrible nouvelle, ainsi qu’une lettre du sultan d’Égypte qui exige une rançon colossale. Malgré son angoisse, la reine sait qu’elle doit garder la tête froide si elle veut libérer le roi et, après des semaines de négociations, les deux époux sont enfin réunis.

Peu à peu, les jours s’étirent en mois, jusqu’à devenir des années : voilà maintenant bien longtemps qu’ils ont quitté la France. Louis et Marguerite n’atteindront pas Jérusalem, le destin en a décidé autrement. Ensemble, ils voyagent plus de six ans à la rencontre de tous les pèlerins qui, comme eux, ont quitté leur pays pour se rapprocher de la Terre sainte. Pendant ces longues années, ils ont la joie d’accueillir trois enfants

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et leur famille, bien que séparée, continue à s’agrandir. Jamais la reine ne s’est sentie aussi proche de son époux. Et le roi lui doit tant… Sans elle, il aurait eu bien des difficultés à accomplir ce premier voyage !

Louis comprend qu’il est l’heure de retourner en France, mais il fait la promesse de repartir un jour en croisade pour voir le tombeau du Christ. Après un long voyage de retour, le roi et la reine franchissent enfin les portes de leur château. Quelle joie, quelles acclamations ! Leur peuple est en liesse : Louis et Marguerite sont accueillis de manière triomphale.

Jamais des souverains n’ont été autant aimés. Ce jour-là cependant, rien ne peut égaler le bonheur de la famille enfin rassemblée.

Table des matières

Clotilde, la première reine des Francs 5

Marguerite de Provence, une reine chez les croisés 13

Madame Élisabeth, une princesse à Versailles 23 Victoria, la grand-mère de l’Europe 33 Sissi, une impératrice de légende 43

Grace Kelly, la couronne d’une star du cinéma 53

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