GREEN
Texte Neșem Ertan
L’ÉCOLOGIE CHEZ NOUS : DE L’ARCHI’ AU LIFESTYLE Alors que la Covid a amplifié en moi le désir de partir à la découverte du reste du monde, je sais que ce n’est plus une option de prendre l’avion pour aller déranger les poissons exotiques. L’IPCC a annoncé cet été dans son rapport pour les Nations unies que le compte à rebours climatique s’est accéléré. Bien que ce mot me donne des allergies, il devient “urgent” que j’active ma transition. Mais je suis du genre... lucide. Je suis aussi incapable de construire une Tiny House de mes propres mains que d’avoir l’envie d’y vivre. Par où vais-je commencer? Et où en sont mes compatriotes ? Nos maisons et nos habitudes de vie sont-elles sur la bonne voie ?
PAR OÙ COMMENCER ? Je sais d’ors et déjà que je veux éviter de tomber dans un perfectionnisme écologique rigide qui me fera détester la (sur)vie. Mais où est donc le « starting point » ? Satish Kumar, dans son livre Pour une écologie spirituelle, m’apprenait qu’écologie signifie connaître sa maison et économie gérer la maison. Il faut donc connaître avant de gérer. Une question surgit alors dans mon esprit : « Sais-je au moins ce qui pousse chez nous ? ». Je pose la question à Google et il me présente le document Plantes des zones humides du Luxembourg publié par Natur&ëmwelt. C’est vrai que si je passais plus de temps avec la faune et la flore de ma région, je ressentirais sans doute un ancrage plus fort.
« ÉCOLOGIE SIGNIFIE CONNAÎTRE SA MAISON ET ÉCONOMIE GÉRER LA MAISON » Je précise ma question en retournant sur le moteur : « Si je souhaite manger local et de saison, que mettre dans mon assiette ? ». Le site antigaspi.lu répond alors à ma question avec un document signé #RégionalSaisonnier. Ma feuille de route commence à se dessiner. Je dois tout de même faire un aveu. La feignasse en moi rêverait que mon environnement ne propose que des choix de consommation responsables et accessibles pour que j’ai moins à réfléchir. Vous savez… que les grands magasins ne vendent que des produits qui cochent déjà toutes ces cases et que seules quelques « destinations péché-mignon » nous proposent encore des avocats pour nos salades hipster et des cochonneries dans des jolis packagings. Ainsi, pourrions-nous plus occasionnellement kiffer l’irresponsabilité en toute mindfulness. À l’heure actuelle, 48
j’ai bien l’impression que nous vivons dans le scénario contraire. Les tentations sont partout tandis que l’offre alternative reste à dénicher. C’est toujours dans ces moments de frustration que ma machine à rêves se met en marche… Comment serait-ce si tout était au mieux dans le meilleur des mondes ?
LISONS L’AVENIR DANS LES CARTES Être designer a pour sens racine le fait de rendre l’environnement habitable pour l’humain, or le nôtre est en train de se dégrader à une vitesse grand V. En 2021, nous devons concevoir des solutions à la hauteur des défis inédits qui nous attendent. Pour mieux visualiser nos futurs potentiels, je choisis de m’appuyer sur la Megatrend Map de la ZukunfsInstitut : une cartographie mondiale qui connecte entre elles les tendances et contre-tendances relevées sur tous les plans (socioculturelles, économiques, écologiques, technologiques, etc.). Hop, je prends la ligne verte Neo-Ecology pour une petite balade en métro et je lis : minimalism, common good economy, bio boom, slow culture, plant based, circular economy, green tech, urban farming, zero waste… Tous ces mots se transforment en pièces de Lego dans mon esprit et je commence à apercevoir la « Home Sweet Home » du futur, ou plutôt la « Home Green Home ». Mais il faut rendre à Cléopâtre ce qui est à Cléopâtre : ma muse s’appelle Oona Horx Strathern. Lors de sa dernière conférence à la Home Expo Luxembourg, l’analyste projetait : « Demain, nous ne parlerons plus du square meter de nos appartements, mais du shared meter ». Perso, ça me motive. Je ne me vois pas survivre à cette dystopie sans de bons voisins bricolo. Le concept du co-living permet d’incarner presque tous les critères d’une vie aussi résiliente que génératrice d’abondance collective. On peut imaginer des quartiers entiers au sein desquels l’habitant partage ses équipements, cultive ses aliments de manière locale et collaborative, tend vers le zéro déchet et permet à ses enfants de grandir libres et responsables.