Extrait Autoconstruire sa maison en bois autonome

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économique

• simple

Autoconstruire SA MAISON EN BOIS AUTONOME

SOMMAIRE

Préface de Brian Ejarque 6

PARTIE 1

INTROD UCT ION 8

Mon histoire 10

Les intérêts de l’autoconstruction 12

Le cœur, l’idée et le temps 14

PARTIE 2

CONSTRUCTION 16

Par où commencer ? 18

Se mettre à l’abri 26

Les aménagements 52

Finir la maison 74

Les intérêts de l’autoconstruction

Construire soi-même sa maison, c’est reprendre la main sur son cadre de vie, partager un projet égalitaire et apprendre un savoir durable. Entre autonomie, économie et transmission, l’autoconstruction ouvre un chemin accessible à tous.

L’AUTONOMIE

L’autoconstruction n’est pas marginale, elle concerne plus d’un tiers des habitats dans le monde. Chez nous, c’est surtout l’idée de « passer au-delà » des intermédiaires : ceux qui pensent pour vous votre cadre de vie, qui décident de normes d’habitation (on ne peut pas habiter de façon « correcte » dans une yourte, un container ou une tiny house, c’est bien connu), qui vous enchaînent à leur centrale nucléaire et à leur réseau d’eau javellisée. En somme, tous ceux qui « font » à votre place.

Construire son intérieur : qui peut mieux que vous s’occuper de réaliser cet accomplissement ? Pensez à accorder au fur et à mesure votre vision avec celui ou celle qui partage votre projet et votre vie, votre installation future commune en dépend. Maison autonome ne veut pas dire solitude. L’avantage d’une technique à la portée de tous et toutes, c’est l’égale participation des hommes et des femmes sur le chantier. Rien de lourd, de violent, de « pour les mecs ». Beaucoup de mes chantiers d’autoconstruction ont été menés par des femmes seules, en embauchant un « salarié occasionnel du bâtiment ».

Construire son intérieur parle à tout le monde. Et puis, c’est forcément le temps travaillé le mieux payé que vous puissiez passer, comme le disaient les « Castors de l’Ouest », association d’aide à la reconstruction des logements après-guerre par les futurs occupants, précurseurs en ce domaine. En effet, deux personnes bâtissent en moyenne 120 m2 en 4 mois, soit un prix de revient des matériaux de 120 000 € maximum. En cas de revente de la maison, ce prix est doublé… la mise en œuvre est bien payée !

L’APPRENTISSAGE

Autre intérêt très pratique : vous savez réparer tous les désordres possibles, vous connaissez les circuits d’électricité, de plomberie, etc. De plus, vous avez appris la technique pour construire n’importe quelle annexe, garage, chambre supplémentaire, bureau, voire une autre maison. On prend vite goût au grand bricolage…

LE RENOUVEAU

Pour les Chinois, nous dit Marie-Pierre Dillenseger dans Oser s’accomplir, il est préférable de vivre dans une maison neuve que dans une vieille bâtisse. Les lieux étant perçus comme des entités respirantes, ils perdent en force au fil des années… jusqu’à atteindre leur date de péremption. Entrer dans du neuf, chargé en vitalité, nous fait profiter de cette force.

Pratique, la tiny de Ben dans le pré voisin pour les pauses.

On peut se « faire la main » sur un bungalow de 35 m2 (habitat léger de loisir) qui deviendra bureau ou chambre d’amis quand le chantier sera terminé.

Une caravane sur chantier permet de loger et de cuisiner.

APERÇU DE LA TECHNIQUE

COULAGE DE LA DALLE

Confection d’une dalle de béton de 20 cm d’épaisseur coulée sur un lit de galets de 20 cm d’épaisseur.

MONTAGE DES CADRES

Des cadres rigides sont fixés sur une lisse basse chevillée à la dalle puis « contreventée » (mise d’aplomb) avec un panneau d’OSB agrafé sur l’intérieur.

La couverture en volige du toit est revêtue d’un parepluie étanche, puis de tuiles. Les murs sont remplis de 20 cm d’isolant, protégés par un pare-pluie et un bardage.

3 JOURS 2 JOURS 5 JOURS

2 jours de mise en place des coffrages + 1 jour de coulage

1 jour de levage des cadres + 1 jour de contreventement

1 jour de pose des menuiseries + 2 jours de voligeage toiture + 1 jour de pose pare-pluie toiture + 1 jour pour 25 m2 de liteaux et tuiles à 2 personnes

Étape 1 : se mettre à l’abri

PRÉPARATION DU TERRAIN

La maison bois pèse beaucoup moins lourd que la maison en brique (creuse ou pleine, cuite ou crue) et ses corps d’enduit, ou que les maisons paille avec leurs corps d’enduit terre et chaux qui nécessitent des fondations renforcées.

Ici, nous utilisons le principe de la raquette à neige, inspiré des Canadiens, mais appris pour ma part dans le marais poitevin.

Creuser l’emplacement de la dalle

On creuse 10 à 15 cm d’épaisseur sur une surface dépassant 1 m de chaque côté de la future dalle béton. On décape l’herbe et sa touffe racinaire, on la met en tas (herbe verte vers l’intérieur), avec juste un peu de purin dilué à 10 % et on couvre de paille. Quand la maison sera finie, on disposera alors du premier terreau pour fleurir le jardin.

Installer la couche de gravier

On étale à niveau, avec une lunette laser, 15 à 20 cm de cailloux roulés (galets) incompressibles en 20/40 ou 40/60 mm. C’est le caillou qui sert à arrêter les camions en manque de freins en montagne… les fameux land escapes dans les sorties de virages.

Construire le coffrage

Sur ces cailloux, on disposera à niveau et sur champ des bastaings de 6 x 20 cm, qui vont délimiter le contour de la future dalle. Ils sont maintenus par des piquets en fer à béton de 10 mm de diamètre et 60 cm de long, enfoncés à la masse tous les mètres, de chaque côté des bastaings. Ceux de l’intérieur resteront dans le ciment.

Les bastaings sont réunis entre eux par des planchettes de coffrage (27 mm d’épaisseur) de 60 cm de long, fixées par 8 vis de 5 x 60 mm.

Poser les joints de dilatation

Tous les 3 m environ, on place un joint de dilatation en plastique dur de 6 cm de haut.

Il est mis à niveau sur des plots de béton tous les 1,50 m (il existe des sacs de mortier tout prêt avec lesquels on fait 3 à 4 plots). Dans chaque plot, on enfonce 2 piquets de fer à béton (8 mm Ø x 60 cm), on fait 2 trous dans le joint de dilatation pour passer un fil de fer (3 à 4 mm) qu’on torsade solidement aux piquets. Ce joint devient une règle rigide et solidement ancrée, sur laquelle on pourra s’appuyer pour « tirer » le béton avec une règle en aluminium.

Les joints de dilatation tous les 3 m permettent d’étaler le béton par petites bandes (à deux, c’est déjà lourd à tirer). Bastaings et joints sont bien sûr au même niveau.

Installer les canalisations

On place les tuyaux d’évacuation en PVC de 100 mm Ø. Moins il y aura de coudes et de bifurcations, plus l’écoulement sera facilité : prévoyez une bonne pente, quitte à creuser un peu dans le caillou roulé. Les tuyaux verticaux (toujours en 100 mm Ø) qui recevront les écoulements (évier, douche, lavabo) auront leur axe à 33 cm du bord de la dalle, ils dépasseront de 10 à 20 cm, ils seront impérativement bouchés pour éviter les coulures de béton. Chaque sortie sera solidement ancrée avec 2 fers à béton et du fil de fer. Le béton coulant a tendance à déplacer les tuyaux avec une force qu’on n’imagine pas, c’est pour cette raison que je préconise des bastaings de 6 x 20 cm, maintenus tous les mètres, qui ne se déforment pas à la poussée, contrairement aux planches dites de

coffrage. J’insiste un peu sur le sujet car j’ai vu trop de dalles avec des arrondis, des ventres, des sorties de lavabo dans le salon, etc.

Prévoir les gaines et les arrivées techniques

On pense à mettre une gaine (rouge de 90 mm Ø) pour l’arrivée du câble électrique des panneaux solaires, une gaine (verte de 40 mm Ø) pour les communications et un tuyau polyéthylène (noir de 25 mm Ø) pour l’arrivée de la pompe surpresseur de la réserve d’eau de pluie. Le tout (encore une fois) solidement ancré avec des fers à béton et du fil de fer.

Un coffrage en 6 cm d’épaisseur ne s’arrondit pas sous la poussée du béton.

MONTAGE DE L’OSSATURE

Érection des cadres

Fixez sur le débord des lisses (vers l’extérieur de la dalle) une cale contre laquelle va venir en butée le premier cadre (ex-gabarit).

Érigez le cadre en 4 temps :

❶ Appuyez la base des pieds contre les cales en élevant à hauteur d’épaule l’ensemble du cadre (2 porteurs aux pieds, vers les goussets et 1 porteur à la pointe).

❷ Le quatrième porteur glisse une gaffe sous le tirant et dirige la manœuvre (une seule personne compte et parle : attention aux contre-ordres).

❸ Tout le monde pousse vers le haut. Les 2 porteurs de pieds marchent sur la lisse pour accompagner les pieds, le 3e porteur prend une autre gaffe préparée au sol pour aider le 4e à ériger le cadre jusqu’au point d’équilibre vertical, où tout le monde a peur qu’il retombe de l’autre côté. Le premier cadre est toujours le plus inquiétant car rien ne semble tenir.

❹ Celui qui dirige la manœuvre calme l’émoi, pose sa gaffe (lui seulement) et vient clouer (5 clous de 80 mm) la base des pieds dans la cale fixée sur la lisse, puis il « larde » 3 clous en biais dans la lisse elle-même et il vient fixer une écharpe (liteau de 3 x 4 cm) sur la face externe de la lisse, puis sur la tranche externe du cadre en vérifiant l’aplomb avec un niveau à bulle, idem de chaque côté.

Le 1er cadre est en place, on souffle, on applaudit, on s’étonne de la hauteur et, calmement, on érige le 2e cadre et les suivants jusqu’à dessiner le volume de la maison.

Pour les maisons à étage, je préconise l’usage d’un élévateur manuel (gerbeur) loué pour la journée (chez Kiloutou ou autre loueur de matériel). Sa manivelle et ses roulettes permettent d’éviter un tour de reins aux deux porteurs à gaffe en limitant le stress du basculement du cadre…

SOYEZ PRÉCIS !

Bien sûr, il faut avoir fixé les cales sur les lisses et au bon écartement. Rappelez-vous, la longueur du bâtiment est un multiple de 625 mm (soit un demi-panneau d’OSB). Regardez attentivement le dessin avant de prendre les mesures, pour éviter d’avoir à couper des panneaux.

Alignement et aplomb de l’ossature L’ossature principale est montée, il faut maintenant aligner dans le sens latéral (largeur du bâtiment) tous les cadres. Pour ce faire, on place un bois de 45 x 145 mm à plat, contre le haut des pieds, puis on vient solidariser chaque pied avec un serre-joint. Par manque de serre-joint, on fait une façade à la fois. Si tout a bien été fait jusqu’à cette étape, les extrémités des arbas doivent être parfaitement alignées. Comme on n’a pas oublié les lattes agrafées en bout d’arbas, on peut placer une lame de bardage en butée contre elles (placez le joli côté vers le dessous) et la fixer (agrafe de 60 mm), puis continuer tout le débord du toit de façade en remontant jusqu’aux goussets. Ensuite viendra la volige brute non rabotée pour aller jusqu’au faîtage, mais plus tard.

Répétez l’opération sur la deuxième façade. Les murs sont bien alignés, mais sont-ils d’aplomb ?

Vérifiez l’aplomb avec un niveau, ou mieux avec un fil à plomb. S’il y a un défaut d’aplomb (lisse basse voilée, dalle imparfaite, mauvaise coupe de bas de pied, escargot écrasé), il faut redresser la situation avec un tire-fort et une corde, tendus dans la diagonale entre deux serre-joints. Tout cela restera en place jusqu’au moment où les coins de maison seront contreventés.

Oubliez le lambris trop fin pour les débords de toit, une belle lame de bardage épaisse garantit la longévité.

Une boucle en corde avec un tire-fort attaché à un pied de cadre par un serre-joint permet de mettre les cadres parfaitement d’aplomb.

LES POUTRES D’ÉTAGE

Les poutres d’étage, en 45 x 220 mm, sont dans un premier temps posées sur une poutre muraillère en 45 x 145 mm clouée sur chaque pied et dépassant légèrement le haut du panneau d’OSB (clous 80 mm inox pour éviter la rouille).

On place deux poutres d’étage par pied, une de chaque côté, sauf premier et dernier cadre, où vous ne mettez qu’une seule poutre à l’intérieur et clouée 8 x 80 mm. Cette poutre sert à fixer les poteaux de pignons du rez-de-chaussée. Vous ne placerez les poteaux de pignon de l’étage qu’après avoir fait le plancher de travail et fixé une lisse basse sur ce plancher (on y vient).

LE PLANCHER D’ÉTAGE

Le plancher dit « de travail » est réalisé en planches de coffrage de 27 mm d’épaisseur ou en solivettes de 32 mm, rabotées sur une face, fixées (clous 80 mm) face jolie vers le dessous, en bord à bord. Cela fera un plafond sympa et pas trop cher, en même temps qu’un plancher solide, ne craignant pas la pluie, le temps de finir l’étage et la couverture.

Pensez à la trémie d’escalier en coupant deux poutres pour laisser 107 cm de passage latéral sur X cm de longueur d’escalier (le recul), à voir avec le fabricant.

Sur ce plancher de travail, vous pouvez finir le contreventement des murs de façade en OSB, de la même façon qu’au rez-de-chaussée, et finir les pignons avec une lisse basse fixée dans la première poutre à travers le plancher (clous 80 mm) et des poteaux entaillés, comme expliqué au paragraphe sur la technique des grands poteaux entaillés.

LES OUVERTURES

Les murs ferment les maisons, les ouvertures ouvrent les maisons. Prévoyez au moins 20 % de la surface des murs pour éclairer naturellement votre intérieur et garder un œil ouvert sur le monde.

Découpe et préparation

À part les fenêtres à battant de 50 cm de large que vous réservez pour les toilettes, la salle de bains, le cellier et les annexes, il va falloir couper des pieds pour avoir la place de positionner portes et fenêtres sur les façades. Vous pouvez couper jusqu’à trois pieds, ce qui laisse 236 cm de passage. Pas de limite en revanche sur les pignons qui ne sont pas porteurs.

Vous pouvez même ne pas mettre de mur pour faire une terrasse couverte par le prolongement de toiture de la maison. Pour éviter que les arbas ne vous tombent sur la tête quand vous allez couper des pieds, il vous faut faire un linteau provisoire avec un bois de 45 x 145 mm, fixé par des serre-joints sur les pieds voisins non coupés, cela pour maintenir aligné et de niveau le reste de la structure.

Vous pouvez maintenant couper avec une scie circulaire ou bien une petite tronçonneuse ébrancheuse. Calculez bien le trou de la fenêtre en ajoutant l’épaisseur du futur linteau + 1 cm de jeu en vous inspirant du dessin de coupe.

Le linteau définitif sera constitué de trois bois en 45 mm d’épaisseur : le premier qui servira de support sera en 45 x 220 mm (il fermera le haut de l’ouverture), vous rajouterez 2 bois de 45 x 145 mm si vous coupez 1 pied ou 2 bois de 45 x 220 mm si vous coupez 2 pieds ou encore 3 bois de 45 x 220 mm si vous coupez 3 pieds !

Avant de couper un pied de cadre, on n’oublie pas la mise en place provisoire d’un « faux linteau », avec un madrier et des serre-joints.

Avec quatre cadres de plus, on profite d’une belle terrasse et d’une protection de la façade.

Des premières réflexions à la mise en pratique, autoconstruire sa maison en bois demande une organisation optimale.

Dominique Guillo, formateur en autoconstruction, partage son expérience unique dans un guide pratique qui ne laisse rien au hasard. Pas à pas, il vous accompagne avec des plans clairs, des conseils techniques et une philosophie de vie tournée vers l’autonomie et la simplicité. Pour tous ceux et celles qui rêvent d’habiter le monde autrement.

• Une méthode pas à pas : choix du terrain en fonction de ses envies et de ses besoins, coulage de la dalle, montage des cadres, pose des menuiseries et de la toiture, plomberie, électricité, isolation… toutes les étapes clés expliquées en détail pour autoconstruire sa maison en bois autonome.

• Des installations écologiques : matériaux naturels, production d’électricité solaire, serre de chauffage, récupération et stockage de l’eau de pluie… tout pour devenir 100 % autonome en utilisant le moins de ressources possible.

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