Philippe Lardy

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Live Form 9, (2 peintures) acrylique sur carton - 2016

PHILIPPE LARDY ESPACEMURAILLE.COM / INFO@ESPACEMURAILLE.COM / T+ 41 0(22) 310 4292

LIFE FORMS

Trois Rocks , Philippe Lardy + Martes Bathori - 2016 Live Form 4, graphite et acrylique sur carton - 2016

Bird City Form, Graphite et crayon de couleurs sur papier marouflé - 2016

Live Form 4 caséine et acrylique sur carton 2016 (2 peintures)

Un bout de papier torsadé donne naissance à une libre interprétation de formes.


Mot d’accueil de Caroline Freymond, directrice artistique d’Espace Muraille, lors du vernissage de l’exposition. Cher Philippe, Tes Life Forms font penser à un jeu d’origami. Elles te donnent l’occasion d’aller à notre rencontre par des cheminements qui s’apparentent aux chaînes d’ADN, ces structures qui transmettent la vie à travers les générations. Dans une perspective artistique, elles expriment le désir de mettre en forme une possibilité d’évolution. C’est ta façon de “parler au papier”, l’expression est de Montaigne et a été reprise par Jean-Rodolphe de Salis, brillant historien et journaliste suisse du siècle dernier, comme titre à ses réflexions politiques, fruits d’une intelligence visionnaire, humaniste et éclairée. Pour toi, c’est ta manière de nous raconter ton histoire, de nous embarquer à ta suite dans ce voyage d’exploration de soi, nourri de tes expériences, de tes rêves, de toutes ces choses insolites et mystérieuses que tu nous livres sous des formes à la vitalité régénérative. Tu fais également “parler le papier” par la multiplicité des médiums que tu utilises : huiles sur bois, acryliques, caséines sur carton, crayon sur papier, graphites, papiers marouflés sur bois, voire même papier bitumé. Tu as appris à en maîtriser les effets et en joues avec effet dans tes rendus créatifs. “Sur ta route du papier”, petit clin d’œil allusif à l’ouvrage du même nom d’Érik Orsenna, tu as même déclaré, je te cite : « L’œuvre qui me représente le mieux aujourd’hui est celle qui m’échappe le plus, dans sa technique et son aspect. Celle qui inspirera peut-être une future série d’œuvres ». “City Bird”, dont il s’agit, a été réalisée à partir de caséine, de graphite et de crayons de couleur sur papier marouflé, ce qui lui confère, selon toi, un côté un peu animal : mi-crayon, mi-insecte ! J’ajouterais enfin que ces Life Forms, à la lisière d’un monde artistique en perpétuelle mutation et constant devenir, m’inspirent et m’émeuvent tout particulièrement suite à la disparition récente de ma mère, une personnalité rayonnante et pleine de joie de vivre, qui aurait adoré être parmi nous pour cet événement. Dans les derniers moments que j’ai partagés avec elle, à la lecture de François Cheng, nous méditions sur la mort ou, autrement dit, sur la vie, car, pour ce très estimable académicien chinois, naturalisé français, imprégné de différentes cultures, la vie est ouverte et ne s’éteint pas avec la disparition. Et donc, pour moi, ces formes vivantes créées par toi, Philippe, m’offrent de multiples et infinies possibilités de la rejoindre sur le terrain évolutif de la beauté par la force d’âme si positive qu’elles dégagent. Merci Philippe et au tour de nos visiteurs d’enchaîner sur ces prémices pour un beau voyage dans l’arrière-pays de leurs points de vue.

Dear Philippe, Your Life Forms resemble a game of origami. They give us an opportunity to meet you along paths bearing similarities with DNA chains, these structures transmitting life from a generation to the next. From an artistic point of view they express and convey the desire to shape a possibility of evolution. It is your way to “speak to the paper” , an expression from Montaigne, later adopted by Jean-Rodolphe de Salis, the brilliant Swiss historian and journalist from the last century, as the title of his own political reflections, fruits of his intelligence and wise humanism. It is your own way to tell your story, to carry us along this exploratory journey, nourished in your experiences, dreams and all those unsuspected and mysterious things that are given to us through these vital and regenerative forms. In some way, you let “the paper speak” by using a great variety of mediums : oil paint, acrylics, casein on cardboard or wood, graphite and coloured pencils, and even asphalt paper. You master these techniques in a truly creative way. “On your paper path”, a hint to a book by Erik Orsenna. And as you said, I quote: “If their was a piece that represented me the best in this exhibition today, it would the one that eludes me the most, both technically and aesthetically”. A piece that could inspire future works: “City Bird” was realised with casein paint, graphite and colour pencils on mounted paper, which gives it an “animal feel” according to you : half pencil, half insect! On a personal note, I wish to add that these Life Forms, in perpetual mutation and ever becoming, have inspired and touched me in a very special way, since my mother, a joyous, lively and shining human being has recently passed away. During the last moments that we shared, reading François Cheng, we were meditating about death, and the meaning of life. For Cheng, an esteemed Chinese member of the Academy, who became a French citizen and showed a deep knowledge of many cultures, life is open and continues to shine even after its disappearance. From my perspective, these Life Forms created by you, Philippe, give me infinite ways to join her on the path of beauty and positive soulfulness. Thank you Philippe and now it is our visitors turn to follow my lead and travel on the hidden paths of your mind.

Form 5, acrylique sur bois - 2016

— Caroline Freymond, art director of Espace Muraille


Micro Form 5 acrylique et caséine sur papier marouflé - 2016

Live Form 5 LF7 Graphite et acrylique sur papier - 2016

Micro Form 5 Huile sur carton - 2015


PHILIPPE LARDY - BIOGRAPHIE De l’illustration au dessin et à la peinture : un virage libérateur Philippe Lardy a étudié à l’Institut supérieur d’arts plastiques de Bruxelles. Dans les années 80, il a émigré aux Etats-Unis pour des études à la School of Visual Arts en touche-à-tout : peinture avec Jerry Moriarty & Anton van Dalen, dessin, graphisme. Il a frappé à la porte des grandes maisons d’édition, son book sous le bras. Il a reçu progressivement des commandes d’illustrations pour de très nombreux titres de la presse américaine, le New York Times, le New Yorker, Time Magazine, Newsweek,… Il a illustré de nombreuses couvertures de livre pour Penguin Books entre autres, une couverture de disque pour Blue Note par exemple. Il fut illustrateur durant 20 ans, tout en développant parallèlement sa pratique de peintre. « L’illustration avait ceci de merveilleux, d’être en contact avec le monde concret, créer des images qui existaient dans la réalité des gens. C’était grisant », confie l’artiste. De retour à Paris en 2000, en pleine révolution de l’internet, les commandes parviennent des quatre coins de la planète.

Micro Form 4, acrylique sur papier bitumé marouflé sur bois - 2016

Puis il se rappelle de ses premières passions, une création aux sens ouverts. Il coupe les ponts avec ses commanditaires, abandonne l’illustration pour une création entièrement personnelle. Il se lance dans des expositions de peinture, le chantier de production d’un grand livre de dessins à partir d’images de l’inconscient, Hypersomnia. Il collabore, en tant que directeur artistique à l‘almanach parisien SOLDES Fins de séries, revue mixte de grand format, décrite comme “pop et intello”.

Philippe Lardy a exposé dans plusieurs pays : Japon (1994), États-Unis, Belgique (1997), Italie (1999), France (2003, 2005, 2006, 2015), Canada (2009), Séoul (2016). Son œuvre d’illustrateur a donné lieu a une rétrospective à la Villa Bernasconi à Genève et à la sortie du livre New York Chronicle. En collaboration avec l’illustrateur José Ortega, il avait créé le livre GIN & COMIX, présentant des artistes européens aux américains (1990). Il a été membre fondateur de la société de dessinateurs du Livre de la Presse et de la Publicité, Le Crayon, et il a été honoré par de nombreux prix, tels que la revue Graphis, le Grand Prix Corporate Français (1996), le Ozzie Award Silver Medal pour une couverture de magazine (2002) ou le Coretta Scott King Award pour le livre A Wreath for Emmett Till de Marilyn Nelson.(2006). Philippe Lardy est installé à Genève depuis 2010. http://lardyworld.blogspot.ch/


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LIFE FORMS

Micro Form 2, acrylique, papier marouflé sur bois- 2016

Micro Form 2, acrylique et caséine sur papier marouflé - 2016

Micro Form 8, acrylique et caséine, papier marouflé sur bois- 2016

Micro Form 12, acrylique et caséine, papier marouflé sur bois- 2016


Philippe Lardy : « De retour à Genève après vingt cinq ans d’absence, le soutien généreux de Caroline et Éric Freymond, amis, collectionneurs et mécènes, a permis à mes créations d’évoluer dans de nouvelles directions. Grâce à leur foi dans mes capacités de peintre, j’ai eu l’occasion d’exposer mes œuvres dans leur galeries de Paris, de Saanen et aujourd’hui à Genève. Les peintures et dessins de Life Forms sont pour la plupart conçus sur un papier traditionnel particulier : un papier verni contenant en son cœur une fine couche de bitume ainsi qu’un réseau de fils. En décollant des strates de papier, le bitume peut se révéler, les traces des fils en quadrillage structurent la surface.

Micro Form 18 - papier marouflé sur bois - 2016

Sans s’opposer au dessin, mes peintures ont souvent pris leur source dans le détail d’une de mes illustrations. Parfois en obscurcissant leur sens, en les recadrant ou en déformant un motif, un peu à la manière dont je transforme aujourd’hui ces “formes essentielles”, issues de bandes de papiers torsadés. Mes dessins naissent du désir de créer des images narratives. La peinture, au contraire, s’est développée comme une forme de silence en complément du “plein d’information” de mes illustrations. Là c’est la matière-même qui m’inspire. Toujours à la recherche de nouveaux matériaux à détourner, mes œuvres racontent le rapport de la peinture à son support, l’enlacement des motifs sur une surface. Le dessin et la peinture sont des activités complémentaires  : l’une nourrit l’autre. Les dessins me connectent au monde extérieur alors que la peinture m’offre une manière d’introspection.»

Philippe Lardy (photo de Jo Magrean)

Micro Form 19 acrylique et caséine, papier marouflé sur bois - 2016

Micro Form 11 - acrylique et caséine, papier marouflé sur bois - 2016

Micro Form 20 acrylique et caséine, papier marouflé sur bois - 2016


Philippe Lardy arpente l’exposition comme un visiteur du matin, arrivé avant tout le monde à l’ouverture

de la galerie. Démarche nonchalante, voix douce, sans aspérités ni faux éclats, sourire amical. Il s’arrête devant une toile en citant, amusé, les commentaires qu’elle a suscités le jour du vernissage : « Certains y ont vu un crayon ou le bec d’un oiseau ; d’autres un os de baleine ; d’autres encore le plan des rues de Manhattan… » Ce dialogue croisant les imaginaires individuels plaît beaucoup à Philippe Lardy. Il en est l’instigateur involontaire. Le premier visiteur du jour, c’est lui ; cette exposition est la sienne. Un accrochage sur deux niveaux, celui de l’Espace Muraille, un lieu à l’élégance sobre et raffinée, donnant sur la petite place des Casemates. On descend avec le bus à l’arrêt Athénée, on gare sa voiture à Saint-Antoine, on vient à vélo, c’est encore mieux. La suite est un peu plus compliquée. Philippe préfère l’écoute à la parole qui disperse. Un bavard de l’oreille si l’on veut. Dans une autre vie, il écoutait du rockabilly et du rap, travaillant à sa table d’illustrateur, dans son atelier new-yorkais sur Lafayette Street, à la limite de Soho et de Little Italy. Il faut maintenant répondre aux questions d’un ignorant qui ne sait rien de la peinture. L’artiste s’exécute à mots simples, évoquant les matériaux utilisés avec la passion de l’artisan. « Je viens de l’illustration. Même si je m’en suis éloigné, j’ai gardé le goût des couleurs expressives. Je suis plutôt un coloriste qui a appris à changer d’échelle et de support. Je peins à l’acrylique sur carton et sur bois, du bouleau, c’est ce qu’il y a de plus stable. J’ai cherché un médium comparable à la gouache, car celle-ci ne tient pas sur les grands formats. J’ai trouvé la caséine, que l’on extrait de matières lactées. C’est la peinture utilisée depuis toujours pour les fresques. » Géométries incongrues

Life Form 2, acrylique sur bois stratifié - 2015

On prend une leçon concrète d’histoire de l’art, en admirant ces géométries incongrues qui se déplient sur la toile, pareilles à des “chaînes d’ADN, des spirales de vie” filant sur les murs. Fuite en avant ? Pas vraiment. L’homme à “l’allure suave”, saluée jadis avec humour par un ami portoricain, a simplement changé d’échelle sans se renier, comme il a changé plusieurs fois de villes. Bruxelles pour les études ; New York pour y parfaire sa carrière d’illustrateur, en collaborant régulièrement avec le monde de l’édition et la presse américaine, du New York Times au Boston Globe ; Paris où il a fait l’expérience d’une “crise créatrice” salutaire. « Je continuais à avoir de nombreuses commandes venant des Etats-Unis et d’ailleurs. Je gérais ma banque de données comme on tient une épicerie, en répondant aux exigences toujours plus formatées de mes clients. À la même époque, j’ai commencé à noter mes rêves, à créer des images en lien intime avec

Trois impressions numériques de Micro Form 2, pliages - 2016

l’inconscient, bref à prendre un nouveau départ dans la liberté…» La plume et le pinceau Cette liberté s’est depuis sédentarisée. Philippe Lardy vit désormais au pied du Salève, quitte rarement la grange rénovée par un architecte de renom qui lui sert d’atelier, sinon pour aller marcher en montagne, « de longues randonnées solitaires au cours desquelles je trouve mes idées ». Les voyages sont l’exception, demain Paris et Anvers où il exposera en décembre. Les capitales ne l’attirent plus, « elles sont devenues de grands centres commerciaux qui se ressemblent… » Son New York à lui tient dans un livre magnifique qu’il offre à son interlocuteur en prenant congé. La chronique richement illustrée d’un long compagnonnage artistique. Philippe Lardy manie la plume comme le pinceau. Style précis, sans aspérités ni faux éclats. L’ignorant est assez jaloux. Il retient cette phrase, écrite dans la marge : « Je crois que la qualité du regard peut changer plus de choses que la politique. » — Thierry Meretenat (Tribune de Genève)

Micro Form 23 acrylique et caséine, papier marouflé sur bois - 2016


Découpe (prototype), caséine et graphite sur bois - 2015

Trois impressions numériques de Micro Form 2, pliages - 2016

Live Form 3, huile sur carton 2015 Reproduction des œuvres : Marc Vanappelghem



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