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L’AVENIR DE LA PLANÈTE GAGNE DES NUANCES DE BLEU
• PAR ISABELLE BURGUN
Sommes-nous capables de réparer nos erreurs en matière d’environnement ? De nombreuses initiatives prouvent que l’humain peut remettre au beau fixe certains indicateurs. Il n’y a qu’à penser à l’amélioration de l’état de la couche d’ozone. Cette couche qui absorbe le rayonnement solaire et nous protège des ultraviolets affichait dans les années 80 un trou de deux fois et demie la taille du Canada ! Les responsables ? Les chlorofluorocarbones (CFC), des composés chimiques utilisés pour la réfrigération, le nettoyage ou les aérosols. Depuis le Protocole de Montréal adopté en 1987, et particulièrement depuis les années 2000, la couche guérit : on note une amélioration de 1 à 3 % de son épaisseur par décennie.
L’engagement actuel de 196 États de la planète à réduire leurs émissions de ces substances destructrices donne l’espoir de voir la couche d’ozone se régénérer entièrement dans l’hémisphère nord et les latitudes moyennes d’ici 2030 et d’ici 2060 dans les régions polaires.
Même chose pour les pluies acides, en forte diminution. Ces précipitations faisaient dépérir de larges forêts de conifères d’Amérique du Nord en raison de leur acidité issue de l’augmentation du dioxyde de soufre (SO 2 ) libéré par les combustibles fossiles dans l’atmosphère. Les mesures prises dès le début des années 80 pour munir les véhicules de pots catalytiques, la fermeture des usines de charbon et la réduction de la teneur en soufre des carburants ont fait reculer considérablement ce problème et ses conséquences nuisibles à l’environnement.
DES PLUMES ET DE L’AIL DES BOIS
Plus localement, notre liste des espèces menacées diminue. Le faucon pèlerin, connu pour sa vulnérabilité depuis 40 ans, a retrouvé des plumes dans tout le Canada. L’implantation d’un programme d’élevage destiné à le réintroduire au sein de son ancien écosystème ainsi que l’interdiction du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane), un pesticide toxique, redonne des ailes à ce petit prédateur du ciel.
Même l’ail des bois, emblème québécois des espèces menacées, connaît un nouveau printemps grâce à la sensibilisation écologique des gourmets des sous-bois et à l’implantation d’un programme d’éducation et de restauration de l’ail des bois. Le Québec s’est aussi doté de l’une des premières lois canadiennes sur les espèces vulnérables et menacées en 1989, qui protège l’ail des bois de l’exploitation et de la destruction.
Mené par le Biodôme de Montréal, le programme Sem’Ail se déploie dans six régions québécoises très affectées par le déclin de l’ail des bois : Montérégie, Laurentides, Lanaudière, Outaouais, Montréal et Laval. Ce programme de conservation qui fait appel à la participation des citoyens a permis de semer un million de graines et de replanter 440 000 bulbes dans les sous-bois. De plus, un volet éducatif du programme se poursuit au sein des écoles pour sensibiliser les jeunes et en faire des acteurs de conservation puisque ceux-ci vont semer en forêt pour créer de nouvelles colonies dans leur localité.

De l'ail des bois.
PHOTO Shutterstock/Carlos Amarillo
L’ATMOSPHÈRE ET LES SOLS
Le rapport du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC), publié à automne 2018, énonce des solutions pour limiter le réchauffement à moins de 1,5 °C. Certaines sont déjà mises en œuvre pour nous aider à sortir de l’impasse climatique : rendre les villes et les communautés durables en misant sur le verdissement et la diminution d’îlots de chaleur, favoriser la préservation de l’eau de qualité et l’assainissement des eaux, choisir des énergies propres et renouvelables, réduire la pauvreté et les inégalités, mais aussi valoriser l’éducation et la sensibilisation aux questions environnementales.
Captage et stockage du carbone, afforestation ou reforestation : le GIEC met aussi de l’avant des solutions de géo-ingénierie destinées à modifier la composition de l’atmosphère afin de tempérer son réchauffement. Même s’il vaut tout de même mieux limiter la perte de diversité forestière et la déforestation, replanter des arbres dans des zones où il n’y en a pas (afforestation) contribuerait à compenser l’émission de 1 à 7 gigatonnes de CO 2 par an d’ici 2050 grâce à 500 millions d‘hectares supplémentaires d’arbres plantés.
Le GIEC a même présenté un «rapport spécial» sur le changement climatique et l’usage des sols qui met de l’avant des solutions pour prendre soin de nos sols et les rendre résilients face aux aléas climatiques. La régénération des sols vise ainsi à absorber le carbone actuellement présent dans l’atmosphère, atténuant ainsi le réchauffement dû aux GES.
Le mouvement Régénération Canada propose lui aussi différentes manières de régénérer les sols en privilégiant les cultures de couverture, destinées à conserver l’humidité et à réduire les mauvaises herbes, ou encore le retour de certains gestes d’autrefois : éviter de retourner le sol pour moins l’épuiser, y cultiver des plantes comestibles et privilégier une grande variété de plantes.
Aujourd’hui, nous disposons tous d’outils de changement pour redonner des nuances de bleu à notre avenir. À nous de nous les approprier afin d’agir de manière positive pour notre planète !