

PRIÈRES POUR ÊTRE CO N S O LÉ
Préface du frère
Paul-Marie Cathelinais
Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs Et envoie du haut du Ciel Un rayon de ta lumière.
PRÉFACE
« Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur » (Is. 40,1). Cette injonction marque le cœur du prophète. Elle en prépare une autre qui nous enverra « deux par deux » annoncer la bonne nouvelle aux pauvres pour « guérir toute maladie, expulser les démons et annoncer que le Royaume de Dieu est proche ». Alors que les enseignements des Pharisiens font peser des fardeaux trop lourds, la prédication de Jésus les allège. De son cœur, doux et humble, jaillira cet appel : « Venez à moi, vous tous qui ployez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos.» À ceux qui pleurent, qui sont affamés et assoiffés de justice, à ceux qui sont persécutés, il criera : « Heureux serezvous ! » Comment, après tout cela, prêcher autre chose que la consolation ? Comment faire croire que la prédication chrétienne puisse chercher à
accabler, soumettre ou même briser ? Au cœur de toute parole chrétienne, on devrait sentir les entrailles de notre Seigneur qui se compare luimême à une mère souffrant devant la souffrance de ses enfants !
Le petit livre de Bénédicte de SaintGermain est de cette veine. Tels les grains sur le rosaire, ce recueil égrène les cris, les prières, les promesses, les paroles fortes pour être consolés.
Il nous rappelle les textes puisant à la source d’un cœur transpercé. De cœur blessé à cœurs
blessés, ces mots veulent rejoindre la souffrance humaine. La consolation de Jésus fut d’abord compassion, lui qui, d’une certaine manière, refusa aussi d’être consolé pour rejoindre celui dont la souffrance est telle qu’elle flirte avec la désespérance. Par son Fils crucifié, traversé par les doutes de tout abandonné, Dieu prouve qu’il est de leur côté. Mère Teresa, engloutie par la même nuit, disait qu’elle serait « la sainte des athées ». Thérèse de Lisieux, elle-même, se voyait manger à la table des pécheurs, partageant leurs
souffrances. Bref, si les mots de ce livre sont consolants, c’est parce qu’ils viennent de cœurs
souffrants – de vies réelles pour une consolation réelle. Notons enfin avec Benoît XVI que « la prédication du Royaume de Dieu ne se réduit jamais à une simple parole, à un simple enseignement. Elle est événement, tout comme Jésus lui-même est événement ». Par conséquent, les paroles de ce livre peuvent provoquer un changement réel, un événement de résurrection.
Elles ne sont pas magiques, car la magie utilise des forces occultes qui se retournent contre l’autre ou contre nous-mêmes. Elles sont des paroles de vie, des paroles qui nous conduisent vers quelqu’un : Jésus. Consoler vient du latin con- Soli, « être avec le Seul » ! Au cœur de toute solitude, Jésus veut me visiter. Son nom luimême est consolant. Ne signifie-t-il pas « Dieu sauve » ? Il suffirait presque de le dire tant ce nom est puissant. Comme toute parole de Dieu d’ailleurs. Car, au contraire des mots humains, « Dieu dit et cela existe » (Ps 33, 9).
Frère Paul-Marie Cathelinais, o.p. conseiller religieux de Mère de miséricorde

INTRODUCTION
(Is 66, 13)
Je me souviens. La cour de récréation du lycée est parsemée de petits groupes d’élèves qui discutent.
J’ai quinze ans et, hier, ma petite sœur est morte de manière inexpliquée, juste avant sa naissance. Personne encore ne le sait. L’une de mes amies s’approche avec un grand sourire et me demande si le bébé est né. Quand je lui annonce l’effroyable nouvelle, elle me prend spontanément dans ses bras. L’adolescente pudique que je suis est, certes, un peu gênée, mais ce geste caresse mon cœur. Il me console parce que, étant concret et manifeste,
« Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. »
il reconnaît l’existence de ma peine et il me montre aussi que je ne suis pas seule.
Comment être consolés quand nous souffrons, quand nous sommes envahis par la tristesse ou le désespoir ? Comment sortir de la solitude dans laquelle nous plonge la souffrance que nous sommes les seuls à éprouver ? Personne ne peut la comprendre puisque chacun la perçoit de manière différente.
Qui peut apaiser notre peine, mettre un baume sur nos plaies, nous aider à relever la tête, nous rendre des forces et nous permettre de repartir ?
« J’espérais un secours, mais en vain ; des consolateurs,jen’enaipastrouvé », dit le Psalmiste (Ps 68, 21). Qui sait effleurer un cœur à vif ?
Un seul sait dessiller les yeux embués de larmes. C’est le Seigneur. Il est celui qui appelle chacun de nous par son nom. Au long des âges, il a consolé son peuple infidèle et si souvent affligé :
« C’est moi, c’est moi qui vous console » (Is 51, 12). Quand il console, il perfuse l’amour au plus profond de nos cœurs. Inlassablement, il nous relève et nous encourage, nous donne un nouveau souffle pour repartir.
Par son prophète Isaïe, Dieu promet un Messie qui viendra consoler. Il a envoyé son Fils qui a vécu, dans sa chair et son sang, chaque souffrance des hommes. Ainsi, « dans toute souffrance humaine est entré quelqu’un qui partage la souffrance et la patience ; de là se répand dans toute souffrance la consolatio ; la consolation de l’amour participe de Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance1 ».
Ce petit livre propose des prières ou des textes choisis en fonction des différents états que peut éprouver celui qui souffre. Ces états de souffrance ne sont pas strictement séparés et ils peuvent se recouvrir. Que l’on soit dans la tristesse, le désespoir, que l’on se sente seul, abandonné, coupable ou fatigué, que les larmes coulent ou soient retenues, que l’on soit frappé par le deuil ou par la maladie… on a besoin d’être consolé.
Puissent ces prières rejoindre chacun dans sa souffrance et permettre à Dieu, par son esprit consolateur, de le consoler et de l’ancrer dans l’espérance.

CONSOLÉ DE LA TRISTESSE
Face à l’épreuve, la tristesse nous replie sur nousmêmes. Cette émotion que nous ressentons spontanément a pour rôle de nous protéger, comme la peur ou la colère. À ce titre, elle est à accueillir et non pas à combattre, encore moins à entretenir.
Nous sommes tristes quand nous nous sentons seuls, quand nous souffrons, quand nous ne trouvons pas de sens à notre épreuve… Alors, « nous sentons fortement le besoin que quelqu’un nous soit proche et éprouve de la compassion envers nous », explique le pape François.
Pour consoler, il faut aimer l’autre et se rendre proche de lui. Comme Jésus qui, rencontrant le jeune homme riche, « posa son regard sur lui, et il l’aima » (Mc 10, 21). « Consoler, ce n’est pas réparer le réel, décrit le psychiatre Christophe André , mais
« Il leur dit alors : “Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi.” »
(Mt 26, 38)
c’est tenter d’alléger la souffrance de la personne qui a été heurtée par l’adversité9. »
Il existe des degrés dans la souffrance. Pour des épreuves et des souffrances légères, de petites consolations suffisent à rendre la force et l’espérance : une visite bienveillante, la guérison d’une maladie, etc. Mais plus la peine est grande et plus elle atteint la personne dans son énergie vitale. Alors, la consolation – qui va plus loin que la compassion – permet à celui qui souffre de trouver un nouveau souffle et de puiser des forces dans son cœur profond, pour supporter l’épreuve et avancer librement sur un nouveau chemin de vie.
Tristesse légère dans laquelle nous avons parfois envie de nous complaire, tristesse qui pose comme un voile de ténèbres sur la vie, tristesse profonde… il n’est pas une seule tristesse que Dieu ne visite, que Dieu ne console en offrant l’espérance. Marie, mère de miséricorde, don de Dieu à ceux qui pleurent, est là aussi. Mère du Vendredi saint, elle est aussi mère du petit matin de Pâques, quand toute tristesse est effacée, toute souffrance, transfigurée.
Ô Notre-Dame de Consolation, vous que Jésus m’a donnée pour Mère quand il était sur la croix afin que vous soyez ma consolation dans la souffrance et la douleur, venez à mon secours dans la tribulation où je me trouve. Si vous ne me consolez pas, si vous ne me soutenez pas, si vous ne me délivrez pas, qui pourra me consoler, me soutenir et me délivrer ?
C’est en vous, en votre bonté et en votre secours que j’ai mis ma confiance, ô ma Mère.
Tournez vers votre enfant vos regards favorables.
Ô Notre-Dame de Consolation, consolez-nous, soutenez-nous, délivrez-nous.
Chantant un cantique de reconnaissance, je publierai éternellement votre puissance, votre bonté, votre miséricorde et votre amour.
Jésus, alors que « tout est accompli » et que s’approche celui qui va te livrer (celui que tu appelles « ami » malgré tout), tu te rends à Gethsémani pour prier.
Tu te fais accompagner de tes proches amis et tu commences à « ressentir frayeur et angoisse »
Les ténèbres envahissent ton âme.
Un froid glacial broie ton cœur.
Tu reviens vers tes amis et tu les trouves abrutis de sommeil, incapables de te réconforter.
Jésus, comme toi, « mon âme est triste à en mourir ».
La tristesse m’étreint. Toi qui l’as vécue et qui l’as vaincue par ta résurrection, viens habiter ma tristesse, viens la transfigurer par ton amour.
Donne-moi l’espérance, qui est le sourire de Dieu.
À PARTIR DE Mc 14, 33 - 34
Mère du Vendredi saint, tu pleures, debout près de la Croix. Ton cœur est transpercé, brisé, broyé. Ton fils et ton Dieu souffre et meurt sur la Croix. Et il nous confie à toi.
Mère des douleurs, mère de nos douleurs.
Mère des larmes, mère de nos larmes.
Mère déchirée, mère de nos déchirements.
Mère du Samedi saint, tu crois que ton fils ressuscitera après trois jours. Tu attends dans l’espérance.
Mère de l’attente, mère de nos attentes.
Mère de l’espérance, mère de notre espérance.
Mère du dimanche de Pâques, tu exultes et tu te réjouis : ton Fils est ressuscité !
Par sa mort, il a vaincu la mort. Tu relis la vie de ton Fils à la lumière de sa résurrection.
Et tu comprends. Mère de la blessure transfigurée, mère de nos blessures transfigurées.
Marie, mère du calvaire, mère de l’attente et mère de Pâques, prie pour moi.
Au soir d’Amour, parlant sans parabole, Jésus disait : « Si quelqu’un veut m’aimer
Toute sa vie, qu’il garde ma Parole
Mon Père et moi viendrons le visiter.
Et de son cœur faisant notre demeure
Venant à lui, nous l’aimerons toujours !
Et de son cœur faisant notre demeure
Venant à lui, nous l’aimerons toujours !
Rempli de paix, nous voulons qu’il demeure
En notre amour ! »
SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT - JÉSUS
Être consolé.
Il n’y a que toi, mon Dieu, il n’y a que toi, Marie, qui pouvez nous consoler.
Il suffit de vous chercher…, de vous appeler…
de vous trouver… et de vous aimer.
Là est notre consolation.
Ouvrir sa porte de tristesse à Marie, c’est ouvrir grand son cœur meurtri, la laisser entrer en nous par la prière.
Là est notre consolation
SYLVIE PÉTARD 10
La descente de Consolation sur les apôtres orphelins, dans le cœur abandonné, dans l’âme sans chemins que Dieu a quittée, dans la Nuit intérieure où personne ne guide personne. Ténèbres. Tout est fermé, les routes, les portes. Nul pied pour marcher, nulle clef pour ouvrir.
« Et tout à coup il se fit un grand bruit comme d’un vent impétueux… »
Soudain la lumière brise les portes, la corde d’angoisse se rompt, les pieds se délient, le vent souffle Dieu au visage, l’Amour soulève la terre, la Joie renverse tout ! Alors, les pensées en déroute s’éclairent, se reconnaissent, se réconcilient, s’accordent, s’illuminent… se taisent. Le Silence sait tout. Le Silence dit tout.
Et de l’âme, hier désolée, part le chant d’un bonheur immense.
MARIE NOËL11
Toi qui m’as fait voir tant de maux et de détresses, tu me feras vivre à nouveau, à nouveau tu me tireras des abîmes de la terre, tu reviendras me consoler.
Ps 70, 20 - 21
Mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère.
Ps 130, 2
Ne nous créons pas nos souffrances, mais quand elles se présentent, comme Jésus, comme Marie, portons-les vaillamment.
La souffrance prend la valeur que lui donne celui qui la porte. De grâce, ne souffrons pas pour rien, c’est trop triste… Je connais maintenant la JOIE la plus pure, la plus douce qu’on puisse connaître : celle de vivre pour les autres et pour leur bonheur.
C’est en pensant aux souffrances de Jésus Christ, à son amour rayonnant sur la croix, que je suis parvenue à m’unir à lui dans une communion intime et constante.
MARTHE ROBIN
