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Conclusion intermédiaire

Le paysage éprouvé relève d’un nouveau niveau de perception décrivant une expérience de l’environnement extérieur mais surtout d’une introspection personnelle. En effet, par le cheminement, la mise en marche du corps, l’expérience du paysage sort des considérations artialisées et l’enveloppe corporelle devient une forme de matrice intermédiaire entre l’environnement et l’individu. Lorsque l’individu est amené à parler de son paysage in situ (marches exploratoires) ou rétrospectivement (entretiens), il s’adonne au paysagement de ses ressentis physiques ou mentaux. Certains individus déploient alors une description d’un paysage émotionnel. Cette dimension intime du paysage est variable et dépend des circonstances d’échanges ou de la personnalité de chacun. Cheminer dans un environnement, c’est l’occasion d’éprouver du bien-être d’un point de vue physiologique et psychologique. Introspectif, le paysage est aussi l’occasion d’un cheminement vers son identité et son caractère propre. Il participe à se remémorer sa propre construction identitaire à travers les souvenirs personnels qu’il évoque et les émotions qu’il génère. Il est également un moment d’évocation d’une identité collective culturellement marquée et territorialement inscrite. Enfin, il est la perception d’un rapport établi à un moment donné par une culture sur son territoire et de fait il soulève les conflits liés à cette même question identitaire.

Cette épreuve multisensorielle est spatialement et temporellement située puisque le cheminement même quotidien est l’occasion de paysager ce qui relève du banal comme de l’exceptionnel. L’attention aux paysages se porte à la fois sur les milieux géographiques vécus par leur expérience englobante sur le plan multisensoriel et affectif. Elle se porte également sur les éléments perçus ponctuellement dans ces milieux et qui constituent des éléments singuliers de taille variable : du bâti à l’ornement, de l’arbre au lichen, de l’animal à l’insecte. Le cheminement est également l’expérience de la dimension temporelle du paysage, réalité climatique, saisonnière mais également évolutive. Le paysage revêt alors d’un caractère éphémère propre à l’instant vécu et à une situation donnée. Cette conjonction spatio-temporelle confère au paysage un caractère exceptionnel et singulier. Le banal est vécu comme remarquable non pas parce qu’il peut ou doit faire l’objet d’une reconnaissance collective ou institutionnelle mais simplement parce qu’il est perçu. La curiosité ou l’étonnement sont des ressentis qui traduisent son paysagement.

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