Masamichi Yoshikawa Sola Tobu Izumi

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MASAMICHI YOSHIKAWA Sola Tobu Izumi


MASAMICHI YOSHIKAWA Sola Tobu Izumi

EXPOSITION 20 septembre / 23 novembre 2019


CAROLINE FREYMOND / Directrice artistique

Biarritz / septembre 2019 L’exposition de Masamichi Yoshikawa à l’Espace Muraille, tout juste vernie, aboutissement en quelque sorte du processus de création de l’artiste, dont toutes les pièces sont effleurées de son empreinte inspirée, me voilà plongée dans la lecture d’une conférence, lue par Stefan Zweig à New York en 1939, sur «Le mystère de la création artistique». Cette enquête, ou quête de sens, m’interpelle et vient alimenter ma réflexion sur l’origine de l’œuvre de Masamichi qui, au-delà de la technologie, de la science et du savoir-faire qu’elle nécessite, est essentiellement une prière. Cela rejoint pour moi la réflexion de Zweig: «Pouvons-nous épier le processus qui donne naissance à une véritable œuvre d’art? Pouvons-nous assister à son engendrement et à sa naissance?... La conception d’une œuvre d’art est un processus intérieur. Elle est entourée dans chaque cas individuel d’une ombre aussi impénétrable que la naissance de notre monde - phénomène divin, dont il est impossible de surprendre le secret, qui reste un mystère.»

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Ce processus intérieur, ce souffle qui pousse l’artiste à la création, est particulièrement visible et palpable dans les productions de Masamichi Yoshikawa qui donnent à voir et à ressentir à quel point l’artiste est tout entier dans son œuvre, dans son monde à lui. Dans l’extase de la création, ses pièces en porcelaine céladon, accompagnées parfois d’un socle en verre symbolisant la rencontre de l’air et de l’eau, marquées et animées de son geste en quête d’excellence, sont le jaillissement de sa poésie, de sa sensibilité, de sons sens des formes et des volumes, nourri par sa formation de designer et sa proximité avec la nature. Les céramiques de porcelaine, que Masamichi a mis en scène Espace Muraille, sont à la fois des objets qui jouent et vibrent avec leur environnement, avec le plein et le vide, l’ombre et la lumière, dans le droit fil de cette culture japonaise si bien décrite par Jun’ichirò Tanizaki dans son chef-d’œuvre qu’est «Eloge de l’ombre»; mais, ce sont aussi des objets qui invitent à la méditation dont, pour redonner la parole à Stefan Zweig, «la vraie jouissance n’est pas une pure réception, c’est une participation intérieure à l’œuvre», une communion avec sa fragilité, sa délicatesse, la douceur de son touché, avec tout ce que le divin auquel s’adresse la prière peut inspirer à l’humain, comme ces défauts - craquelures, blessures, cassures - dont Masamichi s’empare pour faire de ces accidents et imperfections une force à valeur artistique unique et remarquable. Biarrote à l’heure d’écrire ces lignes, la rumeur écumante de l’océan bourdonne à mes oreilles et, telle la vague d’Hokusai, me porte à la rencontre de Masamichi Yoshikawa qui nous livre avec sagesse encore ceci: «Par mon art, je m’efforce de décrire ce devenir éternel de la vie, sous des formes claires et transparentes.» Sur ces paroles prometteuses d’une aube sans cesse renouvelée, il me reste à remercier tous ceux qui ont permis la réalisation de cette exposition: l’artiste bien sûr, mais aussi toute sa famille, présente au vernissage (toutes générations confondues) et prête à lui emboîter le pas dans son cheminement artistique à l’imagination fertile et vagabonde. Merci enfin à Nicolas Christol, cheville ouvrière incontournable d’Espace Muraille, à qui nous devons cette si précieuse et féconde découverte!

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CAROLINE FREYMOND / Artistic director

This internal process, the breath that compels the artist to create, is particularly visible and palpable in Masamichi Yoshikawa’s productions; indeed, they show to what extent the artist inhabits his work, and his own world, completely. In the ecstasy of creation, his celadon pieces - sometimes accompanied by a glass base that symbolizes the encounter between air and water, marked and animated by his handiwork, always reaching after excellence - are the outpouring of his poetry, his sensitivity and his attunement to form and volume, nurtured by his training as a designer and his closeness to nature. The porcelain ceramics which Masamichi has installed at Espace Muraille are objects that play and vibrate with their surroundings, with emptiness and fullness, shadows and light, in line with the Japanese culture which Jun’ichirō Tanizaki described so well in his masterpiece “In Praise of Shadows”; but they are also objects that encourage meditation, whose “true enjoyment” - to return to Stefan Zweig - lies not in “pure reception, but in a participation that is internal to the work”, a communion with its fragility, its delicate nature, the softness of its touch, with everything which the divine, invoked throught prayer, can inspire in human beings, such as those flaws - cracks, wounds, breaks - which Masamichi seizes upon, turning these accidents and imperfections into a strength whose artistic value is unique and remarkable.

Biarritz / September 2019 Having just witnessed the opening of Masamichi Yoshikawa’s exhibition at the Espace Muraille - in some ways, a result of the artist’s creative process, whose pieces are all infused with his inspiration - I am now immersed in the reading of a conference, given by Stefan Zweig in New York in 1939, on “The Secret of Artistic Creation.” This investigation, or quest for meaning, feeds my considerations about the origins of Masamichi’s work, which - beyond the technology, science and know-how it requires - is essentially a prayer. This thought brings me back to Zweig’s words: “Can we glimpse the process that gives birth to a true work of art? Can we witness its conception and its birth?... The conception of a work of art is an internal process. In each individual case, it is surrounded by a shadow as impenetrable as that of the birth of our world - a divine phenomenon, whose secret is impossible to uncover, and remains a mystery.”

As I write these lines in Biarritz, the sound of the ocean foam hums in my ears and, like Hokusai’s wave, takes me back to Masamichi Yoshikawa, who in his wisdom imparts to us this line: “Through my art, I strive to depict the eternal becoming of life, in light and transparent forms.” With these words that promise an ever-renewed dawn, it remains for me to thank all those who enabled this exhibition to take place: the artist of course, but also his family, who were present - both young and old - at the opening, ready to follow the path of his artistic journey, his fertile and wandering imagination leading the way. Last but not least, thank you to Nicolas Christol, the indispensable cornerstone of Espace Muraille, to whom we owe this precious and fruitful discovery!

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MASAMICHI YOSHIKAWA / Sola Tobu Izumi

本来焼き物は技術、科学が必要なのだが、 私は祈りだと思っている。 歴史を紐解けば、音楽だったり文学、哲学だったり、 人はその生をいかに楽しむかを求めてきた、 限りなくあふれ出る泉の如く透明な世界にその生を見出したい。 全ての道、その究極は同じ広場に行きつく

Printemps volant dans le ciel Flying spring in the sky A l’origine de la création céramique, on trouve la technologie, la science. Mais pour moi, l’essentiel, c’est la prière. At the origin of ceramic creation lies technology, science. But for me, the essence is prayer. L’histoire nous le montre: l’homme a toujours cherché le chemin du plaisir de la vie par la musique, la philosophie. History shows us that humans have always sought the path to pleasure by way of music and philosophy. J’aimerais retrouver cette vie dans un monde transparent comme une source jaillissante à l’infini. I would like to find this life in a transparent world like an ever-gushing spring. Tous les chemins, notre ultime désir d’atteindre à l’excellence, nous mènent à un même but. All paths, our ultimate desire to reach excellence, lead us towards a same goal.

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REZ

SOUS-SOL

08 I 17 I 18 Kayho / 2019 70 x 20.5 x 27cm

31 I 33 I 34 Kayho / 2019 28.5 x 26.5 x 28cm

23 Omotabathi / 2019 56 x 53 x 43.5cm

30 Kayho / 2019 24 x 24 x 27.5cm

44 I 45 Kayho / 2019 18 x 18 x 55cm

23 Omotabathi / 2019 52 x 52 x 44cm

37 Kayho / 2019 27.5 x 25 x 27cm

46 Suien / 2019 10 x 10 x 10cm

14 I 15 I 22 I 28 I 29 Omotabathi / 2019 63 x 60 x 44cm

38 Kayho / 2019 24.5 x 23.5 x 25.5cm

48 I 49 I 50 Higasinoame Nishinoame / 2006 43 pièces

23 I 24 Omotabathi / 2019 60 x 60 x 49cm

38 Kayho / 2019 23 x 23 x 27cm

48 Shizuku / 2009 19 x 18 x 19cm

21 I 22 I 25 I 27 Omotabathi / 2019 62 x 58 x 48cm

05 I 41 I 42 I 43 Syouhekiba / 2005 352 x 312 x 2cm

48 I 49 Shizuku / 2010 20.5 x 20.5 x 24cm

66 I 67 I 68 I 69 Shizuku / 2002 Collection privée 98 x 89cm

48 I 49 Shizuku / 2010 21 x 21 x 21.5cm

58 I 59 I 61 I 62 Shizuku / 2005 84 x 88cm

53 I 54 Suien / 2018

58 I 59 I 63 I 64 Shizuku / 2000 102 x 98cm

22 I 24 I 27 Omotabathi / 2019 54 x 54 x 45cm

44 Kayho / 2019 19 x 18.5 x 59cm

53 Suien / 2018 53 Suien / 2019

53 Suien / 2017 53 Suien / 2019 53 Suien / 2017 53 Suien / 2012 53 Suien / 2018 57 Suien / 2019 12 x 8 x 11cm

57 I 59 I 79 Shizuku / 2019 60 x 60cm

53 Suien / 2017

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BIOGRAPHIE / MASAMICHI YOSHIKAWA

A propos de l’artiste Né en 1946 à Chigazaki, juste après la fin de la guerre, Masamichi Yoshikawa est un artiste atypique qui n’a rien fait comme les autres. Alors que traditionnellement la céramique s’apprend auprès d’un maître, lui commence par étudier le design à l’Institut de Design du Japon. C’est là qu’il découvre la céramique. En 1968, alors que le Japon connaît des révoltes étudiantes encore plus violentes qu’en France et que Gutaï (1955-1972), le mouvement d’avant-garde japonais fait son apparition, Masamichi Yoshikawa part s’installer dans la province d’Aichi à Tokoname. La ville abrite l’un des six fours historiques du Japon et fait partie, avec Bizen, Echizen, Seto, Shigaraki et Tamba, des 6 anciens sites de production principaux de céramique de l’archipel. C’est dans ce lieu historique de la culture japonaise, connu pour son argile, que Masamichi Yoshikawa se consacre à la production d’œuvres en porcelaine, couvertes d’une glaçure céladon bleu pâle (seihakuji), presque une hérésie! S’il commence par revisiter des formes originellement utilitaires, comme l’a fait l’avant-garde Sōdeisha, il s’en libère pour finalement réaliser des œuvres architecturales et des installations dans l’espace, une contribution majeure à la céramique contemporaine. Si certains temples et sanctuaires l’inspirent, tout comme le musée Miho près de Kyoto dessiné par Pei, ses créations ne sont pas des maquettes d’architecture. Parfois couvertes de dessins nerveux au bleu de cobalt, elles sont le fruit d’une démarche spirituelle qui s’exprime à travers un langage poétique fait de volumes, de pleins, de creux, de matières. Une quête de sens, comme une série de prières contemporaines dans un monde en crise. 74 I 75


BIOGRAPHY / MASAMICHI YOSHIKAWA

Le travail de Masamichi Yoshikawa a pris un nouveau tournant en 2016 avec une commande spéciale du temple Yakushi-Ji, faite à une dizaine des artistes les plus importants du Japon. C’est à cette occasion que, pour la première fois, le céramiste a intégré des éléments en verre, symbolisant l’air, tandis que le céladon et ses coulures parfaitement maîtrisées évoquent l’eau. Nicolas Christol Ses œuvres se trouvent, entre autres, dans les collections du Metropolitan Museum of Art, du Museum of Art and Design, du American Craft Museum et du Brooklyn Museum à New York; du Victoria & Albert Museum à Londres; du Musée de Sèvres à Paris; du Icheon World Ceramics Center en Corée du Sud; ou encore au musée de l’Ariana à Genève.

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About the artist Born in Chigazaki in 1946 just after the end of the war, Masamichi Yoshikawa is an atypical artist who has always blazed his own trail. Although the art of ceramics is traditionally taught by a master, he began by studying design at the Japanese Institute of Design. That is where he discovered ceramics. In 1968, while Japan was undergoing even bigger student revolts than those in France, and that the Gutai group had founded what would come to be known as “contemporary art”, Masamichi Yoshikawa went to live in the Aichi province in Tokoname. The city houses one of the six historic ovens of Japan, which represent the six principal types of traditional Japanese ceramic art (Bizen, Echizen, Seto, Shigaraki, Tamba and Tokoname). In this historic setting of Japanese culture, famous for its clay, Masamichi Yoshikawa began creating porcelain works - almost a heresy - covered with a pale celadon blue glaze (seihakuji). Although he started out by revisiting originally utilitarian forms, following in the footsteps of the Sodeisha avant-garde, he subsequently oriented his craft towards more architectural works and spatial installations, and in so doing sealed his contribution to contemporary ceramic art. Although he is inspired by certain temples and sanctuaries as well as the Miho museum drawn by Pei, his works are not architectural models. Sometimes covered with veined drawings in cobalt blue, they are the fruit of a spiritual practice, a poetic language made of volumes, fullness, emptiness, materials. They represent a quest for meaning, like a series of contemporary prayers amidst a world in crisis.


Masamichi Yoshikawa’s work took a new turn in 2016, thanks to a special commission by the Yakushi-Ji temple, extended to a dozen of the most important living Japanese artists. This is when the ceramicist began incorporating glass elements into his work for the first time. Nicolas Christol Masamichi Yoshikawa is an internationally acclaimed contemporary ceramist, with artworks in museums such as MET and MAD New York, V&A London, World Ceramic Center Icheon and Sèvres.


IMPRESSUM / COLOPHON

Imprimé à 500 exemplaires 500 copies printed

Masamichi Yoshikawa Sola Tobu Izumi

Imprimeur / Printer Atar Roto Presse SA

Espace Muraille Caroline et Eric Freymond Nicolas Christol

Graphisme / Design 2S Stefan Sigel Photolitho / Prepress Solutionpixel Crédits photographiques / Photo credits Luca Fascini Joachim Sommer Espace Muraille

Remerciements / Thanks Kimiya Yoshikawa et Hsiao-Chi Tsai Tomoya Yoshikawa et Marie-Prune Reymond Chikako Yoshikawa Omio, Louno, Leir, Nara Galerie Le Don du Fel Galerie Friedrich Müller L'Automne de la Culture Japonaise 2019 Antoine Boillet

© Espace Muraille 2019 © Masamichi Yoshikawa All rights reserved. No part of this publication may be reproduced in any manner without permission, in writing, by publisher and artist. All images are courtesy of the artist and the Espace Muraille. All texts reproduced by kind permission of the authors.

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ESPACE MURAILLE

5 PLACE DES CASEMATES CP 3166 / 1211 GENEVE 3 / SUISSE

T +41 (0)22 310 4292 F +41 (0)22 310 4293

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