Curiosités géologiques du Pays bigouden

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GUIDE

Échelle des temps géologiques

de roches et de paysages : le granite de Pont-l’Abbé, si bien exposé de la Pointe de la Torche à l’embouchure de l’Odet, la baie d’Audierne avec son cordon de galets et ses

nombreux étangs littoraux, et surtout — une rareté en Bretagne — des témoins d’un océan disparu. Autant de sites remarquables que ce guide des curiosités géologiques du Pays bigouden vous invite à parcourir. Ce patrimoine naturel vous permettra de retracer l’histoire géologique du Pays bigouden, histoire qui voit la création d’un océan puis sa disparition lors de la formation d’une chaîne de montagne aujourd’hui érodée. Le long du littoral comme au fil des sentiers, ce choix de sites sera prétexte à un dépaysement dans le lointain passé, où les âges se comptent en millions d’années. Bon voyage en compagnie de ce guide, qui se conclut par quelques pages sur les milieux naturels de la région. Préface de Serge Duigou

curiosités géologiques du

L

e Pays bigouden présente une grande variété

Pays bigouden

• Sylvain Blais Maître de conférences à l’université de Rennes 1, il a consacré une partie de sa carrière à la formation des futurs enseignants en Sciences de la Vie et de la Terre. C’est un spécialiste des roches volcaniques. Après avoir longtemps travaillé, principalement en Finlande, sur des roches très anciennes, il a consacré la fin de son activité scientifique à l’étude des îles de Polynésie française. • Michel Ballèvre Professeur à l’université de Rennes 1, il effectue des recherches au carrefour de deux disciplines, la tectonique et la pétrologie. Il s’intéresse en particulier à la genèse des chaînes de montagne, qu’elles soient actuelles à l’image de la chaîne alpine, ou anciennes comme la chaîne hercynienne.

CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES

Pays bigouden

du

Sylvain Blais Michel Ballèvre Pierrick Graviou Joël Rolet

• Pierrick Graviou Ingénieur géologue au BRGM, il travaille depuis plusieurs années sur la valorisation du patrimoine géologique national auprès d’un large public. Après s’être notamment intéressé aux particularités géologiques de Mayotte, du Trégor-Goëlo et de la Guadeloupe, il participe ici à la présentation de quelques curiosités sud-armoricaines. • Joël Rolet Maître de conférences à l’université de Bretagne occidentale, il est spécialisé dans l’étude de la déformation des roches. Il a principalement travaillé sur la partie armoricaine de la chaîne hercynienne et sur le rift est-africain.

Dans la même collection : Curiosités géologiques du Trégor et du Goëlo Curiosités géologiques de la Presqu’île de Crozon

22 sites géologiques remarquables 19 € ISBN 978-2-84398-386-3



CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES

Pays bigouden

du

Sylvain Blais Michel Ballèvre Pierrick Graviou Joël Rolet

BRGM Éditions Éditions Apogée


Sommaire • Préface • Avant-propos • Le pays bigouden et ses paysages géologiques • Les grandes familles de roches et leur genèse • L’histoire géologique régionale • Les formations géologiques du pays bigouden • Des pierres et des hommes

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• Les sites géologiques remarquables N° 1 • L’orthogneiss de Pors-Poulhan

N° 12 • Les dunes de Tronoën

62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84

N° 13 • Les sculptures naturelles de Saint-Guénolé

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N° 14 • Le granite porphyroïde de l’île Kruguen

88 90 92 94 96

N° 2 • Le contact de la plage du Gored N° 3 • Les micaschistes du port de Penhors N° 4 • La serpentinite du Moulin de Pontalan N° 5 • Les rochers de Saint-Kodelig N° 6 • Le cordon de galets actuel de Stang-ar-Liou N° 7 • L’ancien cordon de galets de Ru-Vein N° 8 • Les prasinites de Tréogat N° 9 • L’orthogneiss de Languidou N° 10 • Le filon de quartz de Minven N° 11 • La leyptynite de Prat-ar-Hastel

N° 15 • Les cuvettes circulaires de Men-Meur N° 16 • Les rochers de la pointe de Goudoul N° 17 • Les filons de la pointe de Kergall N° 18 • La rivière de Pont-l’Abbé


N° 19 • Le tombolo de l’Île-Tudy N° 20 • Le granite porphyroïde de la pointe de Combrit N° 21 • Le granite déformé du Moulin-Neuf N° 22 • Les enclaves de gneiss de Penvélet

• Les milieux naturels du Pays bigouden • Annexes • Lexique • Quelques mots de toponymie bretonne • Pour en savoir plus

98 100 102 104 107

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Statue marquant la limite nord du Pays bigouden au niveau de Pors-Poulhan


Le Pays bigouden et ses paysages géologiques Des vingt communes que compte le Pays bigouden, certaines sont tournées vers la mer, tandis que les autres sont enracinées dans les terres. Pays de pêcheurs et pays de paysans, pays de la mer et pays de la terre, le Pays bigouden porte en lui cette dualité bretonne, sur le plan social et culturel bien sûr, mais aussi géographique et

sans équivoque : ici finit le Pays bigouden ! Pour Pierre-Jakez Hélias : «  La Bigoudénie c’est bien simple… Cela fait une sorte de plateau qui s’élève doucement à partir de l’arc de sable et de galets qui borde la baie d’Audierne pour culminer à cent cinquante mètres par les hauteurs de Plogastel–Saint-Germain et

Le phare d’Eckmühl : un belvédère pour une découverte panoramique du Pays bigouden.

géologique. Ainsi, c’est l’océan la frontière naturelle de ce Pays bigouden à l’ouest et au sud, alors que l’Odet et l’anse de Combrit en sont la limite orientale. Au nord en revanche, cette limite reste beaucoup plus floue, bien qu’aux confins de Plozévet une statue faisant face à l’océan est accompagnée d’un texte

retomber, au nord, sur la vallée du Goyen, la rivière d’Audierne. Plus on s’éloigne du littoral plat et dénudé, plus les vallonnements se font sensibles, la végétation dense, plus le paysage est ponctué de bois de pins, de bouquets d’arbres autour des fermes et des chapelles, des châtaigneraies aux abords des manoirs.

À l’est une coulée de verdure dérobe la rivière de Pont-l’Abbé qui s’épanouit dans un estuaire semé d’îles feuillues. Plus loin, une ligne de futaies signale les douces rives de l’Odet. De l’autre côté s’étend le pays bleu (bro glazik), celui de Quimper. C’est déjà l’étranger. » Pour découvrir cette Bigoudénie à la manière de Pierre-Jakez Hélias, une montée au sommet du phare d’Eckmühl s’impose, ou mieux, une découverte par la voie des airs. Une vaste surface aplanie apparaît alors, façonnée au cours d’une longue période d’érosion* d’une ancienne chaîne de montagnes. À l’ouest, cette surface s’ennoie progressivement sous la mer pour dessiner le grand croissant de sable et de galets de la baie d’Audierne, tandis que vers le sud, elle se termine par une côte rocheuse ponctuée de petits ports de pêche. Aujourd’hui, elle est faiblement incisée par un réseau hydrographique constitué, si l’on excepte l’Odet, par des fleuves très courts qui s’écoulent vers le sud ou vers l’ouest.

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• La côte rocheuse de Plozévet La côte sauvage de Plozévet, au niveau de Pors Poulhan, expose des orthogneiss*, anciens granites* métamorphisés qui jalonnent la grande faille* hercynienne connue sous le nom de cisaillement* sudarmoricain (voir site n° 1). Il s’agit donc de roches d’origine magmatique qui arment les reliefs qui constituent

les contreforts du haut Pays bigouden depuis la Pointe du Raz à l’ouest, jusqu’à Quimper et au-delà à l’est. Cette zone atteint ainsi une centaine de mètres d’altitude, parfois creusée par les quelques cours d’eau qui la parcourent : le Goyen près d’Audierne, le Steir et l’Odet près de Quimper. Mais vers le sud, à partir de la

plage du Gored, la falaise s’abaisse très vite lorsqu’apparaissent les micaschistes* de Penhors, moins résistants à l’érosion que les granites (voir site n° 2). Les roches affleurent alors sur un estran* très plat et les falaises basses ne sont plus formées que de sables dunaires et de cordons de galets anciens (voir site n° 7).

La côte rocheuse de Plozévet.

• Le cordon littoral de la baie d’Audierne Le cordon de sable et de galets de la baie d’Audierne, connu localement sous l’appellation bretonne de Ero Vili — la chaussée de galets — est sans conteste l’un des traits les plus originaux de 12

la géomorphologie actuelle du Pays bigouden (voir site n°  6). Ancré vers le sud sur les célèbres rochers de la Torche et coiffé par les dunes de Tronoën (voir site n° 12), il disparaît progressivement au

nord à l’approche de l’estran rocheux de Penhors. Ce cordon est mobile, et les divers auteurs qui l’ont décrit font souvent référence aux fortes tempêtes d’hiver qui modifient sa morphologie. C’est


Le Pays bigouden et ses paysages géologiques

Le cordon littoral de la baie d’Audierne.

une barrière naturelle qui arrête l’écoulement de nombreux ruisseaux vers la mer. Ces derniers

alimentent ainsi toute une série d’étangs, marais, polders, ou zones humides plus

ou moins envahies par les eaux marines : les paluds.

• Les rochers de la Torche et de Saint-Guénolé Des rochers granitiques bien présents dans le paysage arment toute la pointe de la Torche ainsi que le littoral de Saint-Guénolé, au nord du port de pêche. Ces rochers résultent de l’altération* du granite de Pont-l’Abbé, façonné par la mer au cours des périodes de haut niveau marin, mais également par les agents atmosphériques (vent, pluie, gel, embruns), avant d’être dégagés

Les oreilles de lapin, exemple d’altération des rochers de Saint-Guénolé.

de leur enveloppe sableuse d’altération. Ils prennent alors des allures animales qui

ont depuis longtemps éveillé l’imagination des promeneurs (voir site n° 13).

• Le platier rocheux de Penmarc’h à Loctudy La côte méridionale du Pays bigouden, entre la pointe de Penmarc’h et Loctudy, constitue le plus souvent un platier rocheux qui émerge parfois en mer sous

forme d’une multitude d’îlots granitiques, comme au large de Saint-Pierre et de Kérity. Dans son ensemble, cette côte montre une série de festons

dont les saillies sont armées par le granite de Pont-l’Abbé alors que les rentrants, plus fragiles, sont occupés par des cordons sableux parfois interrompus 13


• Les roches magmatiques Lave en fragments soudés du Puy de Lemptegy (Puy de Dôme).

Comme leur nom l’indique, les roches magmatiques sont issues du refroidissement d’un magma* engendré en profondeur à partir de la fusion de roches préexistantes. Dans certains cas, ce refroidissement s’effectue lentement à quelques kilomètres sous la surface de l’écorce terrestre, au cours de la remontée du magma. Des cristaux germent alors progressivement pour donner naissance à des roches dans lesquelles les minéraux, imbriqués les uns dans les autres, sont visibles à l’œil nu. Ces roches, dites plutoniques*, sont donc entièrement cristallisées. C’est par exemple le cas des granites — constitués de cristaux de quartz, de feldspath* et de mica* — mais également des granodiorites, des diorites* et autres gabbros*. Dans d’autres circonstances, le magma parvient à l’air libre après un 20

séjour plus ou moins long dans une chambre magmatique*. Il est alors émis sous forme de coulées de lave* ou de projections se figent rapidement, ce

qui empêche ou limite le développement des cristaux dans ces roches comme les rhyolites ou les basaltes*, qualifiées de volcaniques.

Coulée de lave cordée de l’île de la Réunion.

Granite et gabbro : Deux roches plutoniques à composition chimique différente (Trégastel, Côtes-d’Armor).


Les grandes familles de roches et leur genèse Enfin, il existe des roches magmatiques dites microgrenues qui cristallisent sous la surface, mais à faible profondeur, le plus souvent sous forme de filons. À ce niveau relativement superficiel, le magma refroidit donc assez vite, ce qui conduit à la formation de roches comme les microgranites ou les dolérites*, généralement

constituées de cristaux de petite taille, parfois invisibles à l’œil nu. Mais qu’il s’agisse des roches plutoniques, des roches volcaniques ou des roches microgrenues, leur composition chimique est toujours dictée par la nature du magma initial. Les magmas acides, c’est-à-dire riches en silice mais pauvres en

fer et en magnésium, engendrent des roches claires, comme les granites ou les rhyolites. À l’opposé, les magmas basiques donnent des roches sombres, plus ou moins riches en fer et en magnésium, mais pauvres en silice. C’est par exemple le cas des gabbros ou des basaltes.

Filons de dolérite intrusifs dans un massif granitique (Plougrescant, Côtes-d’Armor).

Classification des roches magmatiques en fonction de leur composition chimique et de la profondeur de leur mise en place. Familles de roches magmatiques

Roches acides (riches en silice)

Roches de surface (volcaniques)

Rhyolite

Dacite

Andésite

Basalte

Roches de demi-profondeur (filoniennes)

Microgranite

Microgranodiorite

Microdiorite

Dolérite

Roches de profondeur (plutoniques)

Granite

Granodiorite

Diorite

Gabbro

Roches intermédiaires

Roches basiques (pauvres en silice)

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La pointe de Goudoul (Lesconil)


L’histoire géologique régionale


Sur le plan géologique et géographique, le Pays bigouden appartient au Massif armoricain, ce dernier ne représentant que la partie affleurante d’une ancienne chaîne de montagnes qui s’est développée dans l’ensemble de l’Europe : la chaîne hercynienne. L’histoire géologique du Pays bigouden est donc indissociable de l’évolution de cette chaîne, en particulier de son segment armoricain. De sa longue histoire au cours des temps géologiques, le Massif armoricain reste marqué par les nombreux événements qui ont constitué son sous-sol, mais également modelé ses paysages. Cette histoire se lit aujourd’hui dans sa carte géologique, véritable puzzle qui, lorsqu’il est décrypté, permet de retracer les grandes étapes qui ont graduellement conduit à la physionomie actuelle de la région.

N

0

40 km

Manche

Pays bigouden

Bassin de Paris

Sédiments mésozoïques Sédiments paléozoïques Sédiments précambriens

Atlantique

Roches métamorphiques Roches magmatiques hercyniennes Roches magmatiques cadomiennes Roches icartiennes Failles majeures

Carte géologique simplifiée du Massif armoricain

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L’histoire géologique régionale • Les roches les plus anciennes de France

Gneiss œillés d’âge icartien : les roches les plus anciennes de France, datées à 2 milliards d’années (Trébeurden, Côtes-d’Armor).

Les premiers témoins de l’histoire géologique du Massif armoricain et de la France

métropolitaine sont datés aux environs de deux milliards d’années. Aujourd’hui métamor-

phisés, ces témoins sont constitués d’anciens granites intrusifs dans des formations volcaniques et sédimentaires par conséquent plus anciennes, mais dont l’âge est inconnu. Ils sont uniquement visibles de manière fragmentaire depuis le Trégor jusqu’au Cap de la Hague, en passant par les îles anglo-normandes.

• La formation d’une première chaîne de montagnes Cette histoire armoricaine s’interrompt alors pendant une longue période au cours de laquelle aucun événement géologique n’est enregistré, avant de reprendre à nouveau dans le Trégor et dans le Goëlo, ainsi que dans

le Cotentin. Il y a 600 à 700 millions d’années, ces régions sont en effet le siège d’une importante activité magmatique, de phénomènes métamorphiques et d’événements tectoniques qui attestent de la formation d’une

chaîne de montagnes : la chaîne cadomienne. Après une phase de déformation intense de la croûte terrestre et la constitution d’importants reliefs, cette chaîne s’érode progressivement. Vers la fin du Précambrien, les sédiments qui proviennent du démantèlement des reliefs s’accumulent sous forme de conglomérats, de grès et d’argilites. Ces derniers sont alors soumis à de nouvelles déformations et à la mise en place d’importantes intrusions granitiques qui marquent la fin du cycle orogénique cadomien, il y a 540  millions d’années.

Coulée de lave sous-marine, témoin de la formation de la chaîne cadomienne il y a 540 millions d’années (Paimpol, Côtes-d’Armor).

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• L’ouverture d’un domaine océanique

Dalle de grès armoricain (Camaret, Finistère).

À cette époque, le Massif armoricain devait se situer en marge septentrionale d’un vaste continent — le Gondwana — intégrant en particulier l’Afrique où les géologues ont retrouvé les mêmes étapes de cette histoire précoce : roches datées à 2 milliards d’années et formation d’une chaîne de montagnes il y a 600 à 700 millions d’années. Durant le Cambrien et surtout au cours de l’Ordovicien, cette marge nord-gondwanienne s’étire, la croûte continentale s’amincit et se fragmente, plusieurs domaines océaniques s’ouvrent. Cette ouverture ainsi que l’affaissement Répartition des principales plaques tectoniques à la surface du globe au cours de la fragmentation du Gondwana (Ordovicien).

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des marges continentales entraînent une importante remontée du niveau marin sur les reliefs cadomiens largement érodés, ce qui se traduit par une sédimentation sableuse de plateforme à l’origine des grès armoricains. Sur ces plateformes continen-

tales, le niveau de la mer va alors fluctuer jusqu’au Dévonien, baissant de manière importante au cours de certains épisodes, dits de régression, remontant pendant les périodes de transgression. Sur les fonds marins, d’épaisses séries sédimentaires gréseuses et schisteuses se déposent, souvent riches en fossiles, bien conservées dans le domaine centre-armoricain. C’est à cette époque q u ’a p p a r t i e n n e n t les étapes les plus anciennes de l’histoire géologique du Pays bigouden. Au cours de l’amincissement de la marge, des magmas prennent naissance


L’histoire géologique régionale au sein du manteau puis remontent dans la croûte continentale où ils sont modifiés avant d’y cristalliser. C’est le cas des granites qui sont à l’origine des orthogneiss de Languidou et qui se sont mis en place à l’Ordovicien, il y a environ 480 millions d’années (voir site

n° 9). Sensiblement à la même période, l’extension de la croûte finit par aboutir à la formation d’un véritable océan dont les fonds se retrouvent aujourd’hui à l’état de reliques, accompagnées de fragments de manteau, au niveau de la baie d’Audierne :

serpentinites, gabbros et prasinites (voir sites n° 4 et n° 8). Cette étape, connue dans toute l’Europe, conduit à la dislocation progressive du Gondwana, isolant quelques domaines insulaires dont l’un s’appellera désormais Armorica.

• La fermeture du domaine océanique

Micaschistes à glaucophane, épidote et grenat de l’Île de Groix, témoins d’une croûte océanique hercynienne.

La deuxième étape de l’histoire géologique du Pays bigouden est marquée par la disparition progressive de cet océan, au cours d’un phénomène de subduction de son plancher. Ce dernier, parfois accompagné de matériaux d’origine continentale, est ainsi enfoui dans les profondeurs du manteau où il est soumis à des températures élevées et à de fortes pressions. Les roches qui constituent ce plancher sont

Répartition des principales plaques tectoniques à la surface du globe au cours de la fragmentation du Dévonien.

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Position de la ligne de rivage il y a 22 000 ans, lors du dernier épisode glaciaire.

• E t demain ? L’histoire géologique se poursuit inexorablement, dans le Massif armoricain comme sur le reste de la planète. Ainsi, en examinant le déplacement actuel des plaques, il est possible de prédire la fermeture de la Méditerranée dans quelques millions d’années, avec pour conséquence la poursuite de l’affrontement entre le continent européen et 38

le continent africain. La collision entre ces deux continents actuellement impliqués dans la formation des Alpes risque donc de se propager vers l’ouest et vers le nord, affectant alors vraisemblablement le socle armoricain. Mais d’ici là, le réchauffement climatique annoncé aura probablement conduit à accélérer de manière significative

la remontée du niveau marin et aura modifié par conséquent la physionomie de notre littoral. L’échelle de temps de ces deux phénomènes est cependant sans commune mesure : le mouvement des plaques se mesure en millions d’années, les variations du climat en millénaires.


Un marqueur du mouvement le long des failles : les structures C-S La présentation des particularités géologiques du Pays bigouden fait souvent référence à des structures conjuguées de cisaillement (C) et de schistosité (S) qui méritent quelques explications. En fin de cristallisation des magmas, lorsque ces derniers se mettent en place sous contrainte, par exemple le long d’une faille active, des structures se développent dans les roches : d’une part, des plans de schistosité (S) qui correspondent à un aplatissement de la matière et qui affectent la totalité de la roche ; d’autre part, des plans de cisaillement (C) qui marquent des ruptures au sein de la roche et qui sont séparés les uns des autres de quelques millimètres ou de 1 à 2 centimètres. Ces structures apparaissent lorsque la roche passe d’un état visqueux où se forment les plans d’aplatissement à un état cassant où sont générés les plans de rupture et les fractures. C’est pour cette raison que l’association des deux types de plan se produit en fin de cristallisation du magma, avant que la roche ne soit totalement refroidie. À une autre échelle, le cisaillement sud-armoricain est une faille qui affecte le Massif armoricain sur toute sa longueur, soit sur plusieurs centaines de kilomètres, et probablement sur toute l’épaisseur de la croûte (30 à 35 kilomètres). Elle s’est formée à la suite de la convergence entre Gondwana et Armorica, lorsque l’affrontement, d’abord direct et frontal, est devenu oblique. D’importantes fractures coulissantes ont alors affecté le socle, recoupant les grands chevauchements* antérieurs. C’est le cas du cisaillement sud-armoricain le long duquel les roches sont intensément déformées sur une zone de Schéma de détail d’une roche granitique affectée par un plusieurs centaines de mètres cisaillement dextre. de largeur et où les structures C-S marquent les roches granitiques. Ici, la mesure des angles entre ces structures et leur direction ont permis d’établir que le cisaillement principal avait un sens de mouvement dextre, et que les fractures associées, par exemple à la bordure nord du massif granitique de Pontl’Abbé, avaient un mouvement senestre. Schéma de détail d’une roche granitique affectée par un cisaillement senestre (d’après P. Jégouzo).

39 39


• L’unité inférieure de Plonéour-Lanvern En position méridionale et limitée au sud par le granite de Pont-l’Abbé, l’unité inférieure de l’édifice affleure depuis Saint-Jean-Trolimon jusqu’à Gouesnac’h. Le Groupe de Nerly, situé à la base de cette unité, est constitué par des paragneiss et des micaschistes qui résultent de la transformation de sédiments. On y observe également des roches claires (leptynites) et sombres

(amphibolites*), ces dernières représentant d’anciennes roches volcaniques basaltiques qui se seraient mises en place en domaine océanique. Les roches qui constituent cette unité sont notamment observables à la frontière orientale du Pays bigouden, dans l’anse de Combrit et sur les deux rives de l’Odet (voir sites n° 20 et n° 22). Elles ont subi une forte déformation par aplatissement qui

se traduit par un débit en plaquettes et une foliation* à fort pendage. Trois épisodes successifs de métamorphisme y ont été identifiés, notamment à partir de l’observation des minéraux rencontrés dans les roches : le premier épisode témoigne de l’enfouissement tectonique des différentes unités  ; le deuxième marque le début de leur remontée dans les zones superficielles

Les gneiss et micaschistes de Nerly, déformés et en partie fondus à proximité du contact avec le granite de Pont-l’Abbé.

de l’écorce terrestre ; le troisième, plus récent, correspond à un métamorphisme thermique qui s’est développé au contact du granite de Pont-l’Abbé.

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L’orthogneiss de Plonéour-Lanvern forme une bande de 1 à 2 kilomètres de large. C’est un ancien granite à deux micas, à grain généralement fin à moyen. Sa déformation résulte d’un

mouvement cisaillant sénestre, oblique au grand cisaillement sudarmoricain. Au niveau de sa bordure nord se développe un faciès fin, filonien, anciennement exploité à Tréguennec (voir site n° 11).


Les formations géologiques du Pays bigouden • L’unité de Tréogat de Nerly : le premier, enregistré en profondeur ; le deuxième, marquant la remontée des séries dans des zones plus superficielles.

Les prasinites de Tréogat, jadis utilisées comme matériau de construction.

L’unité de Tréogat surmonte l’orthogneiss de Plonéour-Lanvern et affleure selon une bande de 3 à 4 kilomètres de large depuis Trunvel jusqu’à Saint-Joseph. Deux formations métamorphiques constituent cette unité : les micaschistes de Trunvel à la base et les prasinites de Tréogat au sommet. Ces deux formations semblent en continuité stratigraphique et la transition s’effectue progressivement sous forme d’alternances métriques à centimétriques de micaschistes et de prasinites.

Les micaschistes de Trunvel qui apparaissent à la base de l’unité sont de couleur brune à verdâtre et présentent une minéralogie à muscovite*, biotite* et grenat. En remontant dans la série, ils sont rapidement remplacés par des roches gneissiques et par des leptynites. Dans leur ensemble, ces roches représentent une ancienne formation sédimentaire et volcano-sédimentaire. Sur le plan métamorphique, les minéraux qui les composent permettent de définir deux épisodes ayant affecté le Groupe

Les prasinites de Tréogat affleurent principalement au nord de l’étang de Trunvel et dans la région de Tréogat où elles sont interprétées comme d’anciennes coulées de lave basaltique (voir site n° 8). Il s’agit de roches vertes finement foliées, présentant un débit régulier en lits centimétriques à décimétriques déformés en immenses plis. Ici encore, les observations minéralogiques permettent de conclure à l’existence de deux stades successifs de métamorphisme, analogues à ceux qui ont été mis en évidence dans les roches précédentes.

• L’unité de Peumerit Contrairement aux formations géologiques précédentes constituant de véritables ensembles cohérents, l’unité de Peumerit se

présente comme un assemblage de roches de nature et d’origine diverses.

Les serpentinites affleurent essentiellement au nord de la ferme de Ty Lann, dans la tranchée de la route qui mène de Tréogat 45


La chapelle de Saint-Vio.


Des pierres et des hommes


Des pierres et des hommes • L’exploitation du cordon de galets de la baie d’Audierne Sur le littoral, les galets à l’origine utilisés dans l’architecture traditionnelle, le furent également pour des raisons beaucoup moins nobles. Dès 1942, l’armée allemande à la recherche de grandes quantités de matériaux lui permettant notamment la réalisation du mur de l’Atlantique se mit à exploiter de manière intensive les galets constituant l’important cordon littoral de la baie d’Audierne. En 1943, un concasseur permettant de broyer ces galets est installé à Tréguennec, au lieu-dit Prat-ar-

Hastel. Des wagonnets les acheminaient depuis la plage jusqu’au sommet de l’immense construction en béton dans laquelle ils étaient déversés. Les galets broyés étaient alors transportés jusqu’aux différents chantiers par chemin de fer. La base sous-marine de Lorient a également été construite avec les galets de Tréguennec et on estime à un million de tonnes la quantité extraite en trois ans par 400 ouvriers encadrés par une cinquantaine de soldats. Cette exploitation s’est même quelque peu poursuivie

Concasseur utilisé lors de la seconde guerre mondiale pour broyer les galets.

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après la guerre, jusqu’en 1948, afin de contribuer à la reconstruction de la ville de Brest. À l’origine, le cordon littoral s’étendait sur une longueur de 12 kilomètres, une largeur de 100 mètres et une hauteur de 5 mètres. Fortement entamé par les extractions, le cordon ne constitue donc plus aujourd’hui la barrière naturelle isolant l’intérieur des terres du domaine maritime (voir site n° 6).


• La Pointe de la Torche et les dunes de sable

La pointe de la Torche, immortalisée par François Bourgeon dans sa bande dessinée Les Yeux d’étain de la ville glauque.

Lieu touristique incontournable du Pays bigouden, la pointe de la Torche s’avance dans l’océan, marquant la limite entre la baie d’Audierne au nord et la Pointe de Penmarc’h au sud (voir site n° 12). Elle est aujourd’hui immortalisée dans une bande dessinée de François Bourgeon, Bigouden d’adoption, auteur de la célèbre série des Passagers du Vent. Lors de la dernière guerre mondiale, cette pointe et les dunes environnantes ont constitué un lieu stratégique pour les Allemands qui y ont construit plusieurs blockhaus. Aujourd’hui, ces forteresses se retrouvent sur la plage, plus ou moins immergées à marée haute, témoignant de la remontée du

Culture de plantes bulbeuses dans les terrains sableux de Tronoën.

niveau marin et d’une importante érosion du littoral en quelques dizaines d’années seulement. Paradis des surfeurs, ce site très fréquenté est également réputé pour la culture des plantes à bulbes (tulipes, jacinthes, jonquilles) installées dans les dunes sableuses et particulièrement spectaculaires aux mois de mars et avril.

Blockhaus écroulés sur la plage et témoignant du recul du rivage au cours des dernières décennies.

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Rocher de la pointe de la Torche.


Les sites gĂŠologiques remarquables


sites géologiques remarquables

L’ancien cordon de galets de Ru-Vein

Vue générale du site de Ru-Vein.

PorsPoulhan

ÉAN TIQUE

Landudec Plozévet Plogastel-Saint-Germain Penhors

Peumérit

Pouldreuzic

PAYS BIGOUDEN

Plovan

Tréogat PlonéourLanvern

7

Tréméoc

Tréguennec

Pour s’y rendre Kerguellec

Saint-Jean Trolimon

O

utre le cordon de galets qui dessine la concavité de la baie d’Audierne et Quimper que l’on peut observer par exemple au lieu-dit Stang-ar-Liou (voir site n° 6), le site de Ru-Vein permet de découvrir et d’observer un deuxième cordon. Ce dernier, en position haute par rapport au cordon qui se situe sur la plage, est également plus ancien. Il témoigne d’une époque où le niveau de la mer était plus élevé que le niveau actuel. Combrit

Pont-l'Abbé

Pointe de Combrit

À partir de Plovan, suivre la direction de la mer jusqu’au lieu-dit Prat Kergoë. Tourner à gauche vers RuVein et laisser la voiture sur l’aire de stationnement située face à l’océan. Remonter alors vers le nord sur le haut de l’estran puis prendre à droite quelques dizaines de mètres avant le poste de sauvetage pour atteindre l’ancienne carrière. Plomeur

Pointe de la Torche

SaintGuénolé

Penmarc'h

Phare d'Eckmühl

74

Treffiagat

Guilvinec

Île-Tudy

PlobannalecLesconil Loctudy

3 km

N

Ancien cordon de galets situé dans la partie supérieure de la falaise littorale.


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site n° Des enclaves magmatiques et des enclaves sédimentaires

Front de taille de la carrière abandonnée, ouverte dans l’ancien cordon, en arrière de l’estran actuel.

C’est au sommet de la petite falaise de couleur ocre qui limite l’estran ainsi qu’au niveau du front de taille de l’ancienne carrière de Ru-Vein qu’il est possible d’observer le cordon de galets ancien. Formant une sorte de relief allongé depuis l’étang de Nérizellec jusqu’à Crumuni, il est situé à quelques mètres au-dessus du cordon actuel (voir site n° 6) et devait être beaucoup

plus épais que ce dernier. Il s’est donc formé au cours d’une ou de plusieurs périodes où le niveau de la mer était sensiblement plus élevé et où la ligne de rivage se situait plus à l’est.

Galets redressés à la verticale sous l’action du gel.

Dans la carrière, il est possible d’observer localement des concentrations de galets en position verticale, incompatible avec un dépôt dans un environnement marin.

Cette disposition bien particulière des galets est due à l’action du gel au cours d’une période glaciaire qui a succédé à la formation de ce cordon, il y a au moins 20 000 ans.

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À voir également

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Sur l’estran, à marée basse, il est parfois possible d’observer un niveau induré de plage ancienne situé en avant du cordon de galets actuel et émergeant sous ce dernier. 75


rshan

sites géologiques remarquables

Les sculptures naturelles de Saint-Guénolé

Landudec

Quimper

Plozévet Plogastel-Saint-Germain Penhors

Peumérit

Pouldreuzic

PAYS BIGOUDEN Les rochers du Trou de l’Enfer à Saint-Guénolé.

Plovan

Tréogat PlonéourLanvern

Tréméoc

Tréguennec Kerguellec

Saint-Jean Trolimon

Combrit Pont-l'Abbé Pointe de Combrit

Plomeur

13 SaintGuénolé

Île-Tudy

Pointe de la Torche

PlobannalecLesconil Loctudy

Penmarc'h

Phare d'Eckmühl

Treffiagat

3 km

Guilvinec

N

Pour s’y rendre Signalés depuis le centre de Saint-Guénolé, les rochers les plus démonstratifs sont facilement accessibles à partir du Rocher du Préfet, depuis le sentier piétonnier qui suit le littoral en direction du port ou de la plage de Pors-Carn.

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P

onctuant l’ensemble du littoral situé entre le port de Saint-Guénolé et la plage de Pors-Carn, ces rochers parfois étranges ont alimenté l’imagination populaire et la créativité artistique depuis de nombreuses générations. Mais qu’il s’agisse du Tire-bouchon ou du Rhinocéros, de la Baguette de Pain, des Oreilles de Lapin ou de la Tortue, leur forme résulte toujours de phénomènes d’altération et d’érosion en grande partie guidés par la déformation qui affecte ici le granite.

La Baguette de Pain.


13

site n°

Cisaillement et schistosité à l’origine de la forme des rochers Dans toute la partie occidentale de SaintGuénolé, le granite de Pont-l’Abbé n’apparaît pas comme une roche homogène, mais présente au contraire une déformation plus ou moins marquée (voir site n° 14). Cette déformation se traduit essentiellement par des bandes de cisaillement (C) et une schistosité discontinue (S) orientées respectivement à 30° et 60° par rapport au nord, parfaitement visibles au niveau du Rocher du Préfet. Une telle déformation hétérogène, observable depuis le sud de Saint-Guénolé jusqu’à la pointe de la Torche, crée des directions privilégiées de faiblesse dans la roche. C’est donc à ce niveau que le granite va être attaqué de préférence par les agents d’altération et d’érosion (eaux de ruissellement, embruns, etc.).

Les rochers ainsi sculptés sont parfois spectaculaires et montrent clairement ces directions tectoniques, contrairement à ce que l’on observe dans le granite non déformé, pourtant confronté aux mêmes phénomènes de transformation physico-chimique (voir site n° 16). Certains de ces rochers, situés dans les zones les plus hautes de l’estran, prennent parfois une allure de champignon, leur base semblant avoir été érodée ou creusée. Il s’agit en fait d’encoches

Le Tire-Bouchon.

La Tortue.

de pédogénèse qui résultent de l’altération des roches par l’acide humique contenu dans les sols, avant que ces derniers ne soient décapés par l’érosion marine.

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À voir également

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Les ports de pêche font partie intégrante du Pays bigouden, notamment ceux du Guilvinec et de Saint-Guénolé où le retour des bateaux de pêche vers la fin de l’après-midi constitue un véritable spectacle. 87


sites géologiques remarquables

La rivière de Pont-l’Abbé

Landudec

Quimper Plogastel-Saint-Germain

Peumérit

dreuzic

PAYS BIGOUDEN

ovan

ainténolé

Vue aérienne de Pont-l’Abbé.

Tréogat PlonéourLanvern

Tréméoc

Tréguennec Kerguellec

Saint-Jean Trolimon

Combrit Pont-l'Abbé Pointe de Combrit

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Plomeur Pointe de la Torche

PlobannalecLesconil Loctudy

Penmarc'h

e d'Eckmühl

Île-Tudy

Treffiagat

3 km

Guilvinec

N

Pour s’y rendre Depuis le centreville de Pont-l’Abbé, se diriger vers le port puis suivre en rive droite le chemin de grande randonnée qui mène au bout d’environ 3 kilomètres au pied du menhir de Penglaouic.

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L

a rivière de Pont-l’Abbé, dans laquelle la mer remonte jusqu’au centre de la cité, débouche sur un vaste estuaire qui forme avec l’anse du Pouldon une petite mer intérieure parsemée d’îles, fréquentée par les oiseaux, notamment à marée basse. Pour la découvrir, le chemin piétonnier qui la suit en rive droite depuis la ville jusqu’au menhir mouillé de Penglaouic et au-delà offre de nombreux points de vue.

Le schorre*, domaine des plantes halophiles, entaillé par un ruisseau.


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site n° La remontée des eaux à la fin d’une période glaciaire Dénommés « rias* » en Galice, « abers* » dans le Léon et « rivières » en Cornouaille, ces fleuves côtiers qui sont typiques des côtes armoricaines, coulent dans des vallées envahies régulièrement par la mer. La rivière de Pont-l’Abbé en constitue un bel exemple avec une influence de la marée qui se manifeste quotidiennement à plusieurs kilomètres de son embouchure. Il y a seulement 20 000 ans, alors que les calottes glaciaires recouvraient encore l’Europe du Nord, le niveau de la mer était beaucoup plus bas qu’aujourd’hui, le littoral par conséquent plus éloigné et les cours d’eau dont la pente était plus forte tendaient à s’encaisser dans leur lit. Depuis la fin des temps glaciaires, des sédiments fins se sont progressivement accumulés dans ces cours d’eau, produits

par l’érosion fluviatile mais également apportés par la mer qui y pénètre à chaque marée. De grandes étendues vaseuses connues sous le nom de slikke* se sont ainsi

Le menhir de Penglaouic, partiellement immergé à marée haute.

La slikke, étendue vaseuse à marée basse.

formées, s’élevant peu à peu de part et d’autre du chenal de marée, colonisées dans les parties les plus hautes par une végétation de schorre. Aujourd’hui, le menhir de Penglaouic témoigne de ces variations du niveau marin au cours du temps.

Érigé sur la terre ferme au cours du Néolithique il y a quelques milliers d’années, à une époque où le niveau de la mer devait être bien plus bas que le niveau actuel, il est partiellement immergé à chaque marée haute.

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À voir également

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La rivière peut également se découvrir à partir de l’extrémité sud de l’Île Chevalier que l’on rejoint en voiture après avoir traversé la digue qui relie l’île au continent. Poursuivre jusqu’au bout de la route ; elle mène au parking du lieu-dit Pen-ar-Hoat où un chemin piétonnier permet d’atteindre la rivière en une centaine de mètres. 97



Les milieux naturels du Pays bigouden 107


Fortement dépendantes de la nature des terrains et de leurs habitats, la flore et la faune montrent une diversité d’autant plus riche que les milieux naturels sont variés et contrastés. Dans le Pays bigouden, les étangs littoraux, les dunes côtières et l’estuaire de la rivière de Pont-l’Abbé peuvent en témoigner.

• Les étangs littoraux du sud de la baie d’Audierne Les étangs protégés par le cordon de galets au sud de la baie d’Audierne sont des sites d’intérêt patrimonial majeur. Coincés entre les dunes et les landes à ajoncs, ils communiquent régulièrement avec la mer par des ouvertures naturelles dans le cordon de galets et présentent une multitude de milieux favorables à la biodiversité. Les

étangs, notamment ceux de Trunvel (Tréogat) et de Kergalan (Plovan) présentent d’importantes ceintures

de phragmites. C’est le domaine du butor étoilé qui, présent toute l’année, mais de nature discrète, laisse entendre

L’étang de Trunvel.

Vue sur les étangs en arrière du cordon de galets (baie d’Audierne).

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Les milieux naturels du Pays bigouden

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus).

Sternes pierregarin (Sterna hirundo).

son chant sourd et nocturne en fin d’hiver. Plusieurs couples de busards des roseaux nichent dans le secteur,

souvent en maraude au-dessus de ces grandes étendues plus ou moins humides qui accueillent également

nombre de passereaux : rousserolles effarvattes, phragmites des joncs, bruants des roseaux et autres mésanges à moustaches. À Trunvel, une station de baguage ouverte au public de juillet à octobre permet, depuis vingt ans, d’étudier les migrations. La sterne pierregarin s’y reproduit sur des îlots artificiels tandis que les brèches dans le cordon de galets constituent des sites de nidification très appréciés des gravelots à collier interrompu. Ces petits limicoles déposent leurs œufs à même le sable, dans de petites dépressions à peine marquées, ce qui rend leurs pontes très vulnérables.

• Les dunes blanches et les dunes grises Formant les premiers reliefs qui dominent la plage, les dunes blanches sont en partie colonisées par les oyats, accompagnés parfois par le panicaut de mer. Elles se poursuivent dans l’intérieur des terres par les dunes grises qui doivent leur nom à la maigre Les dunes de Tronoën.

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