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ICONOGRAPHIE (p

ICONOGRAPHIE (p

INTRODUCTION

Ces trois dernières années, je me suis rendue compte de deux choses. Premièrement, que les enjeux contemporains qui animent le monde d'aujourd'hui sont pratiquement tous dus à une catastrophe environnementale ou sociale : catastrophes naturelles (séismes, cyclones, tsunamis...), montée des eaux (zones inondables, engloutissement des territoires,...), migrations croissantes (crise de l'eau, conflits politiques, crises économiques, conflits ethniques...), etc... Deuxièmement, qu'ils ont presque tous un enjeu commun... l'architecture ! Comment faire face au besoin de logement d'urgence après une catastrophe climatique ? Comment construire avec la montée des eaux ? Comment accueillir et loger une si grande population de réfugiés ?

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J'avais beau avoir conscience de ces enjeux depuis un certain nombre d'années, quand je suis rentrée en école d'architecture, j'ai alors réalisé l'urgence de la situation, et la confrontation fut telle qu'il m'est très vite venue l'envie de sauter dans le train en marche pour de ne surtout pas laisser le monde avancer sans moi. Tel prend ici sens la légende du colibri. “Faire ma part”, ce n'est pas l'espoir de changer le monde uniquement par mes propres moyens, mais plutôt l'espoir qu'en réunissant les “parts” de chacun nous puissions tendre, ensemble, à la réalisation de grandes choses. En tant que cadre indispensable à la vie, et de part sa qualité première d'organisation des espaces dans lesquelles la vie prend forme, l'architecture constitue un véritable moyen d'influence. Aussi bien engagé

politiquement que socialement, le métier d'architecte m'est alors apparu comme un remarquable champ d'action. Ainsi l'indique l'architecte Alejandro Aravena, «Notre plus grand défi consiste à répondre à des questions qui n'ont rien à voir avec l'architecture»1 . Face aux dérives sociales et environnementales que connaissent aujourd'hui nos sociétés, devenir architecte, c'est pour moi faire le choix de m'exprimer et de me rendre utile. L'architecture, c'est ma part à moi. Faire ma part, et si infime soit elle, car il n'y a qu'en commençant par là que le monde changera.

Mon approche de l'architecture se base donc principalement sur la volonté d'un engagement personnel dans la construction et la transformation du monde qui nous entoure. Tournée vers des problématiques environnementales et sociales contemporaines, elle place à la fois l'Homme et la Nature au centre de mes préoccupations dans l'optique d'un respect général et d'un épanouissement réciproque. L'architecture apparaît pour moi comme une manière d'agir à différentes échelles : en prenant soin de l'homme et en veillant à l'épanouissement de chacun, en favorisant partage et collectivité, elle peut alors participer à une évolution des modes de vie et à un meilleur fonctionnement global de la vie en société. Au delà de ça, en tant que l'un des secteurs les plus polluants, la construction est un enjeu clé dans la question de l'impact de l'homme sur l'environnement. Elle peut, par une réelle transition, devenir moins consommatrice et plus responsable afin de prendre en compte la question de la protection de l'environnement et des générations futures. Une architecture durable consiste avant tout pour moi en une architecture écologique.

De l'échelle de la nature à l'échelle de l'homme, en passant par celle de la société, mon approche de l'architecture s'organise autour de ces trois grands axes. Inspirée de la notion d'écologie comme « Études des relations réciproques entre l'homme et son

1 SABBAH Catherine, 2016, Alejandro Aravena, LesEchos.fr

2 GUATTARI Félix, 1989, Les Trois Écologies, éd. Galilée, p.22 environnement » (CNTRL), pas uniquement physique mais également moral et social, et en accord avec la pensée de Félix Guattari, psychologue et psychanalyste du XXe siècle, ces trois axes, ou échelles d'interventions, se définissent comme trois dimensions de l’écologie : l'écologie environnementale, l'écologie sociale, l'écologie mentale. Le concept dégagé par Félix Guattari, nommé plus largement « écosophie » consiste à penser d'un seul tenant ces trois écologies, dans l'optique que les problèmes environnementaux que nous connaissons ne viennent pas uniquement d'une surexploitation de la planète mais bien d'une dérive sociale, elle même due à une perte de subjectivité chez l'individu. Pour résoudre les soucis environnementaux, il faudrait alors traiter le problème en profondeur, à commencer par une reconnexion de l'homme à sa « psyché » et une nouvelle manière de vivre ensemble : « il s'agira littéralement de reconstruire l'ensemble des modalités de l'être en groupe»2 . Dans mon approche, ces trois écologies se définissent respectivement par une architecture durable et écologique, une architecture collective et participative à l'écoute de l'usager, favorisant une nouvelle manière de vivre en société, et une architecture sensible, suscitant imaginaire et émotions, participant à l’épanouissement de l’homme et questionnant la place de la création artistique dans l'espace urbain. Cette vision que je porte aujourd’hui sur l'architecture retranscrit en réalité trois aspects de ma construction personnelle, à la fois distincts et complètement liés. De mon enfance dans la nature et du respect toujours entretenu pour cette dernière, de l'engagement social et des valeurs morales transmises par mes parents et de la culture artistique dans laquelle j'ai grandi, est née en moi ce désir d'architecture aux orientations variées. Les lignes qui vont suivre m'ont permis de démontrer Source: que ces trois visions de l'architecture n'étaient en fait que les composantes d'une seule vision principale, celle d'une architecture humaine et engagée.

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