Créez vos bouteilles de sorcière

Créez vos bouteilles de sorcière

20 spelljars en pas à pas

Les fiches pratiques

DES BOUTEILLES POUR SE PROTÉGER DES SORCIÈRES

Les bouteilles de sorcières, ou spell jars en anglais, ont fait leur grand retour sur les réseaux sociaux, et y ont d’ailleurs un succès retentissant. Impossible de scroller sur le « Witchtok1 » sans voir passer de nombreuses vidéos détaillant comment réaliser des sorts, que ce soit pour se protéger, pour attirer l’amour, la chance et bien d’autres.

Pourtant – et cela est étonnamment très peu connu –, l’usage que font les sorcières modernes des spell jars n’a rien à voir avec leur utilisation d’origine.

Car les bouteilles de sorcières n’étaient en réalité pas créées par les sorcières en question, mais bien par les gens qui voulaient se protéger de leurs mauvais sorts !

Ainsi, la magie des fioles est plus liée aux superstitions et croyances d’un lieu et d’une époque, plutôt qu’issue du savoir occulte et mystérieux réservé aux pratiquant·e·s de la sorcellerie ! Les bouteilles de sorcières sont tout d’abord étroitement liées à la tradition anglosaxonne et leur pratique a connu un pic entre le xvie et le xviie siècle, à l’heure des violentes et mortelles chasses aux sorcières.

D’après Matthew Winterbottom, commissaire d’une exposition à l’Ashmolean Museum d’Oxford de 2018 nommée « Spellbound : Magic, Ritual and Witchcraft », ces fioles étaient très appréciées, car vivre à l’époque médiévale était loin d’être une chose aisée. « Le danger et la mort étaient à chaque coin de rue, cela poussait les gens à essayer d’influencer leur destin avec la magie. Ceci sans oublier l’influence de la religion et de l’Église : on leur présentait un univers rempli d’anges et de démons. Finalement, le peuple faisait peu de différences entre la prière pour un saint et l’incantation pour conjurer un esprit. »

Ces artefacts sont donc très connus dans l’archéologie anglaise, une centaine d’entre eux ayant été retrouvés et étudiés.

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La communauté sorcière sur le réseau social Tik Tok.

En revanche, malgré les recherches contemporaines, il est encore rare de retrouver des reliques de ces bouteilles sur le continent européen.

Mais alors, de quoi sont faites les bouteilles de sorcière à l’origine ?

Aujourd’hui, la mode est aux jolies fioles en verre remplies d’herbes séchées et scellées avec de la cire colorée. Bien que visuellement belles, elles ne ressemblent pourtant absolument pas à leurs ancêtres du Moyen Âge !

Joseph Blagrave, un astrologue anglais du xviie siècle, auteur de l’ouvrage Pratique astrologique de la physique : découverte de la véritable façon de guérir toutes les maladies et infirmités, a écrit cette recette à suivre en cas de malédiction :

« Une autre façon [De créer une bouteille pour conjurer une malédiction] est de récupérer l’urine du patient, de la verser dans une bouteille et d’y mettre trois clous, épingles ou aiguilles avec un peu de sel blanc, en gardant l’urine chaude : si vous la laissez longtemps dans le flacon, cela mettra la vie des sorcières en danger : car j’ai constaté par expérience qu’elles seront gravement tourmentées, passant les eaux avec une grande difficulté, voire pas du tout, d’autant plus si la bouteille est faite lorsque la Lune est en Scorpion en carré ou en opposition à son significateur. »

Une fois terminée et scellée, la bouteille était enterrée, tête en bas, devant des points stratégiques du foyer à protéger : la porte d’entrée, la fenêtre, la cheminée. En cas de malédiction, le flacon était d’abord passé au feu : s’il explosait, alors le sortilège était immédiatement levé.

D’autres croyances racontent que les sorcières étaient attirées par l’urine de la fiole dont elles se retrouvaient prisonnières après s’être empalées sur les pointes métalliques.

L’urine de la victime sert ici de témoin (lien avec la victime) dans le cadre de la magie sympathique : le sort (ou ici le contre-sort) touchera la personne à laquelle elle appartient. Les clous, épingles et aiguilles permettent de « figer », « clouer » ou « fixer » une personne ou un sort, une façon de faire que l’on retrouvait déjà à l’époque gréco-romaine. Des cheveux sont souvent enroulés autour de ceux-ci. On pouvait aussi rajouter dans la bouteille des os d’animaux, pour leur côté tranchant. Lors de recherches, des représentations du corps humain ont été retrouvées dans des flacons, comme des cœurs percés d’épingles.

FAIRE

DES BOUTEILLES DE SORCIÈRE AUJOURD’HUI ?

Avec cette origine assez effrayante, comment cela se fait-il que les spell jars soient devenues si populaires ?

Je pense d’abord que cela est dû en majorité à une ignorance de notre histoire occulte. D’autre part, le caractère esthétique de cette pratique remporte un grand succès dans une société très influencée par les réseaux sociaux.

Soyons honnêtes : les fioles de sorcière ont un attrait visuel évident. Elles ont ce petit côté magique et accessible que l’on recherche lorsque l’on commence sa pratique magique. Elles sont montrées comme fiables et simples à faire ce qui, en soi, n’est pas faux, même si certains détails sont un peu trop souvent oubliés à mon goût !

Cependant, peut-on réellement faire des bouteilles de sorcière en sachant qu’elles ont jadis été faites pour leur (nous) nuire ? Si cet ouvrage est arrivé entre tes mains, alors mon avis sur la question est évident.

Je pense que l’on ne pratique pas de la même manière lorsque l’on a des informations qui nous permettent de faire un choix conscient et éclairé. Du fait de mon militantisme, je suis pour que l’on se réapproprie les insultes

faites aux sorcières et ici, les armes qui ont d’abord été utilisées pour nous rabaisser, nous humilier et pire encore.

Aujourd’hui, les bouteilles de sorcières sont devenues une pratique magique économique et facile, que ce soit pour attirer l’amour, la chance, développer sa créativité, etc. Elles sont aussi très utiles pour la protection mais, cette fois, c’est le·la sorcière qu’elles protègent contre des intentions désagréables !

À mon sens, cette nouvelle utilisation de ces artefacts est un pied de nez osé aux chasseurs de sorcières et il serait trop dommage de s’en passer.

DANS LE BON ÉTAT D’ESPRIT

Avant toute chose, je tiens à préciser certains points qui me semblent absolument primordiaux.

Ma parole ne vaut pas plus que celle d’un·e autre. Cet ouvrage et ces mots sont le résultat de mes pensées, de ma vision et de ma perception des choses ainsi que de mes expériences personnelles. Et les expériences sont toujours uniques, même lorsqu’elles sont universelles.

Sens-toi toujours libre de remettre en question ce que tu lis et – surtout – de te rendre compte que tu es parfaitement libre de faire les choses comme tu l’entends. Ce qui fonctionne pour moi peut ne pas être le bon chemin pour toi, et vice versa. Cela est tout à fait normal et ne veut pas dire que tu pratiques mal. Nous sommes simplement tous·tes différent·e·s, il est évident que nos besoins et nos résultats varient légèrement.

Il n’y a aucune pression à se mettre. Sauf celle, peut-être, de garder un point d’honneur à pratiquer la magie avec honneur, éthique et respect, la prise en compte de ces conditions étant cependant laissé à l’appréciation de chacun·e.

De fait, il est important de comprendre que l’efficacité d’un sort ne dépend pas

uniquement des herbes, des couleurs et des jours de la semaine. La magie, c’est accessible. Au Moyen Âge, et même bien avant, penses-tu que les sorcières qui n’avaient pas de rose rouge sous la main en plein hiver se retrouvaient dans l’incapacité de réaliser leur sort ? Bien sûr que non, et heureusement !

Ta pratique, je te conseille de l’adapter à ton lieu de vie et aux saisons. Forcément, trouver des pétales de rose dans le jardin sera plus simple en mai qu’en novembre. Si tu habites près d’une forêt, tu trouveras de nombreux ingrédients fabuleux auxquels celleux qui vivent près de la mer n’auront pas accès, et inversement. Tout cela va influer sur la richesse et la nuance de tes travaux magiques.

Et ta pratique, je tiens à le rappeler, ne doit jamais te ruiner. Nous pouvons facilement être tenté·e·s par le consumérisme ambiant et le désir d’avoir un autel ou des bouteilles de sorcière aussi beaux que ceux des autres pratiquant·e·s. On se dit que, pour être meilleur·e, il faut absolument acheter cet ingrédient, et ce chaudron, et cette

baguette en bois de cerisier japonais qui aurait été béni sous un clair de lune qui n’apparaît qu’une fois tous les 400 ans.

Spoiler alert : tu n’as pas besoin de tout ça. Être un·e sorcière, ça n’a pas à coûter cher. Le prix à payer n’est pas là. Il est dans le temps et la dévotion que tu y mets. Il est dans tes efforts, dans tes pensées, dans tes actes du quotidien. Mais il ne doit pas être dans ton porte-monnaie.

Et cela vaut pour tout le matériel contenu dans cet ouvrage. Jette un œil à ton foyer, regarde ce que tu as déjà chez toi. S’il te manque quelque chose, peut-être que tu peux le créer toi-même ? Concernant les herbes, le rayon des épices de ton supermarché ou ton jardin feront très bien l’affaire.

Tu l’auras compris, pour que ta bouteille de sorcière soit réussie, il ne suffit pas de verser quelques herbes, un peu de cire par-ci par-là, en te disant que le tour est joué.

Comme pour toute pratique magique, la magie des fioles requiert un état mental particulier, que certain·e·s décrivent comme une forme de transe tant la concentration est forte. De mon côté, j’appelle ça le witch mode. Je sais, rien de bien original !

Mais, pour moi, lorsque je me mets en witch mode, cela veut dire que, petit à petit, je me prépare mentalement à la tâche qui m’attend. J’essaie d’atteindre un certain calme, pour éviter le plus possible les pensées parasites qui pourraient me détourner de mon but. C’est comme si mon corps et mon esprit savaient que l’on entrait dans une bulle un peu hors du temps, dans laquelle je suis tout entière dédiée à mon tirage, mon sortilège ou ma création.

Ce witch mode peut être atteint de bien des manières, et cela demande, comme tout sur le chemin des arts occultes, de l’entraînement.

Demande-toi déjà : qu’est-ce qui t’aide à te concentrer ? Est-ce que c’est de méditer ? Écouter de la musique ? Danser ? Écrire ? Lire un livre, te balader ? Tout est bon, tant que cela fonctionne pour toi.

Ce qui est particulièrement efficace pour moi, c’est de réfléchir précisément à ce que je veux faire.

C’est d’imaginer le résultat obtenu, le soulagement que je ressentirai lorsque ma volonté deviendra réalité. C’est de visualiser ce que ce sort changera dans ma vie, de quelle manière, au bout de combien de temps…

Créez vos bouteilles de sorcière et profitez de leur magie en tout lieu et à chaque instant !

Autrefois confectionnées pour se protéger des mauvais sorts ou ériger une barrière défensive devant son foyer, les bouteilles de sorcière font aujourd’hui leur retour dans les pratiques magiques modernes : attirer l’amour ou la chance, protéger l’être aimé, amplifier sa magie… Autant d’utilisations bénéfiques des spell jars.

Dans cet ouvrage, apprenez à choisir vos contenants et vos ingrédients, écrire vos sortilèges, activer vos fioles magiques, puis vous en débarrasser sans danger, une fois leur action accomplie. Protection, éloquence, esprit léger, inspiration, sommeil paisible, découvrez 20 bouteilles de sorcière à personnaliser selon vos besoins ! 9.95