

SOMMAIRE
Introduction p. 4
Chapitre 1
BIEN COMPRENDRE
LE TDAH
p. 7

Chapitre 2
LES PERSONNAGES DU TDAH p. 35



Chapitre 3
RETENTISSEMENT
SCOLAIRE DU TDAH
p. 99

Conclusion p. 154
L’autrice p. 157
Références p. 158
Chapitre 4
RETENTISSEMENT
FAMILIAL DU TDAH
p. 115

Chapitre 5
PROFILS MASQUÉS ET PROFILS
COMPLEXES
p. 131

LE TDAH : DE QUOI S’AGIT-IL ?
Le TDAH, ou trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, est une caractéristique neurodéveloppementale. Loin d’être un manque de volonté ou d’éducation, le TDAH s’explique par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. Ses manifestations, comme l’inattention, l’impulsivité ou l’hyperactivité, peuvent être sources de réels défis pour l’enfant, comme pour son entourage. Cependant, mieux comprendre ce fonctionnement atypique permet de transformer ces obstacles en opportunité d’accompagner différemment votre enfant, tout en valorisant ses forces uniques.

Malgré le terme de « déficit », l’enfant avec un TDAH n’est pas confronté à une absence de ressources attentionnelles, mais à un problème de régulation attentionnelle, c’est-à-dire de difficulté à contrôler, diriger et maintenir son attention. Le TDAH implique aussi des difficultés dans la gestion du comportement et des émotions. Un enfant avec un TDAH qui est vivement intéressé par un sujet est tout à fait capable de se concentrer, mais il va rencontrer de réelles difficultés à s’engager si ce n’est pas réellement intéressant, nouveau ou stimulant. Quand la nouveauté s’estompe ou que la tâche devient redondante, l’ennui arrive à la vitesse grand V, et la capacité à se concentrer chute.
Définition du TDAH d’après les critères officiels
Le DSM-5, le manuel diagnostique établi par l’Association américaine de psychiatrie, définit le TDAH en trois composantes principales :
◗ Inattention : difficulté à se concentrer, à prêter attention aux détails, à rester attentif à une tâche ou à suivre des consignes. Il est noté une tendance à se laisser facilement distraire, à oublier des détails ou à perdre des objets.
◗ Hyperactivité : comportement excessivement agité, difficultés à rester assis ou calme. Cela peut se manifester par le besoin constant de bouger ou de parler.
◗ Impulsivité : tendance à agir sans réfléchir, difficultés à attendre son tour ou à contrôler ses réactions.
Le DSM-5 regroupe l’hyperactivité et l’impulsivité pour structurer le diagnostic, mais les trois composantes restent bien identifiées sur le plan théorique et clinique. Dans la catégorie « Hyperactivité/impulsivité » du tableau proposé à la page suivante, les six premiers items renvoient aux signes d’hyperactivité, et les trois derniers à la composante d’impulsivité.
Le diagnostic est évoqué par un médecin quand les symptômes listés dans le tableau sont présents de manière persistante (sur une durée de plus de six mois), et qu’ils ont une réelle conséquence sur le fonctionnement de l’enfant au quotidien. Le DSM-5 indique qu’ils doivent apparaître avant l’âge de 12 ans dans plusieurs contextes (école, maison, etc.), et les recommandations récentes de la HAS (Haute Autorité de santé) ont indiqué qu’il n’y a pas de limite d’âge établie pour poser le diagnostic de TDAH. Avant l’âge de 5 ans, l’apparition de ces symptômes ne doit alerter que si leur intensité, leur persistance et leur retentissement sont disproportionnés comparés à la classe d’âge de référence.
LES PERSONNAGES DE LA RÉGULATION ATTENTIONNELLE
Tout d’abord, partons à la rencontre des personnages mettant en lumière les processus participant à la régulation de l’attention au quotidien, à partir de situations fréquemment rencontrées par les parents d’enfants avec un TDAH. Afin de faciliter votre lecture et de pouvoir revenir facilement aux outils par la suite en cas de besoin, les outils pour les parents seront indiqués dans des encadrés verts et les outils pour les enfants seront identifiables par des encadrés bleus.

LA VIGIE
alerte attentionnelle

Fonction

A les sens en alerte pour être prête à réagir en cas de nouvelle information
Outil parent
Captez l’attention de votre enfant
Outil enfant
J’active mon corps à l’aide d’une sensation forte
Mantra
Éveille tes sens !
« Tu m’écoutes ?… »
« Désolé, j’étais dans les nuages »
Avoir un enfant concerné par un TDAH, c’est souvent avoir l’impression de répéter infiniment les mêmes choses. « Ne m’a-t-il pas entendu ou bien le fait-il exprès ? » Pour mieux le comprendre, introduisons le personnage de la Vigie, qui nous explique comment fonctionne le processus attentionnel d’alerte.
La Vigie, placée en haut de son phare et chargée de surveiller l’horizon pour capter l’arrivée d’un bateau ainsi que pour détecter d’éventuels dangers, a toujours ses sens en alerte. Elle opère une surveillance active : l’attention est prête à réagir au moindre changement ou à l’arrivée d’une nouvelle information.
Le TDAH engendre un niveau d’alerte moins efficace : l’enfant est parfois moins connecté à son environnement, avec une écoute fluctuante et une moindre capacité à réagir de manière efficace à l’arrivée d’une information. On dit souvent qu’il est dans les nuages.
◗ Particularités sensorielles dans le TDAH
Nos sens nous permettent de capter les informations dans notre environnement pour savoir comment réagir. Le TDAH engendre des perceptions sensorielles assez différentes, avec par moment des ressentis très intenses (c’est la surcharge), et d’autres moments où l’enfant va manifester une forte recherche de sensations (comme toucher à tout, bouger en permanence) pour tenter de réguler son énergie. Les parents nous disent souvent en consultation que leur enfant est à la fois très bruyant mais qu’il ne supporte pas le bruit des autres. Cela renvoie à un traitement sensoriel atypique dans le TDAH.
OUTIL PARENT

CAPTEZ L’ATTENTION DE VOTRE ENFANT
Pour soutenir le niveau d’alerte attentionnelle de votre enfant, vous pouvez notamment capter son regard quand vous lui parlez. En cas de consigne collective, on peut recourir à un signe de ralliement, tel un geste pour capter son attention, avant de formuler la demande (comme utiliser un petit gong, un clap de mains rythmé ou bien voter tous ensemble pour un geste de ralliement collectif).

ACTIVE TON CORPS À L’AIDE
D’UNE SENSATION FORTE
Mobilise ton corps pour engager ton attention : active tes sens pour te mettre pleinement en action !
Goûte
une saveur acide qui réveille (comme un bonbon acidulé).
Respire
une odeur énergisante (comme un gel douche rafraîchissant, un parfum, un stick inhalateur d’huile essentielle).
Écoute
une musique motivante (issue d’une playlist « motivation » que tu t’es créée).
Fais un geste
pour te mettre en action (mettre de l’eau froide sur ton visage, taper dans tes mains, mâcher un chewing-gum).
Change
de lumière
pour activer tes sens, accroche des photos inspirantes sur le mur de ta chambre.
Mets un vêtement ou un accessoire qui dit à ton cerveau : « C’est parti, je suis prêt ! »
Et rappelle-toi, quand tu veux activer ta Vigie pour être prêt à te concentrer : pense d’abord à éveiller tes sens !

LES PERSONNAGES DE LA RÉGULATION ÉMOTIONNELLE
Le TDAH ne se limite pas à l’inattention ou l’impulsivité : la gestion des émotions en est un enjeu majeur. Par exemple, un ado en classe entend son prénom sans saisir le contexte. Son attention dévie : peur du jugement, pensées automatiques… L’émotion prend le dessus, détourne l’attention et provoque une agitation. Comme face à une peur intense, le cerveau réagit en mode survie. La régulation émotionnelle est donc centrale pour comprendre et accompagner le TDAH.

LE CHIEN
accueillir ses émotions


Fonction

Accueille les émotions pour mieux comprendre les besoins
Outil parent
Utilisez l’IA pour donner une image aux émotions
Outil enfant
Je donne des contours à mes émotions
Mantra
Laisse de la place à tes émotions !
Les émotions débordent !
Être parent d’un enfant avec un TDAH, c’est souvent vivre cette escalade émotionnelle où les émotions des uns et des autres se répondent : parent « cocotte-minute » et enfant « bombe à retardement » entrent en résonance. Une étincelle et tout explose.
Le symptôme de la dysrégulation émotionnelle exerce une influence majeure dans le quotidien d’un enfant avec un TDAH (et de sa famille…). La gestion des émotions, notamment de la frustration et de la colère, est un défi important dans le TDAH. Cette compétence fait appel au développement du cortex préfrontal où les fonctions exécutives interviennent pour contrôler nos impulsions : on parle de difficultés d’inhibition dans le TDAH, qui ont un retentissement à la fois sur le plan de l’attention, du comportement et des émotions.
Surfer sur ses émotions est un apprentissage du quotidien. On peut avoir tendance à repousser nos émotions pour éviter la souffrance, les conflits… Alors qu’en réalité, apprendre à leur faire de la place est le meilleur moyen de soulager la tension. Plus on repousse les émotions, plus elles vont revenir à la charge pour chercher notre attention.
La métaphore du Chien peut permettre à l’enfant de comprendre pourquoi les émotions sont importantes à accueillir. Le Chien est particulièrement attentif et sensible aux émotions de l’humain : il ressent quand son maître est triste, stressé ou joyeux. Il n’ignore pas ces émotions, mais y réagit en cherchant à le consoler ou à jouer avec lui, selon ce qu’il perçoit. Cela permet de renforcer le lien qu’il y a entre eux. Pour établir une réelle connexion avec soi-même, il faut également pouvoir accueillir ses émotions et faire connaissance avec elles : c’est le premier pas vers une meilleure régulation émotionnelle.
Être à l’écoute du message que nos émotions nous envoient peut nous aider à mieux nous comprendre, tout comme un chien et son maître établissent une relation plus forte lorsqu’ils sont attentifs l’un à l’autre. Par exemple, si je me mets en colère parce que mon copain ne m’a pas appelé de toutes les vacances, c’est surtout le signe que ce copain est important pour moi ; ma colère est là pour me rappeler que j’ai envie de garder ce lien. Une émotion a le pouvoir de porter en elle nos besoins, mais aussi nos valeurs. Apprendre à les regarder avec curiosité nous aide donc à mieux nous connaître. Plus on repousse ses émotions, plus elles nous reviennent comme un boomerang avec encore plus de puissance (et bing !).
OUTIL PARENT
UTILISEZ L’IA POUR DONNER UNE IMAGE AUX ÉMOTIONS

Pour jouer avec les émotions, utilisez une IA visuelle (comme Copilot) avec votre enfant pour imaginer à quoi ressemblerait son émotion si elle était un animal. Grâce à la fiche ci-contre, vous pourrez formuler des mots clés pour guider la création. Par exemple, si l’enfant imagine sa peur comme un loup, on peut lui proposer d’ajouter des couleurs ou accessoires pour le personnaliser. En voyant son émotion prendre vie sous forme d’un animal unique, l’enfant pourra plus facilement l’accepter et dialoguer avec elle. En séance, certains enfants ont ainsi inventé un « cheval-perfectionnisme », une « panthère-colère » ou un « hippocampe-peur de la foule ».

DONNE DES CONTOURS À TON ÉMOTION
Pour faire connaissance avec ton émotion, tu vas faire appel à ton imagination. Tu vas voir que tu pourras lui donner des formes pour apprendre à la connaître. Tu auras alors moins envie de t’en débarrasser !
Où est-elle dans ton corps ?
Quelle est sa taille ? sa forme ? sa couleur ?
Est-ce chaud ? froid ? doux ? rugueux ?
Si elle était un animal, à quoi ressemblerait-elle ?
Attribue-lui
des accessoires et un nom !
Essaie de dessiner cet animal, de le peindre ou d’écrire une histoire dont il est le héros !
À ton avis, qu’est-ce que ton animal cherche à faire ?
À te protéger ? À t’éviter quelque chose ?

Les émotions sont comme des animaux issus de notre monde intérieur, qui viennent nous visiter pour nous dire quelque chose. Ils attendent d’être vus, acceptés et rassurés. Accepte-les auprès de toi, ils te veulent du bien, mais rassure-les pour que tes « animauxémotions » te laissent la place pour faire ce qui compte pour toi.
LES DÉFIS D’UN ENFANT AVEC UN TDAH À L’ÉCOLE
À l’école, un enfant avec un TDAH doit relever de nombreux défis. Son besoin de bouger, ses difficultés d’attention et son impulsivité peuvent compliquer son adaptation aux exigences scolaires. Voyons ensemble les enjeux qu’il va rencontrer à chaque étape de la scolarité et les stratégies pour mieux les surmonter.
En maternelle : explorer le monde en apprenant les premières règles
Un enfant avec un TDAH est souvent enthousiaste et curieux en maternelle. Il adore explorer, tester et bouger. Mais dans une classe où les activités demandent de la patience et de l’écoute, il peut rencontrer des difficultés à attendre son tour lors des jeux, à maintenir son attention lors de l’écoute d’une histoire. Avec de l’encouragement, des routines visuelles et des activités adaptées à ses besoins de mouvement, l’enjeu va être de l’aider à canaliser son énergie et à potentialiser sa participation aux activités. L’accompagnement de l’enseignant va également être important au niveau de la gestion des émotions, car des frustrations risquent de se présenter à la fois dans les apprentissages et dans les échanges sociaux avec les camarades.

TÉMOIGNAGE D’UNE MAÎTRESSE
« Antoine est un enfant pétillant et curieux, mais il a beaucoup de mal à gérer les transitions. Quand on passe d’une activité à une autre, il peut se mettre à courir ou à protester. Il adore explorer, mais il a du mal à se concentrer sur une seule tâche. Avec des routines claires et des rappels visuels, il s’apaise un peu, surtout si je lui donne une mission spéciale, comme distribuer les crayons. C’est un enfant très attachant, qui apporte beaucoup de vie à la classe, mais il a besoin d’un coup de pouce pour être guidé afin de poser son attention. »
TÉMOIGNAGE D’UNE MAMAN
« Quand Louis est entré à l’école maternelle, j’étais pleine d’espoir et d’appréhension. Il est curieux, débordant d’énergie et adore découvrir de nouvelles choses, alors je me disais qu’il allait s’épanouir. Mais très vite, des difficultés sont apparues. En classe, la maîtresse m’a expliqué qu’il a du mal à suivre les activités en groupe. Quand elle lit une histoire ou propose une activité manuelle, Louis se lève souvent, se met à parler ou veut toucher les objets autour de lui. Les consignes longues sont compliquées pour lui : il oublie ce qu’il doit faire ou il se trompe. Et parfois, quand il n’y arrive pas, il se fâche ou il abandonne. Heureusement, la maîtresse essaie de le valoriser en lui donnant des responsabilités, comme ranger le matériel. À la récréation, c’est un peu compliqué aussi. Louis veut jouer avec tout le monde, mais il a du mal à attendre son tour ou à respecter les règles des jeux. Il court partout, parfois un peu trop vite, et ça peut causer des conflits avec ses camarades. Il n’aime pas perdre, et dans ces moments-là, il peut se mettre en colère ou bouder. Il me raconte souvent qu’il a “fait mal sans faire exprès” en bousculant quelqu’un. À la cantine, c’est peut-être encore plus difficile. Les bruits, l’attente et le fait de devoir rester assis longtemps sont très éprouvants pour lui. La surveillante m’a dit qu’il se lève beaucoup, qu’il parle fort ou qu’il fait tomber ses couverts en jouant avec. Il revient souvent avec son assiette à moitié pleine parce qu’il n’a pas réussi à se concentrer pour manger. Je vois bien qu’il est parfois épuisé par ses journées, mais il a aussi des moments où il est fier de lui, quand il a réussi à finir un dessin, à aider un copain ou qu’il a reçu un compliment de la maîtresse. Ça m’encourage, et je vois bien qu’avec des petits ajustements, il peut vraiment progresser. »
