Bruxelles Culture mars 2020.

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LA FILLE À MA PLACE Voilà un roman noir qui montre à quel point l’amour peut transformer une personne et la mener à commettre l’irréparable. En réalisant la trahison de l’homme qu’elle chérit, Nin voit son univers s’écrouler. Sans vraiment prendre conscience de la gravité de son geste, elle le tue. Débute alors une fuite en avant pour échapper à la justice autant que pour partir à la recherche d’elle-même. Au fond, qui est-elle ? Elle a vécu l’abandon d’un père, les abus de celui qui a ensuite occupé une place à côté de sa mère. Dans sa cavale, elle multiplie les astuces, se travestit, change d’identité et traverse les frontières. Identifier ses failles et faire tomber le masque réclame énormément de courage. Au contact de ceux qu’elle croise, elle ressuscite lentement et met de la distance par rapport au sentiment de culpabilité qui la tétanisait jusqu’alors. Même si sa vie ne sera plus ce qu’elle a été, elle refuse la résilience. A mesure que les chapitres s’égrènent, l’autrice fait apparaître l’ombre d’une sœur jumelle, longtemps tenue cachée, et qui émerge avec soudaineté, comblant un vide et apportant des réponses au sentiment de mal-être perçu par l’héroïne. Bien entendu, dans son voyage introspectif autant que physique, Nin multiplie les approches, s’allie des adjuvants et renaît pour devenir forte et stable. En montrant par la fiction les fêlures qui entravent le bonheur, Catherine Le Goff illustre parfaitement que jamais rien n’est totalement acquis ni perdu. Ed. Favre – 192 pages Sylvie Van Laere

SUR LES BALCONS DU CIEL L’adolescence est un passage obligatoire pour chacun. Un moment où tout se bouscule, au cours duquel le corps se modifie et où les esprits s’échauffent. Vadim est un jeune semblable à ceux de sa classe, intuitif et dynamique. Néanmoins, il peine à surmonter la mort de son père. Lorsque son amie meurt à son tour, son quotidien s’effondre. Paralysé par la douleur, il brosse les cours, refuse de retourner au collège et s’isole. Pour seule échappatoire, il musarde sur le toit de l’immeuble qu’il occupe. Rien ne peut sembler le sauver de la mélancolie qui le terrasse. Au hasard d’une chute, il croise le regard d’Alma, une jeune fille de son âge. Avec un style direct, Sophie Henrionnet raconte l’histoire de deux solitudes qui s’amadouent, s’épaulent, se heurtent et finissent par s’apprécier. Entre rire et larmes, elle nous propose un récit à hauteur d’épaules, sans fioritures inutiles et dans un langage oral qui fait mouche. Les dialogues s’imprègnent d’une véritable authenticité et vont directement au cœur. « Sur les balcons du ciel » est son cinquième roman, écrit pour la jeunesse mais qui ne déplaira pas aux aînés. Ed du Rocher – 206 pages Daniel Bastié


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