syncopes cardiogéniques Gérard Le Bobinnec Clinique Vétérinaire de l’Alouette 24, avenue du Bourgailh 33600 Pessac
Objectif pédagogique Appréhender à l’aide de 8 études de cas les troubles du rythme cardiaque à l’origine de syncopes.
Essentiel ❚ Les troubles tachycardiques à l’origine de syncopes sont : - les accès soutenus et rapides de tachycardie supraventriculaire ; - les longs accès de tachycardie atriale ; - les accès paroxystiques de tachycardie jonctionnelle ; - la fibrillation atriale, mais rarement ; - les tachycardies ventriculaires ; - le flutter ventriculaire ; - la fibrillation ventriculaire ; - la torsade de pointe.
et troubles du rythme chez le chien Parmi les grandes causes de syncopes cardiogéniques figurent les troubles du rythme. Quels sont les troubles du rythme cardiaque susceptibles d’entraîner des syncopes ? Quels sont ceux qui ne provoquent pas de syncopes ?
L
’étiologie principale des syncopes cardiogéniques est constituée par les troubles du rythme. Ainsi, il est important de reprendre en détail les principales arythmies et dysrythmies réellement responsables de ce symptôme. En effet, chez le chien, 18 à 35 p. cent des syncopes sont dues à des troubles du rythme sans support cardiaque majeur, cette proportion monte à 42-45 p. cent si l’on considère seulement les animaux cardiaques [2]. Deux grands groupes de troubles du rythme sont responsables de la baisse du débit cardiaque, donc de l’hypoperfusion cérébrale : 1. la baisse du volume d’éjection systolique (VES) par défaut de remplissage diastolique : c’est le cas des tachyarythmies ; 2. la baisse de la fréquence cardiaque : c’est le cas des bradyarythmies. Mais, certains troubles du rythme peuvent associer les deux : c’est le cas du Sick-sinus syndrome. TACHYARYTHMIES ET SYNCOPES Les rares études qui utilisent l’enregistrement électrocardiographique (ECG) ambulatoire
Cas n° 1
(Holter) pour diagnostiquer la cause des syncopes [8, 9] montrent que les tachyarythmies sont nettement dominantes sur les bradyarythmies (proportion 2/3 - 1/3). Mais, il convient d’être toujours prudent sur le diagnostic étiologique dans un contexte donné. Par exemple, la cardiomyopathie dilatée (CMD) du Doberman est souvent accompagnée d’épisodes de tachycardie ventriculaire. Cependant, ce sont des pauses ou des arrêts cardiaques qui sont les principaux responsables de syncopes dans cette race [10]. Les tachycardies supraventriculaires (TSV) Pour qu’une tachycardie de l’étage supraventriculaire (TSV) puisse être responsable de syncopes, il faut qu’elle soit suffisamment rapide et soutenue pour que le nœud jonctionnel ne puisse plus jouer son rôle de frein et de “gare de triage”. Il n’y a donc ni syncope, ni même lipothymie avec les extrasystoles supraventriculaires (atriales ou jonctionnelles) ou les brefs accès de tachycardie paroxystique supraventriculaire (TPSV). Il faut, pour provoquer des syncopes, des accès soutenus (en général plus de cinq secondes) et très rapides (> 220 battements/minute) (cas n° 1). La tachycardie sinusale Même à fréquence élevée (> 200 battements/minute), cette hyperexcitabilité normotope (originaire du nœud sinusal), souvent d’origine extracardiaque (fièvre, peur, anémie, hyperthyroïdie, ...), n’est pas responsable de lipothymie ou de syncope.
La tachycardie paroxystique supraventriculaire
Le tracé 1 montre un cas de tachycardie paroxystique supraventriculaire (atriale) apparaissant sur un bigeminisme (une extrasystole
atriale couplée à un complexe sinusal). (D2 ; 1 cm = 1 mV : 50 mm/s)
CANINE
1 Tachycardie paroxystique supraventriculaire (atriale) apparaissant sur un bigeminisme. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 206 - AVRIL / JUIN 2002
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