Gestion et technologie agricoles

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Bien planifier pour continuer d’exister

PP40051633 CULTIVER la réussite CULTIVER la réussite LA PROMOTION DE L’ A GRICUL TURE EN MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC Aussi dans cette édition : RELÈVE AGRICOLE
L’ARTERRE parle de son offre de services ......................................................... p.3 Entrevue avec la Fédération de la relève agricole ............................................... p.8 Le MAPAQ au sujet du traitement des eaux usées en acériculture p.18 Jeudi 11 avril 2024 | Volume 49 | 4 e Numéro
2Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles
L’ARTERRE, partenaire de première ligne pour la relève agricole

Démarrage, reprise, transfert de fermes et partenariat d’affaires constituent le quotidien de L’ARTERRE, dont la mission est de faciliter l’accès au monde agricole. Ses services de maillage axés sur l’accompagnement et le jumelage entre aspirantsagriculteurs et propriétaires favorisent l’établissement de la relève et la reprise de fermes n’ayant pas de relève identifiée afin d’assurer la pérennité des entreprises du Québec. Heureuse nouvelle, la MRC des Maskoutains, soucieuse de soutenir la relève, offre l’expertise d’une personne qui connaît bien son territoire et ses candidats : Amélie Tremblay, agente de développement agricole.

Comme on le sait trop bien, depuis 2018, il relève de chaque MRC d’offrir ou non des ressources d’accompagnement à la relève agricole. « À ce jour, seulement sept MRC en Montérégie offrent une aide directe à la relève. On comprend à quel point cela peut être important pour la région maskoutaine qui compte tant d’entreprises agricoles et qui constitue le pôle de développement agricole et agroalimentaire par excellence au Québec, note d’entrée de jeu Mme Tremblay. Les MRC sans service d’accompagnement vont sans doute répondre aux propriétaires désirant transférer leur ferme de s’adresser à un courtier immobilier. »

Maillage, jumelage, arrimage

Comme le détaille l’agente de développement, chaque demande est traitée avec sérieux et de concert avec l’ensemble des partenaires en mesure de concrétiser les demandes exprimées par les propriétaires et les aspirants. « Un dossier est monté et un processus incluant toutes les données, du plan d’affaires aux subven-

tions disponibles, est enclenché, question de bien connaître à la fois la personne et l’entreprise », explique Mme Tremblay.

Mais les interventions visant au meilleur maillage possible vont beaucoup plus loin. « Il convient d’informer les parties, souvent davantage les propriétaires, qu’il est important de garder un esprit ouvert face aux options, aux possibilités. Ensuite, on effectue des recherches dans la base de données québécoise et on prend des photos de l’entreprise, de ses équipements, de ses installations », révèle-t-elle.

Selon les contextes, des rencontres sont ensuite tenues entre les parties. « On peut débuter par une visioconférence pour briser la glace ou directement se rendre sur place, question que les parties puissent discuter, préciser certains points, etc. Selon les ententes, on organise aussi souvent une journée d’essai à la ferme, valide pour les reprises et les partenariats d’affaires, mais pas pour les locations », note Amélie Tremblay.

Viennent ensuite la rédaction des termes de l’entente et les négociations afférentes qui, une fois approuvées par les parties, font l’objet d’une analyse par un conseiller en transfert, un comptable, un fiscaliste, une institution financière, le MAPAQ ou la financière agricole, selon les dossiers. « Une fois que tout est attaché, tout se finalise chez le notaire », souligne Mme Tremblay, qui confie que le processus peut s’effectuer entre deux mois et trois ans, selon les parties et les ententes. « Tout est une question d’implication. Naturellement, un dossier de location se conclut plus rapidement qu’un transfert ou un partenariat d’affaires. »

L’aspirant-agriculteur vs la réalité

Les actuels aspirants à la relève proviennent de différents horizons et témoignent d’expériences diverses. « On reçoit autant des candidats âgés de 20 ans qui viennent de terminer leur formation académique que des personnes de 45 ans qui ont une grande expérience du travail agricole ou qui désirent se lancer. Ils viennent autant de familles

d’agriculteurs que du Montréal urbain », témoigne Mme Tremblay.

Et qu’en est-il de la reprise au féminin, désirée et attendue depuis longtemps? « Je dirais que dans l’ensemble de mes dossiers de jumelage, 80 % de ceux-ci impliquaient une femme. Certaines propriétaires féminines attendent actuellement de trouver le maillage parfait. L’offre est là, il y a une belle représentativité », confirme l’agente de développement agricole.

Au quotidien, la profession exige que les aspirants soient informés des réalités découlant de la vente ou de la reprise d’une entreprise agricole. « Je dois souvent ramener leurs demandes et projections à la dure réalité, confie Amélie Tremblay. Il est parfois nécessaire de crever des bulles et de devoir expliquer à un jeune candidat fraîchement diplômé, par exemple, qu’il est impossible de devenir propriétaire d’une ferme laitière d’ici deux ans. On doit alors présenter les différentes options possibles pour s’établir en agriculture. »

Conseils pour mieux soutenir la relève Interrogée sur les possibilités d’optimisation du soutien à la relève agricole, Mme Tremblay livre trois recommandations basées sur ses observations au quotidien : « En Montérégie, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pourrait permettre davantage la division des lots, vu les dimensions de ceux existants. Lorsqu’on possède une terre de 30 ha à vendre au prix du marché ou en spéculation, qui est trop élevé, c’est très difficile pour la relève non apparentée de prouver la rentabilité puisque ce n’est pas assez grand pour faire de la grande culture et trop grand pour faire du maraîcher de proximité. Puis, une révision des programmes de démarrage basée sur la réalité actuelle, incluant la baisse et le blocage des taux d’intérêt, serait certainement très bien accueillie. Enfin, une législation renforcée visant à contrer la spéculation foncière ciblant les terres agricoles est plus que jamais nécessaire. Il faut avoir accès au registre des transactions. »

Amélie Tremblay, agente de développement agricole pour la MRC des Maskoutains. Photo gracieuseté

LA PROMOTION DE L’AGRICULTURE EN MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC Gestion et Technologie AgricolesJeudi 11 avril 20243 ÉDITEUR : Benoit Chartier RÉDACTEUR EN CHEF : Martin Bourassa ADJOINTE À LA RÉDACTION : Annie Blanchette TEXTES ET COORDINATION : Yves Rivard CONTRÔLEUR : Monique Laliberté DIRECTEUR DU TIRAGE : Pierre Charbonneau DIRECTEUR DE LA PUBLICITÉ : Guillaume Bédard DIRECTEUR DE LA PRODUCTION : Alex Carrière PUBLICITAIRES : Louise Beauregard Manon Brasseur Luc Desrosiers Linda Douville Miriam Houle Isabelle St-Sauveur TÉL. : 450 773-6028 TÉLÉCOPIEUR : 450 773-3115 SITE WEB : www.dbc.ca COURRIEL : admin@dbc.ca Publié 12 fois par année par DBC Communications inc. 655, avenue Sainte-Anne, Saint-Hyacinthe, Québec J2S 5G4 Imprimé par Imprimerie Transcontinental SENC division Transmag, 10807, rue Mirabeau, Ville d’Anjou Québec H1J 1T7. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada Copyright® Tous droits réservés sur les textes et les photos. Les articles sont la responsabilité exclusive des auteurs. Prix d’abonnement : 1 an (taxes incluses)...............40 00$ Poste publication - convention : PP40051633 PUBLIÉ PAR: 26 500 exemplaires distribués dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe et par la poste aux producteurs agricoles dans les régions suivantes : Montérégie-Est Montérégie-Ouest Centre-du-Québec Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien. Merci de recycler ce journal. PEFC/01-31-106 CertifiéPEFC Ceproduitestissude forêtsgérées durablementetde sourcescontrôlées www.pefc.org journalgta.ca Prochaine édition 9 mai 2024 Spécial horticulture et apiculture
RELÈVE AGRICOLE
RIVARD

À quoi rêve la relève?

Depuis plus de 25 ans, Benoît Daviau, entre autres agronome, accompagnateur à la relève et conseiller aux investissements pour le FIRA, enseigne à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), campus de Saint-Hyacinthe. Ses activités et ses expériences lui permettent certainement aujourd’hui de dresser un portrait lucide de la relève agricole. Ce qu’il a accepté de faire en répondant à nos questions.

GTA : On dit de vous que vous avez toujours outillé la relève de manière à ce qu’elle puisse relever les défis de demain. Dans le contexte agricole actuel, mixte catastrophique de pénurie de main-d’œuvre, de marché postpandémique, de hausse phénoménale du coût des intrants et des taux d’intérêt, de chute drastique des revenus des agriculteurs et de l’anxiété galopante conséquemment ressentie, comment se traduit cette volonté auprès de la relève?

Benoît Daviau : Premièrement, en leur expliquant ce contexte. Tout ce que vous mentionnez a un impact sévère sur le monde agricole. La pénurie de travailleurs et le coût des intrants, et tout le reste, sont des parties d’un puzzle. Dans l’objectif de satisfaire aux besoins de la population à un coût raisonnable, il faut relever chaque défi en identifiant les pistes de solution.

La technologie peut en être une. Je vois plusieurs jeunes de la relève se poser la question : aurai-je un modèle de grande entreprise qui consomme beaucoup de main-d’œuvre et/ou de technologie ou dois-je revenir à un modèle opérationnel plus familial où il me sera possible de contrôler tous les aspects de la production? Ce questionnement, qui n’existait plus depuis 30 ou 40 ans, revient en force chez la relève.

Les outiller revient à leur permettre de faire le meilleur choix : 100 vaches laitières et plus? 1000 acres de grandes cultures et plus? Ou moins? Les critères de recrutement de travailleurs étrangers temporaires se sont resserrés cette année. Est-ce encore une option viable pour un projet donné? Quelles sont les options, en matière de coût et d’acceptabilité sociale? Donc, il importe de susciter une profonde réflexion sur le modèle à choisir.

Nouvelle génération, nouveau modèle?

GTA : Selon votre expérience en cours ou à travers vos autres activités, quel modèle semble attirer davantage la relève?

B.D. : Ceux et celles qui se destinent aux secteurs plus conventionnels, tels les maraîchers de grande culture et la production laitière, se préparent à faire partie d’un système de grande taille, qui inclut déjà la technologie pour contrer certains problèmes, notamment le manque de personnel. Ces personnes doivent penser à plusieurs possibilités : quels seront les

Benoît Daviau, enseignant en gestion à l’ITAQ : “En bref, le modèle coopératif, le regroupement, représente une option fort valide pour des jeunes qui comprennent que dans le contexte actuel, il sera très difficile d’y arriver seul.” Photo François Larivière I

coûts de ces technologies dans 10 ans? Ai-je le goût de gérer de gros volumes de production et les ressources humaines pour les 25 ou 30 prochaines années? D’autres modèles existent et ils doivent bien les connaître avant de choisir.

GTA : Dans certains créneaux du monde agricole, notamment la production maraîchère en serre, la relève semble attirée par le modèle coopératif. Plusieurs facteurs liés au mode de vie communautaire et aux notions d’équité motivent souvent ce modèle d’affaires. Voyez-vous cette mouvance se dessiner à grande échelle?

B.D. : Oui, tout est souvent une question de gradation. L’entrepreneur qui opère

selon les modalités de la société par actions, seul ou avec la famille, et qui en contrôle tous les aspects est différent du modèle de coopérative de solidarité de travailleurs basée sur une fiducie d’utilité sociale agroécologique (FUSA).

Entre ces deux extrémités, il existe plusieurs autres degrés opérationnels, dont les partenariats d’affaires. Et je constate que par rapport aux jeunes d’il y a 15 ou 20 ans, la relève actuelle est beaucoup plus intéressée à explorer et à comprendre les différentes possibilités de chaque modèle. Les options sont beaucoup plus larges que celles du passé, dont les CUMO et CUMA, par exemple.

La coexploitation de sites et de machinerie gagne en popularité. Beaucoup de

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modèles se développent. Cette réflexion sur le mode coopératif rejoint aussi de plus en plus d’autres secteurs d’activité agricole. L’ARTERRE travaille très fort pour créer des jumelages, des synergies permettant le développement des entreprises. J’ajouterais également que les incubateurs d’entreprises reliés au réseau Racines permettent aussi plusieurs possibilités.

Cela dit, le concept d’utiliser un même site pour y réaliser différents projets est une formule qui gagne en popularité. En bref, le modèle coopératif, le regroupement, représente une option fort valide pour des jeunes qui comprennent que, dans le contexte actuel, il sera très difficile d’y arriver seul.

GTA : La notion de relève serait beaucoup plus vaste qu’auparavant. Votre opinion?

B.D. : Effectivement, actuellement, on recense presque autant de repreneuriat externe que de relève apparentée, qui constituait le modèle classique. La relève d’aujourd’hui englobe autant le démarrage de nouvelles entreprises que le repreneuriat, qui voit une personne ou un groupe acquérir une entreprise existante en tout ou en partie.

Le repreneuriat est crucial pour assurer la relève, car l’âge moyen du propriétaire agricole continue d’augmenter et qu’il est incorrect de dire que 80 % des agriculteurs ont identifié une relève. Le

vrai indice de pourcentage se situe plutôt à moins de 50 %.

Expérience et service-conseil

GTA : Vous agissez également en tant que conseiller aux investissements pour le compte du Fonds d’investissement de la relève agricole (FIRA). En quoi consiste-t-il?

B.D. : Le FIRA a été créé en 2010, à la suite de la demande de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) visant à créer des outils complémentaires de financement à ceux existants, notamment en matière d’accès à la terre et au financement des coûts de l’établissement en tant que tel. Il existe deux outils : le Prêt de mise de fonds et Location-achat de terre, qui permet au FIRA d’acquérir la terre désirée, avec ou sans bâtiments, afin d’ensuite la louer au candidat. L’objectif est de donner accès à la terre à l’aspirant en lui permettant de conserver ses liquidités pour ainsi réaliser les investissements nécessaires au développement de l’entreprise et d’ensuite être en mesure de la racheter.

GTA : D’où provient l’enveloppe?

Le fonds a été créé grâce aux partenaires que sont le gouvernement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ et Capital régional et coopératif Desjardins. Ils se sont associés pour créer, en 2011, le Fonds d’investissement pour la relève agricole. Par leur contribution respective de 25 M$ à ce fonds, ils appuient le développement de l’agriculture au Québec en permettant de soutenir la pérennité de nos entreprises agricoles et en encourageant la nouvelle génération à prendre la relève.

NOTES BIOGRAPHIQUES

En plus d’être agronome depuis plus de 25 ans, Benoît Daviau enseigne la gestion des entreprises à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) également depuis 25 ans, là où il a toujours visé à outiller la relève entrepreneuriale agricole pour relever les défis de demain. Au travers des années, il a été administrateur de plusieurs organisations ou il a acquis des compétences en gouvernance, élaboration de stratégies d’entrepreneuriat, de vulgarisation, de planification stratégique.

Il est également conseiller aux investissements au Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA) et conseiller en développement entrepreneurial au Groupe Leader Plus (GLP).

M. Daviau a également beaucoup d’expérience en gestion d’entreprises (propriétaire et consultant), financement et investissements, gestion de fonds, coordination de projet en équipe multidisciplinaire, autant dans les milieux politiques, institutionnels, qu’en entreprises privées. Il a accompagné plus de 3000 entreprises agricoles et agroalimentaires autant dans leur phase de dé marrage, d’expansion, de transfert ou de consolidation surtout au Québec, mais aussi aux États-Unis, au Mexique, au Brésil, en Afrique et en Europe.

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Vue aérienne de l’ITAQ, campus de Saint-Hyacinthe, où se forme chaque jour la relève agricole de demain. Photo archives
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La FRAQ désire se faire entendre

On le sait, l’agriculture québécoise vit des heures sombres. Mais en dépit de tous les obstacles, de toutes les catastrophes, soient-elles économiques ou climatiques, la perspective de reprendre une entreprise agricole continue d’animer des milliers de jeunes. Vincent AngersDeslauriers, président de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), nous en parle.

GTA : Comment qualifier la relève agricole actuelle en quelques mots?

V.A.D. : Il s’agit de personnes passionnées. La FRAQ en 2024, c’est 2100 membres volontaires qui désirent changer les choses et mener à l’avancement de leur métier, de leur vocation. On estime actuellement la relève globale au Québec à 8000 personnes. Ces personnes sont très motivées, surtout celles qui doivent travailler ailleurs pour gagner leur vie en attendant mieux.

GTA : Côté statistiques, note-t-on une hausse de la relève féminine?

La parité est-elle atteinte?

V.A.D. : Du côté de la relève impliquée, on est à 50-50, la parité est atteinte. Le dernier conseil d’administration de la FRAQ était même majoritairement féminin. Donc, aucun problème, la gent féminine est bien active et présente au sein de la Fédération. Pour ce qui est de la relève générale non impliquée, les derniers chiffres indiquent une hausse de 24 % à 29 % au cours des dernières années.

Portrait 2024 de la relève

GTA : Dans un contexte où la pression de reprendre les rênes de l’entreprise familiale est beaucoup moins forte qu’il y a quelques dizaines d’années, qu’est-ce qui motive la relève en 2024?

V.A.D. : La passion, le désir de suivre les traces familiales et, dans plusieurs autres cas, le besoin de vivre un retour vers la terre. On le voit et on l’entend du côté des entreprises en démarrage et des reprises apparentées.

GTA : La prise de conscience sociale au sujet de l’environnement des 25 dernières années y est-elle pour quelque chose? Les membres de la relève y vont-ils avec l’idée de changer les choses, notamment en optant pour des nouvelles méthodes et pratiques?

V.A.D. : Je ne crois pas. Je suis d’avis que si une personne de la relève choisit le bio, par exemple, c’est qu’elle juge que c’est bon. Il n’y a pas d’idée de changer le monde dans la plupart des cas.

GTA : Le nombre de reprises apparentées par rapport aux non apparentées a-t-il changé au cours des dernières années?

V.A.D. : Le transfert familial a perdu quelques points entre 2016 et 2021, passant de 56 % à 54 %. Pour ce qui est des démarrages d’entreprise, l’indice se chiffre à 36 %, en hausse de 1 % par rapport à 2016. Les démarrages sont en hausse constante depuis 2006.

GTA : La relève familiale doit aussi être affectée par la baisse des naissances. Il y a plus de 60 ans, les familles comptaient cinq, six ou même huit enfants, ce qui favorisait la reprise. Mais aujourd’hui, avec deux ou trois enfants, cela doit diminuer les chances, non?

V.A.D. : Oui et non. On constate que les fermes ayant investi de manière régulière dans leurs installations sont plus susceptibles de voir leur transfert réussi. Pourquoi? Parce que les défis sont alors moins importants pour la personne qui reprend, il y a moins d’investissements à effectuer, un moins gros capital à solliciter. Si la relève doit tout bâtir ou rebâtir, c’est plus difficile. Sinon, encore aujourd’hui, la plupart des agriculteurs comptent sur un ou plusieurs de leurs enfants ayant manifesté un intérêt pour reprendre l’entreprise. Heureusement, des entités comme L’ARTERRE et autres permettent aussi à des relèves non apparentées d’assurer la continuité des entreprises agricoles.

GTA : Le contexte actuel doit certainement changer les plans de plusieurs aspirants : explosion du coût des intrants et des taux d’intérêt, effondrement des revenus de 86 %, nécessité pour la relève d’occuper des emplois extérieurs pour s’assurer un revenu suffisant…

V.A.D. : Oui, selon les données, en 2021, 44 % des jeunes de la relève devaient travailler ailleurs que sur le site de l’entreprise agricole par rapport à 38 % en 2006. Plus encore, en 2021, les jeunes de la relève révélaient occuper un emploi externe qui nécessitait 60 % de leur temps de travail et qui générait 72 % de leur revenu annuel.

GTA : Que de temps perdu. Temps qui pourrait permettre à des processus de débuter plus rapidement, de prendre de l’expérience directement sur le terrain…

V.A.D. : Cela fait partie de nos représentations depuis des années! On demande d’éliminer cette restriction qui empêche la relève de se concentrer à 100 % sur l’entreprise, d’assurer la transition, de monter sa clientèle, etc.

La FRAQ sera aux barricades

GTA : Qu’en est-il du modèle coopératif, qui semble plaire beaucoup à la jeune génération portée vers le communautarisme et la répartition des bénéfices?

V.A.D. : Dans le créneau maraîcher, ça se voit, ça se fait et ça va bien. Même cons-

“La FRAQ sera de toutes les manifestations”, révèle Vincent Angers-Deslauriers, en référence aux moyens de pression qui seront exercés par le monde agricole pour se faire entendre par le gouvernement du Québec. Photo gracieuseté

tat dans une perspective d’autosuffisance dans laquelle des personnes acquièrent un petit lopin de terre, exploitent une fermette et vendent leurs surplus. Mais dans les cultures et les élevages traditionnels –porc, bœuf, grandes cultures, production laitière –, c’est beaucoup plus complexe, avec les différentes normes à respecter et les investissements nécessaires. Cela dit, les systèmes tels que la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA), qui met à la disposition de ses sociétaires les moyens nécessaires à leurs exploitations, et la Coopérative d’utilisation de maind’œuvre partagée (CUMO), qui rend disponibles des employés pour travailler dans les fermes de leurs membres, gagnent certainement en popularité.

Le transfert familial a perdu quelques points entre 2016 et 2021, passant de 56 % à 54 %. Pour ce qui est des démarrages d’entreprise, l’indice se chiffre à 36 %, en hausse de 1 % par rapport à 2016. Les démarrages sont en hausse constante depuis 2006.

GTA : Les agriculteurs québécois commencent ces jours-ci des moyens de pression pour forcer le gouvernement du Québec à réellement entendre leurs revendications et à trouver des solutions rapidement. La FRAQ sera-t-elle de cette mouvance, de ces événements?

V.A.D. : Absolument, la FRAQ sera de toutes les manifestations. Et la FRAQ est consciente que le combat actuel est mené aussi pour la relève. Cela dit, la FRAQ a aussi sa propre plateforme de revendications. Le contexte actuel doit nécessairement changer. La situation est actuellement catastrophique pour le monde agricole.

GTA : Croyez-vous que cette fois sera la bonne, que Québec agira en conséquence?

V.A.D. : Il y a deux réponses à cette question. Aurons-nous une écoute? Oui, pour la simple et bonne raison que nous sommes à la veille d’élections provinciales. Oui, parce que l’agriculture bénéficie d’un très bon capital de sympathie de la part de la population. Cela dit, tous les événements se dérouleront avec respect. Aucun lien avec ce qui se fait en France.

GTA : Où peut-on prendre connaissance de vos revendications?

V.A.D. : À l’adresse : https://fraq.quebec/ planreleve/

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Ça manifeste en Montérégie!

Patrick Bourgeois, un producteur de maïs et de soya de 58 ans de Saint-Bernardde-Michaudville, lance un appel à l’aide. Il ne sait pas s’il pourra conserver sa ferme jusqu’à sa retraite, d’ici cinq à huit ans, en raison de difficultés financières qui ne cessent de s’accumuler. Il prendra part à la manifestation organisée par la Fédération de l’UPA de la Montérégie le 12 avril à Saint-Hyacinthe.

Ces manifestations s’inscrivent dans un mouvement provincial débuté en amont du dépôt du budget du Québec à Rimouski, le 8 mars, pour réclamer plus de soutien financier du gouvernement. Il s’est poursuivi à Alma, le 27 mars.

« Ce n’est pas un problème qui date d’hier, mais la situation s’est amplifiée depuis la pandémie et, là, le dernier budget provincial [qui ne contient pas de solution aux problèmes de l’agriculture] est la goutte qui a fait déborder le vase », a déclaré M. Bourgeois. Même avant le dépôt du budget, il avait commencé à faire des publications sur les réseaux sociaux pour dénoncer la situation. Il a aussi installé une affiche sur sa remorque où il est notamment inscrit : « J’aime mon métier, mais j’aimerais en vivre. »

Le producteur a acheté la ferme familiale de 250 acres en 2012 et, déjà à l’époque, son père lui avait dit qu’il aurait peut-être besoin de se trouver un deuxième emploi. Patrick Bourgeois avait pensé redevenir camionneur, mais ne désirait pas ce rythme de vie. Il a donc

vécu modestement en se versant un salaire annuel d’environ 30 000 $.

Ce salaire n’est toutefois plus suffisant. Il a mentionné que les coûts de production relatifs au diesel et à la machinerie ont doublé et même presque triplé depuis la pandémie.

De plus, les prix auxquels ses cultures

L’agriculteur

rait déjà que cela équivalait à « quatre trente sous pour une piastre ». Autour de Noël, le prix a baissé à moins de 200 $ la tonne métrique.

L’effet domino

Confronté à ses défis financiers, M. Bourgeois a dû se munir d’une marge de soutien psychologique aux agriculteurs Au cœur des familles agricoles.

« Le pire, c’est que je ne suis pas le seul à vivre ça. La majorité des fermes sont des petites et moyennes entreprises (PME) et plusieurs sont les propriétés de jeunes de la relève », a déploré le producteur.

La Fédération de l’UPA de la Montérégie a aussi tenu des manifestations le 5 avril à Saint-Jean-sur-Richelieu et le

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Patrick Bourgeois de Saint-Bernard-de-Michaudville prendra part à la manifestation des producteurs de la Montérégie avec son tracteur, le 12 avril, à Saint-Hyacinthe. Photo François Larivière | GTA ©
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IMPORTANTE, LA RELÈVE AGRICOLE?

« La relève agricole est t-e-l-l-e-m-e-n-t importante! » C’est ce qu’elle entend le plus souvent, mais? Le dire c’est une chose, mais la faire sentir importante...

Les membres de la relève agricole de toutes les régions se tiennent ensemble pour faire valoir leurs points et les défis qui leur sont propres, tout en s’impliquant à plusieurs niveaux pour se faire écouter. Elle n’arrêtera pas tant qu’elle ne sera pas entendue, mais surtout aidée.

Est-ce normal que cette relève travaillant à temps plein sur son entreprise doive occuper un travail extérieur pour assurer les fins de mois? Sans compter qu’elle se voit couper de moitié sa subvention d’aide à l’établissement, car selon les critères en place, elle est considérée comme à temps partiel sur son entreprise. #maistoutvabien!

Est-ce normal que cette dite prime de 50 000$ n’ait pas été revue à la hausse depuis 2013? Comme dirait un ami proche : « Tu achètes quatre roues de tracteur pis ça, c’est sans le tracteur! » #maistoutvabien!

Est-ce normal que cette relève se soit vu couper les taux de subvention dans les programmes qui permettent d’être épaulé par des professionnels qui lui viennent en aide dans différents domaines de leur entreprise agricole? #maistoutvabien!

Est-ce normal qu’il soit plus avantageux pour un propriétaire agricole de vendre son entreprise à un inconnu au lieu de la transférer à sa propre relève? #maistoutvabien!

Cette lancée pourrait durer longtemps, et c’est ça qui est désolant. Est-ce normal dérée réellement comme importante dans le portrait de l’agroalimentaire du

Valorisation, détermination

La relève agricole c’est tous les jeunes qui aiment l’agriculture, qui vivent de cette passion, qui travaillent dans ce secteur. Comment assurer une relève dans tous les secteurs d’activité de l’agriculture quand les bancs d’école vides augmentent année après année dans nos institutions d’enseignement?

La valorisation du métier d’agriculteur et d’agricultrice, de technicien et technicienne agricole, de technologue en agroalimentaire, d’agronome et d’ouvrier et ouvrière agricole doit être faite dès maintenant pour attirer les jeunes dans ces secteurs qui sont si importants.

La relève agricole est présente partout au Québec, elle brille de mille feux par ses projets innovants, par ses actions, par son entregent, sa détermination, mais avant tout par passion.

La relève d’aujourd’hui prend soin déjà de la relève de demain, en la considérant maintenant dans ses revendications, en la faisant sentir importante, en lui montrant qu’elle est l’avenir.

Ainsi soutenue, elle se sentira forte pour affronter tous les défis qui viendront, car il y en aura toujours. C’est pour la pérennité du garde-manger du Québec que la voix des jeunes entrepreneurs agricoles doit être entendue maintenant haut et fort.

12Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles L’ATA VOUS INFORME
Article écrit par Marie-Justine Thouin-Léveillé, agronome et technologue en agroalimentaire, en collaboration avec Anne Leblond,T.P. Anne Leblond, T.P., Administratrice Du CA de l’Association des technkologues en agroalimentaire. Photo gracieuseté
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Gestion

L’agrotourisme, est-ce pour moi?

Alors que le printemps s’installe, l’idée de diversifier vos revenus ou de lancer un projet de développement vous traverse peut-être l’esprit. Pourquoi ne pas proposer une activité agrotouristique à votre clientèle?

D’abord, qu’est-ce que l’agrotourisme?

C’est une activité touristique qui est complémentaire à l’agriculture et qui a lieu dans une exploitation agricole. Ce type de tourisme met en relation des productrices et des producteurs agricoles avec des touristes ou des excursionnistes, et leur permet de découvrir le milieu agricole. Ce secteur d’activité favorise le rapprochement entre le consommateur et le producteur ainsi que la mise en valeur des produits régionaux.

L’agrotourisme peut prendre plusieurs formes :

1. Les visites d’interprétation et l’animation à la ferme

2. L’hébergement à la ferme

3. La restauration

4. La vente de produits agroalimentaires Visites d’interprétation et animation à la ferme

ques deviennent donc des lieux d’apprentissage et de partage où l’authenticité et l’exclusivité sont au rendez-vous.

Lorsqu’il est question d’activités d’interprétation, nous pouvons penser aux panneaux d’interprétation et aux audioguides en sentier. Il existe d’innombrables méthodes pour animer les visiteurs. Par exemple, plusieurs vignobles permettent aux consommateurs de participer aux vendanges en échange d’une bouteille de cette cuvée. N’est-ce pas une belle expérience?

Hébergement à la ferme

Les entreprises agricoles peuvent héberger les touristes à la ferme. En effet, il est permis en zone agricole, selon la loi, d’avoir un gîte touristique sur place. Un gîte touristique est un établissement où est offert de l’hébergement en chambres dans une résidence privée où l’exploitant réside. Ce dernier doit rendre disponibles au plus 5 chambres recevant un maximum de 15 personnes, et peut seulement offrir un service de petit-déjeuner sur place, moyennant un prix forfaitaire. Plusieurs entreprises accueillent aussi des véhicules récréatifs sur leur terrain.

Restauration

Il s’agit d’un service de repas sur place mettant en valeur les produits de la ferme et, de manière accessoire, les produits agroalimentaires de la région. C’est une occasion pour le consommateur de vivre un moment culinaire d’exception en bonne compagnie et de parler des saveurs locales.

La Table champêtreMD est une appellation réservée aux producteurs agricoles qui est détenue par l’Association de l’agrotourisme et du tourisme gourmand du Québec (AATGQ). Il s’agit d’une table mettant en valeur des produits issus majoritairement de sa propre exploitation. Attention! Seules les entreprises membres de l’AATGQ peuvent utiliser le terme

de l’entreprise pour y acheter des produits transformés. La vente à la ferme est l’occasion de mettre en valeur un savoirfaire par l’intermédiaire des produits conçus pour répondre aux besoins des visiteurs. De plus, ce moyen de mise en marché de proximité permet d’augmenter et de diversifier les revenus de l’entreprise, d’où l’importance d’une offre et d’un service de qualité.

Il importe de préciser qu’un kiosque à la ferme de produits frais n’est pas à lui seul une activité agrotouristique.

Autocueillette

L’autocueillette consiste à ouvrir les portes de l’entreprise aux consommateurs pour qu’ils puissent y cueillir eux-mêmes des produits agricoles. C’est l’occasion pour eux de faire des réserves, de profiter d’une sortie agréable en famille ou de se retrouver en nature. Cette activité leur offre également la possibilité d’obtenir des réponses à leurs questions sur les produits, les méthodes de culture, etc. Ainsi, l’autocueillette peut favoriser la création

du territoire agricole du Québec (chapitre P-41.1, r. 1.1) permet de pratiquer certaines activités agrotouristiques sans demander l’autorisation de la CPTAQ. Par exemple, le service de repas à la ferme est permis sans autorisation, à condition que les mets offerts au menu soient principalement composés de produits de la ferme et que l’espace réservé au service comprenne un maximum de 20 sièges.

Dans l’éventualité où votre projet déborde du cadre permis par le règlement, vous devez adresser une demande d’autorisation à la CPTAQ. En plus de cela, n’oubliez pas de vérifier les points suivants :

• Autorisations nécessaires (municipalité ou ville)

• Permis requis (MAPAQ, ville ou autre)

Enfin, rappelez-vous que l’écosystème agrotouristique comporte plusieurs acteurs pouvant vous soutenir dans votre projet :

• AATGQ

• La Montérégie, le Garde-Manger du

• Ministère des Transports et de la Mobimuniquer avec Katherine Ducharme (katherine.ducharme@mapaq.gouv.qc.ca) ou Mohammed Adli (mohammed.adli@

14Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles
Photo : Éric Labonté, MAPAQ. Photo : Éric Labonté, MAPAQ. KATHERINE DUCHARME conseillère en agrotourisme et en commercialisation, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) MOHAMMED ADLI MBA, conseiller en agrotourisme et en commercialisation, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ

Formation en Iowa sur la santé des sols : une expérience enrichissante

En décembre dernier, j’ai eu l’occasion de participer au Big Soil Health Event en Iowa, un événement où plus de 300 producteurs, conseillers et chercheurs étaient présents.

Des représentants de ces trois groupes se sont succédé pour présenter leurs observations et leurs résultats en lien avec la santé des sols. Plusieurs ont abordé la résistance aux changements de pratique. D’ailleurs, un des messages véhiculés était le suivant : « On ne change que lorsque la douleur du statu quo est plus grande que la douleur du changement. » J’en ai retenu qu’il est essentiel d’informer et de sensibiliser les producteurs agricoles pour que les connaissances les amènent au changement, au mouvement et à l’action.

Le premier conférencier de l’événement était Ray Archuleta, un vulgarisateur reconnu mondialement pour ses conférences sur la santé des sols et le biomimétisme, soit le concept qui s’inspire de la nature pour reproduire des idées. Il a aussi participé au documentaire Mission régénération [Kiss the Ground] sur l’agriculture régénératrice, diffusé sur Netflix, qui explique comment la santé des sols est la clé pour faire face aux changements climatiques.

Constats en salle

Les producteurs américains semblent avoir les mêmes questionnements que leurs homologues québécois sur la

rentabilité des pratiques agroenvironnementales. La question financière est revenue très souvent, surtout dans un contexte où une bonne partie du maïs produit est destinée à la biométhanisation, ce qui maintient le prix du maïs élevé par rapport à la production d’autres céréales.

La sécheresse des deux dernières années rend les producteurs plus nerveux; ils cherchent des façons de maintenir et même d’augmenter la matière organique de leur champ. La gestion de l’eau a été au cœur des discussions. La réponse des conférenciers était unanime : miser sur la santé des sols, la vie du sol,

les cultures de couverture, la rotation des cultures et même le retour des animaux au champ. Nourrir les microorganismes du sol pour qu’ils puissent, à leur tour, nourrir les cultures.

Constats au champ

Je me suis promenée dans les rangs autour du lieu de la conférence pour mieux comprendre l’agriculture de l’Iowa, caractérisée par d’immenses superficies vallonnées, où sont principalement cultivés du maïs-grain et du soya. Le blé ou les céréales sont quasi inexistants sur le territoire, tout comme les animaux au pâturage. Pratiquement aucun champ n’était labouré, mais quelques-uns avaient été travaillés grossièrement. La très grande majorité des champs étaient couverts de résidus de culture, prêts à

affronter les hivers rigoureux du coin. Par contre, peu de champs étaient couverts de cultures de couverture. Le seigle compte parmi les seules espèces de cultures de couverture que j’ai pu observer durant mes tournées de champs.

Les voies d’eau engazonnées et les terrasses sont des aménagements courants et très fonctionnels en Iowa. À mon arrivée, lorsque l’avion commençait à descendre vers l’aéroport, j’ai été impressionnée par les grands champs carrés, entrecoupés par des voies d’eau engazonnées, encore vertes (figure 1). On m’a expliqué que le gouvernement de l’Iowa avait subventionné ces aménagements il y a plusieurs années. Dans la figure 2, on peut constater que le champ de droite, sans aménagement, est moins uniforme que celui de gauche, et que les zones où les voies d’eau auraient dû être aménagées sont plus jaunes.

Il y a également très peu d’agriculture près des cours d’eau et des rivières, qui sont largement couverts et protégés par des arbres matures, les seuls encore debout sur le territoire.

Nous sommes bons au Québec Ce que je retiens, c’est que les producteurs agricoles de l’Iowa auraient avantage à regarder ce que nous faisons ici, au Québec, avec nos plus grandes superficies en céréales, nos prairies encore existantes et nos mélanges de cultures de couverture multi-espèces semés après la récolte des céréales. À mon retour, j’étais fière de faire partie d’une organisation qui met de l’avant les bonnes pratiques en agroenvironnement et de collaborer avec des entreprises agricoles qui emboîtent le pas. Nous sommes bons, certes, mais il reste encore du travail à faire dans les champs pour sensibiliser, informer et accompagner les producteurs. Et je serai heureuse de pouvoir y participer.

Que ferez-vous en 2024, chez vous, pour améliorer la santé et la résilience des sols?

Gestion et Technologie AgricolesJeudi 11 avril 202415
Figure 1 - Image aérienne de Cedar Falls, Iowa, où les voies d’eau engazonnées sont très présentes Image © 2024 Maxar Technologies, USDA/FPAC/GEO, Données cartographiques © 2024 Figure 2 - Les voies d’eau sont efficaces. Image © 2024 Maxar Technologies, USDA/FPAC/GEO, Données cartographiques © 2024 Figure 3 - Les voies d’eau engazonnées vues de la route Photo : Marie-Eve Bernard, MAPAQ. MARIE-EVE BERNARD, agr., M. Sc., conseillère en agroenvironnement et santé des sols, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Deux frères prennent la relève à l’Érablière Savaria

Ayant grandi en humant les effluves de l’eau d’érable en ébullition, les frères Xavier et Mathias Savaria, fiers nouveaux exploitants en règle de l’Érablière Savaria, située dans les bois de Saint-Joachim-deShefford, ont décidé de prendre la relève officielle de l’entreprise familiale, d’agrandir considérablement leur aire de collecte et de poursuivre la réputation d’excellence de leurs produits.

« Tout a débuté du temps de mon grand-père paternel, qui possédait l’érablière que mon père a ensuite rachetée en 1989. Peu après, ma mère s’est jointe à l’entreprise. Mon père détient toujours officiellement la terre, mais le processus de rachat par mon frère et moi est en cours. Nous sommes actuellement en mode locatif. Toutefois, nous en assurons pleinement l’exploitation, explique Xavier Savaria, qui agit également à titre de délégué de la relève pour les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ). Il faut ajouter à cela que Mathias et moi avons fait récemment l’acquisition de deux autres forêts acéricoles dans la région immédiate, soit à Shefford et à Saint-Joachim, pour un total actuel de 11 800 entailles, soit le double du compte de 2023. »

Ce chiffre sera toutefois à revoir au cours des prochaines saisons d’exploitation alors que les terres récemment acquises permettront davantage d’entailles et que le duo Savaria caresse des

projets d’expansion. « Il est question de changer la bouilloire l’an prochain afin d’optimiser les performances et la production. Actuellement, on compte environ une heure pour chaque baril. Nous pensons à hausser la production totale à environ 20 000 entailles afin de pouvoir espérer en vivre. Le calcul actuel dans l’industrie veut que 10 000 entailles par personne soient nécessaires pour assurer un revenu suffi-

sant. On vise donc ce chiffre magique », révèle Xavier Savaria.

Des frères aux compétences complémentaires

Au chapitre des connaissances et des études, le duo se complète bien, Xavier ayant terminé sa formation à l’ITAQ en 2013 et sa formation universitaire en agronomie en 2017, alors que Mathias a

obtenu son diplôme en Technologie de génie agromécanique (TGA) de l’ITAQ en 2015. « Chacun ses forces : la gestion pour moi, l’équipement et la mécanique pour lui », précise Xavier Savaria, en ajoutant que ces compétences complémentaires ont permis d’entamer officiellement le processus de relève dès 2017.

Actuellement, l’Érablière Savaria offre la possibilité au consommateur de passer des commandes via sa page Facebook. « On peut obtenir des conserves de 540 ml, des bouteilles de 4 litres, de la tire, du beurre d’érable, des cornets et des suçons. Il est aussi possible de passer directement au comptoir de l’érablière en téléphonant auparavant. Pour certaines commandes, nous offrons le service de livraison », détaille Xavier Savaria.

Comment aider la relève?

Si les frères Savaria réussissent, pour l’heure, à maintenir leurs opérations, Xavier ne cache pas sa déception relativement à certaines restrictions l’empêchant de recevoir une aide financière. « Par exemple, nous ne sommes pas pleinement admissibles à une subvention à la relève du côté de la Financière agricole du Québec, soit celle qui permet de payer le capital sur deux ans. Nous devons travailler ailleurs pour gagner nos vies, bien que nous assumions une production saisonnière importante qui rapporte davantage que nos emplois extérieurs. L’aide a donc été coupée de 50 %. Aucun doute, cela pose des défis supplémentaires à la relève », conclut-il.

16Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles RELÈVE AGRICOLE
Xavier et Mathias Savaria, fière relève de la production d’or liquide. Photo gracieuseté

Faciliter l’accès et la transition de la relève agricole

Alors que seulement 2 % des terres du Québec sont exploitées pour l’agriculture, l’accès à celles-ci est des plus difficiles pour les futurs producteurs agricoles. Les hausses des taux d’intérêt, l’augmentation de la valeur des terres agricoles et les projets commerciaux dans le secteur de Bécancour ne sont que des exemples parmi d’autres qui en découragent plus d’un. Par ailleurs, selon un article de Radio-Canada paru il y a presque un an déjà, il y aura plus de 40 % des producteurs qui auront pris leur retraite d’ici 2033 et parmi eux, 66 % n’ont aucune relève prévue.

Afin d’aider les producteurs agricoles qui songent à quitter l’agriculture à transmettre leur entreprise à leur relève, apparentée ou non, des formations leur sont offertes. Cela permet aux cédants et à la relève qui veulent s’associer dans l’entreprise de développer les habiletés à gérer conjointement celle-ci jusqu’au moment du transfert. Aussi, le Cégep de TroisRivières informe les agricultrices et agriculteurs avec la formation « Planifiez votre relève et assurez le transfert de connaissances » pour faciliter la transition de ceux qui désirent reprendre le flambeau de l’entreprise. Des sujets tels que la pénurie de main-d’œuvre, la gestion de risques, la transformation des organisations ainsi que d’autres thèmes y sont abordés.

Pour ceux qui n’ont pas de relève, l’ARTERRE offre un service de maillage orienté sur l’accompagnement et le jumelage des aspirants-agriculteurs et des propriétaires. Cela s’adresse autant à la relève, les producteurs agricoles et les propriétaires fonciers qui désirent valoriser leurs terres et leurs actifs.

Par ailleurs, le Centre de formation professionnelle du Suroît, situé en Mon-

térégie-Ouest, et l’École professionnelle de Saint-Hyacinthe offrent des DEP en production animale, horticole et en grandes cultures ainsi qu’une ASP en lancement d’une entreprise afin d’outiller les personnes désirant s’investir en agriculture. À Saint-Hyacinthe, l’ITAQ se spécialise en formations agricoles et alimentaires. Il est possible d’y suivre des cours au niveau collégial et professionnel, ou tout simplement de se garder à jour avec des formations continues. De cette façon, la relève agricole sera toujours outillée pour prendre les rênes d’une entreprise agricole déjà existante ou d’en démarrer une nouvelle afin d’assurer la pérennité de l’agriculture. La Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) qui rassemble les jeunes de 16 à 39 ans qui ont à cœur l’agriculture est la voix de la relève et sert de véhicule pour transmettre leurs aspirations et préoccupations. Pour ce faire, en décembre dernier, la plateforme de revendications 2023-2024 a été présentée par la FRAQ, dévoilant ainsi 21 demandes pour l’avenir de l’agriculture. L’organisation demande notamment de doubler les montants du programme « Appui financier » à la relève de la Financière agricole du Québec, le développement d’un prêt à long terme à taux d’intérêt fixe et bas et de favoriser le développement de compétences pour la création de circuits courts.

De l’accompagnement en tout temps

Enfin, les Centre d’emploi agricole sont au service des productrices et producteurs agricoles et sauront conseiller la relève quant aux défis qu’ils auront à surmonter en tant qu’agricultrices et agriculteurs. Ils offrent notamment des conseils en gestion des ressources humaines, de l’accompagnement en santé et sécurité, des services en recrutement de main-d’œuvre et s’assurent de fournir aux producteurs des formations adaptées à leurs besoins.

Pour avoir plus d’information sur l’offre variée en formations agricoles en Montérégie, consultez le catalogue des formations U+ sur le site uplus.upa.qc.ca ou Valérie Plante au 450 454-5115 au poste 6286 ou par courriel : vplante@upa.qc.ca.

Gestion et Technologie AgricolesJeudi 11 avril 202417 CENTRE D’EMPLOI AGRICOLE - MONTÉRÉGIE
Photo iStock VALÉRIE PLANTE Agente en formation agricole

Le traitement des eaux usées en acériculture : une activité cruciale

JEAN-PIERRE BELLEGARDE

agronome, conseiller en gestion de programme, Direction régionale du Centre-du-Québec, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)

Être producteur ou productrice acéricole implique la réalisation de plusieurs activités, comme l’aménagement de l’érablière, la construction des bâtiments, la récolte et le traitement de la sève. Pour assurer la protection de l’environnement, une étape est cruciale : le traitement des eaux usées qui proviennent des activités de l’entreprise. Il s’agit par exemple des eaux de lavage et de rinçage de l’évaporateur, de l’osmose, de la presse et des bassins.

Un règlement qui encadre les activités agricoles

Le Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE) vise la protection de l’environnement et la sauvegarde des espèces qui y habitent. Tous les producteurs et productrices acéricoles du Québec y sont assujettis. Le REAFIE classe les activités agricoles, comme le traitement des eaux usées, selon un niveau de risque environnemental : modéré, faible ou négligeable. En acériculture, le niveau de risque est notamment déterminé selon le nombre d’entailles de l’entreprise. Il détermine quelles actions l’entreprise doit entreprendre pour le traitement des eaux usées.

Les activités acéricoles à risque environnemental modéré visent les entreprises acéricoles de plus de 75 000 entailles. Ces entreprises :

• doivent faire une demande d’autorisation ministérielle (AM);

• doivent contacter la direction du MELCCFP1 de leur région pour connaître les démarches à suivre;

• doivent attendre d’avoir reçu l’AM du MELCCFP.

Les activités acéricoles à risque environnemental faible visent les entreprises acéricoles de plus de 20 000 entailles et de moins de 75 000 entailles. Ces entreprises :

• doivent produire une déclaration de conformité (DC);

• doivent consulter le site Web du MELCCFP afin de remplir le formulaire de DC;

• peuvent commencer leurs travaux 30 jours après le dépôt de la DC;

• doivent respecter un pH de l’eau entre 6 et 9,5 et ne pas rejeter les eaux usées dans le littoral, dans une rive ou dans un milieu humide (point de rejet). Les activités acéricoles à risque environnemental négligeable visent les entreprises acéricoles de moins de 20 000 entailles. Ces entreprises :

• sont exemptées de faire une demande d’AM;

Schéma 1 : Encadrement relatif aux activités acéricoles2

• n’ont aucune démarche à faire auprès du MELCCFP;

• n’ont pas à traiter le pH de l’eau, mais ne peuvent pas rejeter leurs eaux usées dans le littoral, dans une rive ou dans un milieu humide (point de rejet). Pour vous aider à déterminer si une AM est nécessaire, consultez le schéma 1. Vous pouvez consulter le lien suivant pour plus d’information sur le REAFIE : www.environnement.gouv.qc.ca/lqe/ autorisations/reafie/fiches/secteur acericulture-cahier-explicatif.pdf

Les milieux humides et hydriques, le littoral et les rives

Comme il est indiqué ci-dessus, les eaux usées ne peuvent être rejetées dans les milieux humides et hydriques, dans le littoral ou dans une rive. Il importe donc de bien comprendre ces termes.

Les milieux humides et hydriques sont des étangs, des marais, des marécages,

des tourbières, des lacs et des cours d’eau, y compris leurs rives, leur littoral et leurs zones inondables3 Comme l’illustre le schéma 2, le littoral est la partie d’un lac ou d’un cours d’eau qui s’étend du centre du plan d’eau jusqu’à la ligne des hautes eaux. La rive débute à partir de la ligne des hautes eaux et s’étale sur une distance de 15 mètres si le talus4 a plus de 5 mètres de haut avec une pente de plus de 30 %. Si le talus a moins de 5 mètres de haut avec une pente de moins de 30 %, la rive s’étale sur une distance de 10 mètres.

De l’aide financière disponible

Le producteur acéricole qui doit ou veut traiter ses eaux usées peut faire une demande d’aide financière dans le cadre du programme Prime-Vert du MAPAQ. Il doit cependant détenir un numéro d’identification ministériel (NIM). Cette aide peut couvrir un maximum de 70 % des dépen-

Schéma 2 : Représentation d’un cours d’eau avec ses rives et son littoral5

Étiage (le plus bas niveau des eaux)

ses admissibles, pour un montant maximal de 25 000 $.

Quelques exemples de dépenses admissibles : les honoraires professionnels, l’achat de pièces et d’équipements neufs et l’achat de matériaux pour les infrastructures destinées au traitement des eaux usées. Les dépenses admissibles ne peuvent être engagées avant la date de dépôt d’un projet complet. Il est à noter que le plan d’accompagnement agroenvironnemental n’est plus obligatoire.

Pour connaître les détails du programme Prime-Vert, visitez le www.mapaq.gouv.qc.ca/primevert (volet 1 et sous-volet 1.2 – Appui à la gestion des matières résiduelles agricoles).

Vous pouvez également communiquer avec votre direction régionale du MAPAQ.

1 Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

2 Source : Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE), Cahier explicatif – Le REAFIE : acériculture, mise à jour en février 2023.

3 Source : Identification et délimitation des milieux humides du Québec méridional, décembre 2021.

4 Talus : surface de terrain en pente.

5 Source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

18Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles

Trois projets de la région reçoivent l’aide de Québec

Le gouvernement du Québec vient d’accorder un montant de plus de 7,4 M$ pour financer neuf projets d’innovation en agritechnologies menés par des entreprises québécoises de différentes régions du Québec. Trois de ceux-ci se trouvent dans la grande région et sont détaillés plus bas.

Pour rappel, cet appui fait suite à un appel de projets lancé à l’automne 2022 pour encourager le développement de technologies agricoles novatrices et adaptées aux enjeux du secteur.

SAMI Agtech, basée à Varennes, reçoit une aide financière de 2 M$ pour son projet de mise à l’échelle commerciale d’un robot cueilleur de brocolis. Ledit robot, Sami, est conçu pour automatiser la récolte des fruits et légumes. Grâce à l’intelligence artificielle, à la robotique et à son système de vision avancé, il localise et identifie les fruits et légumes prêts à être récoltés. Il ne sélectionne que les produits identifiés jusqu’à 40 lignes de large.

Cyclofields Technologie d’agriculture intérieure, située à Granby, se voit octroyer une aide financière de 1 372 000 $ pour son projet de démonstration en situation réelle d’exploitation d’un système de culture verticale en aéroponie. L’entreprise a développé une technologie clés en main d’agriculture verticale en environnement contrôlé (AEC) utilisant l’aéroponie pour la

production de fruits et légumes exempts de pesticides, et ce, 12 mois par année. Cette solution intègre des carrousels rotatifs, un éclairage aux DELs variable par gamme de longueurs d’onde, un système climatique écoénergétique ainsi qu’un logiciel de gestion informatisée.

Agrilog, qui a pignon sur rue à Longueuil, se voit accorder une aide financière de 658 636 $ pour son projet de développement d’une solution d’automatisation avec suivi à distance pour les

entrepôts de pommes de terre. L’entreprise vise à optimiser la valeur des récoltes en réduisant les frais d’exploitation et les temps de gestion en proposant des solutions technologiques numériques simples et efficaces.

À noter : le marché des agritechnologies, qui mise sur des technologies de pointe pour résoudre des enjeux complexes, est en croissance partout dans le monde. Sa valeur actuelle est estimée à 24,6 G$ à l’échelle mondiale.

Gestion et Technologie AgricolesJeudi 11 avril 202419 Technologies agricoles novatrices
La granbyenne Cyclofields Technologie d’agriculture se spécialise dans la culture verticale en aéroponie. Photo gracieuseté Yves RIVARD GTA Sami, le robot de cueillette de SAMI Agtech. Photo gracieuseté

Fertilisation foliaire en agriculture biologique

L’application d’engrais en pulvérisation foliaire permet une absorption rapide de certains éléments nutritifs, outrepassant la minéralisation dans le sol et l’absorption par les racines.

Grâce à sa rapidité d’absorption, cette méthode d’application permet par exemple de corriger une carence ou d’apporter un élément dans le but d’obtenir une réaction rapide de la culture (un « coup de fouet »).

Les engrais foliaires ne peuvent remplacer totalement une fertilisation par le sol, mais sont utiles dans certaines situations, par exemple :

• En saison froide si la température n’est pas adéquate pour encourager la vie microbienne

• Au tout début de la croissance avant le développement des microorganismes dans le sol;

• Dans le cas où les racines seraient endommagées pour différentes raisons;

• Ils permettent de nourrir le microbiote vivant en symbiose avec la feuille au même titre que le microbiote de la rhizosphère et ainsi stimulent la photosynthèse.

Les principes d’absorption par la feuille ne sont pas tous parfaitement connus. On sait que les éléments nutritifs pénètrent par les stomates, pores microscopiques présents sous la feuille, sous la forme liquide. Cependant, des recherches démontrent que les éléments semblent traverser la cuticule de la feuille. Tout comme les engrais apportés au substrat le font dans le terreau, ils peuvent apporter de la vie microbienne bénéfique aux plantes au niveau de la canopée.

Plus il y a de l’activité microbienne en surface et sous le feuillage, plus il y a de CO produit localement. Ce CO est absorbé par les stomates ou directement par les cellules pour participer à la photo-

Si (silicium) augmente la vie microbienne dans la rhizosphère après une application foliaire de nanoparticules, ce qui implique des méthodes de distribution encore peu connues.

Ce ne sont pas tous les engrais, même s’ils sont solubles ou liquides, qui peuvent être absorbés par le feuillage. La plupart des fumiers et déjections animales (guano, lisier de poulet, de dinde), plusieurs farines (de sang, de plumes, de poisson) et certains produits d’origine végétale (farine de tourteau de soya, de luzerne, drêche de brasserie) sont des engrais bruts, peu solubles ou insolubles donc non utilisables en fertilisation foliaire.

mandé de suivre cet ordre d’ajout des ingrédients dans le pulvérisateur :

• Eau propre (eau de pluie ou désionisée, de moins de 70 ppm de bicarbonates, sans chlore ou désinfectant), pour environ 80 % du réservoir plein;

• Éléments nutritifs, par exemple : microéléments, urée;

• Biostimulant, par exemple : algues;

• Stimulant microbien, par exemple : sucres, mélasse, acide fulvique;

• Inoculant microbien;

• Agent collant ou pénétrant, par exemple : solution de yucca ou sel d’Epsom;

• Les recettes sont infinies et doivent s’adapter aux besoins des producteurs.

Pour déterminer si un engrais peut être appliqué en pulvérisation foliaire, il faut consulter l’étiquette du produit ou se renseigner auprès du manufacturier.

Lors des applications foliaires, les producteurs apportent souvent un mélange d’ingrédients dans le but de « rentabiliser » au maximum l’opération. En effet, les pulvérisations foliaires exigent du temps et l’application de différents produits en un seul passage est intéressante. Par exem-

Recette 1 : mélange pour application foliaire

• 1 litre d’eau propre

• 100 ml d’engrais liquide à base d’hydrolysat de poisson et de varech

• 25 ml d’acide humique

• 25 ml de mélasse non sulfurée si possible comme source de fer

• 12 g de sel d’Epsom.

Source : Dramm, Ontario

• 4 ml de poudre d’algues

• 24 ml de mélasse non sulfurée (si possible) comme source de fer

• 63 ml de cola pour l’acide phosphorique, le sucre et le CO

• 1,3 ml de chaux hydratée

• 55 ml de vinaigre de cidre de pomme comme prébiotique et probiotique

Recette 3 : mélange pour application foliaire

• 10 litres d’eau propre

• 500 g farine de soya, comme source d’acides aminés

• 500 g mélasse soluble comme source de sucre, Ca, Mg, acides humiques/ aminés

• 500 g d’extraits d’algues

• 500 ml de phosphate biologique liquide

• 250 g de farine de varech.

Source : Talun Eco-Products

Avant d’effectuer une pulvérisation foliaire avec une recette pour la première fois, il est recommandé de toujours tester sur une petite surface avant de traiter l’ensemble de la culture, car le mélange peut laisser des résidus collants ou provoquer des taches, temporaires ou non, sur le feuillage.

Conditions d’application :

• Peu de mouvement de l’air

• Température moyenne 20-21 °C

• Luminosité basse, la plante doit être active

• Humidité relative élevée

• pH de la solution autour de 5,5

• Salinité de la solution < 3,5 µS/cm

• Ne pas se rendre au point de dégouttement.

Conclusion

Les fertilisants foliaires n’apportent pas uniquement des éléments fertilisants à la plante. Le cycle de la photosynthèse se base sur le principe de symbiose avec les microorganismes. La plante sera en meilleure santé. La construction d’une bande protectrice autour de la feuille aidera à prévenir les infections causées par des agents pathogènes.

L’IQDHO, l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale, est un centre d’expertise unique au Québec. Pour plus de détails sur l’institut voici

20Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles IQDHO
Photo IQDHO Gouttes sur basilic. Crédit photo IQDHO JOCELYNE LESSARD agr., conseillère en serre, IQDHO

Aidez-nous à brosser le portrait du secteur agricole!

AGRIcarrières, le comité sectoriel de main d’œuvre de la production agricole, prépare le prochain Diagnostic sectoriel de la production agricole. Un appel est lancé aux employeurs agricoles, travailleuses et aux travailleurs, aux étudiantes et aux étudiants en agriculture pour mieux comprendre les tendances et enjeux de votre secteur.

Le Diagnostic sectoriel est une étude provinciale avec des données régionales qui présente l’état du marché de l’emploi et les enjeux actuels et futurs de main-d’œuvre. Ces informations sont précieuses puisqu’elles permettent de cibler les besoins et de mettre en place les bonnes initiatives pour soutenir le milieu agricole.

Voici les liens pour les sondages destinés aux travailleurs et aux étudiants.

Travailleurs : (FR/ENG/ES)

https://api.legerweb.com/ sondageagricarrierestravailleurs

Étudiants : (FR/ENG)

https://api.legerweb.com/ sondageagricarrieresetudiants

Pour les employeurs agricoles, le lien du sondage a été envoyé par le biais d’un courriel de la firme Léger marketing. Les employeurs sont donc invités à surveiller leur boîte de réception!

La date limite pour répondre au sondage est le 19 avril prochain.

1,3 M$ pour des circuits agroculturels dans la MRC d’Acton

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, la ministre responsable de la région de la Montérégie, Suzanne Roy, et le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, annoncent la concrétisation d’une entente de 1 321 363 $ avec la MRC d’Acton pour créer des circuits agroculturels physiques et numériques, et ce, en partenariat avec les entreprises du territoire.

Des parcours spécifiques seront définis en fonction de la concentration de services et d’attraits agrotouristiques ou culturels. Des points d’intérêt complémentaires, des boutiques et des restaurants situés à proximité seront intégrés aux trajets proposés afin de maximiser les retombées socioéconomiques.

L’apport du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) s’élève à 1 057 090 $ et provient du volet Projets « Signature innovation » des MRC du Fonds régions er ruralité (FRR). La participation de la MRC d’Acton totalise, quant à elle, 211 418 $. Les entreprises du territoire contribueront à hauteur de 52 855 $.

Pour commenter la nouvelle, JeanMarie Laplante, préfet de la MRC d’Acton, a eu ces quelques mots : « La MRC d’Acton est une région à caractère rural et agricole qui se distingue par la grande

diversité de son terroir. Avec la contribution du volet Projets “Signature innovation” des MRC, les élues et élus ont choisi d’accroître l’attractivité et la notoriété des entreprises agrotouristiques et culturelles de la région. Avec l’ajout des circuits, ces dernières feront partie intégrante de l’ADN de la MRC d’Acton. Nous deviendrons un espace créatif, un terroir attrayant. »

Jean-Marie Laplante, préfet de la MRC d’Acton. Photo gracieuseté

Gestion et Technologie AgricolesJeudi 11 avril 202421 Collectif en formation agricole Centre-du-Québec

Désherber à l’électricité ? Des résultats encourageants dans le bleuet nain

Le bleuet nain est une culture d’importance au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui compte 80 % des superficies en culture au Québec. Dans les entreprises qui les cultivent en régie biologique, le désherbage se fait à la main. Avec des mauvaises herbes ligneuses et vivaces comme la comptonie voyageuse (Comptonia peregrina), la verge d’or (Solidago canadensis) ou la grande fougère (Pteridium aquilinum), le désherbage est tout un défi… et le principal obstacle au maintien des superficies en production biologique.

Les entreprises qui cultivent le bleuet nain en régie conventionnelle, soit 80 % des entreprises, utilisent des herbicides, principalement de l’hexazinone, qui peut être retrouvé dans les eaux de surface et dans la nappe phréatique. Cet herbicide est néfaste pour l’environnement et il est important de trouver des moyens de désherbage alternatifs afin de réduire son utilisation au maximum.

Le désherbage électrique est une alternative intéressante qui peut répondre aux

problématiques des producteurs en régie biologique et conventionnelle. Le courant électrique qui touche la mauvaise herbe se répand dans son système vasculaire de la même manière qu’un herbicide systémique. Cette technique a déjà démontré son efficacité dans différentes cultures et plusieurs modèles de désherbeurs électriques sont disponibles sur le marché (voir The Weed Zapper). Voyant cela, Gérard Bouchard de la Ferme des Chutes a adapté la technologie du désherbage électrique pour sa culture de bleuet nain biologique.

Son désherbeur électrique est une andaineuse New Holland 1499 modifiée, dont la faux située à l’avant effectue un dommage physique aux mauvaises herbes et leur transmet simultanément le courant électrique.

Afin de faire connaître l’innovation de M. Bouchard et de mesurer l’efficacité de son désherbage, une équipe de recherche a été mise en place, constituée de M. Bouchard, de Pierre-Olivier Martel, agronome et conseiller en horticulture fruitière au MAPAQ, de Charles-A. DéryBouchard, biologiste et responsable de projets au Club Conseil Bleuet et d’Élise Smedbol, chercheure en malherbologie à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement.

Et les résultats?

Des résultats encourageants ont été obtenus après une première année d’essai en

2023, surtout avec la comptonie voyageuse où 90 % d’efficacité a été mesuré. C’est-à-dire que seulement 10 % des tiges résistaient au désherbeur électrique. L’efficacité pour les deux autres mauvaises herbes était de 40 % pour la verge d’or et de 20 % pour la grande fougère, soit globalement la même efficacité que pour le désherbage manuel. Certaines mauvaises herbes peuvent repousser et il faudra plus d’un passage pour en venir à bout!

Un autre résultat encourageant est le temps de désherbage, qui est beaucoup plus rapide avec le désherbeur électrique, malgré une vitesse d’avancement de 2 km/h. Pour le désherbage manuel d’un

hectare on pouvait compter entre 74 et 240 hrs, soit entre 2 et 6 semaines.

Nos premiers résultats indiquent donc que le désherbage électrique est aussi efficace que le désherbage manuel, mais qu’il est beaucoup plus rapide et surtout que c’est un travail moins difficile. Notre projet se poursuit en 2024.

Si cela vous intéresse de voir le désherbeur électrique à l’œuvre, une journée de démonstration sera organisée, en juillet à Saint-Félicien. N’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignements : gerardbou@videotron.ca, pierre-olivier.martel@ mapaq.gouv.qc.ca, charles.dery-bouchard@ clubbleuet.com, elise.smedbol@irda.qc.ca.

22Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles IRDA
Photo IRDA ÉLISE SMEDBOL chercheure en malherbologie
Accueillir un tournage sur votre ferme, c’est payant!

Fabien Cloutier qui déjeune dans votre cuisine. Guylaine Tanguay qui tourne un vidéoclip dans votre écurie. Non, ce n’est pas un rêve. C’est qu’une équipe de tournage a choisi votre ferme pour y capter des images qui serviront à des films, des séries télé ou des publicités. Outre le prestige et l’expérience unique qu’une telle visite peut représenter, il importe de souligner l’aspect financier que peut constituer le fait d’inscrire sa ferme, son verger ou son boisé en tant que lieu de tournage.

Vous l’ignorez peut-être, mais votre site actuel peut représenter une seconde mine d’or. Que vous ayez une vue imprenable sur une rivière ou des champs spectaculaires, que vous possédiez un petit cheptel, une grande basse-cour ou tout simplement des installations agricoles typiques, sachez que tout cela représente des opportunités d’affaires intéressantes, tout comme cette nature sauvage ou capricieuse que recèle votre forêt ou votre marais.

Comme on le sait, le cinéma et la télé sont toujours à l’affût de paysages pittoresques et uniques et peuvent représenter une façon rapide et facile de gagner quelques écus. Mais, comment faire?

Dans un premier temps, il importe de connaître ce qu’implique un tournage. Désirez-vous offrir vos biens pour des locations d’un jour, comme c’est le cas pour des publicités et des vidéoclips, ou êtes-vous prêt à accueillir des projets de plusieurs semaines, tels ceux de cinéma et de série télé? Une fois ceci arrêté, la

de ce qui est susceptible d’intéresser des compagnies de production et de ce que vous êtes prêt à offrir. S’il s’agit de photos numériques, il est possible de les acheminer par simple courriel au Bureau du Cinéma et de la Télévision le plus près de chez vous, sinon vous pouvez les envoyer par la poste. À noter : tout est gratuit.

Négocier

Une fois qu’un producteur a retenu votre ferme comme décor idéal pour son projet vient le temps de négocier un peu. Certes, les producteurs disposent d’une charte de tarifs habituels, établis en fonction de nombreux facteurs (superficie utilisée, durée de location, etc.), mais certains points peuvent être négociés.

Vous bénéficiez d’une telle vue? Les producteurs de films et de séries télé pourraient être intéressés! Photo iStock

ble de revoir à la hausse le prix de location. Par contre, si votre ferme est sise près d’une route passante et qu’une captation de son est nécessaire au projet, il est plus difficile de négocier. Le barème varie également en fonction du budget de la production.

Pour un long métrage à gros budget, vous avez toutes les chances de toucher plus que pour un vidéoclip.

Il importe également de savoir quelques faits susceptibles de vous garantir le meilleur bénéfice possible. Par exemple, une journée de tournage est souvent précédée d’une journée de préparation et suivie d’une journée de remise en état des lieux, facturées toutes deux à environ 50 % du prix de la journée de tour-

nage. Mais vous pouvez, si les aménagements vous plaisent, choisir de les conserver. Certains se sont ainsi retrouvés avec de magnifiques plantes dans leur cour, de nouvelles armoires, des murs repeints, etc. Sachez aussi que les dépassements d’horaires peuvent être rémunérés à hauteur de 10 % du prix de la journée.

S’afficher

En plus d’inscrire (gratuitement, rappelonsle) votre bien auprès d’un BCT, plusieurs propriétaires multiplient les chances d’être vu en utilisant plusieurs ressources gratuites, notamment sur les sites tels que Kijiji, Marketplace, Instagram, etc. Le procédé de publication étant vraiment simple et rapide, votre annonce accompagnée de plusieurs photos décuple vos chances.

Gestion et Technologie AgricolesJeudi 11 avril 202423
Yves RIVARD GTA

Éleveurs de porcs du Québec

Sophie Perreault, nouvelle directrice par intérim

Le conseil d’administration des Éleveurs de porcs du Québec a récemment annoncé la nomination de Sophie Perreault à titre de directrice générale par intérim des Éleveurs de porcs du Québec. Mme Perreault, entrée en fonction le 12 mars, occupait jusqu’à tout récemment le poste de présidente-directrice générale de l’Association québécoise de la distribution des fruits et légumes (AQDFL).

Une carrière remarquée

Professionnelle déterminée et rassembleuse, Sophie Perreault possède une grande expérience de plus 20 ans au sein de l’industrie agroalimentaire du Québec.

En tant que présidente-directrice générale de l’Association québécoise de la distribution des fruits et légumes (AQDFL), elle a créé de solides partenariats avec différents joueurs de la filière, tant au niveau régional, national et à travers l’Amérique du Nord. Elle a mené plusieurs dossiers de front avec une grande rigueur, dont trois grandes planifications stratégiques, ce qui a permis à l’AQDFL de grandir et d’augmenter sa notoriété dans l’espace public ainsi qu’auprès des différentes instances gouvernementales et des décideurs dans l’industrie.

Une professionnelle impliquée

Au fil des années, elle s’est impliquée auprès des tables filières de principales productions du Québec et de plusieurs comités de l’industrie. Elle a également travaillé en début de carrière en commu-

En plus de sa carrière professionnelle, Sophie a toujours été engagée dans sa communauté et auprès des enfants de manière bénévole, notamment pour le Défi sportif AlterGo, Unicef Québec et la Fondation 60 millions de filles qui vise à augmenter le nombre de filles fréquentant l’école dans le monde.

veurs de porcs du Québec, a eu ces quelques mots pour commenter la nomination : « L’organisation des Éleveurs pourra compter sur une femme d’expérience pour mener les projets des Éleveurs durant l’intérim. Sophie a longtemps travaillé dans le secteur agroalimentaire et connait bien le fonctionnement de notre

milieu. Nous sommes tous très heureux de

Salut au directeur sortant

Le conseil d’administration tient à remercier le directeur général sortant, Keven Beauchemin, pour tous les mandats accomplis lors de son passage aux Éleveurs et lui souhaite bonne continuation pour ses prochains défis.

24Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles
Sophie Perreault, nouvelle directrice générale des Éleveurs de porcs du Québec, compte une plus de 20 années d’expérience dans le secteur agroalimentaire. Photo gracieuseté

Succès du 3e Rendez-vous FADQ

La Financière agricole du Québec (FADQ) a tenu, le 26 mars dernier, la 3e édition du Rendez-vous FADQ. Près de 650 acteurs et actrices du milieu agricole ont participé à cette demi-journée de programmation riche en témoignages et en partage d’expertises autour du thème « Accompagner le secteur agricole face aux changements climatiques ».

L’événement, qui s’est déroulé en webdiffusion, a permis aux participantes et aux participants d’aborder sous différents angles l’avenir du secteur agricole dans un contexte de changements climatiques. Pour la FADQ, il s’agissait d’une occasion d’être à l’écoute des préoccupations du milieu et d’affirmer sa volonté d’accompagner les entreprises vers des pratiques prospères et durables.

Des invités de marque

Sous l’angle de la science, Anne Blondlot, coordonnatrice de programmation scientifique en adaptation chez Ouranos, et Sarah Delisle, coordonnatrice projet changements climatiques chez Agriclimat, ont présenté à la fois les défis et les possibilités que comportent les changements climatiques pour l’agriculture québécoise. Elles ont fait la démonstration que les démarches d’adaptation peuvent être porteuses et que les producteurs et productrices agricoles peuvent bénéficier de l’appui coordonné de divers intervenants et intervenantes.

De leur côté, Jean Lambert de la Ferme Bovicole (Chaudière-Appalaches) et Olivier Maltais de la Ferme Maltais (Saguenay Lac-Saint-Jean) ont

Rangée du haut : André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et ministre responsable de la région du Centre-du-Québec, Olivier Maltais de la Ferme Maltais, Jean Lambert de la Ferme Bovicole, Anne Blondlot, coordonnatrice de programmation scientifique en adaptation chez Ouranos et Sarah Delisle, coordonnatrice projet changements climatiques chez Agriclimat. Rangée du bas : Ernest Desrosiers, président-directeur général de La Financière agricole du Québec (FADQ), Katherine Guay, conseillère en financement à la FADQ, Katy Maltais, conseillère en assurance à la FADQ, Sylvestre Delmotte, consultant pour Agriclimat, et Taïna Lavoie, animatrice de l’événement. Photo gracieuseté

témoigné des efforts qu’ils consacrent à leurs activités afin d’être proactifs. Ils ont exposé leurs initiatives pour s’adapter aux changements climatiques. Katy Maltais et Katherine Guay, conseillères à la

FADQ, et Sylvestre Delmotte, consultant pour Agriclimat, ont aussi pris part aux discussions.

Ont également pris la parole André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des

Pêcheries et de l’Alimentation et ministre responsable de la région du Centre-duQuébec, et Ernest Desrosiers, présidentdirecteur général de La Financière agricole du Québec.

Gestion et Technologie AgricolesJeudi 11 avril 202425

à forfait

CIBLEZ VOTRE

CLIENTÈLE AVEC

L’Ordre national du mérite agricole (ONMA)

Du soutien pour vous inscrire!

Saviez-vous que vous pouvez obtenir de l’aide afin de préparer votre dossier de candidature pour vous inscrire à l’ONMA d’ici le 1er mai 2024? Il vous suffit de communiquer avec votre direction régionale du MAPAQ et quelqu’un sera là pour vous guider. Vous hésitez? Voici un témoignage qui saura vous convaincre.

Évelyne Cossette et Simon Lachance

Lauréats, 3e rang national et 1er rang régional, catégorie bronze, 2017 – Ferme St-Achillée, Capitale-Nationale

Propriétaires de la Ferme St-Achillée située à Château-Richer, Évelyne Cossette et Simon Lachance adorent remplir les assiettes. « C’est un travail essentiel et valorisant. On voit concrètement le résultat de nos efforts quotidiens », s’emballent-ils. Les maraîchers ont apprécié l’expertise des juges de l’ONMA et leur ouverture au modèle d’agriculture holistique qu’ils privilégient. Grâce aux conseils reçus, ils ont optimisé les opérations dans l’érablière et les jardins de même que la sécurité des installations et la comptabilité.

Résultat : leur participation au concours a accru leur crédibilité auprès des partenaires d’affaires et du milieu municipal. Les retombées se voient aussi aux champs. Ainsi, ces fervents défenseurs de la culture biologique se sont empressés de suivre la recommandation d’utiliser l’engrais vert comme couvre-sol. « La santé et le respect de l’environnement sont nos principales valeurs, confient-ils,

et c’est pourquoi nous sommes si fiers d’être fermiers de famille! »

Pourquoi participer?

L’ONMA vise à souligner vos qualités entrepreneuriales et votre savoir-faire. En plus de cette reconnaissance, le concours vous offre plusieurs avantages. Vous aurez notamment l’occasion :

• d’obtenir un portrait de votre entreprise dressé sur les lieux de l’exploitation par des juges chevronnés;

• de renforcer votre gestion et vos pratiques et de vous mesurer à vos pairs;

• de prendre part à une séance photo réalisée par un professionnel sur les lieux de votre entreprise;

• de bénéficier d’une visibilité sur le plan régional et à l’échelle nationale.

Qui peut s’inscrire?

Les propriétaires d’une entreprise agricole – de toute taille et de tout secteur de production – enregistrée au MAPAQ depuis au moins cinq ans en date du 1er mai 2024 et servie par la Direction régionale du Centre-du-Québec ou de la Mauricie.

Pour obtenir de l’information ou du soutien, communiquez avec : Louiselle Lebel (pour le Centre-du-Québec)

louiselle.lebel@mapaq.gouv.qc.ca

819 758-1591, poste 4217

Yves Giguère (pour la Mauricie)

yves.giguere@mapaq.gouv.qc.ca

819 371-6761, poste 4609

Profitez de cette occasion unique et inscrivez-vous d’ici le 1er mai, à 16 h 30 : www.onma.gouv.qc.ca.

26Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles INFORMATION journalgta.ca | 450 773-6028
Propriétaires de la Ferme St-Achillée située à Château-Richer, Évelyne Cossette et Simon Lachance vous encouragent à participer à l’Ordre national du mérite agricole. Photo Éric Labonté, MAPAQ

Un nouveau président pour les Producteurs de bovins du Québec

Le conseil d’administration (CA) des Producteurs de bovins du Québec (PBQ) a remanié la composition de son comité exécutif en marge de son assemblée générale annuelle et a élu un nouveau président : Sébastien Vachon, qui exploite une ferme de bovins de boucherie à Saint-Frédéric dans la région de Chaudière-Appalaches. Il succède à Jean-Thomas Maltais.

Le CA des PBQ a également élu au comité exécutif Francine Trépanier, productrice de veaux de grain, à titre de viceprésidente, ainsi que Philippe Alain, Kirk Jackson et Pierre-Luc Nadeau, respectivement producteurs de bovins de boucherie, producteur laitier et producteur de veaux de lait.

M. Vachon exploite une ferme de bovins de boucherie à Saint-Frédéric dans la région de Chaudière-Appalaches. Il est détenteur d’un diplôme d’études collégiales en Gestion et exploitation d’entreprises agricoles de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec de La Pocatière. M. Vachon siégeait au conseil d’administration des PBQ depuis 2020 à titre de président du comité de mise en marché des veaux d’embouche des PBQ.

Fondée en 1975, les PBQ est une association agricole constituée en vertu de la Loi sur les syndicats professionnels. Forts de plus de 12 000 producteurs répartis dans toutes les régions du Québec, les PBQ sont formés de 14 syndicats.

La production bovine québécoise représente actuellement 8481 entreprises agricoles, 425 000 veaux et bœufs commercialisés et une valeur ajoutée de 583 M$ à l’économie québécoise.

Hausse de la limite de la portion sans intérêt du Programme de paiements anticipés

Ottawa vient d’annoncer que la limite de la portion sans intérêt du Programme de paiements anticipés a été établie à 250 000 $ pour l’année de programme 2024. Les intérêts sur cette portion des avances sont payés par le gouvernement du Canada pour le compte des producteurs.

Les producteurs canadiens font face à d’importants défis, notamment en raison de l’augmentation des prix des intrants et des taux d’intérêt, qui a eu une incidence sur leurs liquidités.

Étant donné l’incertitude des coûts d’exploitation agricoles à l’approche de la campagne agricole 2024, ce changement permettra à environ 11 950 producteurs participants d’économiser en moyenne 4916 $ supplémentaires en frais d’intérêt, représentant une économie totale pouvant atteindre 58,7 M$.

Le Programme de paiements anticipés permet aux producteurs d’accéder facilement à des avances de fonds à faible coût pouvant atteindre 1 M$, selon la valeur prévue de leur produit agricole. Dans le cadre de ce programme, les producteurs reçoivent normalement une première tranche de 100 000 $ sans intérêt. L’augmentation de la limite annoncée aujourd’hui permettra aux producteurs d’accéder à des liquidités supplémentaires et de réaliser des économies d’intérêts qui les aideront à assumer les coûts engagés jusqu’à ce qu’ils vendent leurs produits.

Grâce à ce soutien au début du cycle de production, les agriculteurs pourront acheter d’importants intrants pour soutenir la production pendant la saison de croissance. Le programme offre également une certaine souplesse sur le plan de la commercialisation en permettant aux producteurs de vendre leurs produits agricoles au moment le plus opportun plutôt qu’en fonction des besoins de liquidités.

Pour rappel, des avances sont offertes pour plus de 500 produits animaux et végétaux dans tout le Canada.

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Le nouveau président des PBQ : Sébastien Vacjon. Photo gracieuseté
28Jeudi 11 avril 2024Gestion et Technologie Agricoles
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