Vent de créations - Wind creations

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Vent de

Créations

Dominique Lamandé


Dominique LAMANDÉ Artiste plasticien - lamandedominique.blogspot.com Enseignant à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne Professeur titulaire Arts et Techniques de la Représentation 2015/2018 Enseignant chercheur DIPAU (Didactique du Projet Architectural et Urbain) et GRIEF (Groupe de Recherche sur l’Invention et l’Évolution des Formes) Maître assistant titulaire 2006/2015 Maître assistant titulaire à L’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux - 2003/2006


Sommaire Avant Propos

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Vent de créations Vent d’éoliennes

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Recherche graphique, picturale sur l’implantation des éoliennes Approche diurne, picturale et visuelle Recherche d’une gamme chromatique Recherche de contours - formes et fond

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Recherche de motifs naturels 10 Modélisations graphiques Recherche chromatique Approche constructive et plastique des éoliennes Approche nocturne du site d’éoliennes Lumières statiques Lumières dynamiques, révélateur du vent Recherche sur l’utilisation différente du vent comme force motrice Proposition 1 Proposition 2 Offshore Épilogue Bibliographie

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Conception, textes, modélisation, élaboration graphique et chromatique : Dominique Lamandé

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Avant Propos Cet article est issu d’un travail de recherche de l’appel à projets du Ministère de la Culture et de la Communication : « Art, architecture et paysages ». Le sujet d’étude de l’équipe transdisciplinaires DIPAU[1] a porté sur « Les parcs d’éoliennes, un objet de recherche de nature hybride ». Le rapport a été finalisé en 2006 et par la suite a pris la forme d’un ouvrage collectif : « VENT(S) invention et évolution des formes [2]». L’axe de recherche que j’ai développé comme plasticien est de considérer l’éolienne dans sa perception environnementale. Ces objets dans leur grande majorité ont une forme et une gamme chromatique identiques, probablement dans un souci de "neutralité", donnant à la perception de cette machine une perception "fonctionnelle", technique.

donnant à celui-ci non pas un "fond" sur lequel l'éolienne tend à disparaître, à se faire oublier, mais au contraire où l'éolienne se révèle ! La première approche a été de mettre en évidence les invariants, les éléments fixes du paysage pouvant servir de support à une recherche graphique. La seconde approche s’est développée sur les éléments mobiles de l’environnement. Le vent ne peut se percevoir qu’à travers les formes variables des nuages, ce qui a permis d’élaborer des gammes graphiques et chromatiques, une manière de matérialiser l’impalpable. Dans un troisième temps, la question du processus de transposition des forces éoliennes en force mécanique s’est posée. Un seul modèle s’est développé, celui des pales et rotors à axe horizontal. Cette matrice unique s’est traduite au fil des années par des machines de plus en plus grandes avec une incidence visuelle non négligeable dans le paysage. Le modèle des éoliennes à axe vertical n’a pas eu le même développement et il reste complètement marginal dans la production d’électricité.

Plutôt que de chercher à le fondre dans le paysage on pourrait considérer l'objet éolien comme un objet pouvant être un "spectacle", un ensemble créatif, étonnant, en contraste avec son environnement, 1 Didactique du Projet Architectural et Urbain 2 École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne - Presses Universitaires de Rennes – maquettage Hokus Pokus Créations. Rennes 2008

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Vent de créations …

Le vent fait partie des grandes forces de la nature. Cet élément invisible, mais présent par sa force de déplacement, aux conséquences imprévisibles, a été, dès l’origine de l’homme, une source d’inspiration et de création pour lui. Cet élément, avant même d’être une force, est constitué par un élément premier, l’air. Cette substance inerte, invisible à la perception humaine, impalpable et dans laquelle nous évoluons, prend la terminologie de vent quand par variation thermique, pression entre couches atmosphériques, cette substance se met en mouvement. Sujet d’observation pour l’homme, celui-ci en a noté toutes les échelles de variation, toutes les nuances, de la brise légère - force zéro - où la mer est comme un miroir, à la force destructrice des ouragans - force douze -, où l’air est plein d’écume et d’embruns. Souvent associé à d’autres éléments, le vent n’est perçu que par le son, sifflements divers dans les structures et constructions. Visuellement il se matérialise par des éléments en suspension dans l’air, fumées, sable, ou par des phénomènes induits souvent associés, les nuages, cirrus, dominant les altostratus et autre nimbostratus, cumulus se survolant entre eux, provocant pluie et foudre. Ces phénomènes naturels ont été abordés comme sujet de création par des artistes contemporains tels que James Turrel, Andy Goldsworthy, ou Walter De Maria. Du vent, la perception est aussi kinesthésique lorsque l’on ressent tactilement sur la peau une brise légère. Ce rapport physique peut aller jusqu’au déploiement de toutes nos propres forces physiques pour s’opposer à lui. Pour exprimer ses sensations face à cet élément incontrôlable, l’humain a utilisé des métaphores, des mimétismes. Les instruments à vent pour la musique , comme l’alto, qui désigne aussi bien un violon ténor que la voix grave féminine et aiguë masculine, la poésie, la littérature pour le nommer sous toutes les latitudes, la peinture pour le visualiser et aussi des fabrications d’objets pouvant “ jouer “ avec cette force… (Cerfs volants, girouettes, drapeaux, fanions…etc.), la difficulté étant de “matérialiser“ un élément, une force qui par essence même, manque de matérialité. La notion de mouvement et donc de temps lui étant associée, la notion de persistance visuelle, sonore, ajoute à cette difficulté de représentation et place cette force dans le domaine de l’éphémère.

Durant des millénaires, l’homme a produit des objets, des textes, des événements, des actions pour manifester ses joies et ses craintes face à ce phénomène insaisissable. Au travers de récits, de rites, de coutumes, il a nourri ses mythes et ses légendes. Le propos n’est pas d’aborder cette notion de vent dans l’exhaustivité de la production et de la diversité créatrices, mais de l’aborder dans un sujet d’étude lié à cet élément : les éoliennes. Notre démarche va consister à définir de quelle manière “ matérialiser “ et rendre visible cet élément impalpable en action dans un champ d’éoliennes.

Vent d’éoliennes …

Les éoliennes dans leur grande majorité ont une forme et une gamme chromatique identiques, probablement dans un souci de “neutralité”, donnant de leur vision une perception avant tout fonctionnelle et technique. L’approche conduite est de considérer le concept éolien comme un objet pouvant être un spectacle, un ensemble créatif, étonnant, en contraste avec son environnement, donnant à celui-ci non pas un “fond” sur lequel l’éolienne tend à disparaître, à se faire oublier, mais au contraire une scène où elle se révèle ! En premier lieu il convient de définir un champ d’action. Le site de Bouin en Vendée a servi de sujet d’étude et a donné une première analyse des actants du lieu d’observation. En dehors des cinq éoliennes en action, nous trouvons : - les éléments invariants ; - les éléments mixtes ; - les variables. Dans la première catégorie nous pouvons mettre les constituants fixes, comme le bâti, les infrastructures. Durant la vie d’une éolienne, ces éléments varient peu et sont des points de repère que l’on retrouve aux mêmes endroits. Dans la deuxième catégorie nous avons les végétaux qui sont à la fois ancrés et qui ont un devenir évolutif avec une variabilité dans leur aspect. Ils sont susceptibles de modifications dans leur taille, dans leur texture, dans leur chromatisme en fonction des saisons, mais ils sont également sensibles à notre sujet d’étude, le vent. La dernière catégorie regroupe les éléments mobiles comme le flux humain, les nuages. De par cette caractéristique de fluctuation,

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les notions de temps, d’éphémère, sont associées à cette catégorie. L’objectif est de se servir des éléments constituant le site pour en faire une étude, graphique, chromatique susceptible d’être réinvestie en situation. Il semble important de constituer un répertoire de formes, une palette chromatique, qui fondent le travail de réappropriation des éoliennes.

parc éolien avec comme matériau la lumière. Enfin, nous terminerons par une recherche sur l’utilisation différente du vent comme force motrice, au travers de quelques propositions sur une autre optimisation de l’énergie du vent et sur “l’encombrement visuel” des éoliennes dans un paysage. La forme actuelle des éoliennes semble s’être stabilisée. Du type moulin à vent, sa forme tient autant de l’utilisation traditionnelle de la motricité du vent, que de l’industrialisation de la fabrication. Pourtant cet état de fait de l’utilisation motrice du vent pourrait être mis en question. Des moulins à vent perses utilisaient des axes verticaux. Les moulins iraniens n’étaient pas du même type que les moulins européens. Ils étaient constitués d’une éolienne à axe vertical (technique offrant de meilleurs rendements que les éoliennes à axe horizontal), confinée à l’intérieur du moulin. Des orifices dans les parois du moulin permettent à l’air de s’engouffrer pour actionner l’éolienne… Le vent peut être considéré comme un fluide, qui par nature

Dans un premier temps, nous allons effectuer une recherche graphique, picturale sur l’implantation des éoliennes, avec élaboration d’une typologie dans chaque catégorie repérée. Ensuite, nous réaliserons une approche nocturne du site d’éoliennes en nous appuyant sur un premier constat qui est de remarquer la non lisibilité des éoliennes de nuit, alors même qu’elles produisent de l’électricité et seraient donc susceptibles d’être éclairées par leur propre source d’énergie. Les seuls signaux lumineux sont de d’ordre de la sécurité aérienne, par un flash de repérage. Les propositions seront de scénariser un

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est multidirectionnel : il est donc très plastique d’un point de vue spatial. Les pales qui entraînent le rotor de l’éolienne sont placées frontalement au vent, ce qui implique un diamètre important de ces pales. Un champ d’éoliennes a donc, par voie de conséquence, un “encombrement” non négligeable dans le paysage. Des études et des réalisations de prototypes d’éoliennes à axe vertical ont été déjà élaborées[1].

premier lieu à l’analyse de ce “fond”. Dans un premier temps il est nécessaire de réaliser une typologie du fond tant du point de vue du graphisme que de celui des données chromatiques. La notion de saisons doit avoir aussi son importance, car les lumières sont très contrastées d’un bout à l’autre de l’année. Dans un deuxième temps, il convient d’analyser des perceptions différentes du site d’éoliennes ; l’appréhension d’un site de quelques éoliennes varie beaucoup dans la manière dont on peut l’approcher, et “l’image” varie selon l’éloignement, selon que l’on aborde les éoliennes par la “face” - face au vent -, le côté…etc., selon que l’on aborde le lieu à pieds, en vélo, en voiture ou en bateau ! Enfin, il faudrait sans doute valider notre approche par une confrontation des différentes données entre elles. Une typologie des forces du vent sur une année serait souhaitable, afin de disposer d’une banque de données sur les différentes caractéristiques du vent dans la région de Bouin.

Recherche graphique, picturale sur l’implantation des éoliennes Approche diurne, picturale et visuelle Cette analyse porte sur les constituants visuels du site, avec une mise en confrontation des éléments entre eux afin d’en faire émerger la pertinence et de procéder à une sélection des éléments les plus forts, dans le cadre de notre exploration graphique et picturale. Ceci nous amènera à faire des propositions graphiques et/ou chromatiques pour une meilleure appréhension/ lisibilité des objets éoliens sur le site. La méthode utilisée sera la photographie numérique, support de base privilégié afin d’isoler les éléments de chaque catégorie. Ces photographies in situ seront travaillées dans un logiciel de traitement de l’image. La perception de la forme d’une éolienne doit autant à ses propres caractéristiques qu’à celles de son environnement. Cette perception de l’objet et de sa lecture complexe pose la question de la forme et du fond : comment une “forme” est “perçue” par rapport à un fond, naturel de surcroît. Il y a deux paramètres qui s’affrontent : la forme objet avec toutes les variabilités possibles de lectures et le fond, avec autant de paramètres de différenciations - graphiques, de contrastes, de données chromatiques -. Dans le cas des éoliennes du site de Bouin, le “fond” est constitué par le ciel et ses composants que sont les nuages dans leur grande diversité. Le pylône reposant sur le sol paysage, celui-ci joue également dans la lecture que nous avons d’un ensemble d’éoliennes. Mais le “fond” sur lequel l’objet se détache reste le(s) ciel(s). En partant d’un premier postulat que la forme d’une éolienne est issue des lois de l’aérodynamique et constitue de ce fait un invariant (cependant la forme varie de par la mobilité d’approche du site, tant du point de vu de l’échelle que de celui des perspectives différentes) il est donc important de s’attacher en 1 Le type Darrieus, Le type Savonius

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Recherche d’une gamme chromatique L’élaboration de palettes chromatiques est effectuée à partir d’un cliché témoin du site, en divisant la hauteur de la photo par un nombre égal de case (29) et en les remplissant avec un échantillon de couleur correspondant à cette hauteur. Une inversion de couleur a donné la gamme opposée. Mais ce type d’analyse n’est pas très satisfaisant, la gamme inversée ayant donné des valeurs de “terre” et une absence de couleurs vives. On peut constater que la gamme froide est très largement dominante et que les couleurs ne sont pas très contrastées, mais c’est probablement l’origine du document, un cliché numérique, qui provoque cette sensation. C’est déjà une transformation, une interprétation de la réalité. Une autre approche peut également être envisagée en prenant “des zones” dans la photo. La palette de couleur est “sourde”, et peu visuelle.

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Recherche de contours - formes et fond Le traitement est réalisé dans un logiciel approprié de modélisation les éoliennes, ce qui a donné un premier travail pictural de simulation sur un ensemble de machines et permis ainsi de visualiser les interventions possibles en couleur. Les premiers essais de modélisation sont très rudimentaires, subjectifs. Le mappage des fuselages s’est fait à partir de “peintures” abstraites.

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Recherche de motifs naturels Modélisations graphiques La première approche d’élaboration de motifs graphiques à partir de matériel naturel permet de différencier le matériel de type statique, les constructions, la forme du paysage, sa morphologie, la végétation, les éléments rocheux, aquatiques etc., ce matériel étant spécifique à chaque lieu

d’implantation d’éoliennes. Sur site de référence nous pouvons constater que les éléments constituant le “ paysage “ n’offrent que peu d’intérêt. Situé dans une ancienne zone marécageuse, le lieu est très proche de la mer, dans cette zone très venteuse. Le bâti ainsi que les éléments végétaux sont de faible hauteur, peu denses. Le matériau invariant du bâti et celui mixte des végétaux n’offrant pas suffisamment d’éléments exploitables pour élaborer un travail, malgré des arbres “ sculptés “ par le vent, cette approche sera laissée au profit d’un matériel plus prometteur.

Recherche graphique et chromatique sur les invariants du paysage de Bouin

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La seconde approche se fonde sur les éléments aléatoires, non statiques du site, les éléments du ciel et ses variables : le(s) vent(s) et une de ses traductions, “les nuages”. La méthode utilisée est la suivante : dans un logiciel de retouche d’image, à l’aide du sélectionneur de pixels, on peut isoler les plages de couleur de même valeur, de même intensité, ainsi que les pixels contiguës. On peut ainsi matérialiser les contours de cette sélection par des pixels dans une gamme chromatique[1] unie, ou en dégradée, pour 1

en faire un motif de maillage.

L’art de la couleur – J.Itten dessain et Tolra 1973

Recherche graphique et chromatique sur les variants «nuages»

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Recherche chromatique Les modélisations chromatiques constituent la suite des essais chromatiques : une modélisation plus fine donne une visualisation plus proche de la réalité d’une éolienne et permet de pouvoir faire des simulations d’intégration dans un site.

Simulation graphique et chromatique sur une modélisation d’éolienne

simulation d’intégration dans le site de Bouin

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Approche constructive et plastique des éoliennes Les éoliennes sont le résultat des lois de l’aérodynamique, les matériaux étant choisis pour répondre aux contraintes imposées par cette production d’énergie - matériaux lisses, opaques, en mimétisme avec le fuselage d’avion - . Cependant, sans nuire à la solidité de l’objet, il doit être possible d’offrir un autre choix de matériaux, de structures. Ainsi, l’on pourrait, à partir d’un réseau de structure, habiller l’éolienne d’une “peau“ transparente, tels notamment

des plastiques thermoformés (le polycarbonate en particulier) , pour en faire un objet révélant son “intérieur“. Ainsi la structure pourrait permettre des jeux de transparences colorées, des jeux de lumières pour en faire un objet vivant, sensible à l’intensité des forces extérieures.

Mise en évidence de la structure filaire par des jeux de lumière

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Approche nocturne du site d’éoliennes Les éoliennes révèlent en elles-mêmes un paradoxe : fournissant de l’électricité pour notre usage domestique - entre autres, la production de lumière -, on ne les perçoit que de jour. La nuit tombée, elles sont parfaitement invisibles, mais pourtant actives. Le propos serait de détourner une partie infime de l’électricité produite, à la mise en lumière de ces machines pour en faire un lieu d’attraction supplémentaire. Lumières statiques Cette approche doit permettre de mettre en lumière le site comme une architecture, c’est donc une approche “classique” de mise en lumière, un révélateur des volumes, de la théâtralisation du site.

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Lumières dynamiques, révélateur du vent. Cette approche utilise la mobilité relative, mais néanmoins réelle (mise dans l’axe du vent, pales tournantes) à des fins de mise en lumière de chaque éolienne. Les éléments lumineux étant fixés sur les parties mobiles, ou fixes, l’intensité des éléments lumineux peut être plus ou moins grande, avec un jeu de gammes chromatiques. Il serait possible de programmer des jeux de lumières en relation avec la vitesse de rotation des pales, la force du vent. Cette approche peut être un “indicateur” visuel de la force du vent dans le paysage, donnant à voir le site comme un spectacle en variation. L’objectif serait de calibrer les intensités du vent en palier afin de les coupler avec la mise en scène nocturne du champ d’éoliennes. Cette échelle d’intensité serait mise en relation avec une échelle chromatique de la lumière. Une étude de l’emploi symbolique[1] de la couleur dans notre société serait nécessaire afin de déterminer 1 Traité des couleurs Presses polytechniques et universitaires romandes

l’impact visuel d’une mise en scène de lumières sur les spectateurs. Ces ambiances colorées permettant, en plus du spectacle des éoliennes, de fournir des renseignements visuels sur l’intensité du vent. Par exemple, un vent “ normal “ serait couplé avec une mise en scène de lumières de couleur blanche, bleue, verte créant ainsi une ambiance de calme, de tranquillité. Si le vent venait à forcir on aurait alors une autre ambiance colorée, de type violet, jaune, et si l’intensité du vent augmentait encore, l’ambiance colorée passerait à des lumières orange rouge, donnant également une indication d’un danger vis-àvis de la situation atmosphérique. Des travaux sur la lumière ont été déjà réalisés par des artistes[2]. Ces travaux artistiques ont porté notamment sur l’intensité, le passage de personnes dans un lieu ou bien encore, sur la variation de la mise en lumière d’un pont en relation avec l’intensité du trafic automobile.

2 Yann Kersalé pont de Normandie 1994

Simulation de visibilité chromatique d’un ensemble d’éoliennes dans un paysage.

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Recherche sur l’utilisation différente du vent comme force motrice Proposition 1 Il s’agit d’un autre mode d’utilisation de la force du vent. Pour qu’un flux /énergie entraîne un axe en rotation, pour que cet axe se mette en mouvement, il faut opposer à cette énergie une surface suffisante, une résistance. Le moulin à vent, pour broyer le blé, a eu un équivalent avec le flux liquide : le moulin à eau. Le flux /eau entraînant une roue montée sur un axe pour produire le même travail est un exemple que l’on peut développer sur un autre mode avec la vapeur comme flux et les turbines comme traduction de cette force. C’est à partir de ce constat que nous avons imaginé, les propositions qui vont suivre. Des pales sur un axe, l’ensemble à l’horizontal et sous cet axe le rotor de la génératrice électrique.

Essai chromatique sur une tour turbine

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Mise en lumière de turboéolinnes, proposition 1

Proposition 2 Cette seconde proposition est venue du constat que le vent souffle dans une direction avec une certaine ampleur, du sol jusqu’à des centaines de mètres en altitude. Cette force n’est exploitée que de façon ponctuelle par les éoliennes traditionnelles. La proposition est de capitaliser cette force éolienne sur plusieurs niveaux et sur un même axe. La première approche consiste à ne mettre qu’une seule génératrice sur un axe, et plusieurs turbines les unes sur les autres à des étages différents. On pourrait ainsi réduire le diamètre des turbines, par l’effet cumulatif de forces sur le même axe. La deuxième approche est de considérer chaque étage comme autonome, avec sa propre génératrice.

Des pales sur un axe vertical, Sous cet axe le rotor de la génératrice électrique.

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Tours turbines et variatons chromatiques

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Simulation dans le paysage de Bouin, d’un ensemble de tours Êoliennes

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Offshores On peut remarquer que les implantations des éoliennes se font principalement sur la terre ferme. Il est de plus en plus question d’établir des stations offshores. L’inconvénient majeur du montage d’une éolienne dans le système actuel est la mise en place des pales. Elles sont de plus en plus grandes et nécessitent des conditions atmosphériques optimum de calme. En mer c’est rarement le cas et la période de l’année où il est possible de mener un tel travail de montage est très réduite. Le système proposé de turbines à étages est, nous semble-t-il, plus adéquat. La base tubulaire étant fixée au fond marin, c’est par un simple jeu d’empilage que se monte la centrale. De plus, grâce à sa forme cylindrique monobloc, ce type de turbine éolienne offre une bien meilleure résistance aux tempêtes destructrices .

Simulation d’une tour turbo éolienne A en mer

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ÉPILOGUE Pour la poursuite de ce travail sur les éoliennes, il convient de distinguer deux axes. Le premier purement artistique, avec des propositions pour transformer des éoliennes en événement, en spectacle. Plusieurs possibilités sont envisageables. Un projet de peinture “classique“ sur les supports éoliens, une mise en couleur et en graphisme des éléments nuages. La temporalité du vent et de ces artéfacts nuages serait ainsi figée. L’autre possible serait de projeter par diapositives les éléments sur les éoliennes. Cette approche nous semble être la plus appropriée par son côté non définitif. Il serait ainsi envisageable de faire un montage successif “d’images“, de scénariser par des jeux chromatiques, graphiques, le soir venu, une interprétation de l’éphémère passage des nuages et de l’insaisissable maître des lieux, le vent. Ces spectacles pourraient se faire de façon ponctuelle, en été, et contribueraient à créer une animation nocturne. Pour la poursuite et le développement de cette recherche, un partenaire en France ou en Europe semble être la prochaine étape à franchir pour passer à une expérimentation à échelle réelle. Les propositions ne sont pas destinées à être généralisées, elles ne cherchent pas à occulter les machines, mais au contraire à faire exister ces machines autrement que par l’aspect fonctionnel. Quelques tentatives de

mise en couleur ont déjà été réalisées dans un but “ d’intégration “ sur le site. Le deuxième axe qui aborde la fonctionnalité des éoliennes ne peut se poursuivre qu’avec un partenariat compétent. Ce travail dépasse complètement l’approche de plasticien de cette étude, de par sa nature et les connaissances en matière de calcul d’ingénierie. De nombreuses questions viennent à l’esprit, le calcul des pales, le diamètre optimum du rotor. Que devient l’énergie du vent dans ce type de turbine, comment s’évacue-t-il ? Comment le vent se comporte dans une tour avec plusieurs turbines ? Le flux est-il ascendant dans un tube et est-il utilisable par les turbines des étages supérieurs ? Pour faire évoluer ces réflexions, il faudrait un partenariat avec des laboratoires de l’aérospatiale qui ont déjà des acquits en matière de recherche sur les flux, sur l’aérodynamique, et qui ont aussi les moyens de tester en soufflerie des prototypes. Les différents essais entrepris dans ce sens ont établi que ce type de machine permettait le fonctionnement avec des forces de vent importantes, ce qui n’est pas le cas avec les éoliennes classiques.

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Bibliographie Histoire matérielle et immatérielle de l’Art moderne Auteur : Florence de Mèredieu Ed : Larousse 2004 L'idée de nature dans l'art contemporain Auteur : C. Garraud Ed : Flammarion 1994 Nature, Art, Paysage Auteur : Gilles A. Tiberghien Ed : Actes sud 2001 L’art de la couleur Auteur :J.Itten Ed : Dessain et Tolra 1973 Traité des couleurs Auteurs : L.Zuppiroli. et MN.Bussac ED : Presses polytechniques et universitaires romandes 2001 Guide des vents marins Auteur : François Vadon Éditeur : Chasse-marée-Armen, Douarnenez (Finistère) Des nuages de l'Antiquité à nos jours Auteur : Bernard Chambaz Éditeur : Seuil, Paris Le néon dans l'art contemporain Obscure clarté Auteur : Anne Blayo Éditeur : L'Harmattan, Paris Le génie civil 6 mars 1925

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Novembre 2019


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