
Greg Blondin et Manon

Le terme manga est un mot japonais : man -> dérisoire ga -> représentation graphique ou dessin
On pourrait donc le traduire par image dérisoire, dessin comique…
Le manga est un art populaire. Les Japonais en lisent quel que soit leur âge ou leur sexe. C’est un produit de grande consommation. Il se divise en plusieurs catégories, chacune destinée à un public bien précis. Par exemple, Shonen pour jeunes garçons, Shojo pour jeunes filles, Seinen pour jeunes hommes, etc.
Au Japon, il se vend 370 millions de mangas par an ! Énorme, non ? La France est le deuxième pays au monde lecteur de mangas avec 48 millions par an.
Le manga est tellement populaire que ce mot ne désigne plus seulement un ouvrage, mais aussi un style de dessin. Bien entendu, en manga, il existe plusieurs styles et il serait réducteur de penser que tous les auteurs, appelés mangakas, dessinent de la même façon.
Si tu compares Naruto, Dragon Ball et One Piece, ce ne sont pas les mêmes dessins. Ce serait comme dire qu’il n’y a qu’un style de dessin en bande dessinée. Titeuf, Astérix et Les Sisters ne se ressemblent pas.
DÉSIGNER LEURS LIVRES ILLUSTRÉS, LEUR BANDE DESSINÉE.
Le savais-tu ?
Au Japon, les mangas sont d’abord pré-publiés dans des magazines hebdomadaires, dont le plus connu est le Weekly Shonen Jump.
Un magazine compte une vingtaine de chapitres de 20 séries différentes.
Au bout de 10 semaines, les chapitres sont réunis pour que chaque série puisse être vendue séparément.
Si tu trouves qu’il y a énormément de mangas dans ta librairie préférée, sache que ce n’est qu’une infime partie de ce qui est publié au Japon.
En France, nous connaissons surtout la production appelée Shonen, qui désigne les mangas d’aventure et d’action pour adolescents.
Il existe des codes mangas qui, s’ils sont bien utilisés, permettent à n’importe qui dans le monde de dessiner dans le style manga.
OUI, MAIS MOI JE SUIS FRANÇAISE, ALORS COMMENT POURRAIS-JE FAIRE DES DESSINS MANGAS SI JE NE CONNAIS PAS LE JAPON ?
- Le sens de lecture se fait de droite à gauche, contrairement à chez nous !
- Le nombre de pages est conséquent (environ 200 pages).
- Le format est un format de poche très pratique, avec une couverture souple.
- Les cases : verticales, horizontales, elles peuvent aussi être complètement éclatées pour renforcer une action ou un moment de tension ; c’est une caractéristique forte qui peut déstabiliser parfois lorsqu’on lit son premier manga.
- Les plans : les mangak as jouent beaucoup avec la composition de la planche (la page) et les personnages en sortent souvent. Il y a aussi beaucoup d’indications de mouvement, comme des lignes, par exemple, appelées Speed Lines.
- Les onomatopées : c’est la manière de signifier des bruits. En manga, ce sont des éléments graphiques à part entière qui peuvent parfois prendre toute la planche.
- Les bulles sont souvent verticales et très variées. Elles prennent diverses formes qui permettent d’accentuer les émotions des personnages ou une ambiance.
- De grands yeux et un nez minimaliste sont propres au manga, même si ces codes influencent de plus en plus les BD classiques.
- Le mélange de styles : d’une page à l’ autre, on peut trouver un même personnage en dessin réaliste suivi d’un dessin plus caricatural, lors de passages humoristiques notamment.
- Le noir et blanc : les mangakas doivent dessiner 20 pages par semaine et la mise en couleur serait trop longue. C’est donc avec des trames de motifs (voir page 58) que les effets sont réalisés. On retrouve néanmoins des couleurs sur la couverture des mangas ou, bien sûr, quand ils sont adaptés en dessin animé.
Avant de commencer à dessiner ton personnage manga, il convient de préparer tout le matériel nécessaire pour le créer de A à Z.
Bonne nouvelle ! Contrairement à certains loisirs comme l’équitation ou la musique, le dessin ne coûte pas cher ! Quelques dizaines d’euros te suffiront à acquérir la plupart du matériel nécessaire, comme celui d’un mangaka professionnel !
- Feuilles de papier de 90 g
- Gomme classique ou mie de pain
- Crayon à papier HB (ni trop gras ni trop sec) et taille-crayon ou critérium (avec une mine de 0,5 mm).
Pour passer du crayonné à un dessin à l’encre, plusieurs outils sont possibles :
- La plume et l’encre de Chine
C’est ce qu’il y a de mieux pour encrer, mais c’est aussi l’outil le plus complexe à manier. C’est ce qu’utilise la majorité des mangakas.
- Les feutres fins
Ils existent en différentes épaisseurs de mine pour varier les traits. Choisis-les à encre permanente si tu veux passer de la couleur par-dessus.
Attention !
Si tu dessines à la plume, pense à utiliser un papier plus épais, sinon l’encre passera au travers…
- Éventuellement des trames adhésives de motifs (voir page 58).
- Crayons à papier pour griser ton personnage de différents types (HB, B, 2B, etc.) si tu dessines en noir et blanc.
- Des crayons de couleur, des feutres d’écolier (ou à alcool si tu souhaites de l’encre indélébile), de la peinture ou une tablette numérique si tu dessines en couleur (voir page suivante).
- Les feutres souples
S’ils demandent un peu plus d’expérience, ils permettent de tracer de jolis traits avec des pleins et des déliés. On en trouve aussi à encre permanente.
- Le liquide blanc correcteur
Il te servira à corriger des erreurs d’encrage ou ajouter du blanc sur un aplat de noir.
- La tablette lumineuse
Elle te permet de décalquer ton crayonné sur une nouvelle feuille. Cela t’évitera d’avoir à gommer.
Ce chapitre sur le matériel ne serait pas complet si je ne te parlais pas du dessin numérique. En effet, de plus en plus d’auteurs utilisent des tablettes. Il en existe de différentes sortes et marques. Voici mes conseils si tu veux tenter l’expérience :
La palette graphique
On dessine sur une palette en plastique, mais le dessin n’apparaît que sur l’écran sur lequel tu vas la brancher. Elle ne coûte pas très cher et c’est un bon début si tu veux passer au numérique.
La tablette connectée
Encore très chère il y a quelques années, elle se démocratise de plus en plus. Son avantage est qu’elle permet de dessiner directement sur l’écran.
Cependant, il te faut obligatoirement un ordinateur sur lequel tu vas brancher la tablette qui n’est qu’une sorte d’écran tactile.
La tablette autonome
Elle est idéale si, pour toi, le manga est plus qu’un loisir, c'est-à-dire une passion, mais c’est l’alternative la plus chère. Elle permet de dessiner directement sur l’écran, sans avoir besoin d’être branchée sur un ordinateur. Tu peux donc l’emporter partout avec toi et dessiner quand tu le souhaites.
Voici les marques de tablettes numériques les plus connues : XPPen, Huion, Wacom et Apple (IPad).
D’AILLEURS, LE LIVRE QUE TU ES EN TRAIN DE LIRE A LUI-MÊME ÉTÉ DESSINÉ ET COLORISÉ PAR TABLETTE !
Parlons maintenant de logiciels, qui sont indispensables lorsque tu as une tablette numérique. Il en existe des gratuits et des payants. Les plus connus sont : Adobe Photoshop®, Clip Studio Paint, Krita et GIMP.
Je te conseille de commencer par un logiciel gratuit. Tu pourras te fier aux nombreux avis des utilisateurs sur Internet pour savoir lequel choisir.
Maintenant que tu as toutes les informations utiles pour commencer ton dessin, c'est parti...
Devant une superbe représentation d’un manga, on peut autant être impressionné que découragé face à la complexité du dessin. Lorsqu’on lit un manga, on voit le travail fini de l’auteur, mais on ne se rend pas compte des
heures de travail et de toutes les étapes qu’il a fallu pour y parvenir. Je vais donc te montrer le processus de création pour que tu puisses t’en inspirer et réussir un dessin manga à tous les coups !
Tu pourras utiliser les conseils de ce livre dans de nombreuses situations.
Tu vas peut-être dessiner un personnage statique, en mouvement, dont on voit juste le buste ou même créer ta propre planche manga… Quel que soit ton choix, les étapes de dessin que nous détaillerons ensuite seront les mêmes.
Pour des poses complexes, tu peux faire un petit croquis simplifié en haut de la page pour tester ta pose.
C’est l’étape de construction.
Son but : définir la base de ton dessin et choisir la pose de ton personnage (statique, en action, etc.).
Attention ! À cette étape, n’appuie pas trop sur ton crayon, car il faudra pouvoir gommer les traits pas la suite.
Les notions importantes : anatomie, morphologie, proportions et forme du visage vont caractériser ton personnage.
Matériel : crayon à papier, gomme.
Une fois cette étape validée, passe à l’étape suivante !
Certains dessinateurs marquent les articulations par de petits ronds, d’autres non. Il n’y a pas de règles pour la construction. Tu affineras ta technique avec de l’entraînement.
C’est l’étape de réalisation.
- Son but : préciser à quoi va ressembler ton personnage.
- C’est l’étape la plus longue qui demande beaucoup de patience. Si tu t’appliques, tu le verras apparaître et prendre vie sous tes yeux.
- Les notions importantes : yeux, nez, bouche, cheveux, mains, pieds, vêtements.
- Matériel : crayon à papier, gomme. Une fois satisfait(e) de ton crayonné, tu peux passer à la dernière étape !
FAIS-MOI CONFIANCE, FINIR UN DESSIN ET LE VOIR APPARAÎTRE EN GOMMANT LES TRAITS DU CRAYONNÉ EST UN SENTIMENT VRAIMENT SATISFAISANT.
C’est l’étape de finalisation.
- Son but : mettre au propre ton dessin.
- C’est l’étape qui demande le plus de concentration, car tu ne pourras pas gommer et revenir en arrière. Elle est la plus appréhendée par les apprentis mangakas, par crainte de gâcher leur dessin.
- Les notions importantes : encrage, aplats de noir, nuances de gris, pose éventuelle de trames et mise en couleur si tu le souhaites.
- Matériel : feutre noir ou plume et encre de Chine pour l’encrage, et trames, crayons de couleur ou feutres pour les finitions.
Une fois ton encrage terminé, attends quelques minutes que l’encre sèche pour gommer les traits du crayonné et pouvoir passer à la couleur si tu le souhaites.
Depuis que je dessine, j’ai appris au fil des années qu’il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs. Elles font partie de l’apprentissage. Et chacune d’entre elles que tu corrigeras te fera progresser. Un peu comme lorsqu’on apprend à faire du vélo, on trébuche, on zigzague et ensuite, ça roule !
Tu es fan de BD et plus particulièrement de mangas ? Alors, comme tes auteurs préférés, lance-toi et apprends à dessiner tes propres personnages !
Choix du matériel, étapes du dessin, visages et expressions, caractéristiques des personnages selon le genre de mangas, poses, mouvements… Ce livre te dira tout et te guidera pas à pas pour créer des dessins simples et pleins de vie !
Grâce à tous les conseils et aux très nombreux exemples illustrés, tu pourras rapidement inventer tes propres héros et héroïnes !
Greg Blondin est illustrateur de bandes dessinées pour la jeunesse et anime des ateliers. Manon est scénariste et coloriste. Ensemble, ils livrent de façon claire tous leurs secrets pour des dessins réussis !
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