Jeunesses
Amitiés dom inic a ine s Lettre de la province de France
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Automne 2023
SOM M A I R E
Introduction par le frère Yves Habert, o.p.
Dossier : Jeunesses Les Dominicains aux JMJ par frère Raphaël de Bouillé, o.p.
Deux participants aux JMJ témoignent par Maximilien et Elisabeth
Une cordée de jeunes pros en marche par Christine Trotignon, laïque dominicaine
Théodom Kergallic : de la théologie… les pieds dans l’eau ! Propos recueillis par le frère Matthieu Palayret, o. p.
Jeunesse dominicaine par Clotilde Laigle
Portraits de frères venus d’ailleurs Un frère colombien à Paris par le frère Juan-Francisco Correa Higuera, o.p.
Un frère irlandais en Norvège par le frère Joseph Mulvin, o.p.
Actualité de la Province Le carnet Le mot du syndic
L’ÉDITOR I A L
TODOS, TODOS, TODOS
« Il y a de la place pour tout le monde dans l'Église, pour tout le monde ! Tous, tous, tous ! » Et c'est cela l'Église, la Mère de tous. Il y a de la place pour tous ». Ainsi parlait le pape François cet été au Portugal à l’occasion des JMJ. « Para todos, todos, todos ». Il est heureux que les jeunes aient pu entendre cette exhortation du pape, dans la chaude ambiance de Lisbonne. Sans doute que cette adresse était en premier lieu destinée aux jeunes participants eux-mêmes, afin qu’ils ne puissent pas douter avoir une place dans l’Église. Je crois qu’elle pouvait signifier aussi qu’il revient à ces mêmes jeunes (comme à nous tous, jeunes ou un peu moins jeunes) de faire de l’Eglise ce lieu « para todos ». Nos derniers chapitres provinciaux ont voulu mettre l’accent sur la prédication à destination des jeunes. Dans le sillage des JMJ, pour ce numéro de rentrée, l’équipe d’Amitiés dominicaines a voulu présenter quelques visages estivaux de cette prédication. Vous en verrez ainsi dans les pages qui suivent de belles illustrations, où l’expérience enthousiasmante de Lisbonne sera bien sûr très présente. A lire ces pages, il me semble qu’une conviction y est affirmée : l’apostolat de l’Ordre auprès des jeunes n’est pas seulement une parole adressée à des jeunes. Il se veut aussi (surtout ?) l’occasion donnée aux jeunes de prendre la parole eux-mêmes, de devenir prêcheurs à l’image de saint Dominique, puisqu’une telle mission leur incombe comme à tout baptisé. À eux aussi d’entraîner le monde - puisqu’une si belle expression est employée par l’une d’entre eux - dans une « charité joyeuse ». Ce qu’attendent tous, tous, tous justement.
Frère Nicolas Tixier, o.p. Provincial de la province de France 3
I N TR OD U C TI ON Ce numéro est consacré aux apostolats estivaux auprès des étudiants et jeunes professionnels dans la Province dominicaine de France. Serait-ce le « marronnier » de l’été des Amitiés dominicaines ? Dans la presse et la télévision le « marronnier » désigne le reportage récurrent, prévisible et d’une importance très relative. Ainsi, en été, on traite des bouchons sur les autoroutes, de la qualité des eaux de baignade et du prix des glaces en se gardant le sujet des fournitures scolaires pour la rentrée.
Fr. Yves Habert du couvent du Saint-Nom de Jésus de Lyon
Non, c’est d’abord pour répondre à l’intérêt de nos lecteurs, et pas faute de mieux, que nous allons traiter des JMJ de Lisbonne. Nous en avons tous entendu parler, ce rassemblement a été incontestablement une réussite. De nombreux frères et sœurs y étaient présents et ont accompagné ces jeunes sur les routes d’Espagne jusqu’au Portugal. Pourtant, à leur apparition dans les années quatre-vingt, les critiques ont qualifié ces rassemblements de feux de paille, un temps fort qui ne dure qu’un moment. Pour répondre à l’objection, ce numéro des Amitiés Dominicaines souhaite montrer que la Province dominicaine de France a les moyens d’accompagner ces jeunes au long cours.
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JEUNESSES
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Conférence du Fr. Adrien Candiard
LES JMJ DE LISBONNE AVEC LES DOMINICAINS Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) ont été inventées sans le savoir par Jean-Paul II en 1985, quand il a appelé les jeunes catholiques à le rejoindre à Rome pour la fête des Rameaux. Le nombre de 300 000 jeunes a surpris tout le monde en dépassant les espérances papales. Depuis, le rassemblement des JMJ est devenu un rendez-vous habituel de toutes les pastorales de jeunes du monde entier. À Lisbonne, les frères dominicains ne voulaient pas manquer le rendez-vous.
Une équipe solide En plus des dix frères de la Province de France, de trois frères d’autres provinces, souvent en étude dans notre Studium de Lyon, nous avions trois sœurs pétillantes : les Sœurs Carine Michel, Marie-Noël Lancien et Marie-Espérance Bergé pour apporter une touche féminine à un encadrement bien masculin ! Plusieurs laïcs, dont Élodie Bonin, salariée et communicante de Jubilatio, et Patrice Croix, enseignant et « grand logisticien » de notre organisation. Cette équipe ne pouvait mener à bien ce projet sans un frère responsable : frère Jean-Baptiste Rendu qui vivait ses sixièmes JMJ. 6
JEUNESSES
Un nombre imprévu de jeunes La proposition de Jubilatio a dépassé les attentes des organisateurs et nous avons rempli trois bus au départ de Lyon pour deux semaines. Ils furent rejoints par un autre bus pour la deuxième semaine et l’équivalent d’un nouveau bus pour la semaine à Lisbonne. En effet, certains des participants ne pouvaient prendre deux semaines pour les JMJ et nous rejoignaient pour seulement une semaine mythique. Chaque bus était parrainé par un monastère : le rouge par Chalais, le vert par Orbey, le jaune par Taulignan et le blanc par Beaufort. Ainsi, les différents visages de l’Ordre ont participé à la réussite de ces JMJ.
Conférence du fr Paul-Adrien d'Hardemare sur l'évangélisation.
Un programme alléchant Si le programme des JMJ est de suivre le Christ, nous l’avons suivi dans les pas de saint Dominique et Ambiance musicale. de ses fils : partis de Lyon après une messe d’envoi par notre prieur provincial, fr. Nicolas Tixier, nous avons logé à Pau dans le lycée Saint-Dominique sous tutelle de nos sœurs de la Congrégation Romaine Saint-Dominique. Les heures de bus étaient ponctuées de chants, de sommeil et d’enseignements sur la vie de Dominique et des membres de la famille dominicaine. Nous ne vous présenterons pas Caleruega, l’étape suivante, où Dominique est né et où nous avons été très bien reçus. La belle, la sobre, la merveilleuse vieille Castille a été l’écrin dans lequel Dominique a grandi et où nous avons cheminé avec lui dans l’écoute de la Parole de Dieu et dans la visite des lieux de mémoire dominicaine. Nous avons ensuite passé plusieurs jours à Salamanque pour visiter sans doute le plus beau couvent dominicain d’Espagne, celui où Las Casas, Christophe Colomb et Francisco De Vitoria ont vécu. 7
LES JMJ DE LISBONNE AVEC LES DOMINICAINS
Célébration de la messe dans le parc de Serra da estrela.
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JEUNESSES Mais l’étape marquante fut ensuite Gouveia, première ville portugaise à nous accueillir. C’est la ville de naissance de notre frère Joseph de Almeida qui a sué sang et eau pour que tout notre groupe soit accueilli par les autorités civiles et ecclésiastiques. De la chapelle Notre-Dame-d’Assedasse à la procession de Notre-Dame-de-la-Santé, nous avons plongé dans l’hospitalité portugaise, tant gastronomique que liturgique. Mais, dès le dimanche, nous devions reprendre la route, car le Pape nous attendait à Lisbonne.
Un emplacement incroyable Nous ne voulions pas être seulement des consommateurs à Lisbonne. Alors, avec nos frères de Toulouse, une équipe a lancé le « Café Français » à Lisbonne. Les jeunes de tous les pays pouvaient venir déguster crêpes et boissons, se confesser dans leur langue grâce à des frères de nombreuses provinces de l’Ordre, et vénérer les reliques de Thomas d’Aquin qui avait fait le voyage pour l’occasion. Des enseignements étaient donnés et le succès était au rendez-vous. Nous n’avons même pas pu accueillir tous les jeunes qui se bousculaient pour venir entendre les frères Paul-Adrien d’Hardemare et Adrien Candiard. Grâce à des live Instagram, beaucoup de jeunes écoutaient, depuis la rue, la conférence qui se tenait dans l’Église ! Après le point d’orgue de la rencontre avec le Pape, chaque participant est rentré de ces JMJ en ayant goûté quelque chose de la fraternité et du zèle de Notre Père saint Dominique. Que le Seigneur achève en chacun ce qu’il a commencé.
Lourdes.
Frère Raphaël de Bouillé, o.p. du couvent de Saint-Thomas d’Aquin à Lille 9
LES JMJ DE LISBONNE AVEC LES DOMINICAINS
Volontaires au café français.
Week-end final.
Un réveil difficile
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DEUX PARTICIPANTS AUX JMJ TÉMOIGNENT
Une mobilisation dominicaine Je m’appelle Maximilien et suis un ingénieur de 31 ans. Ces JMJ étaient pour moi les deuxièmes, après celles de Cracovie en 2016. Avec mes amis et ma fiancée, nous avons souhaité partir à Lisbonne avec les Dominicains pour découvrir l’approche de la foi vécue quotidiennement par les frères et sœurs : objectif atteint ! Nous avons beaucoup apprécié la rencontre avec les frères qui nous ont accompagnés, notamment au cours des discussions informelles qui font la richesse des JMJ. Les longues heures d’autocar depuis Lyon ont été l’occasion de découvrir les parcours très riches de chaque frère, et d’échanger sur la foi. J’en garde un excellent souvenir ! Nous avons senti que tous les dominicains et dominicaines de France étaient mobilisés dans un même élan pour les JMJ, par leur prière quotidienne pour chacun de nous, mais aussi par de très belles attentions. Ainsi, chacun de nous a reçu une lettre personnalisée de la part d’une sœur du monastère de Beaufort, nous assurant de sa prière et nous souhaitant un beau pèlerinage. Ce geste nous a beaucoup touchés, et nous avons été unis par la prière à chaque sœur qui nous avait confié des intentions !
Dans l’ambiance de Lisbonne Outre les grands événements vécus autour du Pape, nous avons aussi beaucoup apprécié déambuler dans les petites rues pour nous imprégner de l’ambiance lisboète, en écoutant un concert de fado improvisé sur une petite place avec d’autres pèlerins, ou en découvrant les riches églises portugaises en pleine effervescence. Nous avons récolté beaucoup de joie dans ces rues : joie de la rencontre avec d’autres pèlerins inconnus, joie d’un petit instant d’échange avec quelques religieuses sudaméricaines, joie aussi d’être un peu chauvins en croisant d’autres français ! Nous avons rapporté cette joie en France, elle nous anime encore aujourd’hui, et nous fait témoigner de cette expérience incroyablement riche de rencontres et de foi. 11
LES JMJ DE LISBONNE AVEC LES DOMINICAINS
Le rassemblement final Le point d’orgue des JMJ a été le grand rassemblement sur le Campo da Graca autour du pape François. Nous avons vécu une veillée d’adoration dans une communion très intense (et assez irréelle !) avec des centaines de milliers d’autres personnes. C’était si beau et si exceptionnel de prier dans une si grande assemblée ! Notre petit groupe était affecté dans une zone comportant beaucoup de nationalités différentes, comme des Espagnols, des Tchèques, des Allemands, quelques Russes et des Américains. C’était un symbole très fort de passer presque vingt-quatre heures tous ensemble, originaires de tous les pays du monde et nous côtoyant pour prier. Pour moi, cette édition sera sans doute la dernière, mais je garderai très longtemps en mémoire ces instants de joie, de rencontre et de fraternité qui font des JMJ un événement presque incontournable dans la vie de tout jeune catholique !
Maximilien
Toujours une fête ! J’attendais les JMJ de Lisbonne avec beaucoup d’impatience, j’en avais déjà vécu deux (Madrid en 2011 et Cracovie en 2016) et qui furent des moments riches en émotion. Je suis donc partie avec mon fiancé et des amis et nous avons rejoint Maximilien et Elisabeth. la route des Dominicains de Lyon. Nous avons vécu une super semaine, entre la messe d’ouverture, l’accueil du pape, les catéchèses, et bien entendu le week-end final avec la veillée de prière et d’adoration puis enfin la messe d’envoi. Nous avons sillonné tout Lisbonne à pied, ce qui nous a permis aussi de découvrir cette belle ville.
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JEUNESSES
La grande diversité Se retrouver entre jeunes catholiques du monde entier dans un même endroit est une expérience très enrichissante. Nous avons des langues et des cultures bien différentes, mais une même foi nous rassemble. C’est très beau de voir autant de cohésion et de communion entre personnes qui paraissent si différentes. Tout le monde était tellement heureux de se retrouver, après ces années de pandémie. Les temps de rassemblement tous ensemble étaient toujours une fête. La joie était palpable, surtout lorsque le Pape est arrivé le jeudi. Nous étions sur l’esplanade pour l’accueillir, avec quelque 1,5 million de jeunes, et c’était très impressionnant.
Des catéchèses Au-delà des grands rassemblements, nous avons vécu de beaux temps où nous étions rassemblés en petits groupes de français pendant les catéchèses les matins. Nous avons eu de très beaux enseignements trois matins de suite, dont notamment un fait par un frère dominicain, suivis de temps de louange et de la messe. Les enseignements étaient très enrichissants, et les messes étaient très priantes. J’ai pu avoir des beaux temps de prière soutenus par les chants de louange. Ces cœurs à cœurs avec Dieu ont vraiment permis de rebooster ma foi, et me donnent un nouvel élan pour cette année qui recommence.
Le message du pape Enfin, je garderai longtemps en tête le message du Pape pour les jeunes. Il a eu de très belles paroles, qui résonnaient pour chacun d’entre nous, notamment le jeudi, lors de son accueil. Le Pape nous a dit que Dieu nous aime comme nous sommes, pas comme nous voudrions être ou comme la société aimerait que nous soyons. Il nous a aussi rappelé que nous ne sommes pas ici par hasard. Ce sont de belles paroles, très concrètes, qui m’ont beaucoup touchée, et que je garderai longtemps en mémoire. Le Pape s’est adressé à nous avec une grande simplicité, mais tout en nous secouant comme il a l’habitude de le faire, et cela fait du bien !
Élisabeth
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UNE CORDÉE DE JEUNES PROS EN MARCHE
Du 17 mai au 23 mai dernier se tenait au monastère de Chalais, une session pour réunir les jeunes pros ayant participé aux sessions estivales Theodom et les fidèles aux sessions en ligne. L’intuition et la conviction sont de croire et de penser que l’étude de la théologie doit être rendue accessible à tous les jeunes chrétiens qui en ressentent l’appel, parce que c’est humain de penser à Dieu, de se poser des questions sur Dieu et tout simplement nécessaire de pouvoir en parler et d’entrer en dialogue à partir des questions que chacun se pose. Ainsi, en rassemblant sœurs, frères, laïcs et jeunesse dominicaine, cette session a été un témoignage vivant de l’écologie dominicaine, ouverte et libre, cultivant la diversité, la pluralité des charismes et des vocations. Quoi de mieux qu'une contagion de Joie, le week-end de l’Ascension, pour annoncer à toutes les nations cette Parole aussi audacieuse qu'exigeante ? Et Dieu sait que consentir à suivre le Christ, qu’Il rappelle à Lui au jour de l’Ascension, est bien l’œuvre d’une vie. Reconnaître la Présence, L'accueillir, La vivre, malgré l’absence visible, tel est le chemin concret, que nous sommes amenés à suivre, l’effort concret pour oser recueillir et cueillir au plus intime de nous-mêmes l’éclat unique de chacun de nos êtres, don de Dieu, et le révéler au monde dans la lumière du Christ. 14
JEUNESSES
Alors, à quoi peuvent ressembler les défis théologiques et spirituels du jeune chrétien occidental moderne ? Quelques hypothèses ici émises, toute ressemblance avec la réalité n'étant évidemment pas fortuite : traverser la toile, déchirer son voile pour passer du continent virtuel au continent réel, et revenir dans l’espace-temps de l’incarnation ; combattre les invasifs intempestifs pour faire silence et laisser la place à la rencontre ; oser s’engager et rester fidèle à son engagement ; Et puis prendre le temps pour Dieu et l’étude, aujourd’hui cela paraît fou ! Faisons l’éloge de cette folie !
L’expérience du charisme dominicain Voilà donc l’œuvre de la quinzaine d’audacieux résistants de l'Ascension 2023, qui ont grimpé dans le brouillard, travaillé au grand jour, prié dans la nuit, pour atteindre la clarté et vivre l’éclat de la Joie partagée, sans injonction, jamais. Prier, étudier, partager un moment fraternel, au service de la mission, voici donc un condensé du charisme dominicain vécu le temps d’un week-end par des jeunes actifs qui ont soif de Dieu, le désir brûlant de rentrer dans sa compréhension profonde pour mieux Le faire entrer dans leurs vies et mettre le feu au monde par l’éclat de leurs visages radieux. Chaque session vécue, par ses temps d’enseignement, de retrouvailles, de prières, d’ateliers, de marche, par ses repas partagés, par le soin porté au singulier et au tout nous interroge ainsi sur l’écologie de la relation et de la rencontre. Vulnérable et robuste, la rencontre nous tient droit, nous maintient debout et vivant. Lui laisser 15
LA RELANCE D’UNE CORDÉE DE JEUNES PROS EN MARCHE le temps et créer les conditions de son avènement sont des biens si précieux. En prenant la direction de Chalais, chacun des jeunes pros a fait ce choix, véritable témoignage d’espérance.
De la marche à la démarche Si la marche précède la démarche, la démarche entretient la marche sur le chemin de Celui qui est la « Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6) et qui sera avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28, 20). Et dans cette marche, il y aura pour certains la démarche de poursuivre dans les jeunesses dominicaines, puis dans les fraternités laïques dominicaines, contribuant ainsi à la vitalité de l’Ordre qui dans le vis-à-vis offert des frères, des sœurs et des laïcs, fait vivre depuis plusieurs siècles la tradition d’une parole vivante, fondée dans le Verbe incarné, et de ce fait ancrée dans son temps.
Vers un jardin parfumé Enfin, à l’heure où paraîtront ces lignes, nous serons au seuil de l’automne. Dans le cycle de l’année scolaire qui rythme nos vies depuis presque deux siècles, l’automne est ce moment curieux où nous prenons comme un nouveau départ. Du point de vue de la nature, l’automne est au contraire ce moment du retour progressif à la terre, préparant dans la sagesse du temps sanctifié, une moisson dont les promesses restent à accomplir. Alors, comme vœu mordoré que je laisse tomber en terre cet automne, je 16
JEUNESSES formule celui d’un horizon 2024 composé de prairies parsemées de fleurs messicoles. De ces fleurs qui s’épanouissent quand on ne s’y attend pas, et vous émerveillent de leur panache à l’image de cette foi enfouie, légère et vivace qui portée par la nuée ou se faufilant dans chaque interstice, jaillit dans une fulgurance et une urgence, là où on ne s’y attend pas. Et de nous retrouver à Chalais, à Taulignan, à Kergallic ou ailleurs, pour témoigner de la beauté de la pulsation des générations, qui chacune à sa manière cherche la pulsation éternelle de l’union au Christ.
Christine Trotignon, laïque dominicaine, Lille.
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THÉODOM KERGALLIC : DE LA THÉOLOGIE… LES PIEDS DANS L’EAU ! Cette année encore, vingt jeunes de 25 à 35 ans venus de toute la France se sont réunis à Belle-Île-en-Mer pour passer une semaine ensemble avec trois frères dominicains et deux anciens participants. Une semaine de formation théologique… les pieds dans l’eau ! Deux participants, Nathalie et Thibaud, racontent. Théodom Kergallic, qu’est-ce que c’est ? Thibaud : C'est une semaine de coupure, entre jeunes pros, partageant le même état de vie. Il s'agit de vivre une semaine fraternelle articulée autour de plusieurs piliers tels que la prière, l'étude de textes autour d'un thème défini, le débat, la détente ainsi que des services… Le tout dans un cadre propice au repos et au dépaysement. Nathalie : Oui, cette semaine est une occasion bénie de se reposer, se ressourcer, découvrir de nouveaux paysages. J’ai beaucoup aimé le format très équilibré. Personnellement, j’ai apprécié la liberté de l’après-midi qui nous a permis, entre autres, de petites escapades en bord d’océan ! Que retenez-vous de cette semaine ? T. : De belles rencontres avec des personnalités, des sensibilités et des parcours différents ! Nous avons pu échanger et méditer sur des thèmes et des textes profonds, avec nos accords et nos différences de sensibilité. N. : Les enseignements étaient riches et très variés. Les frères ont beaucoup travaillé pour nous fournir des bases solides sur la résurrection, le thème choisi pour la session. Chaque jour, nous avions un temps d’enseignement puis un temps de partage autour d’un texte qui illustrait un point des enseignements du jour ! T. : L'organisation et l'équilibre de chaque journée étaient bien pensés ! 18
JEUNESSES
Votre plus grande surprise ? N. : La fraternité durant cette semaine était vraiment étonnante ! Nous venions tous d’univers différents. Personne ne se connaissait au préalable, et nous avons vécu toute cette semaine comme des frères, des amis, autour de bons repas, de moments de partage… T. : Effectivement, le groupe a bien « matché » ! La mayonnaise a bien pris, avec de fortes personnalités et d'autres personnes plus en retrait. Mais chacun a trouvé sa place et a pu apporter sa pierre à l'édifice. Quel bon état d'esprit et quelle ambiance ! Il y avait un vrai sentiment de paix. Le trio de frères était aussi bien équilibré et à l'écoute ! Connaissiez-vous l'ordre dominicain ? T. : Je connaissais un petit peu l'ordre dominicain et certains de ses charismes, notamment l'enseignement ! J'ai apprécié analyser en profondeur des textes qui m'ont ému, notamment certains avec lesquels je n'étais pas d'accord. J’ai découvert qu’il est possible de partager une même foi profonde malgré des divergences de sensibilité. N. : Je connaissais vaguement les dominicains, en particulier à Montpellier. J’ai vraiment apprécié la présence des frères durant la session, leur simplicité, et les discussions que l’on a pu avoir avec eux. Ce qui était fou, c’était de passer cette semaine avec un frère provenant de Jérusalem, un du Caire et un de Lille ! Tout cela nous a donné une richesse culturelle qui a mis de la couleur à notre séjour ! Un souvenir en particulier à partager ? T. : Une veillée de prière à l’église de Le Palais très réussie ! Louanges, méditations, chants… une vraie bouffée d'oxygène ! N. : La disputatio ! Quesaquo ? Un jeu : vous prenez deux avis opposés et chacun doit défendre son opinion, avec des arguments, bien sûr ! On a bien rigolé. Pour vous donner un exemple (attention, accrochez-vous !) : « Le hotdog est-il un sandwich ? Oui ou non ? » Préparez vos arguments pour l’année prochaine ! 19
DE LA THÉOLOGIE… LES PIEDS DANS L’EAU !
Un dernier argument pour convaincre de futurs participants ? N. : Une belle semaine de vacances avec des gens sympas et des frères qui ont le feu ! Et… un beau spot de baignade pas très loin ! T. : Un cadre idéal pour se ressourcer. Une ambiance très saine, vous en ressortirez regonflé et plein d'énergie pour votre vie !
Propos recueillis par le frère Matthieu Palayret, o.p., du couvent du Caire. 20
JEUNESSE DOMINICAINE
À Paris, une petite fraternité de la jeunesse dominicaine, étudiants et jeunes pros aux profils variés, chemine à la suite de Saint Dominique pour vivre et se former ensemble dans la joie de l'annonce de l'Évangile. Notre chapitre parisien, le chapitre Frassati, est né à la fin de l'année 2021. À son origine, quelques jeunes ayant goûté au charisme dominicain (notamment lors de sessions d'été Theodom à Belle-Île-en-mer) et désireux de le vivre au quotidien. D'autres, étudiants et jeunes pros (entre 20 et 35 ans) ayant entendu parler de notre fraternité par le bouche-à-oreille se sont ensuite joints à nous au mois de septembre suivant, et le principe continue d'attirer : nous nous posons maintenant la question de créer un autre chapitre cet automne ! Nous nous réunissons deux fois par mois au couvent de Saint-Jacques, où nous prions les vêpres avec les frères, partageons un moment fraternel autour d'un dîner, puis prenons un temps d'étude autour d'une lecture théologique suivie sur plusieurs mois. La soirée se termine par les complies. Les frères Marc-Antoine Bêchétoille et Jean Giang Phê du couvent nous accompagnent. À l'occasion d'autres rencontres plus informelles, nous invitons un frère ou une sœur de la famille dominicaine pour des discussions toujours très riches ! 21
JEUNESSE DOMINICAINE Grâce à la régularité et la fréquence de nos rencontres que nous nous efforçons de maintenir tout au long de l'année, nous construisons une vraie fraternité, au Au travail sein de laquelle il nous est possible d'échanger en profondeur, en toute liberté et avec toujours beaucoup à Saint-Jacques. de bienveillance. La force et la joie que nous retirons de ses soirées, nous essayons ensuite de la vivre dans notre quotidien en mettant Dieu au centre de notre vie. Nous avons pris ensemble un engagement de prière, et chacun a à cœur de nous investir, s'il le peut et dans la mesure du temps dont il dispose, dans un apostolat : scoutisme, enseignement du catéchisme, conseil pastoral en paroisse, animation de messes, service à la cave du 222, etc. Une vie d'étudiant ou de jeune pro à Paris est souvent très dense, et tous ne peuvent pas toujours se rendre disponible pour nos rencontres, mais ceux qui ne peuvent venir ne serait-ce qu'une fois de temps en temps y ont également toute leur place ! Le chapitre Frassati est pour nous un moyen concret de grandir verso l'alto ! en entraînant avec nous nos frères et sœurs dans une charité joyeuse !
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Page web du chapitre : https://jubilatio-jeunesse-dominicaine.fr/chapitre-de-paris/
Clotilde Laigle, du chapitre de Jeunesse Dominicaine de Paris 22
PORTRAITS DE FRÈRES VENUS D'AILLEURS
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Juan Francisco au centre, Walter colombien à droite et Daniel Martin à gauche.
UN FRÈRE COLOMBIEN À PARIS L’arrivée C’est un après-midi exceptionnellement chaud de septembre, en 2015, qui me reçoit en France. Après un vol d’environ onze heures, qui fait la route Bogotá – Paris, j’arrive à l’aéroport Charles-de-Gaulle accompagné par le frère Adrián García, lui aussi Colombien, résidant au couvent de l’Annonciation depuis quelques années. Une fois au couvent, je suis accueilli par les frères de la commu nauté. C’est l’une des choses qui m’a étonné le plus dans mon expérience comme Dominicain : le fait d’être un inconnu ou un étranger, ou même de ne pas parler assez bien la langue, n’a pas empêché les frères de m’offrir un accueil chaleureux, de me recevoir en frère. Depuis mon arrivée, je me suis senti toujours accompagné, ce qui a été sans doute l’un des facteurs les plus importants pour réussir mon intégration au couvent, de même que dans la vie dominicaine en France, et plus largement, dans la langue et la culture françaises. 24
PORTRAITS DES FRÈRES VENUS D'AILLEURS
L’apprentissage de la langue C’est grâce à cette fraternité — qu’il ne faut toutefois pas idéaliser, car elle n’est pas parfaite — que j’ai pu me lancer dans plusieurs projets. Le premier était d’améliorer la maîtrise de la langue, ce que j’ai fait à l’Institut de langue et de culture françaises (ILCF), de l’Institut catholique de Paris. Mais mon apprentissage du français ne s’arrêtait pas là. Aidé par les frères, j’ai pu présider ma première messe en français en janvier 2016, lors de laquelle j’ai lu une courte homélie. En même temps, j’ai compté sur l’aide de quelques amis du couvent : l’un relisait mes devoirs, l’autre me donnait des cours privés de français, d’autres simplement me recevaient chez eux, ouvrant les portes de leurs maisons et de leurs familles. Enfin, il y a eu les sœurs dominicaines. Dans les monastères de Beaufort, Chalais et Dax, j’ai toujours eu l’aide d’une sœur pour relire mes prédications et pour pratiquer la prononciation, en même temps que je faisais quelques jours d’aumônerie parmi elles. L’apprentissage du français m’a demandé d’apprendre à nouveau des choses que je considère comme essentielles dans ma vie. Car je suis convaincu qu’une langue véhicule non seulement des mots, mais aussi des façons de vivre, des codes culturels et des traditions. Ainsi, la lecture, la prière et la rencontre ont été façonnées à nouveau lors de mon acquisition de la langue. Il en va ainsi, par la nature enveloppante d’une langue, qui dépasse sa condition de moyen de communication tout court. Le diplôme DALF C1, qui accrédite mon niveau de français en 2017, confirme en moi cette façon de vivre dans la langue française.
Les études À l’issue de ma première année en France, je me suis inscrit au master de théologie à l’ICP, dans la spécialité d’histoire de l’Église. En effet, c’est l’étude de l’histoire qui justifie, dans un premier moment, ma présence dans l’Hexagone. Pour la deuxième année de master, je suis un parcours double à l’ICP et à la Sorbonne, ce qui m’a permis d’obtenir les diplômes de master en théologie et en histoire en 2018. Lors d’un passage en Colombie, je présente au provincial un bilan positif de mon séjour en France, à la suite de quoi il me demande de poursuivre les études, cette fois-ci au niveau du doctorat. À vrai dire, avant de le rencontrer, j’avais déjà envisagé de lui faire cette même demande. Les deux professeurs qui ont accompagné la rédaction de mon mémoire de master m’avaient effectivement évoqué leur disponibilité pour accompagner la rédaction d’une thèse. Les frères de l’Annonciation, quant à eux, m’encourageaient à poursuivre ce chemin. Alors, la demande du provincial n’a fait qu’anticiper la mienne. Toutes les volontés étaient donc sur la 25
UN FRÈRE COLOMBIEN À PARIS
Du couvent de l'Annonciation au monastère de Beaufort, l'apprentissage de la fraternité et du français !
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PORTRAITS DES FRÈRES VENUS D'AILLEURS
même longueur d’onde. C’est une vraie chance, une bénédiction, que de pouvoir compter sur tous les moyens, matériels et communautaires, pour s’aventurer dans un tel projet. J’en suis bien conscient.
L’apostolat 2018 est donc une année importante : le début de mon parcours double, en vue d’un doctorat de théologie à l’ICP et d’histoire à la Sorbonne, est accompagné de mon engagement comme prêtre référent à l’institution Jeanne-d’Arc, à Montrouge. Les activités d’aumônerie auprès des enfants et des jeunes, de l’école primaire, secondaire et du lycée, qui intègrent l’établissement, ont été un grand défi pour moi. Au début j’étais un peu intimidé, du fait de devoir prêcher devant un public aussi particulier. Mais la bonté des enfants et des jeunes, ainsi que l’accueil chaleureux du personnel, m’ont facilité la tâche. Je me suis lancé dans la prédication spontanée, ce que je n’avais pas fait auparavant, car je lisais toujours mes homélies. À mon avis, c’était une urgence, car cela permet de parler le langage détendu des enfants et des jeunes pour essayer d’y faire passer le message de l’Évangile. Ce n’est pas évident, mais je pense que, avec l’équipe de la pastorale scolaire, on y a réussi ensemble.
Bilan Maintenant, je m’apprête à terminer ma thèse, et donc, à retourner en Colombie. Il y a des projets qui m’attendent là-bas. Je suis convaincu que la province dominicaine de France, ainsi que l’Église de ce pays, m’a beaucoup apporté, et je leur en suis très reconnaissant. Ce sont deux communautés très riches, avec des missions et des membres très divers, qui ne peuvent qu’enrichir la vie de foi. Malgré les crises actuelles, je crois à la fécondité de l’Église en France, dans laquelle l’ordre a toute sa place et son actualité.
Frère Juan-Francisco Correa Higuera, o.p., du couvent de l’Annonciation à Paris. 27
UN FRÈRE IRLANDAIS EN NORVÈGE
Je m’appelle frère Joseph Mulvin, de la province dominicaine d’Irlande. Une rencontre fortuite avec le frère Arne-Dominique Fjeld à l’automne 1998 m’a amené à déménager au couvent Saint-Dominique à Oslo quelques mois plus tard. À l’époque, mon ministère en Irlande avait été très réduit à cause de problèmes de santé. Quelques années auparavant, on m’avait diagnostiqué une maladie entraînant principalement une fatigue chronique. Mais frère Arne a expliqué que parce qu’il y avait si peu de prêtres dans la communauté à l’époque, le besoin principal était d’assurer la messe dans l’église florissante du couvent.
La province de France Parce que le prieuré d’Oslo appartient à la Province de France, j’ai été nommé dans cette Province l’année suivante. Mon premier contact avec les Dominicains français remonte à 1973 pendant les études de langue française à Paris lors de la préparation des études théologiques à Fribourg. Depuis, j’étais un admirateur de la province, en particulier de sa tradition intellectuelle et de son engagement 28
PORTRAITS DES FRÈRES VENUS D'AILLEURS
Messe au couvent Saint-Dominique.
missionnaire. Mon intégration dans la vie communautaire à Oslo a été très facile en raison de l’atmosphère fraternelle chaleureuse. À l’époque, il s’agissait d’une petite communauté de quatre personnes : deux prêtres, un frère coopérateur et un diacre permanent. Au cours de mes premiers mois, je me suis concentré sur l’apprentissage de la langue et la familiarisation avec la culture.
Mes apostolats Au fur et à mesure que ma santé s’améliorait, j’ai progressivement pris divers apostolats : par exemple, des cours de lectio divina, Kirkens SOS (service téléphonique de crise organisé par l’Église luthérienne) et aumônier de Mariahuset (une commun aut é œcuménique). En 2006, le frère précédent, Reginald Blondeel, m’a demandé de célébrer la messe dans une prison locale. Accueil des convertis. Cela s’est avéré être la première étape de ce qui allait devenir plus tard mon apostolat principal en dehors du couvent. Parce que la Norvège était un pays à prédominance protestante, il n’y avait pas d’aumônier de prison catholique officiel à cette époque. Mais en raison de l’augmentation de l’immigration, la population catholique avait considérablement augmenté. L’évêque d’Oslo s’est rendu compte que les besoins spirituels du nombre croissant de prisonniers catholiques étaient négligés et, après de nombreuses réunions, j’ai été nommé aumônier catholique dans la région d’Oslo. L’aumônerie de prison est un privilège et une bénédiction. Je suis là pour écouter, pour montrer du respect, pour encourager et, le cas échéant, prier et célébrer les sacrements. Cela a été une source d’inspiration pour moi de rencontrer tant de personnes Baptême de prisonniers. qui ont réussi à faire face à leurs démons personnels et à prendre un nouveau départ. 29
UN FRÈRE IRLANDAIS EN NORVÈGE
Visite de prison avec les Focolari.
Centenaire récent Après avoir été expulsés à la Réforme, les Dominicains ont été autorisés à retourner en Norvège en 1921. Au fil des ans, l’ouverture culturelle des frères prêcheurs a eu un impact important sur la société luthérienne piétiste plus étroite de l’époque. Cette influence a atteint son apogée dans les années qui ont suivi le Concile Vatican II avec l’ouverture et l’optimisme œcuméniques renouvelés. J’ai beaucoup d’estime et d’admiration pour les quinze Norvégiens qui sont entrés dans l’Ordre au cours des soixante dernières années. Ils ont surmonté des défis que les frères français peuvent éviter dans la formation, par exemple apprendre la langue française et s’intégrer dans une nouvelle culture. Ils ont tous grandi dans la foi luthérienne et se sont convertis au catholicisme à l’âge adulte. Au cours de leurs années de formation en France, ils ont développé un fort attachement et un intérêt pour les frères de la métropole. Cependant, ils ont parfois l’impression que cet attachement n’est pas réciproque.
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PORTRAITS DES FRÈRES VENUS D'AILLEURS
Couvent de Saint-Dominique Saint-Dominique est une communauté très fraternelle. Nous sommes tous les sept très différents, mais c’est notre force : nos différents intérêts et talents reflètent la flexibilité et la diversité du charisme dominicain. Inévitablement, il y a eu des hauts et des bas. Par exemple, pendant mon temps, trois frères relativement jeunes sont morts alors qu’ils étaient encore dans un ministère pleinement actif. Nous avons la chance d’avoir une étroite collaboration avec les autres branches de la famille dominicaine à Oslo : les religieuses contemplatives de Lunden Kloster, les sœurs apostoliques de Katarinahjemmet et une fraternité laïque dominicaine florissante.
Bilan Dès mon premier jour à Oslo, je me suis senti complètement chez moi. La culture et la mentalité norvégiennes sont beaucoup plus proches de mes origines irlandaises que la culture française. Contrairement à l’Irlande, le ministère à Oslo est plus facile parce que la petite minorité catholique de l’Église n’a pas à porter le bagage historique qui existe en Irlande. En tant que jeune homme, l’une des choses qui m’a attiré dans l’Ordre était sa dimension internationale et missionnaire. Mais je n’avais jamais imaginé que je finirais en Norvège. Deo gratias !
Frère Joseph Mulvin, o.p. du couvent Saint-Dominique d'Oslo 31
ACTUALITÉ DE LA PROVINCE
Élections » Le 9 mai 2023, le frère Antoine de La
Fayolle a été élu prieur du couvent de Sainte-Anne à Rennes, pour un deuxième mandat. » Le 7 juin 2023, le frère Camille de Belloy de Saint-Liénard a été élu prieur du couvent du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon, pour un deuxième mandat. » Le 12 juin 2023, le frère Adrien Candiard a été élu prieur du couvent de NotreDame-du-Rosaire au Caire, pour un deuxième mandat. » Le 26 juin 2023, le frère JokūbasMarija GoŠtautas a été élu prieur du couvent des Saints-Apôtres-Philippe-etJacques à Vilnius.
Institutions et nominations
» Ont été nommés membres de la Commission de la vie intellectuelle de la province de France les frères JacquesBenoît Rauscher (régent des études, président), Marc Bellion, Ceslas Bourdin, Rémi Chéno, Franck Guyen, Pierre Januard, Jean-Étienne Long, Matthieu Palayret et Bernardas Verbickas. » Le 22 juin 2023, le frère Pascal Marin a été nommé doyen de la Faculté ecclésiastique de philosophie de l’Université catholique de Lyon, pour un second mandat de trois années. » Le 28 juin 2023, le frère Emmanuel Pisani a été nommé directeur de l’Institut dominicain d’études orientales (I.D.E.O) pour un second mandat de trois années.
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» Le 15 août 2023, le frère Gerard
Timoner, maître de l’Ordre, a nommé le frère Olivier Poquillon en tant que directeur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem, à partir du 1er octobre 2023. » Le 1er septembre 2023, le frère Jean Baptiste Rendu a été institué syndic conventuel du couvent de Saint-Thomasd’Aquin à Lille.
Assignations
» Le 4 août 2023, le frère Jacek
Szpreglewski a été assigné à la maison de Sainte-Catherine à Tallinn. » Le 1er septembre 2023, les frères Benoît-Marie Florant et Jean-Baptiste Rendu sont assignés au couvent de SaintThomas-d’Aquin à Lille. » Le 1er septembre 2023, les frères Marc Bellion et Yves Habert sont assignés au couvent du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon. » Le 1er septembre 2023, les frères Joseph Nguyen Ngoc Huy et Youssef elKosseifi sont assignés à la maison de Saint-LouisBertrand à Clermont-Ferrand. » Le 1er septembre 2023, les frères Marc Chauveau et Paul-Adrien d’Hardemare sont assignés au couvent de l’Annonciationà Paris. » Le 1er septembre 2023, le frère Hani Daniel est assigné à la maison de SaintDominique à Erbil. » Le 1er septembre 2023, les frères Benoît Delhaye et Claude Bonaïti sont assignés au couvent de Saint-PierreMartyr à Strasbourg.
ACTUALITÉ DE LA PROVINCE
» Le 1er septembre 2023, le frère Denis
Cerba est assigné à la maison de SainteMarie-Madeleine à Lund. » Le 1er septembre 2023, le frère Nouiran al-Banaa est assigné à la maison de l’Épiphanie à Bagdad. » Le 1er septembre 2023, les frères Thomas-Marie Gillet et Pierre Lambert sont assignés au couvent de l’Annonciation à Tours. » Le 1er septembre 2023, le frère Gabriel Meunier (Province de Toulouse) a été assigné ratione studiorum au couvent du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon.
Professions solennelles
» Le 27 août 2023, frère Gregorius Pehrman a fait profession solennelle en la cathédrale Saint-Henri à Helsinki. » Le 3 septembre 2023, les frères Vincent Antony Löning, Thomas Carrique et Benjamin Ekman ont fait profession
L E CARNE T
solennelle en l’église du Saint-Nom-deJésus à Lyon.
Professions simples
» Le 9 septembre 2023, les frères
Gabrielius, Simeon, Pierre Maël et Milad ont fait profession en l’église du couvent de Saint-Pierre-Martyr à Strasbourg.
Décès
» Le 26 avril 2023 est décédé le frère
Paul Coutagne, de la maison de NotreDame-des-Prêcheurs à Paris. Il était né le 11 novembre 1926 à Lyon, avait fait profession dans l’Ordre des Prêcheurs le 2 février 1951 et avait reçu l’ordination presbytérale le 3 juillet 1955. Ses obsèques ont été célébrées le 3 mai 2023 au couvent de La Tourette.
Dans le numéro de fin d’année, vous retrouverez les reportages photos des ordinations et professions qui ont lieu cet automne. L’occasion de lire sur les visages la joie de l’engagement dans la vie dominicaine.
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Qui de nous n’a pas été enthousiasmé par ces foules de jeunes allant aux JMJ ? Parmi celles-ci, le groupe de jeunes Jubilatio qui ont pu expérimenter, avec leurs réalités de jeunes, la joie de notre charisme dominicain. La Province dominicaine de France a pu aider ses jeunes et les frères qui les accompagnaient grâce à votre soutien. Mais au-delà de ces moments forts, et de manière constante, des frères accompagnent ces jeunes et leur proposent de goûter la manière d’être chrétiens à la manière de Dominique et de ses frères et sœurs. L’engagement auprès des jeunes est une des priorités de l’Église et de notre Congrégation mais cela demande des moyens humains et financiers. La diversité des propositions qui sont faites par nos diverses communautés et dont quelques-unes sont rapportées dans ce numéro d’Amitiés dominicaines est impressionnante et c’est un facteur d’espérance pour notre Église et notre monde. Certes l’indifférence religieuse est forte dans les nouvelles générations, mais des groupes comme ceux qui cheminent avec nous – et en particulier la Jeunesse dominicaine – sont des vrais points d’appui pour une vie chrétienne solide et un rayonnement de la foi.
Fr. Jean-Claude Lavigne, syndic provincial Province dominicaine de France
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Ces initiatives de jeunes et l’apostolat de nos frères avec ces jeunes ont besoin d’être soutenus dans la durée et d’être mieux connus. Nous comptons sur votre amitié pour les faire connaître autour de vous, dans vos familles et amis, et pour les aider à se déployer. D’avance un grand merci pour vos prières et votre soutien financier. Les activités de la province permettent de vous faire bénéficier d’un reçu fiscal pour les dons aux œuvres. Il donne doit à une réduction d’impôts de 66 % du montant du don, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. En renvoyant votre don dans l’enveloppe jointe avec le formulaire associé, vous recevrez ce reçu. Vous pouvez aussi faire un don en ligne sur www.dominicains.fr/nous-aider
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« Amitiés dominicaines », nouvelle série, n° 95 ISSN 1637-3847 - Dépôt légal : VI-23 Prix indicatif de ce numéro : 5 € Directeur de la publication : Province dominicaine de France Rédacteur en chef : fr Yves Habert, o.p. © Province dominicaine de France Maquette et impression, en France par : MG Imprimerie (04 90 670 670)
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Les frères dominicains de la Province de France vous souhaitent un bel automne