Bruxelles Cuture 15 septembre 2018

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TOONE : LUCRÈCE BORGIA Ça en est un drôle de bazar que ce stûût avec une jolie mokke qui a fait bibberer sur leurs rotules tous les mâles de son époque ! Tu sais certainement de qui je parle. Allons, t’as sûrement vu les films dans lesquels elle fait un tour de piste, poussée par son frère César, un scheile qui se veut plus riche que tout le monde et plus puissant que Dieu lui-même. T’as peut-être aussi suivi dans la petite lucarne la série « Les Borgia ». Ah, cette fois, je vois que ta petite lanterne est allumée. Ara! Mais tu dois pas me prendre pour un zieverer. Il n’est pas question de te conseiller d’aller chez Toone pour revoir ce que t’as découvert dans le rectangle de ton poste de télévision, avec une bière sur le plateau de la table gigogne sur laquelle tu poses aussi les pieds et un paquet de chips sur les genoux. Cette fois, l’histoire est pas scribouillée par un faiseur d’Hollywood, plutôt inspirée des vers de Victor Hugo, un peï qui était une véritable star de son temps et qui a eu droit, comme Johnny, à des funérailles nationales. Un castard qui savait raconter comme pas deux et qui avait acquis de la galette en écrivant jour et nuit. Le drame, car il s’agit d’homicides, de malversations et d’amours en stoemelings, se passe dans un cadre médiéval vaticanobruxello-belge (caractéristique du théâtre de Toone !) où rien ne se déroule comme prévu par rapport au script original d’Hugo. Lors du règne de l’antipape Alexandre VI, amateur d’un lambic mieux connu à l’époque sous le nom d’élixir de « Hop-la-la ! », lequel redonnerait selon la rumeur une belle vigueur aux plus extrêmes des ascètes, le népotisme faisait rage et il était courant que l’on devienne papeke de père en fils … un peu comme aujourd’hui nos politiciens placent sur les listes électorales leur fifille et leur fifils pour que, à leur tour et à peine pubères, ils se transforment en bourgmestre ou en ministre avec plein d’oseille à la clé. Pour garder les rênes du pouvoir, ce stouffer n’hésite pas à déplier le grand nuancier des magouilles les moins reluisantes et manipule autant son gamin César, cardinal malgré lui, que sa fille Lucrèce, une beauté dont tous les hommes sont paf et qui n’hésite jamais à mettre en avant son tettegaraach pour les faire tomber de leur sus. C’est naturellement Woltje qui fait les frais des avances de cette jolie mademoiselle qui traîne toute la journée en zhabits vaporeux. Sans perdre un temps précieux, elle sème aussi la bisbrouille dans la cervelle du chevalier de Radijzegang. Chez nous, on connaît le dicton : « Tous les chemins de Rome mènent à la Piazza di Jo di Balli » (Place du Jeu de Balle), où se déroule un des principaux chapitres de la tragédie. Bien sûr, on ne monte pas une pareille pièce comme on aménage son appartement pour une partie de poker entre zattekuls. On met les petits plats dans les grands et on peut être fier des décors créés par Raymond Renard, un manneke qui n’a pas deux mains gauches et qui doit être le fils caché de Magritte ou de Dali. Alors que l’action se met en place, le mercure monte dans les thermomètres et l’ambiance devient olé-olé, pas au point d’interdire l’accès aux moins de dix-huit ans, mais en insistant pour que les parents ne viennent pas avec des snotneus (qui d’abord ne comprendront rien à l’intrigue, mais qui risquent ensuite d’être choqués par ce qui leur sera proposé sur scène). Attention, ce n’est pas non plus un énième épisode de la franchise « Série rose » ou un extrait du « Collaro Show » avec sa pin-up de dix-huit heures trente. Tout est dans la suggestion, la force des dialogues et les sous-entendus en brusseleir. L’occasion de constater que les pouchenels ne sont pas toujours de bois. Pour ne rien changer d’un iota, Nicolas Géal prête sa voix à tous les personnages et fait du mimétisme sur-mesure pour que le régal soit parfait. « Lucrèce Borgia » (mi-Géal mi-Hugo) est à applaudir chez Toone jusqu’au 29 septembre 2018 inclus. De quoi te faite oublier tous les emmerbêtements de la vie et t’instruire pour ne pas passer pour un snul auprès de ta famille et tes collègues ! Enfin pour vivre une chouette soirée avant d’aller t’enfiler une Kriek ou un paquet de frites bien grasses. Vois tous les détails pratiques sur le site www.toone.be Impasse Sainte Pétronille – Rue du Marché-aux-Herbes 66 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


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