Est-ce que tu m'aimes quand tu es en colère contre moi ?

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Illustrations de R. Lefebvre

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Les grandes questions des enfants décryptées pour trouver vos réponse de parents

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sommaire

Pourquoi est-ce qu’il faut toujours prendre une douche, se brosser les dents et aller au lit ? 7

Pourquoi ce sont toujours les adultes qui commandent ? 15

Pourquoi y a-t-il des règles ? Ça sert à quoi la loi ?

Pourquoi est-ce que tu peux regarder ton téléphone et pas moi ?

Pourquoi ne veux-tu pas que je dorme dans ton lit ?

Est-ce qu’on peut être amoureux tous les deux ?

Pourquoi me dis-tu de ne pas toucher mon zizi devant tout le monde ?

Est-ce que tu m’aimais déjà quand j’étais pas né ?

Est-ce qu’on se connaissait déjà ?

Est-ce que mes parents sont toujours amoureux même s’ils se sont séparés ? Est-ce qu’ils m’aiment encore moi ?

Mon copain n’a pas de papa. Il a deux mamans. Comment c’est possible ?

Comment ma sœur est-elle arrivée dans le ventre de Maman ? 87

Tu saignes, Maman ? Tu t’es blessée ?

C’est comment, quand on est mort ?

Où est Mamie ? Pourquoi elle ne revient pas ?

Est-ce qu’elle est fâchée contre moi ?

Est-ce ma faute s’il est mort ?

Tu es malade, est-ce que tu vas mourir ?

Est-ce que tu m’aimes quand tu es en colère contre moi ?

Pourquoi est-cE que

tu pEux rEgarder

ton téléphone et pas moi ?

Les écrans sont des outils formidables. Ils nous permettent de gagner du temps, d’avoir accès à de multiples informations et loisirs ainsi que d’être joignables très facilement. Mais leurs effets sur le développement des bébés et des enfants ne sont pas à prendre à la légère. L’exposition aux réseaux sociaux, aux regards fantasmés sur le monde, mais aussi au harcèlement et à la violence est particulièrement nocive pour les jeunes en souffrance. Depuis l’introduction massive des smartphones auprès des populations adolescentes, on voit leur taux de suicide augmenter de façon très nette.

Chez les tout-petits, l’exposition aux écrans est tout simplement contre-indiquée. Elle vient concurrencer des apprentissages essentiels au bon développement des bébés et est responsable de retards de langage chez les plus jeunes. Une « balise 3-6-9-12 » a été pensée d’après les travaux de Serge Tisseron1 pour donner des repères aux parents et leur faire savoir ce qu’il est souhaitable d’organiser autour de ces écrans si présents aujourd’hui. Les recommandations de cette balise sont très concrètes. Pour les plus jeunes, la règle est simple : « Zéro écran avant trois ans. » Ni télévision, ni tablette, ni téléphone, ni ordinateur, ni console de jeux… Une histoire lue par un adulte, une comptine chantée ensemble ou un jeu d’imagination profitent bien plus aux bébés qu’un programme télévisé, même à visée éducative.

Alors que dire à un enfant de moins de trois ans qui veut accéder au téléphone de ses parents ? Il est possible d’expliquer tout simplement : « Tu ne peux pas regarder d’écran, car c’est mauvais pour toi. Je te protège de ce qui pourrait te faire du mal. De même que je ne te donne pas d’alcool ou de cigarette, je ne te donne pas mon téléphone. Ton cerveau de bébé est encore bien trop immature pour bénéficier de cet usage. Bien sûr, on peut faire un 1. À consulter sur 3-6-9-12.org

34 • Pourquoi est-ce que tu peux regarder ton téléphone et pas moi ?

selfie pour l’envoyer à Mamie, mais je ne te donnerai pas mon téléphone pour que tu joues avec. »

On peut lui proposer ensuite d’autres activités sensorielles ou interactives qui l’intéressent. Dans un moment calme, on peut lui raconter qu’un nouveau-né (comme lui quand il était plus petit) a besoin d’être porté, soigné, nourri et de baigner dans une enveloppe sonore qui le stimule. Ses parents accompagnent leurs gestes de mots, modulent leurs voix en fonction de leurs émotions. Même tout petits, les bébés initient une interaction à laquelle leurs parents répondent. S’ensuit un dialogue sans mots, mais avec des sons, des gestes, des regards plus ou moins appuyés. On peut aussi leur expliquer que les écrans ne répondent pas à ces besoins de modulations très riches qu’appellent les sollicitations des bébés. Les écrans ne s’adaptent pas finement à leurs interlocuteurs.

Pour bien faire comprendre aux enfants pourquoi les écrans ne sont pas recommandés, on peut leur décrire la façon dont euxmêmes développent leur intelligence en utilisant leur corps, en essayant et en touchant. C’est du mouvement que naît la pensée. En leur montrant qu’un écran n’est qu’une surface en deux dimensions face à laquelle nous sommes dans l’ensemble immobiles, ils comprendront que ce n’est pas du tout la même expérience que de toucher des objets. On peut prendre l’exemple des premiers puzzles qui est plutôt parlant. Ces puzzles sont constitués de grosses pièces, en bois ou en carton avec une texture et une forme que l’on peut toucher. Elles sont en volume pour permettre aux enfants de s’approprier la forme par l’espace qu’elle prend. Ces formes entrent dans des trous qui correspondent exactement, et ces trous peuvent également être touchés, regardés sous plusieurs angles. En faisant observer un puzzle aux enfants, ils saisiront combien cet objet les sollicite et les stimule différemment d’un écran.

Les questions de nos enfants nous amusent et nous enchantent souvent, mais elles peuvent parfois nous déstabiliser. Quand elles concernent des sujets intimes comme l’amour, le corps, la famille, la maladie, la mort… Pas évident, en tant qu’adulte avec son propre vécu et ses propres émotions, de trouver des réponses adaptées.

Les questions abordées dans ce livre sont celles que les enfants de trois à six ans posent le plus souvent. Chacune d’entre elles est décryptée pour vous permettre de comprendre ce qu’elle peut cacher de plus profond : quelle peur, quel besoin, quelle envie… Et ce, afin d’apporter à votre enfant exactement ce qu’il attend : pas une réponse toute faite, mais la vôtre.

Ancienne praticienne hospitalière dans le Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Necker Enfants Marie Touati-Pellegrin

pédopsychiatre, praticienne contractuelle à la Maison de Solenn et à l’hôpital

est Cochin, à Paris.

Romane Lefebvre

est autrice et

illustratrice originaire de la région lilloise. Aux éditions Mango, elle a publié l’album À qui est ce tambour