Le pouvoir des liens

Les clés pour construire des relations durables

En tant que psychologue clinicien, mon regard sur le lien social s’inscrit d’abord dans une lecture qui met en valeur le sujet de la santé mentale, du bien-être individuel et de la cohésion sociale à l’intérieur des groupes et des communautés. Cela inclut les liens familiaux, amicaux, professionnels, culturels et communautaires qui existent entre les personnes.


Si le lien social peut prendre différentes formes ; des conversations informelles, des interactions en face-à-face, des échanges de courriers électroniques, des discussions en ligne ou des activités de loisirs et de groupe; il est toujours porteur d’un contenu qui relie les êtres entre eux, mais parfois les éloigne aussi.

De fait, le lien social contribue directement à notre bien-être psychologique et émotionnel. Les relations sociales alimentent un sentiment d’appartenance plus ou moins fort qui nous aide à faire face aux difficultés de la vie et à mieux nous adapter aux changements, à mieux vivre les imprévus et les surprises, plaisantes comme désagréables. Ce lien social est fondateur de la cohésion sociale de quelque groupe auquel nous appartenons, et c’est ce qui favorise ou pas la capacité des membres d’une communauté à collaborer et à s’entraider pour atteindre des objectifs communs.






















































































Le lien social est essentiel pour plusieurs raisons.
Prenons chaque émotion et voyons leurs territoires exclusifs ou pas :
TRISTESSE
Déprime
Vide
Douleur
Peine
Culpabilité
Honte
Humiliation
Amertume
PEUR COLÈRE
Frayeur
Panique
Énervement
Agacement
Irritation
Froid
Excitation
Dégout*
Inquiétude
Doute
Anxiété
Angoisse
Jalousie*
Bien-être
Calme
Sérénité
Chaleur
Dégout*
Injustice
Trahison
Rancune
Haine
Jalousie*
Plaisir
Satisfaction
Fierté
(*) : Les mots associés à des astérisques concernent des ressentis qui ne sont pas exclusifs à l’émotion associée. Tous les autres ressentis sont exclusifs à l’émotion mentionnée dans le tableau.
Il est à noter que la joie ne peut être reliée à aucun ressentiment dont la tonalité inconfortable est incompatible avec le statut de la joie.
Il est utile ici de préciser que tout ressenti, pour celui qui l’émet, possède une caractéristique qui lui est spécifique : un ressenti est incontestable pour celui ou celle qui le ressent et/ou l’exprime.
Si j’apprécie quelqu’un ou si à l’inverse je ne l’aime pas, personne ne peut venir me dire que j’ai tort ou raison. Je peux entendre qu’on soit d’accord avec moi, ce qui se traduit souvent par la remarque suivante : « C’est vrai, tu as raison. » Pourtant, rien pour autant ne prouve que nous ayons raison, mais tout porte à croire que nous ayons le même ressenti !
Dans toutes les organisations que je croise et dans lesquelles il y a des conflits, c’est lorsqu’un individu arrive et impose à son entourage son ressenti, parce que c’est vrai pour lui.
Il est persuadé d’avoir raison et que c’est la réalité…
Si c’était vraiment le cas, nous aurions tous et toutes le même avis sur les personnes que nous croisons, sur les événements qui s’imposent à nous. Donc ce que nous ressentons, ce n’est « qu’une » réalité alternative, subjective.
C’est une loi que je décris en indiquant que l’émotion qui nourrit nos ressentis fonctionne comme un système de réalité augmentée. Chacun d’entre nous posséde un prisme émotionnel, fruit de notre histoire, de notre éducation, de nos blessures et de nos réussites qui qualifie d’une valence plus ou moins négative ou positive et plus ou moins intense, le réel.
Ressentir, c'est donner du sens à la réalité...
Dans le questionnaire qui suit, il n’y a pas d’intérêt à choisir les réponses qui vous semblent les plus pertinentes. Vous êtes ici face à vous-même. Il s’agit de questionner ce que nous savons ou pas de notre rapport à la solitude et notre niveau d’estime de soi.
Pour chaque situation décrite, vous aurez plusieurs propositions. Vous devrez choisir la réponse qui vous semble la plus naturelle. En reportant vos réponses dans la grille de cotation ci-après, vous pourrez lire le résultat.
1 Un ami de longue date vous offre un cadeau d’une très grande valeur :
a. Vous le remerciez chaleureusement en lui disant que ça vous touche.
b. Vous vous demandez d’abord combien ça a pu lui coûter.
c. Vous vous dites que ça vous gêne un peu autant d’attention.
d. Vous trouvez ça un peu excessif finalement.
2 Vous assistez à une dispute dans un magasin. Un client agresse verbalement la vendeuse en lui disant qu’elle fait n’importe quoi !
a. Vous restez précautionneusement en retrait.
b. Vous intervenez en prenant la défense de la vendeuse qu’on ne peut pas traiter ainsi à vos yeux.
c. Si c’est à vous qu’on parlait comme ça, vous seriez interdit.e.
d. Vous demandez à la vendeuse s’il y a quelque chose que vous pouvez faire.
3 Vous arrivez en retard à l’anniversaire de votre filleule, la fille de votre meilleure amie…
a. Vous vous confondez en excuses auprès de votre amie en lui disant que vous auriez dû mieux prévoir les choses.
b. Vous pestez contre la circulation imprévisible.
c. Vous lui demandez si ce n’est pas trop tard.
Les émotions dans les relations professionnelles
Les relations personnelles ont le plus souvent une dimension affective que les relations professionnelles ne possèdent pas. L’implication émotionnelle n’est pas la même et chacun ne fixe pas ses besoins ou priorités au même endroit.
Nous avons réalisé en 2017 une étude sur la différence des profils émotionnels pour une même personne, selon qu’elle réponde à un questionnaire centré sur son travail ou centré sur sa vie personnelle. L’échantillon concernait 2 500 personnes de près de 25 nationalités, à partir de deux questionnaires différents.
Hommes et femmes, nous ne sommes pas
forcément égaux face à nos émotions...
75 % des profils émotionnels chez les hommes et 95 % chez les femmes sont sensiblement les mêmes quelque soit l’environnement personnel ou professionnel.
Cela implique que sont adoptées les mêmes postures émotionnelles au travail comme à la maison.
Cet écart entre les hommes et les femmes impliquent que les hommes plus que les femmes n’adoptent pas les mêmes postures émotionnelles au travail. La différence essentielle se situe dans la capacité des femmes à préserver l’accueil de leurs émotions au travail ou celle des hommes à moins se laisser influencer par leurs émotions sur leur lieu de travail. Plus de sincérité des femmes ? Plus de contrôle et d’auto-censure des hommes ?























Dans les faits, en environnement professionnel, la prise de distance envers leurs propres émotions comme celles de leur entourage est plus marquée chez les hommes.





















Les émotions dans les relations professionnelles
Reportez le nombre de fois où chaque forme a été choisie et découvrez ci-dessous vos résultats. Vous pouvez à la fois lire ce qui apparaît être dominant, si les scores sont bien différenciés. Si certains scores sont serrés, lisez les textes à la lumière de la hiérarchie qui se dégage.
SI VOUS AVEZ UNE DOMINANTE DE l
Votre façon d’entrer en relation se caractérise par une forme de prudence. Vous avez à cœur de vous montrer précautionneux.se et de prendre le temps d’observer l’autre avant de témoigner de l’intérêt à son égard. Il est important pour vous de contrôler la situation et de ne pas vous retrouver dans des situations embarrassantes sur le plan relationnel. Ceux qui vous connaissent peuvent vous considérer comme quelqu’un de peu téméraire dans la construction de vos relations. En même temps, ils peuvent se dire que cette attitude est plutôt sage, même si cela peut vous faire passer à côtés de belles opportunités de rencontres.
Si votre meilleur score suivant est le n, cela tempère votre prudence qui, d’expérience, reflète une bonne connaissance de l’autre et la capacité à sentir en qui vous pouvez spontanément avoir confiance ou pas.
Si, à l’inverse, votre meilleur score suivant est le s, cela peut indiquer que vous avez plutôt à cœur de ne pas prendre le risque d’être déçu.e par quelqu’un, même si cela peut réduire les occasions de faire des rencontres. Le plus dur à gérer, ça pourrait être la déception.
Si enfin votre meilleur score suivant est le ♦, cela peut signifier que votre patience peut parfois être mise à rude épreuve lorsque vous avez pris le chemin de l’engagement. Si l’autre en face n’est pas en mesure de témoigner du même engagement que le vôtre, cela peut devenir un sujet de disputes.
Conclusion
La génération du baby-boom (1946-1964)
Elle se distingue par des personnes qui privilégient la stabilité et la longévité dans les relations. Elles ont préférentiellement une forte valeur de l’engagement à long terme. Le mariage, la famille ou le travail sont des domaines dans lesquels la durée est un critère de sérieux. Dans le monde professionnel, ce sont régulièrement des personnes qui associent la notion de travail avec celle de labeur. La vision des relations est plus traditionnelle et l’effort à produire pour investir du temps et faire preuve de patience permet de maintenir une relation sur le long terme, même si elle n’est pas forcément synonyme de bonheur.
Les différences générationnelles influencent la façon dont les individus s’engagent dans les relations. Au-delà de cas particuliers, il existe certaines tendances et caractéristiques générationnelles qui peuvent influencer l’engagement relationnel.
La génération X (1965-1980)
Ce sont les premiers à avoir été exposés aux changements sociaux rapides. Leur taux de divorce est en augmentation par rapport à la génération précédente. Ce sont les premiers à formuler le désir de ne pas se sacrifier pour l’autre. Ils ont souvent une approche plus pragmatique des relations et s’autorisent à remettre en question les conventions sociales. Ils peuvent valoriser l’autonomie et l’indépendance, et être enclins à rechercher un équilibre plus marqué entre vie personnelle et professionnelle.
Le pouvoir des liens
Ce livre, pratique et illustré, vous propose d’explorer l’influence des émotions et la qualité des relations qui en découle.
Robert Zuili, nous explique avec simplicité comment les ressentis favorables, tels que l’empathie et la bienveillance, peuvent renforcer les relations et aider à lutter contre la solitude. Il nous invite à comprendre la façon dont elles peuvent influencer notre capacité à communiquer efficacement, à prendre des décisions et à résoudre des conflits. Savoir reconnaître et gérer ses propres émotions, ainsi que comprendre celles des personnes qui nous entourent, est essentiel pour établir des relations professionnelles et personnelles saines et durables.


Afin de mettre en pratique ses conseils, l’auteur vous partage ses stratégies pour gérer vos émotions, renforcer vos relations et surmonter vos sentiments négatifs à l’aide d’exemples concrets et d’exercices adaptés. À la fin de votre lecture, vous disposerez ainsi de toutes les clés nécessaires pour établir et entretenir des relations épanouies au quotidien


Robert Zuili
coach d’entreprise et auteur de multiples ouvrages, dont Les clés de nos émotions et Comprendre les émotions de nos enfants Convaincu que l’émotion est au cœur de la relation et joue un rôle clé, trop souvent méconnu, dans notre aptitude au bonheur, il intervient également dans les organisations en tant que restaurateur du lien social.