Magnétiseurs guérisseurs médiums

Direction : Guillaume Arnaud

Direction éditoriale : Sophie Cluzel

Édition : Vincent Morch

Direction artistique : Armelle Riva

Direction de fabrication : Thierry Dubus

Fabrication : Marie Dubourg

Mise en pages : Text’Oh (Dole)

© Mame, Paris, 2020 www.mameeditions.com

ISBN : 978-2-7289-2810-1

MDS : MM28101

Tous droits réservés pour tous pays.

Nihil obstat

le 16 février 2023

P. Francis de Chaignon, Cens. dep.

Imprimatur

le 16 février 2023

Mgr Patrick Chauvet, Vic. Ep.

Direction : Guillaume Arnaud

Direction éditoriale : Sophie Cluzel

Direction artistique : Armelle Riva Édition : Vincent Morch

Direction de fabrication : Thierry Dubus

Fabrication : Morgane Lajeunesse

Mise en pages : Text’Oh (Dole)

© Mame, Paris, 2023 www.mameeditions.com

ISBN : 978-2-7289-3360-0

MDS : MM33600

Tous droits réservés pour tous pays.

Je ne comprends pas ces peurs : « Le démon ! Le démon ! » Lorsque nous pouvons dire : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! » Et le faire trembler. Oui, car nous savons qu’il ne peut bouger sans que le Seigneur le lui permette. Ceux qui ont si grand peur du démon me font maintenant bien plus peur que le démon lui-même ; il ne peut rien me faire tandis que les autres nous inquiètent beaucoup, en particulier s’ils sont nos confesseurs.

Sainte Thérèse d’Avila, Vie, 25, 22.

Laissez enrager l’ennemi à la porte ; qu’il heurte, qu’il frappe, qu’il crie, qu’il hurle, et fasse du pis qu’il pourra : nous sommes assurés qu’il ne saurait entrer dans notre âme que par la porte de notre consentement ! Tenons-la bien fermée, et voyons souvent si elle n’est pas bien close ; et de tout le reste ne nous en soucions point, car il n’y a rien à craindre.

Saint François de Sales, Lettre LI, à Madame Rose Bourgeois, abbesse du Puits d’Orbe.

INTRODUCTION

UN CHEMINEMENT TRÈS PERSONNEL

Formuler et fixer sa pensée sur ce qui relève de l’occultisme est toujours délicat. Car on apprend tous les jours, et l’Adversaire a une grande capacité d’adaptation, rendant la réalité mouvante. Mais, à la fin d’une vie, on peut toujours se risquer à partager et à léguer son expérience, même de façon imparfaite.

J’ai reçu de mon évêque une mission pour ce ministère de l’exorcisme en 2009. Mais il se trouve que j’ai été affronté à l’omniprésence de l’occulte dès les débuts de mon ministère. Ordonné prêtre en 1973, aumônier d’un lycée d’enseignement professionnel, j’ai remarqué très vite combien le monde des jeunes était marqué par certaines pratiques : aller voir un magnétiseur, se rendre chez une voyante, faire du spiritisme avec les ami(e)s… À travers des temps de catéchèse où nous laissions toute liberté de parole sur ces sujets, j’ai pu, année après année, avec des classes renouvelées régulièrement, faire un grand nombre de recoupements, établir une grille d’analyse, en vue d’une compréhension plus fine.

C’est dire que depuis cinquante ans, j’ai développé une écoute et une attention continuelles à ces choses, présentes dans la réalité de la vie courante, mais qu’on analyse si peu. À travers différents ministères successifs – vicaire puis curé de paroisse, aumônier d’étudiants, recteur de sanctuaire marial, puis curé de nouveau –, j’ai toujours accepté un contact avec les personnes qui manifestaient un besoin d’écoute, de conseil, de libération. Cinquante ans, à travers l’écoute de plusieurs milliers de personnes, cela permet d’acquérir un socle d’expérience et une certaine compréhension.

Ma démarche a toujours été de partir du terrain, de la base, de ce que disent les gens. En étant attentif aux difficultés qu’ils expriment, on peut se permettre de les questionner, et ainsi tenter de remonter vers les causes éventuelles, à savoir les impacts occultes provenant de leurs compromissions.

J’ai été aidé, dans ce cheminement, par le contact avec le courant du Renouveau charismatique, catholique et évangélique. En voyant concrètement l’exercice de certains charismes du Saint-Esprit (guérisons, prophéties, au pluriel car ces charismes sont multiformes), j’ai mieux compris comment le démon produisait des contrefaçons, qui pouvaient leur ressembler comme des sœurs jumelles inversées.

Car l’une de nos difficultés habituelles est bien d’avoir du mal à accepter que l’Esprit Saint puisse agir avec force sous cette forme, et que le démon puisse produire aussi des faux-semblants appariés à la guérison et aux révélations. Pour faire court, nous avons du mal à accepter l’existence de réalités spirituelles concrètes venant de l’Esprit Saint et/ou du démon.

Il faut dire que tout cela demande beaucoup de discernement, et si j’ai à cœur de demander un charisme, c’est bien celui-là : le discernement des esprits. Sans omettre l’étude de la grande tradition mystique catholique, et le partage d’expérience avec toutes les personnes engagées dans des ministères de libération, je pense notamment à mes confrères exorcistes.

UNE OMNIPRÉSENCE DE L’OCCULTE SUR LE TERRAIN

Je ne m’attarderai pas longuement sur les statistiques qui nous sont fournies régulièrement. On peut les trouver ailleurs, et elles sont constamment réactualisées. En 2012, Emmanuel Maënnlein, pasteur évangélique, écrivait : « Les phénomènes paranormaux rencontrent un vif succès dans la société française actuelle1. » Voici quelques chiffres :

– dix à douze millions de personnes consultent chaque année un voyant, un médium, un guérisseur ou un professionnel du paranormal ;

– un jeune sur deux (18-24 ans) croit à l’astrologie ;

– plus de la moitié des Français lisent ponctuellement leur horoscope ;

– le degré de croyance au paranormal est proportionnel au niveau d’études effectuées : plus le niveau est élevé, plus la croyance au paranormal est fréquente ;

1. « L’intérêt pour l’occultisme et ses conséquences », Ministère pastoral, cahier HS n° 14, 2012. Consultable en ligne à l’adresse suivante : https://www.croirepublications.com/cahiersecole-pastorale/ministere-pastoral/article/linteret-pour-loccultisme-et-ses-consequences.

– chaque année, 3,2 milliards d’euros – dont un pourcentage élevé non déclaré au fisc ! – sont dépensés chez les astrologues et autres extralucides, selon un article paru dans Le Monde1 .

Selon ce même article, il y aurait plus de 50 000 extralucides en France. Leurs pratiques relèvent de l’astrologie, de la voyance et d’autres formes de divination. Les chiffres sont là. Il y aurait aussi plusieurs dizaines de milliers de guérisseurs, magnétiseurs, rebouteux et autres leveurs de maux. Leur développement est à relier avec le succès croissant des médecines parallèles depuis trente ans.

Un sondage Ifop publié le 2 décembre 2020, à la demande de Femmes actuelles, révèle :

Loin d’être un phénomène marginal, les parasciences rencontrent un engouement chez les Français, et notamment les plus jeunes : 58 % déclarent croire à au moins une des disciplines de parascience, à savoir l’astrologie (41 %), les lignes de la main (29 %), la sorcellerie (28 %), la voyance (26 %), la numérologie (26 %) et la cartomancie (23 %). Et ce phénomène n’est pas seulement répandu, il est également en hausse continue depuis au moins une vingtaine d’années : la croyance dans les prédictions des voyants a également crû de manière continue en vingt ans (plus 8 points) pour s’élever aujourd’hui à 26 %. Cette croyance dans les parasciences se traduit concrètement en actes : plus d’un quart des Français ont déjà consulté un spécialiste (26 %) au moins une fois au cours de leur vie, dont 18 % pour de l’astrologie, 14 % pour de la voyance, 10 % pour de la cartomancie, et 6 % pour de la numérologie. Et là aussi, le phénomène semble progresser au fil des années, si on en juge par la hausse du taux de consultation de voyants : plus 5 points entre 1986 et 2020. À noter que ce recours aux parasciences pour chercher une clé d’explication à une/sa situation a été assez

1. Martine Laronche, « Rubrique et vous », Le Monde, 3 juillet 2011.

répandu à l’occasion de la crise sanitaire puisque 20 % des adeptes ont vu un spécialiste cette année à propos du Covid-191.

Dans son livret Les Nouvelles Sorcières, Bertran Chaudet relève :

Le site internet #WichTok, la communauté des sorcières qui partage leurs sorts sur TikTok, revendique 20 milliards de vues, pour des vidéos envoyées par de jeunes accros. Phénomène mondial de la jeunesse s’il en est ! On ne compte plus les communautés Facebook du style « Sorciers et sorcières de France » ou « Sorcier.e.s — la magie pour toustes », l’écriture inclusive y étant de règle. La génération Harry Potter s’initie aux pratiques occultes et divinatoires et échange sans vergogne des recettes de potions magiques et de sortilèges2 .

Arrêtons-nous là, nous pourrions avoir rapidement le tournis. Cependant, ce détour est nécessaire si nous voulons avoir une idée plus précise des enjeux pastoraux dont il va être question dans ce livre. Quelle pastorale l’Église met-elle en œuvre dans ce domaine dont l’importance n’est plus à démontrer ?

LA MALFORMATION OCCULTE DES CHRÉTIENS

Vous me pardonnerez ce jeu de mots. Mais il faut bien souligner l’absence de formation des chrétiens sur ces questions (occultisme, énergies, etc.), qu’il s’agisse des prêtres, des religieuses ou des laïcs. Leurs connaissances sur les pratiques occultes sont souvent inexistantes, ce qui retentit sur leur

1. https://www.femmeactuelle.fr/actu/dossiers-d-actualite/voyance-astrologie-numerologie63des-francaises-y-croient-2104678.

2. Bertran Chaudet, Les Nouvelles Sorcières, téléchargeable sur www.occultismedanger.fr.

positionnement vis-à-vis de ceux qui en usent. Cela fait à la fois le bonheur des uns et le malheur des autres. Le bonheur des praticiens, qui trouvent dans l’Église un réservoir de personnes très accessibles. Le malheur des chrétiens, car ils ne voient pas où est le problème.

Ces méprises concernent les deux domaines essentiels de l’occultisme, la médiumnité et le magnétisme, les domaines de la fausse connaissance (confusion à propos de révélations, de locutions, de charismes) et de la fausse guérison (confusion entre la guérison divine et les malfaçons énergétiques).

Il est urgent que l’Église, dans son ensemble, consente à des formations permettant d’expliquer l’origine et la nocivité des pratiques occultes. Cela permettra aux acteurs pastoraux de sortir du flou artistique dans lequel nous nous trouvons, et de prendre position en donnant une parole claire, à la fois préventive et curative. Il est nécessaire que dans les lieux de préparation aux missions, séminaires pour la formation des prêtres, centres diocésains pour la formation initiale des laïcs en mission ecclésiale, des modules abordant les réalités de l’occultisme soient proposés avec des intervenants expérimentés.

UN VOYAGE AU PAYS DE L’OCCULTE

Je vous propose ainsi, à travers ces quelques pages, un petit voyage au pays de l’occulte. Nous allons partir des difficultés rencontrées par de nombreuses personnes dans leur vie personnelle, qui prennent souvent l’allure d’un enfermement dans la déveine et l’échec, mais aussi la forme de phénomènes bizarres (appelons-les « paranormaux ») qui les plongent dans la peur et

les isolent à cause de leur difficulté à en parler et à se confier – et, si elles en parlent, c’est quelquefois pour être manipulées par des gens qui leur feront croire à un envoûtement ou à un maléfice venant de l’extérieur (chapitre premier).

Malheureusement, elles ne font jamais le lien entre les graves difficultés qui parasitent leur vie et les services qu’elles ont demandés auprès de praticiens de l’occulte. C’est pourtant là que se trouve la clé de compréhension. C’est évidemment encore plus frappant lorsque la famille baigne dans ces pratiques de façon habituelle (chapitre 2).

Les demandes de services occultes, et/ou l’exercice des pouvoirs occultes, sont présents, pour faire bref, en deux domaines proches, mais distincts :

– celui du bien-être (recherche de guérison et d’améliorations de santé) : la conjuration magique, le magnétisme guérisseur, les soins énergétiques (chapitre 3) ;

– celui de la connaissance (recherche d’un savoir prédictif) : la fréquentation de médiums et de voyants, l’attitude divinatoire, le spiritisme (chapitre 4).

Magnétisme guérisseur et médiumnité sont donc les deux agents principaux de résultats qui peuvent être bluffants, parce que magiques, mais qui s’avèrent délétères à court terme. Il se peut alors qu’on soit tenté de fréquenter des magiciens plus performants pour se libérer des difficultés qui ne manquent pas de survenir – sans compter l’utilisation de divers procédés de magie noire pour régler quelques rivalités ou assouvir une haine tenace (chapitre 5).

Toutes ces pratiques, et tous ces « pouvoirs occultes », ne sont ni des dons naturels ni des charismes venant de Dieu, et nous prendrons le temps d’établir ces distinctions, pour mieux comprendre comment l’exercice des pouvoirs occultes fait nécessairement appel aux esprits diaboliques (chapitre 6).

En effet, ce cercle vicieux mène aux ténèbres. Le « prince de ce monde », comme le nomme Jésus, est à l’œuvre. Il faut apprendre à connaître cet ennemi de l’homme parce qu’il est l’ennemi de Dieu (chapitre 7).

Après bien des errances, arrive un temps où l’on va chercher la libération pour sortir de l’occulte. Quelles démarches faut-il faire ? Auprès de qui ? Y aura-t-il des conséquences ? Comment combattre l’ennemi caché (chapitre 8) ?

Tel est le parcours que nous allons vivre. Vous imaginez bien que ce n’est pas si facile d’y voir clair. Nous allons devoir mobiliser toutes les distinctions utiles à la compréhension. Pour reprendre l’exemple de l’impression d’être enfermé dans une spirale d’échecs (chapitre premier), la déveine n’est pas nécessairement synonyme de lien avec l’occulte ; les phénomènes paranormaux n’accompagnent pas nécessairement la déveine ; la consultation de médiums n’implique pas nécessairement – ou, du moins, pas tout de suite – des manifestations d’emprise extraordinaires ; la complicité avec le Mal n’implique pas nécessairement des liens avec l’occulte, etc. Nous sommes donc affrontés à une réelle complexité, et il nous faudra éviter les réponses simplistes qui mélangeraient facilement les plans spirituel, psychique, paranormal, etc., mais, au contraire, distinguer les plans pour mieux discerner.

Par ailleurs, nous n’allons pas tenter de faire une sorte de sociologie du monde occulte. Si nous réfléchissons et essayons d’approfondir toutes ces réalités, c’est pour en avoir une meilleure compréhension afin d’indiquer les vrais chemins de la libération grâce à Jésus Sauveur.

Commençons maintenant par écouter ce que disent les personnes qui viennent demander l’aide du service diocésain de l’exorcisme.

J’AI DES DIFFICULTÉS ANORMALES DANS MA VIE

IL M’ARRIVE DES PHÉNOMÈNES BIZARRES, JE N’OSE PAS EN PARLER

La compromission avec l’occulte, dans la mesure où elle ouvre un point de passage avec le monde des esprits des ténèbres, peut générer des difficultés sous forme de phénomènes paranormaux. Le démon « pourrit la vie » de la personne par une gêne, un dérangement, un dysfonctionnement, un parasitage en relation avec les perceptions sensibles…

À l’inverse, d’autres personnes tirent de la fréquentation avec l’occulte le sentiment d’être exceptionnelles. C’est, par exemple, le cas des médiums sensitifs, bénéficiant de visions, de locutions, de parfums célestes, de communications divinatoires flatteuses… C’est un autre domaine, celui des faux mystiques, mais aussi des personnes du courant New Age1 s’estimant dotées de « dons exceptionnels », sur lequel je reviendrai : ces phénomènes gratifiants, pris pour des pouvoirs merveilleux, s’avéreront un beau jour totalement délétères…

1. Nous emploierons désormais, de préférence à cet anglicisme, l’expression « Nouvel Âge ».

UNE LIBERTÉ DIMINUÉE PAR UN ENCERCLEMENT MALVEILLANT

De très nombreuses personnes se plaignent d’un climat général d’enfermement dans la déveine, qui marque toute leur vie, parfois depuis des dizaines d’années. J’appelle cela le symptôme d’enfermement dans l’échec. Je le considère comme le symptôme numéro un, le plus fréquent. Il donne une indication sur ce qui se passe : un amoindrissement de la liberté. Il est aussi le terreau sur lequel viennent prospérer d’autres parasitages plus ciblés. Car ceux-ci vont rarement sans celui-là.

La permanence des parasitages paranormaux, souvent vécue douloureusement par la personne qui en est l’objet, est en effet un autre symptôme. Ils sont sources d’angoisse, a fortiori lorsqu’ils entrent en contradiction avec une démarche chrétienne profonde. C’est une sorte d’emprisonnement par l’angoisse et un frein à l’espérance. C’est comme si la personne était le jouet d’un encerclement malveillant qui la maintenait en coupe réglée. Par comparaison avec l’épidémie de Covid-19, cela peut ressembler à des confinements successifs mal vécus.

Cependant, on ne saurait se satisfaire d’une posture victimaire, car celle-ci est souvent le produit d’un déni de responsabilité. Or c’est bien librement que l’on s’est engagé dans des compromissions avec l’occulte dont les conséquences se retournent contre soi – même si l’on voulait s’amuser, même si l’on n’en mesurait pas la portée.

LE CORPS, LE PSYCHISME ET L’ÂME

Les parasitages paranormaux plus ciblés revêtent un aspect auditif, visuel, olfactif, tactile, matériel… On est rarement affecté par l’ensemble, seulement par un, deux ou trois… qui sont évidemment toujours de trop. Les parasitages paranormaux atteignent toute la personne, dans toutes ses dimensions : corporelle, psychique, spirituelle.

La dimension physico-psychique

La personne est attaquée par des phénomènes auditifs (entendre des bruits dans le grenier, des coups frappés dans la maison, des voix), visuels (voir des formes noires, des fantômes qui traversent la pièce ou qui sont assis au pied du lit, des boules de feu), olfactifs (sentir des odeurs pestilentielles de pourriture, de fosse septique, de mort), physiques (perceptions internes douloureuses qui se déplacent dans le corps ou perceptions externes angoissantes comme l’impression d’être touché, plaqué sur son lit, étouffé, étranglé, griffé dans le dos – ressentir un froid glacial sans raison est aussi monnaie courante). Les phénomènes de « mari ou de femme de nuit » (expression surtout africaine pour parler des démons incubes et succubes, des relations sexuelles avec les esprits) relèvent d’une catégorie proche…

Notons que la difficulté à « classifier » ces phénomènes est réelle : où faut-il placer par exemple les objets qui tombent tout seuls, comme s’ils étaient projetés, qui se cassent, explosent, tombent en panne, sont déplacés, perdus et retrouvés ? De nombreuses personnes font aussi état de parasitages en rapport avec les lieux (dans une maison : murs, cave, plafonds, fenêtres) et

les objets (outils professionnels, informatiques, électroniques, ménagers, automobiles…).

La dimension spirituelle

Elle touche à la difficulté d’entrer dans une église, à l’aversion pour les choses sacrées, à des blasphèmes involontaires fréquents, à une panne de mémoire récurrente dans la récitation de prières pourtant connues par cœur, à un fort endormissement au moment de prier. Ici, le lien occulte agit comme un frein dans la relation avec Dieu ou entraîne à se révolter contre lui. En tant qu’exorciste, il est important de questionner sur cette dimension spirituelle : lorsqu’elle apparaît clairement, elle permet de déterminer une atteinte occulte.

L’ARSENAL DU DIABLE

Le diable agit non seulement de manière ordinaire, à travers la tentation, mais aussi de manière extraordinaire, à travers l’infestation, l’obsession ou la possession.

L’infestation

Le diable et les démons tourmentent l’homme par de nombreux parasitages paranormaux qui sont autant de vexations. Ils

l’empêchent de pouvoir se reposer et mettent à rude épreuve le système nerveux des personnes.

L’obsession

Le diable et les démons tourmentent l’homme directement, tant intérieurement qu’extérieurement.

La personne qui est obsédée se sent, par exemple, tourmentée par une envie étrange de se tuer ou de tuer son enfant envers qui,

comme parent, elle nourrit un grand amour ; par des pensées insistantes de mépris envers le Créateur et ses créatures ; par des égratignures sur différentes parties du corps avec des douleurs, des brûlures, qui laissent des bleus et des tuméfactions ; par des troubles physiques qui occasionnent de grandes douleurs, sans que les médecins arrivent à comprendre quelque chose… Et la liste pourrait continuer.

La possession

Le diable et les démons ne se limitent pas à tourmenter l’homme de l’extérieur : ils interviennent en suspendant l’exercice de ses facultés, en prenant possession de lui et en agissant par son corps.

Dans ce cas, l’homme possédé entre en transe au moment où une autre personnalité émerge – celle du diable ou de quelque démon. Puis, la personne reprend l’exercice de ses facultés, la plupart du temps sans se souvenir de ce qui s’est passé. Des problèmes psychiatriques ?

Évidemment, quelques-uns des phénomènes indiqués dans les trois catégories ci-dessus peuvent être causés par une pathologie psychiatrique. Il existe, par exemple, des dédoublements de la personnalité. Mais la présence de certains éléments contextuels peut mener l’exorciste à la certitude de se trouver devant une action extraordinaire du diable ou des démons.

En vérité, parce que les manifestations pathologiques psychiatriques et les manifestations diaboliques paraissent très semblables, les distinguer suppose le croisement des compétences.

LE RAPPORT AVEC L’APPEL AUX ESPRITS

Les phénomènes paranormaux sont souvent le fruit d’un appel direct aux esprits ou d’un commerce habituel avec eux, comme dans le spiritisme ou la médiumnité. Si je cite ces deux domaines, c’est parce que l’écoute montre que les séances de spiritisme ou d’écriture automatique provoquent quasi systématiquement des phénomènes paranormaux vexatoires.

Lorsque la personne est « gratifiée » de problèmes dans sa maison, elle aura beau déménager, cela ne changera rien. Un lieu peut être « infesté », c’est vrai, mais il faut pour cela qu’il y ait eu des rituels sataniques ou une longue pratique de magie sur le lieu même. Mais ce n’est pas le cas pour les personnes victimes de phénomènes paranormaux : elles ont ouvert des portes du côté des ténèbres et « génèrent » en quelque sorte ces phénomènes autour d’elles.

Je n’oublie pas de mentionner aussi qu’on peut en être gravement victime sans compromission personnelle, à cause de maléfices provenant de l’extérieur… C’est un autre aspect, sans doute plus difficile encore à supporter lorsqu’il est avéré. Car on peut là encore être piégé par de faux scénarios.

ON M’A DIT QUE J’ÉTAIS ENVOÛTÉ

AIDEZ-MOI, SVP !

Lorsque surviennent les épreuves de la vie, quelle attitude adoptons-nous ? Nous pouvons rester repliés sur nous-mêmes

– encaisser passivement, ne rien dire aux autres, lutter pour survivre, vouloir garder la main. Nous pouvons aussi chercher

une aide extérieure – nous faire aider par quelqu’un d’autre, ami ou psychothérapeute, nous en remettre à Dieu par une attitude de prière et de foi… ou consulter un praticien de l’occulte. Malheureusement, de nombreuses personnes ont recours à cette dernière solution. Car si certaines attitudes sont plus fécondes que d’autres, il en est une qui est mortifère à coup sûr : la consultation de voyants, de magnétiseurs-médiums et autres pseudo-thérapeutes.

UNE TECHNIQUE BIEN RODÉE

Je ne compte plus les personnes qui viennent voir l’exorciste parce qu’elles sont « envoûtées ». Elles ont « consulté », et le verdict est tombé. Ce mot-clé, « envoûtement », est le fonds de commerce des guérisseurs, magnétiseurs, voyants et autres médiums. Lorsque des personnes vont consulter les praticiens de magie blanche, voici le « scénario » très habituel, bien rodé, à quatre temps, qui est mis en œuvre.

Induire une suspicion

Très rapidement, les personnes qui consultent se font mettre en « mode suspicion ». On leur dit : « Regardez bien autour de vous  : quelqu’un vous veut du mal. » Comme il y a presque toujours une personne avec qui elles s’entendent moins bien ou avec laquelle elles ont un problème… cela oriente leur regard.

Déresponsabiliser

C’est toujours plus facile de penser que nos problèmes viennent de l’extérieur, et de préférence d’une personne mauvaise, toxique, néfaste… À partir du moment où l’on accepte

d’entrer dans ce type d’explication, on va forcément trouver un coupable. Ce faisant, au lieu d’engager notre liberté de façon responsable pour améliorer la situation, nous allons essayer de nous prémunir du « mal qui nous est fait »… Manipuler

par suggestion

Quelle valeur a objectivement l’avertissement du voyant ? Aucune. Mais cette suggestion est redoutablement perverse : elle est ce qu’on appelle une « induction », qui permet par exemple d’implanter un faux souvenir dans l’esprit de quelqu’un. À travers cette suggestion, nous avons été orientés, poussés à faire des liens entre notre situation difficile et l’idée qu’elle pourrait être causée par Untel ou Unetelle.

Enfermer dans le mensonge

Les bases sont totalement faussées, mensongères, et nous acceptons qu’elles puissent être vraies parce que cela nous arrange bien. Nous sommes entrés dans un faux « scénario » qui va produire des effets délétères…

Le pire est que c’est moi qui suis allé consulter des personnes pas nettes. C’est moi qui me suis mis en situation de réceptivité par rapport à un discours divinatoire. C’est moi qui me suis ouvert

à la manipulation.

Nos demandes de services occultes (auprès du monde des ténèbres, à qui nous donnons les clés de notre âme) vont générer davantage de souffrances, que d’autres praticiens confirmeront encore comme ayant été causées par un envoûtement.

ATTENTION À LA CRÉDULITÉ, CETTE REINE ESCLAVAGISTE…

La crédulité1 consiste à croire trop facilement, trop hâtivement ou sans examen critique. Cette pathologie du croire est une sorte de somnambulisme, une manière de dormir les yeux ouverts, une paresse intellectuelle conformiste, où l’intelligence s’est endormie dans l’habitude. Elle est un besoin de croire pour se rassurer qui fait tourner le commerce de l’illusion, une attitude superstitieuse qui cherche des signes pour confirmer ses craintes.

Tant que l’humanité existera, il existera des esprits crédules (assez crédules, par exemple, pour croire aux horoscopes). Parce qu’il y a des crédules, il y aura toujours des imposteurs, des « marchands de sommeil », pour exploiter la faiblesse des premiers : charlatans, faussaires, dupeurs, trompeurs professionnels, manipulateurs…

… QUI POURTANT

NE DOIT PAS FAIRE OUBLIER LE RÔLE DE LA MAGIE NOIRE

Dans la plupart des cas, les parasitages paranormaux proviennent de la sollicitation de personnes ayant des pouvoirs occultes, mais il peut arriver qu’ils proviennent réellement d’un maléfice. Ce n’est pas le même cas de figure : la cause du problème est véritablement extérieure à nous. Néanmoins, avant de prendre au sérieux ce type de considération, il faut en avoir des traces objectives. Il faut demeurer froidement rationnel : tant

1. On trouvera sur le site www.sosdiscernement.org un article sur la crédulité : « Peut-on croire sans être crédule ? »

qu’on n’a pas un début de preuve, on doit s’interdire de penser à un usage de la magie noire.

Un soupçon légitime peut s’installer si une personne a proféré des menaces contre vous, si elle est réputée pour accomplir ce genre de « rituel », si elle est allée voir une autre personne pour le faire et vous l’a laissé entendre, ou encore si vous avez vu chez elle des objets ou des livres qui vous montrent qu’elle est « branchée » travaux à distance et magie noire…

Dans ce cas, il faut premièrement ne pas se compromettre avec la magie blanche et secondement mettre en œuvre un combat de prière. Un entretien et une prière avec l’exorciste du diocèse sont sûrement une aide précieuse pour commencer ce nouveau combat.

Allons plus loin maintenant dans la compréhension de ce qu’est l’atteinte occulte sur une personne qui demande des services marqués par la médiumnité et le magnétisme.

L’ATTEINTE : LIENS OCCULTES ET PORTES OUVERTES

LES LIENS OCCULTES

Ils sont le résultat d’une demande de service auprès de personnes ayant des pouvoirs magiques ou occultes. En effet, nous ouvrons alors la porte à l’action possible des esprits ténébreux, qui vont pouvoir « lier » une petite partie de notre liberté spirituelle. Par cette compromission, nous commençons à être en état de « liberté diminuée ». De surcroît, nous péchons contre

la sainteté de Dieu en idolâtrant notre santé ou notre vie : nous prenons des moyens spirituellement maléfiques…

Ces catégories de « lien occulte » et « porte ouverte » ne sont pas théologiques. Elles expriment plutôt une expérience pastorale. Je vous propose de lire attentivement la citation qui suit, la plus pertinente que j’aie trouvée sur ce sujet :

Il y a un lien spirituel, puisque la personne s’attache à une entité spirituelle inconnue dont la provenance, les facultés et les intentions ne pourront jamais être certifiées, quoi qu’en disent certains médiums1. Qu’il s’agisse d’un démon ou d’un esprit impur, son but est d’entraîner sur les mêmes voies que lui. Jusqu’au jour où il présentera la facture des « consultations », une demande en retour disproportionnée qui n’apparaîtra que plusieurs dizaines d’années après et qui peut ravager une vie. Car on ne « bénéficie » pas impunément de « l’aide » des ténèbres. Il ne peut en être autrement. Concrètement, cela se traduit par un enchaînement anormalement élevé de problèmes que certaines personnes peuvent soudainement rencontrer dans leur vie et qui ravage tout sans raisons claires.

Ces troubles apparaissent en général longtemps (plusieurs dizaines d’années) après, se succèdent et s’amplifient. En quelques mois, dépression, perte d’emploi, divorce, maladie, suicide, accidents peuvent laminer une famille entière. Bien sûr, toute personne « saine » a des problèmes et des souffrances parfois importantes. Cependant, c’est leur fréquence anormale, la concentration sur une personne qui n’arrive plus à s’en débarrasser et les ravages qui entraînent parfois toute une famille, qui montrent qu’ils ne sont pas dans l’ordre « naturel » des choses. Et c’est en remontant le passé de la personne

1. Souvent de bonne volonté, les médiums ont en général conscience d’une forme de communication avec des esprits, mais pensent pouvoir communiquer avec les « bons ». Cependant, il en est du contact avec l’au-delà comme d’un site de conversation sur internet : n’importe qui peut se faire passer pour n’importe quoi. Un esprit impur peut se faire passer pour votre grand-mère que vous aimiez tant ou votre meilleur ami qui s’est suicidé.

qu’apparaissent souvent les pratiques de spiritisme, de voyance ou de « guérisons » par un magnétiseur1.

LES PORTES OUVERTES

Elles sont provoquées de trois façons différentes : – par mes propres demandes de services occultes auprès de guérisseurs, magnétiseurs, etc. ou de soins par des thérapies énergétiques… mais aussi par le désir de « soulever le voile », en cherchant à aller voir de l’autre côté, par la médiumnité, le spiritisme, les guides spirituels, etc., ou encore par l’exercice personnel de pouvoirs occultes ; – par des demandes répétées qui auraient été faites dans les générations passées de ma famille, ou bien par des « pouvoirs occultes » exercés par mes ancêtres proches, et pour lesquels il n’y a eu aucune demande de pardon ni aucune prière pour me libérer de ce lien transmis familialement… ; entrent aussi, dans cette catégorie, tous les rituels de protection accomplis sur des enfants dans certaines cultures africaines, portugaises ou autres ;

– par des rituels de magie noire accomplis contre moi, qu’il s’agisse de vaudou, de satanisme, de maléfices… en veillant bien à demeurer objectif : avoir une présomption fondée et ne pas se faire de scénarios… Un chrétien spirituellement fort (priant, pratiquant) est protégé des conséquences de la magie noire.

1. François Mathijsen, Les Expériences paranormales, Namur, Éd. Fidélité, coll. « Que penser de ? », 2014, p. 86-87.

TABLEAU DE L’ATTEINTE OCCULTE

Les parasitages vexatoires, qui sont le fruit de l’atteinte occulte, peuvent être cernés, me semble-t-il, par l’addition de trois critères.

1. Une captivité dans des troubles psychologiques et psychiques…

Enfermement dans des situations d’échec, où la personne a le sentiment de vivre des difficultés à répétition, sans cause objective détectée (santé, profession, vie affective ou sexuelle, projets).

Prégnance de l’angoisse (mélancolie, cauchemars, crises d’anxiété, obsessions, dépression, idées et pulsions de suicide).

Penchant pour la violence : humeur querelleuse et colérique, vulgarité, sexualité exacerbée et anormale, tendance aux actes de violence et au crime.

2. … associée à une stérilisation ou à une atteinte spirituelle…

Disparition de la prière et de la pratique sacramentelle. Incrédulité vis-à-vis de la Parole de Dieu et de l’Église. Dérision envers la religion, athéisme endurci et triomphant. Pensées blasphématoires involontaires fréquentes. Divisions et brouilles graves dans les familles.

3. … avec parfois la présence de phénomènes paranormaux

Qui affectent les lieux, les appareils, la voiture. Et/ou qui se produisent sous forme visuelle, auditive, olfactive, tactile…