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BIEN-ÊTRE

MÈRE NATURE - MÈRE SANTÉ, DANS LES FORÊTS

« L’influence de la nature sur la santé est historiquement au cœur de nombreuses réflexions qui dépassent les seuls enjeux médicaux, ou plutôt qui les mettent au service d’une vision plus globale des usages de la nature par les sociétés humaines. » Christian Barthod et Patrick Fournier commencent ainsi leur article très documenté sur le virage environnemental amorcé au XVIIIe siècle dans le monde occidental. La nécessité de protéger, conserver, exploiter utilement les forêts se fonde sur les conceptions économiques et morales d’un courant de pensée très influent, la physiocratie, expliquent les deux auteurs. La richesse et la prospérité des nations reposent sur les activités rurales, agricoles et forestières. Cette conception physiocratique est confortée par la médecine de l’époque massivement hippocratique, qui relie les maladies humaines ou animales à l’état de l’air, des eaux et des sols : en conséquence, la déforestation cause forcément un changement climatique nuisible aux équilibres naturels, source de la santé. En France métropolitaine, la politique forestière de l’Ancien Régime se voit ainsi assortie de préoccupations sanitaires.

« Les années 1820 et 1830 constituent un tournant avec la création de l’École forestière de Nancy en 1824 et la promulgation du code forestier le 1er août 1827 », précisent Barthod & Fournier. Lors des débats sur l’opportunité des déboisements qui agitent l’Assemblée nationale sous la monarchie de Juillet, le mobile central de l’opposition à cette pratique réside dans la modification du climat, les enjeux liés aux dessèchements des lacs et des marais grâce à la forêt, empêchant le développement des « fièvres intermittentes » dues au paludisme autochtone. La forêt préserve aussi la qualité des eaux de source et limite les « miasmes » et gaz délétères grâce à l’absorption par le feuillage des arbres. Cette vision est déjà « enseignée comme une vulgate aux propriétaires ruraux, aux officiers militaires et aux forestiers ». Rien de vraiment neuf sous le soleil…

Le

BAIN DE FORÊT PROVOQUE UNE BAISSE DE LA PRESSION ARTÉRIELLE, SURTOUT SYSTOLIQUE MAIS AUSSI DIASTOLIQUE.

apaisés en milieu naturel, référence du corps et de ses besoins archaïques. De fait, depuis les années 2010, le besoin de fonder scientifiquement le ressenti physique et psychique positif des marcheurs en forêt (promenades ou randonnées) a produit une littérature assez dense qui surprend par l’ampleur des effets sanitaires mesurés. Pas de doute, la forêt est bénéfique à la santé ! Elle comporte aussi des dangers qu’il ne faut pas occulter pour mieux les éviter (encadré 2).

LES BIENFAITS PROUVÉS, À REMETTRE EN CONTEXTE

Le Pr Qing Li s’est passionné pour les bienfaits du Shinrin Yoku au point d’être aujourd’hui le président de la Société internationale de la Nature et de la Médecine par les forêts (INFOM). Il a participé et participe toujours à de très nombreux travaux qui ont validé les effets de l’immersion forestière sur le système immunitaire et la prévention des maladies et des cancers. Son succès repose aussi sur l’urgence des besoins culturels et politiques (gestion des espaces urbains et ruraux) que ses travaux permettent d’étayer. Il y a maints enjeux sous le bain de forêt… Il est dès lors un peu facile d’habiller ses convictions d’un vernis scientifique, comme l’évoquent Christian Barthod et Denis Zmirou-Navier dans la conclusion d’une publication dédiée au bain de forêt par la Société française de santé publique en commun avec la Revue forestière française2. Dans une revue de littérature publiée en 2019, des auteurs chinois ont compilé scrupuleusement les résultats du bain de forêt3. Les méthodes ne sont pas toujours impeccables mais l’ensemble va dans le même sens sanitairement positif.

Fonction cardiaque et pression artérielle

Le bain de forêt provoque une baisse de la pression artérielle, surtout systolique (chiffres du haut) mais aussi diastolique (chiffres du bas). Les résultats sont nombreux et concordent avec les effets sur des marqueurs sanguins de la pression artérielle. La variabilité de la fréquence cardiaque est aussi augmentée, ce qui prédispose à une meilleure santé cardio-vasculaire et une meilleure longévité, comme l’explique l’Académie de Médecine4 L’adrénaline et ses multiples dérivés, ainsi que les hormones de la stimulation cérébrale sont abaissés. Le calme sanguin !

Spécialiste du voyage d’aventure responsable

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